Posté le 25 janvier 2018 - par dbclosc
2007-2018 : Lille et Strasbourg, trajectoires opposées
Plus de dix ans après leur dernière confrontation, Lille et Strasbourg vont de nouveau s’affronter dans le Nord. Entre temps, le LOSC a décroché deux trophées : la Ligue 1 et la Coupe de France. Quant à la vitrine alsacienne, elle en a accueilli deux fois plus : ceux de champion de CFA 2, de CFA, de National et de Ligue 2.
27 octobre 2007. L’arbitre de Lille-Strasbourg siffle la fin de la rencontre. Les visiteurs ont enrhumé la défense comme un soir d’automne au Stadium enrhumait le public. Ils repartent avec la victoire, tandis que les locaux concèdent leur plus large défaite de la saison. 0-3. Il ne s’agit que de la troisième défaite de la saison après 12 journées, mais cette équipe, profondément modifiée au mercato estival, n’a que deux victoires : à Metz (qui terminera dernier à 18 points du premier non relégable) et contre Valenciennes. Le LOSC se cherche et Puel aligne même un improbable duo Tahirovic-Kluivert. L’expérience ne sera jamais renouvelée. Quant au promu, il est désormais 6ème, à 9 points du premier relégable et avec la meilleure défense. Jean-Marc Furlan, qui a remplacé Jean-Pierre Papin quatre mois auparavant, fait un excellent travail. Voici les buts :
Pourtant, ces positions ne révèlent en rien le classement final. En effet, le LOSC se redresse et termine 7ème. Strasbourg est relégué après une affreuse série de 11 défaites consécutives lors des 11 derniers matchs. Humiliation ultime, le LOSC s’était imposé à la Meinau grâce à un but de Mavuba sur une passe de Youla. Le genre d’événements dont on ne se relève pas. Furlan est conservé, que même on sait pas pourquoi, et que même il remontera pas. Une expérience réussie, en somme (1).
35 points en 27 journées. Et là, c’est le drame.
Ces trajectoires opposées entre les deux clubs durent depuis quelques années : lorsque le LOSC, promu, termine 3ème de D1 en 2000-2001, le RCS est relégué après neuf saisons consécutives de présence. Son retour dès 2002 durera quatre saisons avant une nouvelle relégation en 2006, alors que le LOSC termine une deuxième saison d’affilée sur le podium. En 2010, les deux clubs deviennent séparés de deux divisions : les Rouge et Blanc impressionnent offensivement et manquent de peu le podium. Les Ciel et Blanc sont relégués en National, malgré un Nicolas Fauvergue séduisant (13 buts en 26 matchs). En mai 2011, les Nordistes fêtent le doublé. Les Alsaciens pleurent une cruelle 4ème place (77 points en 40 journées). À l’agonie financière, le RCS dépose le bilan et repart en CFA 2.
Dariusliffe
Il faut dire que la gestion du club, déjà critiquable depuis de nombreuses années, était désormais dans les mains de Jafar Hilali. Arrivé au club en tant que co-actionnaire principal en décembre 2009, son ingérence le pousse à contacter Rolland Courbis pour composer l’équipe lors de la dernière journée décisive pour le maintien, alors que Philippe Janin est toujours en poste : l’équipe est (un peu plus) déstabilisée, perd 2-1 à Châteauroux et se retrouve en troisième division. Bravo le veau.
La suite n’en est que plus mythique : Hilali intervient régulièrement sur l’excellent forum de Racingstub (à qui on a accordé une interview plus tôt cette semaine) sous le pseudo de dariusliffe pour défendre son bilan et son représentant, Alain Fontenla. En novembre 2010, après s’être séparé de son troisième président (Julien Fournier, Luc Dayan, Jean-Claude Plessis), il décide de prendre cette responsabilité. Quelques mois plus tard, pour le dernier match à domicile de la saison et alors que Strasbourg peut encore espérer retrouver la Ligue 2, Hilali repousse les limites de la mégalomanie : craignant les réactions du public, il souhaite que Strasbourg-Bayonne (l’Oukidja-ico) soit joué à l’Oukidja-huis-clos et arriver sur la pelouse en hélicoptère. L’Alsace affirme même qu’il a « l’intention de faire déployer dans l’enceinte une banderole sans ambiguïté, en guise de provocation ultime : ‘Voilà, c’est fini’ ». Belle ambiance. Sous la pression de la municipalité et de la FFF, il y renonce et le match est finalement ouvert au public, sans Hilali. L’annonce est faite par Hilali lui-même, sous une photo d’un hélicoptère de l’armée au-dessus du Stade de France.
(© Racingstub)
La semaine suivante, il annonce qu’il versera 200 000 € aux joueurs rouennais pour les motiver à battre Guingamp, à la lutte avec Strasbourg pour la montée. Encore une fois, la FFF intervient (2).
.
Hilali vend finalement le club pour un euro symbolique à un fantasque supporter, bien que ce dernier n’ait jamais pu prendre les commandes du club en raison du dépôt de bilan.
Le renouveau
Reparti de cinquième division, le RCS obtient facilement la montée en CFA. En revanche, un réel projet tarde à se mettre en place. Celui de Frédéric Sitterlé n’a pas résisté aux zones d’ombre quant à son financement, ni aux pressions municipales et fédérales. Finalement, c’est l’arrivée de Marc Keller en juin 2012 (accompagné de divers actionnaires) qui permet de retrouver une vision à long-terme et de rassurer la DNCG.
L’objectif est alors de retrouver le monde professionnel rapidement. La montée en National est acquise en 2013, au terme d’une saison où les Strasbourgeois n’auront été leaders que lors de la deuxième mi-temps du dernier match. La saison 2013-2014 est plus chaotique : relégué sportivement, le club est finalement repêché suite aux relégations administratives de Luzenac et Carquefou.
Depuis ce « miracle », le club se porte bien mieux. Après avoir échoué à un point du podium en 2014-2015, le club décroche deux titres de champion consécutifs pour retrouver la Ligue 1. Et alors qu’on pouvait craindre que ce retour soit trop précipité (de nombreux joueurs de l’effectif étaient déjà présents en National), le RCS (devenu RCSA) arrive au Stade Pierre-Mauroy en étant présent dans la première partie de tableau. Si le 18ème (actuellement le LOSC) ne pointe qu’à cinq longueurs, la qualité de la reconstruction pousse à être confiant quant au maintien des Alsaciens en Ligue 1.
C’est aussi un peu grâce au LOSC, mais évidemment personne n’en parle
Vous le savez, nulle belle histoire d’un autre club ne se fait sans un complot contre le LOSC. Nous avons pris le pari, il y a plus de deux ans, de dénoncer ces abjectes manipulations venues de qui vous savez. Une fois n’est pas costume, nous allons vous démontrer l’omerta médiatique concernant l’influence du LOSC dans le retour au premier plan.
En effet, faire monter un club de la cinquième à la première division est évidemment plus facile avec un club aux installations de qualité et bénéficiant d’un soutien régional inconditionnel qu’avec un club lambda de National 2. Cette légitimité facilite la recréation d’un réseau de partenaires et de recrutement, permettant au RC Strasbourg d’aller plus vite que les autres clubs de sa division. Ainsi, lorsqu’Alexandre Oukidja rejoint l’Alsace, c’est évidemment pour ses qualités sportives, mais aussi pour profiter du capital social qu’il a pu construire au LOSC (soit en CFA, soit à Mouscron), avec des joueurs trop limités pour l’équipe première nordiste mais qui peuvent convenir à l’équipe alsacienne. Ainsi, plusieurs pistes de recrutement (plus ou moins concrètes) de ces dernières années mènent à d’anciens Lillois ou Mouscronnois : Gianni Bruno (L’Alsace, mai 2016), Alexandre Coeff (L’Equipe, juin 2016), Nolan Roux (France Football, juin 2017) et Ludovic Butelle (RMC, juin 2017). D’autres ont effectivement signé un contrat (Ladislas Douniama en septembre 2015, Jean-Eudes Aholou en janvier 2017) ou ont été prêtés (Baptiste Guillaume en 2016-2017, Martin Terrier en 2017-2018). N’oublions pas que le Lillois Ruben Droehnlé, qui compte quelques apparitions sur le banc en Ligue 1, est le fils de Pascal Droehnlé, actuel recruteur des jeunes et ancien entraîneur de l’équipe réserve strasbourgeoise.
Dimanche, nous apprécierions ainsi que le RC Strasbourg Alsace se souviennent de tout le savoir-faire apporté par le LOSC ces dernières années et, en reconnaissance de cette aide, participe activement à la victoire de l’équipe locale. Ce coup de pouce serait d’autant plus précieux que l’adversaire réussit souvent bien ses matchs dans le Nord, comme le montre le graphique ci-dessous.
Et si on veut, on met des couleurs encore plus moches.
FC Notes :
(1) En fait c’est dans le Bas-Rhin.
(2) https://www.eurosport.fr/football/national/2010-2011/strasbourg-fache-la-fff_sto2810116/story.shtml
Visiter mon site web
25 janvier 2018
Permalien
Guigues a dit:
Il s’agit de Pascal Janin et Non Philippe. D’ailleurs ce dernier se range tout à fait dans la théorie du complot.
Au plaisir de vous relire et de se recroiser la saison prochaine.
Visiter mon site web
31 janvier 2018
Permalien
dbclosc a dit:
Effectivement, merci d’avoir signalé cette erreur. Sans doute une honteuse confusion avec Philippe Genin.
Au plaisir de nos futures confrontations, et bravo pour les rubriques ‘Tribune’ sur RBS !
Visiter mon site web
25 janvier 2018
Permalien
Xylophène a dit:
Espérons que les trajectoires opposées de nos deux clubs s’arrêtent là et, alors que le RCS renoue avec un fonctionnement sain et raisonné, nous ne soyons pas coulé à notre tour par un margoulin.