Posté le 6 juillet 2018 - par dbclosc
« Bien Malicki ne profite jamais », « Vendre son Lââm au Diable » et autres expressions qui doivent leur existence au LOSC.
« Plus qu’à Molière et à Jean II La Fontaine, la langue française doit tout au LOSC » affirmait ainsi l’académicien Jean D’Ormesson lorsqu’on l’interrogeait sur ses principales références littéraires. Il est vrai que cela est peu connu – et d’autant plus que le « grand complot » s’emploie à nous le cacher – mais la langue française doit énormément de ses expressions au LOSC et à son histoire, l’Historien Pierre Bellemare avançant le chiffre de 90 %. On vous présente ici un maigre aperçu de ces nombreuses formules loscistes d’origine qui ont considérablement enrichi notre bel idiome.
Un chien vaut mieux que deux ch’tis lensois : la référence au chien, c’est bien sûr une allusion assez explicite au Dogue losciste. D’ordinaire, les proverbes sont censés nous rappeler à la sagesse, ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas. Ici, la formule remplit fort opportunément son office, nous rappelant une évidence trop souvent contestée.
Bien Malicki ne profite jamais : en août 2008, Grégory Malicki réalise un bon match contre Rennes. Pour autant, le match finit mal avec un but de Cheyrou, un ex qui nous en veut, et de Sow, un futur qui nous en veut sans nous connaître, scellant la défaite du LOSC (2-1). De cet épisode naît une expression, faisant référence au fait que même s’il joue bien, Greg Malicki n’en profite jamais. Par extension, l’expression fait référence aux cas de figure où, tout en ayant fait le maximum, on n’atteint pas son objectif.
Greg Malicki, en train de ne pas profiter
Vendre son Lââm au Diable : désigne le fait d’essayer d’arnaquer quelqu’un de bien. Fait référence au fait que Rio Mavuba, profitant de la crédulité du alors très jeune Diable Rouge Eden Hazard, lui revendit un disque de Lââm en lui faisant croire que c’était super bien.
Il n’y a pas de Sow métier : cette expression met en valeur la spécificité du jeu de Moussa Sow, unique en son genre, si bien qu’il est impossible de le copier et donc d’en faire son métier, puisque ce sera toujours différent du modèle original. Dans le langage courant, dire qu’il n’y a pas de Sow métier revient à souligner l’impossibilité de renouveler une grande performance.

Quand Lama fâché, lui toujours faire ainsi : On ne le sait pas toujours, mais Hergé a tiré l’essentiel de son inspiration de l’observation minutieuse du LOSC. Le célèbre dessinateur belge avait ainsi remarqué que Bernard Lama, à chaque fois qu’il encaissait un but, crachait par terre de dépit. La légende raconte que Zorrino, le jeune indien du « Temple du Soleil », lui aurait été inspiré par Fernando Zappia, le défenseur central argentin du LOSC.
Fernando « Zorrino » Zappia, expliquant au Capitaine la réaction de Bernard
Il n’y a que Vérité qui se blesse : on n’a pas trouvé beaucoup d’informations quant à l’origine de cette expression. Il s’agit vraisemblablement là de souligner la belle qualité de la préparation physique des jeunes lillois qui, de ce fait, ne se blessent que rarement. « Il n’y a que Benjamin Vérité qui se blesse » souligne alors le caractère exceptionnel de la chose.
Tire la chevillette et la bobinette Cheyrou : les plus grands linguistes se sont penchées sur cette expression pour nous en faire découvrir les arcanes. Ils ont échoué. Il n’empêche, c’est une sacrément belle expression.
Et là, paf ! La bobinette Cheyrou !
Clouer le Beck : il est arrivé que certaines organisations défensives parviennent particulièrement bien à contenir Mikkel Beck, avant-centre lillois de 2000 à 2002, réussissant ainsi à le « clouer » pour employer une formule métaphorique. « Clouer le Beck » désigne alors par extension une organisation parvenant à empêcher l’avant-centre adverse de s’exprimer.
Nul n’est censé ignorer Valois : cette expression fait référence à de nombreuses interventions de Vahid vantant les vertus d’un jeu collectif. « Nul n’est censé ignorer Valois » indique combien il est important de faire des passes à tout le monde y compris à Jean-Louis et même si on a plus envie de l’envoyer à Ted Kelton Agasson ou à Djezon Boutoille.
Eh ! Les gars ! Par ici ! Arrêtez de m’ignorer !
Après Mickaël Foor, le réconfort : en entendant les cris de Mickaël Foor dans les nombreux moments chauds d’un match, on a parfois les oreilles qui bourdonnent. D’où le soulagement ressenti une fois l’action passée : « après Mickaël Foor, le réconfort ».
Faut pas pousser Pépé dans les orties : cette expression nous appelle à la sagesse. Si l’on pousse Nicolas Pépé dans les orties, il aura d’importantes démangeaisons qui affecteront nécessairement ses performances. Par extension, « Faut pas pousser Pépé dans les orties » est une expression qui invite à ne pas faire des trucs stupides.
Se faire l’avocat du Diable : un jour, Eden Hazard fit un match bien moins bon que d’habitude, comme on peut en trouver un indice dans le fait que L’Equipe ne lui attribua que la note de 7/10. Rio Mavuba, culpabilisant de lui avoir refourgué un vieux disque de merde (cf. « Vendre son Lââm au Diable ») le défendit, expliquant que le jeune Diable Rouge s’était cassé la jambe le matin même, se faisant en quelque sorte « son avocat ».
Jean passe, et Demeyere : cette expression met l’accent sur le fait que tout est l’occasion de prendre des nouvelles de Silke Demeyere. Par exemple, si Jean Fernandez passait, cela serait une bonne occasion de prendre des nouvelles de Silke : « Tiens, Jean passe. Et Demeyere ? ». On parle de Jean qui passe comme on aurait pu évoquer Thierry Froger qui part ou tout autre événement. Tiens, d’ailleurs, ça va Silke ?
Mettre de l’eau dans Thauvin : à l’été 2013, Florian Thauvin rejoint le LOSC pour immédiatement faire grêve dans l’optique de rejoindre l’OM avant même d’avoir joué ne serait-ce qu’une minute avec son club, démarche d’autant plus conne qu’il a joué comme une chèvre chez les Phocéens pendant longtemps une fois son départ acté. En représailles face à cette marque de mépris, nombre de supporters lillois voulurent le torturer, certains pensèrent à cette technique qui consiste à remplir d’eau l’individu. Remplir d’eau une tête pleine d’eau, quoi de plus naturel en somme.
En (Nolan) Roux libre : cette expression est née beaucoup plus récemment que ce que l’on croit souvent, puisqu’elle date de la fin de contrat de Nolan Roux qui, dès lors, s’était retrouvé libre : en Roux libre, en somme.
Il est libre Nolan
Vieux mollard de Jallet : fait référence au fait que, comme tout bon supporter lillois, nous trouvons que Jallet est une sacrée raclure.
Apporter de l’eau à Monsieur Moulin : expression qui doit son origine au caractère très sympathique des Lillois qui, même bafoués par des erreurs arbitrales, ne manquent pas de savoir vivre à l’égard de l’homme en noir. Dans cette expression, c’est Monsieur Moulin qui est retenu, mais l’expression aurait tout aussi bien pu faire référence à Bruno Derrien : « apporter de l’eau à Monsieur Derrien ».
Tant va la cruche Tallo qu’à la fin il se casse : on reconnaît bien là une expression d’origine populaire, pas forcément tendre avec ceux qu’elle attaque. Ici, il est fait référence à Junior Tallo, l’assimilation à une « cruche » venant révéler une appréciation négative des performances du joueur aboutissant à son départ. Il s’agit de dire que, quand un joueur n’est pas bon, il ne faut pas s’inquiéter : il finit toujours par quitter le club.
Delpierre, tel fils : cette expression revoie à la tradition familiale qu’entretient le LOSC, qui voit des « fils de » s’engager au club. Il en est ainsi de Jean-Michel et Michel Vandamme. Par extension, on utilise cette expression pour évoquer les fratries au sein du club (comme les Robail, Cheyrou ou Fonte).
Frais comme Bernard Gardon : cette expression, apparue dans les années 1970, fait référence aux capacités physiques impressionnantes de l’ancien défenseur du LOSC. D’un joueur qui ne semble pas souffrir de la fatigue, on dit alors qu’il est « frais comme Bernard Gardon ». A ne pas confondre avec « Frey comme Bernard Gardon ». Cette dernière expression vient de supporters lillois découvrant Michael Frey qui le jugeaient du niveau physique qu’avait Gardon, non au temps de la splendeur losciste de ce dernier, mais du temps de l’arrivée du Suisse (en 2014), c’est-à-dire alors que Bernard avait 62 ans.
Christophe Galtier, s’adressant à Michael Frey, s’étonnant de sa présence à la reprise de l’entraînement
Cela ne doit rien au Hazard : au départ, quand le jeune Eden fit ses débuts, les commentateurs élogieux faisaient systématiquement remarquer que tel ou tel but « devait beaucoup à Hazard ». L’expérience allant, on remarqua que à peu près tous les buts lillois « devaient beaucoup à Hazard », si bien qu’on jugea plus pertinent de ne plus le signaler tellement cela allait de soi. Parallèlement, un but du LOSC ne devant rien à Eden étant si rare, il fallait le souligner quand c’était le cas. Par exemple : « le but d’Obraniak en finale de coupe 2011 ne doit rien au Hazard ».
Qui veut noyer son chien l’accuse de Faraj : que la langue française est riche ! Même d’expressions qui n’ont aucun sens ! Car, il est vrai que « accuser quelqu’un de Faraj » ça ne veut pas dire grand chose, si ce n’est peut-être d’être un jeune joueur plein de talent, ce qui, avouons-le, est sacrément étrange comme accusation. Si cette hypothèse s’avère exacte, cela signifie donc que si vous avez l’intention de noyer votre chien, il faut au préalable l’accuser d’être un jeune joueur plein de talent.
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