Posté le 19 mars 2018 - par dbclosc
Dans la fosse aux Lyonnaises
Quand on on joue Lyon en D1 féminine, il ne faut pas s’attendre à grand chose, et seulement espérer limiter la casse. Dans un championnat à deux vitesses, avec d’un côté l’OL, le PSG et dans une moindre mesure Montpellier et, de l’autre, le reste de la troupe, ce n’est pas contre ce type d’adversaire qu’il faut espérer prendre des points. Lyon, c’est le onzuple champion de France, onzuple c’est l’adjectif numéral qui correspond à 11, tous les dictionnaires ne l’acceptent pas mais moi je le prends. Concrètement, ça veut dire que les Lyonnaises sont championnes de France sans discontinuer depuis 11 ans, c’est-à-dire depuis 2007, au moment où Maïté Boucly avait 5 ans et demi. Elles sont aussi sextuples détentrices de la coupe de France. Par ailleurs, Lyon est également champion d’Europe depuis 2 ans, après l’avoir été en 2011 et 2012, et aussi finaliste en 2010 et 2013. L’International Federation of Football History & Statistics distingue l’OL féminins comme la meilleure équipe du monde depuis 2015.
Depuis le début du championnat, Lyon a tout gagné et est bien parti pour faire une 4e saison de la sorte. Leurs filles ont inscrit 74 buts en 16 matches, soit une moyenne de 4,6 buts marqués par match, et elles en ont encaissé… 3. À l’aller, ça a fait 6-0. Bref, inutile d’en rajouter : cette équipe, c’est le gratin, le gratin dauphinois bien sûr, et donc ça ne sera pas de la tarte pour nos Lilloises.
Et ce sera d’autant moins de la tarte que les Lyonnaises préparent la réception de Barcelone cette semaine et sont a priori en mode coupe d’Europe ; que suite à son expulsion la semaine dernière à Marseille, Maud Coutereels est suspendue ; et que Marine Dafeur, quant à elle, est toujours blessée.
Finalement, le seul point positif est que ce match tombe une semaine après la précieuse victoire à Marseille, et à ce titre les Lilloises n’ont raisonnablement pas à se mettre de pression supplémentaire inutile. L’essentiel est probablement de préparer le prochain déplacement à Rodez.
Jessica Lernon est alignée en défense centrale pour remplacer Coutereels, de la même manière qu’elle avait terminé le match à Marseille ; Héloïse Mansuy rempile à gauche pour le deuxième match consécutif ; Silke Demeyere a de nouveau une grande liberté au milieu sans qu’elle ne soit assistée d’une autre milieu spécifiquement défensive ; Justine Bauduin est titularisée au poste de milieu gauche, tandis que Bultel et Sarr forment le duo offensif, Jana Coryn étant reléguée sur le banc.
Il y a pas mal de monde, j’ai vu je ne sais plus où que près de 2700 spectateurs étaient présents, ça se peut bien. On compte quelques lyonnais, bruyants et colorés, sur la droite de la tribune. L’animation est assurée par Mickaël Foor. Mais qu’est-ce qu’il fait froid, ça ne devrait pas être autorisé. Il neigeote.
Pour tout vous dire, j’avais décidé d’emblée que je ne ferai pas un compte-rendu comme à l’accoutumée, avec un descriptif détaillé des meilleures actions du match, partant du principe que le scénario du match risquait de fort mal se prêter à ce genre d’exercice. Et, de fait, il n’y a pas eu de match. Pas même la possibilité de tenir le 0-0 pendant 20 minutes. Après 11 secondes, il y avait déjà 0-1 suite à un centre côté gauche et une reprise dans les 6 mètres. Après 11 minutes, c’était 0-3, sans compter déjà 2 beaux arrêts d’Elisa Launay et un bien vilain tirage de col de Jessica Lernon sur une adversaire à 18 mètres du but lillois. À la demi-heure, c’est 0-4.
En fait, devant un tel spectacle, on est tiraillé entre sensation pénible de voir les nôtres en difficulté dans un match si déséquilibré, et une certaine admiration pour les Lyonnaises, donnant pour la plupart la sensation d’être des athlètes d’une autre division. Au cours de cette première période, on ne compte plus le nombre de fois où, en quelques passes, elles parviennent à se retrouver à 4 derrière notre défense sans être hors-jeu, tant elles sont rapides, se permettant même de jouer avec nonchalance quelques face-à-face avec Launay, qui fait comme elle peut pour sauver son but (6e, 16e, 18e, 27e, 43e). À la 20e minute, elles sont même 3 Lyonnaises seules aux 6 mètres à ne pas parvenir à franchir la gardienne lilloise.
Côté lillois, très peu d’occasions de se mettre en valeur : seules deux occasions de Demeyere, qui frappe juste à côté (9e), puis de Sarr (18e) réchauffent un peu l’atmosphère, rendue encore plus froide avec la blessure de Bultel, remplacée par Coryn à la 31e. Puis, à l’entame du temps additionnel, Rachel Saïdi chipe un ballon à 40 mètres, transmet à Sarr qui combine bien avec Coryn et remet dans la course d’Ouleye : celle-ci frappe à ras de terre et le ballon file tout doucement vers le but avec l’aide du poteau : 1-4 !
Le LOSC met un but contre Lyon, et l’air de rien c’est un petit exploit. Voilà le 4e but encaissé par l’OL cette saison. Pour se la péter un peu, si vous voulez vendre l’équipe du LOSC à quelqu’un qui ne connaît pas trop comment fonctionne le championnat féminin, vous pouvez lui claironner que Lyon a encaissé 25% de ses buts à Lille, sans autre précision, ça sera du plus bel effet.
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La seconde période est longue et froide. Il me semble que Saïdi, Dali et Bauduin ont reculé d’un cran, mais cela ne change pas grand chose à la déferlante. Il ne neige pas assez pour assister à une avalanche, mais on a à défaut une avalanche de buts. À 1-7, la deuxième gardienne, Floriane Azem, entre, ce qui est une excellente idée, mais pondérée par le fait que, du coup, l’autre gardienne sort. Elisa Launay cède en effet sa place après s’être fait mal dès la première période. Ça fait beaucoup, et La Villa s’est aussi blessée après son entrée en jeu ; je propose d’inventer l’expression défaite à la Pyrrhus.
À la 59e, alors que le score est désormais de 1-8, Sarr réalise un bel enchaînement dans la surface de réparation adverse : elle enroule pied gauche et la gardienne claque joliment en corner.
Quelques minutes plus tard, l’entraîneur du LOSC use d’un grossier stratagème, en laissant traîner sur le terrain un sac plastique. Le but de la manœuvre ? Emballer le match, bien entendu.
Deux buts en fin de match, dont un au cours de 3 minutes additionnelles qu’on aurait pu s’éviter, ponctuent la soirée. Bon, on l’a écrit au début, le championnat des Lilloises ne se joue pas contre le top 3, mais 1-10 à la maison, ça fait mal.
Un « 1-10 », chez vous
On peut tout de même trouver quelques satisfactions : malgré 7 buts pris, Elisa Launay a encore eu l’occasion de montrer ses qualités ; Laëtitia Chapeh ne s’est pas laissé remuer, Héloïse Mansuy a été plutôt convaincante, et Ouleye Sarr a su se montrer dangereuse sur quelques occasions et remontées de balle. Surtout, on voudrait insister sur le comportement de Kenza Dali, qui a été admirable dans les 20 dernières minutes, malgré l’ampleur du score : outre sa grande activité la plaçant tantôt milieu offensive, tantôt à la même hauteur que Demeyere, on l’a vue beaucoup parler pour encourager, conseiller et placer ses coéquipières moins expérimentées et parfois débordées. Elle est très juste techniquement, et c’est aussi pour sa capacité à mobiliser le groupe dans les moments difficiles que son apport est crucial.
Espérons que les filles relèvent vite la tête ! Mais personne ne leur en veut d’avoir pris une telle déculottée. Prochain match dans deux semaines à Rodez, pour le retour au championnat « normal ».
Les compte-rendus des matches précédents :
Lille-Bordeaux : Et Sarr commence !
Lille-Albi : ♫ Albi à Lille, Albi-bi à Lille ♫
Lille-Marseille : Un nul peuchère payé
Lille Rodez : Si loin du compte
Lille-Soyaux : Une belle dernière : Soyaux Noël !
Lille-PSG : Une défaite, mais avec la manière
Lille-Paris FC : Paris tenu à Lille
Lille-Fleury : Lille-Fleury, mais lentement
Marseille-Lille : Le LOSC craint dégun
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