Archiver pour novembre 2018
Posté le 29 novembre 2018 - par dbclosc
The Sochaux must go on ! L’Olympique Lillois, finaliste de la première « Coupe Sochaux » (1931)
En 1932/1933 a lieu la première édition du championnat de France professionnel. Pourtant, deux ans auparavant, était née la « Coupe Sochaux », trophée créé à l’initiative de Jean-Pierre Peugeot et qui est parfois présenté comme l’ancêtre du championnat qui allait naître. Pour la première édition, l’Olympique lillois termine finaliste.
En 1928, le FC Sochaux-Montbéliard est créé à l’initiative de salariés du groupe Peugeot, principal industrie et employeur de la région doubiste. Jean-Pierre Peugeot se saisit alors du projet et recrute à grands frais parmi les meilleurs joueurs du pays et de l’étranger. En cette belle époque de l’amateurisme marron, Peugeot est un fervent défenseur du professionnalisme. Il revendique d’ailleurs publiquement que les joueurs recrutés pour Sochaux ne sont payés qu’à jouer au football et à rien d’autre.
Grâce à Peugeot, Sochaux est alors une commune en pleine expansion : en quinze ans, elle a plus que quintuplé sa population. Elle n’en demeure pas moins un village : lors du recensement de 1926, Sochaux ne compte en effet que 2186 habitants (427 en 1911). Elle en comptera 3641 en 1931. C’est donc de ce village que Jean-Pierre Peugeot veut faire l’un des principaux fiefs du football français. Dans son optique paternaliste, Peugeot voit d’un bon œil que ses ouvriers se divertissent à travers le football, la professionnalisation du football constituant à cet égard un investissement pour lui. Au printemps 1930, il est alors à l’initiative d’une nouvelle compétition qui attire alors le gratin (1) du football hexagonal : la Coupe Sochaux.
There is only one JPP
A une époque, le LOSC aurait été en mesure de faire signer un certain JPP, en l’occurrence Jean-Pierre Papin. Sans suite. Plus tôt, un autre JPP avait également fréquenté Lille : les anciens professeurs de l’ESJ, pour ceux qui ont survécu au traumatisme, sont en effet encore hantés par le souvenir d’un jeune étudiant nommé Jean-Pierre Pernaut. Mais l’histoire de Lille avec JPP avait en réalité débuté bien avant. En effet, quand Jean-Pierre Peugeot crée la Coupe Sochaux, son ambition est de solliciter les principaux clubs français favorables au professionnalisme et donc l’Olympique Lillois d’Henri Jooris. En plus de Lille et Sochaux, six autres équipes participeront à ce qui n’est pas loin d’être le premier championnat de France professionnel.
La compétition est organisée de la manière suivante : chaque club est intégré à une poule de quatre équipes et affronte chaque adversaire en matchs aller-retour. A l’issue de cette phase de poules, les premiers de chaque groupe s’affrontent pour une finale à Paris. L’OL est dans le groupe du Club Français, de Sète et de Mulhouse tandis que Sochaux joue dans le groupe de Roubaix, Marseille et du Red Star.
Lille, premier finaliste de la Coupe Sochaux
Il est difficile de trouver des informations précises sur le déroulement de la compétition. Ainsi, on sait que Lille débute par une victoire à domicile contre Sète avant de battre Mulhouse pour sa deuxième rencontre. Les « Dogues » – car un extrait de presse de l’époque nous confirme que les joueurs de l’OL ont déjà ce surnom – affrontent ensuite à nouveau Mulhouse puis reçoit le Club Français (sans que l’on ait retrouvé les résultats de ces rencontres), s’inclinent à Sète (3-1) puis terminent la phase de poule par une dernière victoire sur le terrain du Club Français (2-1).
A l’affût, Barrett l’avant-centre britannique de l’OL
Dans l’autre groupe, c’est Sochaux qui termine en tête. La compétition est l’occasion pour les nordistes de briller puisque le dauphin de Sochaux dans son groupe n’est autre que le RC Roubaix. On n’est donc pas passés très loin d’une finale nordisto-nordiste. Finalement, le 17 mai 1931 à Paris, la finale de la première « Coupe Sochaux » opposera bien l’OL de Jooris au FC Sochaux-Montbéliard de Peugeot.
La boucherie du 17 mai 1931
En ces temps troublés, l’OL affronte donc le FC Sochaux au Parc des Princes. Las, ce jour-là, les Sochaliens semblent avoir mangé du lionceau et nos Dogues ne font guère illusion. Le Petit Parisien du 18 mai 1931 relate en détail cette finale ayant eu lieu la veille. « La première mi-temps se termina à l’avantage des joueurs francs-comtois [...]. Plus à l’aise que leurs adversaires, ils menèrent le jeu à peu près à leur guise. Les Lillois furent souvent décontenancés par l’imprévu des attaques des équipiers de Sochaux, les situations les plus dangereuses pour les Nordistes étant créées par l’ailier gauche Leslie qui montra en maintes occasions sa grande classe. Cropper, Maschinot et Leslie réussirent chacun une fois à tromper Van de Putte, qui ne parut pas aussi sûr que de coutume dans ses arrêts. » Trois à zéro après une demi-heure de jeu environ, voilà qui est mignon.
Cheuva entretint bien un maigre espoir en réduisant la marque peu avant la pause (3-1). Lille domina ensuite copieusement la deuxième mi-temps, notamment grâce au jeune et talentueux Jacques Delannoy, mais se heurta à la défense doubiste. A un quart d’heure de la fin, le quatrième but sochalien enterra définitivement les espoirs lillois et, surtout, leurs velléités de révoltes. Le Petit Parisien nous rappelle cette fin tragique « Dès lors, Lille ne réagit plus et, tout à la fin du match, deux buts superbes, marqués par Lucien Laurent et Cropper accentuèrent sa défaite. ». Six à un, le score est trop sévère, mais il est vrai que les Sochaliens étaient supérieurs ce jour-là.
L’OL qui dispute cette compétition est déjà constituée d’une bonne partie de l’ossature de l’équipe qui remportera le premier championnat de France professionnel deux ans plus tard. William Barrett, Zoltan Varga, Georges Winckelmans, Jacques Delannoy, titulaires à Paris on effet ensuite été champions avec Lille en 1933. Mais d’autres membres de cette équipe ne sont pas très loin lors du premier championnat professionnel : c’est notamment le cas d’André Cheuva, de l’Anglais George Berry et du gardien Louis Vandeputte qui jouent alors au SC Fives et allaient terminer deuxièmes du championnat lors de l’édition de 1934.
Mulhouse vainqueur en 1932
Pour la seconde édition, vingt équipes participent à la compétition et sont divisées en quatre groupes de cinq équipes pour chacun d’entre eux (on remarque là une certaine cohérence, là où d’autres auraient fait un groupe de 12 équipes et quatre groupes de 2), les premiers de chaque groupe disputant ensuite les demi-finales (là encore, on constate une certaine cohérence). Le SC Fives n’y participe pas, mais la région est bien représentée : le RC Roubaix participe encore et l’Excelsior (de Roubaix, hein) et Tourcoing connaissent leur première participation. L’Olympique Lillois, pour sa part, se retrouve dans le groupe du Stade Havrais (et donc non dans celui du HAC), du Red Star, de l’AS Cannes et d’Amiens.
Les Dogues connaissent un parcours inégal. Ils font d’abord la course en tête avec en point d’orgue une victoire sur le terrain du Red Star (4-3) après avoir mené 4-1 à la mi-temps. Ils battent également Cannes (3-2), font match nul à Amiens (4-4) et contre le Red Star (2-2). Mais ils s’écrasèrent également au Havre (2-0) et, surtout, à Cannes (5-0). Ne nous demandez pas ce qu’ils ont fait lors des matchs à domicile contre Le Havre et Amiens : on n’a pas trouvé. Ceci étant, on pense que Lille a gagné.
Place désormais au premier championnat de France professionnel. A l’origine, l’OL ne devait pas y participer, Jooris, le chantre du professionnalisme, préférant finalement jouer la stratégie du championnat régional. Piqués par l’inscription du SC Fives, qui jouait alors en Promotion, c’est-à-dire la deuxième division régionales, les Dogues allaient changer d’avis. Bonne idée : l’OL allait devenir le premier champion de France.
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Il est vrai que Sochaux n’est pas loin du Dauphiné.
Posté le 19 novembre 2018 - par dbclosc
Lille/Bordeaux : un LOSC bien bouchonné
On a échappé aux bouchons des gilets jaunes et on déboucherait bien un petit Bordeaux. Lille/Bordeaux, c’est un duel droite/gauche, vin/bière, chocolatine/petit pain, et c’est surtout le Launayico puisque notre gardienne retrouve son ancien club. Et on retrouve aussi le seul club contre qui les filles ont pris 6 points la saison dernière, pour la première (3-0) puis la dernière (2-1) journée de la saison.
Depuis le match contre Montpellier il y a 3 semaines, les Lilloises sont allées prendre un point à Soyaux (1-1), ce qui ne fait toujours pas avancer beaucoup, mais c’est une performance assez méritoire car Jessica Lernon a été expulsée dès la demi-heure de jeu (une expulsion pour le moins sévère, à voir ici à 0’40), et les Lilloises, après avoir concédé l’ouverture du score dans la foulée, sont revenues grâce au deuxième but de la saison de Danielle Tolmais, qui a par ailleurs retrouvé l’équipe de France B qui s’est imposée 5-2 en Belgique. Danielle est entrée en fin de match.
Les Bordelaises, de leur côté, après un début de saison intéressant, restent une série de cinq matches sans victoire, dont quatre défaites, avec 11 buts encaissés et aucun marqué. Il y a peut-être moyen d’enfin renouer avec la victoire, ce n’est pas arrivé pour les nôtres depuis la deuxième journée…
Côté effectif, Lernon est donc suspendue suite à son expulsion. Ouleye Sarr est toujours blessée et le saviez-vous ? Jana Coryn est indisponible pour une longue durée. On fait donc en fonction des joueuses disponibles, et ça devient compliqué car le banc est très jeune. Une surprise par rapport aux compos précédentes : Lina Boussaha, qu’on trouvait de mieux en mieux, est remplaçante, et Ludivine Bultel est titularisée pour la première fois de la saison.
Joie dans la tribune : c’est le grand retour du soleil dans la figure quand il tape, et du froid polaire dès lors qu’il disparaît. Il y a pas mal de Bordelais.
14h30 C’est parti !
4e Super action avec bon nombre de passes : ça part de Nicoli derrière, qui trouve Saïdi à droite. Rachel repasse par le centre avec Polito, qui sollicite un une-deux avec Dufour, Carla oriente de l’autre côté vers Marine Dafeur, qui relaie avec Bultel. Dafeur centre, ça rebondit dans les 6 mètres mais Rachel Saïdi ne peut pas reprendre.
8e Un stadier demande à une dame de ne pas s’asseoir dans les escaliers. Elle grogne et semble en appeler à la démocratie. Retenez bien ça pour après, il y a une chute.
Le premier quart d’heure est assez encourageant, avec des Lilloises qui posent le ballon et obtiennent quelques corners, mais pas vraiment de situations, hormis à la 12e minute, où une récupération au milieu de terrain de Bultel profite à Saïdi, qui se précipite peut-être un peu pour donner à Tolmais, qui est reprise. Saïdi et Bultel intervertissent ensuite leur position. Mais les premières occasions sont bordelaises :
14e Petit corner à la con des Bordelaises (ça veut juste dire qu’elles le jouent à deux près du poteau de corner. Si les Lilloises avaient fait la même chose, j’aurais dit que c’était vachement astucieux). Lavogez envoie un centre-tir vicieux. Beau plongeon de Launay sur un ballon qui aurait pu être dévié au premier poteau par Asseyi.
15e Sur une ouverture de l’arrière, une adversaire se retrouve seule face à Launay (c’est à chaque match ça, non ?) Asseyi prend de vitesse Nicoli, mais Elisa Launay, qui ne s’est jetée qu’au dernier moment, sauve du genou.
17e ça réclame un péno sur le banc bordelais. Pour tout vous dire, je regardais ailleurs, mais je suis à peu près sûr qu’il n’y avait rien.
18e La 10 hurle après une faute de Silke Demeyere. Ça va, hein.
23e Faute sur Coutereels, qui à son tour a l’air de s’être fait très mal. Elle sort du terrain pour se faire soigner. L’arbitre ne donne pas de faute. On l’invite gentiment à aller voir le compte instagram de Maud, dont la jambe est aussi bleue qu’un Schtroumpf.
Honnêtement, c’est un peu chiant ce match.
25e Silke Demeyere perd le ballon à 30 mètres. Côté gauche, Garbino se présente encore seule devant Launay, et Elisa remporte de nouveau son duel en repoussant du poing droit.
Les Bordelaises avaient bien profité qu’on soit à 10 pour foutre un pressing sur la défense.
29e Ah, ça y est, Lavogez râle pour la première fois du match en réclamant des fautes imaginaires, et semble bien partie pour nous faire le même cirque que l’année dernière quand elle était venue avec Fleury.
Belle vue, c’est exceptionnel
30e Gros carambolage entre Polito, Dafeur et Lavogez. En fait, Lavogez a poussé Marine qui s’est retrouvée en sandwich entre son équipière et l’adversaire. Dafeur et Lavogez restent un moment face contre terre sans bouger, ce qui est toujours rassurant. Carton jaune pour Lavogez, et Marine a l’air complètement sonnée. Elle sort se faire soigner.
Pendant que les deux joueuses sont au sol, un facétieux spectateur hurle « Cinéma, Bordeaux ! ». Dans la mesure où une de chaque camp est par terre, on peut penser que c’est juste pour rigoler. À côté de nous, la dame de tout à l’heure, dont on a repéré qu’elle est pour Bordeaux, semble s’indigner et prend au premier degré ce trollage en règle : « ah ben Lille aussi hein ! ». Et par ailleurs elle a une propension à tout commenter avec une mauvaise foi d’un pénible. Hé, si t’es pas contente, tu mets un gilet jaune et tu vas bloquer le rond-point d’entrée à Luchin !
Bon, en tout cas ce match est très heurté.
31e On ne change pas une formule qui gagne : Bordeaux accélère soudainement alors qu’on est à 10.
36e Ça manquait : une blessure. Marine Dafeur ne peut pas reprendre. Elle est remplacée par Chrystal Lermusiaux, qui prend le côté droit de la défense, tandis qu’on fait coulisser Héloïse Mansuy à gauche.
37e Frappe de Bultel à l’entrée de la surface, trop molle.
38e Grand pont de Dufour et centre vers Tolmais aux 6 mètres. Corner.
41e Bon tacle de Mansuy, qui concède un corner. C’est encore joué à deux. Lavogez fait mine de centrer mais y va seule pour finalement foncer tout droit en 6 mètres. Elle réclame un corner qu’elle n’obtient pas, râle un coup, et s’amuse à ne pas rendre le ballon à notre gardienne en la lobant. Eh bien on lui aurait mis un 2e jaune là-dessus que
1. ça n’aurait pas été illogique
2. ça m’aurait fait plaisir.
43e Face au pressing bordelais, Mansuy et Coutereels se font des passes pendant 30 secondes et tentent des dribbles qui nous font passer des sueurs froides au vu leur position reculée, et finalement Maud envoie un long ballon qui semble anodin mais qui se transforme en belle ouverture pour Bultel, qui frappe fort mais au milieu du but : sur la gardienne. C’est bien la peine d’essayer de construire !
Ça me rappelle une veille tactique que j’utilisais sur FIFA 98 : faire tourner derrière pour faire remonter le bloc adverse, qui se persuadait progressivement qu’il allait récupérer le ballon. Une fois qu’il était bien haut, j’envoyais un long ballon et je me retrouvais en surnombre en contre, et parfois directement en un contre un.
45e C’est chaud devant notre but. On n’arrive pas à se dégager mais les Bordelaises n’ont pas l’air de vouloir tirer. Heureusement que Coutereels fait le ménage.
Ça réagit bien dans la continuité, avec une action construite côté gauche entre Polito, Mansuy et Saïdi, qui mettent enfin un peu de hargne, même si ça n’aboutit pas à un ballon dans la surface adverse.
C’est la mi-temps, ça fait 0-0, la tête à Polito. C’est pas terrible et on s’ennuie. Autant on avait écrit que le précédent match était la meilleure publicité qu’on puisse faire pour venir à Luchin, autant là c’est plutôt un repoussoir. Le LOSC est plutôt dominé, souvent en difficulté dans les relances de l’arrière, et il ne se passe pas grand chose devant car, hormis sur des efforts de Dufour qui parvient à éliminer sur des gestes individuels, les Lilloises n’approchent pas le but adverse. Donc Danielle Tolmais a beau, encore, se démener devant, elle n’est pas servie dans des conditions exploitables. Et grâce à Elisa Launay, on peut s’estimer heureux de ne pas être menés.
Il y a Igniacio Prieto dans la tribune, Chilien, joueur du LOSC de 1971 à 1976. C’est le moment « anecdotes du LOSC » : Didier me dit qu’il lui a offert sa première cigarette lilloise sous une tribune à Henri-Jooris. Voilà qui vient davantage égayer l’après-midi que le spectacle auquel on assiste.
15h34 C’est reparti Paprzycki.
48e Cafouillage d’emblée devant le but lillois. Parmi les frappes contrées, y en une bien partie contrée par Mansuy.
Sur le corner frappé côté gauche par Lavogez, tendu et tendue, reprise de la tête dans les 6 mètres de Kathellen Sousa qui échappe au marquage de Bultel, et ouverture du score. 0-1.
51e Claire Lavogez râle.
56e Polito transmet à droite à Lermusiaux, qui trouve Saïdi en profondeur. Le superbe centre de Rachel est repris de la tête aux 6 mètres par Tolmais, mais ça finit sur la barre !
59e Silke Demeyere fait une faute et se fait mal. Elle prend un jaune.
61e Encore un arrêt de Launay sur une frappe à 9 mètres
63e Elisa Launay rate sa relance à la main. C’est récupéré à 35 mètres, tentative de lob, mais elle récupère le ballon.
65e Servie en milieu de terrain, Asseyi efface trop facilement Demeyere puis, sans opposition, s’avance sur 20 mètres, et frappe à l’entrée de la surface. 0-2
Silke Demeyere sort, Maïté Boucly entre. Rachel Saïdi recule d’un cran.
On se retrouve avec des positionnements à peu près comme ça.
68e La traditionnelle panne de chrono.
Julie Dufour s’énerve et met une belle manchette à une adversaire. C’est bien, ça !
70e Encore un beau travail de Julie Dufour côté droit, qui trouve Bultel dans l’axe à 30 mètres. Elle frappe mais ça ne pose pas de souci à la gardienne. Son but de 30 mètres est encore remis à plus tard.
76e Bultel sort, Dellidj entre.
79e Grosse occase pour Lavogez, seule entre le point de pénalty et les 6 mètres. Sa reprise acrobatique passe à côté.
Y a des boulevards derrière, mais les Bordelaises sont gentilles.
89e Rachel Saïdi glisse en tirant son coup-franc. 30 secondes après, elle glisse en faisant une passe. Ça glisse quoi.
92e Boucly récupère un ballon, frappe de loin, et contribue à accélérer la chute des feuilles d’un arbre situé derrière le but.
C’est fini, 0-2. Heureusement qu’on revient avec de belles photos. C’était vraiment ennuyant au niveau du jeu, et ça commence à devenir ennuyeux au niveau du classement. Il n’y a pas grand chose à dire sur les performances individuelles, on peut même encore souligner encore la belle qualité de certaines d’entre elles (Launay, Coutereels, Dufour), mais les joueuses ont beau tourner, ça ne prend pas collectivement, surtout dans l’animation offensive. Et lors de moments où le jeu s’arrête, on voit les joueuses les mains sur les hanches, manquant manifestement de solutions et paraissant parfois résignées. Un jeu et une attitude qui rappellent ce qu’on avait vu l’année dernière contre Rodez, avant que ça n’aille bien mieux. Bien sûr, les blessées contraignent à s’adapter avec les moyens du bord, mais c’était cette fois d’une pauvreté qui inquiète sérieusement sur la capacité de cette équipe à aller plus haut. Une seule occasion, la tête de Tolmais sur la barre, et quand bien même les filles auraient égalisé, on peut douter que le score ne bougeât plus en notre défaveur, et je mets un subjonctif imparfait si je veux. Le prochain match aura lieu à Metz, on en saura davantage…
Épilogue
La dame dont on vous a parlé plus haut, à plusieurs reprises : elle est allée saluer Claire Lavogez à la fin du match. En fait, c’est sa mère.
À Metz, il faudra appuyer sur le champignon
Le résumé du match :
Les comptes-rendus des matches précédents :
Lille/Lyon : Les carottes sont que huit
Lille/Dijon : Le coup de mou tarde (à nous quitter)
Lille/Fleury : Un point c’est tout
Lille/Montpellier : A la bonne heure
Notre entretien avec le coach Dominique Carlier (août 2018)
Notre entretien avec Rachel Saïdi (août 2017)
Notre entretien avec Silke Demeyere (mars 2018)
Posté le 16 novembre 2018 - par dbclosc
Un LOSC de haut vol
Le jeudi 15 novembre en matinée, le LOSC a publié un communiqué indiquant l’annulation du match amical prévu en Espagne contre Valladolid, son avion n’ayant pu décoller dans les temps « en raison des conditions météorologiques ». Une mésaventure de vol qui rappelle trois précédents.
On ne s’attardera pas sur le fait que dès qu’il y a un trophée en jeu, il y a des complications autour de notre club favori, comme si des forces obscures complotaient contre lui afin de l’empêcher d’étoffer son palmarès, mais sachez tout de même que cet amical était l’occasion de remporter de nouveau le Trofeo Ciudad de Valladolid, déjà gagné en 2007 (2-1) grâce à des buts de Debuchy (9e) et… Tahirovic (92e).
À nous le trofeo de Valladolid Halilhodzic !
Le LOSC a souvent eu des problèmes avec l’avion, et pas seulement parce qu’Avion est proche de Lens. Plus généralement, on peut classer ces péripéties sous la catégorie « problèmes de vol ». Retour sur trois mésaventures.
1. Metz, janvier 1996
Le 6 janvier 1996, le LOSC est censé jouer un 1/8e de finale de coupe de la Ligue et se rend à Metz pour y affronter le futur vainqueur de l’épreuve. Lors du tour précédent, Lille a éliminé Caen (D2) par 4-1, inscrivant ce soir-là 12% de l’ensemble de ses buts de la saison dans les 3 compétitions nationales, grâce à deux doublés de Philippe Périlleux et Miladin Becanovic. La priorité est bien sûr au championnat, car c’est mal embarqué, mais après tout un bon parcours en coupe ne serait pas de refus, mais il faudra plutôt se tourner vers la coupe de France.
Ce jour-là, les Lillois ont rendez-vous à 9h à l’aéroport de Lesquin pour un décollage prévu à 10h à destination de Metz. À 9h45, l’aéroport de Metz fait savoir qu’il est impossible d’atterrir, car la piste est verglacée, et on ne voit rien à cause du brouillard. Il faut donc attendre, et l’équipe du LOSC en profite pour déjeûner. À 11h20, bonne nouvelle : il est possible d’atterrir… mais au Luxembourg. Décollage à 13h, et le temps de faire le trajet du Luxembourg jusque Metz en bus, les Lillois arrivent à 16h à leur hôtel et peuvent désormais se concentrer sur leur match. Mais à 16h30, alors que le groupe s’apprête à prendre une collation, le président du FC Metz, Carlo Molinari, appelle la délégation lilloise et l’enjoint de se rendre de suite au stade Saint-Symphorien. Jean-Michel Cavalli et Claude Thomas sont du même avis que les Messins et que l’arbitre, Stéphane Bré : le terrain est impraticable. C’était bien la peine, tiens. Tout le monde se met d’accord pour rejouer le 16 janvier. Et Cavalli est content : « dans ce contexte, nous sommes toujours qualifiés ! ». Une p’tite pipe hourra ! Les Lillois repartent en bus vers le Luxembourg et reprennent l’avion.
Le 16 janvier, le LOSC retourne à Metz, et s’incline 0-2 devant 5 000 spectateurs, après un match au cours duquel il n’a rien montré. La Voix du Nord titre : « le brouillard ne s’est pas levé ». Oui, le LOSC ne volait pas haut à l’époque.
Alerte futur lensois sur cette photo
2. Colmar, janvier 2010
Ce vendredi 8 janvier 2010, le LOSC décolle de Lesquin. Direction Colmar pour son entrée en lice en Coupe de France. Bien que Colmar ait éliminé Metz au tour précédent, l’adversaire est modeste pour l’équipe qui a épaté la France juste avant la trêve hivernale en terminant l’année par 6 victoires et 23 buts marqués. Après deux semaines sans compétition, Rudi Garcia convoque un groupe sans surprise pour lui donner du rythme avant le retour de la Ligue 1. Partis à la CAN, Gervinho, Chedjou et Auabameyang sont indisponibles.
Mais les conditions météorologiques inquiètent les Lillois. Plus tôt dans la semaine, Michel Seydoux avait alerté la fédération. Le gel et la neige attendus semblent difficilement compatibles avec la tenue d’un match de football. Le mercredi 6 janvier, la fédération confirme que la pelouse sera en bon état, alors même que la température maximale n’a plus été positive depuis le 2 janvier et que des gelées plus fortes sont attendues (-10°). La tentative d’atterrissage à Colmar échoue : la neige l’en empêche. L’avion lillois franchit alors la frontière et tente sa chance à Bâle. Nouvel échec. C’est finalement à Zurich que les Lillois réussissent à se poser. Les 150km jusqu’à Colmar s’effectuent en bus.
Le lendemain, ce qui était craint se réalise : l’arbitre juge le terrain trop dangereux et reporte le match. Parti rejoindre Zurich dès l’annonce des officiels de la rencontre, le LOSC retourne à Lille. Coût du transport : 30 000 €. Dans La Voix du Nord, Michel Seydoux semble agacé : « c’est de l’amateurisme dans le mauvais sens du terme. On n’est pas naïfs, mais on nous a dit jusqu’au bout « on peut jouer », alors on a respecté la consigne… On avait quand même alerté les gens de la FFF depuis le début de semaine ! Faire déplacer une équipe dans ces conditions, c’est un scandale de désorganisation permanente. C’est d’un amateurisme criard, de l’incompétence totale de la Fédé. »
Le match est remis au samedi 23 janvier. Entretemps, le LOSC s’est qualifié en Coupe de la Ligue face à Rennes, s’est imposé en championnat contre le PSG avant de s’incliner à Sochaux le mercredi 20. Encore engagé en Ligue Europa, à trois jours d’un quart de finale de Coupe de la Ligue au Vélodrome et à une semaine du derby, le club n’envoie pas sa meilleure équipe en Alsace : dans les buts, Ludovic Butelle supplée Landreau. En défense, Pape Souaré apparaît pour la première fois. Sa deuxième apparition interviendra 10 mois plus tard. Dumont, qui recule d’un cran, et Rivierez composent la charnière centrale. À droite, Jerry Vandam, à qui Garcia a offert du temps de jeu en Ligue Europa. Au milieu, Idrissa Gueye porte pour la première fois en pro le maillot lillois. Comme son copain Souaré, il faudra attendre 2010-2011 pour le revoir. Le Sénégalais est accompagné de Souquet, qu’on revoit après une prestation brillante à Prague et une médiocre contre Rennes, et d’Obraniak, régulièrement utilisé mais derrière Hazard et Gervinho dans la hiérarchie. Devant, Vittek sera soutenu par Salibur et Larsen Touré, rien que ça. Sur le banc, si on trouve De Melo, Hazard ou Debuchy, un petit nouveau de 16 ans pointe le bout de son grand nez : Lucas Digne.
Toujours gelé, le terrain est cette fois jugé praticable. Au terme d’un match assez nul, sans aucun but en 120mn, le LOSC s’incline 10-9 aux tirs au but après l’échec de Stéphane Dumont, qui tirait là son deuxième pénalty de la séance.
Convoqué devant la Commission Nationale de l’Ethique pour ses propos, Michel Seydoux avait sorti son plus bel argumentaire : « si on ne peut plus rien dire, on est dans un régime stalinien ». PAF !
Allez Stéphane, une bonne main au cul et on n’en parle plus !
3. Le transfert de Marvin Martin, été 2012
10 M€, c’est vraiment du vol !
Posté le 9 novembre 2018 - par dbclosc
Mickael Correia, une histoire populaire du football
Jeudi 8 novembre, à L’Hybride, étaient projetés des courts-métrages sur le foot pas business. A ensuite eu lieu un échange avec Mickaël Correia, auteur de Une histoire populaire du football (La découverte). Nous publions ici, avec son accord, l’enregistrement de son intervention liminaire.
Posté le 6 novembre 2018 - par dbclosc
Lille-Lens 1996 : trop haut pour être vrai
Le mercredi 6 novembre 1996, grâce à un doublé de Patrick Collot, le LOSC s’impose 2-1 à Grimonprez-Jooris dans le derby face à Lens. Cette victoire conclut une (presque) demi-saison exceptionnelle : après 16 journées, le LOSC a 26 points et pointe à la 4e place. Difficile d’imaginer qu’après cette confrontation, les deux clubs vont lourdement chuter et se retrouver en avril pour un duel qui ne fera qu’un survivant en D1.
Ce 6 novembre 1996, c’est le 73e derby de l’après-guerre. Et il y a bien longtemps qu’il n’a pas vu se confronter deux équipes du haut de tableau : avant ce match, les Lensois sont en effet 4èmes et restent sur 3 victoires consécutives, et les Lillois sont juste derrière, à la cinquième place. Il faut dire que le LOSC est loin des standards auxquels il nous a habitués depuis quelques saisons. Hormis un faux-pas 10 jours avant contre le futur champion monégasque (1-4), il est intraitable à domicile (4 victoires, 3 nuls), et reste même sur 2 succès l’extérieur, à Montpellier puis à Cannes. Une fois n’est pas coutume, on se dirige vers un maintien tranquille, et les plus optimistes commencent même à évoquer la coupe d’Europe. Aux origines de tout cela, un mercato considéré comme réussi, avec notamment les arrivées de David Garcion, Anthony Garcia, Bojan Banjac et, plus tardivement en tant que joker, de Franck Renou. Ces arrivées, conjuguées au départ des pré-retraités de la saison précédente (Germain, Nadon, Périlleux, Simba) semblent avoir formé un effectif équilibré, qui offre un football offensif et spectaculaire : à domicile, cela fait déjà 3 semaines que Lille a atteint le nombre de buts qu’il avait inscrits sur toute la saison précédente ! Et devant, Becanovic est métamorphosé. Lui qui avait démarré en fanfare lors de son premier match en septembre 1995 errait ensuite sur le front de l’attaque, sans parvenir à marquer, hormis un doublé en coupe de la Ligue contre Caen. Buteur dès la reprise contre Metz, il a déjà inscrit 9 buts. En comptant, en plus, ses 4 passes décisives, il est le joueur le plus décisif du championnat.
Avant Thauvin, il y avait eu le bras de fer Becanovic/Banjac
Mais tout cela ne monte pas à la tête des Lillois, si on en croit le coach Jean-Michel Cavalli : « dans ce derby, nous n’avons rien du tout à perdre ! J’ai tout fait pour placer les joueurs dans des conditions idéales : pas d’entraînement particulier, pas de mise au vert ». Selon lui, le LOSC n’est pas vraiment à sa place : « pour moi, il y a Paris, Monaco, Auxerre et Lens. Ensuite, il ne reste plus qu’une place européenne, et c’est nous qui l’occupons, devant Metz, Bordeaux ou Strasbourg. Vous vous rendez compte ! ». Ce n’est pas l’avis de l’entraîneur lensois, et ancien lillois, Slavo Muslin, qui considère le LOSC comme « un adversaire direct dans la course à l’Europe ». Façon habile de se dégager de la pression d’un derby et d’en minimiser l’enjeu. Ce qui est moins habile, c’est de dire ça et de déclencher les hostilités : « nous devons aborder ce derby sans le moindre complexe. Jouer à Lille, ce n’est pas vraiment évoluer à l’extérieur car nous bénéficierons du soutien de nombreux supporters ».
16 311 spectateurs
Les supporters, justement. Bernard Lecomte n’est pas très content : rançon du succès, depuis le début de la saison, le LOSC a déjà dû refuser du monde à deux reprises : contre Marseille et contre Monaco. Depuis le drame de Furiani en mai 1993, les nouvelles conditions de sécurité imposées dans les stades ont réduit la capacité d’affluence de Grimonprez-Jooris à 13 400 personnes. À une époque où les recettes de billetterie ne sont pas négligeables pour la trésorerie d’un club, cela entraîne un manque à gagner que le président a signalé à la mairie… et les services techniques de la ville suivent Lecomte. Le président constate, depuis lundi, soit deux jours avant le match, que tous les tickets sont partis. Il souhaite disposer de 18 500 places : « depuis lundi, nous ne pouvons plus accéder à toutes les demandes et tout ce que nous pouvons dire aux gens, c’est d’avoir la gentillesse de revenir mercredi en début d’après-midi, puisqu’il est impossible de savoir avant si, oui ou non, nous disposerons de ces 5 000 tickets supplémentaires ». Une commission de sécurité de la Ligue Nationale de Football doit se rendre à Grimonprez le jour même du match en matinée pour savoir s’il est possible d’accueillir 18 500 personnes ! En fait, le stade est en travaux, et ceux-ci ayant du retard, on ne peut pas faire autrement que s’organiser en dernière minute. Les travaux portent sur la flexibilité des grilles, qui ne doivent pas résister en cas de poussée, afin d’éviter que les spectateurs ne soient prisonniers. Si évacuation il devait y avoir, elle se ferait aussi par la pelouse, et pas seulement par les escaliers, jugés trop exigus : c’est ce qui avait justifié le passage à 13 400 places. De toute façon, au 1er janvier 98, il faudra 20 000 places assises, sous peine de rétrogradation, mais ça on s’en chargera tout seuls.
Côté effectifs : à Lens, Gugusse Warmuz est blessé de longue date : on aura donc dans les buts Christophe Marichez, car Jean-Claude Nadon, transféré à l’intersaison, ne s’est pas montré très rassurant. Manquent aussi Cyrille Magnier, Sébastien Dallet, et Tony Vairelles, double buteur à Grimonprez-Jooris la saison passée.
À Lille, Philippe Lévenard est blessé. Roger Hitoto est retenu par son équipe nationale, le Zaïre, qui joue ce soir un amical en Turquie, puis un match éliminatoire en Afrique du Sud pour la coupe du monde 1998. Et Cédric Carrez est suspendu après avoir été expulsé à Cannes. Thierry Rabat le remplace en défense centrale. On note aussi la quatrième titularisation de Patrick Collot, à un poste inhabituel d’attaquant, après avoir même été utilisé comme avant-centre lors de son retour à Strasbourg fin septembre. « Il faut lui laisser le temps » répétait Cavalli. Revenu sur les terrains depuis un mois après le décès de son épouse durant l’été, Patrick Collot a toute la confiance du coach, qui s’adapte : « dès qu’il reviendra, je sais qu’on devra lui trouver des aménagements tactiques sur le terrain. Dans un premier temps, je ne pourrai plus l’utiliser au milieu. Il n’aura pas la tête à ça. En revanche, en pointe, il sera bien. On se pose moins de questions à la finition. C’est presque plus simple ». Voilà donc la compo lilloise : Aubry ; Leclercq, Dindeleux, Rabat, Cygan ; Duncker, Renou, Banjac, Garcion ; Collot, Becanovic.
On note enfin la présence, prestigieuse, de Bernard Ménez, en tribunes : il sera le 24 novembre 1996 au Sébastopol avec Mallaury Nataf et Maurice Risch, et y jouera le rôle d’un ministre de l’agriculture. Il parie sur un 2-2.
Roger Carré, ancien joueur des deux équipes et du RC Roubaix, est décédé 4 jours auparavant. Un hommage lui est rendu. Par prudence, on préfère suggérer des applaudissements plutôt qu’une minute de silence dont on redoute qu’elle ne soit pas respectée. Pas de Roger Carré, mais un ballon rond, censé arriver du ciel par le biais de 4 parachutistes devant aussi apporter les drapeaux des deux clubs. Mais là aussi par prudence, l’opération est annulée au dernier moment pour vent violent. Du coup, ce sont deux jeunes garçons qui font le tour du terrain avec les drapeaux : le Lillois s’appelle Maxime, et le Lensois Mathieu.
Les Lillois sont au-dessus
Ça démarre très fort puisque sur sa première attaque, le LOSC fait mouche : Banjac lance Collot côté gauche, qui place le ballon sous Christophe Marichez (5e).
Les Lillois dominent largement les débats, Collot manquant de doubler la mise à la 28e minute : son tir frôle la transversale. Ce n’est que partie chemise : 4 minutes plus tard, Banjac lance Renou côté droit, qui adresse un petit centre dans les 6 mètres. Becanovic glisse mais Collot est au deuxième et place un imparable plat du pied : 2-0 pour Lille !
La Voix du Nord salue la superbe première période du LOSC : « de la volonté, de la hargne et du talent » ; un « jeu direct et incisif privilégiant l’audace et les prises de risques » ; une équipe « vive, inspirée, franchement séduisante ». En tête d’affiche : Collot, Garcion et Banjac devant ; Duncker et Aubry derrière. Muslin fait deux changements à la mi-temps : Régis à la place de Debève, et Rychkov à la place de Foé. Cela ne change pas le rapport de force. La seconde période est plus floue, moins rythmée. Smicer, seul face à Aubry, frappe nettement au-dessus (61e) ; Boutoille, tout juste entré en jeu, bute sur Jean-Guy Wallemme (68e). Pour bien narguer les Sang & Or, Hampartzoumian entre en jeu (80e). En toute fin de match, le LOSC se relâche : Aubry repousse spectaculairement d’une manchette une tête de Camara (88e), avant que le charismatique Frédéric Déhu ne marque enfin d’un beau coup-franc (89e). Lille s’impose et le quotidien régional salue la « remarquable performance » des Dogues, à l’inverse de Lensois « malahabiles », « passés à côté du sujet », « dépassés par les événements », qui « ne donnèrent jamais l’impression de pouvoir renverser la tendance ».
Le LOSC (Franck) renoue avec la victoire dans le derby
La longue marche de Patrick Collot
Il n’avait pas marqué depuis son improbable et salvateur centre dévissé au Parc des Princes 6 mois avant. Quand Patrick Collot a ouvert le score, puis doublé la mise une demi-heure plus tard, une intense émotion a parcouru le stade, et pas seulement parce que le LOSC scorait face à son rival. Le LOSC marquait, et surtout Patrick Collot était buteur. Tout le monde y vit un maigre réconfort pour un homme apprécié de tous et ébranlé par un funeste été. Le public de Grimonprez l’a revu pour un match contre Caen, le 2 octobre, quand il remplaça Djezon Boutoille. 10 jours plus tard, il était titulaire face à Nantes. Entre-temps, Renou avait pris efficacement le relais sur le terrain sportif, et offrait une possibilité offensive supplémentaire. Avant le derby, il avait déclaré : « Je découvre cette équipe. Il faut que j’apprenne à connaître mes nouveaux partenaires. Mais je me sens bien sur le terrain, avec le ballon et les copains. Là, je ne pense qu’au football. C’est bon… »
Sur les deux buts, Jean-Michel Cavalli n’a pas réagi, au contraire des joueurs, qui se sont tous jetés sur le buteur. « C’est un grand plaisir personnel, une grande joie qui s’est exprimée avec le public et tout un club. Dans ces moments-là, on est un peu ailleurs et on ne pense plus du tout à ce que l’on a subi. Oui, c’est vrai, c’est une grande joie… par rapport à tout ce qui m’est arrivé. Je me suis senti soutenu par mes coéquipiers, mon entraîneur, les dirigeants. Mais lorsqu’on vit ça, malheureusement, on le vit tout seul »
C’est pas trop le moment pour un « Coucou, qui c’est ? »
Dernière joie avant la chute
Après ce match, le LOSC passe devant son voisin et se classe 4e, avec 26 points ! Ce derby est le point culminant de la saison, à propos de laquelle on peut lire davantage de détails ici. Pour ce qui est de la coupe d’Europe, Bernard Lecomte éteint rapidement toute enflammade, en affirmant que le club n’y prêt ni financièrement, ni structurellement. Par la suite, le LOSC montrera un visage aussi décevant qu’il a été brillant jusque là. Comme s’il fallait compenser ce sur-régime des Lillois, sur les 22 journées suivantes, il n’y aura plus qu’une victoire et seuls 9 points seront marqués. Lille dégringole petit à petit… tout comme son voisin qui, après cette défaite dans le derby, ne retrouve la victoire qu’en février. Mais Lens se réveille au printemps et signe tout de même encore 4 victoires. Dont une en avril, pour le derby retour. Dans une ambiance particulièrement hostile, Lens bat Lille 1-0. En mai, le LOSC est relégué en deuxième division.
Posté le 2 novembre 2018 - par dbclosc
La parole est à la défense
En 1954, pour la troisième saison consécutive, le champion de France est également la meilleure défense. Cette année-là, le LOSC chipe le titre en n’encaissant que 22 buts en 34 journées. Une performance remarquable mais qui suscite une polémique alimentée par le journal Le Monde : en cas d’égalité de points entre plusieurs équipes, vaut-il mieux recourir au goal average ou à la différence de buts pour les hiérarchiser ? Retour sur les termes du débat.
« Une équipe de tête soucieuse de conserver son goal average doit se préoccuper beaucoup plus de ne pas encaisser de buts que d’en marquer. Est-ce normal ? Pourquoi le but réussi par cette équipe n’a-t-il pas la même valeur que celui qu’elle vient de concéder ? Dans ce cas, c’est un encouragement au jeu destructif, au « béton » », lit-on dans Le Monde en novembre 1955.
Le quotidien s’oppose ainsi fermement à la notion de goal average (la division du nombre de buts marqués par le nombre de buts encaissés. Par exemple, si une équipe, à tout hasard, a marqué 20 buts et en a encaissés 8, son goal average est de 20/8 = 2,5) et propose la mise en place de la « différence de buts générale », aujourd’hui majoritairement utilisée pour départager deux équipes à égalité de points1, et qui correspond à la soustraction entre le nombre de buts marqués et le nombre de buts encaissés (en reprenant l’exemple précédent, la différence de buts est de 20 – 8 = + 12). L’argument du Monde est le suivant : l’application du goal average, plutôt que de la différence de buts, favoriserait un jeu défensif, où il est avant tout primordial de ne pas encaisser de buts plutôt que d’en marquer. Pour autant, lors de la période d’application du goal average dans le championnat de France (1945-1962), le champion était plus souvent la meilleure attaque (8 fois) que la meilleure défense (7 fois). Alors pourquoi demander la suppression du goal average ?
Un système injuste ?
Le Monde met en effet en avant « l’injustice » du goal average : son évolution ne dépend pas que du résultat du dernier match joué, mais aussi de toutes les confrontations précédentes. En effet, une équipe au quotient inférieur à 1 (c’est-à-dire ayant un nombre de buts encaissés supérieur au nombre de buts marqués) peut le voir augmenter en cas de match nul autre que 0-0 au match suivant (Par exemple : une équipe a marqué 8 buts et en a encaissés 20. Son goal average est alors de 8/21 = 0,4. Si elle fait 1-1, son goal average devient 9/21 = 0,42). Et inversement, une équipe au quotient supérieur à 1 verra celui-ci baisser (Lille, qui est actuellement à 20/8 = 2,5, le verrait baisser à 21/9 = 2,33 en cas de match nul 1-1, ou à 22/10 = 2,2 en cas de nul 2-2. Vous suivez ?). Est-ce méritoire ? Doit-on considérer qu’un match nul pour une équipe au quotient inférieur à 1 (a priori plus souvent en difficulté qu’à son aise) est une forme de performance devant être récompensée ? Ou doit-on estimer qu’une équipe habituée à « faire mieux » qu’un match nul doit être ainsi sanctionnée ?
Le problème se pose également en cas de victoire : comment une équipe doit-elle se comporter pour maintenir ou augmenter son goal average ? Elle doit, à chaque match, gagner la rencontre de manière à ce que le goal average de la rencontre soit au moins égal au goal average général. Ainsi, avant d’affronter le LOSC ce 2 novembre, le Paris Saint-Germain a un quotient de 6,5 (39 buts marqués, 6 encaissés). Pour maintenir ce quotient, le PSG devrait donc marquer 6,5 fois plus de buts que Lille, sous peine de voir son quotient diminuer. Amusons-nous ensemble :
Si Lille marque… |
Le PSG doit marquer… |
1 but |
6,5 buts |
2 buts |
13 buts |
3 buts |
19,5 buts |
4 buts |
26 buts |
Si ce système était encore appliqué, le PSG ne serait-il pas été victime de son propre goal average ?
La division par zéro
Le goal average pousse-t-il alors à l’adoption d’une tactique offensive ? Il est à noter que sur la période 1945-1962 où, rappelons-le, le goal average était en vigueur, la barre des 100 buts marqués par une même équipe a été dépassée à trois reprises (102 buts pour le LOSC en 1949, 118 buts pour le RC Paris et 109 pour Reims en 1960)2. Sur les 13 premières saisons de l’après-guerre (toutes à 18 clubs), 11 ont un total de buts supérieur à 10003. À titre indicatif, dans le même format de compétition entre 1997 et 2002, le nombre de buts a fluctué entre 722 et 787 (il s’agit des 5 pires résultats de l’après-guerre). Le constat du Monde est-il erroné ?
Pas totalement. Lors de cette prise de position, aucune saison de la période 1950-1955 n’arrive au niveau de la période 1946-1950 en termes de buts inscrits. Les 962 et 949 buts des saisons 1952/53 et 1953/54 contrastent avec les 1126 et 1138 buts quelques années plus tôt. Limiter le nombre de buts encaissés semble alors prendre le dessus sur un esprit plus offensif : les champions 1951/52, 1952/53 et 1953/54 sont également ceux qui ont encaissé les moins de buts. De plus, si nous avons vu une manière de maintenir ou améliorer le goal average, il en existe une autre : ne pas encaisser de but. En effet, la plus petite victoire obtenue sans encaisser de but (1-0) permet d’avoir un goal average supérieur à n’importe quel résultat obtenu avec au minimum un but encaissé : le quotient 1 : 0 n’existe pas, la division par zéro. Mais en admettant que le nombre de buts encaissés tend vers zéro, on peut considérer ce quotient comme infiniment grand, et donc forcément supérieur au quotient d’un match se terminant sur le score de 3-1 (3), 8-2 (4), 27-3 (9), etc… Or il est difficile de considérer une victoire 1-0 plus méritoire que n’importe quelle branlée.
Légitime défense
C’est peut-être ce qui a poussé les équipes au début des années 50 à adopter une approche différente. Pour autant, la performance du LOSC en 1953/54 n’est pas à minimiser. Si son succès s’est bâti sur les mêmes bases que ses deux prédécesseurs, il est allé beaucoup plus loin dans l’efficacité défensive. Ainsi, Nice et Reims avaient encaissé 42 et 36 buts. Lille ne cède que 22 fois en 34 journées et se permet d’être champion avec la 10e attaque du championnat. Si ce record a depuis été battu (Le record de la meilleure défense tiendra 38 ans, jusqu’à ce que Marseille en 1992 – 21 buts en 38 journées – puis Paris en 2016 – 19 buts, 38 journées – ne fassent mieux), il convient de signaler que la répartition des buts était beaucoup plus homogène dans les années 50. Ainsi, le contexte dans lequel Lille met en place ce bloc défensif épatant semble beaucoup plus compliqué qu’en 1992 avec Marseille ou qu’en 2016 avec Paris. Le graphique ci-dessous indique le ratio entre la meilleure attaque et la pire attaque de chaque saison :
Lors de la saison 1953/1954, après des débuts moyens (2 victoires lors des 6 premières journées), le LOSC accède au podium lors de la 10e journée, suite à une victoire à Monaco. Le trio de tête, également composé de Reims et Bordeaux, ne se quitte plus jusqu’au terme de la saison. Menacés par Saint-Etienne, qui forme le temps de la 18e journée un quatuor à égalité de points, les trois équipes se détachent. Leader de la 14e à la 19e journée, le LOSC retrouve la tête lors de la 31e journée grâce à une victoire face au leader bordelais.
Le LOSC 1953/1954
Debout : Guillaume Bieganski, Antoine Pazur, César Ruminski, Robert Lemaître, Cor Van der Hart, Marceau Somerlinck
Assis : Jean Vincent, André Strappe, Gérard Bourbotte, Yvon Douis, Bernard Lefèvre
Toutefois, la défaite à Toulouse de la 32e journée semble éteindre les espoirs de titre. Relégué à la 3e place, le LOSC doit se déplacer à Reims, nouveau leader, pour l’avant-dernière journée. Pour ce match, les Lillois vont ajouter à leur efficacité défensive un récital offensif. Emmené par Strappe, auteur d’un doublé, le LOSC retrouve la tête brillamment (0-3).
La semaine suivante, alors que Reims et Bordeaux s’affrontent et peuvent encore espérer le titre, le LOSC ne flanche pas et assure face à Nancy (3-0) pour être sacré devant son public. Si Strappe trouve de nouveau le chemin des filets, ce titre est évidemment à mettre au crédit des intraitables (néanmoins parfois insultés) éléments défensifs que sont le gardien de but Ruminski, les arrières Bieganski, Lemaître, Van Cappelen et Lefèvre, et le demi centre Van der Hart. Les deux premiers joueront d’ailleurs la Coupe du Monde quelques semaines plus tard en compagnie du duo Strappe-Vincent.
L’hommage à Jean Vincent, placé.
FC Notes :
1 Certains championnats choisissent d’autres critères : l’Espagne valorise les confrontations directes, la Belgique le nombre de victoires.
2 Depuis, Paris en 2015 (102 buts) et 2018 (108 buts), et Monaco en 2017 (107 buts) l’ont également fait.
3 Le record date de la saison 1946-1947 : 1334 buts
Posté le 1 novembre 2018 - par dbclosc
Sondage : foutage de gueule
Près d’un an après avoir dénoncé ironiquement dans un tweet le « professionnalisme » d’Air France, Florian Thauvin a déclaré, en marge de OM/PSG, à un journaliste dont il n’a pas apprécié la question : « on n’est pas ici pour se faire manquer de respect ». Cela nous a inspiré la question ci-dessous. Vous pouvez choisir jusqu’à 3 déclarations.
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