Posté le 23 novembre 2017 - par dbclosc
Le PSG et Grimonprez-Jooris, des reports difficiles
Outre le fait que le PSG ne s’est imposé que 2 fois dans son histoire au stade Grimonprez-Jooris à tel point que le LOSC était considéré comme sa bête noire, l’équipe parisienne dut aussi faire face aux aléas extérieurs quand le score lui était plutôt favorable. Résultat, deux interruptions de match à 1-1, deux matches à rejouer, et finalement deux victoires 2-0 pour Lille.
Lille, bête noire du PSG
On connaît la malédiction qui toucha longtemps le PSG quand il se déplaçait à Lille. Si les Parisiens se sont imposés à Lille dès la première confrontation entre les deux équipes dans l’élite en 1972 (au stade Henri-Jooris), le nouveau stade Grimonprez-Jooris devint rapidement leur enfer du Nord. Il a en effet fallu attendre 1993, une saison de titre national, pour que le PSG s’impose à nouveau à Lille et, pour la première fois, à Grimonprez-Jooris. Le PSG ne s’est imposé qu’une seule autre fois à Grimonprez, en 1997, chez un LOSC déjà quasi-condamné à la D2. Cette donnée est une constante assez étonnante quand on connaît les performances des deux clubs dans les années 1980 et 1990 : on en avait déjà parlé dans cet article. Le LOSC était ainsi considéré comme la « bête noire » de l’équipe de la capitale, réputation qui doit aussi à quelques performances mémorables des Lillois au Parc des Princes, avec 4 victoires dans les années 1980, dont un incroyable 5-4 le 22 octobre 1983, sans oublier la miraculeuse victoire d’avril 1996. Et si on voulait vraiment accabler les Parisiens, soulignons que les années 2000 n’ont rien changé à la donne : à partir de la remontée en D1 en 2000, Paris n’a pas davantage gagné à Lille : les 4 matches à Grimonprez entre 2000 et 2004 se sont soldées par autant de défaites pour les parigots (0-2, 0-1, 1-2 puis 0-1), puis le LOSC a gardé son invincibilité durant ses 8 saisons d’exil au Stadium Nord, avec 4 nuls et 4 victoires. C’est pour contrer cette tradition que les dirigeants qatariens recrutent Zlatan Ibrahimovic en 2012, ouvrant alors une ère où Lille ne gagne plus chez lui contre Paris (depuis 2012, 3 défaites et 2 nuls pour le LOSC au stade Pierre Mauroy, et une élimination en demi-finale de coupe de la Ligue en 2015). Voilà pour quelques détails rappelant que le LOSC est grand, le LOSC est beau.
Les Dieux du foot sont avec nous
Revenons sur la période de Grimonprez-Jooris. Moins connue, une autre malédiction a pesé sur les Parisiens qui s’y rendaient : non seulement ils y perdaient très souvent, mais quand ils parvenaient péniblement à arracher le nul, le match était interrompu, puis rejoué pour donner la victoire aux Lillois. Comme quoi les forces du complot savent aussi relâcher leur étreinte sur nous et s’abattre sur un autre club. On appelle aussi ça la justice, dont on peut se demander si elle n’est pas parfois d’origine divine : il est évident qu’une force supérieure a considéré à deux reprises qu’un nul entre le LOSC et Paris relevait de l’anomalie, et a alors mis en œuvre ce qui était en son pouvoir pour rétablir la normalité des choses. C’était lors des saisons 1985/1986, puis 2000/2001.
1985-1986 : le coup de la panne de courant
Nous sommes le 20 novembre 1985. On débute les matches retour, le PSG est en tête et se rend chez des Lillois en difficulté, en bas de tableau. À l’aller, les Parisiens se sont facilement imposés 3-0, score acquis à la mi-temps. À Lille, devant 11 438 spectateurs, Dominique Rocheteau ouvre le score pour les Parisiens juste avant la mi-temps. Mais les Lillois résistent bien et égalisent même grâce à Stéphane Plancque à la 71e minute. On semble alors se diriger vers un résultat nul qui constitue une belle performance pour les Lillois quand, à la 86e, l’éclairage de Grimonprez-Jooris lâche : panne de courant ! L’arbitre, M. Benali, renvoie les deux équipes aux vestiaires et applique le règlement en la matière : si, dans les 45 minutes, la lumière n’est pas revenue, le match ne reprendra pas le jour-même et il reviendra à la ligue de football de statuer. Bien souvent, ce type de situation est défavorable à l’équipe locale, qui se doit d’assurer le bon déroulement du match, par exemple en assurant un éclairage quand il fait nuit. Autrement dit, il y a fort à parier que le LOSC va perdre ce match sur tapis vert (ce qui serait un scandale car comme il n’y a pas de lumière, comment savoir si le tapis est vert ?). Après 45 minutes, la lumière ne revient pas, et l’arbitre interrompt donc définitivement ce match. Seulement voilà : l’organisation du LOSC n’y est pas pour grand chose dans cette coupure de courant : en fait, c’est toute la ville de Lille qui est plongée dans le noir. Autrement dit, la responsabilité du LOSC n’est pas engagée, et c’est ce que conclut la ligue, qui ne donne pas match perdu à Lille, mais décide de faire rejouer intégralement le match, c’est-à-dire dès la 1ère minute, alors qu’il n’en restait que 4 à jouer ! Sur le coup, cette décision ne satisfait personne : ni les Lillois, bien entendu, pour qui le score était fort honorable, mais ni les Parisiens, qui se contentaient aussi de ce résultat. Luis Fernandez, alors joueur, déclare ainsi : « Quand je pense que pour si peu de temps le match doit être à rejouer… C’est dommage car le nul arrange tout le monde. »
Bernard Bureau échappe à Thierry Bacconnier
Le match est donc rejoué le 22 janvier 1986. Il n’y a pas de quoi être plus confiant que 2 mois plus tôt. Lille se traîne toujours en fin de classement : 17e avec 23 points, juste devant le barragiste. Paris est toujours premier. Surtout, cela fait 6 mois que Paris est toujours invaincu ! 26 matches, 18 victoires, 44 points (la victoire vaut 2 points si tu comptes bien.) Le PSG bat cette saison là le record d’invincibilité de Saint-Étienne, qui était alors de 21 matches sans défaite1. Et pourtant. Dans le froid, le vent, sur une pelouse dégueulasse, les Dogues sortent les crocs face à des Parisiens privés de Fernandez, malade. Les Lillois tiennent le 0-0 à la pause, et c’est déjà bien. En début de deuxième période, le Parisien Jeannol se blesse et est remplacé par Morin. La domination lilloise s’accroît à mesure que file le temps. Alors qu’il reste un quart d’heure à jouer, Morin concède une bête faute. Pascal Plancque brosse le coup-franc de la droite vers les 6-mètres, où arrive Bureau qui catapulte acrobatiquement le ballon de la tête au fond des filets !
Six minutes plus tard, le même Bureau reçoit un ballon dans le rond central, élimine un arrière en se retournant et file au but. Plus rapide que les défenseurs, il bat de nouveau Joël Bats : 2-0 ! On dit souvent que le travail de bureau n’est pas terrible, et ben là on a du bon boulot de Bureau, qui se rappelle au bon souvenir de son ancien club. Paris chute à Lille et perd donc son invincibilité.
Du coup, le bilan eighties des LOSC/ PSG est assez mignon à regarder : 9 matches, 9 victoires pour Lille, 15 buts marqués, 3 encaissés.
2000-2001 : Paris prend l’eau
En 2000, le PSG est une équipe à la recherche de sa gloire des années 1990, et qui a frappé fort sur le marché des transferts durant l’été, en recrutant de jeunes français prometteurs tels que Luccin, Dalmat, Distin, et surtout en faisant revenir Nicolas Anelka pour 220 MF, lui qui avait été vendu par le même club pour 5 MF 3 années auparavant - notez que nous ne sommes pas comptables, mais il nous semble que financièrement, l’opération est assez médiocre. Les Parisiens, entraînés par Philippe Bergeroo, un ancien Lillois, sont à peu près dans les clous : 4emes, un point derrière… le LOSC. LOSC qui, après 3 saisons en D2, est de retour en D1. Le début de saison est surprenant : sur sa lancée de la dynamique construite en D2, Lille s’est tranquillement installé dans le haut du classement (et y restera toute la saison, voir ce qu’on a écrit sur cette année-là), en s’appuyant notamment sur une défense de fer, la meilleure du championnat : seulement 11 buts encaissés après 16 journées. L’équipe ne s’y trompe pas en consacrant sa Une au « mur » lillois.
Sur une pelouse gorgée d’eau, le jeu a du mal à se mettre en place. Anelka, qui revient de blessure, est la première victime de la lourdeur du terrain : il se claque dès la 9e minute, sous les vivas du public. Pascal Cygan, qui a anticipé le claquage, arrête sa course avant qu’Anelka ne s’en rende compte lui-même (voir résumé ci-dessous). Lille domine légèrement. Et il pleut, de plus en plus. La mi-temps est sifflée sur le score de 0-0, et le match est pauvre en occasions. Dès la reprise, cependant qu’il pleut désormais comme Levacher qui pisse2, Dalmat tacle Bruno Cheyrou dans la surface, avec une telle adresse que l’on peut imputer cette faute aux conditions climatiques : pénalty pour Lille ! Mikkel Beck transforme, battant dans la foulée le record de longueur de la glissade sur le ventre, record immédiatement pulvérisé par Mile Sterjovski.
Lille mène 1-0. Sur l’engagement, les Parisiens perdent le ballon et Sterjovski, profitant d’un air-dégagement de Grégory Paisley, se retrouve en position favorable devant Létizi, qui détourne en corner. 3 minutes après, Paris réagit : long ballon dans le camp lillois : Pichot essaie d’intervenir mais, manquant d’appui sur le terrain détrempé, il glisse et élimine son propre gardien. Laurent Robert suit opportunément et place dans le but vide : 1-1.
On joue encore une dizaine de minutes, jusqu’à ce que l’arbitre constate que le jeu devient impraticable. Déjà, les deux buts résultent d’erreurs directement liées à la pluie et, depuis l’égalisation, il ne se passe plus grand chose sur le terrain. Il devient même difficile de faire une passe, sans compter que tout tacle peut vite partir en sucette. Le match est donc interrompu, puis définitivement reporté.
Nous voilà le 13 décembre 2000. Lille est toujours dans les premières places, et a même l’occasion de revenir à 1 point du leader bordelais en cas de victoire. Le PSG, de son côté, s’est enfoncé dans sa traditionnelle crise automnale : malgré des résultats corrects, Bergeroo est viré, la présidence souhaitant placer Fernandez sur le banc. Pas franchement une réussite jusque là : même si le championnat est serré, le club a glissé à la 9e place. Et sur le terrain, l’effet Fernandez se fait sentir d’emblée : profitant d’une déviation Beckesque, Sterjovski ouvre le score en allumant Létizi de près dès la 13e minute. Avec un Murati surmotivé contre son ancien club, le LOSC domine tranquillement un PSG bien inoffensif, et la récompense survient en deuxième période : l’Australien y va de son doublé en reprenant de la tête un centre de Christophe Pignol. 2-0 !
Hormis sur un corner repris de la tête par Anelka, que Wimbée détourne d’une superbe manchette, le PSG n’a pas existé, ce qui incite le public lillois à scander le nom de Bergeroo en fin de match, on avait dit un mot de ce chambrage ici.
Les buts sur Fréquence Nord pour nos amis malvoyants :
Les Dieux du foot étaient donc bien avec le LOSC pour ces deux matches (4 matches en fait) : une première fois en coupant l’électricité, une deuxième fois en faisant tomber la pluie. Et on sait que ces deux actions sont de la compétence des Dieux, on voit notamment ça dans le dessin animé Les 12 travaux d’Astérix, dans lequel les Dieux, en colère en voyant ce qui se passe ici-bas, déclenchent un violent orage. À la différence près que, pour nos Lillois, c’était pour adouber ceux qui résistent encore et toujours à l’envahisseur.
FC Notes :
1 Même si, du coup, cette défaite est officiellement enregistrée comme étant survenue à la 20e journée. De toute façon, le record a été battu depuis, par Nantes en 1995 (première défaite à la 32e journée).
2 Pardon à notre internationale B.
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