Posté le 19 avril 2018 - par dbclosc
Un LOSC à réaction. Quand les Dogues renversaient la vapeur (1993-1994)
Cette saison, disons-le franchement, nos Dogues se distinguent par leur incapacité à tenir un score et tout particulièrement au cours des dernières semaines. En 1993/1994, c’est le contraire : on débutait horriblement mal, mais on finissait diablement bien, un peu (mais pas tout à fait) comme on le connaîtra à nouveau au temps du Vahid Time.
A l’été 1993, le LOSC prépare sa nouvelle saison après une saison 1992/1993 particulièrement morose. Alors que les dirigeants annonçaient du spectacle, le club lillois a au contraire battu son record (qui tient toujours) du plus faible nombre de buts inscrits sur une saison (26). Sur ce point, la saison 1993/1994 tranchera avec la précédente, notamment grâce à un recrutement offensif réussi : Kennet Andersson, futur 3ème meilleur buteur de la Coupe du Monde 1994, arrive au poste d’avant-centre ; Jean-Jacques Etamé arrive comme milieu offensif ; Clément Garcia arrive pour compléter l’attaque en réserve derrière Eric Assadourian. Le LOSC inscrit alors 41 buts, soit un très bon total pour un mal classé (Lille finit 14ème), seul Strasbourg marquant davantage parmi les 10 derniers.
Lille rate ses débuts
Pour autant, tout ne fût pas parfait en 1993/1994, le LOSC ratant ses débuts. D’ordinaire, quand on utilise l’expression de « rater ses débuts » en football, on fait allusion au début de championnat. Le LOSC est encore plus balèze que ça : s’il a en effet raté son début de championnat, même en fin de championnat il ratait ses débuts. De match, en l’occurrence.
Kenneth Andersson inscrit 11 buts cette saison-là, dont les buts égalisateurs contre Martigues, Strasbourg, Angers, Auxerre et surtout un doublé décisif à Caen : il égalise (84è) puis donne la victoire aux siens (86è), le tout en deux minutes !
D’abord, son début de saison est catastrophique, au moins au niveau des points : aucune victoire après 11 rencontres, pour 5 nuls et 6 défaites, bilan de nature à faire passer ceux de Marcelo Bielsa et de Christophe Galtier pour de franches réussites. Ce sont déjà sur ses débuts de matches que les Dogues perdent leurs points. En point d’orgue, le match contre Le Havre pour le compte de la 5ème journée. Il faut en effet moins de 3 minutes aux Havrais pour porter le score à 2-0 en leur faveur, de surcroît à Grimonprez-Jooris. Les tout débuts de matches sont particulièrement catastrophiques : au cours des 3 premières minutes de chacune de ses 38 rencontres de D1 (soit 114 minutes), le LOSC encaisse au total 7 buts, soit une moyenne bien dégueulasse d’un but encaissé tous les quarts d’heure.
Ces débuts de partie catastrophiques sont-ils annonciateurs de résultats désastreux ? Eh bien, justement non. En effet, ces sept buts encaissés particulièrement précocement ne sont associés qu’à deux défaites. Lors du match contre Le Havre, précédemment évoqué, Lille remonte ses deux buts deux retard (2-2). A Caen, si Lille perd 1-0 dès la 3ème minute de jeu, puis 2-0 à l’heure de jeu, il l’emporte finalement (3-2). Menés dès la première minute à Lens et dès la deuxième à Metz, les Lillois égalisent les deux fois en fin de match (83è contre Lens, 90è contre Metz). Seuls Bordeaux (2-1) et Saint-Étienne (2-1) battant le LOSC dans ces cas de figure.
L’ancien lillois Roger Boli avait ouvert dès la première minute à Bollaert. Fabien Leclercq et ses coéquipiers égaliseront pourtant 82 minutes plus tard. La preuve en image dans la vidéo :
Comme par hasard, le règlement valide les buts marqués pendant les 40 premières minutes
L’un des plus odieux faits de l’ensemble du non moins odieux complot ourdi contre le LOSC consiste dans le fait que le règlement considère que les buts marqués dans les 40 premières minutes de jeu sont validés alors qu’il pourrait tout aussi bien considérer ces 40 premières minutes comme de l’entraînement et que seuls les buts marqués dans les 50 dernières minutes comptent.
Comme le montre ce graphique des buts marqués et encaissés par le LOSC selon le moment du match, cette caractéristique réglementaire nous pénalise très lourdement.
Tableau 1 : nombre de buts inscrits par le LOSC (1993/1994) selon le moment du match
Lille ne marque en effet que 8 buts lors des 40 premières minutes de ses matches et en encaisse 28. Sur les 50 suivantes, il en inscrit en revanche 33 pour 24 encaissés. Lille a ainsi « officiellement » remporté 8 rencontres pour 16 nuls et 14 défaites. Que serait-il si, comme le bon sens le voudrait, on ne comptait les buts qu’après la 40ème minute de jeu ? 19 victoires, 10 nuls et 9 défaites, soit un total de 48 points. Cette saison-là, un tel total de points était suffisant pour terminer à la troisième place du championnat derrière le PSG (59 points) et l’OM (51).
Ceci étant, consolons-nous. Il se pourrait, aussi, que l’on ait décidé que les matches s’arrêtent au bout de 40 minutes. Quel aurait alors été notre bilan ? 2 victoires, 18 nuls et 18 défaites, pour un total de 22 points, soit un de plus que Angers qui finit dernier cette saison-là.
Une capacité de réaction et à conserver le score
Au-delà des moments où le LOSC marquait, ce qui caractérise l’équipe cette saison-là, c’est sa capacité à inverser le cours d’un match. Ainsi, si l’on considère comme « points gagnés » les points obtenus au final après avoir encaissé le premier but du match et comme « points perdus » les points obtenus en moins des deux points qu’offre une victoire après avoir ouvert le score, on constate que la capacité de réaction des Lillois est alors très forte.
Ainsi, sur l’ensemble de la saison, les Dogues encaissent le premier but du match à 27 reprises et n’ouvrent la marque qu’à 7 reprises, faisant quatre 0-0. Quand il ouvre la marque, le LOSC ne perd son avantage qu’à deux reprises, contre Toulouse (1-1) et Angers (1-1), soit deux « points perdus » sur les 7 matches où il ouvre le score (soit 0,29 « point perdu » par match où il ouvre le score en moyenne).
Mais, plus impressionnante est la capacité des Dogues à inverser le cours des matches : sur les 27 rencontres où ils encaissent le premier but, ils obtiennent finalement le nul à 10 reprises et l’emportent même 3 fois pour 16 points récupérés et une moyenne de 0,59 point par match sur les 27 matches au cours desquels ils encaissent le premier but.
Graphique 2 : points « gagnés » et « perdus » par le LOSC suite à l’ouverture du score
Cette saison, les Dogues ont ouvert le score à 12 reprises, bien plus souvent que leurs aïeux de 93/94. A sept reprises, ils ont conservé leur avantage. Le problème c’est que, en la matière, la tendance n’est pas bonne pour ne pas dire catastrophique : ses 6 dernières ouvertures du score ont abouti à une seule victoire, deux nuls et trois défaites ! Suivent-ils des anciens dans leur capacité à inverser les rencontres mal engagées ? Nullement : sur les 19 fois où ils encaissent le premier but du match, ils s’inclinent à 14 reprises pour 5 matches nuls. S’ils veulent se sauver, les Lillois savent désormais de qui s’inspirer.
Il serait toutefois injuste à l’égard des Dogues d’aujourd’hui de ne pas reconnaître qu’ils s’inscrivent pour partie dans la lignée de leurs glorieux ancêtres : cette saison, sur les 40 premières minutes de ses rencontres, le LOSC a marqué 6 buts pour 19 encaissés, soit finalement un bilan assez proche du LOSC de 93/94.
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