Archiver pour septembre 2017
Posté le 24 septembre 2017 - par dbclosc
Lille-Lens 2000, comme dans un rêve
Le match que tous les supporters Lillois et Lensois ont cherché en premier quand le calendrier de la saison 2000-2001 est sorti va enfin se jouer : nous sommes le dimanche 24 septembre 2000, et le Nord Pas-de-Calais se fiche pas mal du référendum sur le quinquennat à propos duquel les électeurs français sont appelés à se prononcer ce même jour : c’est le retour du derby Lille/Lens, après 4 ans d’absence. Mais le chiffre 5 restera quand même dans les mémoires ce soir : pas pour les années que les Français ont décidé de donner à la durée du mandat présidentiel, mais pour le nombre de minutes qu’il a fallu aux Lillois pour renverser en fin de match une partie qui paraissait bien mal embarquée : ce Lille/Lens, c’est probablement le plus fameux épisode du « Vahid time », où l’équipe de Lille, à force de pousser en imposant un intense pressing à son adversaire et d’y croire jusqu’au bout, va faire la différence notamment grâce à ses remplaçants.
Une première depuis 1996
Mais avant d’en venir aux faits, rappelons le contexte de cette douce soirée. La dernière fois que Grimonprez-Jooris a accueilli un derby en D1, c’était le 6 novembre 1996 : ce soir-là, le LOSC s’imposait 2-1 grâce à un doublé de Patrick Collot, se plaçait 4e du championnat, et Lens était juste derrière. 5 mois plus tard, l’ambiance était bien différente : le 26 avril 1997, après une deuxième partie de saison catastrophique, Lens et Lille se retrouvent à Bollaert pour tenter de se maintenir en D1. Alors qu’il faut bien plus qu’une victoire au LOSC pour se sauver, Gervais Martel prophétise dans la presse l’hégémonie de son club sur la région ; le public de Bollaert accueille ses voisins avec des cercueils en carton : une ambiance hostile qui conclut tristement une décennie 1990 plutôt marquée par un spectacle assez pauvre lors des derbies, de nombreux nuls et peu de buts ; en revanche, pas mal d’animation dans la Deûle et dans les tribunes, à une époque où balancer des fusées sur l’adversaire et à l’horizontale n’était pas spécialement réprimé. Pour cette dernière avant la descente, Lens s’impose 1-0 grâce à un but de Philippe Brunel, cet ennemi de l’intérieur. Lens est quasiment sauvé ; Lille est quasiment condamné. Durant 3 saisons, les seuls derbies professionnels que verra le Nord Pas-de-Calais seront des confrontations entre Lille et Wasquehal.
En 2000, le climat semble bien différent : à Lens, Bollaert a été rénové, et l’Europe est devenue une habitude : le titre est même passé par là en 1998 et les Sang & Or ont même goûté à la Ligue des Champions ; à Lille, les dettes sont un lointain souvenir, le club s’est structuré, la capacité du stade a été augmentée, et depuis presque 2 ans, le public soutient son équipe, transformée depuis l’arrivée de Vahid Halilhodzic. L’ambiance est bonne et la presse salue unanimement les retrouvailles entre deux adversaires qui, au fond, s’aiment bien.
La Voix des sports fait monter la sauce dès le lundi 18 septembre en proposant un supplément de 8 pages « Derby passion », qui revient sur quelques épisodes marquant de l’histoire des Lille-Lens (celui où une tribune s’est effondrée par exemple, en 1946), des témoignages d‘anciens passés par les deux clubs, les souvenirs des journalistes de la rédaction. Toute la semaine, la presse régionale s’attarde longuement sur le match et l’ambiance qui l’entoure : même si Valenciennes a souvent été de la partie, les vraies derbies d’après-guerre sont ceux qui opposent Lens à Lille, et on comprend clairement que cette confrontation a manqué. Il est temps !
A peine arrivés au stade, on sent l’ambiance particulière du derby : les spectateurs arrivent tôt, et les supporters encouragent leur équipe durant l’entraînement des joueurs. Ce match arrivant de plus plutôt en début de saison, on est encore à Lille dans la douce euphorie d’avoir simplement retrouvé la D1. Pour le reste, on sait qu’on ne part pas favoris : Lens a clairement quelques années d’avance et n’aspire qu’à joueur l’Europe tous les ans, tandis que Lille, même largement champion de D2, semble avoir un effectif bien plus modeste : le maintien sera largement satisfaisant. Le début de saison confirme d’ailleurs cette tendance : dès la première journée, Lens a frappé fort en s’imposant à Nantes en infériorité numérique (2-0) et a maintenu un bon rythme, en se pointant à Lille à la 2e place, seulement devancé par Bastia à la différence de buts. Du côté de Lille, après un départ canon (le LOSC était en tête après 3 journées), l’équipe a un peu marqué le pas, notamment en perdant deux fois consécutivement début septembre. Mais Lille sort d’un match à Saint-Etienne, où son gardien, initialement numéro 2, a particulièrement brillé. Ce match, couplé à celui contre Lens ce soir, constitue indéniablement un tournant pour Grégory Wimbée et, bien au-delà, pour toute l’équipe.
Dans sa présentation, Canal + insiste également sur la particularité de ce match, à revivre dans cette vidéo :
Lens maîtrise la première mi-temps
Djezon Boutoille annonce en bord de terrain la volonté du LOSC de s’installer dans le camp lillois et de faire en sorte que les Sang & Or ne s’installent pas « chez nous ». Pour ce faire, Vahid Halilhodzic reconduit l’équipe qui est allée chercher le nul à Geoffroy-Guichard une semaine avant, à une exception près : Sylvain N’Diaye, forfait à Sainté, retrouve sa place au milieu au détriment de Ted Agasson. Voici donc la compo lilloise :
Wimbée
Pichot, Cygan, Ecker, Pignol ;
D’Amico, N’Diaye, Landrin, Br. Cheyrou ;
Boutoille, Beck
Côté lensois, signalons la présence d’Antoine Sibierski, qui était déjà revenu à Grimonprez sous d’autres couleurs (c’était avec Auxerre, en novembre 1996), mais qui joue son premier derby avec le maillot lensois. Son nom a d’ailleurs été le plus sifflé lors de l’annonce de la composition des joueurs
Les bonnes intentions affichées par cap’tain Djezon peinent à trouver de quoi s’épanouir en première période. Les Lensois ont la possession, ils parviennent à construire jusque dans la surface adverse, tandis que le LOSC peine à approcher le but de Warmuz. Avec Radek Bejbl en position de libéro, la défense lensoise semble bien difficile à passer.
Logiquement, suite à un corner mal repoussé, Lens ouvre le score : sur un centre de Moreira venant de la gauche, Philippe Brunel reprend du droit dans le petit filet opposé et trompe Grégory Wimbée. Aïe. à la demi-heure de jeu, Antoine Sibierski, parti de son camp, se présente seul face à Wimbée. Les secondes qui séparent la dernière passe du tir de Sibierski semblent interminables : fort heureusement, le Lensois tergiverse et se heurte surtout à une superbe sortie de Grégory Wimbée, qui sauve la baraque. Si le score avait été de 0-2 à ce moment là, on peut penser que la suite aurait été bien compliquée. Juste avant la mi-temps, l’inoubliable Grozdic centre de nouveau de la gauche vers Brunel qui, cette fois, reprend de son bon pied au point de pénalty : il enroule, Greg ne bouge pas et le ballon finit miraculeusement au ras de la lucarne. Le LOSC, de son côté, ne s’est pas créé d’occasion hormis quelques coups de tête de Beck, mais bien trop lointains. 0-1 à la mi-temps, Lille peut s’estimer heureux, et Lens ne sait pas encore que sa chance est passée.
Changements gagnants
La deuxième période commence sur les mêmes bases : Lens reste parfaitement organisé, est dangereux en contre, et Lille peine à trouver des espaces devant. Mais à mesure que le match avance, le bloc lillois remonte et les Lensois reculent ; mais ces derniers restent dangereux en contre : à la 70e minute, Greg Wimbée sort fort à propos devant Daniel Moreira. Lille prend des risques, à commencer par son entraîneur, qui va opérer 3 changements décisifs : d’abord, Ted Agasson, dont on ne souligne sans doute pas assez la fluidité qu’il a apporté au jeu lillois durant ce match, entre à la place de Christophe Landrin à la 70e minute. Cette fois, et depuis une bonne dizaine de minutes, le LOSC a largement la possession de balle et les Lensois se recroquevillent. Mais il reste encore peu de danger : seules des frappes lointaines font office de demi-occasions pour Lille : pas de quoi déranger Gugusse. Dans les tribunes, on entend surtout les Lensois, tandis que les supporters Lillois, tendus, ont du mal à encourager les leurs.
77e minute : Bruno Cheyrou laisse sa place à Dagui Bakari, déjà buteur face à Metz, dans les mêmes conditions, un mois auparavant. Cette fois, non seulement le ballon circule mieux au milieu, mais en plus, avec désormais Boutoille, Beck et Bakari devant, les Lensois commencent à ne plus chercher à contre-attaquer : ils ne font que défendre leur but dans les 30 derniers mètres, toujours regroupés autour d’une charnière Bejbl/Pierre-Fanfan efficace. Les arrières latéraux, Pichot et Pignol, prennent de plus en plus leur couloir ; quand Pascal Cygan initie une relance, il n’hésite pas à monter aux avant-postes : Lens croit qu’il suffira de défendre mais est en train de céder.
Bruno « Madame Irma » Cheyrou
Laurent Paganelli profite d’un arrêt de jeu pour interviewer Bruno Cheyrou sur le banc : « ce que vous n’avez pas pu faire en 82 minutes, vous pensez que votre équipe peut le faire dans les 8 minutes qui restent ? ». Question un peu bête à laquelle on voit mal Bruno répondre « non », mais il fait bien mieux : « J’espère ! à la limite, pour marquer un but, il ne suffit que d’une seconde, donc… J’espère qu’en 8 minutes on va réussir à en marquer un, et si on arrive à marquer assez rapidement, on pourra même, pourquoi pas, en marquer un deuxième ». Le propos est optimiste et pourrait même paraître irréaliste : après tout, si Lille pousse, il n’y a toujours pas eu de véritable occasion. Mais à force de faire reculer les Lensois, la délivrance va arriver.
La déferlante
A peine Laurent Paganelli a-t-il rendu la parole à Gégoire Margotton que Ted Agasson envoie une balle en cloche à la fois surprenante et parfaitement pensée au point de pénalty où, bien évidemment, Mikkel Beck, excellent dans cet exercice, prend le dessus sur Pierre-Fanfan et dévie aux 6 mètres vers Dagui Bakari, qui trompe Warmuz d’une demi-volée en se jetant. Dans le stade, c’est l’explosion : toute la frustration et la paralysie de voir ses favoris menés lors d’un derby à domicile s’envole. Lille ne perdra pas ce derby et cela équivaut déjà à une victoire.
Dans la foulée de l’égalisation, le Danois est remplacé par Laurent Peyrelade : dans la continuité des gestions de fin de matches vues en D2, Halilhodzic privilégie des remplacements offensifs pour faire céder l’adversaire. Alors que Lolo s’apprête à recevoir son premier ballon, celui-ci est intercepté de la main par Franck Queudrue : deuxième jaune pour le Lensois, qui est donc expulsé. Une expulsion qui passe presque inaperçue, tant c’est désormais la fête à Grimonprez-Jooris. La télévision propose des images inimaginables 5 minutes auparavant : les DVE dans les fumigènes, le banc lensois et ses têtes d’enterrement qui ont désormais hâte que le chrono tourne, et un banc lillois prêt à bondir une deuxième fois.
Sur le coup-franc consécutif à la faute de Queudrue, Agasson trouve Boutoille qui, seul au second poteau, manque une énorme occasion de plier l’affaire : sa tête piquée passe au-dessus. Le public pousse, et les joueurs répondent présent : les relances de l’arrière sont rapides, Cygan se précipite pour jouer les touches : le LOSC ne se contentera pas du nul.
Après une nouvelle belle combinaison entre D’Amico, N’Diaye et Agasson, Peyrelade obtient un corner : on joue la dernière minute du temps réglementaire et 5 minutes supplémentaires sont annoncées. Peyrelade manque de reprendre le centre d’Agasson, mais le ballon n’est pas perdu : au second poteau, Pignol récupère et glisse en retrait à Sylvain N’Diaye. Le Sénégalais centre du gauche vers Bakari, qui fait mine de s’emmener le ballon vers le but : en fait, il laisse passer le ballon et Bejbl et Pierre-Fanfan sont éliminés grâce à cette feinte et, dans une moindre mesure, Rool, qui ne suit pas. Le but est alors grand ouvert pour Peyrelade, qui fusille Warmuz de près : 2-1 pour Lille, et une belle gamelle avec le ballon qui ressort ! Cette fois, on n’a plus de mots pour décrire l’ambiance : on vous renvoie à la vidéo ci-dessous.
Les arrêts de jeu se déroulent dans une euphorie presque dangereuse tant on croit désormais que le match est gagné. Bakari est à une pointure de mettre le 3e, mais les Lensois, apathiques depuis une demi-heure, ressortent et mettent Lille en danger. De quoi avoir des regrets après avoir manifestement choisi de subir, pour le résultat qu’on connaît. Deux coups-francs jumeaux (et horribles) de Debève et Blanchard passent à côté. Et surtout, à la dernière minute, Debève trouve Sakho aux 6 mètres, qui reprend acrobatiquement sur le poteau ! On doit bien avouer que de là où on était, on n’a pas trop compris ce qu’il s’était passé, mais on savait que le ballon n’était pas rentré. Lille remporte ce derby fort en émotions.
Lille a du cœur
C’est cliché de le dire, mais le LOSC, fidèle à ses valeurs depuis quelques saisons, y a cru jusqu’au bout. Alors que jusqu’à l’heure de jeu, tout plaidait en faveur des Lensois – maîtrise, sérénité, technique -, et que Lille était brouillon et décousu dans les 30 derniers mètres, l’adversaire a encore cédé sous les incessants coups de boutoir des Dogues, aidés par un coaching opportun et une envie de ne rien lâcher. Pour Vahid, « c’est vraiment exceptionnel, et c’est un grand soir pour le LOSC. Nous avions rêvé de cette victoire et nous l’avons conquise avec cœur et volonté. Nous sommes allés la chercher au bout de nous-mêmes. Quand j’ai vu mon collègue lensois effectuer ses remplacements, j’ai pris des risques. Nous avons tellement bousculé les Lensois que j’étais sûr qu’ils allaient craquer. Je ne réussirai peut-être pas à tous les coups, mais cette fois ça a marché. Quand vous avez du cœur et des jambes, le ballon finit par rouler pour vous. Je dédie cette victoire à tous les supporters. Notre objectif reste le maintien. Il n’empêche que battre une équipe de la qualité de Lens, c’est fort ». Pour Lens, c’est le temps des regrets, notamment sur la parade décisive de Wimbée (« je lui ai fais ralentir sa course. La seule solution qu’il a, c’est de me dribbler, mis je l’amène là où je veux », déclare Greg). Pour Brunel, « nous n’avons quasiment pas d’occasions en deuxième mi-temps. Nous avons probablement voulu trop sécuriser le jeu devant le but de Guillaume Warmuz., et Lille a gagné presque tous les duels aériens… ».
D’autres réactions d’après-match (voir vidéo) illustrent le fait que cette victoire vaut bien plus que 3 points : Lille a gagné le derby et, surtout, tient la route en D1. Après le nul à Saint-Etienne dimanche dernier, Lille retrouve la victoire et ne quittera pas le haut de tableau, jusqu’en mai, jusqu’à la Ligue des Champions.
Posté le 19 septembre 2017 - par dbclosc
Échange de mauvais procédés. Quand Lille et Caen se refilaient leurs boulets (1993-1995)
Cet article, on aurait pu également l’intituler « Vous reprendrez un peu de brêles ? ». Il est vrai que les joueurs qui sont passés de Lille à Caen et inversement au milieu des années 1990 ont rarement apporté une plus-value particulièrement réjouissante là où ils arrivaient.
Jusqu’en 1993, les Lillois représentent des souvenirs relativement sympathiques pour les Malherbistes. D’abord, en raison du 32ème de finale de coupe de France 1986, quand les Caennais, alors en D3, s’imposent contre nos Dogues. Ensuite, en 1988, pour la toute première saison de Malherbe dans l’élite française, puisque les Normands gagnent chez eux contre le LOSC lors de la 9ème journée (2-1), après avoir déjà perdu 7 fois depuis le début de saison. Aussi pour une autre raison cette saison-là, puisqu’ils récupèrent Rudi Garcia de chez nous et que ça se passe pas trop mal. Enfin, parce qu’ils ont plutôt bien réussi en D1 contre Lille dans l’ensemble, remportant 4 matches pour 3 nuls et 3 défaites. Au stade de la Venoix, les Dogues ont déjà encaissé 11 buts en 5 déplacements, même s’ils ont aussi marqué beaucoup (7 fois).
1993 : l’ « échange » Nouma-Garcia
En 1993, le LOSC et Caen commencent une série de transferts entre eux qui continuera jusqu’en 1995. Les Lillois refilent Pascal Nouma à leurs collègues normands. Plus précisément, Nouma quitte Lille où il avait été prêté depuis huit mois par le Paris S.-G., pour être à nouveau prêté, cette fois à Caen. Clément Garcia, attaquant de 25 ans originaire de Grenoble où il a été formé, a passé deux saisons à Montpellier où il a peu joué (1990-1992,18 matches, aucun but), puis une autre à Caen, dans le cadre d’un prêt par le club héraultais (1992-93, 17 matches, 1 but).
L’échange paraît a priori plus favorable aux Caennais. Nouma fait une saison honorable, sans éclat particulier (7 buts en 32 matches) si ce n’est contre le LOSC contre qui il est particulièrement motivé. Paradoxalement, si Nouma marque au match aller comme au match retour, ses buts marquent à chaque fois le sursaut d’orgueil des Dogues. Avant le match aller, comptant pour la 15ème journée, les Lillois occupent la 19ème place du classement. Dès la 3ème minute, les Normands prennent l’avantage par Benoit Cauet. A l’heure de jeu, Nouma fait le break pour Caen et vient provoquer le public lillois pour fêter ce but. En 10 minutes, les Dogues renversent complètement la vapeur, réduisant d’abord la marque par Frandsen (77è), égalisant (84è) puis prenant l’avantage (86è) par Kennet Andersson (dont on reparlera ensuite) pour une victoire inespérée (2-3).
Ça nous semblait important de représenter Pascal Nouma tout à son avantage
Au retour, pour la 32ème journée, Nouma marque encore (32è), allant à nouveau provoquer le public lillois. Ironie du sort, c’est par Clément Garcia que le LOSC égalise (39è) puis reprend l’avantage (46è), avant que Kennet Andersson n’assure définitivement la victoire (83è). Malgré deux buts de l’ancien Lillois pour Caen, c’est l’ancien Caennais qui s’impose les deux fois avec le LOSC. Le plus souvent remplaçant, Garcia fera une première saison satisfaisante, marquant 4 buts pour 3 passes décisives en 1388 minutes de jeu étalées sur 28 rencontres dans un rôle de premier remplaçant en attaque derrière le duo Assadourian-Andersson, avec pour point d’orgue le doublé contre Caen. Ou plutôt contre Pascal Nouma.
1994 : quand Pierrot se barre avec nos stars
A l’intersaison 1994, l’équipe caennaise recrute massivement à Lille, attirant l’entraîneur, Pierre Mankowski, son milieu offensif Jean-Jacques Etamé et son avant-centre Kennet Andersson. Elle se renforce également avec l’international français Amara Simba, en provenance de Monaco, avec l’international néerlandais du PSV Jerry De Jong (et père de Nigel), ainsi qu’avec Jean-François Péron de Lens. Malgré les départs de Benoit Cauet et les retours de prêt de Pascal Nouma et d’Aleksandr Mostovoï, le Stade Malherbe semble renforcé et pouvoir nourrir de légitimes ambitions. De tous, c’est Kennet Andersson la véritable tête de prou du recrutement après une coupe du Monde à laquelle il termine troisième avec la Suède et dont il est le 3ème meilleur buteur.
Mais la nouvelle notoriété d’Andersson n’est pas une si bonne nouvelle que ça pour la club caennais. Le Suédois est très sollicité, notamment par le Benfica, et il désire partir. Les dirigeants malherbistes refuseront de le transférer et Andersson fera la tronche toute la saison. Contre le LOSC, il se distingue en lançant le ballon volontairement sur un adversaire, geste qui lui coûta une expulsion. Il devra attendre la 14ème journée avant de marquer son premier but lors d’une défaite à Martigues (4-1) avant d’enchaîner deux triplés en trois matches contre Rennes (5-1) puis Bordeaux (4-2). L’ancien lillois ne marqua ensuite que 2 pénalties en 16 rencontres pour un total de 9 buts (dont 5 pénos) en 31 matches. Des statistiques faméliques au regard du nouveau statut du joueur. Et, au-delà du statut du joueur, 4 buts hors-péno, c’est moche pour un avant-centre titulaire toute la saison.
Kennet Andersson, plaçant un coup sur la (Bruno) carotide de Di Meco ainsi qu’un coup de pied sur un joueur non visible sur la photo
Jean-Jacques ne laisse pas lui un si mauvais souvenir que son compère suédois, mais il faut dire que ce dernier avait placé la barre très haute. Etamé fait une saison médiocre sous les couleurs calvadosiennes en tout cas nettement en deçà des espoirs placés en lui en début de saison.
Que dire de Pierre Mankowski ? Il est toujours particulièrement délicat de juger des performances individuelles d’un entraîneur. Toujours peut-on dire qu’il a raté son pari. Il était venu à Caen plein d’ambitions, contribuant à attirer certains joueurs. On a déjà parlé d’Andersson et d’Etamé. Les autres, n’ont guère brillé, même si Amara Simba était sorti du lot. Et que dire de De Jong ? Le recrutement d’un international néerlandais promettait le meilleur : il fût particulièrement catastrophique.
Clément Garcia débute pour sa part comme titulaire à Lille et fait un super début de saison ponctué de 4 buts (tous sur péno) et de 3 passes décisives au bout de 10 journées. La baisse de régime sera cependant nette et Clément Garcia perd rapidement sa place de titulaire, notamment suite au retour de blessure de Christian Perez dont on ne peut pourtant pas dire qu’il ait été particulièrement performant (0 but, 0 passe décisive).
1995 : le retour de bâton (et pas de Bourbotte)
Pour qui a découvert le football français au tout début des années 1990, comme moi, le football pourrait se définir ainsi : « c’est un sport qui se joue à onze et, à la fin de la saison, c’est Amara Simba qui termine vainqueur du Top but ». L’attaquant français d’origine sénégalaise s’est en effet alors rendu célèbre pour ses bicyclettes, c’est-à-dire pour ses retournés acrobatiques, et non pour sa collection de vélos, qui lui ont permis de remporter le trophée du plus beau but de l’année en D1 organisé par l’émission Téléfoot.
Quand il arrive à Lille, c’est auréolé de cette réputation d’attaquant particulièrement spectaculaire. Simba, c’est aussi trois sélections (et deux buts) avec l’équipe de France coachée par Michel Platini (1991-1992). Il semble que ça soit une bonne pioche, voire une très bonne pioche au regard des moyens d’alors au LOSC. On sait aussi qu’il s’agit d’un pari : si Amara Simba est en effet international A, il a aussi glané ses sélections grâce à un contexte favorable de relativement faible concurrence de la part d’autres attaquants français et a bénéficié d’une sur-exposition médiatique en raison du caractère spectaculaire de ses buts. Amara fût en effet un attaquant globalement peu prolifique puisqu’il n’a jamais marqué davantage que quatorze buts toutes compétitions confondues sur une saison. Et, justement, c’est la saison précédente qu’il atteint ce record avec le SM de Caen.
En fait, Amara fera preuve d’une maladresse que n’aurait pas renié Ibrahima Bakayoko. Il traverse le début de saison comme un fantôme, ou plutôt comme un gamin jouant au fantôme et se prenant les pieds dans son drap, si l’on en juge à la forte propension de l’attaquant à s’écrouler dans la surface en espérant un penalty plutôt qu’à tenter sa chance. Faute de concurrence, comme on l’a déjà expliqué, Amara reste pourtant indéboulonnable au sein de l’attaque lilloise. Il faut attendre la 12ème journée et un doublé contre Strasbourg pour que Simba ouvre son compteur (2-0). La renaissance ? Non, non, ne t’inquiète pas, il faudra encore attendre la 35ème journée pour que Simba marque encore, après 18 nouveaux matches sans marquer. Il finira avec le magnifique total de 4 buts.
La même saison, un autre Caennais arrive au LOSC, le défenseur Joël Germain. Formé comme attaquant, Joël se révèle d’abord en D2 avec Louhans-Cuiseaux (9 buts en 1988) et surtout avec Orléans (15 buts en 1990). Il signe à Caen en 1990 où il est reconverti comme défenseur central par Daniel Jandupeux. Il connaît alors ses heures de gloires, s’imposant comme un titulaire indiscutable dans une équipe qui connaît sa première qualification européenne en 1992. On ne peut pour autant pas dire que l’on soit certain d’avoir recruté là une vedette. Joël, c’est par exemple aussi le premier défenseur de l’histoire de la D1 à concéder trois péno en un match.
A priori, c’est pour être titulaire en défense centrale qu’il arrive. Il débute en effet pour la première journée (à Bordeaux, défaite 0-1) puis lors de la deuxième contre Bastia (défaite 0-2). Remplaçant et entré en jeu pour les deux journées suivantes, Germain paiera ensuite lourdement le départ de Jean Fernandez, remplacé par Jean-Michel Cavalli. Il semblerait que ça soit plutôt Jeannot qui avait souhaité la venue de l’ancien Caennais, Jean-Michel n’étant de toute évidence pas du même avis : Germain ne joue plus jusqu’au mois de décembre et il ne devra ses dix nouvelles entrées en jeu qu’aux limites offensives du club : pas vraiment confiant dans les qualités défensives, c’est en effet comme attaquant que Joël Germain entre 7 fois en D1, 2 fois en coupe de la Ligue et 1 fois en coupe de France, pour un total de 204 minutes de jeu.
Épilogue « échange de mauvais procédés entre Lillois et Normands »
Voilà, c’est clair, passer de Lille à Caen (et inversement) dans les années 1990, ça n’était guère bon signe. Mais, finalement, n’était-ce pas plutôt une relation entre Normands et Lillois plus généralement, plutôt qu’entre Lille et Caen ?
En 1995, Lille et Le Havre « échangent » également deux joueurs. En l’occurrence, Lyambo Etschélé est transféré au Havre quand, en retour, Lille attire le Hongrois Geza Mészöly, le premier Hongrois du LOSC depuis Zacharias. Ah non, c’est vrai, c’était un pas le vrai Zacharias. Geza devient donc le premier, et à ce jour le seul, joueur de nationalité hongroise du LOSC.
A priori, c’est Lille qui fait la meilleure affaire. En fait, c’est à voir. Lyambo, de son côté, y a cru, disputant la moitié des 14 premiers matches du Havre, avant que le coach ne comprenne : il ne jouera ensuite plus que 25 minutes sur la saison. Geza, de son côté, n’a pas confirmé même s’il était titulaire en début de saison : 16 matches, dont 9 titularisations. Encore pire la saison suivante, Geza ne jouant que 299 minutes.
Une exception cependant : Claude Fichaux, lillois de 1990 à 1994, puis havrais de 1994 à 1996, laissa un bon souvenir dans le Nord comme en Normandie.
Posté le 14 septembre 2017 - par dbclosc
Vahid Halilhodzic, tombé du ciel
Le 14 septembre 1998, Vahid Halilhodzic devient l’entraîneur du LOSC. Une star du foot yougoslave des années 1970, du foot français dans les années 1980, ensuite profondément marquée par la guerre dans son pays. On ne le sait pas encore, mais il constitue la meilleure recrue du club depuis des décennies, tant son empreinte dans tous les domaines sera forte. Pourtant, quelques heures avant l’officialisation de sa prise de fonction, le président Bernard Lecomte ne connaissait même pas son nom.
6e journée de D2, 12 septembre 1998 : le LOSC se rend à Beauvais, dernier avec 2 points. Les Lillois sont à peine mieux lotis avec 5 points : seulement 2 buts marqués, une défaite inaugurale contre Guingamp, 2 nuls à Niort puis contre Caen, une victoire dans le derby à Wasquehal, et une nouvelle défaite à domicile, contre Cannes, dans un climat franchement hostile où les plaques de plexiglas ont volé et où les grillages de Grimonprez-Jooris ont tremblé. Chahuté par le public, et même violenté quelques jours avant à l’entraînement, l’entraîneur, Thierry Froger, est plus que jamais menacé. Le président Bernard Lecomte lui avait donné deux ans pour remonter : le jeu proposé, les circonstances de la fin de saison précédente, et le début de cette saison ont considérablement réduit l’horizon d’attente de tout le monde : en cas de résultat négatif à Beauvais, c’en sera fini de l’aventure de Thierry Froger à Lille. Bernard Lecomte indique même la veille du match à Pierre Dréossi, directeur sportif du club, qu’il lui reviendra alors de prendre en main l’équipe.
Adieu Thierry Froger
Ce samedi soir, au stade Pierre Brisson de Beauvais, Jacques Vendroux présente son émission Inter Football – une émission consacrée au football pour France inter, comme son nom l’indique – depuis les tribunes. À ses côtés, Dominique Bathenay, dont on soupçonne qu’il ne soit pas là par hasard : voilà presque 2 ans que l’ancienne gloire des Verts est sans club à entraîner. Quelques rangs en contrebas, on aperçoit Vahid Halilhodzic, accompagné de Miroslav Popovic, un ami. Sur le terrain, la prestation du LOSC est meilleure que lors de ses dernières sorties, et la Voix du Nord souligne que les joueurs semblent vouloir sauver leur entraîneur. Mais le LOSC s’incline encore. Comme il l’avait envisagé, Bernard Lecomte signifie dans les vestiaires à son entraîneur que son sort est désormais scellé : « Je suis désolé pour lui. C’est un garçon que j’aime bien, qui a beaucoup de qualités. La décision est douloureuse, lourde sur le plan humain. La survie de l’équipe est en jeu. Dans la situation actuelle, on ne pouvait pas faire autrement. Je pense que c’était la bonne décision. Le public ne lui a pas pardonné l’échec de la saison dernière. On l’attendait, et ce premier match fut terrible avec cette tribune vidée de ses supporters. Quand vous faîtes la rentrée des classes et que, dès le premier jour, on vous dit que vous êtes un cancre, c’est dur ! ». Oui enfin, il sait qu’il a redoublé, quand même.
« Comment ça, viré ? OK, on a perdu, mais 0-1 seulement, contre des Picards déchaînés ! »
Mais la donne a changé par rapport à ce que le Président envisageait la veille. Avant le match, Jacques Vendroux, dont on se demandera toujours si l’étiquette de journaliste n’est pas une couverture pour ses activités de lobbyiste multicartes mondain en Nord-Pas-de-Calais, et vas-y que je suis le petit-neveu du Général De Gaulle, a signalé à Bernard Lecomte la présence de Vahid Halilhodzic : « il m’avait déjà soufflé quelques noms, mais cela ne m’avait pas convaincu, confie Lecomte. Quand enfin il m’a appris que Vahid Halilhodzic était au stade, qu’il était au chômage, j’avoue que cela ne m’a pas dit grand chose… ». Et ben alors, Nanard ? Il est vrai que Lecomte est davantage arrivé dans le foot pour ses qualités de gestionnaire d’entreprise que pour consacrer sa passion du football, mais tout de même. Alors rafraîchissons-nous la mémoire.
Mostar du ballon rond
Vahid Halilhodzic est né en 1952 en Bosnie-Herzégovine, l’une des Républiques fédérées constituant la Yougoslavie. Il intègre en 1968 le Velez Mostar, dans la capitale de l’Herzégovine. C’est d’abord le grand frère Halilhodzic, Salem, qui est repéré par les dirigeants de Mostar. Mais Vahid s’y impose, d’abord dans l’équipe Junior (1968-1971), puis durant 9 saisons à la pointe de l’attaque en D1 (après un prêt durant la saison 1971-1972 au Neretva Metković), durant lesquelles ses qualités de buteur permettent au club d’atténuer la toute-puissance de l’Hajduk Split et de l’Étoile Rouge de Belgrade. Il y côtoie notamment Boro Primorac, qui signera plus tard à Lille. Mostar est en plein essor : alors que Vahid marque encore peu en 1973 puis en 1974 (9 matches et 1 but en 1973 ; 24 matches et 6 buts en 1974 : ne jouait-il que des bouts de matches ou était -il ailier ?), le Velez termine 2e du championnat (manquant même le titre en 1974 à la différence de buts). C’est à partir de la saison 1974-1975 qu’il s’impose comme titulaire, avec 16 buts inscrits en championnat, et un quart de finale d’UEFA en 1975 : si les Yougoslaves s’imposent 1-0 à l’aller, ils s’inclinent 0-2 au retour aux Pays-Bas, contre Twente, futur finaliste. Il devient international la saison suivante.
La réussite de Mostar dépasse le seul cadre sportif : située aux croisements de diverses cultures, la ville est considérée comme un lieu de passage et de rencontre des hommes. Symbolisée par son pont, construit par les Ottomans au XVIe siècle au-dessus du fleuve Neretva (Mostar signifie d’ailleurs littéralement « stari most », « vieux pont »), Mostar emmène à l’ouest du côté de la mer Adriatique, de l’Europe et du monde latin, et à l’est vers Sarajevo, le monde slave et oriental, des pays de confession musulmane. L’équipe du Velez reflète cette diversité : elle est composée de serbes, de croates et de bosniens, catholiques, musulmans. Au début des années 1970, le Bosnien Bajević, le Croate Marić et le Serbe Vladić, tous trois nés à Mostar, sont la fierté du Velez.
Le Vieux pont de Mostar en 1974 (Photo Jean-Pierre Bazard sur wikipédia).
Vahid Halilhodzic a joué 208 matches de D1 en Yougoslavie et a inscrit 106 buts. Si l’on ajoute à ces statistiques les coupes, les chiffres diffèrent selon les sources, mais Vahid Halilhodzic aurait joué, championnat et coupe compris, entre 220 et 230 matches, pour un total de 115 à 120 buts marqués. De quoi être fortement sollicité. Vahid Halilhodzic ne quitte pourtant son pays qu’en 1981, à l’âge de 29 ans, pour la raison suivante : les nationaux ont l’interdiction de s’exiler avant l’âge de 28 ans, selon la loi alors en vigueur en Yougoslavie mise en place par Tito, tout juste décédé en 1980, et ce pour empêcher l’exode des meilleurs footballeurs. Vahid franchit le pas juste après avoir obtenu un premier trophée majeur au printemps : grâce à une victoire 3-2 contre le Zeljeznicar Sarajevo, match au cours duquel il inscrit un doublé, il remporte la coupe de Yougoslavie. Direction la France, à Nantes, sur les conseils du stéphannois Ivan Curkovic, natif de Mostar.
Vahid avec le maillot de Mostar en 1975. Joie de vivre et félicité.
Buteur de Nantes
Vahid prend la place du buteur nantais Éric Pécoud, parti du côté de Monaco. Sous les ordres de Jean Vincent, autre ancienne gloire losciste, la première saison de Vahid en France est décevante. Il tarde à marquer : son premier but tombe le 16 septembre 1981, en 32e de coupe de l’UEFA, contre Lokeren, entraîné par ce bon vieux Robert Waseige. Il marque dès la 2e minute mais est expulsé pour avoir bousculé un adversaire qu’il accuse de lui avoir mordu le doigt. Nantes est éliminé par les Belges. En championnat, il marque pour la première fois le 3 octobre 1981, contre Lens : quel bel homme ! Mais seuls 7 buts ponctuent cette première saison sur les bords de l’Erdre, je suis bien content d’être parvenu à caser cette expression de merdre. Parallèlement, Vahid brille cette saison là en équipe nationale : si ses performances avec la Yougoslavie ont été intermittentes tout au long de sa carrière, il se qualifie cette saison-là pour la coupe du monde 1982 et participe à deux matches lors de la phase finale en Espagne, où son pays est éliminé au premier tour.
À son retour à Nantes, après avoir hésité à quitter le club, l’arrivée de Jean-Claude Suaudeau lui permet de s’intégrer davantage au collectif nantais. C’est un succès : Vahid inscrit 27 buts (dont celui de la victoire contre le LOSC le 29 mars 1983, ça c’est pas bien), décrochant le titre de meilleur buteur du championnat, Nantes est champion et se hisse en finale de coupe de France. Lors des 3 saisons suivantes, « Vaha » inscrit respectivement 13, 28 (de nouveau meilleur buteur) et 18 buts avec les Nantais en championnat (avec 2 autres buts contre Lille le 24 mai 1985 puis le 21 décembre 1985, non vraiment ce n’est pas bien). De manière plus anecdotique mais tout de même historique, Vahid Halilhodzic, à l’occasion du match Nantes-Monaco le 9 novembre 1984, est le premier buteur d’un match de championnat de France retransmis en direct par Canal + : Nantes s’impose 1-0 grâce à une tête Halilhodzic sur un centre de Touré (à 9’15 dans la vidéo ci-dessous).
Quelques buts de Vahid avec Nantes. Si vous ne le connaissez pas timide en interview, allez voir, c’est une expérience surprenante
1983, Vahid est un canari tout jaune
À 34 ans, Vahid accepte de rejoindre le PSG en 1986. Il y inscrit encore 8 buts en 18 matches (encore un contre Lille, le 29 août 1986), mais préfère rompre son contrat et mettre un terme à sa carrière de joueur à la fin de l’hiver, très marqué par le décès de sa mère en août, et souhaitant rester auprès de son père, mourant. Avec 101 buts marqués, Vahid Halilhodzic est à ce jour le 81e meilleur buteur de l’histoire du championnat de France de première division ; le 20e si l’on considère la moyenne de buts marqués par match (0,56). Derrière Jean Baratte, tout de même (169 buts ; 0,6 but par match).
Avec le maillot du PSG, en compagnie d’Alain Couriol
La Yougoslavie et Mostar déchirées
Au printemps 1987, il est de retour à Mostar avec son épouse et ses enfants, où il investit et s’investit dans un bar, dans un restaurant, et dans un magasin de vêtements. Vahid est riche et célèbre. Mieux : c’est une idole à Mostar, depuis la coupe gagnée en 1981. En 1990, le Velez l’appelle pour occuper un poste de manager général. Tout lui sourit. Mais la guerre éclate en Yougoslavie à partir de 1991. Le championnat est suspendu. Vahid, Bosnien musulman1, et Diana (Dijana), une Croate catholique dont la mère est Serbe, vivent dans un quartier croate de cette ville multiculturelle. Vahid se rappelle : « Mostar, c’était une ville spéciale, très belle et tellement mélangée. Les gens vivaient ensemble, sans tensions, catholiques, musulmans, orthodoxes… ». Les tensions s’accroissent et Vahid est un symbole à abattre. Les amis et coéquipiers d’hier sont désormais ennemis, selon leurs appartenances religieuses, culturelles et communautaires. Le chef de l’extrême-droite croate à Mostar est le dénommé Jadranko Topic : pendant 6 ans, il a été l’un des compères d’attaque de Vahid au Velez Mostar.
L’équipe de Mostar en 1975. Assis, à gauche, Jadranko Topic dont le parti HDZ tentera 18 ans plus tard d’assassiner Vahid Halilhodzic, son voisin sur cette photo. Debout, vers la droite, on reconnaît Boro Primorac.
Pendant plusieurs mois, Vahid reste sur place, tentant de mettre son aura au service du secours de civils, quelles que soient leurs origines. Avant que l’on en vienne à des moments plus tragiques, permettons-nous un petit moment de détente avec ce souvenir relaté par Vahid dans Le Parisien : « Un soir, à Mostar, j’ai entendu une fusillade près de ma maison. Je suis allé voir le rond-point où se déroulait l’action. D’un côté, il y avait les soldats de l’armée fédérale, un commando spécial, qui venait faire de la provocation. De l’autre, il y avait des voitures de police. J’étais au milieu de la fusillade. Derrière des platanes de 200 ans d’âge, des soldats me pointaient avec des fusils. Il y avait une sale odeur de poudre. Moi, je me retourne vers eux et je leur lance : ‘Mais, merde, que foutez-vous là, fascistes ?’ Un barbu sort de derrière un platane. Il me dit : ‘N’approche pas !’ Et me menace : ‘Encore un pas et t’es mort’. Je suis retourné chez moi. Ma femme et mes enfants pleuraient. Lors de la fusillade, les balles ont touché ma maison. Un responsable du contre-espionnage m’avait donné un pistolet pour me défendre. Je l’ai pris et je l’ai rangé dans ma ceinture, dans mon dos. Je suis ressorti pour juger de la situation et je me suis accroupi derrière un muret. J’ai voulu reprendre mon arme et le coup est parti. La balle a traversé les reins pour sortir derrière une cuisse. La seule et dernière fois que j’ai tiré de ma vie, c’est sur moi, dans mon cul ».
Serial buteur ou serial killeur, il faut choisir
Fin 1992, c’en est trop : le stade où il a brillé avec le Velez a été transformé en lieu de transit, à l’instar du stade national de Santiago au Chili : des milliers de musulmans y sont faits prisonniers avant d’être envoyés en camps de concentration. Vahid ne peut plus rien faire pour sa ville, et sa vie est de plus en plus menacée. Il décide d’envoyer ses enfants et son épouse en sécurité, en France, et ne les voit pas pendant plusieurs mois. Même le pont de Mostar, le symbole, qui avait résisté jusqu’alors à tous les conflits, est dynamité le 8 novembre 1993. On en avait parlé déjà dans cet article, mais reprenons le témoignage de Vahid que nous avons relaté : « j’ai vu le fascisme de mes yeux. Pendant un an et demi. J’ai vu des atrocités, des choses que l’on croyait réservées aux livres d’histoire. J’ai affronté directement les fascistes. Devant eux, sans armes. Je leur ai tourné le dos. Je suis fier de mon rôle pendant cette guerre, parce que j’ai sauvé des milliers de gens. Pendant les bombardements, j’organisais des convois pour aller mettre les femmes et les enfants en sécurité, au bord de la mer. J’ai mis ma vie en danger ». Au printemps 1993, le club de Beauvais, en D2 française, lui fait une proposition pour devenir entraîneur. Vahid accepte, après s’être demandé :
« Et si j’osais Beauvais ? »
Cette opportunité lui sauve la vie : « quand le club de Beauvais m’a embauché comme entraîneur, je suis parti pour Paris un jeudi après-midi. Le samedi, à six heures du matin, les fascistes venaient me chercher pour me tuer. Leur plan ? C’était de me couper la tête et de l’exposer sur le rond-point de la ville. Premier sur la liste. Beauvais m’a tout simplement sauvé la vie. Ils ont tout détruit : ma maison, mes souvenirs, mes photos. Ils ont essayé d’immoler par le feu mes beaux-parents, heureusement que des voisins sont venus les libérer. Ils ont abattu le palmier, arraché mes rosiers. Ils ont tué Astor, mon chien, mes enfants y étaient très attachés. Je me demande comment je suis sorti vivant de cette guerre. Mais j’ai perdu en une journée tout mon travail de vingt ans. Parce que j’étais musulman, riche et célèbre, ils ont bombardé ma maison et ma vie. Et encore, je n’ai perdu que des choses matérielles. J’ai plus pleuré quand j’ai vu le pont détruit que pour ma maison. Ceux qui ont eu leur femme, leur fille, violées, ou leur frère égorgé, ceux qui ont beaucoup perdu dans cette guerre… Je peux comprendre qu’ils aient la haine. Je n’oublierai jamais. Et à certains, je ne pardonnerai jamais. Mais je ne peux pas consacrer ma vie à la haine. Je ne veux pas être victime de la haine ».
José Bové, une pipe au football
6 ans après son départ, Vahid Halilhodzic est de retour en France, contraint, forcé, meurtri. Sportivement, les Beauvaisiens réalisent deux tiers de championnat superbes : à l’issue de la 27e journée (sur 42), ils pointent à la 6e place, à 4 points de la 3e (avec la victoire à 2 points). Vahid a sous ses ordres deux futurs lillois : Anthony Garcia et Mohammed Camara. Ci-dessous le résumé d’un déplacement à Nancy, en août 1993, avec la réaction de Vahid :
La fin de saison est bien plus laborieuse puisque l’ASBO adopte un parcours de relégable, et termine finalement 16e. Mais l’impression sur la saison est globalement bonne pour un club aux si petits moyens. France Football le désigne 2e meilleur entraîneur de deuxième division : pas mal pour un 16e… À la surprise générale, il quitte pourtant le club au bout d’une année, sans demander d’indemnité, déçu par le manque d’ambition du club : « ça ne m’intéresse pas de jouer les seconds rôles » justifie-t-il.
Mais Vahid n’a pas de plan. Le souvenir de la guerre le hante. Son épouse, Diana, prend un travail à l’OPAC (Office Public d’Aménagement et de Construction) de l’Oise pour faire vivre le foyer. Dans l’équipe magazine du 20 octobre 2001, elle revient sur cette période : « le midi, je rentrais à la maison et je le voyais affalé sur le canapé. Résigné, effondré. Bien sûr, le malheur est insupportable. Évidemment, le souvenir de notre vie dorée était difficile à évacuer. Je comprenais aussi toute la haine qui pouvait habiter mon mari après avoir vécu de si près la guerre, la mort, l’injustice ». Des amis lui prêtent de l’argent. Durant 3 ans, Vahid se sent humilié, seul et abandonné (« cette période est la plus dure de ma vie. Plus dure que la guerre ») : il peste de ne voir aucune offre arriver du côté de Nantes, où ses anciens dirigeants et coéquipiers tiennent le club et connaissent sa situation. Après cet épisode dépressif, animé par une immense ambition et un irrésistible besoin de reconnaissance, Vahid entame un tour d’Europe, de la Juve au Barça, du Bayern à l’Ajax, de Dortmund à Parme, pour comprendre comment gagnent ceux qui dominent le continent. Il est même reçu à sa demande par Marcello Lippi, Louis Van Gaal, et Omar Hitzfeld.
Vahid se (Thierry) rabat sur le Maroc
En 1997, il reçoit un coup de fil du fidèle Henri Michel, son ancien coéquipier de Nantes. Henri Michel est sélectionneur du Maroc et sait ce qui se trame dans les club nationaux : le Raja Casablanca cherche un entraîneur, et Henri Michel a soufflé aux dirigeants le nom de Vahid. Même s’il reste sur 2 titres nationaux, le Raja court après sa gloire passée : depuis la victoire en Ligue des champions en 1989, personne n’a fait long feu ici. Le club est à la peine en championnat (11 points de retard sur le leader) et est mal embarqué en Ligue des Champions africaine : il est 3e du groupe avec 5 points de retard sur le leader, Primeiro de Agosto (Angola). Le coach Alexandru Moldovan (aucun lien) est viré ; après un bref intérim de Abdellah El Ammari, Vahid accepte le défi : c’est la fin de 3 années de chômage.
Halilhodzic arrive la veille d’un match de Ligue des champions en octobre 1997. Deux victoires plus tard et un heureux concours de circonstances, le Raja Casablanca prend la tête du groupe pour un but supplémentaire par rapport au 2e, et va jouer la finale sur un match aller/retour contre les Ghanéens d’Obuasi Golfields2 ! L’équipe marocaine s’incline à l’aller 0-1. Invraisemblable : pour le retour, en raison des blessés, des suspendus, et des non-qualifiés pour la compétition, « Ouahid » ne dispose que de 11 joueurs valides (Halilhodzic, lol) et met alors en place un système inédit, où les joueurs ne jouent même pas à leur poste. En l’absence de Khalif, le défenseur Abdelilah Fahmi est promu capitaine de l’équipe. Devant des spectateurs hystériques (et obéliques, re-lol) et dans une ambiance tendue sur le terrain, le Raja ouvre le score par Nazir, d’une reprise dans les 6 mètres à la 78e minute. Les Marocains tiennent leur victoire : égalité sur l’ensemble des deux matches. Une séance de tirs aux buts, sans prolongation, va alors déterminer le nom du vainqueur : le Raja l’emporte 5-4 et devient champion d’Afrique.
La fameuse équipe « Valides Halilhodzic ». Abdel Fahmi et son brassard bleu, debout, à droite.
Quelques mois plus tard, avec une seule défaite depuis l’arrivée de Vahid, le Raja Casablanca est champion du Maroc, avec… 14 points d’avance sur son dauphin. Vahid savoure sa réussite, mais il voit son avenir en Europe. Les demandes désespérées de ses joueurs n’y changeront rien. Sa famille, restée à Beauvais, l’attend. Été 1998, Vahid est de retour dans l’Oise. Désormais sollicité, il multiplie les déplacements. C’est au retour de l’un d’eux, le 11 septembre 1998, qu’il décide d’assister au match qui se déroulera à deux pas de chez lui le lendemain : Beauvais recevra le LOSC.
Voilà, Bernard Lecomte, qui se trouve ce samedi soir dans les tribunes du stade Pierre Brisson.
Un hasard bien organisé
En fait, Pierre Dréossi n’est pas très chaud pour reprendre l’équipe. Ayant aussi appris la présence de Vahid Halilhodzic, il va lui-même chercher l’entraîneur et le présente à Bernard Lecomte. Rendez-vous est fixé le lendemain entre les deux hommes au domicile du président.
Ainsi résume-t-on bien souvent la rencontre ente Vahid et le LOSC : d’heureux aléas. Mais est-il vraiment là par hasard ? Miroslav Popovic est depuis des mois le meilleur VRP de son ami Vahid, notamment auprès des journalistes, pour promouvoir ses qualités et rappeler qu’il est disposé à étudier toute proposition. L’ouvrage de Jaoui et Rosso affirme en outre qu’il s’est déjà chargé d’envoyer un CV au LOSC, entre autres clubs, quelques mois auparavant. De là à penser que Vahid avait flairé une bonne opportunité au regard de la situation du LOSC et de Thierry Froger et qu’il aurait été bon qu’il pointe son nez, il n’y a qu’un pas que nous n’hésitons pas à franchir.
Vahid a retrouvé sa casquette d’entraîneur
Dimanche 13 septembre à 16h, Vahid Halilhodzic, accompagné de son épouse Diana et de son agent Bernard Quesnel, se rend à La Madeleine chez Bernard Lecomte. Les négociations sont âpres : Lecomte est rapidement séduit, mais Vahid rechigne à s’engager en D2, et aux conditions financières proposées par Lecomte. Finalement, après 4 heures d’échanges, tout le monde est d’accord : le LOSC tient son 8e entraîneur depuis 1992. Celui-là restera plus longtemps que ses prédécesseurs. Bernard Lecomte ne le sait pas encore, mais il a trouvé celui qui lui permettra de partir l’esprit serein dans 18 mois. Lui a redressé le club financièrement, Vahid le fera sportivement.
« J’ai trouvé un club traumatisé »
Dès le lundi 14 au matin, Vahid est le premier arrivé au stade. En fin de semaine, Le Mans se présentera à Grimonprez-Jooris. Le LOSC n’a toujours pas gagné à domicile : « les joueurs m’ont dit qu’ils avaient une trouille énorme vis-à-vis de ce stade maudit. Ça, c’est dans la tête. C’est à nous et à personne d’autre d’en faire un avantage ». Les premiers titres de la presse régionale témoignent du discours musclé que Vahid Halilhodzic dit avoir transmis aux joueurs et d’une première conférence de presse offensive. Déjà, les maîtres-mots travail, rigueur, discipline fleurissent : « j’ai demandé aux joueurs : ‘est-ce que vous avez honte d’être 17e ? Si vous n’avez pas honte dans la situation actuelle, c’est dangereux pour le club’. J’ai voulu les provoquer. Habitant à Beauvais, j’ai assisté au match samedi. On ne peut pas juger sur un match, mais sur ce que j’ai vu, j’ai trouvé que l’équipe manquait de hargne. Défensivement, je leur ai dit que j’avais l’impression de voir des filles. J’ai voulu leur donner la rage. La volonté de vaincre, la hargne, c’est ce qui leur a manqué après le but. J’ai trouvé un club traumatisé, des joueurs aux dirigeants. Et pourtant, sur ce que j’ai pu voir, il y a des qualités. Des garçons comme Pickeu, Boutoille ou Lobé ont montré par le passé qu’ils savaient marquer. Alors, pourquoi ça ne marche pas cette année ? Que se passe-t-il dans ce club ? Avec moi, ils vont souffrir. Je suis très exigeant, mais je le suis avec moi-même. Tous ensemble, on peut sortir de cette crise ».
Vahid Halilhodzic reçoit les joueurs un par un, les laisse se réunir entre eux, puis réunit durant 40 minutes les défenseurs, durant 40 minutes les milieux, durant 40 minutes les attaquants : « je veux que chacun sache que porter le maillot du LOSC implique des responsabilités. Tout ne peut pas se faire en une semaine. Il faut de la patience. Mais je crois qu’il était important de bousculer les choses ». À l’entraînement, Vahid révèle son style : il interrompt les exercices, participe au jeu, appelle les joueurs par leurs noms de famille, les prend à part.
Vahid Halilhodzic lors de son premier entraînement à Lille
Samedi 19 septembre, 22h. Pour la première d’Halilhodzic, Le LOSC n’a pris qu’un point. Mais déjà, pointent quelques indices de ce que sera ce LOSC sauce Vahid : l’équipe, menée 1-3 à 10 minutes de la fin, arrache le nul dans les arrêts de jeu. C’est encore laborieux mais un brin d’espoir a désormais surgi.
3 ans plus tard, jour pour jour, le LOSC de Vahid rumine sur d’autres types de problèmes : la veille, il s’est incliné à la dernière minute à Manchester United, pour son premier match de Ligue des Champions.
Bonus :
Nous avons mis en ligne un documentaire intitulé « Sur les traces de Vahid », réalisé par la rédaction de France 3 Nord Pas-de-Calais, et diffusé en juin 2001.
FC Notes :
1 Il serait plus juste d’écrire que Vahid est de « culture musulmane ». A notre connaissance, il n’a jamais revendiqué de croyance et, a fortiori, de pratique religieuse, se distançant même de toute forme d’engagement, y compris politique.
2 L’organisation de la Ligue des champions africaine ne ressemble pas vraiment à ce que l’on connaît en Europe. Il n’a pas suffi au Raja de sortir d’une phase de groupe pour se retrouver en finale. Il y avait eu précédemment 2 matches aller/retour (et, pour d’autres équipes, un tour préliminaire) qui avaient permis au Raja de se retrouver avec les 8 meilleures équipes africaines, réparties en 2 groupes de 4.
Voici les références des ouvrages et articles utilisés outre les liens fournis directement dans le texte :
Laurent Jaoui et Lionel Rosso, Coach Vahid: Une vie comme un roman, Calmann-Levy, 2006
Deux articles fort bien documentés de Old School Panini, l’un sur Vahid Halilhodzic, l’autre sur le Velez Mostar 1976.
« Le bonheur muet de Vahid Halilhodzic », article dans France Football du 16 décembre 1997, suite à la victoire du Raja en finale de Ligue des champions, par Frank Simon.
Articles de La Voix du Nord, semaine du 14 septembre 1998
Posté le 6 septembre 2017 - par dbclosc
Toni-truant Verel. Sur la carrière d’Engin Verel
A l’été 1981, arrive en provenance d’Anderlecht un milieu de terrain turc nommé Engin Verel. « Angine » et « Vairelles ». Une maladie et un Lensois. Redondance diraient les plus hargneux d’entre nous. Et, voudrions-nous ajouter, on se demande comment l’officier d’état civil a pu accepter ça sans broncher. Surtout le nom de famille. Bref, Engin Verel n’avait a priori pas grand chose pour plaire aux Lillois, même si, quant au nom de famille, on ne le savait pas encore en 1981 quand il signe. Ce qui est d’autant plus vicelard.
Un talent précoce
Né le 15 septembre 1956 à Istanbul, Engin Verel se révèle précocement au football. Formé dans le petit club de Davutpasa, Engin est repéré par le grand Galatasaray avec lequel il signe en 1973. Il débute très rapidement avec l’équipe première au milieu de terrain club turc et attire le regard du sélectionneur national. Il n’a encore que 17 ans et 7 mois quand il dispute son premier match en sélection à l’occasion d’une belle défaite des Turcs en Bulgarie (5-1) le 8 mai 1974 lors de la Coupe des Balkans. Encore titulaire avec Galatasaray la saison suivante, Engin l’est également avec la sélection alors qu’il n’a encore que 18 ans. Deuxième du championnat à l’issue de la saison 1974/1975, il est transféré pendant l’été au Fenerbahçe, champion au cours des deux dernières saisons.
Le 1er octobre 1975, il fait ses débuts européens en coupe des champions contre Benfica, pour une victoire de prestige (1-0) et Engin marque le seul but du match. Victoire toutefois légèrement insuffisante après les petits pépins rencontrés au match aller (défaite 7-0). Cette saison-là, le Fener abandonnera le titre à Trabzonspor, comme la saison qui allait suivre, réaffirmant le statut de Poulidor du football turc d’Engin Verel. Il rompt avec ce statut la saison suivante, reprenant le titre à Trabzonspor, puis, remportant la coupe de Turquie la saison suivante. Arrive alors l’été 1979, Engin a alors 22 ans et déjà 23 sélections au milieu de terrain de l’équipe de Turquie.
Engin Verel, lors de sa participation au stage « Aldo Maccione » (1976)
Le plus souvent milieu de terrain, Engin joue parfois attaquant. C’est par exemple le cas le 1er août 1976, lors de la victoire des siens en coupe d’Istanbul contre Adnaspor, rencontre au cours de laquelle il marque quatre buts, dont trois en 14 minutes à la manière de notre bon vieux Matt Moussilou contre Istres une petite trentaine d’années plus tard. D’ailleurs, ses talents de buteur, Engin n’en a fait la démonstration que de manière relativement épisodique et, caractéristique particulière, de manière beaucoup plus nette en coupe qu’en championnat. Avec Galatasaray et Fenerbahçe, Verel ne marque ainsi que 17 buts en 146 matches de première division turque entre 1973 et 1979. Ses statistiques offensives sont en revanche nettement plus coquettes dans les autres compétitions : 14 matches et 6 buts en coupe d’Istanbul et 33 matches et 12 buts en coupe de Turquie.
Les difficiles débuts à l’étranger
Selon les médias turcs, c’est en 1979 que Engin signe son premier contrat à l’étranger. C’est de toute évidence une erreur, puisque la Turquie c’est à l’étranger et qu’il joue déjà en pro depuis plusieurs années. Bref, il signe au Herta Berlin, 14ème de la Bundesliga la saison précédente connaissant le deuxième championnat étranger de sa carrière. Las, son club est relégué à l’issue de la saison 1979/1980, échouant à la 16ème place, à égalité de points avec le Bayer Uerdingen mais avec un goal-average déficitaire de deux buts. On ne peut pas dire que cette descente doive grand chose aux mauvaises performances d’Engin : titulaire au milieu de terrain pour les deux premiers matches, il disparaît ensuite de l’équipe première, se contentant ensuite de trois nouvelles entrées en jeu, d’ailleurs semble-t-il peu convaincantes.
La seule preuve existante qu’Engin a été joueur du Herta
La saison suivante, Verel part se refaire une santé à Anderlecht. Raté. Aucune titularisation, et quatre petites entrées en jeu, dont une en coupe de Belgique. Le Turc est prié de faire ses valises : dès le mois d’avril 1981, il trouve preneur et signe à Lille. Quand il arrive chez les Dogues, pour la saison 1981/1982, on ne sait pas trop quoi penser du joueur. En deux saisons en Allemagne puis en Belgique, le joueur n’a cumulé que 9 rencontres en club toutes compétitions confondues, et n’a plus été titularisé depuis le mois d’août 1979 si ce n’est une fois, en sélection, le 22 décembre 1979. De lui, on ne connaît finalement que la réputation d’un joueur volontiers râleur et se prenant parfois des cartons inutiles. Il bénéficie cependant aussi d’une certaine polyvalence, pas inutile dans une équipe qui vient de perdre son trio d’attaque Cabral-Pleimelding-Olarevic et qui ne dispose plus de véritables attaquant si ce n’est Pascal Françoise.
Trouve Engin sur cette photo
Des débuts tonitruants
Depuis les démêlés judiciaires de Tony Vairelles, on connaît « Tony Truand Vairelles ». Bien avant, au LOSC, on avait connu « tonitruant Verel ». Dès la première journée de championnat, Engin verel est titulaire en attaque, aux côtés de Jean-Paul Delemer et du nouveau venu en provenance de Lens, Pascal Françoise. D’entrée, Engin semble montrer qu’il est une bonne pioche, ouvrant son compteur but contre Brest (1-1). Dès la deuxième journée, il montre également que sa réputation de joueur se prenant des cartons n’est pas usurpée, se faisant déjà expulser bêtement.
Verel s’affirme cependant rapidement comme un pion essentiel de l’attaque lilloise. Pour son retour lors de la 5ème journée, il plante un doublé contre Nice (5-0). Il marque encore à Nantes, pour une victoire de prestige (2-1), encore une fois contre Montpellier (6-1). En 6 rencontres disputées, il a déjà inscrit 5 buts et a joué un rôle fondamental dans le beau début de championnat du LOSC, 3ème après neuf journées. Lille prendra même virtuellement la tête du championnat la journée suivante quand Muslin ouvre le score contre Saint-Étienne (10ème minute). Verel marquera encore, mais ne pourra éviter la défaite lilloise (3-4). Il confirme encore qu’il est un redoutable buteur en marquant à Bastia son 7ème but en 8 matches. Ensuite muet contre Tours, Verel se fait cette fois passeur décisif. Verel poursuit à un rythme effréné auquel on ne l’attendait pas et arrive à la trêve hivernale avec un total de 11 buts en 19 rencontres.
Engin Verel, contribuant activement au fort taux de moustaches du LOSC en 1982/1983
Et puis finalement, non, ça va
La suite sera en revanche nettement moins glorieuse pour l’attaquant turc. Après la trêve, Verel ne marquera plus que 2 petits buts au sein d’une équipe en souffrance offensivement : sur les 13 rencontres qu’il débute, Lille reste ainsi muet à 7 reprises.
Sa seconde saison lilloise est particulièrement dégueulasse. Engin marque certes assez vite (pour la 5ème journée, contre Lens, se faisant ensuite expulser suite à son deuxième carton jaune du match, le quatrième en quatre rencontres depuis le début du championnat), mais devra ensuite longuement patienter avant d’inscrire son second : 7 mois et 26 jours pour être précis quand il « sauve l’honneur » lillois en fin de match lors d’une mémorable branlée (4-1). Entre deux, il aura enchaîné 18 rencontres sans inscrire le moindre but. Verel finira alors sa saison avec 2 buts et 3 passes décisives.
A l’issue de la saison, Verel retournera là où il a connu ses plus belles heures de gloire, à Fenerbahçe où il jouera trois nouvelles saisons. Parti comme titulaire, il retrouve rapidement le banc des remplaçants. Engin n’a cependant pas tout perdu de ses bonnes habitudes lilloises : par exemple, contre Kocaelispor, il entre en jeu à la 63ème minute, se prend un premier carton à la 74ème puis un second à la 80ème. Bravo, on n’aurait pas fait mieux.
Engin remportera un dernier titre de champion de Turquie, en 1985, puis prend sa retraite footballistique l’été suivant. Il n’a pas encore tout à fait trente ans.
D’Engin Verel, à Lille on retiendra un nom qui, avec le recul, ne nous paraît pas très sympathique. On retiendra aussi un attaquant, tantôt buteur, tantôt créateur qui aura un temps tiré le LOSC vers le haut. On retiendra aussi un sacré caractère et des performances globales au final très mitigées. On retiendra, enfin, une photo de lui, devenue plus ou moins célèbre, quand complètement à poil dans le vestiaire lillois, il serre la main à Pierre Mauroy, alors premier ministre.
»Je vous félicite pour votre quéquette Monsieur Verel ! »
Posté le 5 septembre 2017 - par dbclosc
Et Sarr commence !
Premier match de l’histoire des filles du LOSC en D1, et premier match payant de l’histoire des filles du LOSC. Fait chier, mais ce n’est pas anormal non plus. Nous avons posé la question sur twitter au LOSC, mais on ne nous a pas répondu : est-il envisagé de proposer des abonnements pour la saison ? 11 matches à 8€, cela nous reviendrait à 88€ la saison si on compte bien1. Allez, genre un abonnement à… 70€ ? Nous on prend hein ! On pourrait même penser à un système de place offertes, par exemple pour récompenser ceux qui animent des sites de foot qu’ils espèrent documentés et rigolos. Bien.
Cela fait tout de même quelques matches qu’on a droit à du beau temps le dimanche après-midi : ce Launayico est parfaitement organisé. Les habitués sont là. Camille Dolignon est en béquilles : on en conclut qu’elle ne jouera probablement pas. Voici l’équipe alignée au départ :
Debout, de gauche à droite : Maud Coutereels (arrière centrale), Julie Pasquereau (milieu défensive), Ouleymata Sarr (avant-centre), Héloïse Mansuy (arrière droite) ; Rachel Saidi (milieu offensive), Charlotte Saint Sans Levacher (arrière centrale)
Assises, de gauche à droite : Marine Dafeur (arrière gauche), Jessica Lernon (milieu plutôt défensive), Elisa Launay (gardienne), Jana Coryn (attaquante), Aurore Paprzycki (milieu plutôt offensive)
Au niveau du positionnement, ça donne à peu près ça :
L’air de rien, l’équipe a bien changé, puisque 6 recrues sont alignées. Si l’on en croit les déclarations du coach et ce que le club a relayé, la mayonnaise a bien pris, et il est vrai que les nouvelles ont montré de belles choses durant les matches amicaux. Cependant, cette bonne nouvelle en cache une terrible. Il semble que le mauvais présage pressenti durant les matches amicaux se transforme en épouvantable réalité : Silke Demeyere est remplaçante. Je pars pleurer 5 minutes et je reprends mon compte-rendu, fort du soutien du président Macron.
Ce que je veeeeeuuuux
C’est qu’on titularise Silkeeeeeee
Le LOSC, toujours en avance sur son temps, débute le match à 14h56, après le traditionnel cri de guerre de nos favorites (que nous ne parvenons pas à décrypter d’ailleurs). Les Bordelaises en ont aussi un d’ailleurs : c’est pas beau de copier, surtout la veille de la rentrée scolaire !
14h59 : premier coup-franc tiré par Levacher : dans les gants de la gardienne bordelaise, qui aussi la gardienne de l’équipe nationale de Nouvelle-Zélande, et qui communique en anglais.
15H00 : frappe bordelaise, au-dessus. Et comme ça part bien au-dessus, on n’a plus de ballon. On a l’impression qu’on y a droit à chaque match.
Dans la foulée, Launay tire le 6 mètres, que Levacher intercepte avant que le ballon ne soit sorti de la surface. Dans ces cas là, le 6 mètres est à refaire. Ça arrive rarement, et on s’étonne que ce ne soit pas une stratégie utilisée plus fréquemment en fin de match pour gagner du temps. Notons que la décision de l’arbitre serait la même si c’était une adversaire qui touchait le ballon.
15h04 : récupération haute des Lilloises grâce au pressing de Lernon et de Sarr (et à un contrôle foireux derrière). À 20 mètres, Sarr envoie une belle frappe tendue du droit dans le petit filet opposé : premier but lillois en D1, et déjà 4e but pour Ouley, après ses 3 buts en amical !
15h06 : talonnade de Saïdi côté gauche pour Dafeur et ses montées percutantes. Centre et tête piquée de Sarr aux 6 mètres, la gardienne dévie approximativement en corner.
15h07 : arrivée massive de Bordelais dans le public.
15h08 : coup-franc pour les Bordelaises à 30 mètres. Petit décalage sur la droite, balle en cloche vers l’avant, hors-jeu. Une combinaison bien foireuse, à ne pas montrer dans les écoles de football.
15h13 : frappe molle de Lernon à 20 mètres, pas de problème pour Erin Nayler, c’est la gardienne.
15h16 : but lillois de Sarr logiquement refusé pour hors-jeu.
15h17 : coup-franc pour les Lilloises à une quarantaine de mètres. Maud Coutereels envoie dans le paquet où Sarr, plus haut que toutes, met sa tête au point de pénalty, et le ballon finit tranquillement dans le but pendant que la gardienne se dit qu’elle aurait mieux fait de boxer la balle que Julie Pasquereau : 2-0 !
15h19 : Elisa Launay nous fait une Maignan, avec un petit dribble sur une bordelaise.
15h20 : main involontaire dans la surface bordelaise. L’arbitre ne siffle pas.
15h21 : nous twittons la bonne nouvelle, avec une magnifique photo.
15H22 : coïncidence, les comptes twitter et facebook des « amis du LOSC » postent exactement la même photo que la nôtre ! Chacun ses méthodes.
15h25 : une défenseuse bordelaise fait un sale extérieur du pied dans sa surface ; Coryn et Sarr récupèrent la balle, mais l’arbitre a sifflé rapidement quelque chose qu’on n’a pas compris, l’assistant n’ayant pas signalé de hors-jeu. Peut-être a-t-elle estimé que l’action était trop laide et qu’elle ne méritait pas d’aller plus loin.
15h29 : superbe frappe de Jessica Lernon de 20 mètres qui frôle la lucarne !
15h32 : récupération de Levacher au milieu de terrain, Lernon relaie et ouvre pour Coryn, en face à face avec Nayler : malheureusement, elle lui tire dessus.
15h33 : Centre de Dafeur, tête de Coryn, sur la gardienne.
15h34 : tiens, on se rend compte que le maillot de Charlotte Levacher est floqué « Saint Sans ». Ça signifie qu’on doit l’appeler comme ça ou c’est un manque de place ? Comme elle a le numéro 5, c’est amusant car ça fait « Saint Sans 5 ». Nous proposons d’indiquer directement « 505 », ou d’illustrer l’arrière du maillot par une 505 Peugeot.
« Hé bien… 505 turbo Diesel… On se r’fuse rien Jean-Claude ! »
15h36 : centre-tir de la droite pour Bordeaux. Pas loin du piquet, mais Launay était dessus (sur le ballon, pas sur le piquet).
15h37 : encore un hors-jeu chez les Bordelaises. Elles râlent. Bel alignement des Lilloises.
15h40 : but refusé à Sarr.
15h42 : mi-temps.
La pause est l’occasion de décortiquer notre ticket. On y lit notamment que les banderoles sont interdites, du moins si elles comportent « messages injurieux, politiques, racistes, idéologiques, philosophiques, publicitaires ». Nous avons imaginé ce que donneraient des messages philosophiques autour du terrain : franchement, ça dérangerait qui ?
16H01 : reprise.
16h07 : le début de deuxième mi-temps est aussi passionnant qu’un tweet de Sébastien Corchia. On se fait un peu chier mais y a des bons sentiments.
16h09 : coup-franc pour les Bordelaises sur le côté droit de la surface. Elles ont joué alors que Rachel Saïdi était à terre, les vilaines ! Launay capte en deux temps, et reçoit un bon coup sur le poignet gauche en prime.
16h12 : Dafeur veut jouer vite un coup-franc. À côté, Coutereels lui dit « calme ! ». Dafeur attend. Elle donne à Coutereels, qui bourrine devant. Bon.
16h16 : carton jaune pour Marine Dafeur.
16h18 : carton jaune pour une bordelaise. « L’arbitre est méchante » scandent les supporters bordelais.
16h20 : « Julie, t’es trop occupée par le ballon ! Joue la joueuse ! ». Ça venait du banc lillois.
16h21 : entrée de Silke Demeyere à la place de Paprzycki, sous les applaudissements nourris d’un spectateur qui lance « SIL-KE ! SIL-KE ! » ; ça ne prend pas mais belle tentative, saluée comme il se doit par ses amis.
16h26 : corner bordelais renvoyé de la tête par Demeyere. Frappe à 20 mètres contré par Saïdi.
16h27 : nouveau tampon sur Launay, à croire qu’elles lui en veulent d’être partie. Carton jaune.
Sortie de Saïdi et entrée de Bouchenna.
16h33 : encore une belle récupération de « Saint-Sans », sortie de sa défense : elle transmet à Lernon côté droit qui centre de l’angle gauche de la surface pour Sarr qui tend le pied aux 6 mètres : et de 3 ! Coup du chapeau pour Ouley Sarr !
16h36 : à 20 mètres, Coutereels enroule un coup-franc, sorti en corner par la gardienne grâce à une belle détente sur son côté gauche.
Sur le corner, Demeyere envoie directement dans le petit filet. Oh ça va, ça arrive.
16h39 : sortie de la triple buteuse, fort applaudie, et entrée de Charlotte « Chacha » Sailly.
16h46 : carton jaune pour Lernon.
16h48 : sortie propre et autoritaire dans des pieds bordelais d’Elisa Launay après une percée individuelle.
16h49 : fin du match. Les supporters Bordelais chantent qu’ils seront « toujours là », ce qui est un peu idiot car leurs joueuses repartent dans la foulée et ne rejoueront plus ici de la saison.
En résumé, c’était une belle première. Un match parfaitement maîtrisé et dont les temps plus faibles n’ont pas mis les Lilloises en difficulté, comme ça avait été le cas lors du dernier match amical dimanche dernier. Quand les Lilloises ont baissé le pied, notamment en début de 2e mi-temps et en toute fin de match, ça a davantage semblé résulter d’une gestion pensée du match, dont elles ont imposé le rythme. Mention spéciale pour Ouley Sarr, trois buts pour un premier match dans son nouveau club, on n’avait pas vu ça depuis euh… Pauleta, septembre 2000. En attendant des oppositions plus solides, on reste donc sur la lancée de la saison dernière : quand Sarr commence, ça recommence. Et vice-versa.
Un résumé de la rencontre proposé par le compte officiel de la D1 féminine :
FC Notes :
1 Pour parvenir à ce chiffre, nous avons fait l’opération suivante : 8 fois 11 (multiplication).
Prochains matches :
10 septembre : ASJ Soyaux Charente/LOSC
24 septembre : Paris Saint-Germain/LOSC
1er octobre : LOSC/ASPTT Albi
Les photos (hormis celle de la 505) ont été piquées sur la page facebook « event sports », qui en propose de bien belles. Elles sont réalisées par Frédéric Dewulf.
Posté le 3 septembre 2017 - par dbclosc
Pour le rétablissement des poules « régionales » Nord et Sud dans le championnat de France
La saison 1944/1945 constitue la première de l’histoire du LOSC (1). C’est aussi le dernier « championnat de guerre » et le dernier à avoir fonctionné sous la forme d’une élite nationale à deux poules « régionales », Nord et Sud. En 1945, on justifie de ne faire qu’un seul groupe au motif que les problèmes ferroviaires de la guerre, qui justifiaient la division du championnat en deux poules, sont désormais terminés. La vérité est en réalité toute autre et, il faut le dire, inavouable : les élites à la solde du complot contre le LOSC ont bien compris que cette formule de championnat à poule unique désavantage nos Dogues.
A DBC, on voudrait donc proposer de rétablir ce système qui n’a manifestement été créé que dans l’intention de nous faire du mal. Certes, ça veut dire qu’on doit se coltiner le PSG, mais ça veut aussi dire qu’on évite Marseille, Bordeaux, Lyon, Saint-Étienne, Nice et Monaco. On a voulu voir ce qui se serait passé si, depuis la remontée de 2000, le championnat était divisé en deux groupes « régionaux » Nord et Sud de 10 équipes chacun (2). Ci-dessous, nous résumons les classements qu’aurait eus le LOSC, dans son groupe Nord et au niveau national (3), comparés aux classements réels du club au niveau national.
On constate que, jusqu’en 2005, le classement national virtuel avec formule de « poules régionales » est généralement assez proche du classement réel. En revanche, à partir de 2006, le classement national du LOSC serait assez nettement meilleur avec le système de « poules régionales » que dans le réel classement national. Avec ce système, les Dogues se seraient virtuellement qualifiés en coupe d’Europe en 2013 et 2015 et auraient joué la finale pour la troisième place, qualificative pour le tour préliminaire de la C1, chaque année de 2010 à 2016, sauf en 2011 quand ils auraient joué la finale pour le titre, ce qui leur aurait offert une qualification directe, d’ailleurs comme dans la vraie vie.
« Mais pourquoi tant de complots ?! » semble interroger Michel Bastos
On observe également que le LOSC s’est stabilisé dans les deux meilleurs clubs de la partie Nord du pays depuis 2009 malgré une 4ème place dans la hiérarchie en 2016/2017.
Par ailleurs, en revenant plus loin en arrière, on constate que la formule à un seul groupe nous a porté préjudice à d’autres moments. On n’aurait par exemple pas attendu 2001 pour obtenir notre première qualification européenne. Lille aurait terminé deuxième de son groupe régional en 1991 et aurait accroché une qualification en coupe de l’UEFA. En 1984, Lille aurait fini à la troisième place de son groupe Nord, à la lutte avec les Strasbourgeois, deuxièmes.
Encore, une fois, les forces du complot s’acharnent sur le LOSC. Malgré les doutes légitimes que l’on peut nourrir au regard des dernières prestations des Dogues, gageons que l’équipe actuelle saura encore une fois déjouer les plans odieux des conspirateurs.
1. Notons que les matches amicaux d’avant saison ainsi que les deux premières journées de championnat se sont joués sous l’appellation Stade Lillois, jusu’à l’officialisation du nom LOSC le 23 septembre 1944.
2. et 9 par groupe entre 2000 et 2002 puisque la L1 comptait alors 18 clubs.
3. Déterminé suite à une confrontation avec l’équipe ayant terminé à la même place dans le groupe Sud.
Posté le 2 septembre 2017 - par dbclosc
♫ Quand on vend De Préville ♫
Il est conseillé d’enclencher la vidéo pour une meilleure appréciation du moment.
Quand tout paraît tranquille
Qu’on a une belle victoire
3 journées plus tard, un gros doute s’instille
Qui est ce qui avance le fric
À coup de grand lifting
Qui veut un club bling-bling
C’est Lopez et Ingla
Alors on s’étonne qu’ils jouent les avares
Quand ils vendent De Préville
Quand on vend De Préville
Tout l’monde croit au bobard
Ici on est à Lille
On adore la victoire
3 joueurs en béquilles
On n’a pas de remplaçant
Et quand on voit Maignan
La liste de nos déboires
Ça fait Fabien Leclercq à Fort Boyard
Quand on vend De Préville
Nous tout c’qu’on veut c’est Périlleux
Dindeleux et puis Viseux
On aime le temps de l’époque Jean Vincent
Nous tout c’qu’on veut c’est Périlleux
Dindeleux et puis Viseux
On gagne tout mais pas avec l’argent
Quand on vend De Préville
C’est le buteur qui part
On perd à domicile
Et on a l’air hagard
Avant c’était tranquille
On passe à Hitoto
Le soir coup du chapeau
Et une frappe de Hazard
Alors préparez vous à être ringard
Quand on vend De Préville
Quand à Lille on s’rappelle
De Froger c’est le noir
Mendès et puis Malcuit ressortent sur des brancards
Dans la cage De Préville
Ça nous paraît bizarre
C’est p’t être qu’on part en vrille
C’est l’retour du chat noir
Du moins c’est ce que dit notre défense passoire
Quand on vend De Préville
Nous tout c’qu’on veut c’est Périlleux
Dindeleux et puis Viseux
On aime le temps de l’époque Jean Vincent
Nous tout c’qu’on veut c’est Périlleux
Dindeleux et puis Viseux
On gagne tout mais pas avec l’argent
Quand viendra De Préville, il la mettra dedans
Si on bat même pas Caen, la saison s’ra cauchemar
Qu’est-ce qu’on va faire ce soir
On va être relégués
Si vous vous inclinez ce s’ra pas la victoire
La peur, c’est qu’on fasse appel à Renard
Préparez vous pour la bagarre
C’est la panique pour la victoire
Quand on vend De Préville