Posté le 29 novembre 2018 - par dbclosc
The Sochaux must go on ! L’Olympique Lillois, finaliste de la première « Coupe Sochaux » (1931)
En 1932/1933 a lieu la première édition du championnat de France professionnel. Pourtant, deux ans auparavant, était née la « Coupe Sochaux », trophée créé à l’initiative de Jean-Pierre Peugeot et qui est parfois présenté comme l’ancêtre du championnat qui allait naître. Pour la première édition, l’Olympique lillois termine finaliste.
En 1928, le FC Sochaux-Montbéliard est créé à l’initiative de salariés du groupe Peugeot, principal industrie et employeur de la région doubiste. Jean-Pierre Peugeot se saisit alors du projet et recrute à grands frais parmi les meilleurs joueurs du pays et de l’étranger. En cette belle époque de l’amateurisme marron, Peugeot est un fervent défenseur du professionnalisme. Il revendique d’ailleurs publiquement que les joueurs recrutés pour Sochaux ne sont payés qu’à jouer au football et à rien d’autre.
Grâce à Peugeot, Sochaux est alors une commune en pleine expansion : en quinze ans, elle a plus que quintuplé sa population. Elle n’en demeure pas moins un village : lors du recensement de 1926, Sochaux ne compte en effet que 2186 habitants (427 en 1911). Elle en comptera 3641 en 1931. C’est donc de ce village que Jean-Pierre Peugeot veut faire l’un des principaux fiefs du football français. Dans son optique paternaliste, Peugeot voit d’un bon œil que ses ouvriers se divertissent à travers le football, la professionnalisation du football constituant à cet égard un investissement pour lui. Au printemps 1930, il est alors à l’initiative d’une nouvelle compétition qui attire alors le gratin (1) du football hexagonal : la Coupe Sochaux.
There is only one JPP
A une époque, le LOSC aurait été en mesure de faire signer un certain JPP, en l’occurrence Jean-Pierre Papin. Sans suite. Plus tôt, un autre JPP avait également fréquenté Lille : les anciens professeurs de l’ESJ, pour ceux qui ont survécu au traumatisme, sont en effet encore hantés par le souvenir d’un jeune étudiant nommé Jean-Pierre Pernaut. Mais l’histoire de Lille avec JPP avait en réalité débuté bien avant. En effet, quand Jean-Pierre Peugeot crée la Coupe Sochaux, son ambition est de solliciter les principaux clubs français favorables au professionnalisme et donc l’Olympique Lillois d’Henri Jooris. En plus de Lille et Sochaux, six autres équipes participeront à ce qui n’est pas loin d’être le premier championnat de France professionnel.
La compétition est organisée de la manière suivante : chaque club est intégré à une poule de quatre équipes et affronte chaque adversaire en matchs aller-retour. A l’issue de cette phase de poules, les premiers de chaque groupe s’affrontent pour une finale à Paris. L’OL est dans le groupe du Club Français, de Sète et de Mulhouse tandis que Sochaux joue dans le groupe de Roubaix, Marseille et du Red Star.
Lille, premier finaliste de la Coupe Sochaux
Il est difficile de trouver des informations précises sur le déroulement de la compétition. Ainsi, on sait que Lille débute par une victoire à domicile contre Sète avant de battre Mulhouse pour sa deuxième rencontre. Les « Dogues » – car un extrait de presse de l’époque nous confirme que les joueurs de l’OL ont déjà ce surnom – affrontent ensuite à nouveau Mulhouse puis reçoit le Club Français (sans que l’on ait retrouvé les résultats de ces rencontres), s’inclinent à Sète (3-1) puis terminent la phase de poule par une dernière victoire sur le terrain du Club Français (2-1).
A l’affût, Barrett l’avant-centre britannique de l’OL
Dans l’autre groupe, c’est Sochaux qui termine en tête. La compétition est l’occasion pour les nordistes de briller puisque le dauphin de Sochaux dans son groupe n’est autre que le RC Roubaix. On n’est donc pas passés très loin d’une finale nordisto-nordiste. Finalement, le 17 mai 1931 à Paris, la finale de la première « Coupe Sochaux » opposera bien l’OL de Jooris au FC Sochaux-Montbéliard de Peugeot.
La boucherie du 17 mai 1931
En ces temps troublés, l’OL affronte donc le FC Sochaux au Parc des Princes. Las, ce jour-là, les Sochaliens semblent avoir mangé du lionceau et nos Dogues ne font guère illusion. Le Petit Parisien du 18 mai 1931 relate en détail cette finale ayant eu lieu la veille. « La première mi-temps se termina à l’avantage des joueurs francs-comtois [...]. Plus à l’aise que leurs adversaires, ils menèrent le jeu à peu près à leur guise. Les Lillois furent souvent décontenancés par l’imprévu des attaques des équipiers de Sochaux, les situations les plus dangereuses pour les Nordistes étant créées par l’ailier gauche Leslie qui montra en maintes occasions sa grande classe. Cropper, Maschinot et Leslie réussirent chacun une fois à tromper Van de Putte, qui ne parut pas aussi sûr que de coutume dans ses arrêts. » Trois à zéro après une demi-heure de jeu environ, voilà qui est mignon.
Cheuva entretint bien un maigre espoir en réduisant la marque peu avant la pause (3-1). Lille domina ensuite copieusement la deuxième mi-temps, notamment grâce au jeune et talentueux Jacques Delannoy, mais se heurta à la défense doubiste. A un quart d’heure de la fin, le quatrième but sochalien enterra définitivement les espoirs lillois et, surtout, leurs velléités de révoltes. Le Petit Parisien nous rappelle cette fin tragique « Dès lors, Lille ne réagit plus et, tout à la fin du match, deux buts superbes, marqués par Lucien Laurent et Cropper accentuèrent sa défaite. ». Six à un, le score est trop sévère, mais il est vrai que les Sochaliens étaient supérieurs ce jour-là.
L’OL qui dispute cette compétition est déjà constituée d’une bonne partie de l’ossature de l’équipe qui remportera le premier championnat de France professionnel deux ans plus tard. William Barrett, Zoltan Varga, Georges Winckelmans, Jacques Delannoy, titulaires à Paris on effet ensuite été champions avec Lille en 1933. Mais d’autres membres de cette équipe ne sont pas très loin lors du premier championnat professionnel : c’est notamment le cas d’André Cheuva, de l’Anglais George Berry et du gardien Louis Vandeputte qui jouent alors au SC Fives et allaient terminer deuxièmes du championnat lors de l’édition de 1934.
Mulhouse vainqueur en 1932
Pour la seconde édition, vingt équipes participent à la compétition et sont divisées en quatre groupes de cinq équipes pour chacun d’entre eux (on remarque là une certaine cohérence, là où d’autres auraient fait un groupe de 12 équipes et quatre groupes de 2), les premiers de chaque groupe disputant ensuite les demi-finales (là encore, on constate une certaine cohérence). Le SC Fives n’y participe pas, mais la région est bien représentée : le RC Roubaix participe encore et l’Excelsior (de Roubaix, hein) et Tourcoing connaissent leur première participation. L’Olympique Lillois, pour sa part, se retrouve dans le groupe du Stade Havrais (et donc non dans celui du HAC), du Red Star, de l’AS Cannes et d’Amiens.
Les Dogues connaissent un parcours inégal. Ils font d’abord la course en tête avec en point d’orgue une victoire sur le terrain du Red Star (4-3) après avoir mené 4-1 à la mi-temps. Ils battent également Cannes (3-2), font match nul à Amiens (4-4) et contre le Red Star (2-2). Mais ils s’écrasèrent également au Havre (2-0) et, surtout, à Cannes (5-0). Ne nous demandez pas ce qu’ils ont fait lors des matchs à domicile contre Le Havre et Amiens : on n’a pas trouvé. Ceci étant, on pense que Lille a gagné.
Place désormais au premier championnat de France professionnel. A l’origine, l’OL ne devait pas y participer, Jooris, le chantre du professionnalisme, préférant finalement jouer la stratégie du championnat régional. Piqués par l’inscription du SC Fives, qui jouait alors en Promotion, c’est-à-dire la deuxième division régionales, les Dogues allaient changer d’avis. Bonne idée : l’OL allait devenir le premier champion de France.
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Il est vrai que Sochaux n’est pas loin du Dauphiné.
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