Archiver pour janvier 2019
Posté le 22 janvier 2019 - par dbclosc
1949 : la douche froide
Le 29 mai 1949, le Stade de Reims et le LOSC s’affrontent à distance. Séparés d’un point au classement, les deux clubs se déplacent dans le Sud à l’occasion de la dernière journée. L’objectif est le même : repartir champions. Et alors que le trophée prend la direction du Nord, le vent tourne et le titre arrive chez les Champenois. Retour sur un complot météorologique.
Été 1948. Après quelques semaines de repos, le LOSC commence une nouvelle saison avec l’objectif de conquérir le titre de champion qui vient de lui échapper une deuxième fois de suite. Longtemps en tête, les hommes d’André Cheuva ont flanché en avril : la défaite à Strasbourg (2-0) est suivie d’un nul à domicile contre Rennes (1-1) et d’une branlée mémorable à Saint-Etienne (8-3). Le LOSC a beau retrouver la victoire lors des deux derniers matchs, il est trop tard : Marseille en a profité et est sacré champion.
L’intersaison est donc consacrée à donner un nouvel élan à un effectif dont l’harmonie s’est détériorée. Strappe est ainsi la principale arrivée et renforce une attaque pléthorique, également composée de Vandooren, Baratte, Tempowski, Lechantre, Carré et Walter. Dans l’autre sens, Roeder et Garcia partent trouver du temps de jeu au Havre, alors que Bigot devient recruteur du club.
À mi-saison, le LOSC est 4e à 1 point du trio de tête (Racing, Marseille, Reims). Il est ainsi plus proche du leader que la saison passée (alors 3 points de retard), mais en retard sur son temps de passage (22 points contre 24 à la mi-saison 1947/1948). Il présente un bilan honorable face aux concurrents directs (défaite contre le Racing, nul contre Marseille, victoire à Reims) mais va devoir accélérer le rythme s’il souhaite dépasser ces équipes. Quatre journées plus tard, le LOSC se retrouve en tête. Avec 7 points pris (la victoire est à 2 points) dont une victoire contre Reims et une autre 8-0 contre Colmar, les Dogues passent devant leurs concurrents : Marseille (2 victoires, 1 nul, 1 défaite), le Racing (1 victoire, 2 nuls, 1 défaite) et Reims (1 victoire, 3 défaites) marquent le pas.

Assis : Walter, Vandooren, Baratte, Strappe, Lechantre, Bigot (adjoint).
Debout : Dubreucq, Witkowski, Nuevo, Prévost, Jadrejack, Carré, Cheuva (entraîneur), Germain (gardien remplaçant).
Si le LOSC semble inaccessible quand il est dans un bon jour (l’équipe marque au moins 4 buts à 13 reprises cette saison-là), il connaît aussi quelques ennuyeux coups d’arrêt. Entre la 22e et la 30e journée, les larges victoires 5-0 contre Metz et Montpellier, 1-6 à Cannes, 6-2 contre Roubaix et 1-4 à Toulouse sont gâchées par des défaites face au Red Star, à Marseille, au Racing mais surtout face à Strasbourg, au fond du classement, pour le dernier match disputé au Stade Jules-Lemaire de Fives. Sur cette période de 9 journées, Lille perd 8 points sur Reims, qui vient de réaliser 10 victoires de rang et se retrouve seul en tête avec 4 points d’avance.
Mais en deux journées, l’écart tombe brusquement à un point : le 17 avril, alors que la France entière ne célèbre pas les 40 ans d’Alain Poher, Reims concède le nul à domicile face à Sochaux. Menés 0-2 très rapidement, les Rémois profitent de la blessure du gardien sochalien à la 28’. Forcés d’aligner le défenseur central de formation Louis Pirroni dans les buts, les Lionceaux laissent filer la victoire à la 85’. Dans le même temps, Lille écrase Nancy 4-0 grâce à Baratte (19’, 87’), Lechantre (24’) et Strappe (36’). Deux semaines plus tard, Reims tombe à Rennes. Les Rémois sont apparus fatigués. Et pour cause : l’équipe de France vient de disputer deux matchs (les 23 et 27 avril) face aux Pays-Bas (défaite 4-1) et à l’Ecosse (défaite 2-0 devant 125 000 personnes). Sur les 15 joueurs sélectionnés, 6 étaient Rémois : Marche, Prouff, Joncquet, Batteux, Flamion, Sinibaldi. Lors de cette même trêve internationale, Lille fournissait Baratte à l’équipe A (il marqua d’ailleurs lors du premier match), Strappe et Vincent à l’équipe de France B et allait gagner 1-3 à Sochaux en inscrivant tous ses buts dans la dernière demi-heure (Carré, Lechantre, Baratte). La prestation lilloise aurait subjugué le public sochalien, qui n’avait encore jamais vu cette saison « une équipe aussi complète, aussi dynamique et puissante que celle des Nordistes » (La Voix du Nord, mai 1949).
L’avant-dernière journée mène au statu quo : Reims s’impose 6-1 face à Nice. Lille s’impose 3-0 face à Rennes. Au terme d’un excellent match face à une équipe qui avait battu Reims quelques semaines auparavant, le LOSC inscrit son 100e but de la saison. C’est la première fois qu’une équipe de Première Division y parvient. Depuis, Reims (1960), le RC Paris (1960), le PSG (2016, 2018) et Monaco (2017) ont réédité cette performance. La 34e et dernière journée de la saison s’avère donc décisive pour l’obtention du titre. Les deux prétendants n’ont jamais été séparés de plus de 4 points au classement depuis le début de saison.
La situation est simple : Reims ne doit pas gagner à Sète et Lille doit forcément faire mieux que Reims. A égalité de points, le LOSC sera champion grâce à son goal average.
Le voyage se fait en deux étapes : les joueurs partent le mercredi, à 4 jours du match. Un arrêt est effectué à Valence, où un match amical contre une sélection Drôme-Ardèche est disputé le jeudi. Le LOSC s’impose 7-0. Puis, le LOSC reprend la route le vendredi et atteint Nice à 48h du coup d’envoi.
Le dimanche à 15h, le coup d’envoi est donné. 6ème au classement, Nice est un adversaire coriace. Les Aiglons l’ont prouvé en Coupe, ayant poussé le LOSC en prolongations lors des quarts de finale (2-1 le 20 mars 1949). Le LOSC ne trouve pas la faille et rentre au vestiaire sur le score de 0-0. Et à Sète ? Le match n’a toujours pas commencé. Sur la commune héraultaise, le bel azur se met en rage et les pompiers arrivent en renfort pour évacuer l’eau du Stade Bisset.
Le match commence enfin alors que plus loin sur la côte méditerranéenne, Niçois et Lillois refont leur apparition. Et à la 57’, Lille trouve enfin le chemin des filets grâce à Marius Walter ! Virtuellement champion, le LOSC ne l’est plus quand Alphonse Rolland égalise à la 76’. Les Dogues poussent et à la 86’, Baratte est à la réception d’un centre de Walter pour le but de la victoire ! Le LOSC a fait le travail malgré une excellente équipe niçoise. Le gardien niçois, Favre, a semble-t-il bien aidé les Lillois sur les deux buts. Mais où en est-on à Sète ? La mi-temps a été sifflée. Sète mène 1-0, grâce à un but inscrit après 22 secondes de jeu. Reims doit donc marquer deux fois s’il souhaite être champion. Mais les conditions de jeu sont déplorables et s’apparentent à du flotteball.
A la reprise, l’arbitre constate que la pluie a repris. Vingt minutes plus tard, alors que Sète mène 2-1, il juge le terrain impraticable et arrête le match. Le match sera rejoué.
Alors que les Lillois sont fêtés à leur retour de Nice le 31 mai (les supporters organisent un vin d’honneur au siège du club et invitent les joueurs), rendez-vous est pris au mercredi 1er juin. Sous un grand soleil, Sète et Nice repartent à 0-0. En l’état, Lille est alors toujours champion. Mais Reims dispose d’une nouvelle arme : l’international Flamion, absent trois jours plus tôt pour cause de blessure, est de retour parmi les titulaires. Il ne faut que 3mn aux Champenois pour ouvrir le score. Les locaux égalisent à la Sètième minute, mais Petitfils inscrit le 2e but rémois avant la mi-temps. Malgré une cage rémoise (oh hisse) acculée, les Sétois, privés en 2e mi-temps de leur meilleur élément offensif sorti sur blessure, ne prennent plus le Stade à défaut. Reims est champion de France pour la première fois de son histoire.
À Lille, cette nouvelle place de dauphin est accueillie avec déception. Si le championnat n’était pas un objectif affiché en début de saison, il était la dernière occasion de remporter un trophée. En effet, trois semaines plus tôt, le LOSC s’était incliné contre le Racing Paris (5-2) lors de sa cinquième finale de Coupe de France consécutive.
Pour terminer la saison sur une note plus positive, le LOSC organise un match amical contre les nouveaux champions de France. Devant le sélectionneur de l’équipe de France, les Lillois s’imposent 5-3. Mais cette consolation n’efface pas totalement la déception. Le LOSC vient de vivre une saison record : meilleure attaque (102 buts) et meilleure défense (40 buts), il possède aussi dans son effectif le meilleur buteur de la saison (Baratte, 26 buts) et place deux autres avants dans le top 10 de ce classement : Strappe est 6e (20 buts) et Walter 9e (17 buts). Mais au terme de cette saison 1948-1949, aucun trophée ne rejoint la vitrine du club.
Posté le 14 janvier 2019 - par dbclosc
Lille/PSG : Paris est une défaite
C’est la reprise du championnat ! Espérons que les filles présentent en 2019 un visage plus séduisant que ce que nous avons vu lors d’une première partie de saison laborieuse, aussi bien au niveau du jeu que des résultats. L’année 2018 s’est terminée par une nouvelle large défaite à Fleury (1-4). On pourra tout de même y trouver une satisfaction : Ouleye Sarr est de retour et elle marque. Elle a également inscrit un but la semaine dernière à Nantes, pour une qualification sans problème pour les huitièmes de coupe de France (3-0) contre une équipe de R1, soit la 3e division. Les autres buteuses sont une gentille nantaise contre son camp, et Marine Dafeur.
A priori, le PSG, ce n’est pas le meilleur adversaire pour prendre des points. Les Parisiennes sont deuxièmes : en 14 matches, elles sont signé 12 victoires, et seulement 2 nuls, contre Lyon et bien sûr, mais aussi contre… Lille, au match aller (1-1). Côté PSG, on a tendance à évoquer ce match aller comme d’un accident de parcours, 3 jours après une qualification en Ligue des Champions. On verra bien. En tout cas, si, pour le titre national, il faut bien reconnaître que les espoirs son faibles pour le LOSC, en revanche, ce match est une bonne occasion de confirmer nos bonnes dispositions dans le championnat d’île-de-France, car nous y faisons très bonne figure, voyez ce classement de ce championnat à 4 :
Points | Victoires | Nuls | Défaites | Différence de buts | |
1. PSG | 10 | 3 | 1 | 0 | 7 |
2. Fleury | 5 | 1 | 2 | 1 | 2 |
3. Lille | 5 | 1 | 2 | 1 | -2 |
4. Paris FC | 2 | 0 | 2 | 3 | -7 |
La saison dernière, l’année civile avait également repris en championnat par la réception du PSG (et par un déplacement au PSG, en coupe, défaite 0-1), et c’était aussi le 13 janvier. Les Lilloises avaient logiquement perdu (1-3), mais on avait pu voir dans ce match les prémisses d’une fin de saison plutôt encourageante au niveau du jeu, ce qui fut effectivement le cas, même si ça avait été poussif pour se traduire en points. Allez, on peut écrire qu’on se contenterait aujourd’hui d’être rassurés quant au fonds de jeu de l’équipe, et le maintien se jouera sur d’autres matches.
L’entraîneur du PSG s’appelle Olivier Echouafni, ancien milieu défensif qui, dans sa carrière professionnelle, a marqué 3 buts contre Lille : en février 1997 avec Marseille (on avait perdu 1-5), en novembre 2002 avec Rennes (on avait perdu 1-5, décidément), puis en février 2004 avec Nice (défaite 1-2, si tu vas voir le résumé ici, tu verras la bouille de la petite Camille Dolignon à 0’57). Nous n’avons pas oublié. Par ailleurs, Echouafni avait marqué le but strasbourgeois à Calais en quart de finale de coupe de France en 2000 dès la 6e minute, avant que les Calaisiens ne l’emportent 2-1. Inutile de rappeler que les Calaisiens avaient sorti le LOSC en 1/32e.
Côté PSG, on note la présence de Nadia Nadim, arrivée lors du mercato hivernal. Née en Afghanistan, elle a fui le pays après l’assassinat de son père par les Talibans, et a appris le foot dans un camp de réfugiés au Danemark. Désormais naturalisée Danoise, elle joue pour l’équipe nationale. On peut lire un article à son sujet ici par exemple, et voir cette courte vidéo. Nadia Nadim pourra constater avec joie que Silke Demeyere se porte très bien : ici, contrairement à ce qui s’est passé dans son pays natal en 2001, on ne détruit pas les idoles.
Côté effectif, bonne nouvelle : il n’y a pas de suspendue chez les Lilloises. Et seule manque à l’appel Jana Coryn, blessée de longue durée, je ne sais plus si on l’a déjà dit. Ne sont pas dans le groupe : Ludivine Bultel, Chrystal Lermusiaux, Caroline La Villa, et Rachel Saïdi. Voilà donc la compo lilloise, avec 3 arrières centrales :
Il y a apparemment un fan-club de Justine Bauduin dans les tribunes. Au milieu, Carla Polito, qui fête aujourd’hui ses 19 ans. C’est aussi l’anniversaire d’Anne-Sophie Roquette, mais l’animation est confiée à Mickaël Foor, qui annonce la titularisation de « Zilké » Demeyere.
Parmi les VIP présents en tribunes, on note Bruno Cheyrou, directeur sportif de la section féminine du PSG, Patrick Robert, Dagui Bakari, Laure Bouleau et, m’a-t-il semblé, Eric Skyronka, maire de Sailly-lez-Lannoy, et surtout conseiller métropolitain à la jeunesse et aux sports. Il faut dire qu’il semble que la MEL ait un message à faire passer : elle y est pour quelque chose dans l’entretien du Stadium. Outre le petit document distribué à l’entrée, l’« agenda du supporter », dans lequel on apprend que la MEL y est forcément pour quelque chose dans l’existence du moindre club sportif du coin étant donné tout ce qu’elle dépense, le logo de l’institution est omniprésent, et on distribue des espèces de trucs gonflables rouges et blancs floqués « MEL », et même pas « LOSC ». Il faut bien se montrer visible au moment ça discute transferts de compétences et concurrence avec la région et le département.
Après le succès du jeu « Où est Charlie ? », voici « Où est la MEL ? ». C’est un peu plus facile.
Après une minute d’applaudissements en mémoire de Jacques Hénot, conseiller technique régional des Hauts-de-France, décédé cette semaine, c’est parti.
2e Premier centre-tir vicieux de Ève Périsset, l’arrière droite du PSG. Le ballon part bêtement et lentement en l’air, Elisa Launay le retire de justesse de sa lucarne, puis plonge dans des pieds adverses pour empêcher une reprise.
4e Très jolie faute de Silke Demeyere qui, dribblée, tente d’attraper une adversaire à la gorge. Coup-franc.
5e Frappe de Geyoro, en glissant, ça passe largement au-dessus des buts lillois.
9e Frappe contrée par Maud Coutereels.
Il ne se passe pas grand chose. C’est très bien ainsi.
13e Débordement de Kadidiatou, que Katoto et Baltimore ne peuvent pas reprendre. Ça passe dangereusement devant le but. Ouf.
14e Maud Coutereels se prend un petit pont dans la surface. Tous les bons éducateurs le savent : c’est soit le ballon, soit l’adversaire qui passe, mais jamais les deux. Maud applique parfaitement ce précepte, et c’est donc pénalty, avec une grossière obstruction.
Katoto l’envoie sur le poteau droit de Launay, qui n’avait pas bougé.
15e Superbe dégagement de Launay directement en touche !
17e Première percée intéressante des Lilloises : Sarr trouve Boussaha, mais la passe est un poil trop longue. Touche pour le LOSC. C’est pas grand chose mais ça soulage.
Didier est absent, et ça s’entend, si on peut dire.
24e Morgane Nicoli réussit un beau petit dribble face à une attaquante.
25e RÉCUPÉRATION DE SILKE DEMEYERE !
29e Coutereels passe en retrait à sa gardienne, alors que ça ne semble pas être la meilleure idée du monde. Et en effet, Launay est contrée dans son dégagement. Les Parisiennes récupèrent côté gauche, et ça finit par une frappe de Katoto, à moitié dans le ballon, à moitié dans Demeyere, qui reste au sol. Une faute est sifflée.
32e 6 mètres de Launay qui arrive sur Sarr dans le rond central. Contrôle et ouverture vers Tolmais, qui semble avoir un bon coup à jouer, mais elle se tord la cheville et se retrouve par terre, donc ça avance moins vite et la défense récupère.
33e Sarr décale superbement Tolmais, seule face à la gardienne à 10 mètres, légèrement excentrée : elle frappe à côté. Voilà la meilleure occasion du match, quel dommage !
34e Les Parisiennes attaquent côté gauche. Le centre passe encore devant le but en dépit d’une grosse présence de l’attaque devant. Tiens, puisque c’est comme ça, je mange ma banane.
38e Longue ouverture de Nicoli vers Sarr. C’est pas loin de passer.
39e Périsset centre de nouveau côté droit. Cette fois, Marie-Antoinette Katoto conclut de la tête dans les 6 mètres : 0-1 ! Rageant : on ne lui avait pas coupé la tête à Marie-Antoinette il y a quelques temps ?
40e Du coup, j’ai ma banane, mais j’ai pas la banane.
42e Demeyere sort un ballon depuis la surface lilloise. Marine Dafeur lance Sarr côté gauche, qui peut trouver Tolmais au centre, mais sa passe est bien trop en retrait.
44e Ouleye Sarr est attaquante : il faut lui dire qu’on ne tente pas de petit pont en situation défensive, car on risque de perdre le ballon. Bref, la frappe du gauche de Kadidiatou, à l’entrée de la surface, passe juste à côté.
45e Paris attaque côté droit. Wang et Diani cafouille un peu, ça finit par une frappe minable du droit à côté alors que le but était grand ouvert et qu’il fallait tirer du gauche.
Mi-temps, 0-1. Bon, rien d’infamant au niveau du score. Sur le contenu, le moins que l’on puisse dire est que l’équipe lilloise attend ses adversaires derrière, si bien qu’on joue principalement dans nos 50 premiers mètres, et que les Parisiennes ont largement la possession de balle. Toutefois, on a observé quelques percées, dont l’une aurait dû finir au fond des filets. Ce n’est donc pas folichon, mais c’est cohérent et discipliné.
46e Reprise. Je n’ai pas signalé qu’ici, le chronomètre fonctionne sans problème.
48e Je ne sais pas si vous connaissez ce précepte bien connu des éducateurs, mais le PSG obtient un pénalty suite à une faute de Coutereels. Cette fois, c’est Wang qui tire, ça tape de nouveau le poteau, mais ça rentre : 0-2.
49e C’est un peu compliqué de l’affirmer franchement, mais on a l’impression que les latérales Dafeur et Mansuy jouent un cran plus haut.
53e Longue montée de Mansuy. Tout va bien jusqu’au moment de décaler Tolmais à l’entrée de la surface, car cette dernière part dans la direction opposée de celle que prend le ballon.
54e Morgane Nicoli se fait prendre de vitesse mais attrape superbement le bras de son adversaire. Elle a dû recevoir un précepte bien connu lors de sa formation. L’intervention est plutôt rigolote, et ça fait carton jaune.
60e Double changement à Lille : Justine Bauduin remplace Lina Boussaha, et Julie Dufour remplace Danielle Tolmais. C’est comme ça que c’est présenté, mais en fait Dufour prend plutôt la place de Boussaha, et Tolmais sort pour renforcer le milieu de terrain. Ouleye se retrouve plus isolée en pointe, Dufour est juste derrière.
64e ça joue à la baballe derrière entre Launay, Coutereels, Nicoli et Polito. On se dit que ça ronronne, puis Nicoli trouve Mansuy côté droit, au milieu de terrain. Elle lance Sarr qui temporise dans un premier temps puis déborde très vite, résiste à à coup d’épaule, et centre en retrait aux six mètres où se trouve Justine Bauduin, qui conclut du pied droit : 1-2 !
66e Côté PSG, sortie de Sandy Baltimore, et entrée de Nadia Nadim.
68e Faute sur Sarr au milieu de terrain. Carton jaune pour Paredes.
C’est fou comme depuis le double changement, le LOSC est bien plus séduisant. Les Parisiennes trouvent moins de solutions car elles semblent désormais bloquées au milieu, et Julie Dufour est clairement au-dessus des autres : elle dribble, elle sent le jeu.
71e Ouverture parisienne. Morgane Nicoli l’intercepte avec un coup de foulard auquel on attribue la note esthétique de 10/10, et une note « si tu l’avais loupé cocotte, tu aurais passé un sale quart d’heure » de 11/10. Y avait peut-être un hors-jeu, mais bon. Dans la continuité, Sarr, à droite, sert Mansuy dont le centre est contré. La gardienne parisienne récupère.
72e Julie Dufour dribble 3 adversaires au milieu, et en fout même une à terre.
74e Dégagement foiré de Mansuy, ça atterrit sur une tête parisienne, ça finit dans le but mais c’est refusé pur hors-jeu.
Héloïse Mansuy sort, Jessica Lernon entre.
76e Pour le PSG, sortie de Wang, et entrée de Diallo.
78e Si on autorisait les confrontations mixtes et que Katoto et Hitoto avaient joué à la même époque, ils auraient pu s’affronter dans une coupe Intertoto.
85e Centre côté droit de Kadidiatou, nouvelle tête de Katoto aux 6 mètres, et nouveau but de l’attaquante parisienne : 1-3 ! Il faut dire que Katoto est très mobile. Katoto mobile.
♫♬ Ah tût tût pouêt pouêt la voilà, la totomobileeeuuuh ♫♬
87e Frappe de Sarr du pied gauche : à côté.
90e Dernier changement à Paris : Périsset sort, Glas entre, d’ailleurs il fait froid, et le glas de nos espoirs a sonné.
C’est terminé, 1-3. Première période très timide, deuxième période plus encourageante. C’est encore face à un adversaire de gros calibre que les Lilloises livrent une prestation plutôt consistante, à défaut d’être pétillante. Dans l’ensemble, on peut dire que les souhaits exprimés en début d’article sont plutôt satisfaits. On a retrouvé une Sarr pesante sur la défense adverse, ça fait plaisir aussi. Reste désormais à traduire ces bonnes intentions en points car il y a urgence : avec la victoire de Metz, le LOSC est de nouveau relégable.
Nous avons été priés de vite quitter le stade car l’enceinte ne restait accessible que pour « les membres de la famille ». J’ai eu beau plaider que j’étais le Papa d’Ouleye Sarr, ça n’a pas marché.
Prochain rendez-vous dans 2 semaines à Luchin pour la coupe de France contre ESAP Metz. En championnat, ce sera à Dijon le 2 février. À domicile pour la D1, on se retrouve le 16 mars contre Guingamp.
Les comptes-rendus des matches précédents :
Lille/Lyon : Les carottes sont que huit
Lille/Dijon : Le coup de mou tarde (à nous quitter)
Lille/Fleury : Un point c’est tout
Lille/Montpellier : A la bonne heure
Lille/Bordeaux : Un LOSC bien bouchonné
Lille/Paris FC : Paris Fessé
Lille/Rodez : La rechute
Notre entretien avec le coach Dominique Carlier (août 2018)
Notre entretien avec Rachel Saïdi (août 2017)
Notre entretien avec Silke Demeyere (mars 2018)
Posté le 4 janvier 2019 - par dbclosc
1977-1978 : le LOSC se forme
Au printemps 1977, le LOSC s’apprête à descendre d’un étage et à retrouver la D2 après une saison pathétique, marquée en outre par des déboires financiers. La mairie impose alors un changement d’orientation au club, qui devra s’appuyer sur la jeunesse de la région, au sein du tout nouveau centre de formation. Dans le sillage de José Arribas, le club ouvre une ère nouvelle.
8 juin 1977, fin du calvaire : le LOSC est relégué en deuxième division après une piteuse saison qu’il termine 19e, avec 10 points de retard sur le premier non relégable, Valenciennes (la victoire est alors à 2 points). Cette saison-là, Lille n’a pris qu’un point à l’extérieur (à Bastia) ! Cause et/ou conséquence de ses problèmes sportifs, le club est également en grande difficulté financière, puisqu’il présente un déficit de 6,5 MF. À titre d’illustration, sachez que pour la 36e journée à Nancy le 1er juin 1977, le LOSC a même été dans l’incapacité de louer un bus… Les joueurs se sont alors rendus en Lorraine en voitures particulières ! Un mois auparavant, la mairie avait déjà tapé du poing sur la table.
Le changement, c’est maintenant
La municipalité impute en effet la responsabilité de la saison manquée à certaines dérives propres au football moderne : côté sportif, on aurait des joueurs surpayés, des mercenaires, au comportement de starlettes : Pierre Mauroy tonne ainsi : « ce qui se passe est vraiment inadmissible, c’est vraiment devenu une des branches du show business » ; côté administratif et gestionnaire, le mode de gouvernance du club ne serait plus adapté : il s’agit alors de passer à une société d’économie mixte, et de davantage structurer le club. Pour marquer une rupture avec la saison écoulée, Pierre Mauroy et son nouvel adjoint aux sports, Albert Matrau, provoquent la démission du président Paul-Mary Delannoy le 5 mai 1977, et l’arrivée de Jacques Dewailly, directeur de la Générale de Chauffe, à la tête du club. Dans les faits, le LOSC est désormais dirigé par le tandem Roger Deschdot/Jacques Amyot. Et pour préparer la transition financière et passer à une société mixte pour club professionnel, le club présente également Yves Bonhomme, Patrick Dussot (avocat) et Roger Verloo (comptable).
Roger Deschodt et Jacques Amyot, un tandem pour se remettre en selle et arrêter de pédaler dans la semoule
L’équipe municipale réagit en fait aux mois précédents, puisque des élections municipales ont eu lieu en mars. Le principal challenger de Pierre Mauroy est le leader de la droite lilloise : il s’appelle Norbert Ségard et se promène souvent avec une boussole. Pourquoi ? Parce que Norbert s’égare. Bien. Il indique en tout cas une direction dans laquelle vont s’engouffrer tous les protagonistes de l’élection : le LOSC. Au cœur de sa triste saison, Ségard attaque l’équipe municipale sortante (déjà dirigée depuis 1973 par Mauroy). Au début de l’année 1977, il fait placarder en ville et le long des voies rapides alentours des affiches où on voit un chien dans des tribunes de Grimonprez-Jooris désespérément vides. C’était le bon temps où LOSC et politique étaient intimement liés, ce que nous avons tenté de réhabiliter en 2017. Le message de Ségard est clair : contribuables lillois, votre argent finance une équipe médiocre qui n’attire personne.
Un peu d’animation
Le LOSC se dote aussi d’une « commission d’animation » (équivalent aujourd’hui d’un département de com’), signe aussi d’une certaine professionnalisation du club, composée de Jean Paul Delporte, Jean Luc Dupuis, Jean-François Michallat, Jacques Verhaeghe, et présidée par Patrick Robert : son rôle est de s’occuper de la sono, du bulletin officiel du club, ou encore des relations avec les supporters.
La commission d’animation en septembre 1978 : J-F Michallat, A. Wostyn, J. Verhaeghe, P. Robert (à moins que ce ne soit Michel Delpech), J-L Dupuis, J. Houte, J-P Delporte
Le 4 juin, l’une des première mesures du comité d’animation est d’organiser un diner spectacle au palais Rameau, avec notamment en vedette le groupe anglais The Rubettes, à qui on doit notamment l’inoubliable Sugar Baby Love. 2500 personnes sont attendues. On aura ce soir-là 328 tickets payants. Bref, y a du boulot pour faire revenir le public et fédérer autour du LOSC.
Révélé initialement avec son tube « Aline » lors de l’été 1965 sous le pseudonyme « Christophe », Jean-Claude Chemier est écarté du concert au Palais Rameau par le comité d’animation qui lui préfère les fameux Rubettes. Il se reconvertit alors gardien de but et connait enfin la dolce vita.
La municipalité veut « régionaliser » le LOSC
Surtout, le LOSC veut désormais miser sur des jeunes issus de la région. Selon Mauroy, « il faut bâtir une équipe qui serait l’émanation de la région et non la réunion temporaire de mercenaires venus d’ailleurs (…) Je ne suis pas contre les vedettes, mais une région comme le Nord-Pas-de-Calais est capable de fournir de bons joueurs. Je suis contre les équipes composées presque exclusivement d’étrangers à la région qui restent une année ou deux avant de s’en retourner à partir de considérations qui n’ont rien à voir avec le football ». À sa demande, les sept joueurs les mieux payés du club sont remerciés ou laissés libres (parmi eux, Christian Coste, Hervé Gauthier, Michel Mézy, et Bernard Gardon, dont on dit – et lui-même s’est gargarisé de cette anecdote – que le transfert à Monaco aurait permis d’assurer les paies dans le club en juin 1977).
En juillet 1977, la mairie vient encore plus franchement à la rescousse du club : Pierre Mauroy fait voter en conseil municipal le soutien à la création de l’ADPL (Association pour le Développement et la Promotion du LOSC), présidée par Jacques Dewailly. À la clé : une subvention de 1 700 000 F, dont 1 380 000 F pour financer du 1er juillet 1977 au 30 juin 1978 les frais de fonctionnement d’un ersatz de centre de formation, qu’on retrouve dans la presse de l’époque sous l’appellation « centre d’accueil des jeunes footballeurs ». En outre, un autre crédit de 3 700 000 francs est voté pour l’aménagement du stade. Car si Grimonprez-Jooris a été inauguré il y a 2 ans, les aménagements sous les tribunes ne sont pas encore achevés. Or, il est question d’y accueillir les jeunes du futur centre de formation. L’objectif est clair pour le maire de Lille : former, c’est s’éviter de recruter des joueurs à un prix déraisonnable, et c’est réduire la masse salariale qui selon ses calculs représente neuf dixièmes des dépenses, et qui de 1972 à 1976 a doublé. « Il faut redonner une tournure régionaliste : le football lillois doit retrouver ses racines et lorsque le LOSC sera revenu en première division, il devra s’y comporter fort honorablement » résume Gros Quinquin.
Place aux jeunes : l’évidence Arribas
La nouvelle philosophie étant posée, reste à la mettre en œuvre. Côté terrain, le fidèle Charly Samoy, qui a signé sa première licence de gardien au LOSC en 1963, avait quitté son poste de directeur sportif et pris la tête de l’équipe en novembre 1976 après le renvoi de Georges Peyroche. Sans l’avoir vraiment choisi, il a pris place sur le banc « les dirigeants étaient prêts à donner l’équipe à un ensemble de joueur avec pour meneurs Michel Mezy et Stanislas Karasi, ou à m’en confier les destinées car ils refusaient d’engager un autre entraîneur. Placé au pied du mur, dans des circonstances où joueurs et dirigeants me sollicitaient, j’ai accepté. Les résultats des deux premiers mois avaient laissé entrevoir une réhabilitation. Nous possédions les moyens de nous en sortir, d’autant que l’esprit des joueurs me laissait croire, fin décembre, que nous pouvions tenter le coup. Rien n’a suivi. Ces mêmes joueurs qui m’avaient demandé de rester ne jouèrent pas le jeu jusqu’au bout et ont laissé tomber le LOSC. C’est une énorme déception. Je n’avais à qui parler que certains joueurs qui avaient gardé confiance : Chemier, Grumelon, Gianquinto, Denneulin, Simon ou Gardon. J’avais envie de tout abandonner. Avec le recul du temps, je ne regrette pas de ne pas avoir quitté le bateau dans ce naufrage. J’ai pu récupérer quelques gars et former un nouveau noyau ».
Noyau sur lequel va s’appuyer le nouvel entraîneur du LOSC : le club recrute un technicien en disgrâce, qui a fait les beaux jours de Nantes avec qui il a été champion 3 fois, avant de connaître une expérience mitigée à Marseille, d’où il a été limogé dès sa première saison en février 1977 : José Arribas. Les conditions qui lui sont proposées à Lille ne sont pas attractives : on lui dit qu’il n’y a pas d’argent, qu’il faut reconstruire autour des jeunes, avec quelques vieux briscards qui voudront bien rester, et on pourra peut-être se permettre 2-3 recrues pas chères. Banco dit Arribas, qui dit qu’il a connu les mêmes conditions lors de son arrivée à Nantes.
Arribas et Samoy vont parfaitement s’entendre sur ce nouvel intérêt porté sur les jeunes. Samoy : « nous ne nous connaissions pas. Dans la minute qui suivit notre rencontre, nous eûmes l’impression que nous nous fréquentions déjà depuis 10 ans. C’est le même langage. José a apporté énormément au LOSC, en sagesse et en expérience. Il n’était pas seulement l’entraîneur de l’équipe professionnelle ; il était l’entraîneur de tout le club, du poussin au professionnel ». Parmi ses nombreuses casquettes à partir de l’été 1977 (directeur administratif, recruteur) Samoy est désormais l’entraîneur des Cadets, qui évoluent en DH, en 4e division, et pour la première fois au niveau national : autrement dit, c’est la réserve, renforcée dès l’été 1977 par quelques jeunes : Pierre Dréossi arrive de Wasquehal, Patrick Rabathaly et Jean-Pierre Orts de Boulogne-Billancourt, un dénommé Valeur dont nous n’avons pas trouvé le prénom, de Calais, et les frères Stéphane et Pascal Plancque, de Lambersart. Et Samoy se retrouve donc en plus à la tête de cette première structure pour les jeunes : « c’est beaucoup trop. La vie familiale en prend un coup ! Mais le LOSC n’avait pas les moyens d’engager un entraîneur pour le centre. Et puis les jeunes, la formation, ça me plait… ».
Un nouveau visage séduisant
La reprise est fixée au 11 juillet 1977. Comme écrit plus haut, 7 joueurs, et pas des moindres, sont partis. Signe du nouvel élan voulu par la direction, Jean-Claude Chemier, Serge Besnard et Didier Simon sont explicitement conservés pour leurs « qualités morales ». Côté recrutement, le club est très limité mais va attirer 3 joueurs, tous des bonnes pioches : Pierre Pleimelding, grâce à un sympathique arrangement avec l’AS Monaco qui le met dans la balance pour favoriser le transfert de Gardon ; Zarko Olarevic, un yougoslave inconnu, échangé à l’Antwerp avec Karasi ; et Gilbert Dussier, un attaquant luxembougeois prêté par Nancy. Pour le reste, il y a les jeunes. Pour le premier match de la saison contre Guingamp, qui joue là le premier match de son histoire en D21, l’éditorial du bulletin du LOSC, rédigé par Patrick Robert himself, appelle au soutien à cette jeune et nouvelle équipe : « vous avez été déçus par une saison médiocre, par une équipe souvent amorphe car bien trop secouée par une succession de crises internes. Vous allez découvrir une nouvelle équipe. Nous sommes convaincus qu’elle se battra pour ses couleurs, avec un esprit de club chevillé au corps, et dirigée par l’un des techniciens les plus éminents que notre football ait produit. C’est pourquoi elle mérite d’ores et déjà votre soutien ; car il serait injuste qu’elle subisse le préjudice populaire d’une saison à oublier bien vite ».
Le LOSC démarre sur les chapeaux de Nolan roues : 4 victoires d’emblée contre Guingamp (2-0), Lucé (5-0), Caen (2-0) puis Boulogne (3-0) le placent à une surprenante première place. « Surprenante » car on n’attendait pas le club à pareille fête hein, car il n’est pas « surprenant » de se retrouver à la tête du championnat après 4 victoires en 4 matches. Surtout, cette équipe a l’air franchement combative, et les recrues crèvent l’écran, bien que les retransmissions télévisées soient moins fréquentes à l’époque (Pleimelding attendra toutefois quelques semaines avant de se montrer, car il se blesse durant l’avant-saison). Régulièrement, plus de 10 000 personnes viennent à Grimonprez-Jooris pour voir la bande à José. Quelques défaites à l’automne font rentrer Lille dans le rang, mais Arribas reste confiant et réaffirme ses principes : « je préfère rater un match par ci par là, pourvu que l’équipe respecte un certain régime, un fond de jeu ». Une tuile survient rapidement : Patrick Deschodt se blesse sérieusement. Mais les performances demeurent régulières en dépit des blessures et des suspensions : Arribas intègre notamment très vite Alain Tirloit et Jean-Paul Delemer dans le groupe pro, alors qu’ils étaient censés évoluer avec le groupe de Samoy. La saison avance et, désormais, ce sont Pierre Dréossi et Stéphane Plancque qui intègrent régulièrement l’équipe première. Ce dernier inscrit même un doublé pour sa première apparition en janvier 1978 : bon, contre une équipe de DH (Hautmont) en 7e tour de la coupe de France, ses équipiers ont mis 6 autres buts, mais il les a marqués. En championnat, 5 équipes se sont détachées : le Red Star, Tours, Dunkerque, le Paris FC et le LOSC, qui se tiennent en 3 points. Seul le premier du groupe monte, le 2e devant jouer un barrage contre le deuxième de l’autre groupe. Après 3 victoires en janvier, le LOSC se déplace au Red Star le 11 février 1978 pour un match au sommet. Les Audoniens se sont déjà imposés à l’aller (3-2) ; ils remettent ça : 1-0. Flûte.
Les principaux artisans de la formation lilloise : au premier plan, José Arribas et Michel Vandamme. Au fond, Charly Samoy.
Inauguration du centre de formation
Quelques jours plus tard, la principale nouveauté du grand chantier entamé par le LOSC voit le jour. Jusqu’alors, le « centre d’accueil » consistait, si l’on en croit le journaliste Jean-Pierre Mortagne, en « un immeuble vétuste, dénué de tout confort, avec en tout et pour tout 5 chambres. Les stagiaires étaient quelquefois obligés de loger dans la salle de bains ». C’est peut-être la faute à l’arbitre ça Jean-Pierre ? En lieu et place de ça, voici désormais, sous les tribunes de Grimonprez, un centre « magnifique » selon Patrick Robert. Voulu, financé et entretenu par la mairie, le centre, disposant de 15 chambres, d’une cuisine, d’un foyer-restaurant et d’une salle de cours, est inauguré le dimanche 26 février 1978 par Pierre Mauroy, en présence de quelques personnalités.
Le maire y réitère sa volonté de « transformer le football de recrutement en un football d’apprentissage », une formulation bien compliquée à comprendre aujourd’hui. On suppose qu’il faut comprendre par là que le football ne peut pas seulement reposer sur la détection des talents régionaux qu’on enrôle prêts-à-jouer, mais que sa professionnalisation passe par l’idée de faire d’en faire un métier « comme un autre », qui nécessite une acculturation, l’apprentissage de méthodes, d’une discipline comportementale et alimentaire, bref, d’une formation au même titre qu’un travail « classique ». Albert Matrau, l’adjoint aux sports, déclare : « si, disposant de telles conditions de travail, les jeunes ne parviennent pas à prendre goût au football, ce sera à désespérer ! » ; Jules Bigot, ancienne gloire du club et désormais représentant la fédération française de football, se réjouit : « il faut donner au public l’envie de revenir au stade et pour cela il faut travailler très sérieusement. Sous cet angle, cet hôtel 3 étoiles que vous offrez aux jeunes doit servir de base à un travail durable ».
Le LOSC retrouve la D1
Revenons au terrain : en fait, la défaite au Red Star est la dernière de la saison. À partir de là, les Dogues vont se montrer quasiment irrésistibles, avec 9 victoires et 3 nuls. Cette fin de saison en boulet de canon est aussi marquée par un huitième de finale de coupe de France contre Monaco, qui file vers le titre de D1. À Grimonprez-Jooris, pour le match aller, 19 000 spectateurs sont présents. Lille fait bonne figure mais Courbis ouvre le score pour Monaco. Lille revient rapidement grâce à Didier Simon et accroche un nul valeureux (1-1). Quatre jours plus tard, les Dogues ne s’inclinent que 2-3 en Principauté. Ils sont éliminés. Dans un vestiaire abattu malgré cette grande performance, Arribas s’adresse à ses joueurs : « si vous voulez revenir dans ce vestiaire la saison prochaine autrement qu’avec la coupe, vous savez ce qu’il vous reste à faire. Car Monaco ne descendra pas ! ». Message bien reçu : dans la foulée, Lille s’impose à Tours, chez un concurrent direct (2-0). Ils en profitent pour saboter le pont Wilson, qui s’effondre deux semaines plus tard, manière de mettre en pratique l’expression « couper les ponts » (avec la D2). Limoges (4-2), Noeux-les-Mines (3-0), Rennes (4-0) s’inclinent, seul Poissy prend un point contre Lille (0-0). Le 6 mai 1978, le LOSC se rend au Paris FC : en gros, si le LOSC ne perd pas, ça sentira très bon ! Le nul (1-1) est une excellente opération : il reste deux matches et Lille peut assurer la montée en battant Quimper Cornouaille dès le 20 mai !
Et ça démarre plutôt bien : Didier Simon marque dès la 7e minute. Le LOSC conserve longtemps son avance, et il ne fait aucun doute que les festivités d’après-match, bien prévues mais qu’on n’ose pas encore annoncer, auront lieu. Mais à l’heure de jeu, catastrophe : Quimper inscrit deux buts coup sur coup. Les Lillois se ruent sur le but du gardien « breton », un certain… Jean-Noël Dusé, qui fera quelques années plus tard le bonheur de la formation lilloise. Didier Simon (76e) égalise, avant que Jean-Paul Delemer n’inscrive le but de la victoire à la 85e, hors-jeu de 10 mètres selon les témoins de l’époque. Le match n’est pas terminé que la sono invite le stade à une kermesse juste après le match ! Lille assure donc la première place de son groupe, et remporte même le titre en battant le leader de l’autre groupe, Angers, dans le « match des champions » (5-3 ; 1-2). Une marque de champagne décerne au LOSC le titre d’équipe « la plus pétillante » de la saison.
José Arribas porté en triomphe sur les épaules d’Alain Tirloit au milieu des supporters
À fond la formation
La remontée immédiate dans l’élite est une aubaine. Pour la mairie, c’est la preuve de la justesse de sa stratégie : le LOSC a épongé une partie de son déficit. La ville et le club passent à une collaboration encore plus étroite. La première offre 800 000 F au LOSC, de quoi recruter Roberto Cabral et René Marsiglia, déjà international junior. Le centre de formation se dote d’un entraîneur à temps plein en juillet, en collaboration avec Arribas : Jean Parisseaux, qui fut champion de France en 1947 avec le Club Olympique Roubaix-Tourcoing. Originaire de Dunkerque, il a même entraîné l’USLD devenant à 33 ans le plus jeune entraîneur de D2 (en 1966). Il entraîna ensuite Hazebrouck (où il joua aussi), faisant passer le club de la DH à la D2 entre 1969 et 1973.
Le centre du LOSC n’a bien sûr rien à voir avec ce que proposait le CORT, du point de vue de l’équipement bien entendu, mais simplement dans l’idée même de former des jeunes : « à cette époque, on ne favorisait guère l’épanouissement des jeunes, même dans le grand CORT, celui qui fut champion de France ». à l’été 1978, intègrent le centre : Jean-Pierre Mottet et Dominique Bisbal (Vichy), Pascal Gousset (Angoulême), Olivier Hotton (Roubaix), Thierry Froger (Le Mans), Carol Renuit (Sainghin en Weppes).
Les footballeurs en formation peuvent s’initier aux métiers du secrétariat, de la comptabilité ou de la gestion grâce à l’apport de l’Institut Lillois d’Education Permanente. Au bout de deux ans d’étude, les jeunes du centre sortent avec un certificat d’aptitude professionnelle de footballeur (!)
Un emploi du temps pour jeunes loscistes, rentrée 1978
En 1978, 15 des 18 membres du centre de formation sont originaires du Nord. Plus précisément, ces jeunes se divisent alors en stagiaires (Brisbal, Dréossi, Fournier, Hotton, Marsiglia, Millevoye, Mottet, Barathaly, Vandamme), aspirants (Botysow, Capon, Depraeter, Gousset, Gressani, Orts, S. Plancque) et amateurs (P. Deschodt, Gauvain). Comme on l’a déjà évoqué dans cet article, il ne s’agit pas encore de formation à un âge précoce : les jeunes sont généralement recrutés à 15 ou 16 ans. L’idée est de construire une identité de jeu qui serait propre au club, comme l’indique J. Parisseaux : « j’attache énormément d’importance à la technique. Je suis partisan d’une équipe qui joue méthodiquement. Le travail tactique sur le terrain et les manœuvres répétées sont de première importance ». Idéalement, le centre de formation doit donner dans un délai de 4 à 5 ans des hommes de bases au LOSC. Parmi les pensionnaires de 1978, au moins 4 ont déjà fait leurs preuves au haut niveau : Pierre Dréossi, Alain Grumelon, René Marsiglia et Jean-Pierre Delemer.
La réserve du LOSC en 1978/1979
Debout : Capon, Gauvin, Rabathaly, P. Deschodt, Renuit, Mottet, J. Parisseaux, M. Vandamme
Assis : Bisbal, J-M Vandamme, Hotton, Gressani, Depraeter
Il n’empêche : le club est en D1 mais reste fragile. Arribas annonce : « nous essaierons de faire de notre mieux. La saison dernière, nous sommes montés alors que nous ne nous y attendions pas. Cette fois, nous pouvons fort bien redescendre, ce serait d’ailleurs plus logique que catastrophique. Si, en revanche, nous nous maintenons, il s’agira d’un exploit. Mais ne nous faisons pas d’illusions : la saison sera très dure ». Le 19 juillet 1978, la saison reprend contre Nancy à Grimonprez. Au coup d’envoi, le LOSC présente une équipe dont 4 des titulaires sont passés par le centre de formation : Pierre Dréossi (18 ans), Alain Tirloit (20 ans), Patrick Zagar (23 ans), Alain Grumelon (21 ans). Et les deux remplaçants, non entrés en jeu, en sont issus : Thierry Deneullin (24 ans) et Jean-Paul Delemer (20 ans). Devant l’ASNL de Platini et Rouyer, 6e du dernier championnat et vainqueur de la coupe de France, Lille fait le spectacle : Pleimelding marque rapidement (4e), avant que les Lorrains ne mènent 3-1 à la 40e. Finalement, Lille s’impose 4-3 en fin de match !
Pierre Pleimelding vient de tromper Jean-Michel Moutier, le portier de Nancy, et inscrit le premier but de la saison 1978/1979.
Au cours de cette saison 1978/1979, Pierre Dréossi fait déjà figure d’inamovible. À l’âge de 16 ans, Joël Depraeter est lancé à Nantes, au cours d’un match où le LOSC accroche le FCN (0-0), suscitant la colère du public nantais qui scande le nom d’Arribas et siffle son entraîneur… l’ancien lillois Jean Vincent. Si le nom de Depraeter ne vous dit rien, c’est parce que ce jeune venu d’Armentières va bientôt prendre le nom de son père : Joël Henry.
L’effectif du centre de formation au complet en 1978. Pour les plus connus, on note, assis, les Vandamme père et fils aux extrémités, Joël Henry au milieu. Debout, Jean Parisseaux à gauche, Jean-Pierre Mottet à droite.
En 1978-1979, le LOSC est spectaculaire : il signe des victoires sur des scores-fleuves, contre Nancy donc (4-3), Laval (5-3), Monaco, le Paris FC, Sochaux (4-2), Nice, Rennes (4-0), et un petit 4-4 à Metz. L’équipe termine à une étonnante 6e place, une performance inédite depuis 1958, qui sera égalée en 1991 et seulement battue en 2001. De plus, les Dogues ne sont éliminés qu’en quart de finale de coupe de France, contre Auxerre, pourtant en D2 mais futur finaliste (0-0 ; 1-2). Lille n’était pas allé si loin depuis 1960. Avec une moyenne de 14 350 spectateurs à domicile, le LOSC signe ses meilleures affluences depuis 1952, et devra là aussi attendre la saison 2000-2001 pour faire mieux. Avec 21 buts marqués, Pleimelding est le 4e buteur du championnat, Cabral se plaçant 9e avec 16 réalisations, et Olarevic 10e avec 15. En fait, Lille ne marque qu’un but de moins que le champion, Strasbourg (67 contre 68), mais en encaisse un peu plus, pas grand chose (62 contre 28).
Discussion tactique entre Arribas et Dréossi, portant sur le fait qu’il faut savoir assurer ses arrières en toutes circonstances. Avec le kiné Michel Frémaux.
Dans l’immédiat, la saison lilloise est récompensée par la sélection de Pierre Pleimelding en équipe de France espoirs au cours de l’été 1978 (il connaîtra sa seule sélection en A quelques semaines plus tard) ; et pour ce qui s’agit de la formation, le LOSC salue les sélections, au même moment, de Stéphane Plancque en équipe de France Junior 1, et de Joël Henry en équipe de France Junior 2. Le signe d’une philosophie des années Arribas qui, par la suite, verront l’éclosion en équipe première d’Eric Péan, Pascal Guion, Thierry Froger, Michel Titeca, Eric Prissette, Rudi Garcia, ou encore Luc Courson.
FC Notes :
1 Généreux, le LOSC offre près de 20 ans plus tard à l’En Avant sa première victoire à l’extérieur en D1 : 3-0 le 9 août 1995.
Sources :
Presse écrite des années évoquées.
Les photos de la chambre, de la salle de cours et de l’emploi du temps sont issues d’un ouvrage de Jean-Pierre Mortagne, LOSC, gloire du Nord, Solar, 1978.
On a par ailleurs trouvé nombre de détails et anecdotes dans un ouvrage de Patrick Robert, Vingt ans de passion, vingt ans de LOSC, éditions La Voix du Nord, 1991
Les jeux de mots, c’est nous.