Archiver pour juin 2018
Posté le 19 juin 2018 - par dbclosc
Bac philo 2018 : les corrigés
Philosophie et football font bon ménage : Socrate est là pour nous le rappeler. Il fut à la fois l’un des premiers penseurs grecs et également un footballeur brésilien de génie, en ayant vécu sur près de 25 siècles, ce qui est toutefois moins que Thierry Rabat.
C’est pourquoi nous vous proposons quelques éléments de correction de l’épreuve du bac de philosophie. Nous avons sélectionné quelques-uns des sujets de dissertation, ceux qui nous semblent faire un clin d’oeil évident à l’histoire de notre club. Ces remarques ne sont pas exhaustives mais elles pourront rassurer les candidat.es qui ont su mobiliser le LOSC pour étayer leur démonstration.
Série L : Littéraire (coef. 7)
Sujet 2 : Peut-on renoncer à la vérité ?
Il y a évidemment un piège grossier dans la question pour tout supporter du LOSC : les rédacteurs du devoir ont voulu jouer sur la polysémie et le caractère androgyne du terme « Vérité ». En fait, on peut renoncer AU « Vérité », si on se sépare de Benjamin Vérité, via un transfert. Après avoir traité ce point, il est possible de s’intéresser à la dimension féminine du mot.
Force est de constater que l’on peut facilement renoncer à la vérité, en persistant par exemple à voir en Marvin Martin le « nouveau Zidane », ou en Victor Klonaridis notre nouvelle « pépite ». On pense aussi aux supporters incrédules qui, des années durant, ont maintenu leur banderole « Assad ou rien » dans le virage, n’acceptant pas la vérité : il était parti. De même, la banderole « Pickeugool » en Secondes n’a jamais correspondu à une quelconque vérité. On peut également développer un exemple récent : mettre en doute l’origine des fonds du LOSC semble susciter chez certains supporters un réflexe complotiste et anti-journalistique, à base d’argument du genre « si tu critiques c’est que t’aimes pas le LOSC ».
Pensons enfin à certains supporters de l’équipe féminine qui sont persuadés que les fautes que fait Silke Demeyere ne se sifflent pas.
Série ES : Economique et sociale (coef. 4)
Sujet 1 : Toute vérité est-elle définitive ?
Voilà une question qui perturbe ceux qui proclament et assènent de façon péremptoire plus qu’ils ne démontrent et invitent à la réflexion.
Comme l’ont dit les philosophes Bataille et Jean II La Fontaine, « y a qu’la vérité qui compte ». Mais on peut prendre deux exemples probants qui illustrent le fait que, non, toute vérité n’est pas définitive.
Tout d’abord, le pénalty à retirer : un pénalty est tiré et hop, l’arbitre décide qu’on doit le refaire, ce qui peut en changer l’issue (but ou pas but). Mikkel Beck connaît bien cette situation, et ce philosophe Danois a tenté de montrer que toute vérité était définitive, en marquant un pénalty contre Auxerre en novembre 2000, que l’arbitre a fait retirer, et qu’il a de nouveau transformé, face à Fabien Cool. L’idée qu’il a défendue dans son œuvre est alors la suivante : quand je marque, je marque, et puis c’est tout. Cependant, des éléments contraires ont mis à mal sa théorie : ainsi, quelques jours plus tard, il marque un pénalty contre le PSG, mais la pluie empêche le match de se terminer. Le match est rejoué et son but annulé. Cela montre que même les plus grands auteurs ont eu à affronter une réalité opposée à leurs idées.
Dans un autre style, Grégory Wimbée, en détournant deux fois un pénalty à retirer contre Gueugnon en octobre 1998, s’inscrit dans cette pensée. Comme il l’a exposé dans son ouvrage « quand j’arrête un péno, j’arrête un péno », il est hors de question de changer l’issue d’un pénalty quand il est à retirer alors qu’il l’a arrêté une première fois.
Deuxième exemple illustrant que toute vérité n’est pas définitive, c’est le but marqué en fin de match. À l’époque Halilhodzic, les adversaires ignoraient que le score n’était jamais acquis et se laissaient surprendre en fin de match. Mais une école de pensée bosniaque a instauré le « Vahid time » : c’est le but de raccroc qui vous fait gagner un match à la 93e et change alors ce qu’on appelle le score du match, c’est-à-dire votre rapport au monde, en somme la vérité.
Sujet 2 : Peut-on être insensible à l’art ?
De toute évidence, oui. Si l’on prend une des définitions du Larousse, on peut définir l’art comme une « manière de faire qui manifeste du goût, un sens esthétique poussé ». Il suffit alors de penser à Tavlaridis, Vitakic, et autres Ricardo Costa pour comprendre que l’art est absolument imperméable à certaines personnalités, que l’on appelle ironiquement des « poètes ». La qualité de jeu des équipes de René Girard et cette capacité à déconstruire le football de l’adversaire manifestent également une proximité avec une forme de nihilisme artistique.
À l’inverse, être sensible à l’art n’est pas systématiquement une vertu. Certains esthètes privilégient la beauté du geste à l’efficacité du résultat. Les philosophes sud-américains en sont particulièrement friands : Marcelo Bielsa s’amuse ainsi à faire des compositions fantaisistes en mode patchwork, pour voir s’il se passe un truc. Et vas-y que je mets un gamin de 12 ans titulaire, que je fais jouer 3 joueurs pas à leur poste, et que je joue avec un seul arrière. Le Brésilien Thiago Maïa a toujours une belle note artistique mais une créativité de jeu proche du néant.
On peut enfin penser à Mike Maignan, très sensible à l’art footballistique consistant à jouer vite au pied et à dribbler, sauf que quand tu te rates, tu prends un but.
Une des grandes réussites de Bielsa, après son départ : cet audacieux 40-40-30 en mouvement
Série S : Scientifique (coef. 3)
Sujet 3 : Expliquer le texte extrait de l’ouvrage de Mill
Nous apprécions particulièrement que les rédacteurs des sujets du bac 2018 aient pensé à étudier un texte de Mill Sterjovski. Les candidat.es qui suivent avec acuité l’actualité avaient un avantage indéniable puisqu’ils/elles auront très bien anticipé ce sujet qui avait de fortes chances de tomber le lundi suivant un week-end de France/Australie.
Séries Technologiques (coef. 2)
Sujet 1 : L’expérience peut-elle être trompeuse ?
Ce sujet est ambivalent et demande aux candidat.es une grande capacité de nuance et une certaine habileté dans le maniement de références a priori contradictoires. On croit de prime abord que l’expérience renvoie à la sagesse, à la modération, à l’équilibre dans une équipe. Cependant, les exemples récents de Franck Béria et de Rio Mavuba montrent qu’il ne faut pas pousser cette logique trop loin sous peine d’être contre-productive en raison de performances médiocres qui vous conduisent au mieux à une retraite anticipée, au pire à un exil forcé en République Tchèque. C’est le syndrome de la « saison de trop » : ainsi, l’expérience est dans ce cas trompeuse : on croit qu’elle vous apporte des garanties, mais en fait elle fragilise votre équipe.
On appréciera que les lycéen.nes développent l’exemple du mercato lillois de l’été 1995, où le recrutement de joueurs « d’expérience » (Germain, Meszoly, Rabat, Périlleux, Simba) a complètement plombé l’équipe en début de saison.
A contrario, la saison 2017/2018 du LOSC montre que le manque d’expérience est aussi trompeur : sans joueur-cadre, sans leader, sans personnalité de vestiaire, un effectif peut sombrer psychologiquement et effectuer durant 6 semaines consécutives le coup de « je mets péniblement quelques dizaines de minutes pour marquer avant d’en encaisser un dans les 10 secondes suivant l’engagement ».
On attendra donc des candidat.es la valorisation d’un savant mélange entre explosivité et retenue, entre expérience et naïveté.
Sujet 2 : Peut-on maîtriser le développement technique ?
« Sans maîtrise, la puissance n’est rien » énonçait une célèbre publicité pour une marque de pneus. Outre qu’il est toujours très bon de commencer sa dissertation par une citation, cette référence permet d’approcher la pensée complexe du philosophe Nolan Roue.
Les références aux techniciens tels que Pelé, Hazard ou Dali seront valorisées dans la note finale.
Sujet 3 : Explication de texte de Montesquieu, De l’Esprit des lois (1748)
Cette œuvre fait évidemment référence, avec quelques siècles d’avance mais Montesquieu était visionnaire, aux lois du jeu et à leur interprétation. Ce philosophe est issu du siècle des Lumières, qui a donné son nom à un stade à Lyon, très logiquement car Montesquieu disait bien qu’il faut passer son Bak pour trouver un Job à Laville. Il sera bon de rappeler qu’on se demande toujours si le but de Pastore en finale de coupe de la Ligue était valable, mais Montesquieu insistait bien sur l’interprétation des textes : en somme, parfois, chacun trouve dans la loi des raisons légitimes de défendre son camp.
Montesquieu a aussi théorisé la séparation des pouvoirs sur la quelle reposent les démocratie libérales, ou du moins ce qu’il en reste. On dit souvent que les pouvoirs doivent se limiter les uns les autres. Mais ce qui est valable en démocratie ne l’est pas forcément au LOSC. L’expérience montre que c’est quand les 3 pouvoirs vont dans le même sens que ça fonctionne bien. Ce principe de séparation/collaboration a très bien fonctionné entre présidence, direction sportive et coach : pensons au trio Lecomte/Dréossi/Halilhodzic. En revanche, quand des rivalités apparaissent ou lorsque les responsabilités sont inégalement réparties, ça part en sucette, avec Campos/Bielsa/Ingla.
Et, bien entendu, quel que soit le sujet choisi, quelques mots sur ce film de référence étaient bienvenus :
Posté le 18 juin 2018 - par dbclosc
Victoire à la papy russe pour les Bleus. Retour sur quelques débuts foirés de CDM qui finissent bien.
Souvent, on entend parler de « victoire à la Pyrrhus »ce qui désigne le fait de remporter un succès mais à un prix démesuré. Se faisant un devoir d’instruire nos concitoyens (et, plus généralement, de leurs conférer des moyens de briller en société à bas prix), rappelons l’origine de cette expression. En l’occurrence, Pyrrhus Ier était le roi des Molosses, peuplade grecque d’Epire (qui, on l’oublie souvent, était gouvernée par les Eacides). Défiant, les Romains, ce qui n’est jamais une partie de plaisir (les Barcelonais ne diront pas le contraire), Pyrrhus perdait à chaque bataille trop d’hommes, si bien que son armée s’affaiblissait tandis que celle des Romains parvenait à chaque fois à recruter suffisamment pour compenser ses pertes. En filant l’analogie avec le football, c’est un peu comme si une équipe organisait sa préparation physique de telle manière à être au top pour les premières journées quitte à risquer de voir ses joueurs se blesser rapidement au points d’être obligée, très vite, d’aligner Marvin Martin, Junior Tallo et les rédacteurs de DBC, assurant un échec aussi dramatique que certain.
Ici, dans le cas des Bleus, point de « victoire à la Pyrrhus », mais plutôt une victoire à la « papy russe », expression qui vaut plus pour le jeu de mot (facilité par le fait que le tournoi se joue en Russie) que pour sa pertinence analytique. D’ailleurs, on ne se permettra pas ici d’analyser le match des Bleus (suffisamment d’analyses médiocres sont faites ici et là (1)). Alors, l’assimilation du match des Bleus comme relevant d’une performance « de papys » est-elle pertinente ? On ne sait pas, mais elle a au moins ce mérite d’être rigolote. C’est toujours ça de pris.
Allégorie de la victoire à la papy russe
Non, l’objet de cet article c’est simplement de revenir sur d’autres débuts de coupe du Monde pour rappeler que, à défaut d’être emballant, ce premier match n’augure en rien d’un parcours dégueulasse. Depuis le début des années 1980, les Bleus sont parvenus à quatre reprises au stade des demi-finales sans jamais avoir été rassurants lors du match inaugural. On revient sur ces quatre cas de figure.
1982 : Angleterre-France 3-1
Le 16 juin, à San Mamès, la France débute difficilement son Mondial. C’est en tout cas l’impression que l’on a en voyant Robson ouvrir le score pour la perfide Albion au bout de 27 secondes de jeu. Le futur lillois Soler égalisera bien (24è) mais ce sont biens les Anglais qui l’emportent au final (3-1). Alors, mal barrés les Français ? C’était sans compter sur la médiocrité des Tchécoslovaques, lesquels échouent à battre le petit Koweït (1-1) que la France atomisera (4-1) dans un contexte particulier.
Qualifiés pour le tour de poules suivant (2) la France, sérieuse, obtient sa qualification en battant l’Autriche (1-0) et l’Irlande du Nord (4-1). Ils échouent en demi-finale contre la RFA, mais écrivent dans le fameux « match de Séville » une page essentielle de leur légende sur fond d’injustice et de violence de la part d’un Schumacher sous cocaïne et rappelant les heures les plus sombres de l’Histoire.
1986 : France-Canada 1-0
Pour commencer le tournoi de 1986, l’équipe de France, championne d’Europe en titre affronte le plus petit morceau de son groupe : un Canada aux moyens limités. Certes, la domination française est outrageuse, mais cela semble bien le minimum vu les moyens de l’adversaire en face. Et pourtant, ça bloque à 0-0 jusqu’à ce que Jean-Pierre Papin ne débloque la situation à la 79ème minute. Soit dit en passant, ce but ne confère alors pas à JPP le statut de sauveur : jusque là, c’est à sa maladresse que les Bleus devaient de ne pas avoir ouvert le score plus tôt.
La suite sera plus réjouissante. Solide contre l’URSS (1-1), sérieuse contre la Hongrie (3-0), cette équipe de France s’ancre définitivement comme une référence de l’histoire de l’EDF en éliminant les champions du Monde italiens (2-0) puis, surtout, en éliminant le Brésil de Zico et Socrates (1-1, 4 tab à 3). Sortis par la RFA (2-0), les Français finiront bien contre la Belgique (4-2) pour un bilan réussi.
1998 : France-Afrique du Sud 3-0
Chez eux, les Bleus débutent la Coupe du Monde par une large victoire inaugurale contre les modestes Sud-Africains (3-0). Rassurant ? Oui et non. Si l’équipe maîtrise globalement son sujet, l’équipe de France a tardé à faire le break grâce à un CSC de ce bon vieux Pierre Issa (2-0, 78è). Allez, admettons-le, des quatre matches dont nous parlons ici, ce fut probablement celui qui laissa l’impression la plus positive, sans doute aussi en contraste avec l’ampleur des critiques faites à l’équipe d’Aimé Jacquet dans les mois qui avaient précédé la compétition. En somme, un match dont on ressort plus rassurés qu’emballés.
D’ailleurs, le reste de la compétition sera pour beaucoup à l’image de ce match, à l’image des qualifications contre le Paraguay (sur un but en or en à la 113è) et contre l’Italie (aux tirs aux buts), voire, suivant un scénario un peu différent, contre la Croatie (2-1 après l’ouverture du score croate). La fin sera bien sûr différente avec une victoire en apothéose contre le Brésil de Ronaldo (3-0).
2006 : France-Suisse 0-0
Il est de bon ton en société de présenter le bilan de Raymond Domenech à la tête de l’équipe de France comme un échec total, Bixente Lizarazu, se plaisant par exemple à ironiser sur le fait que ce sélectionneur « n’a rien gagné » avec l’équipe de France, argument récurrent qui confine au ridicule à partir du moment où l’on admet qu’un jugement un minimum sérieux sur la réussite d’un sélectionneur implique de juger de ses résultats à l’aune du contexte, c’est à dire notamment des moyens à sa disposition et de la concurrence. Bixente, nous ne sommes pas dupes : si tu portes ce jugement, on sait que ça n’est pas une analyse, mais une pseudo-justification visant à casser un bonhomme avec lequel tu n’as pas de bon rapports.
Les débuts sont pourtant poussifs et un peu inquiétants. Face à la Suisse, la France demeure d’une prudence excessive, se créant très peu d’occasions pour un résultat final assez logique en définitive. Le deuxième match, contre la Corée du Sud, confirme l’inquiétude avec un match nul (1-1) bien que les Bleus aient été devant pendant 72 minutes au total. Elle se qualifiera finalement après une victoire, certes attendue (mais quand-même) face au Togo d’Olufadé (2-0). Il aura quand-même fallu attendre 55 minutes pour voir l’ouverture du score.
La suite sera d’un tout autre acabit. Lors des huitièmes, l’équipe de France donne la leçon à la Roja (3-1) qui avait pourtant remporté ses trois matchs de poule. En quarts de finale, la France réalise son match de référence en maîtrisant le Brésil (1-0) qui restait sur 11 victoires de suite en phase finale de Coupe du Monde, le dernier match qu’elle n’avait pas remporté étant … la finale de 1998, contre la France déjà. La bande à Zidane se qualifie ensuite logiquement pour la finale en battant le Portugal (1-0). Si la défaite aux tirs aux buts laisse un goût d’inachevé, la France réalise là l’une de ses plus belles performances en Coupe du Monde.
L’Italie 1982, le modèle de toutes les équipes qui font des débuts poussifs
Débuter péniblement une coupe du Monde, il n’y a pas de quoi en faire tout un plat. Nombreux sont les champions du Monde à avoir galéré en phase de poules. Le modèle en la matière est incontestablement l’Italie de 1982. Cette année-là, la Squadra azzura réussit le tour de force de remporter la plus grande compétition internationale sans gagner un seul match de poule et en étant l’équipe qui a eu les moins bons résultats des douze équipes qualifiées pour le tour suivant !
Plus généralement, ce tournoi est la plus belle illustration du fait qu’un début difficile n’engage en rien la suite (sauf si bien sûr on se fait éliminer dès le premier tour ce qui, forcément, engage d’un coup vachement plus la suite). Ainsi, aucune des quatre nations ayant terminé dans le dernier carré n’a remporté son match inaugural, avec un effort tout particulier de la RFA, futur finaliste : elle s’était inclinée d’entrée de jeu contre l’Algérie que tout le monde présentait comme le « petit » du groupe. Il n’en fut rien, l’Algérie échouant d’un rien en raison d’un arrangement entre la RFA et son « petit frère » autrichien lors d’un fameux match de la honte. Le voici, si vous ne le connaissez pas (et même si vous le connaissez) :
http://www.dailymotion.com/video/x2elvdy
Ah oui, au fait, peut-être vous êtes vous étonné en mode « Tiens, y a pas de complot contre le LOSC, là ? ». Ben si, justement, parce que dans l’équipe d’Algérie, il y avait justement Nordine Kourichi, l’ancien solide défenseur des Dogues. Et il ne leur a toujours pas pardonné …
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En général, quand nous voulons un exemple d’analyse médiocre sur un match, une procédure efficace consiste à faire la requête « Pierre Ménès » sur Google Actualités.
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En 1982, les deux premiers de chaque groupe se qualifient pour un tour de poules à trois équipes dont les premiers se qualifient en demi-finale.
Posté le 12 juin 2018 - par dbclosc
12 juin 1938 : Lille accueille un match de coupe du monde
Le 12 juin 1938, le quart de finale qui oppose la Suisse à la Hongrie se joue au stade Victor-Boucquey, futur stade Henri-Jooris. Il reste à ce jour le seul match de coupe du monde de football joué à Lille. Et déjà se posait un problème aussi vieux que le football à Lille : l’inadaptation du stade.
Dans un contexte international marqué par les prémices du conflit mondial à venir, la troisième édition de la coupe du monde se déroule du 4 au 19 juin 1938 en France. Au départ, 36 pays sont engagés dans des qualifications qui doivent déboucher sur une phase finale entre 16 équipes, qui commenceront donc directement par un huitième de finale. Le Brésil est le seul représentant sud-américain, l’Argentine et l’Uruguay ayant déclaré forfait faute de pouvoir financer le trajet vers l’Europe… Les Brésiliens, eux, y sont parvenus grâce à une tombola nationale ; d’autres équipes refusent de participer aux éliminatoires pour protester contre le fait que la compétition ait lieu en Europe pour la deuxième fois consécutive : du coup, dans le groupe qualificatif d’Amérique du Nord et centrale, le seul pays qui accepte de se déplacer est Cuba. Tous ses concurrents étant forfaits, l’île se qualifie sans disputer de match éliminatoire ; l’Espagne, en guerre civile, déclare forfait. Et une fois les 16 équipes qualifiées connues, l’Autriche est contrainte par l’Allemagne de se retirer suite à son annexion, et des Autrichiens intègrent l’équipe d’Allemagne. On voit donc qu’il est tout à fait nouveau que football et politique soient mêlés.
11 stades1 sont retenus pour disputer les 18 rencontres2 de cette coupe du monde. Parmi eux, celui dans lequel évolue l’Olympique Lillois, l’un des ancêtres du LOSC : le stade Victor-Boucquey. La presse de l’époque souligne que c’est au volontarisme de Henri Jooris, président de l’Olympique Lillois, que l’on doit la possibilité d’un quart de finale à Lille, alors que la commission chargée de la répartition des matches envisageait plutôt dans un premier temps que ce match ait lieu dans un stade plus moderne, en l’occurrence celui de Lyon. D’une capacité d’environ 17 000 places, le stade Victor-Boucquey tire son nom de celui d’un ancien vice-président du club. Ce stade a déjà une histoire particulière avec le football international : la France y a battu la Belgique 4-3 en 1914, et c’était la première fois que l’équipe nationale se déplaçait en province.
L’écho du Nord se réjouit dès lors que Lille accueille d’un côté la Hongrie, qui a sorti les Indes orientales néerlandaises en huitièmes (6-0), « une équipe solide, scientifique, rapide, avec un des plus grands joueurs du monde comme avant-centre, le docteur en droit Sarosi », et de l’autre les tombeurs de l’Allemagne, en deux manches (1-1 ; 4-2 en infériorité numérique à partir de 1-2 suite à une blessure !), la Suisse, « remarquable équipe qui nous arrive auréolée de ces deux rencontres fameuses contre l’équipe du Reich renforcée des artistes viennois ». En effet, on connaît la contribution des artistes viennois à la grandeur du Reich ! Les Hongrois sont favoris et L’écho du Nord assure qu’on tient là un des finalistes de l’épreuve, car éliminer ensuite le vainqueur de Suède/Cuba ne devrait être qu’une formalité pour ces deux formations.
« Pas une équipe du tournoi n’a meilleur moral que celle des 11 Helvètes » ; seule ombre au tableau pour elle : dès le vendredi 10 juin, un tirage au sort a décidé que les Hongrois garderont leur maillot grenat, et que les Suisses devront porter un maillot blanc « au lieu du maillot rouge à croix de Genève dont ils sont fiers à plus d’un titre ». Tout semble s’organiser pour le mieux : au siège de la ligue du Nord, 6-8 rue Léon-Trulin, on organise une permanence le samedi de 9h à 20h notamment pour les journalistes qui solliciteraient des informations, et ceci grâce au secrétaire administratif M. Marle, 4e étage. Le comité d’organisation a prévu de se réunir à 17h, soit précisément 24h avant le match, pour faire en sorte que le match se déroule sans accroc. Mais il va y avoir un accroc.
La terre tremble
Samedi 11 juin à 11h57 : la ville de Lille tremble. Littéralement. L’écho du Nord rapporte qu’« un désarroi général s’est emparé samedi à midi de toute la région du Nord. À Dunkerque, Valenciennes, Hellemmes, Bruxelles, c’était ici des portes qui s’étaient ouvertes violemment, là des plafond crevassés, une étagère, un verrier brisés, ailleurs des meubles qui se déplaçaient et partout des cheminées écroulées ». La rumeur de l’explosion d’une usine à gaz à Tourcoing se répand d’abord, mais c’est un tremblement de terre, dont l’épicentre serait situé à Renaix, 50 kilomètres de là. C’est là le séisme le plus puissant en Belgique au XXe siècle : 5,6 sur l’échelle de Teddy Richert. On dénombre 2 morts et de nombreux blessés chez nos voisins, et seulement des dégâts matériels en France, en Angleterre et aux Pays-Bas. Le responsable d’un parc zoologique près de Bruxelles signale que certains animaux, notamment les rhinocéros et les bisons, ont eu un comportement anormal dans les minutes précédant la secousse, en se jetant la tête la première contre leur clôture. Par ailleurs, il souligne que les paons émettaient des sons « anormaux », ce qui laisse entendre que le son habituel du paon est « normal ». Cela n’a rien à voir avec le sujet de l’article mais c’était sympa de le signaler. Sinon, gag : le séisme a détruit le sismographe de l’observatoire de Lille.
Cela n’a pas empêché les Suisses d’arriver à Lille par le train à 20h05, accueillis par Henri Jooris en personne, tandis que les Hongrois sont à Lille depuis plusieurs jours.
La Hongrie sans trembler
Le jour J, à 12h30, le maire de Lille, Charles Saint-Venant, reçoit les deux équipes à l’hôtel de ville. L’ouverture des portes du stade est prévue à 15h15, et il est conseillé aux porteurs de chaises de venir tôt car « les premiers rangs seront de beaucoup avantagés sur ceux qui sont obligés de prendre les derniers ». En cas de match nul, deux prolongations de 15 minutes seront organisés et, si à leur issue, le score n’évolue pas, le match sera rejoué le 14 juin à 18h. Il est donc temps de jouer, du moins si aucune catastrophe ne s’annonce : à 14h25, une réplique du séisme de la veille se fait sentir. On en comptera encore 4 jusqu’au mardi, parfaitement enregistrées par le sismographe immédiatement réparé.
Sur le terrain, les Hongrois imposent rapidement leur supériorité technique. Le Miroir des Sports indique que dans le seul premier quart d’heure, ils ont obtenu 6 corners, tandis que leur gardien de but, Szabo, n’a touché son premier ballon qu’à la 17e ! Ils ouvrent la marque à la 42e par Sarosi. En seconde période, avec l’avantage du vent et du soleil, les Suisses tentent de revenir ; « leurs offensives n’avaient plus cependant cette spontanéité, cette verve, cet enthousiasme qui illustrèrent les rencontres avec l’Allemagne, et sur la puissance et la violence de Biro, sur la tranquille sûreté de Szabo, les attaques helvètes se brisèrent comme des vagues sur des rochers » (Le Miroir des Sports). Il faut cependant attendre la dernière minute pour que les Hongrois ne marquent de nouveau : sur un centre de Sas, Szengellér reprend de volée (2-0). Les Hongrois sont en demi-finale et ne referont parler d’eux à Lille qu’en 1954 avec la fameuse affaire Zacharias.
Cette qualification est la récompense pour une équipe qui a sans cesse attaqué tandis que les Suisses sont restés constamment sur une « prudence défensive » selon L’Echo du Nord. Dommage pour les Suisses qui n’ont pas renouvelé leurs récentes prestations, probablement en raison d’insuffisances physiques liées au match rejoué contre les Allemands : « ce n’est pas impunément que l’on joue trois rencontres aussi rudes que le furent celles disputées par l’Helvétie en une semaine » (Le Miroir des Sports).
Le Miroir des Sports, 14 juin 1938
En toute impartialité, L’écho du Nord souligne que le match n’a pas manqué d’intérêt, mais qu’à Lille on est quand même habitués à voir des matches d’un autre niveau grâce aux performances de la sélection de la Ligue du Nord (qui a succédé à l’équipe des Lions des Flandres dans les années 1920).
Le Miroir des Sports, 14 juin 1938
Sans difficulté, les Hongrois écartent les Suédois en demies (5-1), avant de s’incliner contre l’Italie en finale (2-4).
Déjà, le « problème » du stade
Au lendemain du match, tout le monde s’accorde sur la bonne organisation du match et sur le succès que constitue la recette de 216 000 francs, « un record bien plus joli » que la recette de 875 000 francs réalisée à Paris dans le même temps pour France/Italie « compte tenu que Paris et ses environs immédiats comptent près de 7 millions d’âmes, que de nombreux provinciaux avaient fait le déplacement, et que la colonie italienne est très importante à Paris » souligne très partialement le quotidien nordiste. Mais les presses tant nationale que locale rapportent que le stade Victor-Boucquey est un équipement insuffisant pour ce type d’événement. Le Miroir des Sports souligne ainsi que « jamais n’a été plus nettement démontrée l’insuffisance du stade Victor-Boucquey pour une grande ville telle que Lille. Dès [la veille du match], le record local de la recette était battu. Malgré le temps incertain et quelques légères ondées, malgré les efforts des organisateurs, de nombreux enthousiastes nordistes n’ont pu assister à la rencontre. Dix-huit mille spectateurs étaient rassemblés pour entendre le massacre des hymnes nationaux magyar et helvète exécutés par haut-parleurs« . On rapporte que le délégué du match ainsi que les deux équipes ont souligné l’étroitesse du terrain, qui avait pourtant été élargi à 70 mètres rien que pour ce match. Ces réserves font dire à l’Echo du Nord que le Nord ne possède pas, à ce moment-là, de stade suffisant pour les grandes manifestations sportives, contrairement à d’autres régions comme au Havre, à Lyon, à Marseille ou à Bordeaux, où de nouveaux stades viennent d’être construits.
Le stade est dans une configuration adoptée dans les années 1900 : jusqu’alors terrain pour l’Iris Club Lillois et pour le hockey sur gazon, le « terrain de l’avenue de Dunkerque », comme il était initialement appelé, était d’abord doté de 3 000 places à son inauguration en 1902, avant que les premiers succès de l’Olympique Lillois ne poussent ses dirigeants à construire un véritable « stade ». Dès lors, l’Echo du Nord lance un appel à tous ceux qui souhaitent le développement du sport dans la région car « il est à craindre, dans des circonstances identiques, la Fédération internationale de football, ou même simplement la Fédération française, ne soit amenée à donner la priorité des matches aux régions dotées d’un stade suffisant pour ces manifestations qui prennent de plus en plus d’ampleur ».
Il faudra attendre quelques années pour que le stade connaisse quelques modifications : d’abord, il change de nom en 1943 : il est rebaptisé stade Henri-Jooris, du nom du président décédé en 1940. Puis il est enfin rénové en 1946-1947, suite à l’accident qui fit 50 blessés après la chute du toit d’une tribune lors d’un Lille/Lens. À l’époque, la presse avait attribué la fragilité des tribunes du stade, jamais rénové depuis 1902, aux bombardements de 1940 qui auraient fragilisé l’édifice… C’était oublier un peu vite les effets du tremblement de terre de 1938 !
À ses débuts, de 1944 à 1947, le LOSC joue au stade Henri-Jooris en alternance avec le stade de l’ex Sporting Club Fivois, l’autre ancêtre du LOSC, le temps que les travaux de rénovation s’achèvent, avant de s’y sédentariser définitivement en 1949. Le stade a été détruit en 1975, et Lille n’a depuis pas retrouvé l’équipe de France, puisqu’en 1996, pour un amical contre l’Arménie, c’était le Stadium-Nord à Villeneuve d’Ascq, puis le stade Pierre Mauroy, toujours à Villeneuve d’Ascq, a accueilli France/Jamaïque en 2014. Enfin, le Nord a de nouveau accueilli une compétition internationale entre deux nations avec Allemagne/Ukraine lors de l’Euro 2016, toujours à Pierre-Mauroy le… 12 juin, précisément 78 ans après ce Suisse/Hongrie.
FC Notes :
1 Dans les faits, seuls 10 stades seront utilisés, car le stade Gerland de Lyon aurait du voir jouer l’Autriche, qui a donc déclaré forfait.
2 7 huitièmes de finale, 4 quarts de finale, 2 demi-finale, 1 finale, 1 match pour la 3e place, ça fait 15 matches. Et 2 huitièmes (Allemagne/Suisse et Cuba Roumanie) et 1 quart (Brésil/Tchécoslovaquie) ont été rejoués pour cause d’égalité après prolongation : à l’époque, il n’y avait pas de tirs aux buts pour départager les équipes.
Posté le 4 juin 2018 - par dbclosc
Bilan des Féminines et Demeyere Awards
Le LOSC s’est maintenu, poil aux doigts ! Une bonne chose de faite après une saison incertaine et très disputée. Le temps des récompenses est venu.
Happy-end
La première saison dans l’élite de l’équipe première de la section féminine du LOSC s’est achevée dimanche dernier, de belle manière grâce à un succès à Bordeaux (2-1) permettant d’arracher le maintien. Si le LOSC ne s’est jamais retrouvé en position de relégable lors de cette 22e journée, puisque Kenza Dali a eu la bonne idée de marquer rapidement, on a tremblé à plusieurs reprises : déjà parce que suivre un match par live-tweet est probablement l’une des pires tortures que l’on puisse infliger à des supporters. Mais on était bien content d’avoir ça quand même hein : c’est juste qu’il n’y a pas de continuité dans les actions et qu’on n’a qu’une faible idée du rapport de forces sur le terrain et de où se trouve le ballon. Par exemple, alors qu’on croit être dans le camp adverse, qu’on monopolise la balle et que tout semble tranquille, on apprend qu’on prend un but. Ça fait un peu cette effet là :
Ensuite, il y a deux moments où Lille était à un but de passer relégable : quand Albi a égalisé à Montpellier : comme Guingamp avait ouvert le score contre Marseille, si Bordeaux égalisait, on passait 11e ; et quand Bordeaux a égalisé, Albi ne perdait alors que d’un but et une égalisation des Albigeoises nous reléguait ; fort heureusement, dans les deux cas, ces frayeurs n’ont duré que quelques minutes voire quelques secondes puisque Albi a tenu l’égalité quelques secondes, et Ouleye a envoyé un missile dans la lucarne adverse dans la minute suivant l’égalisation.
Objectif atteint
Menacées de descente avant la dernière journée, les filles terminent pourtant dans la première partie de tableau, 6e sur 12 ! C’est là l’illustration d’un championnat hyper serré, hormis pour les 3 premières places. Le classement est donc peut-être un poil flatteur mais fait davantage justice à ce que les filles ont montré, par rapport aux places juste au-dessus de la ligne de flottaison que l’équipe a occupées une bonne partie de l’année. Finir en milieu de tableau, c’est finalement la traduction d’un championnat moyen, moyen au sens d’intermédiaire. Et cela correspond au niveau budgétaire du LOSC, que Rachel Saïdi nous avait précisé en début de saison. Satisfaisant pour une première en D1, en attendant d’autres ambitions ?
Globalement, le LOSC a fait bonne figure, et on ne sait pas exactement par quelle opération l’équipe n’a pas mis davantage de points : on met ça sur le dos de « l’expérience », mais une fois qu’on a dit ça, on n’a pas étayé grand chose. Il a manqué des opportunités de tuer les matches, et la moindre erreur a été payée. Mais hormis la double confrontation contre Lyon et le match au PSG, l’équipe n’a jamais été submergée, elle a même tantôt rivalisé avec les équipes supposément « supérieures » (à Montpellier en deuxième mi-temps puis au match retour, contre le PSG au Stadium, deux fois contre le Paris FC), et tantôt, à l’inverse, a fait des résultats décevants contre des adversaires de bas de classement. Notamment, la série de non-victoires à domicile à l’automne a vite calé l’équipe en bas de classement, cette série s’accompagnant de plus d’un jeu franchement médiocre, notamment lors du match perdu face à Rodez (0-2). Après une première partie de saison décevante en termes de points engrangés, l’année civile 2018 a montré une nette amélioration, notamment sur le plan du jeu : le premier match de l’année contre Paris, malgré la défaite, était vraiment bon (une semaine après une élimination 0-1 en coupe contre ce même adversaire) ; mais dans l’ensemble, de manière paradoxale, les matches les plus aboutis n’ont pas forcément donné de victoire (Albi, Marseille, PSG, Paris FC, Fleury), alors que d’autres plus laborieux et serrés se sont bien terminés (Soyaux, Marseille, Guingamp), mais c’est sans doute là aussi le symptôme d’une compétition disputée, où il faut vraiment être au-dessus du lot pour proposer du jeu sans risquer de se faire punir à la moindre erreur.
Un point sur les joueuses
Derrière, disons-le : on a une top-gardienne. Bon, il y a toujours quelques buts cons sur une saison, et quand une gardienne fait une erreur ça se paie tout de suite, mais on doit une fière bretelle à Elisa Launay dans sa contribution au maintien de l’équipe. Elle a notamment été exceptionnelle à Marseille, et probablement sa voix fait peur aux adversaires. Floriane Azem a parfaitement assuré sur les 4 matches qu’elle a joués : comme les autres, elle n’a pas pu faire grand chose quand elle est entrée contre Lyon.
En défense, ça a été assez stable : Maud Coutereels est parfaite, solide dans les duels, précise dans ses relances des deux pieds. Elle a le plus souvent été associée à Laëtitia Chapeh, et on a perdu de vue Charlotte Saint-Sans, qui était titulaire lors du premier match contre Bordeaux et avait été excellente contre Soyaux juste avant Noël. À gauche, Marine Dafeur : cœur-cœur.
En milieu défensif, il semble qu’on était partis au départ sur un duo de récupératrices Pasquereau/Lernon, mais Jessica s’est finalement imposée comme arrière droite à la place de Bouchenna (on l’a aussi vue à plusieurs reprises arrière centrale), tandis que Julie a été plus irrégulière. Après un début de saison où sa grande taille et son jeu aérien ont fait forte impression, elle s’est effacée et a en outre été gênée par des blessures, dont une bien lourde pour finir (rupture des ligaments croisés). À ce poste, on a également vu Héloïse Mansuy, qu’on a trouvée de mieux en mieux à mesure que la saison avançait, mais au poste d’arrière gauche, au point de faire monter d’un cran Marine Dafeur sur les derniers matches, qui n’est pas la moins adroite. Caroline La Villa est revenue en deuxième partie de saison, et Justine Bauduin a été irrégulièrement présente. Dans le fond, vous l’aurez compris : celle qui a crevé l’écran encore cette année au milieu, c’est Silke Demeyere. Alors qu’elle a débuté la saison comme remplaçante, Jérémie Descamps, pris de remords et hanté par la culpabilité, l’a vite replacée titulaire, notamment après son entrée en jeu décisive à Fleury à la mi-temps. Ainsi, elle a pu exprimer toutes ses qualités qu’on aime tant (voir ici et plus bas).
Un cran au-dessus, Rachel Saïdi a le plus souvent joué côté gauche cette année, et bien plus rarement axiale. Les apparitions de Bultel ont été bien sympas : elle finira par le mettre son but de 30 mètres… On regrette de ne pas avoir vu plus souvent Aurore Paprzycki, pourtant excellente avec la R1, mais sans doute encore trop tendre pour la D1. En tout cas, il a quasiment fallu une demi-saison pour trouver des formules efficaces au milieu, et à ce titre l’arrivée de Kenza Dali en janvier a indiscutablement stabilisé le milieu de terrain. Dès qu’elle est arrivée, et notamment lors de ses premiers matches à domicile contre le Paris FC et Fleury, elle a fluidifié le jeu, permettant aussi de soulager Rachel. Nul doute que le renouveau du jeu lillois début 2018 lui doit beaucoup.
Devant, on a souvent été perplexes. Avec Jana Coryn et Ouleymata Sarr, on a deux excellentes attaquantes, c’est certain. Ouleye a souvent joué seule en pointe et Jana a été placée sur le côté droit, un cran en-dessous. C’est là sans doute une belle idée mais il nous semble que certaines des qualités d’Ouleye ont été sous-exploitées : elle est notamment très forte dans la conservation de balle et le jeu dos au but, mais le bloc lillois a souvent été trop bas pour que ses coéquipières profitent de ce travail de pivot et de remise. Et par ailleurs, placer Jana Coryn à droite met en valeur sa pointe de vitesse et ses qualités de débordements, mais on l’a trouvée bien meilleure les fois où elle a joué avant-centre… sans Ouleye. Comme contre Soyaux par exemple. L’arrivée de Dali a permis de faire jouer les deux avants-centres au même niveau, précisément parce que l’équipe remontait plus vite dans la deuxième partie de saison. En clair, les qualités de nos attaquantes seraient mieux utilisées et complémentaires dans un bloc haut. Difficile d’avoir un avis sur Anne-Laure Davy, qui a peu joué, ou sur Camille Lewandoski, qui n’a été utilisée qu’à Lyon dans un contexte pas très favorable. À une période où nos attaquantes n’étaient pas très en réussite, on aurait aimé voir apparaître plus souvent deux des actrices centrales de la montée l’année dernière : Camille Dolignon et Charlotte Sailly.
Irrégularités
Cette saison, ça a souvent été trois pas en avant, trois pas en arrière : : les filles n’ont jamais enchaîné deux résultats positifs consécutifs. Si cette irrégularité dans les résultats est finalement commune à 8 équipes sur 12, elle traduit aussi une irrégularité dans le système de jeu et l’utilisation des joueuses. On pourrait y voir là le signe d’une équipe flexible et disposée à s’adapter à différents systèmes de jeu, on a surtout eu le sentiment que ça a tâtonné toute l’année, comme on l’écrivait plus haut notamment avec le milieu de terrain ou l’animation offensive, avec certaines joueuses qui se sont montrées polyvalentes, parfois par nécessité. On peut toutefois souligner deux coups audacieux et bien réussis, lors de matches très importants : un bloc très haut à Marseille en première mi-temps, et une fin de match contre Guingamp dans un 4-1-4-1 qui était très risqué, a offert une fin décousue, mais a porté ses fruits.
On s’est parfois étonnés de voir apparaître puis disparaître certaines joueuses d’un match à l’autre, sans que leur prestation n’ait spécialement justifié qu’elles soient écartées ou intégrées brusquement au 11 de départ, et parfois sans passer par la case intermédiaire R1.
Formation
Les U19 se sont qualifiées pour le tour élite, qui est très relevé. Et même si, en son sein, les résultats n’ont pas été faramineux, ce type d’expérience fait aussi partie de l’apprentissage d’une jeune section féminine. Elles n’ont obtenu qu’une victoire en 10 matchs lors du tour élite, mais il y a aussi un nul à Vendenheim (où joue Marion Gavat) qui travaille si bien depuis des années que toute l’équipe va sans doute devenir les U19 de Strasbourg (sans fusion).
Notons aussi que Julie Dufour et Maïté Boucly ont eu un peu de temps de jeu cette saison, et que que Julie Dufour a notamment réalisé une très belle entrée contre Marseille, étant à l’origine du but de Jana Coryn
Sur le terrain, l’objectif du maintien est atteint. 5e attaque, c’est pas mal du tout ; 10e défense, c’est un peu moins bien. N’oublions pas que l’équipe est plutôt jeune et que si elle ne bouge pas trop cet été, elle ne peut logiquement qu’être plus âgée et expérimentée. Jérémie Descamps a officialisé son départ, et Dominique « j’dirais » Carlier, notamment ancien coach de Wasquehal, est annoncé : nul doute qu’entre Launay, Coutereels, Dafeur, Demeyere ou Sarr (puisqu’il semble que Dali reparte à Lyon), il remarquera qu’il là existe une colonne vertébrale de grande qualité pour poser les bases d’un exercice 2018-2019 encore meilleur.
Les Demeyere Awards
Comme tout grand média, DBC LOSC possède également ses propres trophées et entend récompenser, en toute objectivité, les faits les plus méritants de la saison. Par un vote unanime de la rédaction, les trophées ont été baptisés les Demeyere Awards, vous allez comprendre pourquoi.
Award de la plus belle entrée en jeu
Silke Demeyere, pour son entrée à la mi-temps à Fleury.
Award du plus beau but
Silke Demeyere, pour son but de la tête face à Fleury.
Award de celle qui emmerde le plus l’adversaire
Silke Demeyere, pour l’ensemble de son œuvre.
Award de la plus belle passe
Silke Demeyere pour sa passe à la 54e contre le Paris FC. Celle de la 28e contre Soyaux n’était pas mal non plus.
Award de l’ubiquité
Silke Demeyere, qui donne l’impression d’être partout sur le terrain.
Cette composition est éloquente
Award de celle qui surgit brusquement
Silke Demeyere, telle Bip-Bip face à Vil Coyote.
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(Si le gif ne se lance pas automatiquement, cliquez ici : https://media.giphy.com/media/Ly1sygj1weJ8I/giphy.gif)
Award de celle qui gagne ses duels de la tête avec 30 cm de moins que ses adversaires
Silke Demeyere, pour son match contre Guingamp.
Award de la joueuse la plus modeste
Silke Demeyere pour son sketch « si je marque, c’est la faute à la gardienne » (dans notre entretien avec elle), pour sa déclaration « je n’ai pas fait un bon match lors de notre dernier déplacement, au Paris FC », et pour son numéro « je n’ai pas envie de parler à la télé flamande » après Lille/PSG. GRRR !
Award de la colère légitime
Silke Demeyere, après sa sortie à la mi-temps contre Rodez.
Award de la famille de supporters la plus fidèle
Silke Demeyere, qui amène toujours beaucoup de monde venu de Belgique en tribune.
Incognito, la famille royale a pris place à de nombreuses reprises sur le banc de touche pour admirer l’une des fiertés de son royaume
Award du plus bel œil au beurre noir
Silke Demeyere, après le match contre Soyaux.
Award de la joueuse qui ressemble à un personnage de BD
Silke Demeyere, pour sa ressemblance avec Bobette
Award de la chouchoute de DBC
Silke Demeyere
Award de prestige
Silke Demeyere. Comme ça, pour le plaisir.
14 récompenses pour Silke, c’est un carton plein ! Bravo à elle. Mais il faudra faire encore mieux l’année prochaine !
Photos tirées par nos soins lors de l’entraînement du 17 mai 2018.