Posté le 12 avril 2018 - par dbclosc
1996, un maintien miraculeux
En 1995-1996, après une nouvelle défaite, cette fois contre la lanterne rouge Martigues, le LOSC est 19e, n’a gagné que 6 fois, et ne compte que 30 points après 34 journées. Il reste 4 matches à jouer, dont 3 contre des équipes européennes, qui plus est finalistes cette année là de C2 et de C3. Grâce à 3 victoires, à la faiblesse de ses concurrents directs, et à d’heureuses circonstances, le club parvient à conserver sa place en première division.
L’entraîneur Jean Fernandez avait promis du spectacle pour la saison 1995-1996, après une saison 1994-1995 plutôt satisfaisante mais plutôt faiblarde niveau offensif, avec seulement 29 buts marqués. Lors de l’intersaison la quasi-totalité de l’attaque lilloise est partie : Assadourian, que Lille ne peut retenir financièrement, mais aussi Garcia et Farina, auteurs respectivement de 4 et 6 buts. Fort heureusement, le meilleur buteur lillois, Antoine Sibierski, qui a culminé à 7 buts, est resté. L’argument offensif de Fernandez ? Son nouveau duo d’attaque : Frank Pingel et Amara Simba. « l’an dernier, on avait des passeurs, mais pas de buteur. Là, avec Simba et Pingel, on a deux buteurs, plus Sibierski. Dès qu’ils seront au top physiquement et que leurs automatismes seront au point, il y aura moyen de faire quelque chose de bien ». Les automatismes ne viendront jamais, et en lieu et place du spectacle annoncé, on a eu droit à une saison-galère. On ne revient pas sur les errements du mercato, qu’on a longuement évoqués ici, mais ils expliquent en grande partie le catastrophique début de saison : une attaque famélique (Pingel, qui repart dès septembre, et Simba sont muets), Fernandez viré après 5 matches, un Nadon à côté de la plaque, une défense qui prend l’eau, un derby perdu à Grimonprez (1-3)… Après 9 journées, le LOSC n’a toujours pas gagné : ça sent déjà la D2.
Objectif maintien
Oui mais voilà : durant les 18 matches suivants, c’est-à-dire jusque mi-février, le LOSC ne perd que 4 fois, si bien que, sans même gagner beaucoup, il a vite quitté la dernière place et oscille entre les 17e et 18e places. Bref, rien n’est perdu. Et le LOSC réussit même quelques coups étonnants : il s’impose à Auxerre, futur champion de France (2-1), à Guingamp, pour la seule défaite des Bretons à domicile cette saison-là (1-0), et à Nantes, champion en titre (2-1). Mais le LOSC marque peu, et peine à domicile : de mi-octobre 1995 à début mars 1996, une seule victoire à Grimonprez-Jooris, contre Gueugnon (2-0)… et 0-0 contre Metz, Martigues, le PSG, Monaco, Rennes ; 1-1 contre Saint-Etienne et Montpellier, et défaite contre Cannes (0-2).
Au début du printemps, après 31 journées, le LOSC est toujours au-dessus de la ligne de flotaison, avec 30 points.
Mais une sale série l’attend : 3 défaites consécutives, d’abord à Metz (0-2), puis Lille prend l’eau contre Auxerre (0-4), avant de lamentablement relancer Martigues, le dernier (0-1), qui restait sur une série de 6 défaites consécutives et un nul. Si même là-bas on perd… 34 journées, Lille reste donc avec ses 30 points… et a perdu 2 places.
Mathématiquement, tout reste possible, bien entendu. Mais le LOSC doit successivement affronter Nice qui, avec quelques points d’avance, cherche aussi à se sauver. Autrement dit, voilà un match couperet et, de manière plus générale, ça sent le pâté puisqu’il faut aller ensuite affronter le Paris Saint-Germain, qui lutte encore pour le titre et est finaliste de la C2 ; Lyon, équipe européenne d’où émergent des petits jeunes comme Ludovic Giuly et Florian Maurice ; et Bordeaux, certes dans le ventre mou, mais finaliste de la C3.
L’important, c’est les 3 victoires
Le 20 avril 1996, lors d’un match angoissant, Lille s’impose 1 à 0 face à Nice, grâce à un but d’Amara Simba, qui n’avait pas marqué depuis 6 mois et 16 jours et un doublé face à Strasbourg, et s’était surtout fait remarquer jusque là pour sa maladresse avec un ballon. Mais là, contrôle approximatif du genou, demi-volée pied gauche, transversale rentrante, y a des jours comme ça.
Voici donc la situation au classement : le LOSC entretient l’illusion.
Le samedi 27 avril 1996, Lille se rend donc au Parc des Princes. On peut légitimement penser que le déplacement parisien n’apportera pas de point ; Nice peut en profiter pour se sauver ; et Saint-Etienne pour se détacher, sachant que les Verts joueront contre Martigues, probablement déjà relégué, lors de l’avant-dernière journée.
L’humeur ne tend pas à l’optimisme : pour s’opposer au quatuor offensif Raï-Dely Valdès-Djorkaeff-Loko, le LOSC propose Leclercq-Meszoly-Carrez-Cygan. Détail d’importance : Le PSG a joué en semaine (mardi 23) un match en retard contre Martigues, qui devait se dérouler le 20 (en même temps que Lille-Nice) mais qui a été reporté pour cause de demi-finale retour de Coupe des coupes jouée le jeudi 18 avril contre la Corogne. Et, de façon surprenante, alors qu’il cartonne en coupe d’Europe, le PSG ne parvient pas à battre le dernier chez lui (0-0), alors qu’une victoire lui aurait permis de reprendre la tête du championnat qu’il a perdue 2 journées auparavant, alors même qu’il possédait 5 points d’avance sur le deuxième, Auxerre, au soir de la 31e journée. Laurent Fournier déclare à l’issue de ce match : « On ne mérite pas d’être champions ». On peut alors raisonnablement imaginer que les Parisiens ont à coeur de se racheter, 3 jours après une telle contre-performance, marquée par un nombre incalculable d’occasions gâchées.
Cependant, trois éléments jouent en faveur des lillois : d’abord, le match manqué par les Parisiens contre Martigues peut aussi bien constituer un atout, car les matches s’accumulent pour Paris, et ce 0-0, ainsi que les déclarations des joueurs, semblent être symptomatiques de la priorité qu’ils accordent à la Coupe d’Europe ; ensuite, le LOSC a la réputation d’être la « bête noire » du PSG : on en a parlé ici et encore ici. Si la « malédiction » vaut surtout pour les Lille/PSG (le match aller avait déjà accouché d’un surprenant 0-0 : Paris était en tête avec 5 points d’avance sur le deuxième, alors que Lille était 17e, avec le même nombre de points que le 19e), on ne sait jamais, car tout s’exporte ; enfin, caractéristique bizarre de cette saison où le LOSC gagne peu : ses seules victoires à l’extérieur, comme on l’a évoqué plus haut, sont à Nantes, à Auxerre, et à Guingamp. Alors, si Lille gagne chez les « gros », pourquoi pas à Paris ?
Le match ressemble à un attaque/défense digne de la coupe de France. Les Parisiens, très maladroits, semblent vouloir rentrer avec le ballon dans les buts, mais Aubry veille, quand il n’est pas sauvé par les pieds de ses défenseurs. On s’achemine donc tranquillement vers un 0-0 qui, somme toute, arrange plutôt le LOSC, quand Patrick Collot, pour une fois dans le camp parisien se retrouve en position de centrer sur l’aile droite.
Il dévisse son centre et le ballon part vers le but. Bernard Lama, qui avait anticipé dans l’axe, est surpris : en essayant de dégager le ballon, il ne peut faire mieux que de le boxer dans son propre but. Lille ouvre le score sur l’un des buts les plus foireux de son histoire, et tient dans les dernières minutes : victoire !
Avec cette victoire, conjuguée à la défaite de Saint-Etienne à Auxerre et au nul de Gueugnon à Strasbourg, le LOSC sort de la zone de relégation, et a même 3 points d’avance sur celle-ci ! Il reste deux matches pour finir la saison, deux matches à domicile…
Désormais, c’est Lyon qui se présente à Grimonprez, et Lille a la possibilité de sauver sa place en D1 : pour cela, plusieurs scénarios sont possibles, mais mieux vaut gagner.
Or, Maurice ouvre le score dès la 18e minute… Mais juste avant la pause, Abed dépose le ballon sur la tête de Sibierski aux 6 mètres, qui égalise ! Puis, à la reprise, Collot envoie encore une drôle de frappe, cette fois bien partie pour finir en touche, mais Simba, qui passait par là, met son pied en opposition et prend Olmeta à contre-pied : 2-1 pour Lille ! Et le LOSC tient jusqu’au bout, pendant que Saint-Etienne et Martigues se neutralisent : le LOSC est finalement sauvé au soir de la 37e journée.
Avec 3 victoires consécutives de la 35e à la 37e journée, alors qu’on n’en comptait que 6 de la 1e à la 34e, l’équipe est à coup sûr en surrégime et laisse donc filer le dernier match contre Bordeaux (0-2), rempilant pour une saison supplémentaire en D1. Gueugnon s’impose dans le même temps et ne termine finalement qu’un point derrière le LOSC, tandis que Sainté perd encore.
Moralité : rien ne sert de partir à point, il faut courir. Voilà comment on est passé de la catastrophe au miracle.
2 commentaires
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15 avril 2018
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harvest a dit:
On dira jamais assez merci à DBCLOSC pour ses articles délicieux comme des madelaines.
Alors, merci DBCLOSC.
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12 avril 2018
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Bernard a dit:
Duré saison j y étais mais des chiens sur le terrain ils n ont rien lâché prenais de la graine vous les joueurs de cette année et sauvait notre losc de la relégation