Archiver pour août 2018
Posté le 27 août 2018 - par dbclosc
Lille/Lyon : les carottes sont que huit
Le championnat reprend bientôt pour les filles du LOSC. Mais avant cela, les contraintes du calendrier imposaient de débuter la saison en jouant un match officiel contre Lyon.
Saleté de calendrier ! Nous offrir Lyon pour une reprise, c’est vraiment pas du gâteau : Lyon, c’est en effet le gratin, le gratin dauphinois bien entendu, on l’a déjà faite l’année dernière mais tant que ce sera vrai on ne se privera pas, car ici on aime autant la bonne gastronomie que l’humour fin.
On est bien contents de revenir à Luchin, où la tribune est pleine, avec notamment pas mal de Lyonnais, ce qui occasionne une file de voitures à l’entrée du centre qui nous fait juste arriver pour l’entrée des joueuses sur le terrain, et devant les caméras de Canal + Sport, l’occasion de constater que des échafaudages de toute beauté permettent désormais d’y poser les caméras de la télévision. Nous aurons l’occasion de revenir très prochainement et plus amplement sur la saison à venir afin d’en présenter les enjeux et les recrues. Précisément, ce Lille/Lyon est l’occasion de voir d’entrée 2 d’entre elles, puisque l’effectif est resté relativement stable (la saison dernière, on avait 6 nouvelles têtes pour le premier match face à Bordeaux) : Morgane Nicoli en défense centrale, qui vient de Montpellier ; et Danielle Tolmais, positionnée en milieu offensive axiale, et qui a la particularité d’opter pour le mini-short. Deux autres nouveautés pour débuter la rencontre : première titularisation pour Julie Dufour avec l’équipe première, et on constate que Rachel Saïdi joue un cran plus bas que d’habitude, sur la même ligne que Silke Demeyere. À voir si c’est une stratégie « spécial Lyon », ou si Rachel est amenée à évoluer durablement à ce poste. Et on retrouve Marine Dafeur en milieu de terrain, comme on l’a vue en fin de saison dernière, Héloïse Mansuy prenant la défense gauche.
Bon vous savez quoi ? Lyon a gagné. Comme l’année dernière, le score est très lourd, quoique l’écart est cette fois réduit d’un but (1-10 la saison dernière ; 0-8 cette fois). On s’est donc moins fait « carotter », si vous nous passez l’expression. On ne va pas s’appesantir outre mesure sur les circonstances du match : il n’y a pas grand chose à faire contre les douzuples championnes de France et triples championnes d’Europe, même privées de Wendy Renard (des surfaces). Que l’équipe joue de manière étirée comme l’année dernière, ou plutôt regroupée en défense comme cette année avec la seule Sarr en pointe, quoique soutenue par 3 milieux plutôt offensives qui n’ont pas le loisir de vraiment s’exprimer en pareil contexte, le résultat est quasi-similaire. On a quand même eu l’impression que les filles n’ont pas été systématiquement débordées comme c’était le cas la saison dernière, où les déferlantes sur le but d’Elisa Launay (puis de Floriane Azem) avaient été pénibles à suivre, les Lyonnaises parvenant à déjouer le hors-jeu à chaque attaque. Point positif : cette fois, pas de blessée : en mars dernier, Bultel puis Launay avaient dû céder leur place en cours de match.
1e Premier gros arrêt de Launay. Ça va être long.
3e Réplique lilloise : le coup-franc de Marine Dafeur, suite à une faute sur Julie Dufour, passe à côté.
4e Allez hop, Maud Coutereels envoie sa première adversaire à terre en protégeant le 6 mètres.
5e Centre de la gauche, tête aux 6 mètres, 0-1.
6e Très beau dribble de Marine Dafeur, qui obtient un coup-franc, qu’elle dévisse et dont la gardienne s’empare, même si on a un moment cru que ça filait dans le but.
11e Super arrêt de Launay. S’ensuit un cafouillage qui s’achève avec une frappe lyonnaise à côté du ballon, qui fait bien rire tout le monde.
12e 0-2. Je ne décris plus rien.
18e Tentative d’incursion lilloise dans le camp lyonnais : Saïdi ouvre vers Sarr, qui contrôle un peu trop longuement et la gardienne lyonnaise récupère.
20e Super tacle de Coutereels !
22e Sarr revient en retrait pour heurter Marine Dafeur. Sans doute un contentieux entre les deux joueuses.
Dans la foulée, belle sortie d’Elisa Launay face à deux attaquantes.
23e Double récupération de Silke Demeyere, qui râle ensuite sur l’arbitre car elle n’obtient pas la touche. On ne l’a pas changée, c’est bien !
24e Apparemment, elle n’est vraiment pas contente car elle récolte un carton jaune juste après. Mais si elle n’avait pas été en retard et si elle n’avait pas touché de cheville, c’était parfaitement régulier.
31e Là on balance un peu trop sur Sarr, qui manque de soutien. Elle parvient ici à bien dévier sur Tolmais qui est vite contrée en touche.
32e Rapide contre des Lyonnaises à 5 contre 3, qui fait passer une rumeur dans le public tant ça va vite. Mais la dernière passe est ratée.
33e Ah, là on a eu un beau petit mouvement Coutereels-Tolmais-Dafeur-Sarr sur le côté gauche, mais très loin du but lyonnais. On en est réduit à trouver quelques satisfactions dès lors qu’on parvient à enchaîner 3 passes.
34e 0-3. Dominique Carlier a l’air de contester quelque chose mais je n’ai pas saisi quoi. Peut-être simplement le fait d’encaisser un but.
35e Launay sauve du pied !
Bronze, c’est pas la numéro 3 normalement ?
40e Launay est sortie, mais Coutereels rattrape l’affaire en sauvant aux 6 mètres.
44e Et en plus il se met à pleuvoir.
C’est la mi-temps, 0-3. Kékevouvoulez qu’on dise ? Les Lyonnaises sont très impressionnantes, et semblent de plus jouer avec facilité. Hormis sur quelques dégagements de la défense lilloise que Sarr contrôle dos au but en 1 contre 1, elles sont toujours en surnombre. Difficile dans ces conditions d’ambitionner mieux qu’encaisser le moins de buts possible…
46e 0-4
49e Contre de Sarr, qui part dans une longue chevauchée, prend son adversaire de vitesse et s’apprête à se présenter face à la gardienne, mais la défenseure tacle par derrière et touche le ballon du bout du pied sans faire de faute. Beau retour.
57e Rachel Saïdi tente une astuce : jouer avec la main. Mais ce n’est toujours pas autorisé, même à 0-4. Coup-franc, que Silke contre. Elle sort pour être soignée.
59e Il ne se passe pas grand chose depuis la reprise, ce qui n’est pas plus mal.
63e Marine Dafeur, de la gauche, adresse un centre-tir intercepté par la gardienne. Et pour une fois que les Lilloises étaient montées en nombre dans le camp adverse, elles se font prendre en contre : 0-5. Celui-là, il est contre le cours du jeu !
66e Double changement côté lillois : Caroline La Villa remplace Silke Demeyere, et Lina Boussaha remplace Julie Dufour.
69e Voilà autre chose : fausse touche de Héloïse Mansuy, qui a troqué son n°27 contre le n°20 cette année. Pour se rattraper, elle contre le centre lyonnais dans la foulée.
72e 0-6.
74e Les Lyonnaises sont chaleureusement applaudies lors des changements.
77e Jana Coryn entre à la place de Danielle Tolmais.
79e Frappe en pivot, Launay se détend et dégage.
82e Gros cafouillage dans la surface lilloise suite à une glissade de Lernon. Corner.
83e AH ! Voilà de quoi redonner le sourire à tout le monde : Boussaha, prise de vitesse sur une ouverture en profondeur de Launay, prend son adversaire à la gorge et la met par terre. C’était vraiment laid ! Quelques applaudissements çà et là dans le public.
87e 0-7.
92e 8e carotte. 0-8.
10 la saison dernière ; cette fois, les carottes sont que 8
Bon, c’est fini. Kékevouvoulez qu’on dise ? Difficile de tirer des enseignements contre un adversaire de ce calibre. Même si on en prend 8, on peut dire que Launay, Nicoli et Coutereels ont surnagé, mais aussi parce qu’elles sont forcément les plus sollicitées. On a tout de même pu voir – on s’en était déjà aperçu l’année dernière – que Dufour a un très beau toucher de balle, et que Tolmais offre une solution offensive supplémentaire par rapport à l’année dernière, dans un style bien différent de Sarr et Coryn. Mais il n’était a priori pas prévu de prendre des points ce dimanche. Attendons une opposition plus équilibrée. Le prochain match à domicile aura lieu le week-end du 22 septembre, contre Dijon.
Posté le 25 août 2018 - par dbclosc
D’Arribas à aujourd’hui, retour sur quarante ans de formation au LOSC
En matière de formation, l’arrivée de Gérard Lopez à la tête du LOSC a davantage accéléré une tendance déjà observée depuis quelques années, laquelle s’inscrit elle-même dans un mouvement plus général. S’il n’est pas nouveau que les clubs espèrent pouvoir revendre leurs joueurs au meilleur prix, il est en revanche beaucoup plus récent – en tout cas en France – qu’il s’agisse d’une stratégie rationalisée s’inscrivant dans une logique de marché.
Quand il arrive au LOSC en 1977, José Arribas est avec d’autres l’un des acteurs d’une stratégie visant à faire de la formation un maillon fort de la stratégie du club, faisant de Lille l’un des clubs pionniers dans le développement des centres de formation. Schématiquement, l’idée et d’attirer de jeunes talents de 15 ou 16 ans afin de les former pour en faire l’ossature de l’équipe de demain. Il y a là une perspective de long terme s’articulant à l’idée que le club doit se construire une identité de jeu propre, un « moule » dans lequel doivent se couler ces jeunes qui sont amenés à devenir les prochains garants de l’identité du club une fois qu’ils seront arrivés à maturité.
Arriba José Arribas !
Si le LOSC n’a pas encore une forte proportion de joueurs formés au club au début de l’ère Arribas (1977-1982), c’est tout simplement parce que les jeunes qui doivent fonder l’ossature de demain viennent tout juste d’arriver et appartiennent pour l’essentiel aux générations nées en 1963 et 1964. En attendant, il faut donc recruter des joueurs qui, à défaut de nécessairement représenter l’avenir, peuvent être les passeurs de témoin de ces valeurs. A cet égard, la très forte stabilité de l’effectif de José Arribas est emblématique de cette philosophie.
La stabilité de l’effectif d’Arribas était à l’exact opposé de ce que l’on observe aujourd’hui. Non seulement il ne chamboulait pas son effectif d’une année à l’autre, se contentant de quelques retouches sur des aspects stratégiques, mais, plus généralement, il ne changeait pas son onze de la saison, ni même de stratégie au cours d’un match. Arribas était en effet en son temps l’entraîneur qui utilisait le moins les remplacements en cours de match à une époque où l’on faisait peu de changements en cours de match. Imaginez aussi que, en 1979/1980, le LOSC de José Arribas a cinq joueurs qui débutent l’ensemble des 38 journées de championnat et 8 qui en débutent au moins 35.
Mais alors, direz-vous, comment les jeunes peuvent avoir leur chance si l’entraîneur garde le même onze du début à la fin du championnat ? C’est précisément parce qu’il avait une telle confiance dans sa stratégie qu’il n’hésitait pas à faire de l’un de ces jeunes un membre à part entière de son onze en début de saison. Dès son arrivée, Arribas fait ainsi de Pierre Dréossi, aucun match en pro jusqu’alors, l’un de ses titulaires. A 23 ans, quand il quitte Lille pour Sochaux, Dréossi a joué six saisons pleines, ponctuées de 212 matchs de championnat et 30 de coupe. En 1981, c’est au tour d’Eric Péan, 17 ans, de devenir l’un des piliers d’Arribas. Il restera encore six ans, disputant 204 matchs de D1, 28 en coupe de France et 10 autres en coupe de la Ligue. Soit 242 au total, comme Dréossi.
Le LOSC 1978/1979
Cette politique de formation n’est, bien sûr, pas le produit de l’action d’un seul homme. Elle doit beaucoup, par exemple, à Jean Parisseaux qui encadrera les jeunes de la D3 jusqu’en 1986. Elle doit aussi à d’autres, comme Jean-Michel Vandamme, ancien jeune espoir qui, ne parvenant pas à percer en équipe première, décidera d’abord d’offrir son expérience de joueur à ses jeunes coéquipiers de la réserve. Elle doit aussi beaucoup à Arnaud Dos Santos, ancien joueur d’Arribas devenu entraîneur de l’équipe première en 1982, qui lance l’essentiel de la génération des jeunes Dogues nés en 1963 et 1964 : c’est en effet avec lui que débutent en D1 Pascal Guion, Thierry Froger, Michel Titeca, Eric Prissette, Rudi Garcia et Luc Courson. Et encore ne parlons-nous que des jeunes formés au club, Jean-Pierre Mottet, Dominique Thomas (formés à l’INF Vichy), Othello Carré (à Beaurevoir), Stéphane Morillon (à Laval) et Alain Vandeputte (au PSG et à Caen) étant également lancés dans le grand bain par Dos Santos.
De cette génération, Georges Heylens ne lance que Bernard Lama (barré dans les cages par Mottet), Jean-Pierre Meudic (au aurait sans doute débute la saison précédente s’il n’avait pas ét prêté à Libourne). L’arrivée du technicien belge en 1984, si elle est concomitante de la saison qui constitue sans doute le plus beau succès sportif de la génération des 63-64 loscistes, n’est donc associée à aucun regain d’intérêt pour la formation. Cette réussite demeurant d’abord le produit d’un travail engagé sept ans plus tôt.
Le classement final du LOSC cette saison-là ne fût certes pas terrible (15ème, son pire classement à une exception près depuis la remontée de 1978) mais il traduit alors d’abord le fait que l’équipe a alors concentré l’essentiel de son énérgie sur la coupe France dont elle atteint les demi-finales. Ils écrivent surtout leur légende lors d’une double confrontation contre Bordeaux, champion de France en titre : battus 3-1 à l’aller, rapidement menés 1-0 au retour, les Dogues réalisent l’exploit impensable de renverser la vapeur l’emportant 5 buts à 1 après prolongation. Parmi les héros qui disputent la rencontre, cinq ont été formés au club auxquels ont doit ajouter Mottet (venu de l’INF Vichy) et les jeunes Périlleux et Thomas (21 ans) et Thierry Froger entré au match aller.
Pascal Guion au cours du mémorable Lille/Bordeaux (5-1)
Si Georges Heylens a abondamment puisé dans le vivier des jeunes lancés par ses prédécesseurs, il n’a en revanche pas installé de jeunes dans son onze à l’exception donc de Lama, en 1986, et de David Guion, en 1988. Les jeunes de la génération suivant celle des 63-64 ont en conséquence pâti de cette stratégie. Alama Soumah, Fabrice Leclerc, Perdo De Figueiredo, Dany L’Hoste et Bruno Rohart ne constituant que certains exemples d’une génération talentueuse qui n’a jamais percé au plus haut niveau. Sur le graphique suivant, on voit que la part des joueurs formés au club a d’abord connu une brusque augmentation à partir de la saison 1981/1982 (avec Arribas) pour se maintenir aux alentours des 35 % jusqu’en 1986/1987. Avec Heylens, une toute aussi brusque baisse de la part des joueurs formés au club s’observe à partir de 1987/1988, la proportion descendant en dessous des 20 % jusqu’en 1992/1993.
A partir de 1993/1994, la part des jeunes formés au club dans l’ensemble du temps de jeu remonte, d’abord au-dessus des 25 %, puis des 30 % à partir de 1995/1996. Il est cependant délicat d’attribuer une grande importance aux seuls entraîneurs dans ces fluctuations.
D’abord, avec Heylens, cette évolution doit plus généralement à un changement de stratégie, s’inscrivant dans une tendance nationale, poussant le club à chercher à recruter des « vedettes ». En outre, 1987 qui correspond à un tournant en matière de temps de jeu des jeunes formés au club correspond au départ des frères Plancque, non retenus notamment en raison de polémiques qui les ont touchés la saison précédente. C’est aussi l’année du départ d’Eric Péan qui est « promu » à Bordeaux. Certes, on trouve des éléments traduisant une moindre conviction dans le développement d’une stratégie de formation, notamment à travers le cas du recrutement de Cyriaque Didaux en 1985. A l’époque, le LOSC recrute l’ailier rouennais en l’échangeant avec Michel Titeca et Pascal Guion. Là où le bât blesse, c’est que le staff lillois fait le choix d’attirer un joueur de 24 ans qui présente un profil analogue à celui de Pascal Guion, seulement âgé de 20 ans. Le choix est étonnant d’autant que Didaux ne semble pas apporter une plus-value incontestable par rapport à celui qu’il remplace ce qui divisera en interne.
Ensuite, avec Santini, le faible temps de jeu accordé aux jeunes s’explique moins par une défiance par rapport à la politique de formation que par le fait que la formation de l’époque ne dispose pas encore du vivier suffisant : les jeunes de la génération 63-64 comme ceux des générations suivantes sont partis, et Santini promeut le peu de jeunes dont il dispose : dès son arrivée en 1989, il fait d’Eric Decroix un titulaire et il lance les jeunes Oumar Dieng, Fabien Leclercq et Farid Soudani (nés en 1972 !).
28 octobre 1989 : Oumar Dieng débute e D1. A ses côtés, Eric Decroix
Le regain d’intérêt pour les jeunes du centre de formation à partir de 1993 s’explique alors à la fois par l’émergence d’un vivier de jeunes joueurs talentueux et par un contexte de restriction budgétaire qui favorise que ces jeunes aient leur chance : ce sera notamment le cas de Djezon Boutoille, Cédric Carrez, Frédéric Dindeleux, Fabien Leclercq et Antoine Sibierski.
Le centre de formation lillois continuera d’alimenter abondamment l’équipe première lilloise dans les années suivantes et jusqu’à la fin des années 2000. Si Vahid Halilhodzic et Claude Puel n’ont pas strictement mis en place la même stratégie, on trouve des propriétés communes à leurs approches, lesquelles s’inscrivent en partie dans la lignée de leurs prédécesseurs : pour l’un comme pour l’autre, il s’agissait de construire une équipe sur le long terme, en s’appuyant sur une ossature destinée à rester sur la durée. Dans ce schéma, les jeunes joueurs formés au club ont leur importance et les meilleurs d’entre eux sont voués à intégrer progressivement l’équipe première. Comme on le voit sur ce second graphique, ils conserveront une très forte importance dans les effectifs respectifs du coach bosniaque et de l’ancien monégasque.
De 1997 jusqu’au départ de Claude Puel, en 2008, la part des jeunes du centre de formation dans le temps de jeu total de l’équipe oscille aux alentours des 30 %. Sur cette période, il atteint son niveau le plus bas en 2002/2003 (23 %) c’est-à-dire au cours de l’année de « reconstruction » suivant le départ de Vahid Halilhodzic.
La part des jeunes issus du centre de formation connaît ensuite une baisse drastique, pour descendre en-dessous des 10 % au cours des trois dernières saisons. Pour autant, comme nous allons le développer, cette baisse s’explique par une tendance générale de l’évolution du rôle qui est dévolu aux jeunes dans la stratégie des clubs, et les difficultés que nous avons eu à classer certains joueurs comme ayant ou non été formés au club.
Qu’est-ce qu’un joueur formé au club ?
Au cours de notre opération de classement des joueurs comme ayant été formés au club ou non, nous n’avons pas rencontré de difficultés majeures sur la période 1978-2005. Le schéma était presque toujours le même : le joueur rejoignait le centre au cours de son adolescence, y était formé, puis il rejoignait l’équipe première.
Dans les années récentes, il est devenu de plus en plus difficile de classer ces joueurs, le concept de « formation » perdant considérablement en importance. Il en est ainsi d’un joueur comme Adil Rami qui rejoint le LOSC à plus de 21 ans. Si l’on peut trouver une part de formation dans son parcours losciste, c’est la « détection » qui caractérise le plus sa trajectoire. La formation impliquait jadis de dépenser un peu d’énergie dans la détection, c’était bien le travail de formation qui prédominait et qui trouvait son schéma archétypique dans la philosophie d’Arribas, valorisant particulièrement l’idée d’identité de jeu locale (1). Le cas de Rami illustre au contraire un cas de figure où la détection du « talent » du joueur est primordiale plutôt que sa formation.
On trouve d’autres exemples frappants de cette tendance à travers le recrutement croissant de jeunes joueurs africains à partir de la fin des années 2000 et dont on trouve des exemples dans les cas d’Idrissa Gueye ou, plus près de nous, d’Yves Bissouma. Pour ceux-ci, on ne sait pas dans quelle mesure on doit les considérer comme ayant été formés au club ou comme étant des recrues. Précisons que nous n’avons pas toujours opté pour le même classement pour ces joueurs.
Idrissa Gueye arrive au LOSC en 2007 en provenance de l’Institut Diambars au Sénégal où il effectue la première partie de sa formation. Le jeune milieu de terrain doit ensuite patienter deux ans et demi avant de faire ses débuts avec l’équipe première, le 23 janvier 2010, à l’occasion d’une triste élimination en coupe de France contre Colmar. Au regard du temps passé entre son arrivée au club et ses débuts, nous avons jugé logique de le considérer comme un joueur « formé au club ».
Le cas d’Yves Bissouma est sensiblement différent. Formé à l’Académie Jean-Marc Guillou, Yves Bissouma signe en première division malienne en 2014, à l’AS Réal Bamako. En mars 2016, le LOSC l’attire tout comme Kouamé. Nous ne l’avons pas considéré comme « formé au club », d’abord parce qu’il jouait déjà en première division malienne, mais aussi en raison du fait qu’il a très vite rejoint l’équipe première, traduisant le fait qu’il a en réalité été peu « formé » chez les Dogues : il fait en effet la préparation avec les pros lors de l’été 2016 et débute en équipe première dès le 20 septembre 2016 lors d’un match perdu contre Toulouse (1-2).
Mais, direz-vous, on a encore un vrai centre de formation. Et les jeunes qui, comme jadis, y arrivent à leur adolescence, quelles sont leurs trajectoires ? Le cas de Martin Terrier illustre bien une nouvelle tendance. Débutant en équipe première en novembre 2016, le jeune attaquant est prêté à Strasbourg alors qu’il ne compte encore que 248 minutes de jeu en L1 et 286 autres en coupes. En parallèle, Martin cartonne avec l’équipe de France Espoirs ce qui fait considérablement monter sa cote. L’une des évolutions récentes du football tient à l’importance croissante du « marché des transferts » dans lequel l’âge des joueurs constitue une donnée essentielle de la valeur. Dans ce contexte, et malgré sa faible expérience du haut niveau, Terrier est transféré à Lyon pour 11 millions d’euros plus 4 (2) de bonus.
Il est en effet frappant de constater à quel point la plupart des jeunes joueurs formés au club par le LOSC au cours des dernières années ont quitté le club de manière précoce. Bien sûr, tous les cas ne sont pas strictement similaires, mais examinons les cas de ces joueurs récemment formés au club et arrivés en équipe première : Divock Origi quitte Lille pour Liverpool à 20 ans ; Adama Traoré pour Monaco au même âge ; Lucas Digne pour le PSG et Benjamin Pavard pour Stuttgart, également à 20 ans. On nous rétorquera, en partie à raison, que ces départs s’expliquent par le contexte : pour Pavard, celui de son désaccord avec le coach et, pour les autres, par l’impérieuse nécessité de trouver des fonds pour boucler le budget. Si cela est exact, on pourrait renverser le raisonnement : et si, plutôt que d’interpréter les difficultés financières comme expliquant la nécessité de vendre, on analysait ces difficultés financières comme une éventualité fortement probable, dans un système qui s’appuie largement sur la spéculation autour des transferts ? En ce sens, la stratégie de Gérard Lopez au LOSC traduit plutôt une vision exacerbée de la tendance à l’oeuvre à l’heure actuelle plutôt qu’elle ne constitue une stratégie à part.
Si la jeunesse de l’effectif du LOSC d’aujourd’hui et celle du LOSC de 1984 avaient en commun de leur autoriser à nourrir de légitimes espoirs pour la suite c’est pourtant pour des raisons très différentes. En 1984, il fallait conserver ces jeunes pour qu’ils progressent. Aujourd’hui, il faut les vendre au moment permettant la plus forte plus-value. Dans les années 1980, c’est surtout le niveau en lui-même du joueur qui fait sa valeur marchande, là où la marge de progression constitue désormais un critère de plus en plus déterminant. Il y a 30 ans, les clubs qui consentaient à payer des indemnités de transfert pour le recrutement d’un joueur ne le faisaient pas dans l’intention de le revendre en réalisant une plus-value mais presque uniquement pour renforcer leur effectif. Bien sûr, quand un joueur de valeur avait des velléités de départ, celui-ci se négociait, mais l’indemnité de transfert ne se pensait alors pas comme s’inscrivant comme une source rationalisée de ressources pour le club.
En 1984, puisque la valeur marchande des joueurs ne reposait pas véritablement sur la marge de progression comme c’est le cas aujourd’hui, il n’y avait pas vraiment d’intérêt à vendre ces joueurs. Avec le marché des transferts actuel, l’effectif du LOSC de l’époque aurait eu une importante valeur marchande étant donné qu’il s’agissait du club dont la moyenne d’âge était la plus basse et que nombre de ces jeunes étaient titulaires ce qui contribue à leur valeur. L’échange des deux jeunes espoirs Titeca et Guion (20 ans tous les deux) contre Didaux (24 ans) apparaîtrait aujourd’hui comme une escroquerie pour les Lillois. S’il a pu diviser en interne, cet échange n’est pas alors paru comme absurde.
Aujourd’hui, le LOSC dispose d’un effectif très jeune de joueurs compétitifs. Avec les seuls joueurs de 21 ans ou moins, on pourrait constituer un onze qui aurait toute sa place dans l’élite française : Koffi – Ballo-Touré, Dabila, Gabriel, Celik – Soumaré, Maia, Vérité – Ikoné, Faraj, Leão. Mais dans ce onze, on ne compte que deux joueurs formés au club, Benjamin Vérité et Imad Faraj : ce sont sans doute ceux qui auront moins l’occasion de jouer cette saison si l’on fait exception du cas spécifique du gardien, Hervé Koffi.
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Notons au passage que cette philosophie a vraisemblablement ses limites dans le fait qu’en formant un joueur à un style de jeu bien particulier, on destine plus ou moins les joueurs en question à faire l’essentiel de leur carrière dans leur club formateur. On trouve dans les parcours des anciens nantais du milieu des années 1990 les limites de cette logique : rayonnants avec le FC Nantes, Ouédec, Pédros et, dans une moindre mesure, Loko, ont ensuite connu plus de difficultés une fois qu’ils avaient quitté le cocon nantais.
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4 millions, hein, pas 4 euros.
Posté le 6 août 2018 - par dbclosc
Failles dans le complot : 16 décisions arbitrales surprenantes en faveur du LOSC
Le complot contre le LOSC a aussi ses défaillances : aussi étonnant que cela puisse paraître, le LOSC a parfois bénéficié d’une grande mansuétude de la part des arbitres. En voici 16 illustrations depuis 1993.
Quand on se rappelle que la CIA n’a pas vu venir le 11 septembre ou que le Mossad s’est fourvoyé dans l’affaire de Lillehammer, on se dit que toute organisation, aussi puissante soit-elle, a ses ratés. Mais parlons ici des vrais problèmes. Le massif complot contre le LOSC, comme nous le savons tous, bénéficie dans l’ombre de relais et de complicités d’une toute autre ampleur, et nous nous attachons sur ce blog à en révéler les traits les plus saillants.
Nos enquêtes montrent cependant qu’en dépit de ses puissances souterraines, le complot maléfique a parfois capoté. Un hors-jeu non sifflé pour notre attaquant, des coups de pied arrêtés généreux, des buts encaissés par nos Dogues qui passent inaperçus… Qu’importe son expression, la résistance au complot peut parfois prendre la forme d’un plan diabolique mal ficelé, peut être le fruit du hasard, ou encore résulter du courage d’un homme, généralement muni d’un sifflet, qui ose dire « non ». Non à l’injustice, non à la barbarie, non au complot. En 2007, la Poste a rendu un vibrant hommage à ceux qui ont osé se lever dans l’adversité, avec l’édition d’un timbre-poste spécial pour les « Justes de France qui z’ont dit non au complot contre le LOSC ».
Voici donc 14 complots contre le LOSC habilement déjoués.
Oumar Dieng au challenge Emile-Olivier, juillet 1993 : trêve des expulsions pour les Sénégalais
Durant le mois de juillet 1993 a lieu le traditionnel Challenge Emile Olivier. Le LOSC s’incline lors du premier match contre Valenciennes (2-2 ; 2-4 aux tirs aux buts). Il doit donc affronter Dunkerque le lendemain dans la « petite finale » pour la troisième place. Alors que Lille mène 2-0, le match est marqué par une décision originale à la 60e minute : auteur d’une grossière faute sur un Dunkerquois, Oumar Dieng est sur le point d’être expulsé. Cependant, l’arbitre, un certain M. Jannot, plutôt que de sortir un carton rouge, demande à Pierre Mankowski, l’entraîneur lillois, de remplacer le joueur. Éric Decroix remplace donc Oumar Dieng, le LOSC reste à 11, et finit par s’imposer 3-2. On va dire que c’était dans l’esprit d’un tournoi amical.
Youri Djorkaeff, août 1994, un but accordé en principe, ôté
20 août 1994, 5e journée du championnat : en dépit d’une victoire 1-0 – la première d’une longue série cette saison-là -contre Strasbourg, le LOSC se place rapidement en bas de classement. En principauté, les Dogues retrouvent le co-meilleur buteur de la saison 1993-1994 : Youri Djorkaeff. Celui-ci marque son premier but de la saison dès la 11e minute, et l’ASM creuse l’écart avant la pause. En fin de match, Madar, seul face à Nadon, frappe à côté mais Leclercq remet Djorkaeff en jeu : Youri reprend, et Leclercq dégage de nouveau le ballon, mais de derrière la ligne. Tout le monde s’arrête de jouer, 3-0 ! Mais l’arbitre n’a pas bien vu : pour lui, le ballon est toujours en jeu. Monaco ne s’impose donc que 2-0.
Gérald Passi avec Saint-Etienne, novembre 1994 : 20 centimètres au fond qui laissent sans réaction
C’est écrit : cette année-là, le LOSC a pour obligation de remporter 10 de ses matches à domicile sur le score de 1-0. Tout événement qui viendrait contrecarrer ce plan doit être sévèrement combattu. C’est pourquoi quand, peu avant la mi-temps, le Stéphanois Gérald Passi envoie un boulet de canon de 20 mètres qui tape le dessous de la transversale de Jean-Claude Nadon puis rebondit très vite au sol, l’arbitre laisse le jeu se poursuivre. Dommage pour lui : les caméras de Canal +, qui retransmettent le match en direct, montrent clairement que le ballon a franchi la ligne de but d’une bonne vingtaine de centimètres, mais faute de goal-line technology, on en reste à 0-0. Interviewé à la mi-temps, Gérald Passi n’en fait pas toute une histoire et dit en substance que c’est bien dommage. Farina inscrit le seul but du match en seconde période en reprenant de la tête un corner de Bonalair. Voici la vidéo de l’action grâce aux charmants collègues de ASSE Memories qui nous l’ont envoyée.
Lille-Nîmes, août 1999 : premier round
Deuxième journée d’une saison qui sera exceptionnelle pour les Lillois. La semaine précédente, ils se sont imposés à Laval pour l’ouverture du championnat. Mais là, le LOSC bute sur Nîmes pour sa première à Grimonprez-Jooris. Pourtant, en première période, Lille avait (presque?) marqué : une frappe de Bakari a été repoussée par un arrière nîmois, mais à quel niveau ? Pour Carl Tourenne, pas de doute : « je peux vous assurer que le but de la première période est valable. Dagui peut le confirmer : la balle était rentrée de 20 bons centimètres ». L’arbitre doute-t-il ? On joue la 84e minute, et les crocos jouent la montre : le gardien nîmois, Marc Delaroche, vient cueillir un ballon des deux mains à l’entrée de sa surface de réparation. Au contact avec Dagui Bakari, il s’écroule. Le pied du gardien a-t-il été touché ? Des tribunes, cela n’a rien d’évident. Et pour l’arbitre non plus : M. Veissière accorde un coup-franc aux Lillois : « je lui avais déjà reproché à deux reprises de vouloir gagner du temps. Là, je le vois s’emparer du ballon et tomber. Alors que j’étais convaincu qu’il ne s’était rien passé. J’ai sifflé pour comportement anti-sportif et perte de temps. C’est possible que Marc Delaroche se soit blessé, mais j’ai jugé sur l’instant. J’étais agacé par toutes ces pertes de temps ». Après 4 minutes de confusion, le coup-franc indirect, dans la surface de réparation, est décalé à Bruno Cheyrou : le ballon est dévié et finit au fond ! Lille gagne 1-0, et le match finit en pugilat. Après le match, Delaroche est furieux : « M. Veissière a commis une erreur, il a pénalisé tout le monde. Je n’ai pas l’habitude d’être un tricheur ». Quant à l’entraîneur nîmois, Serge Delmas, ses menaces sont à peine voilées : « La fin du match ? Et alors, on n’aime pas l’injustice, on n’allait quand même pas dire merci. Je n’ai pas l’impression d’avoir été volé, j’en ai la certitude. Mais la route est longue et on se retrouvera à Nîmes ». Et les retrouvailles furent épiques, le LOSC ayant remonté 3 buts dans le dernier quart d’heure à 11 contre 9 pour arracher un nul inespéré. Et comme il se doit, bagarre générale lors du retour aux vestiaires.
Gros clin d’œil de Gilles Veissière à Carl Tourenne : « je vous offre un coup-franc, profitez donc que le gardien ait la cheville cassée ! »
Johan Gallon à Caen, septembre 1999 : le pénalty-fantôme
11e journée de D2 : le LOSC est en tête de la D2 avec… 28 points. Autrement dit, ça fait 9 victoires et un nul en 10 matches. C’est exceptionnel, mais plus le temps passe, et plus nos adversaires voient comme un formidable défi l’idée de nous faire tomber les premiers. Caen, candidat à la montée, va y parvenir, en s’imposant 1-0. Les Caennais ont pourtant marqué 2 fois ce soir-là, mais seul le but de N’Diaye, sur une bête erreur défensive juste avant la pause, a été vu. Dès la 10e minute, les Normands obtenaient un pénalty à cause d’une faute d’Ecker dans la surface. Johan Gallon s’élance : le ballon tape la barre, entre dans le but, retape la barre, rebondit sur la ligne, et tape de nouveau la barre ! Réglementairement, on en a rien à faire que le ballon tape la transversale deux fois après être entré, puisque le jeu aurait dû être arrêté pour le fait de jeu suivant : « but marqué ».
Mais le sympathique M. Glochon annonce que si le Caennais avait vraiment voulu marquer, il aurait dû faire ça de façon plus limpide, avec un ballon qui reste au fond des filets. Le but n’est donc pas accordé. Pour la petite histoire, c’est sur ce même but qu’Eric Roy s’était vu injustement refuser son tir au but contre Lens 8 mois auparavant, après un tir assez similaire.
Lille-Guingamp, novembre 1999 : le show D’Amico
On a déjà eu l’occasion de parler de cet épisode (car on aime beaucoup Fernando D’Amico si vous ne l’aviez pas remarqué). Lille reçoit Guingamp pour ce choc de deuxième division. Lille caracole en tête mais Guingamp, deuxième, entend profiter de deux récentes défaites du LOSC, face à Sochaux et à Créteil, pour se rapprocher. Lille mène 1-0 à la mi-temps grâce à une tête de Jean-Louis Valois. À l’entame de la seconde période, le gardien lillois Grégory Wimbée est expulsé pour une main en dehors de la surface. Christophe Landrin le remplace et les Bretons bénéficient d’un coup-franc bien placé face au but. Le mur lillois se forme. L’attaquant de Guingamp, Abdelhafid Tasfaout, tente de se placer entre le mur et le gardien lillois. Le voyant approcher, Fernando lui bloque le passage, les deux joueurs se heurtent, et Fernando simule une agression. Entre deux roulades, Fernando jette un petit coup d’œil en scred pour voir si l’arbitre sort un rouge. Et en effet, Tasfaout est expulsé, les Guingampais protestent, le public lillois, qui a tout compris au manège, est hilare. Fernando nous avait raconté : «Tasfaout est venu vers moi. J’étais dans le mur. Je me mets sur le passage, je tombe, il a eu carton rouge. Mais le carton de Grégory, c’était pas juste. Donc on a compensé un peu. C’est pas tricher, c’est être malin. C’est très professionnel finalement ». Quel homme ! À l’arrivée, Lille s’impose 2 à 0 dans une fin de match au climat délétère.
Gueugnon en avril 2000 : Vahid accorde le but
Le LOSC est largement en tête du championnat de D2 et est même déjà assuré de remonter : l’enjeu est désormais d’assurer le titre au plus vite. Gueugnon, de son côté, a encore une chance d’accrocher l’une des places pour remonter dans l’élite, et va surtout jouer une finale de coupe de la ligue dans une semaine contre le PSG. En début de seconde période, Amara Traoré ouvre le score sur pénalty. D’habitude quasi-intraitables à domicile, les Lillois, en roue libre, semblent se diriger vers leur seconde défaite à domicile. Mais à la 82e, Abdelilah Fahmi envoie un coup-franc sur la transversale. Après un cafouillage, Bruno Cheyrou parvient à reprendre et à mettre le ballon au fond des filets. Mais le but est refusé. M. Lalu s’en explique : « sur le ballon de Fahmi, le ballon frappe la transversale et revient en jeu. Il est touché par Peyrelade au point de pénalty, puis repris de volée par Cheyrou. J’ai un doute et je pense que Peyrelade l’a touché de la main ». Mais Vahid Halilhodzic n’est pas d’accord : il pique un sprint vers l’arbitre assistant, M. Crespo, pour lui demander de déjuger son collègue. S’ensuit, selon la Voix du Nord, une « pagaille indescriptible » à l’issue de laquelle M. Lalu revient sur sa décision et accorde le but ! « Venant vers moi, Peyrelade a les yeux de la sincérité. Il a mis le doute en moi. Je vais donc voir mon collègue M. Crespo qui m’affirme qu’il n’y a aucune faute. Deux solutions s’offrent à moi : soit j’accorde le but, soit je le refuse. Je préfère prendre la solution la plus juste, à savoir revenir sur ma décision ». Les Gueugnonnais sont furieux. Sur l’engagement, ils posent une réserve. Le capitaine Traoré dit à M. Lalu : « Vahid Halilhodzic met la pression sur l’arbitre assistant et vous accordez le but ». L’arbitre affirme n’avoir cédé à aucune pression, indiquant que Vahid a été « très correct envers [M. Crespo], même s’il n’aurait pas dû sortir de sa zone ». Alex Dupont, l’entraîneur des forgerons, ne décolère pas après le match : « M. Lalu avait choisi son camp ce soir. Nous tenions la victoire. Je suis particulièrement déçu par le comportement de certaines personnes. Une course de 50 mètres, moi je n’ai pas le droit de le faire ». On peut en tout cas se demander en effet si, sans l’intervention de Vahid, le but aurait été accordé. Quant aux images de Canal +, la Voix du Nord affirme qu’elles ne permettent pas de se faire une idée. Et de toute façon on ne les a pas. Score final 1-1.
Pas serein le M. Crespo. Notons que le sosie de Marcelo Bielsa s’est immiscé dans la discussion.
Nicolas Dieuze à Toulouse, mars 2001 : trop seul pour ne pas être hors-jeu
Le LOSC est en tête et Toulouse est relégable, mais les Lillois souffrent. Ils ne doivent le maintien de leur avantage précoce (but de Sterjovski, 9e) qu’à un match exceptionnel de Grégory Wimbée, qui remporte pas moins de 4 duels face à Victor Bonilla. Alors que l’on entre dans le temps additionnel, Cascini frappe un coup-franc depuis l’angle gauche de la surface de réparation. Toute la défense lilloise monte pour mettre les Toulousains hors-jeu. Toute ? Non. Car un petit distrait nommé Sylvain N’Diaye résiste encore et toujours à la consigne défensive : il reste planté à 8 mètres et permet aux 2 attaquants toulousains les plus haut placés de ne pas être en position illicite. Et c’est même Dieuze, 3 mètres derrière, qui reprend de la tête et marque. Pourtant bien placé, M. Duhamel se laisse berner par la montée collective des Lillois et n’accorde pas le but, même si Dieuze lui dit que l’assistant n’a rien signalé. 5 minutes après, c’est 0-2 grâce un coup-franc dévié de Johnny Ecker.
Bassir contre Marseille, février 2002 : le pénalty-surprise
27e journée du championnat 2001-2002. Après un début d’année civile 2002 compliqué, le LOSC est reparti vers l’avant et reçoit l’OM récemment repris par Bernard Tapie. Côté gauche, Tafforeau multiplie les centres : sur l’un d’eux, Bassir reprend de la tête mais Runje réussit une superbe horizontale. 3 minutes après, à la 34e minute, sur une action similaire, Jurietti et Bassir sont à la lutte et se tiennent. Alors qu’on a plutôt l’impression que c’est le Marocain qui fait une faute (même si le Marseillais en rajoute), l’arbitre M. Layec accorde un pénalty à Lille.
Sur l’un des ralentis, on voit en effet que Bassir est légèrement accroché au niveau du col, mais ce pénalty, bien que l’interprétation de l’arbitre soit défendable, est pour le moins généreux. Bruno Cheyrou le transforme et, en fin de match, Bakari assure la victoire (2-0).
Milenko Acimovic contre Nice, février 2004 : l’auto-croche-pied pour obtenir un péno
Sans remettre en cause l’immense talent et la grande élégance d’Acimovic balle au pied, on l’a vu obtenir quelques coups de pied arrêtés assez litigieux. Parmi ceux-là, un pénalty gagné contre Nice lors de la 25e journée du championnat 2003-2004. Son arrivée au LOSC lors du mercato hivernal, couplée à celle de Tavlaridis, se traduit par une nette amélioration dans le jeu de l’équipe : les Dogues restent sur 3 victoires consécutives, dont une très surprenante chez le leader monégasque. À la 73e minute, Lille est mené d’un but. Acimovic déboule côté gauche et semble accroché par un adversaire. En fait, pas du tout : il place son pied droit en opposition du défenseur et tombe grossièrement : c’est pénalty, qu’il transforme lui-même. Le n°10 technique qui obtient un péno foireux, ça rappelle aussi Bojan Banjac contre Nantes en octobre 1996. Cette astuce du Slovène n’est pas suffisante : le LOSC s’incline 1-2.
La petite Camille, 7 ans, qu’on voit à la mi-temps (0’57), a pour nom Dolignon
Clarence Seedorf, septembre 2006, un Oranje amer
Après un nul à Anderlecht, pour cette deuxième journée de phase de poules, le LOSC reçoit le Milan AC. Endébut de seconde période, Seedorf, servi en profondeur, temporise, crochète et enroule parfaitement sa frappe : dans le petit filet de Tony Sylva. L’arbitre signale un hors-jeu, pourtant inexistant. Impossible de dire ce qu’il serait advenu du parcours du LOSC en Ligue des Champions si ce but de Seedorf avait été accordé… Avec un point un moins, le LOSC aurait tout de même fini 2e de sa poule, mais aurait-il abordé la suite de la compétition de la même manière avec un seul point en deux matches ? On ne saura donc jamais si on aurait pu s’éviter, quitte à être éliminés, le coup-franc de la honte.
Adil Rami à Nice, avril 2008 : un attentat sans conséquence
32e journée de championnat : après un début poussif, notamment lié au départ de nombreux cadres, le LOSC est bien plus séduisant depuis janvier, ce qui lui a permis de remonter dans la première moitié du classement. Les Dogues se rendent à Nice, 5e, un point devant eux. En première période, Koné se joue de Franquart puis est alors salement séché dans la surface par Adil Rami qui semble choqué par son propre geste : le Niçois, bien plus rapide, n’a pas eu besoin de plonger pour réaliser un roulé-boulé spectaculaire qui inquiète quant à l’état de santé de l’attaquant. Le pénalty est la sanction minimale, et Adil Rami s’attend logiquement à être sorti. Mais très généreusement, l’arbitre ne sort qu’un jaune, à la grande surprise du Lillois. L’arbitre a-t-il voulu éviter une double peine ? Eh bien c’est parfaitement réussi, car le pénalty est frappé sur le poteau. Quelques minutes plus tard, Koné revient sur le terrain en boitillant.
Franck Béria à Nice, janvier 2011 : sous le nez de l’assistant
20e journée d’une saison qui va sacrer le LOSC champion. Si les Dogues dominent largement le match, avec un Eden Hazard en feu, ils auraient dû concéder l’ouverture du score à la 36e minute. De la droite, Mounier envoie un centre que Béria ne peut intercepter. Sans qu’on ne puisse lui reprocher de ne pas monter assez vite tant l’action est rapide, sa position, à proximité de la ligne de but, couvre toute attaque niçoise. Précisément, le centre de Mounier est repris à l’entrée de la surface de réparation par Julien Sablé, dont la frappe se dirige vers le cadre. Dans les six mètres, Coulibaly, largement couvert par Béria, dévie le ballon devant Landreau et marque. Pourtant, l’assistant lève son drapeau comme si Béria n’existait pas, alors qu’il est le Lillois le plus proche de lui. On peut aussi remercier Landreau qui, comme à son habitude, lève la main avec beaucoup de conviction dès qu’il encaisse un but, mais on en reste à 0-0 et, 8 minutes après, Gervinho inscrit le premier but du LOSC, qui s’impose 2-0.
N’empêche que si Béria n’est pas là, il a effectivement hors-jeu
Djibril Sidibé à Valenciennes, mars 2013 : le sauvetage derrière la ligne
Depuis quelques semaines, le LOSC (7e) rattrape une première partie de saison délicate, et reste sur 4 victoires consécutives avant ce déplacement à Valenciennes. À la 23e minute, le Valenciennois Sanchez gagne son duel aérien avec Béria et profite d’une air-sortie de Steve Elana pour placer une tête entre le point de pénalty et les 6 mètres. Le ballon file lentement vers le but, Sidibé se jette et parvient à renvoyer le ballon, qui est entré. Mais ni l’arbitre central ni son assistant ne l’ont vu.
Pour compenser un peu, Valenciennes ouvre la marque dans la minute suivante, avant que Lille ne fasse la différence après la pause : 3-1 pour nos Dogues.
Divock Origi à Caen, août 2014 : la double peine gratuite
On sent que ce match va sortir de l’ordinaire au moment où l’on se rend compte que l’auteur de la première frappe du match est le Caennais Lenny Nangis, puis que Marvin Martin arme ensuite un tir côté lillois. Bref, dans un match chiant au possible, les Lillois parviennent enfin à combiner : Lopes trouve Origi en profondeur, parfaitement taclé par Appiah à l’entrée de la surface de réparation. Surprenant tout le monde, y compris les Lillois, M. Desiage siffle un pénalty et exclut le défenseur du SMC ! Bon, on prend hein. Origi transforme le pénalty et le LOSC s’impose 1-0.
Nancy, octobre 2016 : il n’y avait pas hors-jeu
Décidément, M. Desiage est très gentil. Ou plutôt, cette fois-ci, c’est son assistant qui nous donne un coup de main en signalant Dia, l’attaquant de Nancy, hors-jeu, alors qu’il ne l’est pas du tout. Ou alors il l’est selon sa propre règle suivant laquelle « si l’attaquant est devant le défenseur qui le marque, c’est hors-jeu ». Dans sa grande bonté, M. Desiage suit son assistant, et le score reste à 0-0… jusqu’à la minute suivante, où Corchia, déséquilibré dans la surface, obtient un pénalty qu’Eder transforme. Le LOSC s’impose 1-0. C’est à 1’46 dans la vidéo ci-dessous :