Posté le 5 juillet 2018 - par dbclosc
Vladimir Manchev, le Bulgare du Nord
En juin 2002, le LOSC entame un nouveau cycle. Président depuis avril, Michel Seydoux peaufine la stratégie qu’il a choisie pour le développement du LOSC. Celle-ci est symboliquement marquée par un changement de logo. Seulement voilà, le chantier est gigantesque. Après quatre saisons incroyables dirigées par Vahid Halilhodzic, le Bosniaque a choisi de partir. Seydoux doit en plus gérer les volontés de départ de nombreux cadres désireux de relever un nouveau challenge. Tous les secteurs de jeu sont concernés, à l’exception des buts gardés par le grand Greg. En attaque, le LOSC prospecte en Amérique du Sud et espère attirer deux joueurs. Alors qu’Hector Tapia est le premier à rejoindre le Nord, les négociations se concentrent sur des attaquants brésiliens. Fin juillet, c’est la délivrance : le LOSC a trouvé son avant-centre pour épauler le Chilien. Il vient de Sofia en Bulgarie (comme Sylvie Vartan), il s’appelle Vladimir Manchev (pas comme Sylvie Vartan).
La rançon de la gloire
Après avoir marché sur la D2 en 1999-2000, le LOSC a effectué un retour triomphal en D1. Et ça ne s’arrête pas là ! Qualifiés pour le tour préliminaire de Ligue des Champions, les Dogues éliminent Parme, restent invaincus à domicile lors de la phase de groupe, viennent à bout de la Fiorentina avant de subir une élimination frustrante face au Borussia Dortmund. En championnat, la 5ème place acquise qualifie le club pour la Coupe Intertoto.
Toutefois, le nouveau chapitre qui s’ouvre marque également un recul sportif à court terme. Le diagnostic de Seydoux entraîne en effet la mise en œuvre d’une « sévère politique de gestion »[1]. Comprenez : des joueurs partiront et ne seront pas remplacés par des joueurs (immédiatement) du même niveau. Ainsi, à la reprise des entraînements, Bruno Cheyrou s’est déjà envolé vers Liverpool et Johnny Ecker vers Marseille. On note aussi les départs de Bassir, Murati, Michalowski et Olufadé, tandis que Pignol met un terme à sa carrière. La vague de départs n’est pas terminée : Pascal Cygan a clairement fait comprendre qu’il n’effectuera pas une nouvelle saison à Grimonprez-Jooris, et Dagui Bakari est en négociations avec Lens. Quant à Mikkel Beck, il ne sera pas retenu. Mais on l’apprendra quelques temps plus tard, une infection nosocomiale attrapée lors d’une intervention sur sa cheville met un terme à sa carrière de footballeur professionnel.
Des recrues de seconde zone
Si les supporters sont inquiets de tous ces départs, c’est aussi parce que les arrivées ne sont pas de nature à rassurer : si Malicki reste dans le Nord après un prêt jugé concluant, Matthieu Chalmé est récompensé du bon parcours de Libourne Saint-Seurin (4ème division) en Coupe de France et devient le nouvel arrière droit losciste. Marc-Antoine Fortuné s’engage également, fort de ses 12 buts en National avec Angoulême. Enfin, Grégory Campi, que Puel a connu à Monaco, arrive de Bari. C’est avec ça qu’on doit foutre eu’l bazar ? Non, car les trois nouveaux venus sont rejoints par Nicolas Bonnal. Si le milieu (pouvant jouer à gauche et à droite) s’était montré à son avantage lorsque Puel lui avait donné du temps de jeu sous le maillot monégasque, il reste sur dix-huit mois sans jouer en raison de blessures récurrentes.
Le LOSC cherche toutefois encore deux joueurs offensifs pour son équipe-type. « L’entraîneur cherche un attaquant pour remplacer Dagui Bakari et un autre qui puisse tourner autour de lui », précise Alain Tirloit, le directeur sportif, dans La Voix du Nord. Le 13 juin, deux noms sont cités dans la presse pour la première fois : l’Uruguayen Richard Morales et le Brésilien Joao Kleber sont pistés. Une semaine plus tard, Ricardo Oliveira s’ajoute à la liste des cibles connues. À l’évidence, c’est d’Amérique du Sud que viendront les renforts offensifs.
En effet, le 25 juin, par le train de 13h49, Hector Tapia arrive à Lille-Europe. Conseillé par l’ancien Lillois Raoul Nogues (lui-même proche de Puel), le Chilien répond à la description de l’attaquant mobile recherché. Petit gabarit, Nogues présente le meilleur buteur du dernier championnat chilien comme « rapide, puissant, et très doué techniquement ». (Trop) rapidement, Hector séduit : sa première apparition se résume aux cinq dernières minutes contre Beauvais (L2), en amical. Suffisant pour que le journaliste de la VDN sur place considère le nouveau venu comme « assurément l’attaquant dont le club a besoin ». Tapia poursuit son tour de charme lors du deuxième match amical : dès la 4e minute, il ouvre le score contre Visé (D2 belge) d’un coup-franc des vingt mètres. Bien visé.
Pas de nouvelle, pas de nouvelle
Mais le remplaçant de Dagui tarde à être trouvé. Kleber est le premier choix du club. Tirloit est même au Brésil pour « obtenir au plus vite l’accord de l’attaquant ». Et puis plus rien. Plus aucune nouvelle. A une semaine du premier match officiel de la saison, en Coupe Intertoto, la présentation de l’équipe aux supporters se fait avec un effectif incomplet, mais avec la nouvelle mascotte.

La mascotte est à droite.
Ainsi, la victoire à Bistrita est acquise avec un duo Boutoille-Tapia, Matt Moussilou effectuant sa première apparition sur une feuille de match.
Soudainement, le 24 juillet, l’information tombe : le LOSC a trouvé son attaquant. Son nom n’a jamais été cité, et pour cause : alors que tout indiquait que l’attaquant serait sud-américain, la télévision bulgare annonce la signature de son compatriote Vladimir Manchev, meilleur buteur du championnat bulgare la saison écoulée. Pour quitter le CSKA, la transaction s’élève à 2,3M€, du jamais vu en Bulgarie. Il semble que le LOSC effectue là un joli coup, puisque l’Inter Milan et Stuttgart étaient également intéressés. Quant au PSG, il aurait fait une offre largement supérieure au LOSC mais serait arrivé trop tard : Vladimir a fait son choix, il veut enflammer Grimonprez. Cette décision peut s’expliquer par la présence en Bulgarie de deux anciens Lillois : Zarko Olarevic entraîne le Slavia Sofia, tandis que Slavo Muslin entraîne le Levski, rival du CSKA. Y’a du monde aux Balkans ! Dans la touffeur sofiote, les deux entraîneurs se souviennent du LOSC pour la presse bulgare.

Manchev, un p’tit verre, on a soif !
Grâce à Pelé et Friis-Hansen
Le choix de se porter sur Vladimir Manchev a surpris. Parce que rien n’avait fuité, dans un premier temps. Et parce que c’est la première fois que le LOSC achète en Bulgarie, alors que le club entretient une tradition yougoslave (Karasi, Olarevic, Savic, Muslin, Primorac, Banjac) ou danoise (Frandsen, Hansen, Nielsen, Jensen, Pingel, Lykke, Beck…). Tirloit justifie cette arrivée : « Kleber, c’est compliqué et cher. Quand un transfert doit se faire, ça se fait vite ».
Manchev avait échappé à la cellule de recrutement du LOSC. C’est Laurent Roussey, l’entraîneur-adjoint, qui a eu des contacts avec les frères Duraincie, tous deux agents mandatés. Les Duraincie avaient déjà fait venir Abedi Pelé et Jakob Friis-Hansen au LOSC dans les années 1990. La réussite de ces deux joueurs a donné confiance à la nouvelle direction pour valider l’arrivée du jeune Bulgare.
Présenté lors de la réception d’Aston Villa en demi-finale aller de Coupe Intertoto, Vladimir vit une intégration difficile à cause de la barrière de la langue. Il aime les contacts humains mais, comme il le dit très justement, « mon visage fermé me rend peu sympathique ». Plus rapide, le football français le met en difficulté et ne facilite pas son ouverture. Il est d’ailleurs sifflé pour sa sortie lors de première titularisation à domicile (défaite 0-3 contre le promu Nice). « C’est vrai que je suis mal à l’aise. Les résultats, les difficultés de communication »… Maîtrisant quelques notions d’italien, il est toutefois couvé par Fernando D’Amico, dont il a très vite compris les qualités : « Il s’est déjà intéressé à la Bulgarie. Il m’a posé un tas de questions ! C’est un personnage très attachant ».

A la lutte avec Noé Pamarot et José Cobos
Manchev attend la 6e journée pour débloquer son compteur. Face au PSG qu’il a failli rejoindre, il inscrit un doublé et le LOSC empoche sa première victoire de la saison, dans un match marqué par 4 expulsions. Dans un contexte sportif compliqué, il inscrit quatre buts en quatre journées avant Noël, mais ne marque qu’une fois lors de la phase retour.
Son bilan honnête lui permet d’être reconduit une deuxième saison sur le front de l’attaque lilloise. Il devient alors indispensable grâce à ses qualités de finisseur, même si son activité sans ballon lui est souvent reprochée. Au sein d’une équipe qui peine à enchaîner les bons résultats (après trois victoires pour débuter la saison, le LOSC ne reprend les trois points qu’à la 16e journée), Vladimir claque douze fois sur la phase aller (soit 60% des buts lillois). Mais une blessure contractée au mois de janvier l’éloigne des terrains pendant deux mois. Renforcée au mercato hivernal par l’arrivée d’Acimovic et Tavlaridis (on passera sous silence Sofiane et Lukunku), l’équipe se met à tourner et son remplaçant, Matt Moussilou, marque six fois lors des 8 matchs que rate le Bulgare. Sur la même période, le LOSC prend 19 points (6 victoires, 1 nul, 1 défaite). Aucun club de Ligue 1 ne fait mieux. Vladimir revient pour les derniers matchs mais peine à convaincre. Il inscrit son 13e but contre Bordeaux, lors de la 35e journée. Passé derrière Matt Moussilou dans la hiérarchie des attaquants, il s’en va en août 2004 à Levante, après 20 buts en championnat sous le maillot des Dogues.
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