Posté le 25 août 2018 - par dbclosc
D’Arribas à aujourd’hui, retour sur quarante ans de formation au LOSC
En matière de formation, l’arrivée de Gérard Lopez à la tête du LOSC a davantage accéléré une tendance déjà observée depuis quelques années, laquelle s’inscrit elle-même dans un mouvement plus général. S’il n’est pas nouveau que les clubs espèrent pouvoir revendre leurs joueurs au meilleur prix, il est en revanche beaucoup plus récent – en tout cas en France – qu’il s’agisse d’une stratégie rationalisée s’inscrivant dans une logique de marché.
Quand il arrive au LOSC en 1977, José Arribas est avec d’autres l’un des acteurs d’une stratégie visant à faire de la formation un maillon fort de la stratégie du club, faisant de Lille l’un des clubs pionniers dans le développement des centres de formation. Schématiquement, l’idée et d’attirer de jeunes talents de 15 ou 16 ans afin de les former pour en faire l’ossature de l’équipe de demain. Il y a là une perspective de long terme s’articulant à l’idée que le club doit se construire une identité de jeu propre, un « moule » dans lequel doivent se couler ces jeunes qui sont amenés à devenir les prochains garants de l’identité du club une fois qu’ils seront arrivés à maturité.
Arriba José Arribas !
Si le LOSC n’a pas encore une forte proportion de joueurs formés au club au début de l’ère Arribas (1977-1982), c’est tout simplement parce que les jeunes qui doivent fonder l’ossature de demain viennent tout juste d’arriver et appartiennent pour l’essentiel aux générations nées en 1963 et 1964. En attendant, il faut donc recruter des joueurs qui, à défaut de nécessairement représenter l’avenir, peuvent être les passeurs de témoin de ces valeurs. A cet égard, la très forte stabilité de l’effectif de José Arribas est emblématique de cette philosophie.
La stabilité de l’effectif d’Arribas était à l’exact opposé de ce que l’on observe aujourd’hui. Non seulement il ne chamboulait pas son effectif d’une année à l’autre, se contentant de quelques retouches sur des aspects stratégiques, mais, plus généralement, il ne changeait pas son onze de la saison, ni même de stratégie au cours d’un match. Arribas était en effet en son temps l’entraîneur qui utilisait le moins les remplacements en cours de match à une époque où l’on faisait peu de changements en cours de match. Imaginez aussi que, en 1979/1980, le LOSC de José Arribas a cinq joueurs qui débutent l’ensemble des 38 journées de championnat et 8 qui en débutent au moins 35.
Mais alors, direz-vous, comment les jeunes peuvent avoir leur chance si l’entraîneur garde le même onze du début à la fin du championnat ? C’est précisément parce qu’il avait une telle confiance dans sa stratégie qu’il n’hésitait pas à faire de l’un de ces jeunes un membre à part entière de son onze en début de saison. Dès son arrivée, Arribas fait ainsi de Pierre Dréossi, aucun match en pro jusqu’alors, l’un de ses titulaires. A 23 ans, quand il quitte Lille pour Sochaux, Dréossi a joué six saisons pleines, ponctuées de 212 matchs de championnat et 30 de coupe. En 1981, c’est au tour d’Eric Péan, 17 ans, de devenir l’un des piliers d’Arribas. Il restera encore six ans, disputant 204 matchs de D1, 28 en coupe de France et 10 autres en coupe de la Ligue. Soit 242 au total, comme Dréossi.
Le LOSC 1978/1979
Cette politique de formation n’est, bien sûr, pas le produit de l’action d’un seul homme. Elle doit beaucoup, par exemple, à Jean Parisseaux qui encadrera les jeunes de la D3 jusqu’en 1986. Elle doit aussi à d’autres, comme Jean-Michel Vandamme, ancien jeune espoir qui, ne parvenant pas à percer en équipe première, décidera d’abord d’offrir son expérience de joueur à ses jeunes coéquipiers de la réserve. Elle doit aussi beaucoup à Arnaud Dos Santos, ancien joueur d’Arribas devenu entraîneur de l’équipe première en 1982, qui lance l’essentiel de la génération des jeunes Dogues nés en 1963 et 1964 : c’est en effet avec lui que débutent en D1 Pascal Guion, Thierry Froger, Michel Titeca, Eric Prissette, Rudi Garcia et Luc Courson. Et encore ne parlons-nous que des jeunes formés au club, Jean-Pierre Mottet, Dominique Thomas (formés à l’INF Vichy), Othello Carré (à Beaurevoir), Stéphane Morillon (à Laval) et Alain Vandeputte (au PSG et à Caen) étant également lancés dans le grand bain par Dos Santos.
De cette génération, Georges Heylens ne lance que Bernard Lama (barré dans les cages par Mottet), Jean-Pierre Meudic (au aurait sans doute débute la saison précédente s’il n’avait pas ét prêté à Libourne). L’arrivée du technicien belge en 1984, si elle est concomitante de la saison qui constitue sans doute le plus beau succès sportif de la génération des 63-64 loscistes, n’est donc associée à aucun regain d’intérêt pour la formation. Cette réussite demeurant d’abord le produit d’un travail engagé sept ans plus tôt.
Le classement final du LOSC cette saison-là ne fût certes pas terrible (15ème, son pire classement à une exception près depuis la remontée de 1978) mais il traduit alors d’abord le fait que l’équipe a alors concentré l’essentiel de son énérgie sur la coupe France dont elle atteint les demi-finales. Ils écrivent surtout leur légende lors d’une double confrontation contre Bordeaux, champion de France en titre : battus 3-1 à l’aller, rapidement menés 1-0 au retour, les Dogues réalisent l’exploit impensable de renverser la vapeur l’emportant 5 buts à 1 après prolongation. Parmi les héros qui disputent la rencontre, cinq ont été formés au club auxquels ont doit ajouter Mottet (venu de l’INF Vichy) et les jeunes Périlleux et Thomas (21 ans) et Thierry Froger entré au match aller.
Pascal Guion au cours du mémorable Lille/Bordeaux (5-1)
Si Georges Heylens a abondamment puisé dans le vivier des jeunes lancés par ses prédécesseurs, il n’a en revanche pas installé de jeunes dans son onze à l’exception donc de Lama, en 1986, et de David Guion, en 1988. Les jeunes de la génération suivant celle des 63-64 ont en conséquence pâti de cette stratégie. Alama Soumah, Fabrice Leclerc, Perdo De Figueiredo, Dany L’Hoste et Bruno Rohart ne constituant que certains exemples d’une génération talentueuse qui n’a jamais percé au plus haut niveau. Sur le graphique suivant, on voit que la part des joueurs formés au club a d’abord connu une brusque augmentation à partir de la saison 1981/1982 (avec Arribas) pour se maintenir aux alentours des 35 % jusqu’en 1986/1987. Avec Heylens, une toute aussi brusque baisse de la part des joueurs formés au club s’observe à partir de 1987/1988, la proportion descendant en dessous des 20 % jusqu’en 1992/1993.
A partir de 1993/1994, la part des jeunes formés au club dans l’ensemble du temps de jeu remonte, d’abord au-dessus des 25 %, puis des 30 % à partir de 1995/1996. Il est cependant délicat d’attribuer une grande importance aux seuls entraîneurs dans ces fluctuations.
D’abord, avec Heylens, cette évolution doit plus généralement à un changement de stratégie, s’inscrivant dans une tendance nationale, poussant le club à chercher à recruter des « vedettes ». En outre, 1987 qui correspond à un tournant en matière de temps de jeu des jeunes formés au club correspond au départ des frères Plancque, non retenus notamment en raison de polémiques qui les ont touchés la saison précédente. C’est aussi l’année du départ d’Eric Péan qui est « promu » à Bordeaux. Certes, on trouve des éléments traduisant une moindre conviction dans le développement d’une stratégie de formation, notamment à travers le cas du recrutement de Cyriaque Didaux en 1985. A l’époque, le LOSC recrute l’ailier rouennais en l’échangeant avec Michel Titeca et Pascal Guion. Là où le bât blesse, c’est que le staff lillois fait le choix d’attirer un joueur de 24 ans qui présente un profil analogue à celui de Pascal Guion, seulement âgé de 20 ans. Le choix est étonnant d’autant que Didaux ne semble pas apporter une plus-value incontestable par rapport à celui qu’il remplace ce qui divisera en interne.
Ensuite, avec Santini, le faible temps de jeu accordé aux jeunes s’explique moins par une défiance par rapport à la politique de formation que par le fait que la formation de l’époque ne dispose pas encore du vivier suffisant : les jeunes de la génération 63-64 comme ceux des générations suivantes sont partis, et Santini promeut le peu de jeunes dont il dispose : dès son arrivée en 1989, il fait d’Eric Decroix un titulaire et il lance les jeunes Oumar Dieng, Fabien Leclercq et Farid Soudani (nés en 1972 !).
28 octobre 1989 : Oumar Dieng débute e D1. A ses côtés, Eric Decroix
Le regain d’intérêt pour les jeunes du centre de formation à partir de 1993 s’explique alors à la fois par l’émergence d’un vivier de jeunes joueurs talentueux et par un contexte de restriction budgétaire qui favorise que ces jeunes aient leur chance : ce sera notamment le cas de Djezon Boutoille, Cédric Carrez, Frédéric Dindeleux, Fabien Leclercq et Antoine Sibierski.
Le centre de formation lillois continuera d’alimenter abondamment l’équipe première lilloise dans les années suivantes et jusqu’à la fin des années 2000. Si Vahid Halilhodzic et Claude Puel n’ont pas strictement mis en place la même stratégie, on trouve des propriétés communes à leurs approches, lesquelles s’inscrivent en partie dans la lignée de leurs prédécesseurs : pour l’un comme pour l’autre, il s’agissait de construire une équipe sur le long terme, en s’appuyant sur une ossature destinée à rester sur la durée. Dans ce schéma, les jeunes joueurs formés au club ont leur importance et les meilleurs d’entre eux sont voués à intégrer progressivement l’équipe première. Comme on le voit sur ce second graphique, ils conserveront une très forte importance dans les effectifs respectifs du coach bosniaque et de l’ancien monégasque.
De 1997 jusqu’au départ de Claude Puel, en 2008, la part des jeunes du centre de formation dans le temps de jeu total de l’équipe oscille aux alentours des 30 %. Sur cette période, il atteint son niveau le plus bas en 2002/2003 (23 %) c’est-à-dire au cours de l’année de « reconstruction » suivant le départ de Vahid Halilhodzic.
La part des jeunes issus du centre de formation connaît ensuite une baisse drastique, pour descendre en-dessous des 10 % au cours des trois dernières saisons. Pour autant, comme nous allons le développer, cette baisse s’explique par une tendance générale de l’évolution du rôle qui est dévolu aux jeunes dans la stratégie des clubs, et les difficultés que nous avons eu à classer certains joueurs comme ayant ou non été formés au club.
Qu’est-ce qu’un joueur formé au club ?
Au cours de notre opération de classement des joueurs comme ayant été formés au club ou non, nous n’avons pas rencontré de difficultés majeures sur la période 1978-2005. Le schéma était presque toujours le même : le joueur rejoignait le centre au cours de son adolescence, y était formé, puis il rejoignait l’équipe première.
Dans les années récentes, il est devenu de plus en plus difficile de classer ces joueurs, le concept de « formation » perdant considérablement en importance. Il en est ainsi d’un joueur comme Adil Rami qui rejoint le LOSC à plus de 21 ans. Si l’on peut trouver une part de formation dans son parcours losciste, c’est la « détection » qui caractérise le plus sa trajectoire. La formation impliquait jadis de dépenser un peu d’énergie dans la détection, c’était bien le travail de formation qui prédominait et qui trouvait son schéma archétypique dans la philosophie d’Arribas, valorisant particulièrement l’idée d’identité de jeu locale (1). Le cas de Rami illustre au contraire un cas de figure où la détection du « talent » du joueur est primordiale plutôt que sa formation.
On trouve d’autres exemples frappants de cette tendance à travers le recrutement croissant de jeunes joueurs africains à partir de la fin des années 2000 et dont on trouve des exemples dans les cas d’Idrissa Gueye ou, plus près de nous, d’Yves Bissouma. Pour ceux-ci, on ne sait pas dans quelle mesure on doit les considérer comme ayant été formés au club ou comme étant des recrues. Précisons que nous n’avons pas toujours opté pour le même classement pour ces joueurs.
Idrissa Gueye arrive au LOSC en 2007 en provenance de l’Institut Diambars au Sénégal où il effectue la première partie de sa formation. Le jeune milieu de terrain doit ensuite patienter deux ans et demi avant de faire ses débuts avec l’équipe première, le 23 janvier 2010, à l’occasion d’une triste élimination en coupe de France contre Colmar. Au regard du temps passé entre son arrivée au club et ses débuts, nous avons jugé logique de le considérer comme un joueur « formé au club ».
Le cas d’Yves Bissouma est sensiblement différent. Formé à l’Académie Jean-Marc Guillou, Yves Bissouma signe en première division malienne en 2014, à l’AS Réal Bamako. En mars 2016, le LOSC l’attire tout comme Kouamé. Nous ne l’avons pas considéré comme « formé au club », d’abord parce qu’il jouait déjà en première division malienne, mais aussi en raison du fait qu’il a très vite rejoint l’équipe première, traduisant le fait qu’il a en réalité été peu « formé » chez les Dogues : il fait en effet la préparation avec les pros lors de l’été 2016 et débute en équipe première dès le 20 septembre 2016 lors d’un match perdu contre Toulouse (1-2).
Mais, direz-vous, on a encore un vrai centre de formation. Et les jeunes qui, comme jadis, y arrivent à leur adolescence, quelles sont leurs trajectoires ? Le cas de Martin Terrier illustre bien une nouvelle tendance. Débutant en équipe première en novembre 2016, le jeune attaquant est prêté à Strasbourg alors qu’il ne compte encore que 248 minutes de jeu en L1 et 286 autres en coupes. En parallèle, Martin cartonne avec l’équipe de France Espoirs ce qui fait considérablement monter sa cote. L’une des évolutions récentes du football tient à l’importance croissante du « marché des transferts » dans lequel l’âge des joueurs constitue une donnée essentielle de la valeur. Dans ce contexte, et malgré sa faible expérience du haut niveau, Terrier est transféré à Lyon pour 11 millions d’euros plus 4 (2) de bonus.
Il est en effet frappant de constater à quel point la plupart des jeunes joueurs formés au club par le LOSC au cours des dernières années ont quitté le club de manière précoce. Bien sûr, tous les cas ne sont pas strictement similaires, mais examinons les cas de ces joueurs récemment formés au club et arrivés en équipe première : Divock Origi quitte Lille pour Liverpool à 20 ans ; Adama Traoré pour Monaco au même âge ; Lucas Digne pour le PSG et Benjamin Pavard pour Stuttgart, également à 20 ans. On nous rétorquera, en partie à raison, que ces départs s’expliquent par le contexte : pour Pavard, celui de son désaccord avec le coach et, pour les autres, par l’impérieuse nécessité de trouver des fonds pour boucler le budget. Si cela est exact, on pourrait renverser le raisonnement : et si, plutôt que d’interpréter les difficultés financières comme expliquant la nécessité de vendre, on analysait ces difficultés financières comme une éventualité fortement probable, dans un système qui s’appuie largement sur la spéculation autour des transferts ? En ce sens, la stratégie de Gérard Lopez au LOSC traduit plutôt une vision exacerbée de la tendance à l’oeuvre à l’heure actuelle plutôt qu’elle ne constitue une stratégie à part.
Si la jeunesse de l’effectif du LOSC d’aujourd’hui et celle du LOSC de 1984 avaient en commun de leur autoriser à nourrir de légitimes espoirs pour la suite c’est pourtant pour des raisons très différentes. En 1984, il fallait conserver ces jeunes pour qu’ils progressent. Aujourd’hui, il faut les vendre au moment permettant la plus forte plus-value. Dans les années 1980, c’est surtout le niveau en lui-même du joueur qui fait sa valeur marchande, là où la marge de progression constitue désormais un critère de plus en plus déterminant. Il y a 30 ans, les clubs qui consentaient à payer des indemnités de transfert pour le recrutement d’un joueur ne le faisaient pas dans l’intention de le revendre en réalisant une plus-value mais presque uniquement pour renforcer leur effectif. Bien sûr, quand un joueur de valeur avait des velléités de départ, celui-ci se négociait, mais l’indemnité de transfert ne se pensait alors pas comme s’inscrivant comme une source rationalisée de ressources pour le club.
En 1984, puisque la valeur marchande des joueurs ne reposait pas véritablement sur la marge de progression comme c’est le cas aujourd’hui, il n’y avait pas vraiment d’intérêt à vendre ces joueurs. Avec le marché des transferts actuel, l’effectif du LOSC de l’époque aurait eu une importante valeur marchande étant donné qu’il s’agissait du club dont la moyenne d’âge était la plus basse et que nombre de ces jeunes étaient titulaires ce qui contribue à leur valeur. L’échange des deux jeunes espoirs Titeca et Guion (20 ans tous les deux) contre Didaux (24 ans) apparaîtrait aujourd’hui comme une escroquerie pour les Lillois. S’il a pu diviser en interne, cet échange n’est pas alors paru comme absurde.
Aujourd’hui, le LOSC dispose d’un effectif très jeune de joueurs compétitifs. Avec les seuls joueurs de 21 ans ou moins, on pourrait constituer un onze qui aurait toute sa place dans l’élite française : Koffi – Ballo-Touré, Dabila, Gabriel, Celik – Soumaré, Maia, Vérité – Ikoné, Faraj, Leão. Mais dans ce onze, on ne compte que deux joueurs formés au club, Benjamin Vérité et Imad Faraj : ce sont sans doute ceux qui auront moins l’occasion de jouer cette saison si l’on fait exception du cas spécifique du gardien, Hervé Koffi.
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Notons au passage que cette philosophie a vraisemblablement ses limites dans le fait qu’en formant un joueur à un style de jeu bien particulier, on destine plus ou moins les joueurs en question à faire l’essentiel de leur carrière dans leur club formateur. On trouve dans les parcours des anciens nantais du milieu des années 1990 les limites de cette logique : rayonnants avec le FC Nantes, Ouédec, Pédros et, dans une moindre mesure, Loko, ont ensuite connu plus de difficultés une fois qu’ils avaient quitté le cocon nantais.
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4 millions, hein, pas 4 euros.
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2 février 2019
Permalien
andre.jaunay@gmail.com a dit:
Bonjour,
J’étudie l’histoire de José Arribas, et souhaite écrire qqchose sur cette histoire.
J’aimerais en savoir plus sur son passage à Lille.
Merci de m’indiquer si je peux vous joindre.
Bien à vous,
André Jaunay