Posté le 15 mars 2019 - par dbclosc
1960, 1989, 1997, 2000. Quatre glorieuses de la formation losciste
On en a longuement parlé dans cet article : en 1977, le LOSC est gentiment invité par la mairie à se « régionaliser ». Conséquence concrète : en février 1978 est inauguré le centre de formation du club qui, comme son nom l’indique, a pour vocation de former de jeunes joueurs à la pratique professionnelle du football. La saison 1977/1978 voit l’apparition régulière en équipe première d’Alain Tirloit, Jean-Paul Delemer, Pierre Dréossi et Stéphane Plancque, eux qui jusqu’alors évoluaient avec la réserve dirigée par Charly Samoy et qui intègrent de fait le nouveau centre de formation. La première « rentrée des classes » du centre, à l’aube de la saison 1978/1979 voit les arrivées des Mottet, Froger, Henry, J-M Vandamme… Tous ces joueurs ont, à l’époque, entre 16 et 19 ans, et seraient aujourd’hui plutôt considérés comme « post-formés » au LOSC. Le centre de formation concerne donc de jeunes adultes, qui ont déjà un parcours de formation ailleurs. C’est progressivement que le centre va ouvrir des sections pour des catégories plus jeunes et proposer la possibilité d’un parcours et d’une formation sur un temps bien plus long. Depuis lors, Bernard Lama, Franck Ribéry, Fabien Leclercq, Eden Hazard, Sébastien Pennacchio, José Saez, Mathieu Maton, Martin Terrier ou Geoffrey Dernis, arrivés à des âges variables, restés sur des durées plus ou moins longues, et avec des destinées footballistiques diverses, ont pour point commun d’avoir fréquenté le centre de formation du LOSC. Si ce sont les joueurs qui contribuent le plus à visibiliser la valeur d’un club en matière de formation, dans les faits rares sont ceux qui embrassent une carrière professionnelle : le professionnalisme comme débouché est bel et bien l’exception. Ainsi, même quand le LOSC est arrivé au sommet dans les catégories de jeunes, peu de ses joueurs ont percé en équipe première.
Mais si le LOSC est grand, le LOSC est beau, c’est aussi parce que ses jeunes ont brillé : on s’arrête ici sur 4 grandes performances du centre de formation lillois. On retrouvera le palmarès complet du centre et quelques informations sur le site du club.
Avant le centre de formation : la coupe Gambardella 1960
Bien avant l’avènement du centre de formation, la jeunesse du LOSC s’est déjà distinguée de deux manières. Le 26 mai 1955, quelques jours avant que l’équipe première n’emporte sa cinquième coupe de France, les juniors du LOSC parviennent en finale de la première coupe Gambardella. Connue sous le nom « coupe des juniors » lors de ses 3 éditions précédentes (1937, 1938, 1939), elle est relancée en 1954 et rebaptisée du nom du président de la fédération française de football entre 1949 et 1953, Emmanuel Gambardella. La Voix du Nord de l’époque relate que « malgré un avantage territorial », les jeunes Dogues s’inclinent 0-3 contre Cannes, sous une grand chaleur en première mi-temps, et un violent orage en seconde. Les buteurs : Lamberti (9e), Bellanti (12e) et Eigenmann (21e), profitant d’une mauvaise interception du Lillois Doisy. Retenez bien ces noms, car vous n’en entendrez plus jamais parler.
Cinq ans plus tard, en 1960, tandis que son équipe première est descendue deux fois en D2 (en 1956 puis en 1959) et termine à une piètre 11e place, le LOSC se console grâce à son équipe junior, qui remporte la coupe Gambardella en battant Quevilly 1-0. Si le parcours des jeunes Lillois est assez aisé jusqu’en quarts de finale, il se complique avec la réception de Strasbourg le 3 avril 1960. L’équipe alignée (photo-ci-dessous) a fort à faire face aux Alsaciens qui comptent dans leurs rangs des joueurs comme Gilbert Gress et Robert Wurtz, futur arbitre. Le LOSC l’emporte 3-1.
Debout : Dacquet, Lemay, Citerne, Lapage, Vaillant, Huart
Assis : Desreumaux, Merlier, Preenel, Femery, Flandrin
Parmi eux, Dacquet a joué 120 matches de championnat en équipe première ensuite ; Vaillant a joué au moins un match et on un doute pour Etienne Desreumaux et Flandrin.
En demi-finale, Lille s’incline à Montpellier 0-1. Vous allez dire : tiens, c’est étonnant de remporter une coupe la saison où on est éliminé en demi-finale. En fait, les dirigeants lillois ont posé une réserve après cette défaite, et ils obtiennent gain de cause : les Montpelliérains ont aligné 4 joueurs transférés de l’intersaison précédente, alors que le règlement n’en tolère que 2. Le match est rejoué – on aurait pu faire gagner le LOSC sur tapis vert hein – le 15 mai à Paris juste après la finale Monaco/Saint-Etienne. Cette fois, les Lillois, dans une ambiance dégueulasse, s’imposent 3-0 grâce Desreumaux, Flandrin et Merlier. Après le troisième but, les Montpelliérains ne reprennent même pas le match et filent aux vestiaires !
Le redoutable Etienne Desreumaux
C’est donc à Evian que le LOSC remporte son premier titre « junior ». L’unique buteur du match est Preenel (40e). Pour illustrer le fait que les équipes de jeunes étaient bien moins encadrées que ce qu’on connaît aujourd’hui, les vainqueurs de la Gambardella 1960 n’avaient pas d’entraîneur attitré pour la saison. Le jour de la finale, c’est Jules Vandooren, ancienne gloire de l’Olympique Lillois et désormais l’entraîneur de l’équipe première, qui prend place sur le banc pour coacher les petits !
1989 : champion de France Cadets
Ancien gardien de but de Lille (1970-1975) avec qui il a été champion de D2 en 1974, Jean-Noël Dusé a débuté sa carrière professionnelle à Grenoble, puis est allé du côté de Quimper, Tours, Rennes (avec qui il remporte un nouveau titre de D2 en 1983), puis Limoges. Après avoir stoppé les ballons, il stoppe sa carrière de gardien en 1986 et revient à Lille. En 1987, il prend la succession de Jean Cieselski et prend en main les destinées des jeunes stagiaires et aspirants du club. En outre, il s’occupe des cadets nationaux, avec Pierre Michel et Jean-Luc Saulnier.
À l’issue de la saison 1988/1989, il emmène les cadets du LOSC au titre de champion de France. On avait notamment parlé de cette génération avec Joël Dolignon. Son bilan est exceptionnel : deux ans d’invincibilité ! Et malgré les absences de Farid Soudani (22 buts) et Amadou Lô, tous deux blessés, les Dogues signent un ultime succès en finale du championnat contre le Paris FC à Pontivy (1-0) après avoir sorti Le Havre en huitièmes (7-1), Metz en quarts (4-1), et le PSG en demies (2-0). À l’aube de la saison 1989/1990, six de ces joueurs sont d’ores et déjà intégrés à l’équipe de D3 : outre Oumar Dieng, déjà habitué à jouer à ce niveau, arrivent Guikoune, Soares, Leclercq, le gardien Menendez, et Soudani.
Parmi les plus connus, on reconnaît sur cette photo ceux qui ont joué en pro : Fabien Leclercq, Cédric Carrez, Joël Dolignon, Frédéric Dindeleux
1997 : Champion de France 15 ans Nationaux
La catégorie des 15 ans est la première catégorie où se forge un palmarès probant et le niveau auquel les joueurs se constituent une carte de visite nationale. En 1996, le LOSC avait terminé deuxième de sa poule derrière Amiens puis avait échoué en quarts de finale du championnat. De nouveau, il termine 2e avec 15 victoires, 3 nuls, 4 défaites, 70 buts marqués et 23 encaissés, mais va cette fois aller au bout.
Et pourtant, en septembre 1996, le jeune groupe lillois semble miné par divers problèmes et l’ambiance laisse à désirer. Mais, sous la houlette de Rachid Chihab, un joueur va se révéler : Kader Zelmati. Leader technique de l’équipe, il débute aux Asturies, avant de jouer à Lens jusqu’en pupilles 2e année. Mécontent du poste où on le faisait jouer, il retourne dans un vrai club de foot en rejoignant Douai. Au cours de la saison 95/96, son équipe affronte le LOSC, sous les yeux de Rachid Chihab, fort séduit. Jean-Michel Vandamme fait le reste.
Lors du tournoi de Pentecôte de Saint-André, ce LOSC-là fait forte impression en s’imposant, devant des clubs du calibre de Benfica ou de l’Atlético Madrid. En championnat national, il sort Châteauroux en 16e (4-1), le Red Star en 8e (1-0), Auxerre en quarts (3-0), Saint-Etienne en demi (2-1), et s’apprête à affronter Rennes en finale, à Chantilly.
Sous les yeux du président Lecomte et de 200 supporters, les jeunes Lillois s’imposent 3-1 grâce à Bob Cousin (20e, 89e) et Maton (84e) tandis que les Rennais avaient égalisé par Boulou (80e). Le LOSC est champion de France des 15 ans! Pour Bernard Lecomte, « ce titre est révélateur car c’est celui des centres de formation ». Autant dire que le LOSC qui vient de descendre en D2, nourrit de sérieux espoirs dans cette génération, composée par exemple de Julien Decroix, arrière droit venu de Bergues en 1996, champion de France avec la sélection minime du Nord ; Florian Hamache, défenseur central au gros pied droit ; Kévin Hermann, milieu à l’abattage impressionnant ; ou Matthieu Maton, son meilleur buteur, à l’aise avec les deux pieds. Et pourtant, sur le 11 titulaire de cette année, un seul parviendra à s’imposer durablement dans le monde professionnel : le défenseur central Matthieu Delpierre, précédemment à Nantes. On a parlé plus longuement de quelques-uns de ces joueurs et de leur destinée dans cet article.
2000 : Finaliste de la Coupe Gambardella
Le LOSC a connu le stade de France bien avant la Ligue des champions en 2005 ! En 2000, 40 ans après, il se retrouve de nouveau en finale de coupe Gambardella, face aux Auxerrois entraînés par Alain Fiard, en lever de rideau de la finale de coupe de France Calais/Nantes. Le parcours des Lillois a là aussi été un temps chaotique. Pour Kamil Hamadi, « le déclic pour nous s’est produit après la défaite en championnat contre Le Havre. On avait perdu 5-3 et c’est vrai que nous avions été impressionnés ». À la tête des jeunes lillois, Jean-Noël Dusé : « dans cette équipe, l’envie est venue match après math. À la sortie, cette finale, on la mérite amplement ».
Voici la composition qu’il aligne : Coque ; Bourgeois, Vandewiele, Advice, Zenguignian (Pennacchio 80e) ; Saez (cap.), Debackère, Pierru ; Moussilou, Essaka (Hamadi 83e), Djamba.
Non entrés : Lalys, Khacer, Balijon.
Les Lillois sont fébriles lors des 10 premières minutes ; il faut dire qu’Auxerre est un habitué de ces rendez-vous. Toutefois, Moussilou et Essaka se créent les deux premières occasions du match. Et là, complot météorologique, comme en 1949 (et comme en 1955, si vous avez bien suivi) : un violent orage s’abat sur Saint Denis. Pour Jean-Noël Dusé, « la violente averse en fin de première période nous a un peu déstabilisés. Le terrain est devenu lourd, et a plutôt privilégié le jeu plus physique des Auxerrois ». Résultat, juste avant la pause, les joueurs lillois bafouillent une relance : Girard récupère et centre pour Leroy, qui bat Coque (42e). En seconde période, dans un match assez fermé, ni Moussilou (59e), ni Debackère (60e), ni Zenguignian, sur coup-franc (79e) ne parviennent à égaliser. Le LOSC s’incline mais lance un tour d’honneur, si bien qu’il faut retarder la cérémonie de remise des médailles ! Le LOSC prend encore rendez-vous pour l’avenir, sous les yeux de Bernard Lecomte, qui vient de quitter ses fonctions. Pour Sébastien Pennacchio, entré en fin de match : « on pensait vraiment gagner, alors on est forcément abattu. Mais bon, ce soir on a vraiment eu des frissons (…) Bernard Lecomte était là. Cela nous a fait plaisir. On lui avait promis de ramener la coupe à la Générale de Chauffe. On a manqué à notre parole, mais cette finale restera pour les jeunes une immense fierté et un souvenir irremplaçable ».
Guy Stéphan, adjoint du sélectionneur national, est également présent : « c’est vraiment une performance d’arriver en finale, il faut maintenant voir combien de joueurs de cette équipe parviendront à faire une carrière professionnelle. Si 3 ou 4 y parviennent, alors le club pourra dire qu’il a bien fait son travail ».
Le fidèle Neuneu
Les jeunes joueurs passent, et certains formateurs restent. Jean-Noël Dusé est à la tête des équipes qui arrivent au sommet en 1989 et en 2000. Revenu au club en 1994 après un intermède de 2 ans comme entraîneur des gardiens à Saint-Etienne, il laisse un excellent souvenir. Ceux qui l’ont connu sont unanimes : Jean-Noël Dusé, affectueusement surnommé « Neuneu », outre ses qualités d’entraîneur, est un personnage attachant et sympathique. Comme nous le confiait Joël Dolignon : « Monsieur Dusé était excellent. Avec sa femme, c’étaient un peu nos deuxièmes parents. On les appréciait beaucoup ». Même sans être apprenti-footballeur, par exemple en étant supporter du LOSC âgé d’une douzaine d’années, on l’appréciait, et pas parce que le paternel nous disait : « Non mais quand même, Jean-Noël Dusé, Neuneu ! Grand gardien de but… ». Nous, ça ne nous intéressait pas trop, ça. Pas plus que le fait qu’il soit désormais à la tête du centre de formation. Pour nous, il était surtout ce monsieur très gentil qui nous faisait la causette pendant qu’on attendait que les joueurs professionnels sortent du vestiaire pour faire leur entraînement ! Et une de nos mesures de la qualité du bonhomme, c’est qu’on le voyait régulièrement nourrir les canards qui traînaient autour du stade, ainsi que le prouve ce document exclusif DBC. Faut être un gentil monsieur pour nourrir les canards !
À son retour au LOSC en 1994, il avait pu avoir la satisfaction de voir dans le groupe pro des joueurs qu’il avait dirigés quelques années auparavant : Dieng (juste avant qu’il ne parte pour Paris), Carrez, Dindeleux, Dolignon, Leclercq… En 1989, il disait déjà « si 3 ou 4 de mes cadets parvenaient à intégrer l’équipe pro, ce serait bien ». Après 6 ans dans le staff du LOSC, il rejoint les Verts en 1992 : « mon séjour à Saint Etienne s’est plutôt bien passé, mais je n’ai jamais retrouvé là-bas ce que j’avais laissé ici. Aussi, lorsque les dirigeants lillois m’ont contacté, j’ai sauté sur l’occasion. J’ai vécu trop de choses ici pour oublier ». En plus d’avoir la responsabilité du centre (« j’espère apprendre plusieurs choses aux jeunes ; s’occuper d’une trentaine de gamins, ce n’est pas rien, il faut les aider, les intéresser »), il entraîne également les gardiens du groupe professionnel, avant l’arrivée de Jean-Pierre Mottet à ce poste. Il retrouve une place auprès du groupe professionnel en 2001, jusqu’en 2007.
L’un de ses derniers coups d’éclat ? Un superbe arrêt lors de Lille/Manchester en 2007 : c’est lui qui intercepte la frappe que Mathieu Bodmer envoie en touche pour poser une réserve après le but de Ryan Giggs.
Les photos de 1960 sont issues de l’ouvrage de Paul Hurseau et Jacques Verhaeghe, Olympique Lillois, Sporting Club Fivois, Lille OSC, collection mémoire du Football, Alan Sutton, 1997
Laisser un commentaire
Vous pouvez vous exprimer.
0 commentaire
Nous aimerions connaître la vôtre!