Archiver pour janvier 2018
Posté le 25 janvier 2018 - par dbclosc
2007-2018 : Lille et Strasbourg, trajectoires opposées
Plus de dix ans après leur dernière confrontation, Lille et Strasbourg vont de nouveau s’affronter dans le Nord. Entre temps, le LOSC a décroché deux trophées : la Ligue 1 et la Coupe de France. Quant à la vitrine alsacienne, elle en a accueilli deux fois plus : ceux de champion de CFA 2, de CFA, de National et de Ligue 2.
27 octobre 2007. L’arbitre de Lille-Strasbourg siffle la fin de la rencontre. Les visiteurs ont enrhumé la défense comme un soir d’automne au Stadium enrhumait le public. Ils repartent avec la victoire, tandis que les locaux concèdent leur plus large défaite de la saison. 0-3. Il ne s’agit que de la troisième défaite de la saison après 12 journées, mais cette équipe, profondément modifiée au mercato estival, n’a que deux victoires : à Metz (qui terminera dernier à 18 points du premier non relégable) et contre Valenciennes. Le LOSC se cherche et Puel aligne même un improbable duo Tahirovic-Kluivert. L’expérience ne sera jamais renouvelée. Quant au promu, il est désormais 6ème, à 9 points du premier relégable et avec la meilleure défense. Jean-Marc Furlan, qui a remplacé Jean-Pierre Papin quatre mois auparavant, fait un excellent travail. Voici les buts :
Pourtant, ces positions ne révèlent en rien le classement final. En effet, le LOSC se redresse et termine 7ème. Strasbourg est relégué après une affreuse série de 11 défaites consécutives lors des 11 derniers matchs. Humiliation ultime, le LOSC s’était imposé à la Meinau grâce à un but de Mavuba sur une passe de Youla. Le genre d’événements dont on ne se relève pas. Furlan est conservé, que même on sait pas pourquoi, et que même il remontera pas. Une expérience réussie, en somme (1).
35 points en 27 journées. Et là, c’est le drame.
Ces trajectoires opposées entre les deux clubs durent depuis quelques années : lorsque le LOSC, promu, termine 3ème de D1 en 2000-2001, le RCS est relégué après neuf saisons consécutives de présence. Son retour dès 2002 durera quatre saisons avant une nouvelle relégation en 2006, alors que le LOSC termine une deuxième saison d’affilée sur le podium. En 2010, les deux clubs deviennent séparés de deux divisions : les Rouge et Blanc impressionnent offensivement et manquent de peu le podium. Les Ciel et Blanc sont relégués en National, malgré un Nicolas Fauvergue séduisant (13 buts en 26 matchs). En mai 2011, les Nordistes fêtent le doublé. Les Alsaciens pleurent une cruelle 4ème place (77 points en 40 journées). À l’agonie financière, le RCS dépose le bilan et repart en CFA 2.
Dariusliffe
Il faut dire que la gestion du club, déjà critiquable depuis de nombreuses années, était désormais dans les mains de Jafar Hilali. Arrivé au club en tant que co-actionnaire principal en décembre 2009, son ingérence le pousse à contacter Rolland Courbis pour composer l’équipe lors de la dernière journée décisive pour le maintien, alors que Philippe Janin est toujours en poste : l’équipe est (un peu plus) déstabilisée, perd 2-1 à Châteauroux et se retrouve en troisième division. Bravo le veau.
La suite n’en est que plus mythique : Hilali intervient régulièrement sur l’excellent forum de Racingstub (à qui on a accordé une interview plus tôt cette semaine) sous le pseudo de dariusliffe pour défendre son bilan et son représentant, Alain Fontenla. En novembre 2010, après s’être séparé de son troisième président (Julien Fournier, Luc Dayan, Jean-Claude Plessis), il décide de prendre cette responsabilité. Quelques mois plus tard, pour le dernier match à domicile de la saison et alors que Strasbourg peut encore espérer retrouver la Ligue 2, Hilali repousse les limites de la mégalomanie : craignant les réactions du public, il souhaite que Strasbourg-Bayonne (l’Oukidja-ico) soit joué à l’Oukidja-huis-clos et arriver sur la pelouse en hélicoptère. L’Alsace affirme même qu’il a « l’intention de faire déployer dans l’enceinte une banderole sans ambiguïté, en guise de provocation ultime : ‘Voilà, c’est fini’ ». Belle ambiance. Sous la pression de la municipalité et de la FFF, il y renonce et le match est finalement ouvert au public, sans Hilali. L’annonce est faite par Hilali lui-même, sous une photo d’un hélicoptère de l’armée au-dessus du Stade de France.
(© Racingstub)
La semaine suivante, il annonce qu’il versera 200 000 € aux joueurs rouennais pour les motiver à battre Guingamp, à la lutte avec Strasbourg pour la montée. Encore une fois, la FFF intervient (2).
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Hilali vend finalement le club pour un euro symbolique à un fantasque supporter, bien que ce dernier n’ait jamais pu prendre les commandes du club en raison du dépôt de bilan.
Le renouveau
Reparti de cinquième division, le RCS obtient facilement la montée en CFA. En revanche, un réel projet tarde à se mettre en place. Celui de Frédéric Sitterlé n’a pas résisté aux zones d’ombre quant à son financement, ni aux pressions municipales et fédérales. Finalement, c’est l’arrivée de Marc Keller en juin 2012 (accompagné de divers actionnaires) qui permet de retrouver une vision à long-terme et de rassurer la DNCG.
L’objectif est alors de retrouver le monde professionnel rapidement. La montée en National est acquise en 2013, au terme d’une saison où les Strasbourgeois n’auront été leaders que lors de la deuxième mi-temps du dernier match. La saison 2013-2014 est plus chaotique : relégué sportivement, le club est finalement repêché suite aux relégations administratives de Luzenac et Carquefou.
Depuis ce « miracle », le club se porte bien mieux. Après avoir échoué à un point du podium en 2014-2015, le club décroche deux titres de champion consécutifs pour retrouver la Ligue 1. Et alors qu’on pouvait craindre que ce retour soit trop précipité (de nombreux joueurs de l’effectif étaient déjà présents en National), le RCS (devenu RCSA) arrive au Stade Pierre-Mauroy en étant présent dans la première partie de tableau. Si le 18ème (actuellement le LOSC) ne pointe qu’à cinq longueurs, la qualité de la reconstruction pousse à être confiant quant au maintien des Alsaciens en Ligue 1.
C’est aussi un peu grâce au LOSC, mais évidemment personne n’en parle
Vous le savez, nulle belle histoire d’un autre club ne se fait sans un complot contre le LOSC. Nous avons pris le pari, il y a plus de deux ans, de dénoncer ces abjectes manipulations venues de qui vous savez. Une fois n’est pas costume, nous allons vous démontrer l’omerta médiatique concernant l’influence du LOSC dans le retour au premier plan.
En effet, faire monter un club de la cinquième à la première division est évidemment plus facile avec un club aux installations de qualité et bénéficiant d’un soutien régional inconditionnel qu’avec un club lambda de National 2. Cette légitimité facilite la recréation d’un réseau de partenaires et de recrutement, permettant au RC Strasbourg d’aller plus vite que les autres clubs de sa division. Ainsi, lorsqu’Alexandre Oukidja rejoint l’Alsace, c’est évidemment pour ses qualités sportives, mais aussi pour profiter du capital social qu’il a pu construire au LOSC (soit en CFA, soit à Mouscron), avec des joueurs trop limités pour l’équipe première nordiste mais qui peuvent convenir à l’équipe alsacienne. Ainsi, plusieurs pistes de recrutement (plus ou moins concrètes) de ces dernières années mènent à d’anciens Lillois ou Mouscronnois : Gianni Bruno (L’Alsace, mai 2016), Alexandre Coeff (L’Equipe, juin 2016), Nolan Roux (France Football, juin 2017) et Ludovic Butelle (RMC, juin 2017). D’autres ont effectivement signé un contrat (Ladislas Douniama en septembre 2015, Jean-Eudes Aholou en janvier 2017) ou ont été prêtés (Baptiste Guillaume en 2016-2017, Martin Terrier en 2017-2018). N’oublions pas que le Lillois Ruben Droehnlé, qui compte quelques apparitions sur le banc en Ligue 1, est le fils de Pascal Droehnlé, actuel recruteur des jeunes et ancien entraîneur de l’équipe réserve strasbourgeoise.
Dimanche, nous apprécierions ainsi que le RC Strasbourg Alsace se souviennent de tout le savoir-faire apporté par le LOSC ces dernières années et, en reconnaissance de cette aide, participe activement à la victoire de l’équipe locale. Ce coup de pouce serait d’autant plus précieux que l’adversaire réussit souvent bien ses matchs dans le Nord, comme le montre le graphique ci-dessous.
Et si on veut, on met des couleurs encore plus moches.
FC Notes :
(1) En fait c’est dans le Bas-Rhin.
(2) https://www.eurosport.fr/football/national/2010-2011/strasbourg-fache-la-fff_sto2810116/story.shtml
Posté le 18 janvier 2018 - par dbclosc
Complot : le complot contre LOSC délibérément ignoré de l’étude sur les complots
On nous cache tout, on nous dit rien.
Début janvier, la rédaction de DBC a accueilli avec joie l’existence d’une « enquête sur le complotisme » réalisée par l’institut de sondage IFOP (Institut Français de l’Opinion Publique) pour la fondation Jean Jaurès et le site Conspiracy Watch, réputé pour déconstruire les théories conspirationnistes. En effet, comme vous le savez, nous nous attachons sur ce site à révéler les complots ourdis contre notre club, qui l’empêchent de suivre sa progression naturelle vers le triomphe mondial. En vrac, nous avons déjà évoqué sur ces pages l’arrivée du faux Zacharias, les poteaux défavorables à nos attaquants, les stratégies du rival lensois pour nous éliminer, les décisions arbitrales prises en dépit du bon sens, les montées ratées en 1998 et 1999, ces anciens loscistes qui rejoignent les rangs du complot en marquant contre nous, ou encore ce tout récent complot qui nous est tombé dessus à la Licorne.
Oh oui bien sûr, y en a qui disent que cette étude est pas très bien faite
C’est donc avec une attention particulière que nous avons imaginé prendre connaissance de l’opinion des français sur ce complot d’envergure mondiale : le complot contre le LOSC. L’IFOP allait, pensions-nous, contribuer à une salutaire prise de conscience sur l’existence de ce complot qui, à mesure du temps, saute aux yeux. Bien sûr, des esprits grincheux ont souligné que cette enquête, que l’on peut retrouver ici, reproduisait les problèmes habituels de ce type de questionnaire pour lequel chacun est sommé de donner une opinion sur des choses dont il n’a peut-être jamais entendu parler, où les termes utilisés dans les questions ne sont jamais définis, ce qui invite chacun à y mettre ce qu’il veut (« complot », « société secrète ») ; dans lequel on agrège les réponses de complotistes « purs et durs » avec les réponses de ceux qui sont vaguement d’accord avec une théorie conspirationniste qu’ils découvrent à l’occasion du questionnaire, ou le mélange des questions sur des thèmes aussi variés que le 11 septembre, le génocide des Juifs ou l’assassinat de Kennedy, aboutissant à des résultats contradictoires (ainsi, 27% des sondés déclarent connaître la « théorie » selon laquelle « La Révolution française de 1789 et la révolution russe de 1917 n’auraient jamais eu lieu sans l’action décisive de sociétés secrètes tirant les ficelles dans l’ombre », mais 28% des sondés sont d’accord avec elle). D’autres disent que ce n’est pas très bien de considérer qu’il suffit de déclarer être d’accord avec l’une des 11 théories présentées pour être étiqueté « complotiste » : avec cette méthode, l’IFOP annonce que 79% des Français sont complotistes. Mais ce sont là des critiques vraiment faciles et de bien viles attaques contre un institut aussi réputé et rigoureux que l’IFOP et, surtout, ce sont de bien faibles remontrances en comparaison du défaut majeur de cette étude, que nous sommes manifestement les seuls à avoir relevé.
Un oubli majeur : le complot contre le LOSC
Car hélas, quoi qu’en dise l’IFOP, cette enquête ne respecte pas « fidèlement les principes scientifiques et déontologiques de l’enquête par sondage » (p. 2). Pire, elle est un élément supplémentaire à l’épais dossier du complot contre le LOSC. En effet, l’IFOP ne pose aucune question relative à ce qui s’apparente comme un des plus gros scandales des dernières décennies, et face auquel quelques micro-événements interrogés dans cette enquête, comme les idées selon lesquelles « Les Américains ne sont jamais allés sur la lune », « Dieu a créé l’homme et la Terre il y a moins de 10 000 ans » ou « Il est possible que la Terre soit plate », pèsent assez peu. Or, le mystère entourant certaines affaires comme le csc de Jean-Claude Nadon à Lens en 1994, ou plus récemment le transfert de Marvin Martin et le recrutement du redoutable Junior Tallo mériteraient bien qu’on se penche un peu plus sérieusement sur l’identité de ceux qui tirent les ficelles et qui nuisent à la réussite du LOSC, car n’oublions pas que les comploteurs sont des nuisibles.
Une véritable démarche « scientifique » aurait donc consisté dans un premier temps en un état des lieux rigoureux des complots qui pourrissent réellement la société. En pareil cas, on aurait alors pu recueillir des données exploitables, et éviter qu’une enquête censée déjouer les complots contribue à rendre la problématique encore plus merdique et, in fine, conforter les théories du complot.
Nous proposons donc très amicalement à l’IFOP de refaire son enquête et d’y intégrer de nouvelles questions avec, tant qu’on y est, des réponses pré-fournies qui orientent la problématique et font dire aux enquêtés ce qu’ils n’ont jamais vraiment pensé (on a piqué cette technique sur eux). Nous soumettons par exemple ce type de question, dont la formulation est la même que dans le premier sondage.
Question :
Pour chacune des affirmations suivantes, indiquez si vous en avez déjà entendu parler :
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A déjà entendu parler (%) |
N’en a jamais entendu parler (%) |
Total (%) |
L’abandon du statut professionnel en 1969 a été organisé par une coalition secrète de clubs jaloux |
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100 |
Un but marqué par Junior Tallo |
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Le transfert de Marvin « ZZ » Martin pour remplacer Eden Hazard est une manœuvre de l’UEFA pour maintenir l’hégémonie espagnole sur le foot européen |
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100 |
Le stade Pierre Mauroy a été construit sur les vestiges archéologiques d’un puits sans fond |
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Les frappes de Florent Balmont sont téléguidées par une force obscure pour atterrir en tribune |
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Marcelo Bielsa signifie « Marcel Béliveau » en français, et c’est son double comique qui a pris place sur le banc du LOSC en 2017 pour une diffusion prochaine de « Surprise sur prise » |
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Certains repas organisés par Gervais Martel sont accompagnés d’eau minérale |
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100 |
Vous l’aurez donc compris : nous, on ne nous la fait pas. C’est en tout cas notre version officielle. Musique !
Posté le 14 janvier 2018 - par dbclosc
Lille/PSG : Une défaite, mais avec la manière
0 point mais l’espoir de meilleurs lendemains : voilà le sentiment original que l’on a eu après le match entre le LOSC et le PSG joué hier soir.
En championnat de France féminin, voilà quelques années que la majorité des équipes savent qu’elles ont bien peu de chances de marquer le moindre point au cours de 4 rencontres : lors des confrontations contre Lyon et le PSG, qui dominent outrageusement non seulement la compétition nationale, mais également l’Europe du football féminin. La problématique est donc plutôt de savoir combien de buts on va encaisser, et le principal objectif devient alors de ne pas être ridicules. Pas de chance, c’est justement le PSG qui vient rendre visite aux filles du LOSC. L’équipe féminine du PSG, c’est 4e, au pire, depuis 2010 ; finaliste 2017 de la coupe de France ; demi-finaliste 2016 et finaliste 2015 et 2017 de la Ligue des champions. Et pour ce qui est de la branlée tant redoutée, nos Lilloises en savent quelque chose : à l’aller, en dépit d’un superbe but de Jana Coryn, elles se sont inclinées 1-6.
Oui mais voilà : après un automne laborieux, l’équipe féminine a offert un visage rassurant face à Soyaux juste avant la trêve puis, paraît-il, un visage séduisant lors de la reprise en coupe de France à Paris la semaine dernière. Notre prudence sur le « parait-il » vient simplement du fait qu’on n’a pas vu le match, mais on peut partir du principe que ne perdre là-bas que par un but d’écart (0-1) est une belle performance, et que les occasions que nous avons vues dans le résumé du match illustraient les bonnes intentions lilloises. Il n’empêche, on se dit peut-être que les Parisiennes l’ont jouée cool, que c’était la reprise, qu’elles ont pris les nôtres de haut… Mais on arrive au Stadium avec un brin d’espoir. Deux jeunes femmes nous proposent à l’entrée de nous peinturlurer les joues en rouge et blanc, sans doute pour ressembler un peu à l’autre gosse qui est en train de foutre de la mayo et du ketchup partout en bouffant ses frites.
« Les Lilloises reconnaissent la pelouse ».
« _Oh mais dis-donc, je reconnais cette pelouse ! C’est celle du Stadium !
_Mais oui, moi aussi je l’ai déjà vue ! Je la reconnais bien »
Côté effectif, un bon paquet d’absentes côté lillois. Signalons déjà que Kenza Dali, prêtée par Lyon jusqu’à la fin de la saison, n’est pas encore alignée. Un petit mot sur elle, en plus de sa présentation sur le site du LOSC : elle joue milieu de terrain et vient de Lyon, après être passée au PSG. Si vous avez bien suivi cet article, ça veut dire qu’elle a plutôt joué dans des bons clubs. Elle est par ailleurs internationale française, et Philippe Bergeroo, alors sélectionneur, l’a même emmenée à la coupe du monde 2015 au Canada. Gênée depuis quelques mois par des blessures, elle espère retrouver du temps de jeu chez nous. La compo nous fait vite comprendre que manquent Bouchenna, Saint-Sans, La Villa et Bauduin. Du coup, Chapeh est alignée en défense centrale ; comme contre Soyaux, Lernon est latérale droite ; Saïdi et Bultel sont modérément offensives, souvent sur la même ligne que Demeyere et Pasquereau ; Coryn et Sarr sont titularisées devant, et manifestement à la même hauteur, alors que depuis le début de saison, Coryn est excentrée à droite, un peu plus en retrait de l’avant-centre Sarr.
Pour la deuxième fois de la saison après le match contre Marseille, le match a lieu sur le terrain principal, et Anne-Sophie Roquette, de nouveau à l’animation, fête en ce jour son anniversaire ! Le LOSC a pas mal communiqué à propos de ce match, beaucoup d’invitations ont été distribuées, et le nombre annoncé de 2 000 spectateurs ne doit en effet pas être bien loin de la réalité. En face, une centaine de Parisiens bruyants. Pas loin de nous, Dagui Bakari, et Bruno Cheyrou, directeur sportif de l’équipe féminine du PSG. Tiens, l’occasion de rappeler que quand Bruno était du bon côté, il a inscrit un doublé au Parc des Princes.
♬ un tifo-fo-fo, la petite pichenette ♩♬
2′ sur le premier corner parisien, Elisa Launay sort superbement de sa lucarne une reprise de la tête.
3′ À 40 mètres de leur but, les Parisiennes jouent de façon merdique un coup-franc, Pasquereau récupère avec l’aide de Coryn, et Ouleye Sarr est lancée côté gauche. Elle élimine une adversaire et parvient à frapper en bonne position mais en bout de course : à côté, mais voilà qui donne le ton.
8′ Julie Pasquerau reste au sol et se fait soigner durant deux minutes.
10′ Six mètres lillois à refaire. Maud Coutereels a touché le ballon avant qu’il ne sorte de la surface de réparation. C’était déjà arrivé lors du match inaugural contre Bordeaux, avec Charlotte Saint-Sans. On suppose que si ça se répétait au cours du match, ça deviendrait suspect et occasionnerait un avertissement, mais en attendant ça permet de gagner du temps. Une tactique probablement sous-utilisée pour celles et ceux qui jouent la montre.
12‘ Succession de corners pour les Lilloises, tirées par Bultel. Saïdi puis Dafeur ne sont successivement pas loin de pouvoir reprendre.
14′ Julie Pasquereau est blessée. Elle est remplacée par Héloïse Mansuy.
15′ Encore une occasion lilloise avec Bultel qui, de 25 mètres, frappe juste au-dessus.
18′ Après un moment d’agitation dans la tribune parisienne avec la sécurité et les CRS, les Parisiens chantent « Lillois, on t’encule ». Réjouissons-nous : c’est l’un des indices montrant le foot féminin rattrape son retard sur les foot masculin. En connerie, certes, mais l’égalisation des conditions passe aussi par là.
22‘ Launay est presque contrée dans son dégagement. Finalement, les Lilloises s’en sortent fort bien en remontant le ballon par passes courtes avec Lernon, Saïdi, Sarr et Coryn finalement hors-jeu, mais c’est encore une fois bien vu. Les Lilloises sont bien organisées et solidaires. Juste avant, Saïdi avait suppléé Lernon, montée aux avant-postes, pour protéger le couloir droit de la défense.
23′ But pour le PSG. Centre de la gauche, Launay heurte Coutereels et relâche le ballon. Une Parisienne conclut aux 6 mètres. But con…
24′ « Et les Lillois c’est des salauds ». Bon.
29′ RÉCUPÉRATION DE SILKE DEMEYERE !
33′ Touche de Marine Dafeur. Centre de Bultel, Coryn manque de peu de reprendre aux 6 mètres, et finalement la ballon passe devant le but. « Comme quoi le danger peut venir d’une touche », aurait dit notre vieux Fifa 98.
40′ Demeyere élimine une adversaire grâce à un contre favorable, et lance en profondeur Sarr, seule face à la gardienne à l’angle de la surface : elle lui tire dessus. Quel dommage !
42‘ Avec son style caractéristique Silke *sangsue* Demeyere récupère coup sur coup deux ballons ; ça fait rire dans le public.
45′ On se précipite parfois. Ici, Mansuy qui aurait pu avancer et donne trop tôt (et trop profond) vers Coryn. Juste avant, c’est Bultel qui envoyait dans la surface alors qu’elle avait le temps.
Mi-temps, 0-1. Bien sûr, on sent que les Parisiennes ont davantage de maîtrise, mais les Lilloises, plus défensives qu’à l’accoutumée, sont parfaitement organisées et montrent qu’elles sont capables tantôt de remonter proprement le ballon, tantôt de miser sur la vitesse de leurs deux attaquantes avec un jeu plus direct. Et le PSG ne marque que sur un manque de bol et un souci de communication derrière. Hormis en tout début de match, Launay n’a pas eu d’intervention difficile à réaliser. Ce sera dur mais on y croit !
Les spectateurs profitent de la mi-temps pour s’engouffrer vers la cafétéria où il ne fait pas bien plus chaud.
48′ Servie par Rachel Saïdi, Ouleye Sarr perce côté droit. Elle cherche Coryn alors qu’il semble qu’elle aurait pu y aller seule. Le ballon est perdu, puis récupéré, et ça se termine par une frappe molle à côté.
50′ On s’en sort bien : il y a eu un cafouillage devant le but lillois et plusieurs contres. Mais là encore, le ballon est remonté proprement, avec Demeyere, Sarr, Saïdi puis Coryn, qui obtient un coup-franc excentré côté droit, à une trentaine de mètres.
51′ But pour Lille ! Le coup-franc, encore une fois bien frappé par Ludivine Bultel, est repris de la tête aux 6 mètres par Jessica Lernon, qui égalise ! Lernon devient la troisième buteuse de la saison, puisque seuls Sarr et Coryn avaient marqué jusque là.
56′ Récupération de Bultel, qui sert Sarr. Son centre est trop haut pour Coryn mais, au second poteau, Saïdi frappe. Au-dessus.
59′ But pour Paris. Côté gauche, un centre à ras de terre est repris aux 6 mètres par un petit piqué au-dessus de Launay. Juste avant, Saïdi est à deux doigts de récupérer le ballon sur son tacle, puis le ballon manque d’un rien de sortir en sortie de but ; ça se joue vraiment à peu de choses… 1-2.
60′ Bien servie par Saïdi, Coryn est en excellente position côté droit, dans la surface parisienne. Elle tergiverse un peu et son centre est renvoyé.
61′ Arrêt tranquille de Launay.
62′ Frappe lointaine pour le PSG, ce n’est pas loin à côté.
64′ Maud Coutereels a reçu un coup sur le genou, elle reste par terre.
67′ D’un extérieur du pied, Demeyere débloque la situation et Bultel part côté gauche. Son centre est repris de la tête par Sarr : à côté.
70′ Héloïse Mansuy est remplacée par Camille Dolignon, dont il nous semble que c’est la première apparition avec l’équipe première cette saison. Elle se place en soutien des deux attaquantes, sur la même ligne que Bultel et Saïdi. On se retrouve dans une espèce de 4-1-3-2, avec Silke seule dans l’entrejeu. Mais on le sait : elle suffit largement.
73′ Après un raté de Chapeh, une Parisienne file au but, et bel arrêt de Launay !
75′ CROCHE-PATTE SUR DEMEYERE !!! Carton jaune.
79′ Les Lilloises fatiguent d’une part, laissent des espaces d’autre part. Les Parisiennes centrent côté gauche, elles sont en surnombre. Reprise du plat du pied au point de pénalty, et magnifique arrêt de Launay ! Nouvelle frappe, sur le poteau !
82‘ Sortie de Sarr, et entrée de Maïté Boucly, pour qui c’est une première. Le panneau d’affichage s’y perd et annonce l’entrée de Julie Dufour.
85′ Il reste 5 minutes, il n’y a qu’un but d’écart, c’est l’heure où les footix se barrent.
87′ Encore un bel arrêt d’Elisa Launay.
89′ Chapeh et Demeyere se marchent dessus, et la première tacle la seconde. L’arbitre siffle un coup-franc pour Lille. Très bien ça, apparemment on a le même règlement s’agissant des moments où Silke se retrouve par terre : peu importe l’origine, c’est coup-franc pour Lille.
90′ Launay intervient encore. 5 minutes de temps additionnel. Ça devient compliqué, avec Chapeh, puis Bultel qui restent par terre.
94′ Longue balle de Lernon pour Bultel qui reprend au point de pénalty. Le ballon est contrée par la gardienne, qui était sortie ! C’était la balle d’égalisation.
95′ : But pour Paris. Superbe frappe à 20 mètres, dans la lucarne. Elisa Launay ne peut rien cette fois.
Les Lilloises s’inclinent donc 1-3, mais on est bien loin des approximations et tergiversations de l’automne. Elles ont montré un beau visage et on se permet même de sortir frustrés de ne perdre contre le PSG qu’à cause de buts un peu bêtes ou qui ne se jouent à rien. Le dernier quart d’heure, marqué par la fatigue, a été plus brouillon. On peut espérer que le fait de perdre en 2018 contre le PSG de la manière dont on perdait contre Rodez ou Guingamp en 2017 est le signe d’une réelle progression, qui annonce une fin de saison encourageante. C’est en tout cas plutôt satisfaits et avec une bonne impression qu’on quitte le stade.
Le prochain match a lieu début février : les Lilloises se rendent à Albi, puis il y aura 2 matches à domicile en 4 jours, avec le match en retard contre le Paris FC (14 février) et la réception de Fleury (le 18). Trois prochains matches qui, espérons-le, permettront de concrétiser en points les belles dispositions vues depuis le match contre Soyaux en décembre.
Il y a entretemps une trêve internationale : Ouleye Sarr repart avec les Bleues de Corinne Diacre et, chez nos Belges, Maud Coutereels et Jana Coryn sont convoquées pour un stage avec les Red Flames, mais aussi… Silke Demeyere ! Ça faisait un moment que ça n’était pas arrivé, et on est bien contents. Elle en a d’ailleurs parlé, entre autres choses, dans cet entretien, qui conclut fort bien ce compte-rendu.
Hormis le tifo, on a piqué les photos sur le site du LOSC ou le twitter du LOSC féminines.
Les compte-rendus des matches précédents :
Lille-Bordeaux : Et Sarr commence !
Lille-Albi : ♫ Albi à Lille, Albi-bi à Lille ♫
Lille-Marseille : Un nul peuchère payé
Lille Rodez : Si loin du compte
Lille-Soyaux : Une belle dernière : Soyaux Noël !
Posté le 9 janvier 2018 - par dbclosc
Été 1987, les premiers pas de Christophe Galtier au LOSC
Le mercato losciste printemps/été 1987 est marqué par la volonté de Charly Samoy et de Georges Heylens de rompre avec une fin d’exercice précédente terminée en quenouille. Le manque d’investissement du groupe 86/87 motive le recrutement de joueurs réputés pour leur sérieux et leur professionnalisme. Parmi eux, le jeune Christophe Galtier, 20 ans, qui montre dès ses premières semaines lilloises quelques traits qui caractériseront le défenseur puis l’entraîneur.
Vendredi 5 juin 1987. Aux alentours de 22h, la saison 1986/1987 vient de s’achever pour l’équipe lilloise par une défaite 0-1 contre les Nantais de Jean-Claude Suaudeau. Presque un an auparavant, le club se gargarisait d’avoir engagé les Belges Desmet et Vandenbergh, Felix Lacuesta et le Zaïrois Gaston Mobati : c’était, parait-il, la promesse d’un grand spectacle. Si once de spectacle il y eu lors de l’exercice 1986/1987, c’est via un honorable parcours en coupe de France. Après avoir sorti le Red Star, Bastia et Auxerre, les Lillois se retrouvent, comme en 1985 qualifiés pour les quarts de finale contre Bordeaux. Mais cette fois, ils échouent (1-3 ; 2-1), non sans avoir espéré au match retour un retournement de situation comme 2 ans auparavant (1-3 ; 5-1). Mais les buts lillois de Desmet (85e) et de Mobati (87e), sont arrivés trop tard.
Un dernier match catastrophique contre Nantes en 86-87
Mais outre la déception globale causée par le classement final du club (14e, seulement 3 points devant le barragiste Sochaux) après avoir moisi toute l’année dans le ventre mou du championnat, les Lillois ont offert contre Nantes un spectacle indigent. Devant une faible affluence (6 325 spectateurs) qui s’est de toute façon effilochée à mesure qu’avançait la saison, le LOSC a été pathétique. Incapables de réagir à l’ouverture du score d’Anziani (17e), les joueurs suscitent la consternation du public qui, sarcastique, scande les noms de Laval et du PSG : dans un match sans enjeu, eux assurent le spectacle : 4-3 pour les Mayennais ! Sous la plume de Pierre Diéval, la Voix des Sports n’y va pas de main morte dans un article intitulé « Ça, des professionnels ? ». On y trouve pêle-mêle les extraits suivants : « joueurs complètement à côté du sujet du football » ; « incapables de remplir leur contrat, de soigner le spectacle » ; « que dire du comportement des hommes de Georges Heylens ? » ; « manque de conscience professionnelle » ; « bande de footballeurs-pantins » ; « jamais, nous disons bien jamais, nous eûmes le sentiment que ce LOSC-là disputait un match de division 1 » ; « maladresses, erreurs d’appréciation, choix tactiques flous, incapacité à élever le ton, refus de combattre, résignation » ; « indigne » ; « les spectateurs qui ont pris place dans les tribunes de Grimonprez-Jooris vendredi soir croyaient assister à une fête et non à un enterrement de première classe »… N’en jetez plus ! Seul Mobati est épargné par la critique.
« Honteux » : Deschodt, Samoy et Heylens resserrent les boulons
Après le match, les 3 hommes forts du LOSC, le président Roger Deschodt, le directeur sportif Charly Samoy, et l’entraîneur Georges Heylens sont consternés. Le nul contre Toulon (1-1) puis la démission collective à Nice la semaine précédente (0-1) n’avaient donc pas suffi. Alors que, jusque là, Heylens montrait plutôt son agacement devant le mercato agité qui attend le LOSC (déjà 4 recrues officialisées avant même le match contre Nantes, l’occasion de voir que les temporalités du mercato étaient bien différentes de celles d’aujourd’hui : à la reprise le 25 juin, l’effectif est censé être au complet), l’entraîneur Belge, profondément déçu, change d’attitude : « tout bien pesé, je ne suis pas déçu de devoir modifier l’équipe car ce soir certains ont dévoilé leurs limites. Et pas seulement sur le plan technique ». Toujours dans un article signé P. Diéval, on apprend qu’au moment où Heylens prononce ces mots, le président Roger Deschodt arrive, « les traits tirés et la voix tremblante. Un seul mot s’échappa de sa bouche. Un seul : ‘Honteux’ ». Le président évoque un « grand nettoyage de printemps », justifié par l’attitude de certains joueurs tout au long de la saison, dont ce dernier match contre Nantes a été le point d’orgue. Difficile aussi de ne pas penser à l’épisode du tournoi au Cameroun qu’on a évoqué ici, et qui a précipité le départ des frères Plancque (Stéphane à Auxerre, Pascal à Strasbourg). Outre les frangins, quittent le LOSC : Rousseau (Laval), Péan (Bordeaux), Lacombe (Cannes), Didaux (Strasbourg), Soumah (prêt à Louhans-Cuiseaux), et Lacuesta (Cannes). Parmi ces 8 départs, seul celui d’Eric Péan n’était pas souhaité par les dirigeants lillois, mais ces derniers ne pouvaient rivaliser avec les conditions proposées au joueur par Bordeaux. En retour, sont d’ores et déjà officialisées les arrivées de Fernando Zappia (Metz), Jean-François Daniel (Saint-Etienne), Alain Fiard (Auxerre), Dominique Leclerc (Matra Racing). Celle de Jocelyn Angloma (Rennes) est imminente. Le 6 juin 1987, lendemain du match contre Nantes, la Voix du Nord se fait l’écho dans un entrefilet d’une rumeur évoquant l’arrivée du Marseillais Christophe Galtier à Lille.
Un joueur par ligne, sachant qu’il y a déjà 4 lignes sur un terrain de foot, sans compter la ligne médiane et les surfaces de réparation, ça va faire beaucoup de joueurs.
Suspendu à son arrivée
En fait, le LOSC ne recrutera pas « un joueur par ligne », mais cherche en effet activement un défenseur ainsi qu’un n°10 : pour ce poste, les noms de Patrick Delamontagne (Laval) et de Philippe Vercruysse (Bordeaux) reviennent. Lors du quart de coupe de France contre Bordeaux quelques mois avant, Heylens avait loué les qualités du numéro 10 bordelais, qualités qu’il avait aussi évoquées dès le mois de décembre. Côté défense, ce sont les noms de Galtier et de René Marsiglia, un ancien de la maison, qui reviennent avec insistance. La préférence d’Heylens va à Christophe Galtier, et si ce transfert met un peu plus de temps à se conclure, c’est parce que le Marseillais n’a pas fini sa saison : l’OM doit en effet jouer la finale de coupe de France le 10 juin contre Bordeaux.
L’Olympique de Marseille 1986-1987.
En hommage au Vieux-port, Christophe Galtier imite un brochet, tandis que l’on sait désormais que Gervinho s’est inspiré de la coiffure de Jean-François Domergue.
Après une victoire 2-0, la coupe revient à René Girard, le capitaine bordelais. En face, Christophe Galtier a joué 89 minutes. Dans le résumé ci-dessous, on l’aperçoit sur le premier but bordelais, avec le n°2 dans le dos :
Le joueur est accrocheur est teigneux : averti lors de cette finale, la ligue lui inflige le 18 juin un match de suspension, qui le privera de la reprise du championnat. Et là on se dit qu’il est vachement bon notre intertitre, putain…
23 juin 1987 : Christophe Galtier est Lillois
C’est dans le journal du 24 juin 1987 que l’on apprend l’arrivée de Christophe Galtier, sixième recrue lilloise (septième en fait, on explique juste en dessous de la photo). Nous en concluons donc fort logiquement que c’est le 23 juin que tout s’est officiellement joué. Âgé de 20 ans, le jeune défenseur quitte pour la première fois son club formateur et sa ville natale, alors qu’il lui est encore contractuellement lié pour 3 ans. Il s’agit en fait d’un prêt assorti d’une option avec un transfert définitif. Le groupe est au complet, et l’entraînement reprend le 25 juin.
Les recrues lilloises, de gauche à droite : Christophe Galtier, Alain Fiard, Fernando Zappia, Dominique Leclerc, Rodolphe Buchot, Jean-François Daniel. Manque Jocelyn Angloma, retenu par son service militaire.
Quand on évoquait plus haut que Galtier était la 6e recrue, c’est parce qu’a signé avant lui Rodolphe Buchot, mais qui n’a pas joué avec les pros. Il est l’avant-centre d’Amiens et a signé un contrat de stagiaire professionnel.
Les recrues « professionnelles »
De l’exigence : Galtier en première ligne
Le premier objectif de Georges Heylens est de former un groupe uni, une tâche difficile avec un effectif renouvelé de moitié. Pour ce faire, les Lillois iront dans un premier temps en stage une semaine au Touquet (avec matches amicaux contre Toulon et Dunkerque), puis joueront le tournoi de la CUDL du 9 au 11 juillet, et un amical contre Waregem. Par ailleurs, 3 autres matches amicaux sont d’ores et déjà fixés en août, après la reprise du championnat, illustration là aussi de mœurs bien différentes en comparaison de l’époque actuelle. Le championnat reprendra quant à lui le 18 juillet, contre… Nantes. Une bonne occasion d’effacer en partie la sale impression du 5 juin. En attendant, le traumatisme est toujours là. À la reprise, la fin de saison précédente est encore brandie comme un repoussoir, le contre-modèle de ce qu’il faut faire : « le recrutement a été effectué sur des critères où la mentalité a joué un grand rôle, déclare Heylens. J’attends, d’ailleurs, beaucoup de Fernando Zappia, Alain Fiard, Christophe Galtier et Jean-François Daniel à ce sujet. Dans le même ordre d’idée, la nomination au capitanat de Jean-Luc Buisine est une excellente nouvelle. Jean-Luc est un homme agréable qui sait taper sur la table et prendre ses responsabilités. Ainsi, j’espère que le public n’assistera plus à des productions du style de la fin de saison dernière. Ce n’est pas que l’on ait leurré les gens, mais autant nous avions laissé une belle impression contre Bordeaux en coupe, autant nous avons déçu dans nos deux derniers matches à domicile. Il n’y aura plus de manquements au professionnalisme ». Illustration de la mentalité exemplaire que veulent insuffler les dirigeants, le comportement de Christophe Galtier, qui renonce à quelques jours de congé pour intégrer au plus vite le collectif au Touquet.
La Voix des Sports, 29 juin 1987
Et un premier trophée !
Le 1er juillet, le premier amical contre Toulon se solde par un nul 1-1 (le but lillois est un csc de Thierry Taberner, qui bat son gardien Jean-Pierre Mottet). Il ne nous a pas été possible de retrouver la composition de l’équipe, mais il est fort probable que c’est le premier match que Christophe Galtier a joué pour le LOSC dans la mesure où Heylens avait annoncé une revue d’effectif et qu’Angloma et Meudic étaient absents. À l’issue du stage au Touquet, les Lillois s’inclinent 1-0 contre Dunkerque, qui a 10 jours de plus de préparation dans les jambes. Angloma a joué, les deux Belges reviennent de blessure, mais pas d’inquiétude. Arrive alors le grand, l’immense tournoi de la CUDL, officiellement baptisé « tournoi du Stadium », pour sa 11e édition.
On a parlé du tournoi de la CUDL, son palmarès, quelques-uns de ses faits marquants, dans cet article. Initié en 1977, ce tournoi pas aussi amical qu’on ne le croit comporte 4 équipes : 2 françaises et 2 étrangères. Il a vu jusqu’alors s’imposer LOSC à 3 reprises en 9 participations. Cette année, sont conviés : Lille, Lens, les Allemands de Stuttgart et les Yougoslaves de Hadjuk Split. Le tirage au sort a désigné les confrontations suivantes : Lille/Stuttgart et Lens/Split le 7 ; après une « petite finale » entre vaincus en lever de rideau, les vainqueurs s’affronteront en finale le 9.
Annoncé remplaçant dans la presse, Christophe Galtier est finalement titulaire dans cette rencontre, où Mobati ouvre le score pour les Lillois avant que Walter, bien servi par Jürgen Klinsmann, n’égalise en deuxième mi-temps pour les Allemands. Finalement, le LOSC l’emporte au tirs aux buts (5-4 : pénos réussis par Desmet, Thomas, Vandenbergh, Zappia et Angloma, raté par Buisine), et se qualifie donc pour la finale contre… Split, bien entendu, qui a sorti Lens aux tirs aux buts. La légende raconte que les Yougoslaves auraient traité les Lensois de « bananes » et auraient importé ce vocabulaire dans leur pays, d’où la spécialité des bananes à Split.
7 juillet 1987, LOSC-Stuttgart
Buisine, Zappia, Vandenbergh, Desmet, Lama
Mobati, Fiard, Thomas, Daniel, Angloma, Galtier
L’équipe fait une bonne impression générale, avec un Angloma très en vue, et Christophe Galtier a droit à un petit encadré sur sa prestation, jugée sobre.
Illustration de la dimension amicale toute relative du tournoi, la finale LOSC/Hadjuk Split s’annonce tendue. En fait, le match entre Lens et les Yougoslaves est complètement parti en sucette. Outre un faible niveau de jeu (« affligeant » écrit la Voix du Nord), les observateurs ont déploré nombre d’agressions et une succession de gestes d’anti-jeu sur le terrain. Du coup, 7 cartons jaunes distribués. Bien entendu, cela n’a pu venir que du camp yougoslave : on apprend en effet que les Yougoslaves sont des « truqueurs », la Voix du Nord en fait même le titre d’un de ses articles, comme un avertissement pour les Lillois !
On va d’ailleurs vous proposer un extrait de cet article, car ça vaut son pesant de coucougnettes : « quelle bête a piqué les protagonistes de la rencontre initiale ? Était-ce une mouche tsé-tsé car le match fut d’une rare indigence ou encore un moustique au dard hallocinogène qui fit tourner la tête des joueurs. Ils croyaient participer à une quelconque finale européenne tant les gestes d’anti-jeu et les agressions furent nombreux1 (…) Split ne fait guère dans la poésie et la provocation semble être la plus belle de ses vertus ». Georges Heylens n’est pas en reste : « le propre d’une équipe yougoslave, c’est d’être truqueuse, roublarde. Si les Yougoslaves ont montré un visage agressif face à Lens, ils n’en restent pas moins de redoutables footballeurs, d’une technique individuelle au-dessus de la moyenne ». Autres temps, autres mœurs, mais naturaliser et généraliser les « qualités » de l’adversaire, ça porte aussi un nom. Bref. En tout cas, pour l’entraîneur Belge, « gagner le tournoi, c’est mon souhait le plus cher. La dynamique de la victoire pourrait s’installer rapidement, ça c’est important pour le moral des troupes ». Confiance au même 11 de départ ! « Le sérieux de Galtier » est souligné.
10 juillet 1987 : première photo de presse de Christophe Galtier en action avec le maillot du LOSC. Comment ça, c’est Desmet ? Oui mais derrière… ?
Comment ça, c’est Fiard ? Oui mais derrière… ?
Dans un match qui s’est finalement bien déroulé, les Lillois s’imposent 3-1 après prolongation, grâce à l’ouverture du score de Gaston Mobati (40e), « bénéficiant d’une obstruction non sanctionnée de Desmet. Le Belge est tout de même un sacré filou… ». Retenons donc cette leçon : le Yougoslave est truqueur, mais le Belge est filou. Puis Rudi Garcia (95e) et Edwin Vandenbergh (115e) ont marqué. Dans la presse, mentions spéciales à Mobati, Zappia et Angloma. 4 ans que Lille n’avait pas gagné le tournoi, et premier trophée lillois de Galtier ! Sorti à la mi-temps, il voit depuis le banc l’égalisation des Yougoslaves dès la 48e minute… On en conclura ce qu’on en voudra.
Heylens est content : « Je ne peux qu’être satisfait et même surpris puisque certains automatismes sont déjà au rendez-vous ». Ainsi, l’équipe semble bien tourner et en tribunes, Robert Budzynski, directeur sportif du FC Nantes, peut se faire du souci : dans une semaine, son équipe affrontera un LOSC apparemment en forme.
Un effectif qui pose encore question
Cependant, on reste prudent côté lillois. En fait, on semble même surpris de la victoire au tournoi de la CUDL. Après un dernier match amical le 12 juillet à Linselles contre Waregem, l’ancien club de Desmet, remporté 4-1, la principale question réside dans l’animation offensive du LOSC. Avec les départs des Plancque et de Didaux, qui pour jouer en n°10 ou un poste assimilé ?
Durant le tournoi de la CUDL, Heylens a joué avec deux pointes (le plus souvent, les Belges) soutenues par un meneur (Mobati). Seulement, cette triplette, quelle que soit sa configuration, est impossible en championnat (du moins, si Zappia joue : on ne peut aligner plus de 3 joueurs étrangers sur la feuille de match). C’est en effet la stratégie offensive idéale : Mobati pète la forme, et si les Belges sont encore poussifs en ce début de saison, on connaît leur talent et leur entente. En fait, le LOSC est dans l’attente, d’une part, d’un assouplissement du règlement concernant le nombre d’étrangers qu’il est possible d’aligner et, surtout, d’autre part, d’une naturalisation de Gaston Mobati pour l’automne, qui éliminerait le problème. Contre Stuttgart, Vandenbergh a alterné entre les postes de n°9 et de n°10, et Heylens ne cachait pas ses espoirs : « Erwin m’a beaucoup plu dans ce nouveau rôle. Il joue juste et sait dépouiller son jeu, ce qui ne l’empêche pas, le cas échéant, de trouver les ressources nécessaires pour redevenir un attaquant dangereux. Voyez son but ! Dans l’optique d’une éventuelle naturalisation ou assimilation de Mobati, le test ne manquait pas d’intérêt. J’opérerai par conséquent de la même manière devant Split. Bien sûr qu’Erwin n’est pas un véritable n°10. Il n’empêche que beaucoup de ballons passent par lui, qu’il sait les tenir… et les passer au bon moment à la faveur d’une très grande lucidité. Cela fait deux ou trois saisons qu’il occupe une position plus en retrait. Il n’en est pas moins précieux pour autant ! ». Cependant, il recherche toujours un n°10 de métier. Les noms de Marco Morgante (Mulhouse), Rubén Umpiérrez (Racing Club de France, « Umpierrez, dont tout le monde me parle, c’est 20 briques par mois. Est-ce vraiment intéressant à ce tarif-là ? ») sont repoussés, tandis que Philippe Vercruysse, hors d’atteinte (son transfert serait « supérieur au milliard de centimes, et son salaire supérieur à 300 000F2 »), ne sera de toute façon pas lâché par Aimé Jacquet, l’entraîneur de Bordeaux. Samoy ne peut que constater : « c’est vrai, l’équipe ne dispose pas pour l’instant d’un homme capable au milieu de canaliser les énergies, de diriger la manœuvre. Mais les bons numéros 10 sont rares et très chers en France. Pouvait-on dès lors mettre en péril la gestion du club ? ». C’est bien une question de dirigeant à l’ancienne ça ! En attendant, Heylens a pour le moment renoncé à faire reculer Vandenbergh. Il compte sur Fiard, Daniel, et pourquoi pas Angloma, pour servir les attaquants.
Des débuts en fanfare
18 juillet 1987, le championnat reprend. Des fois qu’on aurait mal compris, Heylens pose à nouveau le décor : « nous voulions changer les mentalités, ouvrir en quelque sorte un nouveau chapitre. À quoi bon le cacher : il y a des choses que je n’ai pas du tout digérées de la saison dernière, le comportement de certains – reportez-vous aux derniers matches du précédent exercice – ne cadrant absolument pas avec l’idée que l’on se fait du football pro. Dès lors, pourquoi continuer avec les mêmes hommes ? ». En face, Nantes, qui a fait « un malheur dans sa série de matches amicaux ». Devant une cinquantaine de journalistes belges, ravis de voir nos deux avants et Franky Vercauteren, nouveau Nantais, la saison commence. Sans Christophe Galtier, rappelons-le, suspendu.
Et de façon assez surprenante, le LOSC s’impose 3-0, grâce à Périlleux frappant fort en angle fermé (64e), Angloma, superbement servi par une talonnade de Desmet (71e) et Desmet, d’un lob lointain (90e) qui « allumait la dernière fusée, à mi-chemin entre les fêtes nationales française et belge » indique la Voix du Nord. C’est bien dit hein ?
L’effet Galtier
Deuxième journée. Lille se rend à Nice. Logiquement, Heylens reconduit la même équipe que celle victorieuse des Canaris cui-cui. Seul changement : Galtier, opérationnel, est intégré au groupe, au détriment de Prissette.
Lille est rapidement mené, la faute à un but de Philippe N’Dioro dès la 8e minute. 1-0 pour Nice à la mi-temps. En début de seconde période, Galtier entre. Nous sommes à la 50e minute… et Lille égalise à la 51e par Angloma ! Finalement, les Lillois s’inclinent (1-2), mais l’effet Galtier a été saisissant.
Et la suite de la saison… ?
Galtier s’installe au sein d’un collectif qui alterne le bon et le moins bon. Au soir de la 10ème journée, après une victoire (3-1) sur le terrain du PSG (c’est-à-dire au Parc des Princes), on se met à croire que la mayonnaise pourrait prendre, Lille accrochant alors une inespérée 3ème place, de surcroît à égalité de points avec le deuxième. Ne nous emballons cependant pas trop : c’est aussi le même total que Saint-Etienne, 9ème, et seulement un point de plus que Cannes, 15ème. Mais quand-même.
A la surprise générale, Le Havre n’est qu’à une victoire de la qualification européenne
Troisièmes, 14 buts inscrits en 10 matchs malgré de l’absence de meneur, c’est un peu le genre de sensations dont on n’avait pas l’habitude. C’était trop beau. Sagement, les Lillois décidèrent de rentrer dans le rang : jusqu’à la trêve hivernale, ils ne prennent que 10 points supplémentaires en 14 matchs, marquant 8 buts pour 15 encaissés. Nous voilà soulagés : c’est à nouveau à la lutte pour le maintien que nous nous préparons. Dans cette galère, Galtier est convainquant mais l’animation pèche. Finalement, le LOSC n’a pas recruté de n°10, et l’équipe en souffrira toute la saison. Le rôle revient de manière plus ou moins explicite à Daniel, Thomas ou Angloma. En novembre, Heylens tenait dans Onze mondial le même discours qu’en été : il n’y a pas de meneur de jeu…
Sympa l’entraîneur qui annonce que le problème de l’équipe, c’est son fonds de jeu
Forts de leur expérience camerounaise de la saison précédente, les Dogues optent cette fois pour un programme moins original pour combler la longue trêve hivernale et partent en stage du côté d’Alès. Là-bas, ils en profitent pour participer au célébrissime tournoi de Martigues (dont c’est la première et la dernière édition). Malgré un match déplorable, ils éliminent tout de même Martigues en demi-finale (2-2, 5 tab à 4) avant de rencontrer Posco Atoms, le champion de Corée du Sud, en finale : grâce à un doublé de Vandenbergh, ils s’imposent (2-1). Après le tournoi de la CUDL, Christophe remporte là son deuxième trophée depuis sa signature au LOSC sept mois plus tôt. On lui souhaite un tel bilan pour son retour comme entraîneur.
La suite sera d’un tout autre acabit (Haïfa) que l’avant trêve : encore solides derrière, désormais efficaces devant, les Lillois réalisent encore un parcours sympathique en coupe, achevé en quart en grande partie en raison d’un Amitrano (le gardien niçois) en état de grâce. En championnat, Lille finit bien, terminant 11ème et 4ème sur la période suivant la trêve hivernale. L’animation offensive a connu un réel mieux, le LOSC inscrivant 23 buts sur ces 14 derniers matchs. Et Christophe dans tout ça ? Toujours solide, il rate deux matchs : dommage, avec lui, on n’aurait peut-être pas perdu à Toulouse et à Niort et on n’aurait peut-être pas été loin d’une qualification européenne.
À l’arrivée, une saison en dents de scie, assez similaire à la saison précédente, en dépit de quelques coups d’éclat (Lille gagne notamment chez le champion Monaco, ainsi qu’à Marseille). Christophe Galtier, quant à lui, s’impose comme un solide arrière latéral, disputant 33 rencontres dont 29 en tant que titulaire. Sa plus grande joie arrivera en fin de saison, mais hors du LOSC : il remporte, aux côtés notamment de Buisine, Angloma et Franck Passi, l’Euro Espoirs 1988.
FC Notes :
1 Syntaxe et orthographe d’origine.
2 Nous appartenons à une génération qui n’a jamais compté en centimes, hormis pour compter les vrais centimes ; et par ailleurs on ne sait pas trop ce que ces chiffres valent, mais on suppose qu’il faut comprendre que c’est beaucoup.
Posté le 7 janvier 2018 - par dbclosc
Le tournoi CIFOOT de l’hiver 1987 : l’histoire d’un quadruple complot contre le LOSC
La saison 1986/1987 inaugure une nouveauté dans l’organisation du calendrier footballistique français : pour la première fois, une longue trêve hivernale est prévue, d’une durée de deux mois, du 20 décembre 1986 au 28 février 1987. Cette initiative favorise le développement des tournois , alors que ceux-ci étaient habituellement l’apanage des préparations estivales.
Au cours de l’hiver 1987, le LOSC est justement invité à disputer un tournoi, au Cameroun, le CIFOOT (Cameroun International Football), créé à l’initiative d’Eugène N’jo Léa. Eugène est camerounais, mais c’est un nom que l’on connaît bien en France. A bien des égards, il est un symbole. Symbole de l’émergence du football africain dont il est l’un des pionniers en Europe : joueur pro à Saint-Étienne puis à Lyon, il inscrit 93 buts dans l’élite française entre 1954 et 1961. Symbole, aussi, d’une conception du football perméable à son environnement social et politique. Par exemple, N’jo Léa est à l’initiative de la création de l’UNFP en 1961, premier syndicat des footballeurs français, avec Jacques Bertrand et Just Fontaine. Il en sera d’ailleurs le premier secrétaire général.
C’est au croisement de ces deux aspects qu’est organisé ce tournoi. Il est ainsi emblématique de sa double identité française et camerounaise, puisque parmi les huit participants, on compte quatre équipes camerounaises et quatre équipe françaises. Il est également explicitement politique : ce projet vise ainsi à offrir une vitrine au football africain, et en particulier camerounais, afin de favoriser le développement du professionnalisme dans son pays et en Afrique. Le rêve d’Étienne ? Qu’un pays africain gagne un jour la Coupe du Monde. Ce rêve apparaît encore comme une improbabilité aujourd’hui. A l’époque, il apparaissait comme pure folie.
Roger Marche tentant de mettre fin aux projets d’Étienne N’jo Léa
Ce tournoi sera pourtant l’exemple archétypal du complot contre le LOSC, sans que l’on puisse en faire d’Eugène le responsable, à travers un quadruple complot contre nos ouailles. Complot réglementaire d’abord, à travers l’instauration d’une petite modification en cours de route qui aura des conséquences fâcheuses pour le LOSC. Complot médiatique, puisque les rares évocations en ligne du tournoi ignorent ignoblement la participation lilloise. Complot de l’intérieur, à travers l’attitude plus que regrettable des frères Plancque ou, si ces faits n’étaient pas avérés, à travers les fausses informations qui auraient filtré de l’intérieur. Complot financier enfin, les Lillois n’étant pas payés pour leur participation contrairement à ce qui était prévu.
La promotion du football professionnel camerounais à travers le CIFOOT
La compétition a lieu du 1er au 11 février 1987 et débute par une phase de poules de quatre équipes. Lille fait partie du groupe dont les matchs se jouent à Douala, les matches du second groupe se disputant à Yaoundé où aura lieu la finale. Dans son groupe, Lille est opposé au Camark Bamenda (3ème du dernier championnat camerounais), au Racing Bafoussam (13ème) et à l’AS Nancy-Lorraine, 18ème de D1. Sur le papier, le LOSC, 13ème de D1, semble favori de son groupe même si l’on a du mal à situer les joueurs de Bamenda. L’autre groupe est composé de Laval (11ème de D1 française), de Reims (4ème de son groupe de D2), du Canon Yaoundé, champion du Cameroun et demi-finaliste de la dernière coupe des champions et d’un autre club camerounais dont on ne connaît l’identité (1).
Nyamsi, le stoppeur du Canon Yaoundé
En se replongeant dans les archives de La Voix du Nord, on espérait avoir beaucoup d’infos vu tout ce qu’on avait trouvé en épluchant les pages « sports » lors des trêves estivales : raté. Même pour le LOSC, on n’a pas obtenu ne serait-ce que les scores, même si l’on sait que les Dogues ont en définitive obtenu trois matchs nuls. Preuve d’un intérêt limité de la presse française pour une compétition censée permettre aux clubs camerounais de se mettre en valeur en se confrontant à de véritables pros de l’Hexagone. Pour les premiers matchs du « groupe de Douala », les Camerounais font largement honneur à l’événement : alors que les Lillois sont tenus en échec par Bafoussam, a priori le « petit » du groupe – sans que l’on trouve nulle part le score exact du match dans la VDS – Bamenda vient à bout des Nancéens (1-0).
Et c’est là qu’intervient le premier complot contre le LOSC … (2)
Le désistement de Bamenda
Après la première journée, le Camark Bamenda renonce à poursuivre le tournoi, faute de moyens. Ordinairement, le forfait d’une équipe entraîne la victoire de ses adversaires pour les matchs concernés. Ceci nous aurait bien arrangé : Bamenda aurait perdu par forfait contre Bafoussam et contre le LOSC, ce qui aurait en définitive placé nos Dogues à la première place du groupe, lui ouvrant la voie à la finale (3).
Cette option pourrait cependant apparaître comme inéquitable pour Nancy : défaits par Bamenda, ils se trouveraient lésés vis-à-vis de leurs deux autres adversaires qui, eux, se verraient crédités d’une victoire sans même avoir à jouer. Dès lors, il apparaîtrait justifié de purement et simplement continuer le groupe avec une équipe en moins et de ne pas compter le match ayant opposé Bamenda à Nancy. Ce n’est pourtant pas cette option que choisiront les organisateurs.
Ainsi, le Dynamo Douala, 9ème du dernier championnat remplace au pied levé Bamenda tout en se voyant crédité des points acquis par ces derniers lors du match de la première journée ! Facile. Si l’on peut remplacer une équipe en cours de route, le LOSC version 2017/2018 peut encore raisonnablement espérer terminer champion : en récupérant les 50 points du PSG, qu’il remplacerait « au pied levé », il n’apparaît en effet pas absurde que les Dogues conservent les 9 points d’avance ainsi acquis sur Monaco et Lyon jusqu’au bout (4). Bref, sans avoir joué, le Dynamo Douala aborde la 2ème journée avec un point d’avance sur le LOSC.
Lille fait match nul contre Nancy (1-1) grâce à un péno de Desmet. De son coté, Bafoussam l’emporte contre le Dynamo. Le LOSC peut encore espérer se qualifier pour la finale : il lui faut que Nancy s’impose contre Bafoussam et qu’il remporte son match. Nancy fera le boulot, mais Lille échouera, se contentant d’un nul, dont on ne connaît pas non plus le score. Dans ce groupe, où chaque équipe obtient trois points, c’est le Dynamo Douala qui termine premier avec un bilan réel d’un nul et d’une défaite, soit le pire bilan réel du groupe. Nancy termine à la deuxième place et nos Lillois sont éliminés (5).
Toute autre décision que celle qui fût prise après le désistement de Bamenda aurait amené à un meilleur résultat pour les nôtres, qui auraient soit terminé deuxièmes, soit premiers. Complot.
Un complot médiatique
Comme vous l’aurez compris, il est difficile d’obtenir des informations sur ce tournoi, marquant un échec certain de l’organisation qui espérait mettre en visibilité le football camerounais.
Pire, comme on l’a dit, les rares évocations du tournoi que l’on trouve sur le Net ne mentionnent jamais la participation du LOSC. Mais il y a encore plus ignoble. Vous ne voyez pas ? Vous n’imaginez pas ce qui pourrait être encore plus ignoble qu’oublier de nous mentionner comme participants de ce tournoi ? Voyez par vous-même en lisant cet extrait parlant du CIFOOT sur la page Wikipédia d’Etienne N’jo Léa :
« Il essaiera ensuite en 1987 dans son pays en organisant à noël à le tournoi de football Cifoot accompagné de clubs tels que le Racing Club de Lens, l’ASNL, le Stade de Reims et le Stade lavallois mais aussi de quarante journalistes, d’un engagement de la Société de banques suisses de financer l’opération, des sponsors et des équipementiers »
Comment ça « le Racing Club de Lens » ?! On mentionne même la « Société de banques suisses », on cite les autres participants français, on oublie le LOSC, et … ignominie parmi les ignominies, on remplace le LOSC par … le RC Lens !
Quand je vous dis complot …
Mais ça n’est pas tout.
Mettre le Douala où ça fait mal : polémique sur les frères Plancque et complot de l’intérieur
On ne vous racontera pas toute l’histoire des frères Plancque avec le LOSC, elle est trop longue et comporte trop de belles pages. On se contentera de mentionner que les deux apparaissent pour beaucoup comme les symboles de l’identité du club et qu’ils ont jusqu’ici réalisé la totalité de leurs carrières respectives dans leur club formateur (le LOSC pour ceux qui n’ont vraiment pas suivi). Stéphane est d’ailleurs le capitaine et nombreux sont ceux qui ont en mémoire le rôle essentiel de Pascal dans la qualification de mars 1985 contre Bordeaux (5-1) en coupe de France. Entres autres choses.
Eh ben, d’un coup, les symboles de l’identité du club en ont pris un coup …
Cela faisait un bail que je savais que cette tournée au Cameroun ne fût pas un merveilleux souvenir pour les deux frères, mais, jusqu’alors, je n’en connaissais que des bribes via Patrick Robert lequel indiquait que le séjour au Cameroun leur avait laissé « un goût amer » puisqu’ils auraient « été mis en cause par la presse dans une sombre affaire de bagarre et de paroles malheureuses ». Mais, à quoi donc faisait-il allusion ?
Dans la VDN du 5 février 1987, on apprend que Pascal Plancque aurait souffert de la turista, laquelle aurait été causée « par un fruit ». D’un coup, on avance. A ce moment de notre recherche, notre hypothèse est que cette turista est la cause de l’amertume des frères et que Pascal aurait alors déclaré « chier ! », ce qui aurait été interprété par la presse comme une marque d’agacement (expliquant les « paroles malheureuses » évoquées par P. Robert), même si, suivant cette hypothèse, il s’agirait en réalité d’un constat plus qu’un emportement de la part de Pascal. Ceci ne nous expliquait toujours pas cette histoire de bagarre, sauf à considérer qu’il s’agit d’une référence au fait que Pascal se serait « battu » contre la maladie, en l’occurrence la turista.
Pascal Plancque, avant sa turista, avait le sourire
Dans un autre article de la VDN, celui-ci daté du 13 février et intitulé « Les frères Plancque au banc des accusés », on en apprend davantage. On apprend que Stéphane Plancque se voit alors retirer son brassard de capitaine et qu’il est temporairement suspendu, comme Pascal. Pour quelles raisons ? On ne sanctionne quand-même pas un joueur et son frère par la même occasion simplement parce qu’il aurait crié « chier ! » alors qu’il est touché par la turista !
La réponse, la voilà : « Que reproche-t-on aux frères Plancque ? [oui, je sais, là c'est une question. Mais la réponse suit immédiatement] D’abord leur agressivité vis-à-vis de leurs adversaires de couleur. Agressivité verbale (inutile de rentrer dans les détails) et physique ». Ah … d’accord … effectivement, on comprend ici, décrit pudiquement, qu’ils auraient tenu des propos racistes et se seraient montrés violents contre leurs adversaires camerounais. Effectivement, de telles paroles seraient assez « malheureuses ». Mais quid de la « bagarre » ? Plus loin dans l’article, on apprend que Stéphane s’est montré très agressif lors de son entrée en jeu contre Nancy, insultant à plusieurs reprises Zahoui, l’Ivoirien du club lorrain. Pascal, pour sa part, n’est pas en reste : en fin de match, il se bat avec des spectateurs, se faisant péter une côte au passage. Forcément, évoquer ce triste événement, pour des supporters du LOSC, c’est mettre le Douala où ça fait mal.
Tournant de l’histoire des frères Plancque avec le LOSC. Les deux auraient été sanctionnés, sanction reconnue comme légitime par la majorité du vestiaire si l’on en croit l’article de la VDN. Suite à cet événement, Stéphane ne disputera plus que quatre rencontres avec les Dogues (2 titularisations) jusqu’à son transfert à Strasbourg. Plus chanceux, Pascal connaîtra encore 8 matchs (7 titularisations) avant son départ pour Auxerre.
La défense tient à apporter à la Cour ce précieux document qui montre que mon client, PLANCQUE Stéphane, n’est pas raciste. J’ajoute que mon client a un ami noir. Comment ça « comme Nadine Morano » ?
(crédit photo:Footnostalgie.com)
Il est cependant difficile de trancher sur ce qui s’est réellement passé là-bas étant donné le peu d’informations que l’on trouve à ce propos. Dans un reportage évoquant « la mauvaise réputation des frères Plancque », jamais ne sont évoquées d’éventuels propos racistes et Georges Heylens affirme explicitement qu’il n’y a pas eu de sanction disciplinaire à l’égard de Pascal Plancque, suggérant cependant bien qu’il a commis une faute en affirmant qu’il « s’est puni tout seul ». Référence au fruit mangé qui engendre sa turista ? Sans doute pas mais plutôt à la bagarre avec les supporters qui semble elle bien attestée.
http://www.dailymotion.com/video/x8bfxn
Et même si l’on ne croyait pas à cette histoire, la jugeant fausse ou en tout cas partielle, on en arriverait au même constat, celui d’un complot de l’intérieur. Soit il s’agit d’un complot des frères Plancque eux-mêmes, bafouant nos valeurs, soit de fausses informations ont été livrées de l’intérieur sur ceux-ci. Chacun jugera. La turista, elle, demeure encore présumée innocente jusqu’à preuve du contraire.
Épilogue complotiste
Lille termine donc le tournoi sans défaite, mais éliminé dès le premier tour. Pour la troisième place, le Canon Yaoundé s’impose contre Nancy, tandis que la grande finale est remportée aux tirs aux buts par Reims contre le Dynamo Douala (0-0, 6 tab à 5). Ben voyons, ne pas terminer dans le dernier carré d’un tournoi remporté par Reims, voilà qui est mignon.
Comme on l’a dit, il y a quand-même une bonne dose de complot derrière ça. D’ailleurs, le Dynamo Douala, finaliste de l’épreuve n’y remporte aucun match et en perd un. Comme quoi il n’était peut-être pas totalement délirant d’espérer mieux.
Étienne N’jo Léa, pour sa part, connaît un cuisant échec. Il faut dire que son projet ne rencontra pas l’unanimité. On ne sait pas ce qu’il en est réellement, mais N’jo Léa déclara un jour : «J’ai rencontré des oppositions de toutes parts. Et je dois remercier le bon Dieu, parce que je pense que ces gens étaient capables de tout, même de me faire disparaître physiquement». Sans vouloir alimenter la thèse d’un complot supplémentaire, ici contre N’jo Léa, force est de constater que de nombreuses oppositions ont jalonné son parcours ce qui atteste a minima que son action ne faisait pas consensus dans les instances du football camerounais.
En tout cas, le LOSC en fût une victime indirecte. Ce tournoi, pierre angulaire du projet de N’jo Léa, ne fût jamais validé par les autorités et par la Fédé camerounaise. En conséquence, le projet perdit de précieux subsides ce qui empêcha l’organisation de satisfaire à ses engagements financiers à l’égard de ses invités : Laval, Nancy, Reims et surtout Lille ne reçurent ainsi jamais l’argent qui leur avait été promis pour leur participation (6).
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Oui, on sait, ça fait tâche de ne pas savoir, mais il suffit de se plonger dans les archives de l’époque pour comprendre que l’info est difficile à trouver. Avis aux érudits : on est demandeur de toute info à ce propos.
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Notons que nous ne plaçons pas le match nul contre Bafoussam comme un complot, même si l’on pourrait s’interroger.
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Et donc au titre puisque nous aurions remporté la finale.
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Ceci étant, on vous l’accorde : même comme ça, c’est pas gagné.
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On n’est d’ailleurs pas certains que Lille finisse troisième ou quatrième. D’ailleurs, faute d’avoir obtenu tous les résultats, nous avons été tenus de procéder à certaines déductions pour déterminer le nombre de points de chaque équipe. Par exemple, la VDN indiquant que, avant la dernière journée, Lille pouvait être finaliste en l’emportant contre Douala et si Nancy l’emportait, on peut déduire qu’une victoire était nécessaire contre Douala mais qu’elle serait insuffisante si Nancy ne l’emportait pas, dernière information qui nous permet de déduire que : a) Bafoussam avait dû l’emporter contre Douala (sinon un nul aurait suffi entre ces derniers et Bafoussam pour qualifier Lille) b) que malgré cette défaite, Douala restait devant Lille. On peut déduire de cette dernière observation que si Douala est devant Lille après cette deuxième journée, c’est au principe du nombre de buts marqués, puisqu’avec une victoire 1-0 suivi d’une défaite, ils ne pouvaient avoir un goal-average supérieur à celui des Dogues. Ignorant le score de Nancy-Bafoussam, on peut donc déduire que Nancy l’a emporté d’un but, puisqu’en l’emportant de deux buts ou plus, ils auraient terminé premier de leur groupe. En conséquence, chaque équipe du groupe a terminé avec 3 points et un goal-average nul, le classement final dépendant du nombre de buts inscrits, voire, sans doute d’une autre règle pour les départager en cas d’égalité.
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Gérard, si tu nous lis, on te donne là un argument en or massif – ça devrait te plaire – pour justifier les actuels déboires financiers du club.