Archiver pour juin 2019
Posté le 4 juin 2019 - par dbclosc
Guingamp-Lille 1999 : le cafard breton
Après sa belle victoire contre Sedan (1-0) une semaine auparavant, le LOSC se déplace à Guingamp le 29 mai 1999 pour la dernière journée du championnat de D2 avec l’espoir de retrouver la D1. Seulement, il ne suffira d’aller chercher un bon résultat : il faudra aussi compter sur un faux pas de l’un des deux concurrents directs, Sedan et Troyes. Mais comme tout le monde gagne, Lille échoue encore au pied du podium, cette fois à la différence de buts.
Si vous ne l’avez pas fait, pour avoir davantage d’éléments de contextualisation, nous vous invitons à lire notre article concernant les journées précédentes, et en particulier le Lille/Sedan du 22 mai 1999.
Ainsi donc le LOSC est toujours en course et peut « croire au miracle », pour reprendre la Une de la Voix des Sports du 24 mai 1999, pour atteindre son objectif : remonter en D1. Ce qui relevait de l’inespéré après de piteuses défaites à Laval en mars ou contre Amiens le 1er mai n’a jamais semblé si proche, surtout après le formidable spectacle proposé contre Sedan. À l’arrivée de Thierry Froger en 1997, le président Lecomte avait donné 2 ans à son entraîneur pour remonter. Même sans l’entraîneur désigné initialement, le LOSC va peut être parvenir à respecter son tableau de marche.
Objectif : faire mieux que Troyes
À l’aube de cette 38e journée, la situation est la suivante :
Saint-Etienne est déjà en D1 et champion de D2. Les deux autres places vers la D1 vont se disputer entre Sedan, Troyes, Lille et Caen.
Sedan, deuxième, est en ballotage très favorable et reçoit Saint-Etienne, en congés depuis quelques semaines et une victoire sur le LOSC fin mars (3-2) qui officialisait quasiment la montée, les Verts n’ayant pris que 4 points en 8 journées depuis, sans gagner, bonjour le professionnalisme. La différence de buts très favorable de Sedan lui permet d’assurer sa montée en gagnant ou même en ne prenant qu’un point ; mais les Sangliers peuvent aussi ne pas monter s’ils perdent et que Troyes et Lille gagnent, ou s’ils font nul et que Troyes et Lille gagnent très largement ;
Deux points derrière, Troyes et Lille sont à égalité, mais les Aubois, qui vont à Cannes, bénéficient d’une différence de buts supérieure à celle de Lille (+ 15 contre + 8) : dès lors, une victoire devrait leur permettre de monter sans s’inquiéter de la performance des Dogues. Vous l’avez compris en fins mathématiciens que vous êtes : en cas de victoire de Troyes, Lille peut tout de même monter, mais s’il gagne par un écart supérieur de 7 buts (il y aurait égalité à la différence de buts mais une attaque meilleure pour Lille). Par exemple, Troyes gagne 1-0 et Lille gagne 9-0. En sens inverse, si Lille perd mais que Troyes perd par un écart supérieur de 7 buts à la défaite de Lille, Lille est en D1. Autant dire qu’il ne faut raisonnablement pas miser sur ces options-là.
Autre scénario plus crédible : si Lille gagne et que Troyes ne gagne pas, c’est le LOSC qui retrouvera la D1. Quand on voit la trajectoire des deux équipes depuis 4 mois, il y a de quoi espérer de ce côté-là. On en parle plus bas.
3 points derrière Troyes et Lille, Caen est encore en course mais les Normands doivent non seulement gagner mais aussi compter sur une défaite du LOSC et également sur une large défaite de Troyes pour accrocher la 3e place. Sera-t-il suffisant de sortir les tripes, de Caen ? De mai 1999. Cette blague passe assez difficilement à l’écrit.
En résumé, Lille doit faire mieux que Troyes (« Quatre ! »).
Troyes foire rien, puis la dégringolade
Saint-Etienne, Sedan… mais puisque jamais d’eux sans Troyes, intéressons-nous donc à notre principal concurrent, alors appelé ATAC (Association Troyes Aube Champagne), avant que les supermarchés du même nom ne portent plainte (si, si). Cinquième en 1997-1998 (juste derrière nous, donc), l’ATAC aborde l’exercice 1998/1999 avec ambition. Et Troyes fait la course en tête pendant 13 journées, avant d’être rattrapé par Saint-Etienne. Les deux équipes s’échangent régulièrement la tête, mais Troyes est encore leader après 23 journées puis, au soir de la 25e, il est 2e avec 10 points d’avance sur le 4e, Ajaccio. À Lille, début février, Troyes s’incline sur un but de Peyrelade. Qu’à cela ne tienne, les Aubois repartent vers l’avant et, si au soir de la 30e journée, l’ASSE a pris ses distances, Troyes est toujours 2e avec 10 points d’avance sur le 4e, Lille.
6 février 1999 : profitant d’une superbe passe de Nenem, Peyrelade inscrit le seul but du match contre Troyes
Après ces 30 premières journées sans accroc, Troyes nous fait une « LOSC 1998 » : plus moyen d’avancer ! Et, bien entendu, ça revient derrière. Sur les matches retour, Troyes ne pointe qu’à la 11e place ; pire, sur les 7 derniers matches, de la 31e à la 37e journée, pendant que Lille prenait 15 points, l’ATAC n’en prenait que 5. Les Aubois ne gagnent plus depuis un mois et demi. Encore à 5 points du podium après la 35e journée, le LOSC revient tandis que les Troyens paraissent paralysés à mesure que l’enjeu croît. Et s’ils n’avaient pas égalisé à la dernière minute la semaine précédente, ils seraient même derrière Lille au moment d’entamer cette dernière journée.
La Voix du Nord fait également état de rumeurs : depuis le match qu’ils ont perdu à Wasquehal lors de la 36e journée (1-2) et au cours duquel deux joueurs en sont venus aux mains, l’ambiance dans le groupe se serait dégradée ; beaucoup penseraient au sein du club que monter en D1 serait économiquement suicidaire ; et que l’entraîneur, Alain Perrin, aurait des méthodes trop rigides auxquelles ses joueurs n’adhéreraient plus. Ça fait beaucoup de conditionnels, mais en de telles circonstances, il fallait bien, quitte à relayer des ragots, que nous nous rassurassions, comme ça ça fait un subjonctif imparfait.
Pour Samuel Lobé, transféré du LOSC à l’ATAC en octobre, « notre problème actuel, ce n’est pas une perte de confiance, mais des événements qui ne nous sont pas favorables. On tente des gestes qui réussissaient avant, et qui maintenant ne passent plus ». Par exemple, le 26 mars 1999, lors de la 31e journée, Troyes s’est incliné sur son terrain 0-2 contre Sedan. Et pourtant, les Aubois ont tiré sur les montants… 6 fois. Voilà qui n’est pas sans rappeler un drôle de scénario 2 ans plus tard. Alors, faut-il compter sur la poisse troyenne ?
Irréductibles Bretons
Notre adversaire est Guingamp, qui s’est imposé à Lille lors de la première journée dans le match entre les deux principaux favoris. Si l’En Avant avait marqué les esprits en gagnant à Grimonprez, la suite de la saison a été catastrophique. Malgré un recrutement en grande pompe, avec l’arrivée de Jean-Pierre Papin, l’EAG se retrouve vite en fond de classement, sans Papin, vite parti. Comme l’explique l’ancien Lillois Jérôme Foulon, désormais à Guingamp : « on était tous persuadés que la remontée ne poserait pas de problème. Et en fait, on a été en dessous de tout. Dès les matches amicaux, on a pu s’en apercevoir. On a cru en s’imposant à Lille qu’en championnat ça allait s’améliorer, mais dès la semaine suivante, on est retombés dans nos travers ».
Après la 27e journée et une quatrième défaite consécutive en février, Guingamp n’est qu’à 3 points de la zone de relégation. Francis Smerecki est limogé et remplacé par Guy Lacombe, ancien Lillois lui aussi. Et Guingamp va mieux, avec une victoire en 16e de coupe de France contre une D1, Strasbourg. Au tour suivant, le LOSC fait d’ailleurs les frais du réveil breton puisque l’EAG sort les Dogues (1-0) malgré un pénalty dégueulasse de Fiorèse, qui inscrit finalement plus tard le but vainqueur.
Et en championnat, depuis l’arrivée de Lacombe, tout roule. L’entraîneur avait lancé ce défi à ses joueurs d’ici la fin de saison : « ne plus perdre un seul match ! ». Résultat : 10 matches, 7 victoires, 3 nuls. Si Lille n’est que 2e du classement sur cette période avec 21 points pris, c’est parce que les Guingampais sont devant !
Des Guingampais motivés, des Cannois démobilisés ?
Comme tous les ans en fin de saison, on se pose la même question : quid de la motivation des équipes qui n’ont plus rien à jouer quand elles rencontrent des formations qui courent encore après quelque chose ? On les appelle les « arbitres » du championnat, ce qui est curieux : cela part d’une conception selon laquelle les arbitres auraient pour rôle de décider qui gagne un match. Mais qu’importe l’appellation : nous avons ce soir 3 clubs qui n’ont plus rien à espérer ni à craindre (Saint-Etienne, Cannes, Guingamp) qui rencontrent 3 clubs qui convoitent la D1. Au même moment en D1, la même configuration et les mêmes interrogations se présentent au moment où le titre se joue entre Bordeaux, qui va au Parc des Princes, et l’OM qui joue à Nantes.
On l’a écrit : Saint-Etienne ne joue plus depuis 2 mois ; on peut considérer que les Bretons de Guingamp ont encore un objectif : relever le défi proposé par leur coach, à savoir garder leur invincibilité en championnat depuis son arrivée. Comme l’explique Jérôme Foulon : « c’est une certitude, on veut absolument gagner ce match. Désolé pour les Lillois, mais ils vont sacrément devoir cravacher s’ils ne veulent pas revenir bredouilles ».
En revanche, du côté cannois, que penser ? Les Azuréens ont fait un championnat sans relief : ils sont 12emes. S’ils ont fait illusion pendant un tiers du championnat, ils se sont ensuite collés au ventre mou du championnat : franchement moyen pour un relégué. Mais surtout, le jeudi 27 mai, la DNCG a rendu une importante décision : l’AS Cannes est rétrogradée en National ! À deux jours de recevoir Troyes, n’est-ce pas là un sale coup porté à Cannes, et un nouveau complot visant à favoriser le principal concurrent du LOSC pour la montée ?
En 1999 comme en 1978 ?
Face à une existence marquée par l’incertitude, on se rassure comme on peut avec des comparaisons plus ou moins pertinentes et sensées. Ainsi, la presse régionale s’amuse de la similitude avec la dernière remontée du LOSC en D1 : c’était en 1978. Lors de la dernière journée, les Dogues s’étaient déplacés… à Guingamp. Certes, l’accession avait été officialisée une semaine avant grâce à une difficile victoire contre le Quimper de Neuneu Dusé (3-2). Lille s’était privé de Dréossi et J-M Vandamme, partis renforcer la réserve, qu’il fallait maintenir. Ce soir-là, les deux équipes s’étaient contentées d’un nul (0-0), permettant au LOSC de finir premier de sa poupoule (avant de remporter le titre contre Angers), et à l’En Avant de se maintenir pour sa première saison en D2. Les deux équipes avaient conjointement fait un tour d’honneur au Roudourou.
Bruno Dumont a ouvert la voie
Mais pas besoin de remonter si loin pour trouver des signes encourageants. Le dimanche précédent, le 23 mai, le Nord a triomphé à Cannes : le réalisateur Bruno Dumont y présentait son deuxième long-métrage, L’humanité, principalement tourné à Bailleul avec des acteurs amateurs de la région. L’histoire d’un policier déprimé qui mène vaguement une enquête dont on ne sait pas grand chose à propos du viol d’une fille de 11 ans. La Voix du Nord décrit « un film très long, composé de longs plans séquences, et de moments comiques à propos desquels les spectateurs se demandent s’ils sont volontaires ou non ». Le quotidien rapporte que le film « a été accueilli avec beaucoup de sifflets, de vociférations, et autant de claquements de fauteuil dans ses premières séances avant la présentation officielle de la soirée. Il est vrai que, côté stars et paillettes, glamour et tralala, le cinéma de Bruno Dumont ne correspond guère aux critères exigés par la Croisette ». Et pourtant : le film remporte le Grand Prix du jury ; les deux acteurs principaux, Séverine Caneele et Emmanuel Schotté, remportent respectivement le prix d’interprétation féminine et le prix d’interprétation masculine. Alors, si Cannes est nordiste en mai 1999, faut-il y voir un bon présage pour le LOSC ?
« Je vous souhaite de passer un très mauvais week-end ! »
Quoi qu’il en soit, les diverses personnalités interrogées souhaitent et voient plutôt le LOSC retrouver la D1. À commencer par… Daniel Leclercq, l’entraîneur de Lens : « le fait de rester sur deux victoires consécutives constitue une dynamique extrêmement positive. Lens a besoin de ne pas être seul parmi l’élite, et Lille mérite un club de haut niveau. Je souhaite de tout cœur que Lille remonte en D1. Je voudrais revoir des derbies l’année prochaine ». Même point de vue chez d’anciens Dogues comme Denis Abed, Gérard Soler, Jean-Claude Nadon ou René Marsiglia qui tempère : « il y a le risque que les Cannois, démobilisés par le manque d’enjeu et le retour du soleil, ne soient guère ardents et que Troyes en profite ». Assez logiquement, le son de cloche est bien différent dès lors que l’on interroge le camp adverse, en l’occurrence Raphaël Mezrahi, grand supporter de Troyes-dans-l’Aube, en spectacle à Lille dans la semaine : « vous ne trouvez pas que vous commencez à pousser un peu dans le Nord ? Déjà que vous avez raflé la palme à Cannes avec des mauvais comédiens, vous n’allez pas non plus nous gonfler avec le foot ! Ce serait quand même immérité si Troyes ne montait pas, au regard de la saison effectuée. Seulement, actuellement, cette équipe, c’est le Foot en folie ou Vidéo gag (…) Je n’ai rien contre les Nordistes. La preuve, mon épouse est née à Bapaume, est allée au lycée à Arras, et a fini ses études à Lille. Il n’empêche… Je vous souhaite de passer un très mauvais week-end ! »
Confiance à Lille
Côté lillois, on est encore dans la douce ambiance qui a suivi le match contre Sedan la semaine dernière. Comme si ce match avait débloqué toute la passion contenue pendant des années par le public lillois, chacun y voit un facteur de motivation et l’irréfutable preuve qu’un grand club est en germe à Lille : il ne manque qu’une équipe pétillante sur la durée pour réveiller des ressources jusqu’alors endormies. Au niveau administratif, Bernard Lecomte, qui est en campagne en vue de la reprise du club, ne cesse de souligner les atouts du LOSC, en insistant sur ce qu’a révélé le match de Sedan : « ce soir-là, on a vu un club qui vit, une équipe qui a du cœur, un public qui a du coeur ». Il est vrai que nos joueurs, qui ont du cœur, portent haut nos couleurs. Le président va même aller chercher dans le succès des jeunes du LOSC dans les tournois de Pentecôte des raisons pour d’éventuels investisseurs de s’engager sur le long terme avec le club. Il affirme que, d’ores et déjà, « la saison est sauvée », même si le LOSC ne montait pas.
Au niveau des joueurs, la semaine a été l’occasion de s’enthousiasmer de l’ambiance à Grimonprez-Jooris. C’est le cas par exemple de Fabien Leclercq : « face à Sedan, le public a été formidable. Je rêve de jouer chaque match dans une telle ambiance. Je n’entendais pas mes partenaires me parler. Je n’avais plus vécu ça depuis la grande époque des Lille-Marseille. Et encore, il y avait à l’époque presque 10 000 personnes de plus ». Il ajoute : « dans l’esprit, on est en Première division. Maintenant, il faut aussi l’être sur le terrain ! ». Bonne idée !
7 cars, soit 350 supporters lillois, ont fait le déplacement.
La compo lilloise est marquée par les absences de Koot, Hitoto et Senoussi (comme face à Sedan) et par la relégation d’Olivier Pickeu sur le banc, au profit de Rudy Giublesi. Ce qui donne :
Wimbée ;
Viseux, Leclercq, Cygan, Camara ;
Tourenne, Landrin, Cheyrou, Collot ;
Giublesi, Peyrelade.
C’est donc avec ces enjeux, dans cette ambiance confiante et pleine d’espoir que le match Guingamp/Lille va démarrer ce samedi 29 mai à 20h.
En D1 à la mi-temps
9 000 personnes sont présentes dans un Roudourou sous le soleil. Dès les premières minutes, on sent comme prévu qu’il ne va pas falloir compter sur les Verts : Sedan ouvre le score à la 3e minute. En Bretagne, les Lillois pressent dans le camp guingampais et quelques ballons passent devant le but sans pouvoir être exploités. Mais la première véritable occasion est pour Tasfaout, qui reprend acrobatiquement un dégagement de Cheyrou : heureusement, Greg Wimbée se détend parfaitement sur sa gauche et préserve le 0-0. Le LOSC connait une dizaine de minutes difficiles, au cours desquelles il concède de nombreux corners, sans encaisser.
L’ouverture arrive à la 34e minute : à une trentaine de mètres du but guingampais, Giublesi surgit dans le dos de Jozwiak et lui chipe le ballon. Tout va alors très vite, en une touche : Landrin trouve Collot, qui sert Peyrelade dans l’axe. Lolo efface Trévisan et pousse le ballon au fond des filets. Le LOSC mène 1-0, et dans la mesure où, à Cannes, le score est de 0-0, c’est pour l’instant le LOSC qui monte en D1. À Sedan, c’est déjà 2-0. Juste avant la pause, Patrick Collot chipe un ballon à Bourdeau et envoie une lourde frappe de 20 mètres qui heurte la transversale (44e). Puis Bruno Cheyrou manque de doubler la mise en reprenant un coup-franc de Tourenne (45e)
À la mi-temps, le scénario idéal se dessine : Lille mène et Troyes est tenu en échec. « On est chez nous ! » peut chanter le kop lillois. Après une bonne partie de la deuxième mi-temps contre Sedan, c’est la deuxième fois de la saison que le LOSC est virtuellement en D1, ce qui constitue une différence avec la saison précédente, où le LOSC avait passé presque 36 journées sur le podium avant de s’effondrer. Cette année, il n’a pour le moment pas été mieux classé que 4e à la fin d’une journée de championnat.
Encore raté
Alors que la seconde période s’apprête à démarrer, une très mauvaise nouvelle arrive via les transistors : Troyes a marqué non pas un but, mais deux coup sur coup, dès la reprise à Cannes. Le premier buteur est… Samuel Lobé. Cela signifie que Troyes repasse devant le LOSC, à la différence de buts.
Histoire de n’avoir aucun regret, les Lillois restent sur les mêmes intentions. Ils dominent désormais largement, et Laurent Peyrelade inscrit un deuxième but, son 15e de la saison, en reprenant acrobatiquement une déviation de Cygan (0-2, 58e).
Même dans le parcage lillois, les applaudissements sont désormais timides. Le LOSC domine une fin de match tranquille, où Camara et Viseux sont terriblement efficaces dans leur couloir, puis où entrent successivement Pickeu, Raguel puis Dernis. Les spectateurs du Roudourou chantent « Le LOSC en D2 ! », oubliant probablement leur propre classement. Le dénouement ne fait plus guère de doute à mesure que le temps passe : le statu-quo en tête du championnat condamne les Dogues à rester une saison supplémentaire en D2. Sur le terrain, les joueurs le savent bien : « quand nos supporters nous ont encouragés plus modérément après le deuxième but, on a senti que c’était foutu… » souligne Fabien Leclercq.
Les joueurs et le staff lillois restent de longues minutes sur la pelouse pour saluer leurs supporters, qui les remercient pour, tout de même, cette dernière belle performance qui met fin à une longue invincibilité guingampaise, et pour avoir entretenu l’espoir jusqu’à la 38e journée. Mais malgré une deuxième partie de saison bien meilleure et un jeu retrouvé, ce ne sera pas encore pour cette année. La saison précédente, la montée avait été ratée d’un point ; cette fois, c’est pour 7 petits buts. « Le football est décidément cruel envers de si beaux serviteurs de sa cause » écrit joliment Gilles Guérin, de la Voix du Nord.
« Cette équipe ne mérite vraiment pas cela affirme Halilhodzic. On est parti de la 17e place pour revenir dans la course à l’accession au prix d’efforts inimaginables. Sur le plan humain, j’ai vécu quelque chose d’exceptionnel, avec un groupe extraordinaire qui est presque devenu un famille. Mais je me sens minable de ne pas avoir réussi ». Frédérik Viseux, titulaire dans ce sprint final, est amer : « on a été en D1 10 minutes. J’aurais préféré que ce soit 10 secondes, mais que ce soit les 10 dernières ». Pour Carl Tourenne, « c’est une énorme déception pour ce groupe au regard de tous les efforts fournis. On n’ a pas arrêté de donner sans rechigner. Petit à petit, on est revenus. Et puis, cette semaine, contrairement à la fin de saison dernière, j’ai senti qu’il se passait quelque chose. Il y avait comme un parfum de D1. Cela fait 2 ans que l’on devrait vivre des moments exceptionnels. Et cela fait 2 ans que l’on en vit pas ».
Le LOSC a donc fait sa part de travail ce soir en s’imposant. Mais on le savait : ce ne serait peut-être pas suffisant. Les Troyens, en panne de confiance et d’efficacité depuis des semaines, ont ruiné les espoirs lillois en 3 minutes. Espoirs lillois venus de si loin, après ce début de saison catastrophique et le faux-pas concédé contre Amiens.
Ah, un détail aussi : finalement, Cannes ne sera pas rétrogradé, la DNCG a changé d’avis en juin après que le club a fait appel et trouvé une source de financement. De là à supposer qu’il y avait encore un complot pour décourager les alliés objectifs du LOSC, il n’y a qu’un pas.
Mais pour revenir à nos préoccupations purement lilloises, comme le confie un supporter à la VDN : « Si Vahid avait été là depuis le début, on y serait depuis longtemps… ». Allez, ce sera pour l’année prochaine.
Pour une vision générale de la saison 1998/1999, voyez ici.