Posté le 14 avril 2019 - par dbclosc
A quel moment du match est-ce le meilleur signe d’ouvrir le score ? L’exemple de l’ère Galtier.
« Rien ne sert de courir, il vaut mieux partir à point » disait Jean II La Fontaine. Comme l’avaient fait avant eux les Barcelonais, nos collègues de Manchester United ont récemment rappelé aux Parisiens que parfois, c’est la maxime inverse qui est vraie. Il n’empêche, dans l’absolu, on ne peut pas donner entièrement tort à La Fontaine et on pourrait facilement mettre tout le monde d’accord en affirmant qu’il vaut mieux partir à point que ne pas partir à point ainsi qu’il vaut mieux courir que ne pas courir (en tout cas au football). Tout ceci pour en venir à la question centrale qui nous occupe ici : de quelles manières ont évolué les résultats de notre cher LOSC de l’ère Galtier selon le moment où il a ouvert le score ?
Il y a quelques temps, dans un débat télévisé de la qualité habituelle des débats télévisés, nous avons entendu l’un des analystes affirmer que « ça n’est pas forcément un avantage d’ouvrir le score ». On peut tout à fait se dispenser d’écouter son argumentation en lui rappelant que, si, en fait, par définition, ouvrir le score c’est un avantage. D’un but pour être précis. Il est cependant également exact qu’ouvrir le score n’est en rien une garantie. C’est sans doute d’ailleurs pour cela que l’on continue généralement à jouer après l’ouverture du score.
Ce qui constitue en revanche moins une évidence, c’est à quel moment il vaut mieux ouvrir le score ou, pour être tout à fait précis, à quel moment est-ce le meilleur signe d’une prochaine victoire ? On pourrait croire a priori qu’il vaut mieux ouvrir le score le plus tard possible pour la simple raison que cela laisse moins de temps à l’adversaire pour égaliser. Il y à en effet une relation assez directe entre le temps joué et les chances que l’adversaire inscrive un but. Toutefois, le corollaire de cette affirmation c’est qu’il y aussi une relation directe entre le temps joué et les chances que notre équipe inscrive un but à l’adversaire. Dès lors, on peut formuler une seconde hypothèse en considérant que marquer de manière précoce, c’est à dire après peu de temps, constitue un indice de supériorité par rapport à un adversaire : en effet, plus on est dominant par rapport à un adversaire, plus on à de chances de marquer, et donc plus on a de chances de marquer après peu de temps joué. En ce sens, ouvrir le score rapidement peut-être alors annonciateur de bons résultats.
Pour avoir des réponses à ces questions, on a donc décortiqué l’ensemble des résultats du LOSC en L1 depuis l’arrivée de Christophe Galtier à la tête de l’équipe première.
Avec Galtier, le LOSC l’emporte 2 fois sur 3 quand il ouvre le score
Depuis qu’il est entraîneur du LOSC (janvier 2018), le LOSC a ouvert le score à 28 reprises en L1 pour au final l’emporter à 19 reprises pour 5 matches nuls et 4 défaites, soit une victoire plus de 2 fois sur 3. De manière peu étonnante, les Lillois ont bien plus souvent ouvert le score cette saison (19 fois sut 31 rencontres, 61 %) 2018/2019 que lors de la phase retour de la toute pourrie saison 2017/2018 (9 fois sur 19, 47 %).
Allégorie de l’entraîneur lillois lors d’un match sur trois au cours duquel le LOSC a ouvert le score
La différence entre les deux saisons est cependant encore bien plus frappante lorsque l’on compare la proportion des matchs au cours desquels les Dogues l’ont finalement emporté après cette ouverture du score : si cette saison, les lillois ont presque toujours remporté leurs rencontres après avoir ouvert le score (15 fois sur 19, 79 %), cela n’a été le cas pour la seconde partie de saison dernière que dans moins d’un cas sur deux (4 fois sur 9, 44%).
Il y a en tout cas une constante entre les deux saisons : quand Lille ouvre le score, sa moyenne de points/match est peu ou prou 3 fois supérieure à celle pour les matches où il n’ouvre pas le score. Le résultat d’un « avantage » à ouvrir le score n’est bien sûr pas du tout étonnant. La statistique constatée est cependant des plus encourageantes tant elle montre à quel point le fait d’ouvrir le score est fréquemment décisif.
L’ouverture du score, loin d’être une garantie quand on encaisse des buts …
En fait, si Lille l’emporte 2 fois sur 3 sous l’ère Galtier quand il ouvre le score, cela ne veut pas dire qu’il a « tenu » 2 fois sur 3 : sur ces 28 rencontres, Lille encaisse au moins un but à 19 reprises et a même encaissé 2 buts à pas moins de 9 reprises soit près d’1 fois sur 3 !
En fait, faire le constat que Lille remporte 10 de ces 19 rencontres au cours desquels il ouvre le score pour ensuite encaisser au moins un but montre qu’une ouverture du score constitue en soi une garantie extrêmement limitée.
Encaisser un but (ou plusieurs) peut cependant correspondre à des physionomies bien différentes. Ainsi, lors des 19 rencontres où Lille ouvre le score et encaisse au moins un but, il inscrit au final au moins deux buts à 12 reprises et, surtout, trois buts à six reprises. Parfois, encaisser un but signifie que l’on a « craqué » dans un match serré mais peut aussi correspondre à des matchs débridés qu’on finit peut-être quand-même par gagner.
Marquer dans les dix dernières minutes ou dans la dernière demi-heure
L’une des questions que l’on pose ici est : a-t-on véritablement moins de chances de l’emporter si l’on ouvre le score tôt dans le match ? La réponse est claire : oui et non. En fait, on constate que les meilleurs résultats du LOSC sont obtenus, d’une part, quand l’équipe ouvre le score tardivement, dans la dernière demi-heure (4 victoires en 4 matchs) et, d’autre part, quand elle ouvre le score très tôt (7 sur 7).
Quand Lille ouvre le score dans les 10 premières minutes, ça fait …
Sur ce graphique, on peut constater que les Dogues de Galtier ont remporté la totalité des rencontres au cours desquelles ils ont ouvert le score dans les 10 premières minutes du match ainsi que ceux pour lesquels ils ont ouvert la marque dans la dernière demi-heure. Entre la 11ème minute et la 60ème minute, les ouvertures du score n’ont abouti à une victoire que dans moins d’1 cas sur 2, les Lillois s’inclinant même dans près d’un quart de ces rencontres où ils ouvrent pourtant le score.
L’explication du fort taux de succès des Dogues quand ils ouvrent le score tardivement est la plus aisée à trouver : plus on marque tard, moins les adversaires disposent de temps pour inscrire un but. Notez au passage que cela est également vrai pour nous mais puisque l’on mène au score, on s’en tamponne quand-même un peu le coquillard d’en marquer un de plus ou non tant qu’on s’en prend pas.
Allégorie du supporter lillois après une victoire 1-0 quand le journaliste lui demande s’il ne regrette pas que son équipe n’a pas inscrit un second but pour « se mettre à l’abri du retour des Dijonnais »
Les archétypes de ce type de victoire se trouve lors des victoires lilloises contre Dijon (Lautoa ouvrant le score contre son camp à la 72ème) et à Saint-Etienne (But de Pépé à la 87ème).
Une ouverture du score tardive peut cependant également aboutir à d’autres scores qu’un 1-0 qui fleure bon les années 1990 à Grimonprez. Ca a été le cas le 30 septembre 2018 quand, après l’ouverture du score de Pépé sur pénalty (65ème), Lille profite des largesses laissées par une défense olympienne prenant davantage de risques pour une victoire finale par 3 buts à 0. Seul cas atypique, la victoire lilloise contre Strasbourg (2-1), le 28 janvier 2018. Alors qu’El Ghazi semble avoir fait le plus dur en ouvrant le score à moins d’un quart d’heure du temps additionnel (76è), Saadi met les deux équipes à égalité dans la foulée (78ème) avant qu’Egard Ié ne sauve les trois points dans le temps additionnel (2-1). Mais c’était une autre période de l’ « ère Galtier » …
Seconde allégorie du supporter lillois après une victoire 1-0 quand le journaliste lui demande s’il ne regrette pas que son équipe n’a pas inscrit un second but pour « se mettre à l’abri du retour des Dijonnais »
Ouvrir le score de manière très précoce est, contre l’intuition première, également très bon signe : 7 victoires en 7 ouvertures du score dans les 10 premières minutes ! La raison est ici différente : bien que les adversaires aient beaucoup de temps pour revenir au score, ceux d’entre eux qui encaissent des buts si tôt nous sont en général bien inférieurs, ne serait-ce que sur cette rencontre. Non seulement le LOSC de Galtier a gagné à chaque fois qu’il a ouvert le score de manière aussi précoce mais il a presque toujours marqué au moins un autre but (6 fois sur 7) et encore très souvent au moins deux autres buts (5 fois sur 7). Au total sur ces 7 rencontres, les Lillois marquent un total de 19 buts dont quatre contre Nice (4-0) et trois contre Guingamp (3-0), Caen (3-1), Nîmes (3-2) et, la saison dernière, Toulouse (3-2). Marquer très tôt est donc le signe avant-coureur d’un match sur lequel on à l’emprise et demeure en réalité aussi bon signe que de marquer tardivement.
Entre les deux plages (de temps pour ceux qui n’auraient pas suivi avec assiduité) la destinée de la rencontre est bien plus incertaine. Ouvrir le score à ce moment reste bon signe (puisque le LOSC de Galtier l’emporte encore deux fois plus souvent qu’il ne perd) mais apparaît nettement moins déterminant : on a ainsi par exemple encore en travers de la gorge la défaite contre Toulouse cette saison (1-2, malgré une ouverture du score à la 17ème par Leao) ainsi que celle, encore plus tragique celle-ci, contre Rennes la saison dernière (1-2, avec deux buts encaissés dans les 10 dernières minutes après une ouverture du score par Alonso peu avant la mi-temps). Cela finit quand-même souvent bien et parfois même relativement tranquillement comme ce fût le cas à Amiens en début de saison : ce soir-là, Pépé se payait la défense amiénoise en trois temps (45è+2, 56è, 76è) et deux pénos (ses deux premiers buts) pour porter la marque à 3-0. Kurzawa réduira le score (79è) tout comme Ghoddos. Trop tardivement (90è+3) pour nous faire trop termbler.
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