Posté le 28 octobre 2017 - par dbclosc
Lille/Marseille, au-delà du terrain
Bien sûr, le match de dimanche revêt une importance sportive cruciale. Mais il est aussi porteur d’enjeux parallèles sur lesquels nous nous focalisons ici : peut-être, au vu de l’état de forme des Dogues, parce qu’on a davantage de probabilités d’y être plus à notre avantage que sur le terrain.
Lille/Lens : égalité
« Mais qu’est-ce que Lens vient faire ici ? » vous demandez-vous. Eh bien, dimanche est un grand jour : contre Marseille, le LOSC égalera le nombre de matches joués par Lens en D1/L1. Autrement dit, conséquence logique (rappelons amicalement que Lens est en L2), dès la semaine prochaine, le LOSC passera devant son voisin. Quoi de mieux qu’un déplacement à Metz pour fêter ça ? Si le match à Amiens n’avait pas été interrompu, ce Lille/Marseille aurait constitué le match du « dépassement ».
Le LOSC joue en effet sa 58e saison dans l’élite, et ce Lille/Marseille en constitue son 2120e match, soit le nombre actuel de matches joués par les Lensois, 10èmes au classement des équipes les plus capées à ce niveau. Pour le LOSC, le Top 10 est donc pour 22H50 ! Chute au classement à Lens !
Et tant qu’on y est, statistique amusante, si Lens a plus marqué que Lille en L1, l’écart n’est que de 22 buts : 2972 buts marqués par les Lensois, 2950 pour les Lillois1. Il y a donc fort à parier que Lille dépassera Lens sur ce plan là aussi cette saison, et peut-être dès dimanche, quand Mandanda ira chercher pour la 23e fois le ballon dans ses filets.
Le bâton de Bourbotte de retour au bercail ?
Pour rappel, le bâton de Bourbotte est un trophée virtuel inspiré, au niveau international, du bâton de Nasazzi. Marseille le détient depuis sa victoire à Nice le 1er octobre, Nice qui le détenait depuis sa victoire contre Monaco, etc. Le charme de ce trophée est que tout le monde peut l’obtenir, même très ponctuellement : il suffit de battre le détenteur. Et si on remonte à l’origine du bâton de Bourbotte, on se retrouve à Lille : inventé en 1946, on lui a donné le nom du capitaine de l’équipe alors championne de France : François Bourbotte. Autrement dit, le lien entre le bâton de Bourbotte et le LOSC est historique, et ce serait un juste retour des choses de le voir de nouveau s’arrêter à Lille, qui se classe 8e au classement des équipes qui l’ont le plus détenu (en nombre de matches). Sur les 33 fois où Lille a (re)pris le bâton, Marseille est précisément l’équipe contre laquelle le LOSC a le plus récupéré son dû (3 fois). Notons que l’OM nous l’a aussi le plus piqué (4 fois). Normal, entre deux des équipes qui comptent le plus de matches en L1. D’ailleurs, on l’a perdu pour la dernière fois le 18 décembre 2016, au Vélodrome (0-2), après que nous l’ayons récupéré une semaine avant contre Montpellier (2-0). On a longuement parlé de la carrière de François Bourbotte dans cet article, et toutes les stats relatives au LOSC et au bâton de Bourbotte sont sur le site officiel du trophée.
Le retour de Florian Thauvin, l’enfant gâté
Ne ne nous faites pas dire que cet individu est une raclure : ce n’est pas parce qu’il a eu un comportement indigne d’un joueur professionnel et irrespectueux à l’égard du club qu’il faut pour autant le traiter de déchet. Rappelons les faits : Thauthau signe un contrat de 4 ans et demi au LOSC en janvier 2013, en étant prêté dans la foulée à Bastia pour terminer la saison. Il est même diplomatiquement écarté pour la rencontre Bastia/Lille jouée le 21 avril 2013 (1-2). Et puis l’OM manifeste son intérêt pour cette tête pleine d’eau, intérêt réciproque puisqu’on apprend qu’il s’agit du « club de coeur » de l’autre, que des observateurs surnomment « le traître ». À coups de déclarations dans la presse, le Reynald Pedros du pauvre laisse entendre que le projet du LOSC, sans Ligue des champions, ne l’intéresse plus (quand il a signé en janvier, le LOSC était 11e…). En outre, sa belle deuxième partie de saison en Corse ayant fait monter les enchères, son entourage se montre bien plus gourmand et cherche à renégocier son salaire. Le conflit dure plusieurs semaines, l’OM propose de racheter le contrat d’El Bradefero, qui se met en grève, et quitte finalement le LOSC pour 15 millions. Dans le fond, une belle affaire financière, et surtout une belle tête de con, disent certains, mais nous ne relayons pas ici ces bassesses. Du coup, il a reçu lors de son premier retour sous le maillot de l’OM, en décembre 2013, un accueil mémorable. Insulté dès son arrivée à Lesquin, il est conspué de bout en bout du match, chacune de ses prises de balles déclenchant les huées du public, et tout prend une saveur encore meilleure avec le scénario du match : les Lillois inscrivent le but vainqueur à la 93e, juste après la sortie de celui que certains appellent Judas (pas nous hein). Le gros plan sur son regard dépité, depuis le banc, est classé par de nombreux psychiatres comme un des meilleurs remèdes contre la dépression (0’45 ») :
Bielsa/Garcia : des entraîneurs à la côte élevée… surtout chez l’adversaire
Si Marcelo Bielsa, comme il l’a lui-même reconnu cette semaine, a un peu perdu de crédit après ce début de saison très médiocre, sa côte est intacte à Marseille, où la saison qu’il y a effectuée (plus un match), si elle a été inégale, a au moins permis de voir un football spectaculaire et innovant. La manière qu’a Bielsa de parler de football et la manière dont il l’a mis en pratique ont laissé une forte empreinte, qu’on approuve ou non ses méthodes.
Rudi Garcia, en dépit d’un bien meilleur classement, n’a pas encore convaincu à Marseille, même si le simple fait de ne pas avoir perdu contre Paris a donné le sentiment que l’OM avait gagné sa deuxième Ligue des Champions, ce qui illustre l’incroyable capacité de volatilité des commentaires dans le football à partir d’un seul résultat. De même que Bielsa était porté aux nues après la première journée et la victoire conte Nantes, le voilà désormais voué aux gémonies, sans que le projet n’ait beaucoup changé. À ce titre, on le rejoint assez quand il déclare que les commentaires sur son travail sont souvent jugés à l’aune des résultats sportifs, ce qui peut en effet constituer un point de départ, mais nettement insuffisant pour avoir une vision globale de ce qui se passe à Lille, sauf à se complaire dans l’avis uniquement ponctuel et le retournement de veste. C’est généralement de cette manière que se distinguent les personnes qui n’ont aucun principe, et sont dès lors spécialisées dans le fait d’affirmer tout et son contraire à quelques semaines d’intervalle.
Si, pour le moment, le problème à Lille est surtout d’ordre tactique, l’OM n’est pas pour autant épargné mais c’est surtout c’est la capacité de Rudi Garcia à être d’une mauvaise foi crasse sur l’arbitrage et les performances de son équipe qui ont beaucoup agacé. On a connu ça aussi. Mais on se rappelle surtout qu’on s’est souvent régalés en regardant jouer son équipe, et on ne peut pas lui retirer sa capacité à bien faire jouer offensivement une équipe qui a de bons joueurs. Même si, a posteriori, son empreinte sur le club est bien moins moindre que celles laissées par Halilhodzic ou Puel, on a aimé cette période. Et rien qu’en tant qu’ancien joueur du club (1983-1988), Rudi mérite bien un accueil chaleureux.
Les retours de Dimitri Payet et d’Adil Rami
Si Payet a été sous contrat durant 2 saisons à Lille, on ne peut pas dire que sa première saison ait été une grande réussite. Encore trop maladroit et dans l’ombre d’Hazard, il était loin de l’envergure qu’il a prise ensuite, à Marseille puis en équipe de France. Il avait d’ailleurs été en partie sifflé lors de son premier retour avec le maillot de l’OM, pas nécessairement pour ses performances, mais davantage pour la manière dont il semble avoir considéré le LOSC. On en avait parlé dans cet article, et on n’en change pas un mot : « irrégulier (et assez peu en vue lors de sa première saison), et ayant davantage donné le sentiment de considérer le LOSC comme un tremplin pour sa carrière qu’il ne s’est investi dans le club, il ne laisse pas beaucoup de regrets ». Seuls ses 6 derniers mois ont été d’une grande qualité : il formait avec Kalou et Rodelin un redoutable trio offensif. Bon, aux dernières nouvelles, il serait forfait.
Quant à Adil Rami, on connaît sa trajectoire si particulière, d’employé municipal à Fréjus à l’équipe de France, via le LOSC. Sa bonne humeur, ses belles performances sous le maillot lillois, son but à Lens, son coup-franc dans la lucarne de Janot, son déguisement de mascotte, sont de bons souvenirs. Même si, comme l’a dit Garcia un soir à Monaco, « tu fais chier, Adil », on sera bien content de le revoir, en espérant tout de même qu’il ne retrouve pas complètement son niveau lillois.
Et profitons-en pour penser à ceux qui ont porté les couleurs des deux clubs, en vrac : Bihel, Domergue, Angloma, Pelé (vous avez vu ce super article dans LOSC in the city cette semaine ?), Passi, Galtier, Becanovic, Decroix, Nouma, Ecker, N’Diaye, Brunel, les frères Cheyrou, Pedretti, Moussilou, Bonnart, liste à compléter.
Soutien à Marcelo Bielsa
Vous l’aurez compris, on fait partie de ceux qui ont du temps et qui gardent confiance, ce qui n’empêche pas de s’inquiéter de temps à autre. On a suffisamment marqué nos réserves envers certains de ses prédécesseurs pour ne pas affirmer clairement qu’on est derrière l’entraîneur Argentin. En regardant quelques-unes de ses stats à Marseille, on a vu que si, globalement, la deuxième partie de saison avait été plus moyenne, il y a eu une période creuse de 11 matches, entre les 24e et 34e journées, où l’OM n’a pris que 10 points. On pourra dire que c’est une nouvelle illustration de l’incapacité de Bielsa à offrir des performances autres qu’en dents de scie, mais on peut aussi y voir la promesse de lendemains meilleurs. L’effectif est jeune, inexpérimenté, manque d’automatismes, mais Bielsa n’a jamais été dans de meilleurs conditions pour travailler. Difficile de démêler le vrai du faux dans ces circonstances, mais la presse a relaté cette semaine un début de fronde des joueurs, lassés de ne pas jouer à leur poste. C’est compréhensible, bien sûr. Reste à savoir si le temps qu’exige la concrétisation des fruits du travail résistera à la temporalité imposée par ceux qui aimeraient tout, tout de suite. Joueurs compris. Pour le moment, la direction du LOSC est dans cette optique.
Le journaliste Romain Laplanche, auteur par ailleurs d’un livre sur Marcelo Bielsa2, a transcrit certaines des paroles de la conférence de presse de notre entraîneur cette semaine. À lire et à garder en tête.
On voudrait rappeler quelques faits passés. Globalement, il a fallu 18 mois à Claude Puel, arrivé lors de l’été 2002, pour poser son empreinte sur le jeu et obtenir des résultats satisfaisants. Rappelons-nous que lors de sa première saison, le LOSC a perdu ses deux premiers matches à domicile 0-3, n’a marqué son premier but que lors de la 5e journée, et n’a gagné qu’à la 6e… De janvier à mars 2003, le club a connu une infâme série de 7 défaites consécutives, n’a pris que 14 points sur la phase retour, et ne s’est sauvé qu’à la 37e journée.
Rappelons-nous que pour sa deuxième saison, si Puel a démarré en fanfare (9 points en 3 matches), le LOSC a ensuite enchaîné avec 12 matches sans victoire. Qui regrette aujourd’hui qu’on ait laissé du temps à Claude Puel ?
Quant à Rudi Garcia, rappelons-nous qu’il a placé le LOSC dernier après 3 journées en août 2008. Rappelons-nous que la saison suivante, dans un contexte certes particulier après son éviction-réintégration, le LOSC n’a gagné que 2 fois sur les 10 premières journées. Le 25 octobre 2009, après une nouvelle défaite à Auxerre, le LOSC ne comptait que 10 points en 10 journées. Qui regrette aujourd’hui que le club ait maintenu Rudi Garcia ?
Pour conclure, il n’est pas dans nos habitudes d’entrer dans les considérations directement sportives, le système de jeu, la performance des joueurs, du moins à chaud. D’abord parce qu’assez de conneries sont dites. Ensuite parce qu’il est bien difficile de s’exprimer quand on ne sait pas de quoi sont faites les séances d’entraînement ni quelle est l’ambiance au sein du groupe et l’état de forme de chacun. Et enfin parce qu’on garde, à tort ou à raison, une absolue confiance en Marcelo Bielsa, dont on boit les paroles en conférence de presse (en plus d’une bonne bière). Peut-être qu’on se fait complètement entuber, mais ça vaut le coup d’y croire et d’être patient, même si on a trouvé très drôle la banderole de mercredi soir. Bon, le seul truc qui nous a un peu fait douter, c’est de voir Marcelo en position quasi religieuse lors des tirs aux buts, tenant son crucifix comme s’il constituait son dernier espoir. Si c’est ça, d’accord, on est mal barrés. Ceci étant dit, on va tout de même, une fois n’est pas coutume, suggérer la meilleure composition possible, à nos yeux, pour dimanche et, si je veux, j’ajoute encore des virgules à cette phrase.
Dans les buts : Elisa Launay et Mike Maignan. D’aucuns argueront qu’il n’est pas possible réglementairement d’aligner deux gardiens de buts. Oui, et alors ? Elisa Launay n’est pas gardien de but, elle est gardienne de but, donc c’est bon. Cette petite astuce devrait nous garantir d’encaisser moins, d’autant que Launay, elle, pense davantage à mettre les mains. Mike Maignan, quand il aura fait 3 roulettes et deux sombreros sur les adversaires, sera notre premier relanceur : c’est après tout la meilleure qualité qu’il a démontrée jusque là. Cela nous permet de jouer avec un bloc haut placé.
Arrière droit : Kévin Malcuit, excellent aussi bien défensivement qu’offensivement, du moins quand il joue.
Défense centrale : Maud Coutereels, taulière de la défense féminine. Puissance, jeu de tête, qualité de frappe sur les coups de pied arrêtés, sens du placement : adieu les errements défensifs. À ses côtés, Ibrahim Amadou, pas le plus paumé sur un terrain, prendra du galon.
Arrière gauche : Marine Dafeur. Irréprochable depuis le début de saison, nous avons déclamé notre admiration dans le compte-rendu du dernier match de l’équipe féminine à domicile. Voilà une fille qu’elle est bien. Et une Marine à gauche dans le Nord, c’est un beau pied de nez.
Milieu défensif : Thiago Mendès. La grosse satisfaction du début de saison. Sa blessure à Strasbourg lors de la 2e journée a été fort préjudiciable et explique sans doute en partie le début de saison laborieux. Et en plus, il marque.
Milieu défensive : Silke Demeyere. Est-il vraiment besoin d’argumenter ? MARQUAGE INDIVIDUEL SUR THAUVIN, ça nous rappellera les meilleurs moments de Fernando D’Amico : We moeten niet loslaten, we moeten kwalificeren
Milieu offensif droit : Patrick Collot. Patrick, tu es toujours à Lille, et ta vitesse nous manque. Reviens !
Milieu offensive axiale : Rachel Saïdi. Vision du jeu, qualité de passe : Rachel retrouvera avec nous son poste de prédilection, alors qu’elle est pour le moment cantonnée à gauche par Jérémy Descamps.
Milieu gauche : Luiz Araujo. Encore un peu fébrile physiquement et hésitant dans la dernière passe, mais de belles promesses.
Avant-centre : Ouleye Sarr. Elle court vite, elle a une impressionnante détente, elle est la meilleure buteuse du LOSC, et désormais buteuse également en bleu, sa présence aux avant-postes est indiscutable.
Voilà donc l’équipe que nous suggérons, avec une colonne vertébrale très féminine : nous nous caractérisons avant tout par notre pragmatisme, et on pioche là où ça fonctionne.
Remplaçants : Alonso, Ié, Benzia, Pasquereau, Saint-Sans.
Et maintenant, on va vous avouer un truc qui vous a échappé : notre équipe est composée de 12 éléments. Ils sont beaux les observateurs, z’aviez rien vu ! Mais si c’était ça aussi, la solution ?
FC Notes :
1 En revanche, les Lensois ont davantage encaissé : 3011 buts, contre 2677 pour nous. Leur différence de buts est de -39, contre +273 pour nous. Reste à espérer qu’on n’égale pas Lens sur ce plan là cette saison.
2 Le mystère Bielsa, Solar, 2017
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30 octobre 2017
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Berry a dit:
Merci une fois de plus pour le plaisir apporté par chaque article. Et bien d’accord sur Bielsa. Les footix aboient et la caravane passe.
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6 novembre 2017
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dbclosc a dit:
Merci pour ton commentaire !