Archiver pour octobre 2018
Posté le 31 octobre 2018 - par dbclosc
Le Lannéedernièromètre
Vous le savez, l’équipe de DBC n’est pas en manque d’idées innovantes. Nous lançons donc le « lannédernièromètre », instrument de mesure des résultats du LOSC en comparaison des résultats de la saison dernière contre les mêmes adversaires ou contre leurs « équivalents » (1).
Comparons d’abord, le « lannéedernièromètre » au niveau des points obtenus :
Comme on le voit, la courbe de la saison actuelle (en bleu) indique un léger avantage par rapport à la saison précédente : 25 points après 11 journées pour 7 points obtenus contre les mêmes adversaires la saison dernière, soit 18 points d’avance.
Voici maintenant le « lannéedernièromètre » des buts marqués puis celui des buts encaissés.
Au niveau des buts marqués, le lannéedernièromètre indique une avance de 8 buts par rapport à l’année dernière. Au niveau des buts encaissés, notre indicateur donne des résultats encore plus encourageants avec 11 buts d’avance.
Enfin, on vous présente le « lannéedernièromètre » des buts marqués par Nico Pépé.
Déjà 5 buts d’avance pour Nico par rapport à sa saison précédente. A ce rythme, il finira la saison à 30 buts.
On mettra régulièrement à jour le « lannéedernièromètre » (peut-être pas chaque semaine, hein) et il est bien possible qu’on le complète par d’autres indicateurs.
- Par exemple, les relégués de la saison précédente sont comparés aux promus de cette année.
Posté le 29 octobre 2018 - par dbclosc
Lille/Montpellier : à la bonne heure
Brrr, il fait froid, malgré quelques rayons de soleil. On entre dans la saison des doigts qui bougent moins, et y a pas que ça d’ailleurs, si vous voyez ce que je veux dire : les pieds aussi, en effet. Ça devient difficile d’écrire, mais comme j’ai une écharpe qui me va comme un gant, je m’en sors.
Morgane Nicoli étant prêtée au LOSC par Montpellier, ce match est le Nicolico. En parlant de Morgane, profitons-en pour signaler qu’en tant que fervente lilloise, elle est allée soutenir le Gazelec Ajaccio lundi soir à Lens, avec Héloïse Mansuy (y avait aussi d’autres gens dans le stade hein, mais on ne connaît pas les noms de tout le monde). Bon, en fait c’est parce qu’elle est Corse – Lille de beauté, ça lui parle -, mais la démarche est excellente : ça commence comme ça et ça finit par aller supporter tous les adversaires de Lens. Grande réussite en tout cas puisque les voisins se sont imposés 5-0. Les filles, prochain rendez-vous le 21 décembre : cette fois, c’est l’AC Ajaccio qui vient à Bollaert ! Mais cessons de parler de Lens et revenons au football.
« Le groupe vit bien ». Photo LOSC, piquée sur le twitter d’Héloïse Mansuy
Jusqu’alors, après 7 journées, il y a deux façons de regarder le classement du LOSC : d’un côté, une avance confortable sur les deux relégables, Metz et Rodez, qui ont respectivement 0 et 1 point ; de l’autre, un total de points maigrichon, et une défaite à Guingamp (0-3) qui fait tâche, pistache, après pourtant de bonnes performances à l’extérieur jusque là (victoire à Rodez puis nuls au Paris FC et au Paris SG). Si l’on en croit les déclarations d’après-match du coach, les Lilloises sont restées au vestiaire en seconde mi-temps. Avec un championnat aussi homogène que l’année dernière, on aurait de quoi s’inquiéter pour la position des Lilloises. Tant que Rodez et Metz font un concours de lenteur, ça va, mais on ne peut pas se contenter de si peu. Et voilà donc Montpellier, l’une des grosses équipes de la saison dernière qui, après des débuts laborieux, semble s’être réveillé en enfilant 11 buts contre Metz. Merci le FC Metz d’avoir effacé si vite le record de la plus lourde défaite que nous tenions après la débâcle contre Lyon lors de la première journée (0-8). Et merci Héloïse d’avoir passé les consignes à ton ancien club.
Je ne sais pas si on va rappeler à chaque match que Jana Coryn est absente pour une longue durée, mais sachez que Jana Coryn est absente pour une longue durée, comme ça c’est dit. Au mieux, elle sera de retour début 2019. Quant à Ouleye Sarr, elle s’est blessée la semaine dernière à Guingamp, et sera indisponible au moins 4 semaines. Du coup, l’animation offensive change : Danielle Tolmais est titulaire, ce qui était attendu, mais elle est cette fois seule en pointe, assistée juste derrière par Lina Boussaha, côté gauche, Julie Dufour, côté droit, et Silke Demeyere, bien plus offensive qu’à l’accoutumée, presque en n°10, ce qui était d’ailleurs sa position quand elle était en Belgique. La polyvalente Héloïse Mansuy fait l’essuie-glace sur le côté droit (alors qu’il ne pleut même pas). Rachel Saïdi est sur le banc. Carla Polito est donc seule dans l’entrejeu. Derrière, c’est classique. En gros, ça fait une espèce de 4-1-4-1.
Les plus grandes personnalités qui gravitent autour du club sont présentes : Didier, ce bon vieux Lucien, etc. On voit également Justine Bauduin, et Ives Serneels, le sélectionneur des Red Flames. L’occasion pour lui de voir jouer Maud Coutereels, et Silke Demeyere, s’il se rappelle qu’elle aussi est Belge, hein ! Silke, sélection ! Après, ça s’étonne de ne pas se qualifier pour la coupe du monde ! Et côté MHSC, il y a bien entendu Janice Cayman, qui avec un nom pareil devrait plutôt jouer chez les crocodiles nîmois.
14h30 C’est parti, et on est parfaitement à l’heure ! Ça me rappelle qu’on doit « changer d’heure » cette nuit. Je n’ai jamais bien compris cette histoire car il me semble qu’on change déjà d’heure toutes les nuits, sinon on se réveillerait à la même heure que celle à laquelle on se couche, non ?
2e La preuve qu’on change d’heure tout le temps, et pas seulement la nuit : il est désormais 14h31.
3e Des montpelliéraines s’enfoncent sans opposition dans la défense lilloise comme des Lensois dans une défense ajaccienne un lundi soir. Elles se retrouvent à deux face à Launay, mais super retour de Lernon, qui tacle ! « ça ne doit pas passer ! », hurle Carlier, mécontent. Y a de quoi.
5e Perte de balle de Boussaha. Une montpelliéraine frappe du rond central. Sans problème pour Launay.
8e La remontée de terrain pour les nulles : relance de Launay à la main vers Mansuy côté droit. Déviation de la tête de Tolmais, et Dufour trouve Demeyere dans l’axe qui prolonge sur Boussaha décalée sur le côté gauche à une douzaine de mètres du but adverse. Elle contrôle puis enroule du pied droit et ça finit au pied du poteau gauche du but montpelliérain. Quelle belle action !
Le chronomètre vient de tomber en panne. En voilà un qui ne changera plus d’heure.
9e Ça n’a l’air de rien mais, dans la moitié de terrain lilloise, Julie Dufour vient de faire une passe à droite vers Héloïse Mansuy qui est tellement belle que je ne sais pas comment la décrire.
10e Côté MHSC, Sandie Toletti change de maillot. Bon, elle garde celui de Montpellier mais elle en prend un autre. Pas un maillot de Lille, même si elle ne garde pas son maillot d’avant… Bref, vous avez compris.
11e N’étant pas sûre de la trajectoire d’un ballon vicieux, Elisa Launay saute, histoire de dévier en corner si jamais ça retombait vite. Elle finit au fond de ses propres filets. Fort heureusement, ça ne compte pas pour un but.
Silke : c’est très spectaculaire, mais ça ne compte pas pour un but non plus
14e Arrivée d’Ouleye Sarr en tribunes.
15e Arrivée de Jana Coryn en tribunes.
Ah ben elle est belle notre attaque ! #FCBéquilles
17e On recule et les Montpelléraines commencent à combiner sérieusement. Sur un coup-franc côté droit, la tête de Le Bihan est trouvée aux 6 mètres, et superbe arrêt d’Elisa Launay, qui se ♫ fait Le Bihan, calmement ♫.
19e Dufour crochète et passe à Tolmais qui n’est malheureusement pas lancée. Elle trouve Mansuy à droite, qui retrouve Dufour, qui crochète encore dans la surface et cherche Boussaha, mais c’est dégagé.
22e Lernon retire de justesse un ballon de la tête dans les six-mètres, et ça finit pas loin du poteau. Sur le corner, un manque d’attention fait que les blanches ont tout le temps de le jouer à deux, et ça finit par un centre-tir de Karchaoui qu’Elisa Launay détourne sur la transversale.
23e On le sentait venir : après une remontée de balle côté droit, Blackstenius est trouvée à 10 mètres des buts, légèrement excentrée côté droit. Elle envoie une frappe tendue du droit bien placée et ouvre le score. 0-1.
26e Elisa Launay manque son dégagement, et envoie un pointu sur Karchaoui, qui récupère, s’avance, et envoie un tir du gauche sur l’extérieur du poteau. Hé ben…
31e Au milieu de terrain, Julie Dufour chipe un ballon dans les pieds adverses et lance Danielle Tolmais, seule face à la gardienne. Mais une fois arrivée dans la surface, elle attend et donne mollement à gauche vers Boussaha. C’est contré et récupéré par la gardienne. Fallait frapper làààà !
Il n’empêche que l’équipe va mieux et que les lilloises sortent davantage.
35e De la gauche, dans le camp lillois, Boussaha traverse une bonne partie du terrain en largeur et trouve Lernon. Elle ouvre côté droit vers Mansuy, ça passe avec un peu de chance et un rebond mal estimé par une défenseure, Héloïse efface une adversaire d’un grand pont et centre vers Tolmais qui reprend instantanément aux 6 mètres et égalise ! Après son raté quelques minutes avant et avec un peu d’avance sur l’horaire d’hiver, Danielle remet les pendules à l’heure. 1-1 !
Innovation au moment des buts sur le twitter du LOSC féminines !
37e Faute sur Julie Dufour, qui dribble et pose beaucoup de problème à l’adversaire. Virginia Torrecilla est rappelée à l’ordre par l’arbitre.
41e Malgré 20 centimètres de moins, Silke Demeyere gagne tranquillou son duel aérien.
Et dans la foulée, Marine Dafeur feinte une course et nous fait finalement un amorti du dos pour transmettre à Coutereels, tandis que la Montpelliéraine se demande encore où est le ballon. Pas de « Bravo Bichon ! » depuis la tribune pour confirmer notre hypothèse (voir épisode précédent).
43e L’attaque montpelliéraine joue souvent par déviation de la tête sur lesquelles on se fait avoir quasi-systématiquement. Là, côté gauche, ça finit par un centre qui passe devant le but de Launay sans pouvoir être repris. Dans la continuité, une frappe file au-dessus du but lillois.
Mi-temps sur le score de 1-1. La première demi-heure n’a pas été bonne, et les Montpelliéraines vont peut-être se mordre les dents de n’avoir marqué qu’un but. On ne se mord pas les dents mais je l’écris quand même. Ça a été bien mieux dans le dernier quart d’heure, avec une égalisation méritée pour Danielle Tolmais, qui se démène devant. De manière générale, le fait de jouer avec une pointe paraît plus séduisant qu’à l’accoutumée. Avec les 4 juste derrière, les attaques sont mieux amenées, là où ordinairement on sent une coupure entre nos deux attaquantes et le reste de l’équipe. Et, de manière générale, on avait eu l’occasion de l’écrire l’année dernière, on trouve que Sarr et Coryn sont bien meilleures quand elles sont seules devant. Le constat est le même pour Tolmais, qui a en plus l’indéniable avantage de l’efficacité qui manquait sur les derniers matches : elle a quand même foutu au fond le premier ballon qui a traîné devant le but, grâce à la montée d’une milieu de terrain. Au milieu, Carla Polito s’en tire bien, même si elle doit diminuer le nombre de ballons faciles qu’elle perd. Derrière, hormis les premières minutes où il y a eu quelques errements, Nicoli/Coutereels, c’est vraiment du solide.
15h26 Les Lilloises sont déjà de retour sur la pelouse et s’entraînent. Bon.
15h30 C’est reparti !
46e Pour se sortir d’une situation compliquée, Marine Dafeur fait un sombrero. 24 ans depuis une semaine, ça donne des ailes.
Joyeux anniversaire petit ange
50e Dégagement de Jessica Lernon dans le cul de Julie Dufour.
51e Notre défense dort de nouveau. Blackstenius se retrouve absolument seule devant Launay au point de pénalty. Elle prend tout son temps et ajuste une frappe pathétique, largement à côté.
53e Nous voilà encore pris dans le dos. Il faut un retour désespéré de Coutereels, puis un dégagement de Nicoli, pour sauver tout ça.
Sur le contre, sale faute de Torrecilla sur Dufour. Carton jaune.
56e Polito sert Mansuy à droite, qui centre. Reprise croquée de Boussaha, sur la gardienne. C’était pas mal !
58e Les nôtres sont vraiment trop gentilles. Il y a une montpelliéraine à terre, et on a l’impression que les Lilloises tergiversent pour ne pas faire mal à l’adversaire. Résultat, ballon perdu par Polito, et situation dangereuse pour Montpellier, c’est dégagé par Marine Dafeur. 15 secondes après, elle décide de remonter 50 mètres en dribblant tout le monde, puis elle se crashe sur une arrière.
Il y a des espaces au milieu de terrain, des deux côtés. Si les Montpelliéraines se créent des occasions, les Lilloises se créent plutôt des situations intéressantes, où ça construit bien. Depuis le début de la seconde période, Silke Demeyere est redescendue d’un cran et a retrouvé sa position habituelle aux côtés de Polito. On a donc toujours Tolmais en pointe, assistée de 3 milieux : Mansuy à droite, Boussaha à gauche, et Dufour en n°10. On assiste en tout cas à un match très agréable, avec deux équipes qui jouent vers l’avant.
Image exclusive du vestiaire lillois à la mi-temps, quand Dominique Carlier replace Silke Demeyere, prête à le tacler
63e RÉCUPÉRATION DE SILKE DEMEYERE. Vu, Ives ?
Pour Montpellier : Toletti sort, Jakobsson entre.
66e Coup-franc pour Montpellier sur la droite. C’est frappé par Puntigam, et repris en aile de pigeon par Torrecilla. Launay intervient.
Les lilloises remontent proprement le ballon : en fin d’action, Dufour nous fait encore le coup du crochet, puis arme une frappe enroulée du gauche qui ne passe pas loin de la lucarne opposée.
68e Tiens, Lina Boussaha nous montre que recevoir un ballon dans le bas-ventre, ça fait mal aussi pour une fille.
72e Launay a heurté Polito, qui reste à terre. Franchement, les joueuses feraient mieux de ne pas révéler leurs inimitiés en public.
74e Lancée par Dafeur après un relais de Boussaha, Dufour part côté gauche et repique dans l’axe. Elle frappe, c’est contré en corner.
Le corner est foiré, mais ça trompe tout le monde ; ça revient sur Lernon à l’angle de la surface, qui cherche Coutereels, seule aux 6 mètres. Mais son centre-tir est capté par la gardienne.
75e Le Bihan sort, Gauvin entre.
78e Ouverture de Marine Dafeur dans l’axe, légèrement contrée, vers Lina Boussaha ; celle-ci frappe instantanément à l’entrée de la surface. Elle dévisse mais c’est ce qu’il fallait faire (frapper vite, pas dévisser).
81e On sent de nouveau Montpellier prendre un léger ascendant, notamment en passant sur les côtés. Sur un corner, une reprise à l’entrée de la surface est renvoyée du genou par Nicoli.
82e Mansuy lance Dufour à droite. Tolmais est démarquée. Le centre est un poil trop haut mais Danielle parvient à mettre sa tête, ça passe au-dessus.
83e Montpellier attaque. Centre fort depuis la gauche. Si fort que Blackstenius, seule aux 6 mètres, ne peut pas reprendre correctement. Ça finit à côté.
Deux changements postes pour postes côté lillois : Rachel Saïdi remplace Lina Boussaha ; et Ludivine Bultel remplace Danielle Tolmais, qui était en fin de vie depuis 10 minutes, après avoir beaucoup couru. Les deux sortantes ont fait un très bon match.
88e Bonne intervention de Nicoli. Je n’ai pas plus de détails sur mon carnet de notes. C’est intéressant.
89e ça part dans tous les sens. Dafeur pour Dufour d’un côté, c’est contré ; sur le contre, Demeyere récupère de justesse un ballon chaud.
Carton jaune pour Puntigam.
90e Rachel Saïdi met le pied sur le ballon et ne part pas tête baissée vers l’avant. C’est exactement ce qu’il faut faire, ça tranquilise tout le monde.
92e Nouvelle faute sur Dufour, et coup-franc en forme de balle de match à une trentaine des buts montpelliérains. Marine Dafeur le frappe, c’est renvoyé en touche. Dans la continuité, Coutereels relance mal, et ça finit par une frappe montpelliéraine en angle fermé, qui termine en touche.
C’est terminé sur ce nul 1-1. Eh bien franchement, unanimité dans le public pour dire qu’on a assisté à un super match de foot, très plaisant à regarder. Pour celles et ceux qui hésitent encore à venir voir du foot féminin, ou à se déplacer à Luchin le samedi aprem, ce match était le meilleur argument pour les convaincre. Comme souvent, ça aurait pu basculer d’un côté ou de l’autre, mais on est rassurés après la sortie de route guingampaise. Première demi-heure mise à part, où ça a été par moments compliqué, le LOSC, notamment emmené par Julie Dufour, a été séduisant.
Bien sûr, sur le plan comptable, le LOSC n’avance pas trop, et même si Montpellier est moyennement classé, on peut supposer que cette équipe est en phase ascendante, et qu’il s’agit d’une belle performance. Surtout, au niveau du jeu, c’était très intéressant. Les contraintes liées aux blessures ont permis de tester des formules qu’on a trouvées, pour notre part, plus convaincantes, qu’il s’agisse du système de jeu ou de l’identité de l’avant-centre titulaire. Prochain rendez-vous, pour confirmer ces bonnes dispositions, à Soyaux samedi prochain. À Lille, on se retrouve le 17 novembre pour la réception de Bordeaux. Et n’oubliez pas : demain, on change de jour.
La réaction de Danielle Tolmais :
Le résumé du match :
Les comptes-rendus des matches précédents :
Lille/Lyon : Les carottes sont que huit
Lille/Dijon : Le coup de mou tarde (à nous quitter)
Lille/Fleury : Un point c’est tout
Notre entretien avec le coach Dominique Carlier (août 2018)
Notre entretien avec Rachel Saïdi (août 2017)
Notre entretien avec Silke Demeyere (mars 2018)
Posté le 27 octobre 2018 - par dbclosc
Lille/Caen 2000 : Bernard Lecomte, mission accomplie
Le 10 mars 2000, Bernard Lecomte vit son dernier match en tant que président du LOSC. Il s’apprête en effet à passer la main au duo Dayan/Graille, qui ouvrira la voie à une privatisation du club. Ce soir-là, le LOSC s’impose 3-2 et, si la montée n’est pas encore officielle, elle ne fait plus guère de doute : le public envahit le terrain pour célébrer son équipe et son président, qui peut discrètement se retirer après avoir sauvé le club.
Cela fait déjà quelques semaines, voire quelques mois, que l’issue de la saison est toute tracée pour les Dogues : immanquablement, ils retrouveront la première division, trois ans après l’avoir quittée sur une ultime défaite à Metz en mai 1997 (0-1), et après avoir manqué la remontée d’un rien deux ans avant, et d’un peu moins qu’un rien la saison précédente. Sur sa lancée de la fin de saison 1998/1999, le LOSC écrase tout et est en tête de la D2 depuis la première journée. Ce 10 mars 2000, c’est la 29e journée de championnat et jusqu’alors le bilan est éloquent : 20 victoires, 4 nuls, 4 défaites.
Dans la semaine, Vahid, pourtant d’ordinaire prudent en dépit de la supériorité affichée par son équipe depuis des mois, s’est enfin lâché : « si on remporte ce match, on sera en D1 ». Ce n’est pas encore mathématiquement vrai. Si le LOSC l’emporte, il comptera 67 points, soit 25 de plus que le 4e, Le Mans, mais qui comptera donc un match en moins. Il restera 9 matches derrière, soit 27 points à prendre. Donc sauf catastrophe absolue (9 défaites du LOSC, 9 victoires du Mans, et suffisamment de victoires des 2e et 3e, Toulouse et Guingamp, pour qu’ils nous passent devant) ça devrait aller. Attention, toutefois : les Caennais ont été les premiers à battre Lille cette saison : c’était lors de la 11e journée. Bon nombre d’ingrédients sont donc réunis pour bien s’amuser ce soir. Et comme pour marquer d’autant plus l’ouverture d’une ère nouvelle, le hasard du calendrier politico-administratif du LOSC fait que ce match est le dernier du président Bernard Lecomte à la tête du club.
Chef d’entreprises avant tout
Entrepreneur de la région – il est notamment directeur de la Générale de chauffe -, Bernard Lecomte est un homme discret. Arrivé à la présidence du LOSC en mai 1994 au moment où le club était dans une situation financièrement catastrophique, avec une dette de 55 millions de francs (à laquelle il faut ajouter un passif de 38MF sur ses fonds propres), sa mission est de sauver le club d’une relégation administrative quasi-assurée. Ainsi, il n’est pas un grand amateur de foot, et c’est avant tout pour ses capacités gestionnaires, plus que pour son allure austère de haut fonctionnaire soviétique moustachu, qu’il est propulsé à la tête du club à la demande du maire Pierre Mauroy.
Bernard Lecomte en 1990, alors qu’il vient d’être nommé directeur de l’école supérieure de commerce de Lille
Si le football l’intéresse peu, Bernard Lecomte n’est pas complètement un bleu dans le domaine. Il rôde en effet depuis de nombreuses années autour du LOSC : d’abord collaborateur pendant 20 ans de Jacques Dewailly, qui fut le président du club durant la décennie 1980 ; puis président du club Challenges, qui regroupe quelques acteurs économiques régionaux liés au LOSC, à partir du début des années 1990 ; il fut ensuite vice-président du club durant le mandat de Paul Besson ; puis président du conseil de surveillance du club pendant que Devaux en était le président du directoire : pour le dire autrement, le LOSC a eu deux présidents en 1993/1994, mais le président officiel était Marc Devaux.
Une mission : sauver le club
La situation financière du LOSC est catastrophique. Elle l’est depuis plusieurs saisons, et la dette a même culminé à 75MF au début des années 1990. En 1993, l’entourage du club s’était alarmé que la gestion de Paul Besson et l’état des finances du club aient fuité dans la presse. Cela avait engendré des tensions qui s’étaient même répandues jusqu’au sein de l’effectif (avec par exemple le cas de Jean-Claude Nadon qu’on a évoqué ici). En février, le tandem constitué de Bernard Lecomte et de Marc Devaux est chargé de réfléchir à l’avenir du club en proposant un plan de redressement sur 5 ans qui consiste à mobiliser le milieu économique régional autour du LOSC. Car oui, le LOSC est menacé tantôt du dépôt de bilan, tantôt de fusion avec Lens, et même avec Valenciennes ! Le président du tribunal de commerce de Lille suggère même à Lecomte de déposer le bilan au plus vite. Au moment où Lecomte prend seul la tête du club, en mai 1994, les dettes ne sont plus « que » de 42 MF. Lecomte s’accroche : « comme il était illusoire d’augmenter les recettes, il fallait diminuer les dépenses, c’est-à-dire se séparer des joueurs qui coûtaient cher, et en recruter des moins coûteux. Sur le plan financier, ce fut un succès ». Succès financier en effet, mais payé sportivement, ce qu’on peut considérer a posteriori comme un mal pour un bien. Durant ces années, le LOSC, limité et parfois interdit de recrutement, avec une masse salariale encadrée par la DNCG, mise sur sa jeunesse et ne peut souvent recruter que des joueurs en fin de contrat. Les Andersson, Assadourian et autres Bonalair, bien qu’irréprochables, ne pouvaient pas être conservés. En 1995, la dette s’élève à 28 MF. Ainsi, la relégation est arrivée en 1997, à l’issue d’une saison qui avait pourtant débuté de façon spectaculaire. Mais en juin 1998, Bernard Lecomte, qui a toujours pris soin d’évoquer avec transparence la situation financière du LOSC, dans la presse ou dans le bulletin officiel du club, est applaudi à la DNCG : il vient de présenter des comptes apurés (ce qui n’a rien à voir avec le calcul des pommes de terre pour la friterie du stade), et voici désormais le LOSC délesté de toute dette.
Vers la privatisation
Difficile de savoir si, avec le temps, Bernard Lecomte ne s’est pas pris au jeu et n’aurait pas souhaité rester quelques années de plus. Mais lui-même le disait, légitimant une croyance solidement ancrée dans le milieu sportif : l’avenir, c’était la privatisation, et un grand stade, condition nécessaire à l’émergence d’un grand club. Dès lors, il ne pouvait que céder la place au futur repreneur. Clean jusqu’au bout, il annonce son départ du club au cours de l’année 1999, avant que l’identité du repreneur ne soit connu, pour prévenir toute accusation de préférence pour tel ou tel candidat, et annonce dans le même temps qu’il se tient à disposition pour assurer une transition.
Le reportage de France 3 en novembre 1999 :
En l’occurrence, le nom des repreneurs est connu le 8 juin 1999 : il s’agit de Luc Dayan et de Francis Graille. Ils comptent racheter les 50 167 actions que détient la ville, majoritaire dans la SAEM, pour 3 francs pièce. Le conseil municipal de Lille donne son accord le 9 juillet 1999. Manque désormais l’accord du Préfet, qui dispose de 3 mois pour s’exprimer, et profite bien de ce délai puisque le 1er octobre, il annonce qu’en pareil cas, c’est-à-dire cession d’une entreprise du secteur public, la situation doit être évaluée par un expert indépendant. Bref, ça cafouille un peu ; l’expert en question annonce qu’il faut finalement céder les actions au prix de 5 francs pièce. Un autre candidat en profite pour se manifester, mais le 4 décembre, la ville de Lille réitère son soutien au duo Dayan/Graille, soutien entérinée en conseil municipal le 13 décembre 1999.
Salué à l’unanimité
Ce vendredi 10 mars, Bernard Lecomte reçoit de la part des joueurs un maillot floqué à son nom, avec le chiffre 1. il sort de son habituelle réserve et s’accorde un tour d’honneur en solitaire durant l’échauffement des joueurs. Il salue chaque tribune qui, toutes, l’applaudissent chaleureusement et scandent « Président, président ! ». Y compris les DVE, avec lesquels les relations n’ont pas toujours été au beau fixe : Lecomte a en effet dû composer avec des résultats médiocres jusqu’à l’arrivée d’Halilhodzic, et affronter de nombreuses situations de crise, dont les plus spectaculaires se sont manifestées par de la violence dans l’enceinte du stade Grimonprez-Jooris, avec notamment deux envahissements de terrain hostiles, en février 1998, puis en mai 1999, ou la défiance récurrente du public à l’égard de Thierry Froger. Reconnu aussi pour ses qualités humaines et son sens de l’écoute, Lecomte n’a jamais mis d’huile sur le feu : « des types m’ont dit que le club, c’était toute leur vie : ils touchaient le RMI mais engloutissaient une partie de leurs maigres ressources pour venir le soutenir. C’est aussi pour eux qu’on a envie de réussir ». C’est donc terminé : le 14 mars 2000, la SAES deviendra SAOS, avant de devenir SA. Luc Dayan en sera le président, et Francis Graille sera le président de SOCLE, la holding financière.
Au moment d’établir une sorte de testament de ses années sportives, Bernard Lecomte remercie la mairie de Lille qui ne s’est « pas immiscée dans les affaires internes du club », tout en regrettant le manque d’investissement personnel de Pierre Mauroy : « en haut lieu, on m’a même dit à plusieurs reprises : ‘dommage que votre maire n’aime pas le foot‘ ». Résultat, le grand stade porte le nom de ch’gros Quinquin. Il souligne la dureté du monde du football, dans le magazine du LOSC de mars 2000 : « si je voulais être amer, je dirais qu’avant le LOSC, je ne me connaissais pas d’ennemis ou, pour le moins je n’imaginais pas en avoir. La présidence du LOSC m’en a fait découvrir quelques-uns. Cela induit une certaine déception. J’ai également connu des moments particulièrement angoissants lorsqu’il fallait rendre des comptes devant la DNCG. Certains soirs, je me suis dit que nous ne pourrions pas nous en sortir ». Mais il souligne également de bonnes relations avec la plupart des clubs, notamment avec le président du FC Metz, Carlo Molinari. Mais pas avec Marseille. Ainsi, dans la Voix des Sports en mars 2000, il se rappelle : « on les a éliminés en coupe de France à Valence. Quelques jours plus tard, nous jouions en championnat chez eux : leurs dirigeants nous avaient relégués tout en haut d’une tribune, derrière un kop qui n’a cessé de nous insulter et qui se retournait vers nous pour nous adresser des bras d’honneur à chaque fois que l’OM marquait un but. Et nous avons perdu 5-1 ». Il nous offre aussi quelques petites anecdotes croustillantes, sur le match PSG/Lille remporté en avril 1996 : « à Paris, l’ambiance était très différente. Accueil très policé. J’ai même pris place aux côtés de Jean Tibéri [note DBC : maire de Paris], très aimable jusqu’au moment où le LOSC a marqué. Là, il m’a tourné le dos. Derrière moi, il y avait Michel Denisot et Nagui, l’animateur. Sitôt le match terminé sur une victoire du LOSC, j’ai vu ce dernier se précipiter au dessus de la grille de sortie et insulter les arbitres comme un charretier. J’en étais baba ».
Une dernière victoire
Sur le terrain, on pense dans un premier temps que Lille se dirige vers une tranquille victoire : les Dogues mènent en effet 2-0 à la demi-heure de jeu, grâce à un doublé de Laurent Peyrelade. Mais les Caennais sont venus pour jouer, ce que les adversaires ont rarement montré cette saison à Grimonprez-Jooris. Et avec un effectif dont la moyenne d’âge est très basse, les Normands reviennent, d’abord grâce à un superbe coup-franc de Johan Gallon, puis par un but de Watier sur un super centre du jeune… Grégory Tafforeau. 2-2 ! Mais l’inévitable D’Amico chipe un ballon en milieu de terrain, sert Boutoille qui lance Bakari, et ça fait 3-2. La fin de match est approximative, mais le public, harangué par D’Amico, chante « On est en D1 ! ». Lille s’impose 3-2. Lille est presque en D1, et Lecomte peut partir le cœur léger : « j’ai rempli ma mission. Les finances du club ont été assainies, les résultats sont de nouveau là, le public et les partenaires économiques sont de retour et la privatisation est assurée. Même s’il y a encore beaucoup de travail à accomplir, je suis persuadé qu’il y a désormais les bases pour faire ce grand club que tout le monde attend à Lille ».
Envahissement de terrain
Tout à sa joie, le public envahit le terrain. Cette fois, c’est pour partager le bonheur de la réussite sportive. Djezon Boutoille est tout heureux de voir de telles scènes à Lille : « ça faisait longtemps qu’on n’avait pas vu ça au LOSC… Avant, quand la foule descendait sur le terrain, ce n’était pas bon signe… Aujourd’hui, c’était la réconciliation entre le public et les joueurs. C’est de bon augure pour la suite ». Tout le monde se laisse aller : les joueurs sont portés en triomphe, Vahid est sollicité de toutes parts, D’Amico disparaît dans la foule puis réapparait car il est jeté en l’air.
« Ma force fut, peut-être, de ne pas avoir été au début un président supporter. On a dit « Lecomte ne connait rien au football », mais d’autres, sans doute plus connaisseurs, se sont laissés emporter par leur passion ». Pour ce dernier soir, Lecomte se laisse emporter par la passion : il embrasse et se laisse embrasser par des inconnus. Au micro d’Eurosport (voir plus bas), visiblement ému, il rend hommage aux joueurs : « c’est une équipe formidable. Je suis très fier du LOSC ce soir ». Son dernier acte de président est d’offrir un bouquet de fleurs à Anne-Sophie Roquette, qui vient de décrocher le micro d’or, qui récompense le/la meilleure.e speaker.ine de France. Puis il reprend une ultime fois le micro, pour sa dernière déclaration publique « Merci et au revoir ». À son image : simple et efficace.
À l’issue de cette journée, c’est Ajaccio qui passe 4e, 23 points derrière Lille. Le LOSC n’est donc pas encore en D1, mais l’envie de faire la fête était trop forte. Une autre fiesta suivra le 31 mars, après une nouvelle victoire contre Valence et, cette fois, le retour officiel du LOSC en D1.
La fin du match, l’envahissement de terrain, et les dernières déclarations du président :
Posté le 19 octobre 2018 - par dbclosc
Quand Soler et Bureau semaient la terreur. Retour sur 40 jours de feu (1986).
La statistique est impressionnante : entre le 11 août et le 6 octobre 2018, soit en 57 jours, le duo Pépé-Bamba a inscrit 13 buts (étalés sur 9 rencontres). Il y un peu plus de 30 ans, un autre duo d’attaque lillois s’était montré encore plus prolifique : Bernard Bureau et Gérard Soler avaient ainsi inscrit à eux deux 14 buts en seulement 8 matchs et 40 jours.
Je ne sais pas si vous vous êtes fait la remarque, mais « Bamba-Pépé », ça fait un peu nom de code en mode « Bamba Pépé à Tango Charlie ! Je répète Bamba Pépé à Tango Charlie ! ». Dans le même genre, le duo Bureau-Soler a du style. Et un style assez moderne quand on y pense à une époque où le développement des énergies renouvelables rencontre un succès croissant. Même s’il est vrai qu’on ne voit pas spontanément l’intérêt d’un bureau solaire.
Une autre histoire de « la Terreur »
Les plus jeunes d’entre nous ne le savent pas et les plus vieux l’ont peut-être oublié – sans vouloir remuer le couteau dans la plaie – mais le LOSC avait, au début de l’année 1986, le duo d’attaque le plus efficace de l’hexagone. Pendant une durée assez courte, certes, mais quand-même. L’Histoire est sélective. Ordinairement, « la Terreur » est associée à Robespierre. De toute évidence, ceci traduit une méconnaissance de certains des évènements les plus tragiques de l’Histoire française. Nous sommes début 1986, et de nombreuses défenses françaises seront bientôt endeuillées par l’action d’un duo de dangereux terroristes lillois sobrement intitulés Gérard Soler et Bernard Bureau.
C’est le 11 janvier 1986 qu’a eu lieu le premier de leurs méfaits. Ce soir-là, le LOSC reçoit le SC Toulon. Le passé récent n’incite pas à un optimisme démesuré côté lillois, les Dogues n’ayant remporté que 3 matchs sur les 14 derniers disputés, pour 8 défaites. Il faut dire que l’attaque n’incite en particulier pas à un optimisme béat : alors qu’on espérait beaucoup de l’association Bureau-Vilfort, le duo n’a inscrit qu’un maigre petit but entre le 14 septembre et le 14 décembre 1985. Pendant la trêve hivernale, le LOSC a cependant peut-être réalisé un bon coup : il vient de faire signer Gérard Soler, international français. Certes, à près de 32 ans, il semble sur la pente descendante mais sur le marché auquel le LOSC peut prétendre, il faut le dire, c’est la crème de la crème, Soler. Ce jour-là, le LOSC s’impose, 1 à 0, justement sur un but de Soler servi par Stéphane Plancque.
Une semaine plus tard, le duo Bureau-Soler réalise son premier gros coup : au stade Bollaert, les Dogues créent la surprise chez le quatrième du classement, atomisant leur voisin lensois (4-1), Bureau et Soler inscrivant chacun un doublé, Soler ajoutant une passe décisive pour son compère d’attaque. Quatre jours plus tard, en match en retard contre le PSG, leader incontesté encore invaincu jusqu’ici, le LOSC remporte sa troisième victoire de suite (2-0) grâce à un doublé de Bureau.
Bernard Bureau lors du match en retard contre le leader parisien (2-0)
Le 26 janvier, les Lillois affrontent Melun en coupe de France. Très clairement, les héros sont fatigués : dans la grisaille, Soler sort du lot, permettant aux siens d’arracher les prolongations au cours desquelles il marque finalement le but de la victoire. En 15 jours et 4 matches, le duo Bureau-Soler a déjà inscrit 9 buts !
Le duo continue ensuite à un rythme d’enfer : Bureau donne la victoire aux siens contre Metz (1-0, le 1er février) puis inscrit un doublé insuffisant une semaine plus tard à Monaco (2-3). Le match aller de 16ème de coupe de France, contre Brest, est le premier de l’année 1986 au cours duquel aucun des deux attaquants lillois ne marque ne serait-ce qu’un but et, parallèlement, c’est le premier où un autre dogue marque, en l’occurrence Philippe Périlleux (1-1). Le 19 février, Lille se fait piteusement éliminer lors du match retour en Bretagne (4-2). Menés 3-0 rapidement après la pause, un homme a cependant entretenu la flamme côté lillois : Soler, qui, en cinq minutes (64è, 69è) avait ramené les siens à un but des Armoricains. Décidément, il crève l’écran, Soler.
T’aurais pas dû Gérard Soler ♪♫
Faire une passe à Nangis ♪♫
T’aurais dû passer par derrière ♪♫
à Klonaridis ♪♫
Cette élimination marquera cependant une rupture, pour la dynamique générale du club lillois, mais aussi en particulier pour le duo. Les deux attaquants ne marqueront aucun but lors des sept matchs qui suivent. La série fût au finale brillante sur un mois et demi : 14 buts en 40 jours, 7 pour chacun des deux. Et comme il ne manque pas d’énergie, Soler, il finira la saison en beauté en inscrivant un but pour chacune des deux dernières journées. C’est qu’il sait envoyer des missiles, Soler.
Bernard des Bois
Vous connaissez sans doute Robin des Bois, qui volait aux riches pour donner aux pauvres (1). Si vous nous suivez avec assiduité, vous savez aussi peut-être que le LOSC s’est amusé à jouer aux Robins des Bois en 1988/1989. Bernard Bureau, c’était déjà un peu ça avant l’heure en cette saison 1985/1986. Bernard des Bois en somme.
En 1985/1986, la D1 compte quatre ogres : Nantes, Bordeaux, Monaco et Paris. Il y a aussi les outsiders, Metz, Lens, Toulouse et Auxerre. De ces huit adversaires, seuls les deux derniers cités s’en sortiront s’en encaisser de but de Bureau sur la saison. En revanche, il inscrit 3 buts aux Monégasques comme aux Lensois, 2 aux Parisiens, et 1 aux Nantais, comme aux Bordelais et aux Messins. Bernard a alors activement travaillé à voler des points aux « riches » par ses 11 buts contre ces huit adversaires. En revanche, ces points, Bernard les laissait volontiers aux « pauvres » : il n’inscrit que 2 buts contre les onze adversaires présumés les plus faibles.
Ce côté Robin des Bois, Bernard l’exprime d’ailleurs avec particulièrement de force quand Gérard Soler le rejoint sur le front de l’attaque lilloise, puisque chacun des 7 buts qu’il inscrit alors le sont contre l’un de ces gros morceaux du championnat. De là à voir dans Soler l’homologue de Frère Tuck, il n’y a qu’un pas.
A vendre, Bureau, presque neuf (presque parce qu’il peut aussi jouer ailier)
En fin de saison, Bernard Bureau quitte le LOSC pour l’ambitieux Matra Racing de Lagardère. Pour sa part, il fût question que Gérard reste. Il s’en ira finalement au Stade Rennais. Depuis, les matchs du LOSC, il les regarde derrière son écran, Soler.
-
Sans doute connaissez-vous aussi « Manu des Banques », qui vole aux pauvres pour le donner aux riches.
Posté le 15 octobre 2018 - par dbclosc
Lille/Fleury : un point c’est tout
Ça aurait pu être 3, mais sans une gardienne encore à la hauteur, ça aurait aussi pu être 0 point. Les Lilloises se contenteront donc d’un point en attendant d’équilibrer davantage leur jeu.
Il fait un temps de coupe Intertoto en ce samedi après-midi. Comme dirait l’autre, « y a plus de saison ». Que l’automne disparaisse et que la planète surchauffe pendant qu’on marche « pour le climat » en centre-ville, on s’en fiche un peu : l’important, c’est que survive la meilleure saison, à savoir la saison de foot. Le LOSC reçoit Fleury, une équipe en apparence d’un niveau proche, et dont le début de saison est très réussi (2 victoires, 2 nuls dont un à Bordeaux, et une seule défaite, contre le PSG). Les Lilloises, de leur côté, restent sur un excellent nul contre ce même PSG (1-1). Après avoir reçu le cador lyonnais d’emblée puis le promu-nouveau riche dijonnais, c’est l’occasion de stopper la série de défaites à Luchin. En l’absence d’Héloïse Mansuy – elle est dans la tribune quand même, et on a peut-être rêvé mais on a aussi aperçu Aurore Paprzycki, ou en tout cas son sosie, et aussi Jérémie Descamps – Dominique Carlier aligne la même équipe qu’à Paris.
Sur le banc : Azem, Boucly, Bultel, Dufour, La Villa
Dans la tribune : Mansuy
On est très contents car c’est le retour du fameux « Allez Bichon ! », juste avant le coup d’envoi. Un cri du cœur qui vient des tribunes et qu’on a jusqu’alors attribué à des partisans de Marine Dafeur. Mais on s’est peut-être trompés, vous verrez plus loin. Les « Allez Rachel » fusent aussi (ça c’est plus habituel), de la part de petites filles qui, pour certaines, ont même un t. shirt à l’effigie de leur idole. Bonne nouvelle : le chronomètre fonctionne.
14h30 C’est parti !
2e Au cours des deux premières minutes, tout se met en place tranquillement : Silke Demeyere fait une première intervention dans la surface de réparation lilloise puis relance ; Maud Coutereels a déjà envoyé un premier bourrin vers l’avant ; et la grosse voix d’Elisa Launay est opérationnelle.
4e à la suite d’une faute sur Tolmais, Morgane Nicoli envoie un coup-franc dans la surface de réparation qui atterrit au deuxième poteau dans les pieds de Lina Boussaha qui parvient à centrer aux 6 mètres, mais c’est un rien trop haut pour Ouleye Sarr.
8e Long coup-franc de Rachel Saïdi, qui donne un corner. La même Rachel le frappe, pendant que les Lilloises se positionnent toutes dans l’arc de cercle. Attention, tactique ! Au moment du botté, elles se jettent vers le but, et c’est Danielle Tolmais qui reprend de la tête au premier poteau, la gardienne détourne d’une belle manchette !
10e Boussaha trouve en retrait Marine Dafeur qui, en une touche, cherche Sarr aux 6 mètres. La défense est surprise mais Ouleye est un peu courte. C’était bien vu.
15e Y a l’adjoint de Fleury qui gueule. Qu’est-ce qu’il y a ?
Peut-être que l’adjoint de Fleury n’accepte pas que le coach postule
à la « Nicolas Pépé cam »
24e Belle intervention de Lernon, qui trouve même le 6 mètres en sa faveur. Et là, des félicitations dans le public adressées à « Bichon » sèment le doute en nous : et si Bichon, c’était Jessica Lernon ? Parce que notre « Bichon » supposée, Marine Dafeur, n’y est pour rien dans cette action. L’enquête continue. Nous sommes preneurs de toute information !
25e Mon Dieu Elisa, que fais-tu ? Alors qu’elle veut dégager à la main, elle semble se raviser, mais le ballon part quand même en espèce de cloche à quelques mètres devant elle. Comme ça a surpris tout le monde, aucune attaquante adverse n’en a profité, et Elisa a eu ensuite le bon réflexe de ne pas reprendre le ballon des mains. Ça ressemblait un peu à ça, et donc ça arrive aux meilleur.es. Après l’action d’Anne-Laure Davy à Marseille l’année dernière, on peut ajouter cette action au bêtisier du LOSC féminin.
28e Carla Polito envoie une adversaire dans la barrière, et ça fait du bruit. Apparemment Maud Coutereels donne des cours à ses équipières.
31e Il y a quelques moments où ça cafouille. Là, Nicoli et Coutereels – par ailleurs très solides – relancent un peu n’importe comment, et il faut une faute « intelligente » de Boussaha pour stopper une action donnée à l’adversaire.
34e Beau une-deux entre Sarr et Saïdi. Rachel élimine une adversaire avec un crochet puis centre en retrait. C’est dégagé par la défense, mais Carla Polito arme une belle frappe de 20 mètres : la gardienne capte.
38e Récupération haute de Tolmais. Elle passe dans l’axe à Ouleye Sarr qui envoie une frappe placée à l’entrée de la surface mais trop peu puissante. La gardienne prend le ballon. Lina Boussaha était peut-être mieux placée à gauche…
Sur la relance, l’attaquante floriacumoise – oui, on dit comme ça et c’est chiant à écrire, ce sera donc la dernière fois – Nadjma Ali Nadjim frappe de 20 mètres : au-dessus.
39e Fleury attaque. Côté droit, Julie Rabanne, qui n’a rien à voir avec Paco, se retrouve en face-à-face avec Elisa Launay, et superbe sortie de notre gardienne, qui détourne en corner ! Elle s’empare ensuite parfaitement du ballon sur le coup de coin.
43e Belle anticipation de Launay, qui sort de sa surface et dégage devant une adversaire. Elle boite quelques secondes mais ça a l’air d’aller.
45e Beau travail de Lina Boussaha. Elle donne à Saïdi côté droit qui efface une adversaire et donne un rien trop tard à Sarr, qui est hors-jeu. Y avait Tolmais seule de l’autre côté, dommage. C’est la mi-temps.
Première période très indécise. Chaque équipe a des possibilités. Les Lilloises sont très gênées par le pressing haut de Fleury, et il y a une première ligne difficile à passer. Ainsi, on aura sûrement peu d’occasions de le souligner cette année, mais ce sont plutôt nos deux milieux défensives, Carla Polito et Silke Demeyere, qui se retrouvent en difficulté pour trouver des solutions, et leurs choix se réduisent souvent à repasser par l’arrière, d’où on repart par un jeu long mais qui trouve rarement nos deux attaquantes. Sarr, le plus souvent dos au but, n’a pas eu l’occasion d’avancer dans le bon sens, et Tolmais est assez discrète, même si c’est elle qui a signé la meilleure occasion lilloise. Mais dès que le LOSC a passé une première ligne et que Boussaha et Saïdi ont été trouvées, il y avait des espaces et ce sont ces deux-là qui ont été les lilloises les plus créatives et dangereuses. Derrière, c’est globalement solide, mais Elisa Launay a été mise à contribution et s’est montrée décisive en une contre une.
Le T.Shirt Rachel Saïdi, bientôt à la boutique du LOSC
48e Ouverture de Marine Dafeur, et cette fois ça passe pour Ouleye Sarr, qui s’enfonce côté gauche, repique dans l’axe, entre dans la surface, et cherche Tolmais : c’est repoussé devant le but. Elle aurait pu frapper… mais c’était aussi bien tenté de chercher Danielle Tolmais. Corner.
49e Lina Boussaha frappe le corner. C’est repoussé à l’entrée de la surface de réparation. Silke Demeyere trouve Rachel Saïdi dans l’axe qui met en un bel enveloppé du droit dans le filet opposé mais le but est refusé pour hors-jeu.
50e Côté droit, un centre de Fleury passe devant le but de Launay sans être repris.
51e Encore une belle sortie d’Elisa Launay au pied.
Carton jaune pour Nadjma Ali Nadjim, qui passe une grande partie du match à râler.
52e Centre de Marine Dafeur, bien vicieux, qui fait hésiter la gardienne. Mais ça ne donne rien.
54e Après un faute sur Boussaha, Silke Demeyere frappe un coup-franc entre la gardienne et le point de pénalty. Jessica Lernon est proche de reprendre mais la gardienne repousse avec difficulté. Puis Danielle Tolmais est contrée.
55e Carton jaune pour Demeyere. Grosse erreur d’appréciation de l’arbitre.
Eh ben il s’en passe des choses en ce début de deuxième période. Les joueuses devraient penser un peu plus à ceux qui écrivent en même temps le récit du match, car ça devient compliqué ! Sans compter qu’on va encore nous reprocher que nos comptes-rendus sont trop longs.
Août 2011. Ce malheureux individu, fan de Hazard, apprend que Park va signer au LOSC et file chez son couturier pour compléter le motif de son polo.
58e Dans la surface lilloise, un premier centre est d’abord sauvé par Lernon, puis une reprise est contrée par Launay et/ou Coutereels aux 6 mètres… On s’en sort bien.
60e Bon pressing offensif de Sarr et Boussaha, à l’image de ce que nous font les adversaires. Le ballon arrive sur Polito dans le rond central qui retrouve Boussaha, esseulée dans l’axe, mais elle tarde à avancer.
62e Carton jaune pour Teninsoun Sissokho après une faute sur Tolmais.
65e RÉCUPÉRATION DE DEMEYERE, Sarr est servie et frappe de l’extérieur du droit à l’entrée de la surface. C’est contré. Mais on trouve bien mieux Ouleye en cette deuxième mi-temps.
Dans la foulée, y a un carton jaune pour Lena Jouan, pour un coup sur Saïdi.
69e Polito manque sa passe en retrait et sert directement une adversaire. Ça se termine avec une frappe de Salma Amani, qui vient d’entrer, au-dessus.
70e Centre de Marine Dafeur vers Tolmais, hors-jeu, mais c’est contré et l’arbitre donne gentiment le corner. Celui-ci est frappé directement par Saïdi, la gardienne repousse des poings. Puis elle récupère le second centre de Dafeur.
72e Tolmais ne voit pas Sarr, qui était seule dans l’axe. Sur la contre attaque, la défense lilloise récupère et manifestement, Ali Nadjim a encore protesté auprès de l’arbitre. Elle reçoit un deuxième jaune et est donc exclue. Salut !
78e Launay, toujours vigilante.
81e Julie Dufour remplace Rachel Saïdi, auteure d’une belle prestation. Ma voisine me dit que la nouvelle entrante a l’air d’avoir 16 ans. Je lui dis qu’elle a 17 ans.
83e Coup-franc pour Fleury, ça arrive au deuxième poteau et ça termine au fond, mais il y avait hors-jeu. Le règlement est clair : dans ces cas-là, ça ne compte pas.
84e RÉCUPÉRATION DE DEMEYERE, puis elle centre trop haut.
85e Encore une faute sur Boussaha, et encore de la numéro 20, dont le nom est Charlotte Fernandes. Ça suffit maintenant hein ! Silke joue astucieusement le coup-franc à ras de terre vers Boussaha, toute seule à l’entrée de la surface. Elle donne en retrait à Polito qui frappe au-dessus.
86e Côté droit, Dufour trouve Sarr qui s’enfonce vers la surface mais pousse un peu trop loin son ballon. La gardienne le récupère.
88e Dafeur pour Boussaha côté gauche. Elle repique vers le centre et frappe, sans difficulté pour la portière. Je dis portière pour ne pas répéter « gardienne », ça donne un style littéraire plus attrayant.
90e Ludivine Bultel remplace Lina Boussaha, très active elle aussi.
93e Bultel trouve Sarr côté gauche, avec de l’espace. Elle arrive à éliminer une adversaire et entre dans la surface. Balle de match ! Mais elle tire bien trop tôt… Sans compter en plus c’est bien trop mou. Ah et n’oublions pas que c’est bien trop loin de la cible. Donc ce match s’achève sur un 0-0, après une dernière frappe adverse à côté.
Globalement, on peut faire la même analyse qu’en première période, même si les Lilloises s’en sont mieux sorties pour sortir le ballon. Y a de quoi être frustrés sur le manque de solutions trouvées, et sur les quelques occasions mal exploitées. Mais c’est un sentiment que les joueuses de Fleury peuvent partager, car sans Elisa Launay, décisive à plusieurs reprises, le LOSC ne prenait pas de point cet après-midi. C’est le genre de match nul qui mériterait qu’on donne 2 points aux deux équipes. Ce qui est un peu embêtant, c’est qu’on n’a pas senti le LOSC en supériorité numérique pendant 20 minutes. L’arbitre a été très bon. L’équipe reste sur une dynamique positive après le nul obtenu à Paris. Mais elle avance peu, puisqu’elle reste 9e. Prochain rendez-vous le week-end prochain çà Guingamp. À domicile, ce sera le 27 octobre contre Montpellier !
Les comptes-rendus des matches précédents :
Lille/Lyon : Les carottes sont que huit
Lille/Dijon : Le coup de mou tarde (à nous quitter)
Notre entretien avec le coach Dominique Carlier (août 2018)
Notre entretien avec Rachel Saïdi (août 2017)
Notre entretien avec Silke Demeyere (mars 2018)
Posté le 10 octobre 2018 - par dbclosc
Coupe de France 1996 : le LOSC éliminé par un gros coup de mistral
Au cours de la très médiocre saison 1995-1996, Lille réussit un beau parcours en coupe de France en atteignant les quarts de finale, une performance qu’il n’avait pas réalisée depuis 1988. Mais au stade Vélodrome, le LOSC va tomber sur un os : le vent s’associe au complot et donne le pénalty vainqueur aux Marseillais.
Alors que le LOSC, à ses origines, avait basé sa prestigieuse réputation notamment par ses performances en coupe de France (5 finales consécutives de 1945 à 1949, dont 3 remportées en 1946, 1947 et 1948, puis deux nouvelles victoires en 1953 et en 1955), on ne peut pas dire que, par la suite, la coupe nationale ait été une solide alliée des Dogues. Après cette époque dorée, le LOSC n’a pas pu faire mieux que deux demies-finales, en 1983 (éliminé par Nantes, 0-1 ; 1-1), puis en 1985, notamment après le coup d’éclat réalisé contre Bordeaux en 1/16e (1-3 ; 5-1), où Lille est malheureusement éliminé par Monaco (0-2 ; 1-0). Après 1955, on ne compte que 8 présences en quarts de finale : les deux années précédemment évoquées, bien entendu – puisque si on est arrivés en demies, c’est qu’on est passés par les quarts – et les années 1957, 1960, 1979, 1981, 1987 et 1988. À l’orée de la saison 1995-1996, voilà donc 7 ans que les Dogues n’ont pas fait mieux qu’un quart de finale. Entre-temps, ils ont même pris l’habitude de se faire sortir par des équipes de divisions inférieures (Valenciennes en 1992, Rouen en 1993, Rennes en 1994)
Une bonne saison de merde
Et difficile d’imaginer que le LOSC rompra cette année avec cette triste tradition. La saison est pénible : après 9 journées, le LOSC ne comptait que 2 petits points, et il a fallu attendre la venue du Havre lors de la 10e journée pour signer un premier succès (2-0). En août, Jean Fernandez a été remplacé par Jean-Michel Cavalli ; Frank Pingel, annoncé comme le buteur que le LOSC attendait, est reparti au Danemark en payant un supplément pour excès de poids ; Amara Simba ne marque pas ; Philippe Périlleux n’a plus son éclat d’antan ; le joker Becanovic, malgré des débuts en fanfare, est en méforme ; et Joël Germain, Thierry Rabat et Geza Mesoly sont sur la pente descendante. Seules satisfactions : Patrick Collot et Jean-Marie Aubry (qui a remplacé dans les buts un Nadon, lui aussi défaillant). Après que l’automne a permis au LOSC de sortir provisoirement de la zone de relégation grâce à une solidité retrouvée, l’équipe poursuit laborieusement soit au-dessus soit en-dessous de la ligne de flotaison, et on se dit qu’on serait bien avisés de se faire éliminer au plus vite des coupes nationales pour se concentrer sur le maintien en D1. Mais comme on fait tout à l’envers, c’est finalement en coupe de France qu’on va trouver quelques satisfactions.
Nadon impeccable
Le 13 janvier 1996, le LOSC entre en lice et se rend chez l’ogre Saint-Leu, dans le Val d’Oise, où le club local joue en National. Vraiment, attention : ces gars-là sont parvenus à éliminer le magnifique champion nantais la saison précédente, en 16e de finale (1-1, puis 4-2 aux tirs aux buts), avant de se faire sortir par Strasbourg au tour suivant. Mais l’obstacle est franchi sans trop de problème, grâce à un pénalty obtenu et transformé par Patrick Collot (71e).
Pour le tour suivant, en 16e de finale, le LOSC se rend à Nancy, en tête du championnat de D2. Jean-Michel Cavalli, qui avait écarté Jean-Claude Nadon en septembre après un match calamiteux à Gueugnon, redonne du temps de jeu l’ex-capitaine du LOSC. Et bien lui en prend, puisque Nadon réussit une performance de haute volée au stade Marcel Picot, en repoussant tous les assauts nancéiens, et notamment un pénalty de Stéphane Capiaux en première période, que la douce voix d’Olivier Hamoir, sur Fréquence Nord, va vous faire revivre dans cet extrait audio :
À l’arrivée, Nadon préserve le 0-0 et deux nouveaux arrêts durant les tirs aux buts permettent au LOSC de passer (4-2). Sa performance est telle que la Voix du Nord s’interroge : à trois jours d’un derby au stade Bollaert, Jean-Michel Cavalli ne serait-il pas avisé de redonner sa chance en championnat à celui qui compte plus de 200 matches en D1 avec le LOSC ? L’intéressé garde la tête froide, et pas seulement parce que la température était négative à Nancy : « on n’arrête pas de me demander si je pense avoir marqué des points dans l’esprit de l’entraîneur avant le derby. Je réponds tout simplement que je n’ai fait que mon métier, le mieux possible. Depuis que je ne suis plus titulaire, je n’ai jamais baissé les bras. J’ai gardé le moral et j’ai continué à travailler le plus possible aux entraînements. Beaucoup d’autres joueurs professionnels ont vécu cette situation. C’est la loi de la compétition (…) Sur le pénalty de Capiaux puis sur le tir au but de Correa, je savais qu’il ne fallait pas anticiper trop rapidement. J’avais travaillé à l’entraînement, c’est tout ». Finalement, Jean-Marie Aubry gardera le but lillois à Bollaert, d’où le LOSC repart avec un bon point (1-1). Mais on retrouve Jean-Claude Nadon au tour suivant, en huitièmes, contre Monaco.
Jean-Claude Nadon et Jean-Pierre Lauricella au stade Marcel Picot
Le 24 février 1996, tandis que Roger Hitoto fête ses 27 ans, Grimonprez-Jooris accueille Monaco, pour les huitièmes de finale. Quelques semaines auparavant, il y avait eu la même confrontation en championnat, et le match s’était achevé sur un 0-0 confus, avec l’expulsion précoce de Patrick Collot qui a confondu terrain de foot et ring de boxe, puis celle, incompréhensible, de Sonny Anderson en deuxième mi-temps : après avoir tiré un pénalty sur le poteau, Jean-Marie Aubry s’est jeté sur lui, a simulé avoir pris un coup de tête du Brésilien, et l’arbitre est tombé dans le panneau. « C’est vrai qu’il y a peut-être un peu de provocation de ma part », commente sobrement notre gardien.
Sans Leclercq suspendu, Périlleux blessé, Abed non qualifié, et Boutoille ménagé en vue du match de championnat contre Montpellier 3 jours après, le LOSC va avoir fort à faire. Mais il ouvre le score très rapidement par Antoine Sibierski, reprenant une frappe de Simba repoussé par Porato : « je vois Amara qui accélère dans l’axe. Je décale un peu sur la gauche et me démarque. Il préfère y aller seul, alors que je m’attendais à une passe. Je crois qu’il a bien fait, puisque le gardien a relâché le ballon, et comme j’étais à l’affût… ». En début de seconde période, Enzo Scifo égalise, un but contesté par les Lillois : pour Philippe Lévenard, « le but égalisateur nous a semblé entaché d’une main. Cela nous a donné un sentiment d’injustice ». Les équipes ne parviennent pas à départager et filent en prolongation : une bien mauvaise affaire a priori. Durant la dernière demi-heure, Rabat et Cygan souffrent de crampes. Les tirs aux buts vont désigner le vainqueur.
Alors que le public lillois chante « Le LOSC à Paris ! », les tireurs Dogues ne tremblent pas : Sibierski, Dindeleux, Becanovic, Rabat et Collot transforment tous leurs tirs. Côté monégasque, le dernier tireur approche. C’est Sonny Anderson, et comme il rate tous ses pénos contre Lille, Jean-Claude Nadon plonge sur sa gauche et offre la qualification aux Lillois. Le président Lecomte est ravi : « je suis très content pour le public et pour le club. Bien sûr, le championnat reste le plus important, mais désormais, nous n’avons qu’une envie, aller le plus loin possible. Au départ, quand j’ai entendu les gens qui scandaient « Lille à Paris », ça m’a fait sourire. Mais maintenant, je l’espère fortement ». Bah, au pire, Lille sera à Paris le 27 avril pour le championnat.
En quarts à Marseille
Nous nous rendons donc à Marseille en quarts, mais aussi en avion. Marseille est alors en D2 suite à sa rétrogradation administrative deux ans plus tôt, et va probablement retrouver l’élite dans quelques semaines. Événement : le match est retransmis sur TF1 en fin d’après-midi, et commenté par le duo Larqué/Mathoux, avec Marianne Mako comme journaliste de terrain. Du coup, Arnaud Duncker, qui n’est pas du déplacement, peut regarder le match chez lui en toute sérénité.
TF1 place nos joueurs n’importe comment, donc on rectifie : Nadon est de nouveau aligné dans les buts. En l’absence de Frédéric Dindeleux, Philippe Lévenard joue à un poste inhabituel, dans l’axe, pour que Rabat reste en sentinelle devant la défense, tandis que Pascal Cygan est à l’époque arrière gauche. Devant, Becanovic, rarement titulaire en championnat, est aligné d’entrée. On note la présence de quelques barbes dans l’effectif, tradition de coupe qui a tendance à disparaître : Carrez, Lévenard et Cavalli présentent une petite barbichette du meilleur effet.
Voici la présentation du match, et quelques images du parcours des deux équipes dans la compétition avant qu’elles ne se retrouvent. Vous y verrez donc les buts de Collot à Saint-Leu, le tir au but victorieux de Dindeleux à Nancy, le but de Sibierski contre Monaco et l’arrêt décisif de Jean-Claude Nadon.
Pour être tout à fait honnête, on n’assiste pas à un grand match. Lille est en manque cruel de maîtrise technique et collective, tandis que l’OM s’en remet au jeu de tête de son grand attaquant irlandais Tony Cascarino, reconverti plus tard en chroniqueur pour le Times, et qui s’en était violemment pris à Claude Puel après le Lille/Manchester de 2007. Marseille a notamment deux grosses occasions, par Bernard Ferrer qui se heurte à un grand Nadon à bout portant (23e), puis par Cascarino qui reprend une tête de Hernandez, mais Leclercq sauve sur la ligne (33e). Entre ces deux actions, on vous a calé une petite interview de Christophe Galtier qui, visionnaire depuis le banc marseillais, évoque l’importance du vent. Quel beau gosse, regardez-moi ça. En fin de période, le LOSC pointe son nez avec une frappe lointaine de Sibierski suite à un raid de Becanovic, mais Alonzo détourne sur sa gauche (38e).
Désolés, on n’a pas pris le pack Gold.
À la pause, le score est de 0-0, et Jean-Claude Nadon est sur la lancée de ses belles performances lors des tours précédents. Du coup, Marianne Mako va l’interroger, et JCN répond systématiquement par « ah vous savez… ». Oui, nous le savons. De Marseille.
Mistral perdant
À la mi-temps, Boutoille, blessé, est remplacé par Simba. Croyez-le ou non, Amara se crée quelques occasions d’emblée, mais ne parvient pas à scorer, ça c’est plus attendu. Dans un match toujours aussi insipide, mais qui laisse toutefois des espoirs au LOSC, le complot va subitement se manifester à la 81e minute.
Libbra vous de le croire : il souffle un vent mauvais sur le Vélodrome. Suite à un hors-jeu lillois, Marquet envoie un long ballon dans le camp lillois vers Cascarino, à la lutte avec Pascal Cygan. Gêné par le grand Pascal, Cascarino se chie dessus et frappe à côté du ballon, qui file en 6 mètres. Mais l’arbitre, Pascal Garibian, siffle pénalty ! Tout le monde est pris de court, à commencer par Jean-Michel Cavalli qui, persuadé qu’il était impossible de siffler sur une action pareille, poursuit tranquillement son interview avec Marianne Mako. Du côté de TF1, on ne se mouille pas mais on comprend que les commentateurs sont également stupéfaits, comme Jean-Michel Larqué qui, quand Hervé Mathoux lui demande son avis sur l’action, déclare : « ne me mettez pas dans l’embarras ! Je dirais tout simplement que M. Garibian a décidé qu’il y avait pénalty (…) à TF1, on a un grand respect des arbitres ». Bernard Ferrer, qui avait fait un essai à Lille lors de l’été 1994 (il avait même marqué en amical contre Dunkerque) mais qui a finalement préféré rejoindre le sud, transforme le pénalty en force. Marseille mène 1-0.
Le LOSC se réveille, et pousse en fin de match, avec une redoutable attaque Collot-Simba-Becanovic, puis Machado. À la dernière seconde, Frédéric Machado a une occasion en or pour égaliser, mais il frappe à côté, une action qui méritait bien d’être classée n°1 de notre top dégueulasse.
Lille échoue donc en quarts après un match assez terne. En championnat, quelques semaines plus tard, l’équipe se sauve miraculeusement. Un an après, le LOSC tient sa revanche, en éliminant Marseille de la coupe de France en 32e. Et il faudra attendre 2006, 10 ans après, pour retrouver le LOSC en quarts de finale de coupe de France.
Posté le 6 octobre 2018 - par dbclosc
Et si on rejouait les matchs jusqu’à ce que les résultats soient défavorables au LOSC ?
Le scandale de la 4e place en 1947
Le 11 mai 1947, le LOSC remporte sa deuxième Coupe de France consécutive aux dépens du Racing Club de Strasbourg. Si vous nous lisez dans LOSC In The City, nous y avons consacré un article en janvier dernier. Cette victoire a toutefois des conséquences en championnat : le LOSC ne conserve pas son titre de champion de France. Mais alors que la 3e place est assurée, la Ligue intervient pour mettre en place ce qu’elle fait de mieux contre le LOSC : le complot.
L’été 1946 voit le départ de George Berry. L’entraîneur anglais claque la porte sur un doublé coupe-championnat, excédé par son président, Louis Henno. André Cheuva, qui vient de terminer sa carrière de joueur à Marcq-en-Baroeul après avoir représenté plusieurs clubs de la métropole, arrive sur le banc de touche. Son premier match officiel est d’ailleurs un derby : le LOSC revient de Bollaert avec le point du match nul (3-3). A posteriori, c’est le premier match au cours duquel est pris en compte l’existence du virtuel bâton de Bourbotte. Si les résultats sont bons tout au long de la saison, ils sont en-deçà des performances de la saison précédente : deux mauvaises séries à l’automne (1 point en 5 matchs) puis au printemps (4 points en 5 matchs) ne permettent pas de suivre le rythme imposé par la surprenante équipe de Roubaix-Tourcoing. Le LOSC navigue entre la 3e et la 5e place, accédant même à trois reprises à la deuxième place (9e, 12e et 14e journées).
La 37e journée est programmée au jeudi 8 mai 1947. Plusieurs équipes sont au coude-à-coude, que ce soit pour la course au titre ou celle au podium.
La victoire est alors à deux points. Le goal-average est la division entre le nombre de buts marqués et le nombre de buts encaissés.
A trois jours de la finale de la Coupe de France, le LOSC (qui se déplace au Racing Club de Paris, 16e) et Strasbourg (qui se déplace à Bordeaux, 15e) choisissent de faire tourner leurs effectifs. Cela ne signifie pas que les joueurs doivent se tenir la main en faisant une ronde, mais que plusieurs joueurs habituellement titulaires laisseront leur place à leurs collègues réservistes. Les deux équipes s’inclinent 1-0. Reims n’en profite pas et perd 3-2 à Marseille, tandis que le Stade Français concède le nul 4-4 à domicile face à la lanterne rouge havraise. La bonne affaire est pour Roubaix-Tourcoing : sa victoire devant Rouen lui permet d’être champion de France !
Si le LOSC a raté une belle occasion de prendre la 3e place (et éventuellement la 2e en fonction du goal average), ce fut pour la bonne cause : le LOSC triomphe à Colombes et ramène la coupe à la maison.
La dernière journée offre toutefois quelques espoirs de podium au LOSC, qui affronte Rennes (9e). Dans le même temps, Strasbourg doit se remettre de sa défaite en finale à domicile face au Stade Français. Reims semble avoir le match le plus « facile » face au RC Paris, sauvé après sa victoire face à l’équipe lilloise remaniée. Le classement à l’entame de la dernière journée :
Comme prévu, Reims s’impose 2-1 et valide sa deuxième place. Dans le même temps, Strasbourg a flanché à la Meinau, où le Stade Français s’impose 1-2 après avoir été mené. Les Lillois en profitent : en battant Rennes 2-0, ils terminent la saison sur le podium grâce à un meilleur goal average :
Dans ce championnat à 38 journées, le LOSC effectue un parcours comparable à celui effectué en 1945-1946 dans un format à 34 matchs.
L’histoire aurait pu s’arrêter là. Pourtant, la 3e place du LOSC cette saison-là n’a jamais été au programme de l’Education Nationale. L’école aurait-elle renoncé à transmettre le savoir ? Et pour cause. Jamais avare d’idées en matière de complot contre le LOSC, le football français s’est surpassé pour réécrire l’histoire.
Le 13 mai 1947, soit deux jours après la finale de Coupe de France, le comité directeur du Groupement Professionnel de Football (l’ancien nom de la LFP) se réunit à Paris pour auditionner les dirigeants du Lille OSC et du RC Strasbourg. Il leur est reproché de ne pas avoir aligné leurs meilleures équipes lors de la 37e journée de championnat. Le comité reconnaît toutefois que les Lillois, « en présentant des joueurs de réserve professionnelle, avaient mieux respecté l’esprit du championnat que Strasbourg qui avait aligné huit joueurs amateurs[1] ». Les deux équipes sont ainsi sanctionnées :
- Lille et Strasbourg ne peuvent « en aucun cas » se voir attribuer le titre de champion de France 1946-1947. Le titre étant alors déjà mathématiquement hors de portée, cela signifie qu’en cas de déclassement de Roubaix-Tourcoing et de Reims, les deux clubs n’auraient pas pu prétendre au titre. Le Stade Français, 5e, aurait donc été champion.
- Lille reçoit une amende de 50 000 francs. Celle de Strasbourg est de 200 000 francs.
- Bordeaux-Strasbourg devra être rejoué. La recette du match ira intégralement aux Girondins. Et le LOSC ? Il ne rejoue pas !
Ces décisions, sans appel possible, déclenchent un tollé parmi les clubs de première division, qui jugent les sanctions exagérées et incohérentes. Outre les amendes pécuniaires, la décision de rejouer Bordeaux-Strasbourg est évidemment la plus problématique pour le LOSC : Strasbourg, qui a volontairement aligné une équipe plus faible pour préserver ses joueurs avant la finale de Coupe de France, est « condamné » à rejouer ce match avec ses titulaires habituels le 20 mai 1947, et risque donc de repasser devant le LOSC. Et attention à ne pas aligner de nouveau une équipe modifiée : la Ligue précise qu’une « surveillance spéciale sera exercée » ! Plus c’est gros, moins ça passe.
On y a cru, ce 20 mai, quand Bordeaux ouvre le score dès la 1e minute de jeu. Mais Strasbourg s’impose au final 2-5. Grâce à ce beau coup de pouce de la Ligue, Le RCS termine ainsi à la 3e place. Point positif, la défaite du LOSC au RC Paris a sauvé le club francilien aux dépens du RC Lens, relégué en Division 2.
[1] Le Monde, 14 mai 1947
Posté le 4 octobre 2018 - par dbclosc
Para bailar con Bamba (pour danser avec Bamba)
Après la belle performance de Jonathan Bamba contre l’OM ce dimanche (3-0, rappelons-le), Los Lobos nous ont adressé cette chanson hommage à Jonathan. On n’avait rien compris, mais on a fait traduire la chanson par un authentique Espagnol (traduction qu’on vous joint après la version originale). Pour mieux profiter de l’hommage, mettez la zique en marche.
Para bailar con bamba
Para bailar con bamba se necesita una poca de Garcia
Una poca de Rudi Garcia pa de Passi y Arribas y Arribas
Ah y José Arribas por ti Pépé, por ti Pépé, por ti Pépé,
Yo no soy Junior Tallo
Yo no soy Junior Tallo, soy capitán,
Soy capitán, soy capitán
Bamba Bamba
Para bailar con bamba
Para bailar con bamba se necesita una poca de Garcia
Una poca de Rudi Garcia pa des Passi y Arribas y Arribas
Ah y José Arribas por ti seré, por ti seré, por ti seré
C’est quoi qu’on doit bailar déjà ?
Pour danser avec Bamba,
Pour danser avec Bamba, il y a besoin d’un p’tit peu de Garcia,
Un p’tit peu de Rudi Garcia, pas de Passi et Arribas et Arribas,
Ah et José Arribas por ti Pépé, por ti Pépé, por ti Pépé
Je ne suis pas Junior Tallo,
Je ne suis pas Junior Tallo,
j’suis capitaine, j’suis capitaine, j’suis capitaine,
Bamba, Bamba,
Pour danser avec Bamba, il y a besoin d’un ptit peu de Garcia,
Un p’tit peu de Rudi Garcia, pas de Passi et Arribas et Arribas,