Posté le 28 mars 2019 - par dbclosc
Roger Hitoto : « Je suis resté supporter du LOSC »
« Alors, comment ça va là-haut ? ». On ne sait pas si Roger Hitoto nous parle de géographie ou de classement quand il nous salue, mais dans les deux cas la réponse est « ça va bien ». Parce que le LOSC est 2e ; parce que par ailleurs, ça va bien, en effet, merci ; et parce qu’on rencontre Roger Hitoto, passé par le LOSC de 1994 à 1999.
Roger Hitoto, lors de son passage dans le Nord, c’est un milieu récupérateur hors pair, infatigable ratisseur de ballons, et c’est aussi un mec sympa : 25 ans après, quand on se remémore les longues matinées à attendre dans le froid les joueurs sortant du vestiaire pour l’entraînement, on a plutôt tendance à se souvenir plus particulièrement de ceux qui prenaient la peine de nous saluer ou de nous serrer la main, ce n’est pas grand chose mais, pour les gamins que nous étions, ça reste : Roger Hitoto fait partie de ceux-là.
En plus de ces bons souvenirs sur et en dehors des terrains, deux raisons nous ont poussé à le solliciter : il y a quelques temps, quand le blog en était à ses balbutiements et n’avait pas encore atteint la renommée mondiale qu’on lui connaît aujourd’hui, nous avions sollicité nos lecteurs et lectrices afin de déterminer leur « onze de coeur » : l’idée était de déterminer quels étaient les joueurs qui avaient le plus marqué les esprits, toutes époques confondues. Si Roger Hitoto n’apparaissait pas dans le 11 type, il n’était pas loin derrière, récoltant le même nombre de voix que des joueurs comme Dagui Bakari, Eric Assadourian, Vincent Enyeama ou Patrick Collot. Et c’était tout de même surprenant : même si on garde un excellent souvenir de lui, son passage remontait déjà à il y a 20 ans, à une époque pas franchement reluisante sportivement pour le LOSC, et Roger jouait à un poste « laborieux » dont on a parfois peine à évaluer l’importance. Depuis, l’Europe et le titre étaient passés par là, et on se disait que Roger Hitoto serait largement devancé par des joueurs plus récents… Il faut croire que notre souvenir du joueur et de l’homme sont largement partagés.
Dernière raison qui justifiait notre entrevue, en prolongement du paragraphe précédent : vous le savez, nous signalons régulièrement sur nos pages facebook et twitter les anniversaires des anciens Dogues, une bonne occasion de mesurer la côte que les uns et les autres ont laissée. Et, tous les ans, Roger Hitoto fait péter les « like », on nous demande si on sait ce qu’il devient, comme l’illustre cet échantillon de réactions après le dernier anniversaire, ce 24 février 2019 (on a paint et on en fait de belles choses) :
Donc une bonne raison de savoir ce qu’il devenait, c’était d’aller le voir ! Et c’est ainsi que Roger Hitoto nous a accordé du temps en nous donnant rendez-vous sur son lieu de travail actuel, au stade Charléty à Paris. Avec lui, nous sommes revenus sur ses souvenirs d’enfance au Congo, son arrivée en France, ses débuts comme footballeur à Grigny puis au centre de formation de Rouen et, bien sûr, plus longuement sur son passage au LOSC. Solidement installé titulaire dès sa première saison, Roger Hitoto devient incontournable au milieu de terrain. Sa lourde blessure fin 1996 freine malheureusement sa progression et anéantit une partie de ses espoirs, une période difficile sur laquelle il s’exprime largement. Il garde notamment de Lille une grande estime pour Jean Fernandez et pour Bernard Lecomte, un peu moins pour Jean-Michel Cavalli et Thierry Froger, pour des raisons bien différentes. Quelques courtes expériences à l’étranger ensuite puis une dernière pige à Rouen concluent sa carrière de joueur professionnel.
Et comme sur notre blog, le football est parfois un prétexte pour parler d’autre chose, on tenait à parler avec lui du Congo et de la sélection, mais aussi de la façon dont il a vécu la guerre dans son pays à la fin des années 1990. Une façon de voir que Roger sait aussi être sérieux et ne fait pas que des blagues, des blagues d’Hitoto.
Première photo officielle sous le maillot du LOSC, saison 1994/1995
On va commencer par ta situation actuelle : tu nous donnes rendez-vous au stade Charléty. Que fais-tu ici ?
Je suis depuis un an manager général du football au Paris Université Club. De manière générale, le PUC est un club omnisports qui, en plus de ses ambitions sportives, porte des valeurs sociales et citoyennes. J’ai des tâches administratives, d’orientation des jeunes, et je suis également sur le terrain puisque j’entraîne spécifiquement les attaquants et les milieux de terrain. Et parallèlement, cela fait 8 mois que je joue au PUC en tant que joueur vétéran. Je joue le dimanche matin, et je continue avec le Variétés Club de France (VCF) le dimanche après-midi. Pour le VCF, j’ai été parrainé par Jean-Pierre Orts, qui est d’ailleurs passé au centre de formation du LOSC. Il a été plusieurs fois meilleur buteur de D2, notamment à Rouen, c’est là que je l’ai connu, il a même été mon entraîneur. Et là ça fait 9-10 ans que je suis au Variétés. Donc je m’entretiens physiquement !
Je suis ici 24h/24 et pour moi c’est un plaisir. Et de temps en temps j’ai la liberté de repartir au Congo puisque je me sens toujours concerné par tout ce qui se passe dans le football, et en dehors du football : 3 fois par an, je retourne au Congo et j’essaie de donner un coup de pouce, dans la mesure de mes moyens, à certaines associations et à certains clubs. J’amène des équipements, des maillots, pour que les enfants puissent se vêtir.
Ce sont des responsabilités officielles auprès de la fédération du Congo ?
Non, c’est personnel, je fais ça par plaisir et sans faire du bruit. En revanche, j’ai eu par le passé des responsabilités officielles auprès du sélectionneur Florent Ibenge, qui est aussi mon cousin ! Comme je voyage et sillonne beaucoup, je me suis dit que je pourrais me rendre utile en signalant aux autorités, aux gens de la fédération, les jeunes pépites congolaises. Ça s’est accompagné d’une nouvelle politique d’anticipation au niveau de la fédération congolaise. Auparavant, on attendait le dernier moment pour se signaler auprès d’eux et, malheureusement, après ces jeunes là, comme ils ont toujours évolué en France ou dans le pays où ils sont nés, ils ne connaissent pas le Congo. Donc ce partenariat est officiellement terminé mais je continue de leur faire signe… Il y a désormais au sein de la fédération une chaîne sur cette problématique, et cette détection est bien mieux anticipée et gérée.
Et tu as aussi été consultant dans différents médias.
Oui ! Cette année j’ai arrêté, mais j’espère reprendre. Je suis resté durant 6 ans en tant que consultant pour des médias africains : Canal Horizon, avant que ça devienne Canal +, Africa 24…
Avec le Variétés Club de France et Dominique Le Bon, ex-capitaine de Melun, octobre 2017
Dans quelle mesure tu as anticipé ces reconversions durant ta carrière de footballeur professionnel ?
Paradoxalement, quand j’ai arrêté le football, je ne pensais pas forcément y rester. Mes premières réflexions remontent au moment où je me suis gravement blessé en 1996, et je ne savais pas trop vers quoi me tourner. Pendant un temps, j’ai essayé de m’éloigner de ce milieu qui est très compliqué. Mon souhait, c’était surtout de ne pas perdre ma personnalité et, si je devais rester dans le monde du football, c’était seulement à condition de garder ma liberté, sans faire comme tout le monde. J’ai toujours été un peu à part dans la mesure où j’ai commencé le football par l’amusement, et je voulais rester fidèle à ma liberté de pensée, ma philosophie. Donc à la fin de ma carrière, j’ai essayé de prendre du recul, je me suis entretenu physiquement en faisant des matches de gala ou avec le VCF, je discutais, je faisais des rencontres… Par exemple, devenir consultant, c’est une reconversion que je dois à Karl Olive, aujourd’hui maire de Poissy. Il y a quelques années, il travaillait à Canal + ainsi que pour le Variétés Club de France, et il m’a demandé si ça m’intéresserait de devenir consultant de télévision. Je lui ai dit que je n’y connaissais rien, mais il m’a rassuré en me disant de seulement rester comme j’étais, et d’apporter mes connaissances sur le football africain. Et j’ai donc pu commenter la Coupe du monde en Afrique du Sud en 2010 : c’était compliqué ! Par la suite, j’ai pris l’habitude, et ça s’est enchaîné. Donc j’ai appris à être de l’autre côté, et c’est une richesse de voir les choses différemment et de pouvoir partager. Ce qui est difficile, c’est de rester impartial, de ne pas prendre parti : ça ce n’est pas évident.
« Enfant, j’étais plutôt porté sur la danse »
Alors, revenons à des événements plus anciens : tu es né à Mbandaka. As-tu des souvenirs de ton enfance ?
Je suis né à à Mbandaka, en République Démocratique du Congo, qui est ensuite devenu le Zaïre, et qui s’appelle à nouveau République Démocratique du Congo. C’est un village de pêcheurs, au bord du fleuve, je n’en ai que de vagues souvenirs : les enfants s’amusent, vont en forêt, les parents vont pêcher. On essaie de s’occuper comme on peut. Mais le centre-ville, je ne connaissais pas. J’ai été élevé dans ce village par mon grand-père. Mon père était à la capitale avec ma grande sœur et mes deux frères, à Kinshasa. Je n’ai pas connu de suite ma mère. Moi j’étais le dernier, et ils vivaient tous à la capitale, y a que moi qui étais villageois.
Le Zaïre a joué la coupe du monde 1974… Tu étais encore là-bas à ce moment-là ?
Quand le Zaïre a joué, honnêtement, je ne connaissais rien et je ne suivais rien au football. N’étant pas du centre-ville, on n’avait pas l’électricité, donc je vivais ça comme un gamin du village ! J’ai seulement rejoint la capitale après quelques années : j’y ai vécu deux mois, avant de rejoindre mon Papa ici en France. Mon père a commencé ses études de docteur à Kinshasa, et il les a terminées en France. Après avoir obtenu son doctorat, il a fait venir tout le monde en France. Donc la coupe du monde en 1974… j’en ai entendu parler, mais je ne l’ai pas vécue. J’étais un campagnard et ce n’était pas donné à tout le monde à l’époque d’avoir la télé. La plupart des gens suivaient ça par radio, et à l’âge que j’avais, je n’étais pas encore attiré par ça.
Est-ce que tu peux raconter comment tu en es venu au foot ? Tu viens de dire que ça t’étais venu « par amusement ».
Oui, « par amusement », c’est ça ! J’ai commencé le foot en arrivant en France, à l’âge de 7-8 ans, à Grigny. En Afrique, je ne jouais pas, et moi j’étais plutôt porté sur la danse. À vrai dire, il n’y avait aucune place pour le football durant ma petite enfance. Quand je suis arrivé en France pour rejoindre mon père, je me suis lié d’amitié avec des gens qui jouaient au foot. Au départ je les regardais jouer… Puis j’ai commencé à jouer avec eux. J’ai ensuite fait 2 ou 3 entraînements, et l’entraîneur qui était là se demandait : « mais lui, il a déjà joué au foot, non ? Il a les aptitudes, il a tout ce qu’il faut ». Peut-être que je voyais vite le jeu, je savais comment me libérer, je me déplaçais facilement, et ils m’ont proposé de les rejoindre en club. Je leur ai dit que c’était impossible car mon père, médecin généraliste, intellectuel, ne voyait pas le foot d’un bon œil. Pour lui, il n’y avait que les études intellectuelles ! Le club de Grigny m’a fourni des équipements et j’ai joué en cachette, mes parents ne savaient pas !
Le centre de formation de Rouen
On imagine que le secret n’a pas tenu très longtemps !
Ça a duré un an ! Et quand mes parents ont su, j’en ai pris pour mon grade, je m’en rappelle encore ! Mais j’ai continué, toujours en cachette. Après Grigny, je suis allé à Melun. Et là, je dispute un tournoi, où il y avait de gros clubs. Enfin, c’est ce qu’on m’avait dit, car moi je ne suivais vraiment pas le football. On affronte la réserve de Rouen on réussit l’exploit de la battre. C’est là que les dirigeants du FC Rouen m’ont abordé. Ils m’ont accompagné jusque chez moi… et là, mon Papa, qui me voit débarquer avec un grand bonhomme, pensait que j’avais fait une bêtise et a dit qu’il ne me connaissait pas ! Après avoir levé les malentendus, le dirigeant a présenté un projet pour moi. Mon père a dit qu’il fallait que je pense d’abord à mes études. Le dirigeant lui a dit qu’il y avait de quoi suivre des études au centre de formation, puis a expliqué qu’il y avait une détection deux semaines après. Il m’a pris un billet de train, sans que mon père ne le sache, et donc 2 semaines après je suis allé faire ces détections à Rouen. À l’issue des différentes épreuves, je suis sorti deuxième ou troisième. Il y avait Christophe Horlaville, Yann Soloy, David Giguel… tous les gars avec qui je suis entré au centre par la suite. Et voilà comment l’aventure a commencé.
Tu as donc d’abord intégré le centre de formation de Rouen.
Quand je suis arrivé en tant que jeune, je suis entré au centre, j’y ai fait toutes mes classes, ça a été assez vite. C’était un grand changement car jusque là, j’étais entouré de mes amis, et là on est enfermés dans un centre, il n’y a que du football. J’avais un entraîneur, Daniel Zorzetto, qui a tout fait pour moi, car j’ai eu des hauts et des bas, notamment des moments de nostalgie : il m’a formé. Quand ça n’allait pas, j’allais chez lui, j’étais très proche de sa famille. Je l’ai d’abord eu comme formateur au centre puis comme entraîneur en deuxième division. Je n’envisageais pas de devenir professionnel dans un premier temps. Mais je me suis accroché et j’ai commencé à m’entraîner avec les pros à 17 ans.
L’équipe de Rouen était très ambitieuse à cette époque.
Durant mes années à Rouen, on a toujours fini dans la première partie de tableau. Et par deux fois, on est passés très près de la montée. À l’époque, il y avait deux groupes en D2, groupe A et groupe B. En 1990, on a joué le barrage de montée mais on a perdu contre Strasbourg. Et lors de la saison 1992-1993, on joue de nouveau le barrage de montée, contre Cannes, et on perd. En fait, lors de cette saison, on a joué contre l’OM en coupe de France, et ce match a laissé beaucoup de traces dans le club.
C’est-à-dire ?
On a été en tête du championnat, très longtemps. Et en coupe, on avait sorti deux clubs pros, dont Lille ! On tournait très très bien, on avait une bonne équipe, très solide. Quand on rencontre Marseille, on avait encore 6-7 points d’avance en championnat, on se voyait déjà arrivés. C’était la grosse équipe de Marseille, future championne d’Europe, un grand événement pour Rouen, le match était retransmis sur TF1. Et là… On perd quelques joueurs, dont nos deux gardiens, blessés. Quelques minutes avant la prolongation, l’arbitre siffle un pénalty pour Marseille, pour une faute contestable, hors de la surface de réparation. On est éliminés. On avait tout donné et après, on a loupé la montée.
Roger en gros plan, notamment à 2’05. L’ancienne ministre des sports, Valérie Fourneyron, est revenue sur ce match en 2013 dans So Foot.
J’ai encore fait une saison derrière à Rouen, car les ambitions restaient les mêmes, et la philosophie du club consistait à repérer et à engager des pépites de l’agglomération rouennaise, il y en avait tellement ! Mais la saison 1993-1994 s’est mal passée sportivement, comme si l’élan avait été coupé par le match contre Marseille. De nouveaux dirigeants sont arrivés, tout a été chamboulé, et c’est là que j’ai constaté que le langage d’auparavant n’était pas respecté. J’aurais aimé avoir tort, mais les faits m’ont donné raison puisque c’est parti en cacahuète avec un dépôt de bilan en 1995.
http://www.dailymotion.com/video/x43e33
On a rencontré Joël Dolignon, qui nous en a parlé.
Les dirigeants voyaient grand, certes… Pas mal de gens sont venus avec de grandes ambitions, mais ils se sont cassés la gueule. Désormais, c’est un club qui revit sainement, grâce à des personnes comme Arnaud Marguerite et David Giguel. Ils connaissent le club, son environnement, et les choses vont tout doucement mais sereinement. Là, ils sont premiers en National 3 et j’espère qu’ils vont remonter. Au mois de mai, c’est l’anniversaire du club, je m’y rendrai !
« Pierre Mankowski me voulait à Lille »
Est-ce que les premiers contacts avec Lille remontent à la confrontation en coupe lors de la saison 1992-1993 ?
Après le match contre Marseille, il y a eu quelques sollicitations de clubs de D1, mais je ne me rappelle pas que le LOSC ait été là de suite. C’est surtout durant la saison suivante que le LOSC est venu. Quatre clubs se sont montrés intéressés par mon profil : Lille, Lens, Le Havre et Caen. Moi, sincèrement, j’avais rencontré les dirigeants de Caen, et je voulais rester aux alentours de Rouen. Caen, j’aimais bien, j’y passais souvent des vacances. Au dernier moment, j’apprends que l’entraîneur de Lille, Pierre Mankowski, me veut absolument. Il a réussi à passer par la personne avec qui j’étais à l’époque, et ils ont mis l’option. Lors du dernier match, des dirigeants du LOSC sont venus à Rouen, l’agent avec qui j’étais a eu les mots qu’il fallait… Et ma petite amie était originaire de Valenciennes, elle voulait retourner dans le Nord, c’est comme ça que je suis venu à Lille, que je ne connaissais pas. J’ai signé dans un premier temps pour 4 ans.
Donc tu viens grâce à Pierre Mankowski que tu n’as même pas eu comme entraîneur à Lille, et qui est parti à Caen !
(Rires) Voilà, c’est ça qui est encore plus top ! Je donne mon accord pour Lille, je signe. Mankowski m’apprend lui-même par téléphone deux semaines après qu’il part à Caen, et répète qu’il me voulait absolument. Mais c’était signé avec le LOSC ! Et moi, dans mon cœur, c’est à Caen que je voulais aller, sans savoir que Mankowski y irait ! Mais ça ne s’est pas fait comme ça, et j’ai donc eu Jeannot Fernandez comme coach.
Tu as eu peur à ce moment-là que le club ou l’entraîneur ne te fassent pas confiance ?
Non, peur, non. J’avais l’excitation de découvrir. J’allais à Lille avant tout pour travailler. Je venais de deuxième division, un championnat réputé plus physique, plus rude, plus dur. Mais en première division, je savais qu’on valorisait d’autres aspects, comme l’anticipation ; il y avait des secteurs où il fallait garder le ballon et, à partir du milieu de terrain, c’est là qu’il fallait accélérer, donc il fallait être juste dans ce que tu faisais. Mais en même temps, je voulais tenter l’opportunité de me faire ma place. Je ne partais pas comme titulaire, j’étais déjà content d’être dans un club de première division, et puis je venais sans pression car on ne m’attendait pas ! Moi je venais de D2, y avait déjà des joueurs en place comme Jakob Friis-Hansen… J’étais là pour apprendre, mais s’il y avait la possibilité de jouer dès la première année, et ben pourquoi pas !
Tu as déjà indirectement un lien avec le LOSC, puisque ton frère est passé par le centre de formation ici !
Oui, mon grand frère Jean-Pierre Hitoto a fréquenté le centre avec Pascal Guion, Jean-Pierre Lauricella, Joël Henry. Je suis allé 2-3 fois lui rendre visite au centre, à une époque où le football ne m’intéressait pas encore. Mon frère était un surdoué du football, c’était inné chez lui, alors que moi j’y suis arrivé par le travail. Mais pour canaliser mon frère, c’était un gros problème. Il avait de gros problèmes de discipline, ses fréquentations n’était pas les meilleures… Quand on intègre un centre de formation, il y a une discipline à respecter, et Jean-Pierre ne l’avait pas. Charly Samoy l’aimait beaucoup mais à force, il a craqué ! Au bout de 3 avertissements, il a été viré du centre. Et de là, il est parti à Viry-Châtillon, en 3e division. Ensuite, il est allé dans des clubs amateurs. Il avait le potentiel sur le terrain pour aller plus loin que ça. Mais il y a certains sacrifices qu’il faut faire.. et qu’il n’a pas faits.
En arrivant à Lille, tu as également retrouvé Oumar Dieng, juste avant qu’il ne parte au PSG. On a retrouvé un article dans lequel tu dis : « on se retrouvait souvent l’été lors des traditionnels matches qui rassemblaient tous les blacks de France ». C’est quoi ça ?
(Rires) En fait, c’est l’équipe des Black Stars. Tu vois les 5 étoiles sur le logo ? Elles représentent les 5 continents. Tu peux venir de n’importe quel pays pour y jouer. Donc là y avait tous les géants du foot africain : Weah, Lama, Roger Boli, Joël Tiéhi… On faisait des matches de gala pendant les vacances, d’habitude c’était en décembre dans la période où on a 4-5 jours, dans des pays d’Afrique. Ce sont souvent des gouvernements qui nous invitaient. À l’époque, pour y entrer, il fallait être international ou jouer en Premier division, mais pas en deuxième division. J’étais le seul qui jouait en deuxième division ! Donc on faisait des matches de gala et les stades étaient toujours pleins. On a dû faire quelques matches ici en Europe quand même, mais les matches les prestigieux avaient lieu en Afrique. Donner cette ferveur aux jeunes, qui voyaient la plupart de ces joueurs à la télé, le jour où ils venaient jouer dans leur pays au stade… c’était un grand événement. On amenait pas mal de choses, on visitait des hôpitaux… Et on reversait l’argent qu’on récoltait à des associations. Donc on donnait du plaisir de cette façon là.
« L’ambiance du derby… »
OK ! Donc pour revenir à Lille : en 1994, tu es la première recrue à l’entraînement le jour de la reprise, car Christian Pérez, qui a signé aussi, n’arrive que le lendemain. Tu es accueilli comment dans le club ?
Ah, très bien ! Mais moi j’étais timide, j’étais quelqu’un d’un peu réservé, et quand j’arrive je dis « bonjour Monsieur, bonjour ceci… », ben oui ! Finies les habitudes de Rouen, tout était nouveau. Donc j’arrive, et j’écoutais tout ce qu’on me disait. J’apprenais ! Je suis nouveau donc on me dit : « tu dois être là », oui OK ! ; « tu dois faire ça », oui OK ! J’observais, j’avais envie d’apprendre, j’avais cette soif de conquérir mes coéquipiers d’abord, qu’ils aient confiance en moi, après le reste viendrait.
Juin 1994, premier jour d’entraînement avec le LOSC
Et donc tu arrives pendant les matches amicaux à convaincre Fernandez de te titulariser, parce que le premier match de championnat, tu es titulaire… Tu te rappelles où c’était ?
À Lens…
Il y avait quelle atmosphère ?
On a vite entendu parler de ce match, d’abord parce que c’était la reprise, mais aussi parce que c’était le derby. Chez moi, j’avais connu Rouen/Le Havre, mais c’était… rien à voir. À une semaine du match, les supporters nous parlaient, je n’avais jamais vécu ça. Trois jours avant, le mercredi, j’ai commencé à appréhender. Je ne dormais déjà pas bien, et je voyais ce derby approcher… Je commence à me poser des questions, mais il ne faut pas faire ça ! Non ! C’était di-ffi-cile ! Non mais je ne croyais pas que c’était comme ça ! On arrive à Lens, les supporters étaient chauds. Et quand j’entre dans le stade, gros coup de pression qui commence à monter… Je dis « mamma mia, ça va être quelque chose ». En plus, Lens à l’époque était très bon, y avait mon pote Roger Boli, ils avaient une équipe qui allait à 100 à l’heure, c’étaient les mêmes gars qui étaient remontés 3 ans avant et ils se connaissaient les yeux fermés, et ça poussait comme pas possible dans les tribunes.
Premier Onze de la saison 1994-1995, avec une ouverture du championnat au stade Bollaert à Lens
Et ce match-là s’est bien passé !
Oui oui ! Comme disait Fernandez, je me rappelle : il ne fallait pas perdre ce match. Il ne fallait pas perdre ! Match nul, tout ce que vous voulez, mais on doit rentrer chez nous sans avoir perdu. Et le schéma qu’il a mis en place était défensif. Il ne voulait pas que les milieux de terrain montent trop. Comme j’aimais bien aller de l’avant, il m’a dit « tu prends ton joueur et tu restes là. Tu prends, tu donnes, tu prends, tu donnes ». Il jouait beaucoup la prudence, et ça lui a donné raison, puisque ce match là a bien tourné. On est restés bien solides et on ne repart pas bredouille, donc ça c’était un point positif.
Et le deuxième match de la saison, il est aussi mémorable pour toi !
Le premier but contre Strasbourg, du gauche (Rires) Oh, purée !
À Lens, avec Antoine Sibierski, Clément Garcia, Philippe Levenard et Eric Assadourian,
29 juillet 1994
« Jean Fernandez, un passionné »
Et dans l’ensemble, Lille a été plutôt solide toute la saison. 1-0, c’était le score favori cette saison là. Comment ça se fait que l’équipe gagnait autant 1-0, c’était quoi le schéma de jeu ?
En ayant Jeannot comme entraîneur… Il était un milieu défensif, c’était déjà quelqu’un qui aimait travailler, de façon très disciplinée. Il avait mis un bloc, avec en plus 2 ou 3 joueurs qui avaient la liberté de faire ce qu’ils voulaient devant. Mais il fallait d’abord des travailleurs derrière pour les libérer. Et nous, au milieu de terrain, c’était très limité au niveau du jeu offensif, on pouvait rarement apporter un plus. Donc OK, on fermait, on pouvait sortir avec un match nul et parfois il y a une occasion qu’on arrivait à mettre au fond, mais lui son schéma, c’était la prudence, il ne fallait pas prendre de but. Si on ne gagne pas, on ne perd pas. On repart avec 1-0, ça suffit.
On prend du plaisir quand on est joueur dans ce genre de schéma ?
C’est vrai qu’à un moment, c’est un peu embêtant, parce qu’il y a des situations où tu sais que tu peux apporter davantage, mais le coach t’a demandé de rester à ta place. Mais Jean Fernandez arrivait à faire passer un message avec rigueur. Il était un passionné : c’était extraordinaire, il n’y a plus des comme ça : des entraîneurs qui arrivent à donner, à te transcender, à te pousser, sans pour autant que tu te bloques. Il a réussi à inculquer quelque chose. Cet entraîneur, c’était un battant, il ne lâchait pas, et il a réussi à transmettre ça. C’était sa façon d’être et j’étais proche de lui. Donc c’était le coach, avec ses hommes.
À Sochaux en août 1994, avec Thierry Bonalair, Henrik Lykke et Arnaud Duncker
Cette année-là, à Grimonprez presque tous les gros sont tombés : Paris, Monaco…
Parce qu’on avait une âme et on se battait. Et puis dans l’équipe, il y avait des aînés qui à chaque ligne assuraient un rôle de leader. Derrière, c’était Nadon, au milieu c’était Friis-Hansen et Bonalair, et devant c’était Assad. C’est important dans un groupe d’avoir des aînés, et cette saison là, quand les aînés parlaient, on se taisait. Quand Nadon parlait, on se taisait. Quand on faisait les efforts, les autres suivaient. Que ce soit au milieu ou derrière, chacun devait se battre pour ceux qui avaient la liberté devant, pour les mettre dans les meilleures conditions. Donc il fallait ne pas prendre de but, et essayer de les trouver. Il y a des jours, ça passait, on trouvait la faille, et quand on n’y arrivait pas, il fallait au moins repartir avec un point.
Et toi plus particulièrement, cette première année, tu étais souvent au milieu avec Friis-Hansen et Arnaud Duncker, c’est bien ça ?
Oui j’étais souvent avec Jakob. Après ça a pas mal tourné, Philippe Levénard est venu ensuite. On n’avait pas réellement un milieu type. Je me rappelle même avoir joué latéral ou stoppeur lors de certains matches. Ça dépendait du ressenti ou du besoin que Fernandez avait.
En 1995-1996, tu as davantage joué, 32 matches. Cette saison a très mal démarré. Il a fallu attendre la 10e journée pour signer une première victoire, Fernandez a été viré, Cavalli est devenu n°1… Tu te rappelles ce début de saison ?
Oui… C’est parfois difficile de comprendre pourquoi la mayonnaise n’a pas pris. Déjà, lors des matches amicaux, on avait des difficultés, c’était déjà mauvais signe. Il n’y a pas de vérité, tu peux louper les amicaux et bien rebondir en championnat, mais là on est restés dans cette continuité ça a été très compliqué, et on vivait ça mal. Est-ce qu’il y avait trop de leaders ? Est-ce qu’il y a des messages qui ne passaient pas auprès des joueurs charismatiques qu’il y avait des cette équipe-là ? Je ne sais pas. Après on nous a mis devant nos responsabilités, c’est nous qui sommes sur le terrain. Pour moi, on ne faisait pas tous les efforts en même temps. J’avais l’impression que le message ne passait plus. Ça s’est arrêté à un moment, sincèrement ça ne passait plus. Le vestiaire vivait très mal cette situation.
Jean Fernandez expliquait qu’il avait misé sur l’expérience lors de cette intersaison, car il fait venir des « vieux » : Rabat, Périlleux, Simba…
Si on revient en arrière, regardons : la première année avec Jeannot, il n’y avait pas tant de joueurs expérimentés que ça, mais ils étaient là depuis longtemps. Et la deuxième année, il a dû se dire « maintenant on met des joueurs qui ont un vécu ». Tu prends des joueurs qui ont un vécu, mais si ton football est trop défensif… à un moment donné, il y en a sur le banc qui disent « mais on ne touche pas assez de ballons ! », les joueurs commencent à râler ! Nous on était jeunes, on se taisait, mais quand tu as des Simba, Friis-Hansen, Périlleux, ils ont envie de jouer au ballon ! Et Jeannot avait peut-être trop tendance à miser sur le physique, le physique, le physique. À un moment donné, quand ils ne voyaient pas le ballon, les anciens se sont dits « ben on joue pas ».
Août 1995 contre le FC Nantes de Reynald Pedros
Et ça a changé quand Cavalli est arrivé n°1 ?
Alors Cavalli était jusque là n°2 et, à cette position, tu vois à peu près ce qu’il se passe dans le groupe. Même si Fernandez est ton collègue, et même plus que ça car je me rappelle quand ils se sont présentés à mon arrivée, ils se disaient amis et très proches, tu vois que ça ne marche plus. Donc il parlait beaucoup avec les joueurs quand il était n°2, surtout avec les joueurs expérimentés. Quand il a su qu’il allait reprendre l’équipe, je me souviens avoir reçu un coup de fil : ça m’a étonné qu’il m’ait appelé mais ça m’a fait plaisir. Il a appelé certains cadors et il a vu certains joueurs, parmi les anciens. Je lui ai dit que j’étais lillois, qu’on était là pour tout donner, qu’on vivait mal cette situation ! Je crois qu’il avait besoin de s’assurer de ma loyauté. Et il m’a donné une confiance inouïe en milieu de terrain. Il s’est appuyé donc sur certains joueurs, il a mis sa patte, petit à petit et les résultats sont arrivés, on a réussi à s’en sortir.
C’était chaud cette saison-là ! Heureusement, il y a cette victoire inattendue à Paris en fin de saison…
Le but de Patrick Collot ! Oh, Bernard… Je l’ai tellement charrié. Je lui ai dit « t’as pas voulu qu’on descende, hein ? ». Il était mal ! Il me dit « arrête, arrête, c’est bon… ».
Avril 1996 après la miraculeuse victoire du LOSC au Parc des Princes
« Avec ma blessure, j’ai tout pris sur la tête »
Et la saison suivante en 1996/1997, c’est tout l’inverse. Un super début de saison et une fin calamiteuse. Mais le LOSC était 4e en novembre, c’était incroyable.
Cavalli avait créé une équipe pour jouer. On a tous pris plaisir en début de saison. Au milieu, on a fait un boulot de fou : il fallait libérer les espaces pour Banjac, qui trouvait Becanovic très facilement. Les automatismes étaient là.
Août 1996 face au FC Metz de Robert Pirès
Et malheureusement, tu as vécu la fin de saison en spectateur.
En décembre, notre dernier match avant la trêve, c’était à Nice, un vendredi. On fait 1-1, je marque. Et c’est là que j’ai tout pris sur la tête. Deux jours après, je prends l’avion pour aller en sélection et jouer contre le Congo-Braza. Arrivé en sélection, je me brise la jambe. C’est là que mon ami… comment il s’appelle déjà ?
Cavalli ?
Jean-Michel Cavalli s’éclate en disant que si l’équipe en est là, c’est de ma faute, parce que j’étais parti en sélection. Et… j’ai très mal vécu ça. Lui, il avait déjà son équipe-type, tout allait bien, des automatismes étaient en place. Et désormais, il manquait une pièce. C’est là que l’équipe n’a plus tourné, à la reprise en janvier. Quand il a fait cette déclaration… je l’ai toujours en travers de la gorge. Il dit que les contre-performances de l’équipe étaient de ma faute car j’étais parti en sélection. Pour lui, tout venait de là !
Il t’a tout mis sur le dos.
C’était très compliqué parce que moi, de l’autre côté, on me dit qu’il n’est pas sûr que je remarche ou que je recoure. On me présente les choses en me disant que si je remarche, j’ai de la chance. Donc rejouer, c’était impensable. En fait, dans ma tête, c’était fini : j’avais oublié le foot. J’ai fait mon deuil. Et alors quand j’ai vu ce que Jean-Michel avait dit… je me suis complètement détaché. Je regardais désormais ça de loin. Là, dans ma tête, ma préoccupation c’était « sur quoi je vais bien pouvoir rebondir dans ma vie ? ». Et puis je ne l’ai plus jamais eu au téléphone. C’est aussi dans ces moments-là que tu apprends et que tu grandis. Quand tu es valide, il y a du monde hein… mais quand tu es out, même s’il me restait 1 ou 2 ans de contrat, tu es complètement à part. Voilà. Donc ce qu’il s’est passé sur le terrain en cette fin de saison, j’avoue que j’ai zappé. C’est là qu’on est descendus ?
Oui.
J’ai pas suivi, sincèrement. J’étais complètement à l’écart.
Jamais rassasié, il tacle même ses coéquipiers
Au-delà de l’entraîneur qui te laisse tomber, comment se comporte le club envers un joueur blessé comme toi, sur une longue durée ? Tu as quand même un suivi médical du LOSC ?
J’étais d’abord à Saint-Jean-de-Monts en Vendée, je suis resté là-bas plus longtemps que prévu parce que ça ne se remettait pas. Et après, oui, j’étais en lien avec les médecins du club, mais je me sentais un peu étranger. Je ne fréquentais que la salle où il y avait le kiné. Le club vivait déjà un moment difficile, je ne voulais pas faire pleurer sur mon sort mais encore une fois, je me demandais si je pourrais remarcher. Déjà, marcher c’était important. Jouer, dans ma tête, ce n’était plus possible. Remarcher correctement, ça a pris plus de temps que prévu. Je venais quand il n’y avait personne. Quand je savais que le stade était vide, je venais aux séances, ou je venais les jours où il n’y avait pas d’entraînement… J’étais mal à l’aise.
Tu as l’impression d’avoir été arrêté à un moment-clé de ta carrière ?
Oui, clairement. J’ai l’impression parfois de ne pas être allé au bout de ce que j’étais capable de démontrer. En fait, entre le match à Nice et le moment où je prends l’avion pour rejoindre la sélection, j’ai vu Jean Tigana, qui entraînait Monaco. On s’était mis d’accord sur un contrat de 4 ans. Qu’est-ce qui se serait passé…?
« Je n’ai pas oublié l’hommage du public lillois »
Le LOSC descend en D2. Quand le nouvel entraîneur, Thierry Froger, arrive, tu es sur le flanc. Dans ce cas-là, est-ce qu’il t’informe de ce qu’il compte faire avec toi ?
Il est en effet arrivé quand j’étais en convalescence. Froger est venu avec ses idées, et avec ses hommes du Mans : il a fait venir Bob Senoussi et Laurent Peyrelade, des hommes sur qui il voulait s’appuyer, ce qui est tout à fait normal. Tu viens d’arriver, tu prends des joueurs valides ! Moi j’étais encore sur le côté, je revenais tranquillement, heureux de voir que je pouvais courir, mais je n’étais pas pressé : j’étais déjà aux anges. Donc je suis devenu supporter ! Je poussais les gars, pour faire remonter cette équipe, et donc Froger ne comptait pas sur moi au départ, je devais faire mes preuves.
En l’occurrence, tu les as faites, puisque tu as joué souvent avec Froger. Tu étais souvent aligné avec Bob Senoussi. Vous donniez souvent l’impression d’avoir le même profil.
Froger voulait qu’on reste là comme ça (il fait un signe « sur la même ligne ») Si Bob va là (devant), je viens secourir (derrière). Si moi je vais là (devant), Bob passe derrière. Il voulait qu’on occupe le milieu de terrain, et les autres avaient une liberté totale. On devait rester l’un à côté de l’autre, et si l’un décroche, l’autre se positionne au milieu du milieu. Il ne voulait pas que le milieu offensif adverse puisse revenir. Donc il y avait ce milieu de terrain à 2, avec un travail très physique pour nous 2.
Tu as retrouvé les terrains en novembre, contre Nice. Tu te rappelles ton entrée en jeu, très applaudie ?
Ah… Sincèrement, j’étais bluffé. Je savais pas que le public allait me rendre cet hommage. Ça je n’ai pas oublié. J’ai joué avec les larmes aux yeux ce jour-là. Je ne m’y attendais pas. J’étais déjà content d’être là. J’avais déjà eu ma victoire : être là sur le terrain. J’étais un peu perdu.
Le retour de Roger Hitoto contre Nice : l’image en haut ; le son ci-dessous, avec la voix d’Olivier Hamoir sur Fréquence Nord :
Quelques minutes après, Roger est à deux doigts de marquer :
« La fin de saison 1997-1998, c’est presque une erreur professionnelle »
Est-ce que tu as une explication sur la fin de saison, où l’équipe s’écroule ? Sur les 30 premières journées, Lille n’a perdu que 4 fois. Puis 7 fois sur les 12 dernières.
Sincèrement, je ne sais pas. Honnêtement, je voudrais bien te répondre. Je n’ai pas la langue de bois ! Mais franchement… Je me rappelle que certains disaient qu’on choisissait nos matches. Ben non ! Contre des petites écuries, peut-être qu’on prenait les matches à la légère. Ce qui est certain, c’est qu’on aurait dû faire différemment, car c’est presque une erreur professionnelle. Mais je n’ai pas de mots.
Thierry Froger était très contesté par le public. Qu’en était-il dans le groupe ?
On ne partageait pas grand chose. Thierry Froger ne parlait pas, et prenait des décisions sans les expliquer. Donc à partir de là, on ne cherche même plus à comprendre. On est des hommes, je pense que le plus important, ce n’est pas nous, c’est le club et le meilleur moyen de le faire fonctionner. Je ne fonctionne pas avec des états d’âme, mais j’aime la droiture : quand tu es droit, quand tu es franc, tu peux prendre des décisions qui seront respectées. Par principe, on a du respect envers un coach. Mais ne sois pas sournois, apprends à t’exprimer… Si tu parles clairement, entre hommes, à partir de là, oui, y a pas de souci. Mais on ne savait jamais ce qu’il avait en tête, le lendemain ça changeait…
Et sur la saison suivante, ta dernière à Lille, le début de saison n’est pas bon non plus. Il y avait quelle ambiance ?
Le groupe avait éclaté, parce que certains joueurs trouvaient que Froger donnait la priorité aux joueurs qu’il avait fait venir. Il n’y avait pas de vraie concurrence et, dans le vestiaire, on vivait ça très mal. Certains ne « méritaient » pas d’être là, mais il les faisait quand même jouer car il les connaissait mieux. Certains gars du vestiaire l’ont lâché. On s’est dits « il est pas honnête dans tout ce qu’il est en train de faire ». Et je me rappelle un jour à l’entraînement, un supporter l’a frappé. Quand il y a eu cet incident, il n’a rien dit, il est parti. Et entre joueurs, on se disait « mais il aurait dû au moins se défendre ! ». En fait, il a réagi comme avec nous : alors que ça n’allait pas, il ne disait rien. Récemment, il est parti entraîner chez moi, dans mon pays, au Mazembé. On m’a demandé mon avis, et j’ai dit qu’il n’était pas fait pour l’Afrique.
« Bernard Lecomte, un grand président »
Tu vois ensuite débarquer Vahid Halilhodzic. Tu gardes quel souvenir de cet homme ?
Forte personnalité, avec beaucoup d’idées en tête. Il voulait surtout ouvrir une nouvelle ère, parce qu’on était quelques-uns à avoir vécu des choses pas marrantes avec le club, la descente, la montée ratée… Mais lui et moi, ça a pas collé. Faut être clair dans la vie, lui et moi ça a pas collé du tout ! Il y a eu des tensions entre lui et moi, on s’est vraiment pris la tête. Bon, c’était lui le patron… Donc je me suis rapproché de Pierre Dréossi : il me restait encore 2 ans de contrat, il fallait casser le contrat. À mon âge, je ne voulais plus me prendre la tête avec quelqu’un qui arrive avec des idées.
Face à futur Dogue, Ted Agasson
Tu avais l’impression de quitter une équipe qui irait loin ? Que les bases étaient bonnes ?
Quand il est arrivé, il savait qu’il y avait beaucoup de choses à faire. Il avait des idées, et le club, avec Bernard Lecomte et Pierre Dréossi, lui a donné les moyens de les réaliser. Parce que tu peux arriver avec des idées, si tu ne peux pas les appliquer… Là, on lui a donné le pouvoir. À partir de là il a pu faire un bon boulot et ça a permis de rehausser l’image du LOSC, c’était magnifique. Je suis resté supporter du LOSC. C’est marrant parce qu’on se voit de temps en temps au Variétés, mais on ne parle pas de cette époque (rires) !
Ça a été instable au niveau des entraîneurs, mais le président est resté le même : quel souvenir tu gardes de Bernard Lecomte ?
Magnifique. Pour le décrire, je dirais que c’était quelqu’un qui était très à l’écoute, avec beaucoup de sagesse et de recul. J’ai eu quelques tracas, et lui a toujours été là, a cherché des solutions pour m’aider, et aider pas mal de joueurs. Un grand président, qui avait Lille et le LOSC dans le cœur. Avoir un président comme ça aussi passionné et juste… C’est très rare.
Beaucoup ont tenté d’imiter le style capillaire de Roger Hitoto, la plupart ont lamentablement échoué. Ici, Bruno Cheyrou.
« J’ai peu à peu perdu l’envie »
Tu quittes Lille, et là on perd un peu ta trace… Tu pars en Chine ?
Quand j’ai quitté Lille, Beauvais s’est de suite manifesté. Mais je n’avais plus trop la tête au football. J’ai pris le temps, pendant un mois. Et puis un des agents que je connaissais m’a dit qu’en Chine, on me voulait à tout prix, et on m’a fait une proposition. Cet agent me dit : « ils veulent que tu ailles faire une détection de 4-5 jours ». J’arrive là-bas, il y avait de grands joueurs internationaux, qui ont fait des coupes du monde : Valderama était là ! La Chine à l’époque, c’était nouveau au niveau football. Et arrivé sur le terrain, je vois des gens qui courent, je demande « mais ils font quoi ? » ; et on me répond : « tous les clubs attendent ». Voilà comment ça se passait : il fallait d’abord faire un test de Cooper. Les clubs sont là sur le côté, et ils s’en foutent de ton nom : celui qui court le plus longtemps au test de Cooper a le meilleur contrat ! Je dis « Mais qu’est-ce que c’est que ça ? ». Et je te promets : celui qui fait le plus de tours, ils vont tous se battre pour le prendre ! On est comme des chevaux. Mais comment tu peux demander à un joueur comme Valderama de faire le Cooper ? Lui il s’est barré (rires) !
Tu as joué le jeu ?
Oui, j’avais fait un bon truc. 3 clubs se sont manifestés, et après je me mets d’accord avec l’un d’eux, et on m’annonce qu’on doit partir « dans un camp ». Je demande si je peux retourner dans mon hôtel, on me dit « non, on part au camp ». Bon.. On est allés au camp, on a fait des tests là-bas et on y dormait, pas moyen de retourner à l’hôtel, et le stage devait durer 10 jours. Attends, 10 jours ici ? Y a rien ! C’est un ancien camp de… je ne veux même pas savoir. Il paraît qu’ils ont l’habitude. Au bout de 3 ou 4 jours, j’ai craqué, j’ai dit « non, pardon… je ne peux plus ». J’avais plus cette envie-là, de batailler… Non, stop, je suis rentré.
Donc tu n’as pas joué en Chine.
Je n’ai fait que des matches amicaux. En 4 jours au camp, on a fait 2-3 matches. Ils voulaient que je reste, mais je n’avais plus cette mentalité à vouloir me battre.
Et après alors… Qatar ?
Je suis allé au Qatar, où je suis resté un mois et demi, 2 mois. Et après j’ai fait Dubaï, et ça s’est passé de la même manière.
Tu n’avais plus envie ?
Non. Là-bas aussi, quand je suis arrivé, j’ai commencé le stage, mais on n’a fait que des matches amicaux ! Énormément de matches amicaux, et tous les jours, de nouveaux joueurs arrivaient. À l’époque, seuls deux joueurs étrangers pouvaient jouer le match. Donc tu pouvais en avoir autant que tu voulais dans ton effectif, mais seulement deux jouaient. Pfff ! À Dubaï, il y avait un prince qui avait sa petite ville, le désert tout autour. Et un peu plus loin, un autre prince, désert tout autour. Une vie comme ça… Honnêtement, je n’avais plus le moral ou l’envie de faire des efforts. Donc j’ai voyagé, je suis resté 1 mois, 1 mois et demi, j’ai joué des matches amicaux et puis je suis rentré.
Et tu es revenu à Rouen.
J’ai d’abord pris quelques mois au cours desquels j’ai voulu zapper avec tout ça, et j’ai repris avec les matches de gala avec les Black Stars, que George Weah avait repris en main. Là, c’était ici en France. Je ne m’entrainais plus, je ne fais que ces matches-là. Et on vient jouer un week-end près de Rouen, on a fait un big match. Les dirigeants du FC Rouen, le président et l’entraîneur, m’ont approché en présentant leur projet : c’était en 2001, le club était en CFA et voulait remonter en National. Je me suis entretenu 40 minutes avec eux, je les ai écoutés, et j’ai dit : « OK, je suis rouennais, et c’est l’équipe qui m’a permis d’évoluer en tant que pro, donc c’est avec un grand plaisir. Mais si vous voulez qu’on monte réellement, j’ai 2 soldats : Pierre Aubame, un meneur d’hommes, le papa de Pierre-Aymerick Aubameyang, et Bernard Héréson qui a joué au PSG ». J’ai demandé ces deux joueurs car je savais qu’ils étaient des colonels, des guerriers, et qu’ils allaient pouvoir amener leur expérience. Ils m’ont fait confiance et à partir de là on est montés tout de suite. Et après quand on est montés, j’ai vu qu’ils ne gardaient pas mes deux amis. Je n’ai pas voulu aller trop loin, parce que le club montait, et entretemps j’étais en instance de divorce… Mais je suis parti aussi. Je suis retourné jouer à un niveau amateur. Puis le FC Rouen, qui avait fait venir Philippe Chanlot, a retrouvé la deuxième division en 2003.
« Transmettre l’histoire de son pays »
J’aimerais qu’on parle de la sélection nationale, et aussi d’autre chose que de foot, du Congo et de son histoire. La ville dans laquelle tu es née s’appelait Coquilhatville à l’époque coloniale, du nom d’un lieutenant belge. Est-ce que l’histoire, la politique t’intéressent ?
Oui, ça m’intéresse. Avec un père très porté sur les livres, sur les aspects intellectuels, j’ai appris à réfléchir à travers les bouquins, à comprendre le passé et à connaître mon pays. Si tu sais d’où tu viens, tu sauras où tu vas, c’est ma philosophie. Et comprendre l’histoire de mon pays demande beaucoup de recherche. Pendant longtemps, beaucoup d’épisodes m’échappaient, je voulais comprendre, pourquoi ceci, pourquoi cela, pourquoi ces différences dans mon propre pays, pourquoi autant d’ethnies, pourquoi s’appuyer sur « l’ethnie », par rapport à quoi, par rapport à qui… ? Quand tu n’as pas cette richesse, la connaissance de ton pays, il est compliqué de savoir où tu vas. C’est ma façon de voir les choses et j’ai cherché à comprendre. Grâce aux bouquins, j’arrive à plutôt être en paix par rapport à certains événements qui se passent ou se sont passés dans mon pays.
Qu’a t-on en héritage sur le plan politique quand on naît en 1969 dans un pays anciennement colonisé et tout récemment conquis par Mobutu ?
La part de l’héritage quand on est dans un pays comme ça, si je dis « néant », je mentirais. J’aurais aimé que le Congo valorise son passé, et que les enfants qui sont nés de parents congolais puissent rentrer pour comprendre leur histoire. Je pense qu’on ne transmet pas assez l’histoire du Congo, avant que ça ne devienne le Zaïre [en 1971]. Pourquoi c’est devenu Zaïre ? Qu’est-ce qui s’est passé ? La plupart ne connaissent pas cette histoire car les médias actuels sont dans une espèce d’euphorie du présent. Curieusement, on cherche plutôt à transmettre l’histoire de l’Europe que l’histoire du Congo. Si je prends l’exemple des jeunes que je forme, j’ai ici deux jeunes Congolais qui partent signer en pro : ils ne connaissent rien. C’est comme s’il n’y avait pas eu de transmission. Et à partir de là, ils sont toujours à la recherche de quelque chose. Il y aura toujours un vide. Si on ne comble pas ce vide, s’ils ne peuvent pas comprendre d’où ils viennent et qui ils sont, il y aura toujours de quoi satisfaire leur quotidien, mais ils seront perdus. Ils deviendront des suiveurs, pas des leaders. On devient leader quand on a la connaissance de cette histoire, qui permet de poser des bases : tu sais ce que tu es en train de faire. Mais si tu n’as pas ces bases-là… Tu es comme une feuille : tu vas de gauche à droite, tu ne sais pas le pourquoi ni le comment. Tu ne peux pas amener quelque chose de frais en étant seul. Ne pas avoir d’histoire, ne rien savoir de ton propre pays c’est ça qui me fait un peu mal. Être footballeur n’est pas une excuse.
Comment tu as vécu les événements de 1996 et 1997 au Congo ?
C’était difficile… Je ne vais pas faire comme beaucoup de gens qui disent « je ne veux pas faire de politique, je ne fais que du foot ». Là, même si je n’avais pas voulu, la politique s’est imposée à moi. Petit, je n’avais pas grandi avec ma maman et, quand je l’ai retrouvée, c’est devenu le grand amour. Durant la guerre en 1996 et 1997, elle était là-bas et, à l’époque, il n’y avait pas de whatsapp, il n’y avait rien ! J’avais vent des informations, des massacres à Mbandaka. Et je n’avais aucune nouvelle de ma maman qui était au pays. Il fallait éviter de se faire des idées, rester positif, se dire que tout va bien… mais je me mentais à moi-même parce qu’on est un être humain, et tout ce que je faisais à ce moment-là, c’était à moitié, car je ne savais rien sur ma famille. Là, tu commences à penser au pire.
« En 1998, le Congo avait une génération extraordinaire »
Est-ce que ça a eu des répercussions sur ton rapport avec l’équipe nationale ?
Mon père est très attaché au Congo. Quand je suis arrivé à Rouen, chaque fois que je faisais des détections, j’arrivais toujours dans le dernier carré mais on pouvait pas aller plus loin parce que j’étais Congolais ; or il fallait avoir la nationalité française pour aller au-delà. Mais mon père a refusé : il voulait que je reste Congolais. Les dirigeants ont insisté, en disant que ça m’aiderait, et mon père a fini par céder en partie : il a accepté que j’aie la nationalité française, mais il voulait que je garde la nationalité congolaise. Quand j’ai obtenu la nationalité française, à peine une semaine plus tard, les équipes nationales de jeunes sont venues me voir. Cette fois, mon père n’a pas voulu : il acceptait que j’aie ma nationalité française, mais pas que je joue pour l’équipe de France. Donc je n’ai fait que des présélections au niveau français. J’ai fait les catégories de l’Essonne, Seine-et-Marne et après pour l’équipe de Paris, mais là, non, il fallait être français.
Alors, comment as-tu attiré l’oeil de la sélection du Zaïre, puis du Congo ?
Avec Rouen, on a joué un match contre Valenciennes, où jouait mon ami Santos Muntubile1. Bon, on ne se connaissait pas à l’époque. Chaque fois qu’il dribblait, je revenais, et à un moment il m’a insulté en dialecte congolais en me disant… « espèce d’idiot », quoi. Et moi j’ai compris ! Alors je lui ai répondu, en français. Il me dit : « mais attends… t’es congolais toi ? Nous on te prenait pour un Camerounais parce que « Hitoto », tes cheveux etc ». Après le match, on a discuté, et là il a prévenu les gars de la fédération, qui ont fouiné, et ils ont bien vu que mon père était Congolais, que ma mère était Congolaise. Et donc quelques mois après, mon histoire a commencé avec l’équipe nationale.
Avec la sélection, tu as notamment joué la CAN en 1996 et 1998.
Ce sont de très bons souvenirs, même en 1996 en Afrique du Sud, où on n’a pas brillé Cette CAN-là était spéciale par rapport à l’Afrique du Sud, tout ce qui s’y s’est passé, on était tous heureux d’être là, en plus de revoir des amis du championnat contre qui on joue. Il y avait une super ambiance. Mais là où il y avait encore plus d’ambiance, c’est en 1998. On avait une génération extraordinaire, et mon but était de parvenir à amener la plupart des joueurs à venir jouer ici en Europe parce qu’il y avait un talent fou. Et surtout, on a fini 3es de cette CAN, dans des conditions incroyables contre le Burkina-Faso puisqu’on perd 0-3, puis 1-4 à 5 minutes de la fin, et puis on revient et on gagne, ce match-là c’était la folie. Et puis l’ambiance au pays, il y a eu des morts, ils ont fait une fête comme pas possible.
Le 27 février 1998, pour le match pour la 3e place de la CAN, les Congolais, menés 1-4 à la 88e minute, inscrivent 3 buts en 100 secondes !
Il y a eu des morts ??
Ah il y a eu des morts ! À l’époque, quand on parlait du Congo, on voyait des enfants avec des fusils, il n’y avait plus de vie, plus d’ambiance, plus rien. Avoir fini 3es pendant cette CAN, après avoir remonté 3 buts, finir 3e, ça a donné de l’énergie, et les Congolais se sont identifiés. C’était une semaine de folie. Ça tombait bien, même pour moi, car l’organisation de la sélection était chaotique. Tu veux toujours faire pour ton pays et puis… L’erreur c’est de dire : tu es professionnel, il faut comprendre, c’est ton pays, bats-toi pour ton pays. Tu te bats, tu prends ton billet d’avion car on te dit qu’on va te rembourser, tu fais ça 1 fois, 2 fois, 3 fois. Au bout de la 5e fois, il y a un souci ! Tu arrives à l’hôtel, il n’y a personne à l’hôtel, il faut aller à tel endroit… à un moment, je me suis demandé pourquoi je courais. Quand je me suis blessé, c’est le LOSC qui a payé mon billet d’avion pour que je revienne en France ! En plein conflit, on voulait me faire passer par Kinshasa…. OK, c’est mon pays, mais c’est pas parce que je suis professionnel et qu’il faut que je sois bien vu que je dois faire des efforts qui ne sont pas récompensés. Non, à un moment j’ai dit stop, on arrête parce que votre philosophie là, y a un moment j’en peux plus quoi.
On a une dernière question, une question que se posent tous les supporters lillois : est-ce que tu as toujours ta Porsche rouge ?
(Rires) Non, je ne l’ai plus ! Je l’ai revendue juste avant de partir à Dubaï.
Note :
1 Santos Muntubile était la star du Zaïre avec Mobati dans les 80′s. ils ont même joué ensemble en club à Bilima.
Merci à Roger Hitoto pour son accueil et sa disponibilité.
Un commentaire
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10 avril 2020
Permalien
coach.fortin@laposte.net a dit:
incroyable de n’avoir jamais voulu internet. A 52 ans bientôt je vois mon pote du centre de formation par hasard sur mon écran. Au centre nous avons un sacré secret tous les deux car notre chzmbre était l »une en face de l »autre. Auourd’hui je suis prof d’eps pour personnes handicapées et mes BE foot uefa. Entrainer aujourd’hui dans le milieu amateur est trés compliqué. Je ne t’oublierais jamais mon ami comme ceux que nous avons croisés.0689901260 je vis aujourd’hui sur cabourg dans le calvados.