Posté le 19 octobre 2018 - par dbclosc
Quand Soler et Bureau semaient la terreur. Retour sur 40 jours de feu (1986).
La statistique est impressionnante : entre le 11 août et le 6 octobre 2018, soit en 57 jours, le duo Pépé-Bamba a inscrit 13 buts (étalés sur 9 rencontres). Il y un peu plus de 30 ans, un autre duo d’attaque lillois s’était montré encore plus prolifique : Bernard Bureau et Gérard Soler avaient ainsi inscrit à eux deux 14 buts en seulement 8 matchs et 40 jours.
Je ne sais pas si vous vous êtes fait la remarque, mais « Bamba-Pépé », ça fait un peu nom de code en mode « Bamba Pépé à Tango Charlie ! Je répète Bamba Pépé à Tango Charlie ! ». Dans le même genre, le duo Bureau-Soler a du style. Et un style assez moderne quand on y pense à une époque où le développement des énergies renouvelables rencontre un succès croissant. Même s’il est vrai qu’on ne voit pas spontanément l’intérêt d’un bureau solaire.
Une autre histoire de « la Terreur »
Les plus jeunes d’entre nous ne le savent pas et les plus vieux l’ont peut-être oublié – sans vouloir remuer le couteau dans la plaie – mais le LOSC avait, au début de l’année 1986, le duo d’attaque le plus efficace de l’hexagone. Pendant une durée assez courte, certes, mais quand-même. L’Histoire est sélective. Ordinairement, « la Terreur » est associée à Robespierre. De toute évidence, ceci traduit une méconnaissance de certains des évènements les plus tragiques de l’Histoire française. Nous sommes début 1986, et de nombreuses défenses françaises seront bientôt endeuillées par l’action d’un duo de dangereux terroristes lillois sobrement intitulés Gérard Soler et Bernard Bureau.
C’est le 11 janvier 1986 qu’a eu lieu le premier de leurs méfaits. Ce soir-là, le LOSC reçoit le SC Toulon. Le passé récent n’incite pas à un optimisme démesuré côté lillois, les Dogues n’ayant remporté que 3 matchs sur les 14 derniers disputés, pour 8 défaites. Il faut dire que l’attaque n’incite en particulier pas à un optimisme béat : alors qu’on espérait beaucoup de l’association Bureau-Vilfort, le duo n’a inscrit qu’un maigre petit but entre le 14 septembre et le 14 décembre 1985. Pendant la trêve hivernale, le LOSC a cependant peut-être réalisé un bon coup : il vient de faire signer Gérard Soler, international français. Certes, à près de 32 ans, il semble sur la pente descendante mais sur le marché auquel le LOSC peut prétendre, il faut le dire, c’est la crème de la crème, Soler. Ce jour-là, le LOSC s’impose, 1 à 0, justement sur un but de Soler servi par Stéphane Plancque.
Une semaine plus tard, le duo Bureau-Soler réalise son premier gros coup : au stade Bollaert, les Dogues créent la surprise chez le quatrième du classement, atomisant leur voisin lensois (4-1), Bureau et Soler inscrivant chacun un doublé, Soler ajoutant une passe décisive pour son compère d’attaque. Quatre jours plus tard, en match en retard contre le PSG, leader incontesté encore invaincu jusqu’ici, le LOSC remporte sa troisième victoire de suite (2-0) grâce à un doublé de Bureau.
Bernard Bureau lors du match en retard contre le leader parisien (2-0)
Le 26 janvier, les Lillois affrontent Melun en coupe de France. Très clairement, les héros sont fatigués : dans la grisaille, Soler sort du lot, permettant aux siens d’arracher les prolongations au cours desquelles il marque finalement le but de la victoire. En 15 jours et 4 matches, le duo Bureau-Soler a déjà inscrit 9 buts !
Le duo continue ensuite à un rythme d’enfer : Bureau donne la victoire aux siens contre Metz (1-0, le 1er février) puis inscrit un doublé insuffisant une semaine plus tard à Monaco (2-3). Le match aller de 16ème de coupe de France, contre Brest, est le premier de l’année 1986 au cours duquel aucun des deux attaquants lillois ne marque ne serait-ce qu’un but et, parallèlement, c’est le premier où un autre dogue marque, en l’occurrence Philippe Périlleux (1-1). Le 19 février, Lille se fait piteusement éliminer lors du match retour en Bretagne (4-2). Menés 3-0 rapidement après la pause, un homme a cependant entretenu la flamme côté lillois : Soler, qui, en cinq minutes (64è, 69è) avait ramené les siens à un but des Armoricains. Décidément, il crève l’écran, Soler.
T’aurais pas dû Gérard Soler ♪♫
Faire une passe à Nangis ♪♫
T’aurais dû passer par derrière ♪♫
à Klonaridis ♪♫
Cette élimination marquera cependant une rupture, pour la dynamique générale du club lillois, mais aussi en particulier pour le duo. Les deux attaquants ne marqueront aucun but lors des sept matchs qui suivent. La série fût au finale brillante sur un mois et demi : 14 buts en 40 jours, 7 pour chacun des deux. Et comme il ne manque pas d’énergie, Soler, il finira la saison en beauté en inscrivant un but pour chacune des deux dernières journées. C’est qu’il sait envoyer des missiles, Soler.
Bernard des Bois
Vous connaissez sans doute Robin des Bois, qui volait aux riches pour donner aux pauvres (1). Si vous nous suivez avec assiduité, vous savez aussi peut-être que le LOSC s’est amusé à jouer aux Robins des Bois en 1988/1989. Bernard Bureau, c’était déjà un peu ça avant l’heure en cette saison 1985/1986. Bernard des Bois en somme.
En 1985/1986, la D1 compte quatre ogres : Nantes, Bordeaux, Monaco et Paris. Il y a aussi les outsiders, Metz, Lens, Toulouse et Auxerre. De ces huit adversaires, seuls les deux derniers cités s’en sortiront s’en encaisser de but de Bureau sur la saison. En revanche, il inscrit 3 buts aux Monégasques comme aux Lensois, 2 aux Parisiens, et 1 aux Nantais, comme aux Bordelais et aux Messins. Bernard a alors activement travaillé à voler des points aux « riches » par ses 11 buts contre ces huit adversaires. En revanche, ces points, Bernard les laissait volontiers aux « pauvres » : il n’inscrit que 2 buts contre les onze adversaires présumés les plus faibles.
Ce côté Robin des Bois, Bernard l’exprime d’ailleurs avec particulièrement de force quand Gérard Soler le rejoint sur le front de l’attaque lilloise, puisque chacun des 7 buts qu’il inscrit alors le sont contre l’un de ces gros morceaux du championnat. De là à voir dans Soler l’homologue de Frère Tuck, il n’y a qu’un pas.
A vendre, Bureau, presque neuf (presque parce qu’il peut aussi jouer ailier)
En fin de saison, Bernard Bureau quitte le LOSC pour l’ambitieux Matra Racing de Lagardère. Pour sa part, il fût question que Gérard reste. Il s’en ira finalement au Stade Rennais. Depuis, les matchs du LOSC, il les regarde derrière son écran, Soler.
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Sans doute connaissez-vous aussi « Manu des Banques », qui vole aux pauvres pour le donner aux riches.
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11 août 2022
Permalien
NBH a dit:
Soler était donc un collègue de Bureau ?
Dans le vestiaire, Titeca vantait le physique de Bernard, il parlait souvent de cette « armoire de Bureau »
Ceci dans l’unique but de rééquilibrer les histoires de crème, missile et autre écran de cet excellent article.
Je regrette toujours le fameux panneau d’affichage GBM de GJ : LOSC VIST en ampoules jaunes 25W et sa magnifique horloge en culs de bouteilles verts et rouge qui s’allumaient par 5 mn…