Posté le 9 janvier 2018 - par dbclosc
Été 1987, les premiers pas de Christophe Galtier au LOSC
Le mercato losciste printemps/été 1987 est marqué par la volonté de Charly Samoy et de Georges Heylens de rompre avec une fin d’exercice précédente terminée en quenouille. Le manque d’investissement du groupe 86/87 motive le recrutement de joueurs réputés pour leur sérieux et leur professionnalisme. Parmi eux, le jeune Christophe Galtier, 20 ans, qui montre dès ses premières semaines lilloises quelques traits qui caractériseront le défenseur puis l’entraîneur.
Vendredi 5 juin 1987. Aux alentours de 22h, la saison 1986/1987 vient de s’achever pour l’équipe lilloise par une défaite 0-1 contre les Nantais de Jean-Claude Suaudeau. Presque un an auparavant, le club se gargarisait d’avoir engagé les Belges Desmet et Vandenbergh, Felix Lacuesta et le Zaïrois Gaston Mobati : c’était, parait-il, la promesse d’un grand spectacle. Si once de spectacle il y eu lors de l’exercice 1986/1987, c’est via un honorable parcours en coupe de France. Après avoir sorti le Red Star, Bastia et Auxerre, les Lillois se retrouvent, comme en 1985 qualifiés pour les quarts de finale contre Bordeaux. Mais cette fois, ils échouent (1-3 ; 2-1), non sans avoir espéré au match retour un retournement de situation comme 2 ans auparavant (1-3 ; 5-1). Mais les buts lillois de Desmet (85e) et de Mobati (87e), sont arrivés trop tard.
Un dernier match catastrophique contre Nantes en 86-87
Mais outre la déception globale causée par le classement final du club (14e, seulement 3 points devant le barragiste Sochaux) après avoir moisi toute l’année dans le ventre mou du championnat, les Lillois ont offert contre Nantes un spectacle indigent. Devant une faible affluence (6 325 spectateurs) qui s’est de toute façon effilochée à mesure qu’avançait la saison, le LOSC a été pathétique. Incapables de réagir à l’ouverture du score d’Anziani (17e), les joueurs suscitent la consternation du public qui, sarcastique, scande les noms de Laval et du PSG : dans un match sans enjeu, eux assurent le spectacle : 4-3 pour les Mayennais ! Sous la plume de Pierre Diéval, la Voix des Sports n’y va pas de main morte dans un article intitulé « Ça, des professionnels ? ». On y trouve pêle-mêle les extraits suivants : « joueurs complètement à côté du sujet du football » ; « incapables de remplir leur contrat, de soigner le spectacle » ; « que dire du comportement des hommes de Georges Heylens ? » ; « manque de conscience professionnelle » ; « bande de footballeurs-pantins » ; « jamais, nous disons bien jamais, nous eûmes le sentiment que ce LOSC-là disputait un match de division 1 » ; « maladresses, erreurs d’appréciation, choix tactiques flous, incapacité à élever le ton, refus de combattre, résignation » ; « indigne » ; « les spectateurs qui ont pris place dans les tribunes de Grimonprez-Jooris vendredi soir croyaient assister à une fête et non à un enterrement de première classe »… N’en jetez plus ! Seul Mobati est épargné par la critique.
« Honteux » : Deschodt, Samoy et Heylens resserrent les boulons
Après le match, les 3 hommes forts du LOSC, le président Roger Deschodt, le directeur sportif Charly Samoy, et l’entraîneur Georges Heylens sont consternés. Le nul contre Toulon (1-1) puis la démission collective à Nice la semaine précédente (0-1) n’avaient donc pas suffi. Alors que, jusque là, Heylens montrait plutôt son agacement devant le mercato agité qui attend le LOSC (déjà 4 recrues officialisées avant même le match contre Nantes, l’occasion de voir que les temporalités du mercato étaient bien différentes de celles d’aujourd’hui : à la reprise le 25 juin, l’effectif est censé être au complet), l’entraîneur Belge, profondément déçu, change d’attitude : « tout bien pesé, je ne suis pas déçu de devoir modifier l’équipe car ce soir certains ont dévoilé leurs limites. Et pas seulement sur le plan technique ». Toujours dans un article signé P. Diéval, on apprend qu’au moment où Heylens prononce ces mots, le président Roger Deschodt arrive, « les traits tirés et la voix tremblante. Un seul mot s’échappa de sa bouche. Un seul : ‘Honteux’ ». Le président évoque un « grand nettoyage de printemps », justifié par l’attitude de certains joueurs tout au long de la saison, dont ce dernier match contre Nantes a été le point d’orgue. Difficile aussi de ne pas penser à l’épisode du tournoi au Cameroun qu’on a évoqué ici, et qui a précipité le départ des frères Plancque (Stéphane à Auxerre, Pascal à Strasbourg). Outre les frangins, quittent le LOSC : Rousseau (Laval), Péan (Bordeaux), Lacombe (Cannes), Didaux (Strasbourg), Soumah (prêt à Louhans-Cuiseaux), et Lacuesta (Cannes). Parmi ces 8 départs, seul celui d’Eric Péan n’était pas souhaité par les dirigeants lillois, mais ces derniers ne pouvaient rivaliser avec les conditions proposées au joueur par Bordeaux. En retour, sont d’ores et déjà officialisées les arrivées de Fernando Zappia (Metz), Jean-François Daniel (Saint-Etienne), Alain Fiard (Auxerre), Dominique Leclerc (Matra Racing). Celle de Jocelyn Angloma (Rennes) est imminente. Le 6 juin 1987, lendemain du match contre Nantes, la Voix du Nord se fait l’écho dans un entrefilet d’une rumeur évoquant l’arrivée du Marseillais Christophe Galtier à Lille.
Un joueur par ligne, sachant qu’il y a déjà 4 lignes sur un terrain de foot, sans compter la ligne médiane et les surfaces de réparation, ça va faire beaucoup de joueurs.
Suspendu à son arrivée
En fait, le LOSC ne recrutera pas « un joueur par ligne », mais cherche en effet activement un défenseur ainsi qu’un n°10 : pour ce poste, les noms de Patrick Delamontagne (Laval) et de Philippe Vercruysse (Bordeaux) reviennent. Lors du quart de coupe de France contre Bordeaux quelques mois avant, Heylens avait loué les qualités du numéro 10 bordelais, qualités qu’il avait aussi évoquées dès le mois de décembre. Côté défense, ce sont les noms de Galtier et de René Marsiglia, un ancien de la maison, qui reviennent avec insistance. La préférence d’Heylens va à Christophe Galtier, et si ce transfert met un peu plus de temps à se conclure, c’est parce que le Marseillais n’a pas fini sa saison : l’OM doit en effet jouer la finale de coupe de France le 10 juin contre Bordeaux.
L’Olympique de Marseille 1986-1987.
En hommage au Vieux-port, Christophe Galtier imite un brochet, tandis que l’on sait désormais que Gervinho s’est inspiré de la coiffure de Jean-François Domergue.
Après une victoire 2-0, la coupe revient à René Girard, le capitaine bordelais. En face, Christophe Galtier a joué 89 minutes. Dans le résumé ci-dessous, on l’aperçoit sur le premier but bordelais, avec le n°2 dans le dos :
Le joueur est accrocheur est teigneux : averti lors de cette finale, la ligue lui inflige le 18 juin un match de suspension, qui le privera de la reprise du championnat. Et là on se dit qu’il est vachement bon notre intertitre, putain…
23 juin 1987 : Christophe Galtier est Lillois
C’est dans le journal du 24 juin 1987 que l’on apprend l’arrivée de Christophe Galtier, sixième recrue lilloise (septième en fait, on explique juste en dessous de la photo). Nous en concluons donc fort logiquement que c’est le 23 juin que tout s’est officiellement joué. Âgé de 20 ans, le jeune défenseur quitte pour la première fois son club formateur et sa ville natale, alors qu’il lui est encore contractuellement lié pour 3 ans. Il s’agit en fait d’un prêt assorti d’une option avec un transfert définitif. Le groupe est au complet, et l’entraînement reprend le 25 juin.
Les recrues lilloises, de gauche à droite : Christophe Galtier, Alain Fiard, Fernando Zappia, Dominique Leclerc, Rodolphe Buchot, Jean-François Daniel. Manque Jocelyn Angloma, retenu par son service militaire.
Quand on évoquait plus haut que Galtier était la 6e recrue, c’est parce qu’a signé avant lui Rodolphe Buchot, mais qui n’a pas joué avec les pros. Il est l’avant-centre d’Amiens et a signé un contrat de stagiaire professionnel.
Les recrues « professionnelles »
De l’exigence : Galtier en première ligne
Le premier objectif de Georges Heylens est de former un groupe uni, une tâche difficile avec un effectif renouvelé de moitié. Pour ce faire, les Lillois iront dans un premier temps en stage une semaine au Touquet (avec matches amicaux contre Toulon et Dunkerque), puis joueront le tournoi de la CUDL du 9 au 11 juillet, et un amical contre Waregem. Par ailleurs, 3 autres matches amicaux sont d’ores et déjà fixés en août, après la reprise du championnat, illustration là aussi de mœurs bien différentes en comparaison de l’époque actuelle. Le championnat reprendra quant à lui le 18 juillet, contre… Nantes. Une bonne occasion d’effacer en partie la sale impression du 5 juin. En attendant, le traumatisme est toujours là. À la reprise, la fin de saison précédente est encore brandie comme un repoussoir, le contre-modèle de ce qu’il faut faire : « le recrutement a été effectué sur des critères où la mentalité a joué un grand rôle, déclare Heylens. J’attends, d’ailleurs, beaucoup de Fernando Zappia, Alain Fiard, Christophe Galtier et Jean-François Daniel à ce sujet. Dans le même ordre d’idée, la nomination au capitanat de Jean-Luc Buisine est une excellente nouvelle. Jean-Luc est un homme agréable qui sait taper sur la table et prendre ses responsabilités. Ainsi, j’espère que le public n’assistera plus à des productions du style de la fin de saison dernière. Ce n’est pas que l’on ait leurré les gens, mais autant nous avions laissé une belle impression contre Bordeaux en coupe, autant nous avons déçu dans nos deux derniers matches à domicile. Il n’y aura plus de manquements au professionnalisme ». Illustration de la mentalité exemplaire que veulent insuffler les dirigeants, le comportement de Christophe Galtier, qui renonce à quelques jours de congé pour intégrer au plus vite le collectif au Touquet.
La Voix des Sports, 29 juin 1987
Et un premier trophée !
Le 1er juillet, le premier amical contre Toulon se solde par un nul 1-1 (le but lillois est un csc de Thierry Taberner, qui bat son gardien Jean-Pierre Mottet). Il ne nous a pas été possible de retrouver la composition de l’équipe, mais il est fort probable que c’est le premier match que Christophe Galtier a joué pour le LOSC dans la mesure où Heylens avait annoncé une revue d’effectif et qu’Angloma et Meudic étaient absents. À l’issue du stage au Touquet, les Lillois s’inclinent 1-0 contre Dunkerque, qui a 10 jours de plus de préparation dans les jambes. Angloma a joué, les deux Belges reviennent de blessure, mais pas d’inquiétude. Arrive alors le grand, l’immense tournoi de la CUDL, officiellement baptisé « tournoi du Stadium », pour sa 11e édition.
On a parlé du tournoi de la CUDL, son palmarès, quelques-uns de ses faits marquants, dans cet article. Initié en 1977, ce tournoi pas aussi amical qu’on ne le croit comporte 4 équipes : 2 françaises et 2 étrangères. Il a vu jusqu’alors s’imposer LOSC à 3 reprises en 9 participations. Cette année, sont conviés : Lille, Lens, les Allemands de Stuttgart et les Yougoslaves de Hadjuk Split. Le tirage au sort a désigné les confrontations suivantes : Lille/Stuttgart et Lens/Split le 7 ; après une « petite finale » entre vaincus en lever de rideau, les vainqueurs s’affronteront en finale le 9.
Annoncé remplaçant dans la presse, Christophe Galtier est finalement titulaire dans cette rencontre, où Mobati ouvre le score pour les Lillois avant que Walter, bien servi par Jürgen Klinsmann, n’égalise en deuxième mi-temps pour les Allemands. Finalement, le LOSC l’emporte au tirs aux buts (5-4 : pénos réussis par Desmet, Thomas, Vandenbergh, Zappia et Angloma, raté par Buisine), et se qualifie donc pour la finale contre… Split, bien entendu, qui a sorti Lens aux tirs aux buts. La légende raconte que les Yougoslaves auraient traité les Lensois de « bananes » et auraient importé ce vocabulaire dans leur pays, d’où la spécialité des bananes à Split.
7 juillet 1987, LOSC-Stuttgart
Buisine, Zappia, Vandenbergh, Desmet, Lama
Mobati, Fiard, Thomas, Daniel, Angloma, Galtier
L’équipe fait une bonne impression générale, avec un Angloma très en vue, et Christophe Galtier a droit à un petit encadré sur sa prestation, jugée sobre.
Illustration de la dimension amicale toute relative du tournoi, la finale LOSC/Hadjuk Split s’annonce tendue. En fait, le match entre Lens et les Yougoslaves est complètement parti en sucette. Outre un faible niveau de jeu (« affligeant » écrit la Voix du Nord), les observateurs ont déploré nombre d’agressions et une succession de gestes d’anti-jeu sur le terrain. Du coup, 7 cartons jaunes distribués. Bien entendu, cela n’a pu venir que du camp yougoslave : on apprend en effet que les Yougoslaves sont des « truqueurs », la Voix du Nord en fait même le titre d’un de ses articles, comme un avertissement pour les Lillois !
On va d’ailleurs vous proposer un extrait de cet article, car ça vaut son pesant de coucougnettes : « quelle bête a piqué les protagonistes de la rencontre initiale ? Était-ce une mouche tsé-tsé car le match fut d’une rare indigence ou encore un moustique au dard hallocinogène qui fit tourner la tête des joueurs. Ils croyaient participer à une quelconque finale européenne tant les gestes d’anti-jeu et les agressions furent nombreux1 (…) Split ne fait guère dans la poésie et la provocation semble être la plus belle de ses vertus ». Georges Heylens n’est pas en reste : « le propre d’une équipe yougoslave, c’est d’être truqueuse, roublarde. Si les Yougoslaves ont montré un visage agressif face à Lens, ils n’en restent pas moins de redoutables footballeurs, d’une technique individuelle au-dessus de la moyenne ». Autres temps, autres mœurs, mais naturaliser et généraliser les « qualités » de l’adversaire, ça porte aussi un nom. Bref. En tout cas, pour l’entraîneur Belge, « gagner le tournoi, c’est mon souhait le plus cher. La dynamique de la victoire pourrait s’installer rapidement, ça c’est important pour le moral des troupes ». Confiance au même 11 de départ ! « Le sérieux de Galtier » est souligné.
10 juillet 1987 : première photo de presse de Christophe Galtier en action avec le maillot du LOSC. Comment ça, c’est Desmet ? Oui mais derrière… ?
Comment ça, c’est Fiard ? Oui mais derrière… ?
Dans un match qui s’est finalement bien déroulé, les Lillois s’imposent 3-1 après prolongation, grâce à l’ouverture du score de Gaston Mobati (40e), « bénéficiant d’une obstruction non sanctionnée de Desmet. Le Belge est tout de même un sacré filou… ». Retenons donc cette leçon : le Yougoslave est truqueur, mais le Belge est filou. Puis Rudi Garcia (95e) et Edwin Vandenbergh (115e) ont marqué. Dans la presse, mentions spéciales à Mobati, Zappia et Angloma. 4 ans que Lille n’avait pas gagné le tournoi, et premier trophée lillois de Galtier ! Sorti à la mi-temps, il voit depuis le banc l’égalisation des Yougoslaves dès la 48e minute… On en conclura ce qu’on en voudra.
Heylens est content : « Je ne peux qu’être satisfait et même surpris puisque certains automatismes sont déjà au rendez-vous ». Ainsi, l’équipe semble bien tourner et en tribunes, Robert Budzynski, directeur sportif du FC Nantes, peut se faire du souci : dans une semaine, son équipe affrontera un LOSC apparemment en forme.
Un effectif qui pose encore question
Cependant, on reste prudent côté lillois. En fait, on semble même surpris de la victoire au tournoi de la CUDL. Après un dernier match amical le 12 juillet à Linselles contre Waregem, l’ancien club de Desmet, remporté 4-1, la principale question réside dans l’animation offensive du LOSC. Avec les départs des Plancque et de Didaux, qui pour jouer en n°10 ou un poste assimilé ?
Durant le tournoi de la CUDL, Heylens a joué avec deux pointes (le plus souvent, les Belges) soutenues par un meneur (Mobati). Seulement, cette triplette, quelle que soit sa configuration, est impossible en championnat (du moins, si Zappia joue : on ne peut aligner plus de 3 joueurs étrangers sur la feuille de match). C’est en effet la stratégie offensive idéale : Mobati pète la forme, et si les Belges sont encore poussifs en ce début de saison, on connaît leur talent et leur entente. En fait, le LOSC est dans l’attente, d’une part, d’un assouplissement du règlement concernant le nombre d’étrangers qu’il est possible d’aligner et, surtout, d’autre part, d’une naturalisation de Gaston Mobati pour l’automne, qui éliminerait le problème. Contre Stuttgart, Vandenbergh a alterné entre les postes de n°9 et de n°10, et Heylens ne cachait pas ses espoirs : « Erwin m’a beaucoup plu dans ce nouveau rôle. Il joue juste et sait dépouiller son jeu, ce qui ne l’empêche pas, le cas échéant, de trouver les ressources nécessaires pour redevenir un attaquant dangereux. Voyez son but ! Dans l’optique d’une éventuelle naturalisation ou assimilation de Mobati, le test ne manquait pas d’intérêt. J’opérerai par conséquent de la même manière devant Split. Bien sûr qu’Erwin n’est pas un véritable n°10. Il n’empêche que beaucoup de ballons passent par lui, qu’il sait les tenir… et les passer au bon moment à la faveur d’une très grande lucidité. Cela fait deux ou trois saisons qu’il occupe une position plus en retrait. Il n’en est pas moins précieux pour autant ! ». Cependant, il recherche toujours un n°10 de métier. Les noms de Marco Morgante (Mulhouse), Rubén Umpiérrez (Racing Club de France, « Umpierrez, dont tout le monde me parle, c’est 20 briques par mois. Est-ce vraiment intéressant à ce tarif-là ? ») sont repoussés, tandis que Philippe Vercruysse, hors d’atteinte (son transfert serait « supérieur au milliard de centimes, et son salaire supérieur à 300 000F2 »), ne sera de toute façon pas lâché par Aimé Jacquet, l’entraîneur de Bordeaux. Samoy ne peut que constater : « c’est vrai, l’équipe ne dispose pas pour l’instant d’un homme capable au milieu de canaliser les énergies, de diriger la manœuvre. Mais les bons numéros 10 sont rares et très chers en France. Pouvait-on dès lors mettre en péril la gestion du club ? ». C’est bien une question de dirigeant à l’ancienne ça ! En attendant, Heylens a pour le moment renoncé à faire reculer Vandenbergh. Il compte sur Fiard, Daniel, et pourquoi pas Angloma, pour servir les attaquants.
Des débuts en fanfare
18 juillet 1987, le championnat reprend. Des fois qu’on aurait mal compris, Heylens pose à nouveau le décor : « nous voulions changer les mentalités, ouvrir en quelque sorte un nouveau chapitre. À quoi bon le cacher : il y a des choses que je n’ai pas du tout digérées de la saison dernière, le comportement de certains – reportez-vous aux derniers matches du précédent exercice – ne cadrant absolument pas avec l’idée que l’on se fait du football pro. Dès lors, pourquoi continuer avec les mêmes hommes ? ». En face, Nantes, qui a fait « un malheur dans sa série de matches amicaux ». Devant une cinquantaine de journalistes belges, ravis de voir nos deux avants et Franky Vercauteren, nouveau Nantais, la saison commence. Sans Christophe Galtier, rappelons-le, suspendu.
Et de façon assez surprenante, le LOSC s’impose 3-0, grâce à Périlleux frappant fort en angle fermé (64e), Angloma, superbement servi par une talonnade de Desmet (71e) et Desmet, d’un lob lointain (90e) qui « allumait la dernière fusée, à mi-chemin entre les fêtes nationales française et belge » indique la Voix du Nord. C’est bien dit hein ?
L’effet Galtier
Deuxième journée. Lille se rend à Nice. Logiquement, Heylens reconduit la même équipe que celle victorieuse des Canaris cui-cui. Seul changement : Galtier, opérationnel, est intégré au groupe, au détriment de Prissette.
Lille est rapidement mené, la faute à un but de Philippe N’Dioro dès la 8e minute. 1-0 pour Nice à la mi-temps. En début de seconde période, Galtier entre. Nous sommes à la 50e minute… et Lille égalise à la 51e par Angloma ! Finalement, les Lillois s’inclinent (1-2), mais l’effet Galtier a été saisissant.
Et la suite de la saison… ?
Galtier s’installe au sein d’un collectif qui alterne le bon et le moins bon. Au soir de la 10ème journée, après une victoire (3-1) sur le terrain du PSG (c’est-à-dire au Parc des Princes), on se met à croire que la mayonnaise pourrait prendre, Lille accrochant alors une inespérée 3ème place, de surcroît à égalité de points avec le deuxième. Ne nous emballons cependant pas trop : c’est aussi le même total que Saint-Etienne, 9ème, et seulement un point de plus que Cannes, 15ème. Mais quand-même.
A la surprise générale, Le Havre n’est qu’à une victoire de la qualification européenne
Troisièmes, 14 buts inscrits en 10 matchs malgré de l’absence de meneur, c’est un peu le genre de sensations dont on n’avait pas l’habitude. C’était trop beau. Sagement, les Lillois décidèrent de rentrer dans le rang : jusqu’à la trêve hivernale, ils ne prennent que 10 points supplémentaires en 14 matchs, marquant 8 buts pour 15 encaissés. Nous voilà soulagés : c’est à nouveau à la lutte pour le maintien que nous nous préparons. Dans cette galère, Galtier est convainquant mais l’animation pèche. Finalement, le LOSC n’a pas recruté de n°10, et l’équipe en souffrira toute la saison. Le rôle revient de manière plus ou moins explicite à Daniel, Thomas ou Angloma. En novembre, Heylens tenait dans Onze mondial le même discours qu’en été : il n’y a pas de meneur de jeu…
Sympa l’entraîneur qui annonce que le problème de l’équipe, c’est son fonds de jeu
Forts de leur expérience camerounaise de la saison précédente, les Dogues optent cette fois pour un programme moins original pour combler la longue trêve hivernale et partent en stage du côté d’Alès. Là-bas, ils en profitent pour participer au célébrissime tournoi de Martigues (dont c’est la première et la dernière édition). Malgré un match déplorable, ils éliminent tout de même Martigues en demi-finale (2-2, 5 tab à 4) avant de rencontrer Posco Atoms, le champion de Corée du Sud, en finale : grâce à un doublé de Vandenbergh, ils s’imposent (2-1). Après le tournoi de la CUDL, Christophe remporte là son deuxième trophée depuis sa signature au LOSC sept mois plus tôt. On lui souhaite un tel bilan pour son retour comme entraîneur.
La suite sera d’un tout autre acabit (Haïfa) que l’avant trêve : encore solides derrière, désormais efficaces devant, les Lillois réalisent encore un parcours sympathique en coupe, achevé en quart en grande partie en raison d’un Amitrano (le gardien niçois) en état de grâce. En championnat, Lille finit bien, terminant 11ème et 4ème sur la période suivant la trêve hivernale. L’animation offensive a connu un réel mieux, le LOSC inscrivant 23 buts sur ces 14 derniers matchs. Et Christophe dans tout ça ? Toujours solide, il rate deux matchs : dommage, avec lui, on n’aurait peut-être pas perdu à Toulouse et à Niort et on n’aurait peut-être pas été loin d’une qualification européenne.
À l’arrivée, une saison en dents de scie, assez similaire à la saison précédente, en dépit de quelques coups d’éclat (Lille gagne notamment chez le champion Monaco, ainsi qu’à Marseille). Christophe Galtier, quant à lui, s’impose comme un solide arrière latéral, disputant 33 rencontres dont 29 en tant que titulaire. Sa plus grande joie arrivera en fin de saison, mais hors du LOSC : il remporte, aux côtés notamment de Buisine, Angloma et Franck Passi, l’Euro Espoirs 1988.
FC Notes :
1 Syntaxe et orthographe d’origine.
2 Nous appartenons à une génération qui n’a jamais compté en centimes, hormis pour compter les vrais centimes ; et par ailleurs on ne sait pas trop ce que ces chiffres valent, mais on suppose qu’il faut comprendre que c’est beaucoup.
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