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Posté le 12 juillet 2019 - par dbclosc

Patrick Collot : « La réussite, c’est la qualité des hommes »

Donne-nous des nouvelles ...

Nous poursuivons les rencontres avec nos idoles du passé : après Fernando D’Amico, Grégory Wimbée, Arnaud Duncker, Joël Dolignon et Roger Hitoto (rappelons que nous avons aussi des idoles du présent chez les filles avec Rachel Saïdi et Silke Demeyere), c’est désormais vers Patrick Collot que nous nous sommes tournés. Parce que nous gardons un excellent souvenir du joueur qu’il a été à Lille, de 1995 à 2001, que ce soit pour ses performances purement sportives ou pour son rôle au sein du groupe, notamment après l’arrivée de Vahid Halilhodzic ; et aussi un excellent souvenir de l’homme, de son attitude, et des valeurs qu’il a affichées dans des périodes parfois difficiles, aussi bien sportivement qu’humainement : nous avions déjà déclamé notre admiration dans cet article.

Rendez-vous a été pris le 22 juin, jour de ses 52 ans, durant la trêve (relative), avant que le FC Nantes ne reprenne l’entraînement.

Patrick Collot est l’un des rares joueurs, avec Pascal Cygan, Djezon Boutoille et Christophe Landrin, à avoir connu le LOSC avant et après le passage en D2, de 1997 à 2000 : à ce titre, il est un observateur privilégié de l’évolution sportive du club, la plus évidente aux yeux du grand public, à la fin des années 1990. Dans la première partie de notre entretien, c’est davantage sur cet aspect que nous nous arrêtons : Patrick y relate son parcours, d’Avignon à Lille en passant par Toulon et Martigues , jusqu’à sa retraite sportive en 2001/2002. Bien entendu, on s’arrête plus longuement sur la période lilloise et les émotions diverses qu’il y a connu : l’occasion de se rappeler ses débuts, pas faciles, avec Jean Fernandez en 1995 ; le maintien miraculeux obtenu à l’issue de la saison avec ce but invraisemblable au Parc des Princes ; les deux visages montrés par l’équipe en 1996/1997, et la descente ; les moments difficiles en D2 et la renaissance, du titre de D2 jusqu’à la Ligue des Champions, avec Vahid Halilhodzic et Bernard Lecomte. En témoignant sur son parcours professionnel et en le reliant à quelques épisodes de sa vie personnelle, Patrick Collot nous a confirmé tout le bien qu’on pensait de lui : intègre et authentique.

On s’en rendra aussi compte dans la deuxième partie de l’entretien, davantage centrée sur son après-carrière footballistique et ses reconversions en tant que recruteur puis entraîneur. Patrick nous dévoilera ici des éléments plus analytiques sur son travail actuel (la gestion d’un groupe, le recrutement, le partenariat entre le LOSC et Mouscron, la relation aux entraîneurs qu’il a côtoyés : C. Puel, R. Chihab, F. Antonetti, V. Halilhodzic) et sur des évolutions plus générales du football. On a aussi évoqué la fin de l’aventure avec le LOSC au cours de l’été dernier : un épisode douloureux, qui trahit l’attachement qu’il porte au club, toujours.

Rendez-vous le 11 août à 15h pour retrouver avec grand plaisir Patrick au Grand stade, mais sur le banc nantais !

Collot (2)

On va commencer très classiquement : comment as-tu démarré le football ?

Depuis tout petit, je jouais dans la cour de l’école, et dans le club de mon petit village dans le sud de la France, avec des copains de classe, jusqu’à l’âge de 14 ans, c’est-à-dire jusqu’en en cadets première année. J’avais certainement quelques qualités supérieures à la moyenne mais je n’étais pas destiné à faire une carrière professionnelle : je n’en avais même pas l’idée ! C’est alors que le district Rhône-Durance, qui était le district des alentours, organise une détection. Une détection très particulière, puisque le district demande à tous les petits clubs (puisqu’on était un petit club, on était au plus bas niveau) d’y envoyer leurs trois meilleurs joueurs. J’en faisais partie, et je me retrouve avec une centaine de gamins. À l’arrivée, 20 joueurs, dont je faisais partie, ainsi qu’un joueur de mon équipe, ont été conservés. Dans la foulée a eu lieu une autre détection contre la sélection Rhône-Durance, constituée des meilleurs joueurs du district. Je joue une mi-temps avec la sélection créée par les petits clubs au poste d’attaquant, et je marque un but. À la mi-temps, on vient frapper au vestiaire et on me dit : « on vient chercher Patrick Collot, il faut qu’il passe dans l’autre équipe ! ». Alors je passe de l’autre côté et je change de maillot. Et je marque ! Le match s’est terminé sur ce 1-1.

 

« Une carrière professionnelle ne tient à rien du tout »

 

Et c’est donc là que tu es « repéré » au niveau du district ? Que se passe-t-il ensuite ?

Il y avait là un entraîneur, qui n’était pas du district, mais de la MJC Avignon, qui était le meilleur club de jeunes de la région, d’où sont sortis Eric Di Meco, ou Laurent Paganelli. Il vient voir mes parents, qui étaient présents, et leur demande si je pouvais aller jouer dans ce club-là. Mes parents me l’ont autorisé. J’ai joué donc deux ans là-bas : d’abord un an en cadets 2e année et en cadets nationaux, donc le plus haut niveau, on jouait contre tous les clubs professionnels de la région : Nîmes, Nice, Monaco ; et une deuxième année en Juniors 1e année. Pendant ces deux années, j’avais un ami avec qui je me rendais souvent aux matches. Il a su en fin de saison qu’un joueur de notre équipe allait faire une détection à Toulon. À l’époque, Toulon venait de monter en D1 et devait créer son centre de formation, c’était une obligation. Et donc cet ami me dit : « Patrick, viens, on va demander si on peut faire la détection ». Je lui ai répondu : « qu’est-ce que tu veux qu’on aille faire à la détection ? Si tu veux, demande… Et si tu as l’autorisation, je t’accompagne ». Et finalement, comme Toulon était en recherche de jeunes joueurs, la MJC Avignon a été autorisée à envoyer trois joueurs au lieu d’un. Alors je pars faire cette détection de trois jours, et Toulon me recrute. C’est comme ça que je suis parti en centre de formation. Mais loin de moi l’idée de partir en centre professionnel ! Je pensais que ce n’était pas accessible. Moi, j’étais dans un petit village, j’avais mes amis, j’avais l’école. Je faisais du foot avec mes copains et voilà… Mais cette opportunité m’a permis de partir en centre de formation, alors que ce n’était pas dans mes projections. A partir de là, j’ai travaillé, puis Toulon m’a fait signer professionnel après quelques années, puis j’ai été aspirant, stagiaire…

Tu es lancé par Rolland Courbis. Dans quelles circonstances tu démarres en pro ?

Oui, ayant fait toute ma formation à Toulon, c’est Rolland Courbis qui m’a lancé. J’étais en fin de contrat stagiaire et vers le mois de mars-avril 1988, il y avait un match de Coupe de France contre Sète, en aller-retour. Sète était en 2e division, Toulon en 1e. Le match se passe mal, Toulon perd 2-0 à Sète. Au retour, Toulon gagne 2-0 mais perd aux penalties1. Rolland Courbis, en fin de saison, par rapport à cette non-qualification, écarte quelques joueurs de l’équipe première et fait appel à des jeunes. Et donc il fait appel à moi, et à d’autres. Et je fais mon trou, j’arrive même à marquer dès mon deuxième match, à Laval. Mais s’il y avait pas eu cette élimination, je ne sais pas s’il y aurait eu la volonté de m’inclure dans l’équipe première. Peut-être que je n’aurais pas percé, que je serais parti ailleurs. En tout cas, petit à petit, je passe pro, et je suis resté quelques années à Toulon. Mais le club a déposé le bilan, et je suis parti à Martigues.

Patrick-Collot-Toulon-FC-Martigues-Avignon-Lille-1993

Lorsqu’on va voir d’anciens joueurs et qu’ils nous parlent de leur parcours, on a l’impression qu’une carrière professionnelle tient à une série d’événements, de circonstances, si ce n’est de hasard…

Je ne connais pas l’histoire de tout le monde, mais je pense en effet que ça ne tient à rien du tout ! Il y a du travail, mais ce sont toujours des rencontres, des connaissances qui permettent de s’orienter. Mais si je suis aujourd’hui avec Vahid Halilhodzic à Nantes, c’est parce que Vahid me connaît de notre époque au LOSC !

Il y a forcément des qualités footballistiques au départ.

Oui. Mais aussi des rencontres. Le hasard des rencontres a fait que je suis devenu joueur professionnel. Bien sûr que si je suis devenu joueur professionnel c’est parce que j’avais certaines qualités ! Mais le fait d’être joueur professionnel, c’est plein de rencontres, et ça ne tient à rien. Ça ne tient pas du football.

 

« Rester dans le Sud, c’était la facilité. Je n’avais pas la bougeotte »

 

Revenons à Toulon : tu l’évoquais, le club a été rétrogradé sportivement et également administrativement. Est-ce qu’en tant que joueur, tu avais vent de toutes les « affaires » autour du Sporting Club de Toulon ?

J’étais jeune et je ne m’occupais pas de tout ça… Tout ce qui se passait autour, c’était un peu occulte mais je n’y faisais pas attention. Mon but était de jouer et d’être plus performant. Le club a eu des problèmes financiers, des problèmes de « caisse noire » a déposé le bilan. Certaines personnes ont payé en justice : Rolland Courbis a été emprisonné à cause de ça. Toulon, c’était un club dans le sud de la France qui n’était pas toujours très clair avec les personnes qui dirigeaient… Je suis parti à Martigues.

45258623_288609161988368_1497797388381716480_nL’équipe de Toulon, saison 1992-1993


Quand tu choisis Martigues en 1993 , tu as d’autres propositions ?

J’ai eu quelques possibilités, notamment venant de Newcastle, qui s’intéressait à moi quand j’étais à Toulon. Mais ça me faisait peur d’aller à l’étranger, avec une nouvelle langue. Et Nantes aussi ! Patrice Rio voulait que je parte à Nantes juste avant que je n’arrive à Lille.
Donc Martigues, c’était la facilité : je suis un enfant du Sud ! Je pouvais rentrer chez moi très facilement, j’habitais à côté de Saint-Rémy-de-Provence à 45mn. Toulon, c’était 1h15, 1h20 de voiture. Ça me faisait peur de partir loin, parce que j’avais mes attaches, mes connaissances, mes amis, mon fonctionnement. Donc un club juste à côté, ça m’allait bien ! Je n’avais pas la bougeotte.

Quels souvenirs gardes-tu de ton passage à Martigues ?

Je suis resté deux ans là-bas, de 1993 à 1995. Je suis venu de Toulon avec Philippe Anziani, on a pris le même chemin. J’étais aussi avec Thierry Rabat, que je connaissais depuis quelques années. En 1995, après une bonne saison [Martigues termine 11e], Martigues voulait me refaire signer. Mais je n’étais pas satisfait des conditions financières. Je n’avais pas un gros salaire, et on me proposait de le diminuer. Etant un peu orgueilleux, je suis parti. Un autre entraîneur est arrivé pour apporter un peu plus de plus-value à l’équipe, mais bon… l’année d’après ils sont descendus !

 

« À Lille, j’ai découvert un fonctionnement plus professionnel »

 

C’est donc là que tu prends la direction de Lille.

Thierry Rabat venait de signer ici à Lille, avec Jean Fernandez comme entraîneur. En échangeant avec Thierry Rabat, il demande s’il ne connaîtrait pas des joueurs qui pourraient jouer tel rôle… Et Thierry dit : « Patrick Collot pourrait ! ». Donc Monsieur Fernandez, par l’intermédiaire de mon agent, me propose de venir pour faire un essai2. Et moi, fier, j’ai dit : « jamais de la vie je n’irai à Lille ! Il fait toujours froid, il pleut ! Et en plus ils veulent me faire faire un essai ? Mais qu’ils aillent se faire voir ! ». Bon, moi, je n’avais pas dépassé Avignon : le nord c’était Valence ! On se fait des idées, on a des clichés : quand on vient du Sud, on parle toujours des régions au-dessus comme étant invivables…
Mon agent me dit de réfléchir. Sur le coup j’étais un peu énervé, mais après un week-end de réflexion, j’ai accepté. Ça ne coûtait rien. Je suis parti faire un essai de trois jours, et M. Fernandez m’a engagé, mais pas comme attaquant. C’est lui qui m’a reconverti milieu excentré, ou milieu à l’intérieur du jeu, et pas du tout attaquant comme j’étais à Martigues ou à Toulon. Voilà comment je suis arrivé à Lille. C’était une remise en question. Partir dans le Nord comme ça, loin de notre famille… Je suis arrivé avec mon épouse et ma petite fille, qui avait un an et demi. Et en 1995, il a fait un été de folie, un soleil jusqu’en octobre, novembre… C’est donc ça le Nord ?! On m’a toujours dit des bêtises ! Bon, après j’ai un déchanté, même si je me suis aperçu qu’il ne pleut pas tout le temps dans le Nord (rires) !

Germain Collot Cygan Rabat
Les premières recrues de l’été 1995 : Joël Germain, Patrick Collot, Pascal Cygan et Thierry Rabat

 

Quelle image avais-tu du LOSC avant d’y venir, et quel club as-tu trouvé ?

J’ai découvert un autre fonctionnement. Parce qu’à Toulon et Martigues, on était très…familiaux. On ne nous lavait pas les affaires ; on avait tous des affaires différentes. Quand je suis arrivé à Lille, notre casier nous attendait au stade. Quand on arrivait, on le prenait, on allait se déshabiller, on se changeait et on le remettait, et tout était pris en charge par un intendant. Je trouvais que c’était le top niveau, je découvrais un autre métier ! Chaque fois que je partais de chez moi, j’avais l’impression d’oublier quelque chose : « J’ai oublié mon sac ! Ah mais non, les affaires sont au club ! ». C’était une progression dans l’approche, dans un club plus professionnel. Et puis j’ai trouvé des personnes très attachantes. Il y a des qualités, des mentalités dans le Sud, mais il y en a aussi dans le Nord. Je me suis très bien adapté dans l’équipe et dans le club. Ca ressemblait à mes valeurs, à mon fonctionnement et c’était très agréable de trouver autre chose.

Et au-delà du côté sportif, le club souffrait à l’époque d’un gros déficit d’image, les dernières années avait été marquées par des problèmes financiers, une grande instabilité au niveau administratif, et le club ne pouvait recruter que des joueurs en fin de contrat, comme toi. Est-ce que ces incertitudes étaient une crainte en tant que joueur ?

Honnêtement, je n’avais pas cette connaissance de l’histoire du club. Je ne savais pas qu’il y avait des problèmes. On me proposait un contrat, et comme mon objectif était de venir jouer au foot en première division et de découvrir autre chose… Grâce à Thierry Rabat, mon intégration a été facilitée. Puis Jean-Marie Aubry nous a rejoints, on logeait à l’hôtel ensemble et on est restés amis : il est le parrain de mon premier fils. Plein de choses se sont créées très rapidement, mais je ne savais pas du tout quelle était la situation générale du club. On le découvre petit à petit.

Sur le plan sportif, tu l’évoquais tout à l’heure : tu ne joues pas vraiment attaquant à Lille. Mais tu venais quand même remplacer le chouchou des supporters, Eric Assadourian, qui venait de partir !

J’étais là pour jouer. Je ne me posais pas la question de savoir qui je remplaçais, si c’était difficile, si on me comparait à lui ou pas. J’étais à 1000 lieues de penser à tout ça. J’étais là pour jouer le mieux possible, d’apporter ce que je savais faire et puis c’est tout ! Si on se commence à poser des questions en disant « je remplace untel, untel, untel », bon… Chacun ses qualités et ses défauts ! Tous les joueurs sont différents. On peut toujours comparer quand on est supporter, de l’extérieur. Mais c’est pas du tout mon cas.

Qu’est-ce qu’on te présente comme projet quand tu arrives à Lille ?

Rien du tout ! On me propose de venir jouer à Lille ! Sur un plan individuel, M.Fernandez me dit : « je veux t’utiliser dans un rôle différent ». Je devais appréhender un nouveau poste, une nouvelle fonction, donc il fallait que je travaille certains aspects, notamment défensifs, alors que j’étais plutôt basé sur l’offensive. En tant qu’attaquant, il y a un replacement mais il n’y a pas véritablement un fonctionnement particulier tandis que sur un côté, il faut défendre, il faut fermer, il faut rentrer, il faut attaquer. C’était beaucoup plus compliqué pour moi au début ! J’ai mis un peu de temps pour appréhender le poste et être performant.

Rabat Collot


« Au Parc en 1996, pas une seconde je ne pensais marquer ! »

 

Ce début de saison a été collectivement difficile pour tout le monde…

Oui. Sur un plan personnel, c’était un grand bouleversement : changer de région, changer quasiment de travail, avec ce nouveau poste… Monsieur Fernandez ne m’a pas fait jouer tout de suite, car je me suis blessé au genou. Au bout de 3 mois, on est derniers, et Jean Fernandez s’en va. Quand Jean-Michel Cavalli prend la suite, il me fait confiance et il me lance dans l’équipe. À partir de là, j’ai commencé à jouer et à m’intégrer. C’était beaucoup plus facile. Peut-être que M.Fernandez m’aurait fait jouer s’il était resté, je ne sais pas. Mais au départ, je n’ai pas eu beaucoup de temps de jeu, à cause de blessures, de mon intégration, de mon changement de poste qui n’était pas aussi facile. Donc il y avait des raisons ! Après on a fait une saison où on s’est sauvés presque miraculeusement !

Notamment avec un but en fin de saison dont on se rappelle tous !

On m’en parle toujours ! Lille n’a plus gagné à Paris depuis ce match-là ! C’est un grand souvenir.

En plus de son importance, c’est un but pas banal !

C’est inespéré ! À cette époque, Paris a une super équipe, qui joue encore le titre, et qui 5 jours après joue la finale de Coupe des Coupes contre Vienne à Bruxelles, où je suis d’ailleurs allé, car mon ami Luc Borelli jouait au PSG. On a réussi à gagner à Paris alors qu’on ne pensait jamais prendre un point. Ça nous avait donné une grande bouffée d’oxygène pour pouvoir nous maintenir. C’est un des souvenirs les plus marquants de toutes ces années à Lille.

Finalement, on n’a jamais eu le fin mot de l’histoire : tu as voulu tirer ?

Alors… Je crois que c’est un ballon qui revient après un corner. Je suis sur le côté. J’ai voulu tirer, mais pas une seconde je ne pensais marquer. Dans ma tête, je me dis « le ballon me revient, je vais frapper, si je ne cadre pas, au moins on aura toujours le temps de se replacer ». Donc j’ai frappé, fort, presque les yeux fermés. Je pensais que j’allais casser les tribunes, mais ma balle part bien… Et après c’est Bernard Lama qui fait une erreur ! Il anticipe un centre, et à l’arrivée, il se la met dedans ! Mais jamais je pensais que j’allais marquer, sincèrement ! Il y a des choses bizarres dans le football… C’était incroyable. Le hold-up de chez hold-up ! Des supporters nous attendaient au retour de Paris devant Grimonprez. Un grand souvenir ! On avait tant ramé… Cette année-là, on n’aurait jamais dû se maintenir. Et l’année d’après par contre, on aurait dû se maintenir 100 fois, et on est descendus…


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« Le derby de novembre 1996 où je marque un doublé m’a autant marqué qu’il a marqué les supporters »

 

Précisément, la saison suivante, on a un scénario inverse : un début canon et une fin catastrophique. Comment on peut expliquer de tels écarts de performances sur une même saison ?

Quelques joueurs sont arrivés : Renou, Garcion, Banjac, et Becanovic qui marquait. On fait une très belle première partie de saison, c’est ça qui est incroyable ! Je me souviens qu’on devait être 4e ou 5e avec Lens à peu près. On se battait pour être éventuellement dans les places européennes. Et puis en 2e partie, on s’est complètement écroulés… Complètement… Et c’est une grosse déception, parce que cette année-là, on ne doit jamais descendre. Mais les problèmes internes de vestiaire, de fonctionnement, de rapports… Le groupe a complètement explosé et n’adhérait plus au discours de l’entraîneur. Il y a eu des problèmes relationnels entre les joueurs et le staff qui ont fait exploser le groupe. Il n’y avait plus d’unité.

Et ça bascule en cours de saison ?

C’est une usure. On avait des résultats en première partie de saison, mais il y avait des problèmes de vestiaire dès qu’on a commencé à avoir des difficultés sur le terrain. On n’a pas su se regrouper, faire l’unité. Le groupe a explosé. Ensuite, pour recoller les morceaux, c’est difficile, c’est très compliqué. Et on a tous payé les pots cassés.

Ca veut dire que lorsqu’il y a des résultats au-delà des espérances, il n’y a pas une dynamique qui permet de compenser les temps faibles plus tard dans la saison ?

Un groupe – les joueurs, le staff – c’est un équilibre très fragile. La force d’un groupe et son unité sont très complexes. Les résultats permettent de cimenter ce groupe, ou de cacher certaines choses. Les résultats ! Si un groupe vit bien, même si les résultats sont difficiles, il aura la possibilité de se serrer les coudes et de faire front face à la difficulté. Quand un groupe (comme j’en ai connu dans ma carrière, parce que je n’ai pas joué le haut du tableau très souvent, beaucoup plus souvent le maintien) n’est pas complètement soudé ou ensemble, c’est beaucoup plus difficile de pouvoir faire face à ces difficultés, de fédérer, de sentir la force individuelle du partenaire pour le collectif. C’est très difficile de changer cette dynamique quand on est sous pression de résultats. Quand ça va mal, on dit toujours que c’est la faute de celui-ci, de celui-là, de l’entraîneur, du président, de la secrétaire… C’est toujours la faute de quelqu’un, sauf de la sienne ! Et personne ne prend conscience que… C’est difficile à changer.

On peut opposer ce que tu décris aux années avec Vahid ?

Une force collective comme on a eue plus tard, c’est une force formidable ! Parce qu’on sait qu’on se bat tous pour le même projet, pour le même objectif, et on a encore plus envie qu’un autre ! Et ça, c’est un travail d’entraîneur, un travail pour créer cette dynamique. Puis les résultats facilitent cette dynamique. C’est ce qui est difficile à créer, parce qu’on juge toujours la qualité du joueur : bien entendu, il faut des joueurs ! Mais, au départ, c’est une histoire d’hommes : la réussite, c’est la qualité des hommes. Et même celle des joueurs qui ne jouent pas : ceux qui ne jouent pas sont très importants pour l’état d’esprit qu’ils amènent ou qu’ils mettent lors des entraînements pour que les titulaires soient les plus performants possibles. Si les joueurs qui jouent moins sont négatifs, les titulaires savent qu’ils n’ont pas de soucis à se faire, qu’ils vont rester titulaires, et que les remplaçants ne prendront jamais leur place.

Revenons à cette saison 1996-1997 : la victoire dans le derby en novembre a été un moment très important, peu après ton retour à la compétition.

Oui, ce match fait partie des moments importants de ma carrière à Lille. On a battu Lens 2 à 1, et je marque les deux buts. Je revenais après le drame que j’avais vécu. Je pense que… ce match a été fédérateur pour tous les supporters vis-à-vis de moi, par rapport à mon histoire et au club. Je crois qu’il m’a autant marqué qu’il a marqué les supporters. Et plus généralement, c’est vrai que les rencontres entre Lille et Lens, c’est très marquant. Nous dans le Sud, les derbies c’était contre Marseille, mais Marseille était trop fort par rapport à Toulon, on n’avait pas vraiment de rivalité sportive, il y avait trop d’écart ! Marseille était la grosse équipe du championnat la rivalité se traduisait surtout par une animosité entre les supporters.
Ici, il n’y a plus de derbies depuis quelques années, ce qui est malheureux. C’est une rivalité régionale, et c’est quand même sympa de pouvoir vivre ces matches-là. On parle encore plus de ces matches-là que d’autres. Et contre Lens en 1996, c’est vrai que sur ce match, je suis rentré un peu dans l’histoire du club. C’est toujours… un grand souvenir. Malheureusement, on était sur une spirale négative.

Collot4Patrick Collot porté par Jean-Marie Aubry après la victoire contre Lens, novembre 1996

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« Les débuts avec Vahid ont été compliqués… puis on a appris à se connaître »

 

Toi qui as connu les mauvais et les bons moments, comment expliquerais-tu l’inversion de cette spirale sur ces quelques années ?

Quand Vahid Halilhodzic est arrivé, on était au fond du trou. Au fond du fond ! On est 17e. On est à la rue. On venait de rater la montée pour pas grand-chose, 1 point. Les joueurs étaient dans une déception, un mal-être énorme. On avait une remise en question à faire. Thierry Froger est parti. Il fallait tout recréer. Et c’est là que Vahid Halilhodzic est arrivé avec un fonctionnement, une vision et une exigence importantes qui ont permis de recadrer tout le monde et de réunir toutes les forces en présence. Vahid a recréé une dynamique de travail, d’exigence, de respect, de fonctionnement qui a permis de remettre tout le monde dans le droit chemin et tout le monde en question. Et à partir de là, il a recréé une dynamique positive qui a permis, petit à petit, de recréer un groupe et de se découvrir individuellement, ce qu’on ne faisait pas quand le fonctionnement n’était pas aussi exigeant. Mais on était aussi fautifs, on savait ce qu’on faisait aussi ! Je pense qu’on avait besoin de quelqu’un comme Vahid, qui nous aide à rester sur le bon chemin dans le travail, dans l’état d’esprit. Ça a permis de rassembler les énergies pour pouvoir justement avancer et être performant.

Et là encore, au-delà de l’aspect sportif, tu avais aussi conscience de ce qui se passait au sein du club ? On entend beaucoup de bien de Pierre Dréossi et de Bernard Lecomte à l’époque qui ont aussi serré les vis.

C’est Monsieur Lecomte qui m’a fait signer mon contrat. J’avais beaucoup de respect pour Monsieur Lecomte, parce que je pense que s’il n’avait pas été là, avec la mairie, il n’y aurait plus de club à Lille et le LOSC n’existerait plus. C’est un peu plus tard que j’ai commencé à comprendre l’histoire du club. Monsieur Lecomte est un grand artisan de ce qu’est le LOSC aujourd’hui. Il faut le savoir ! Les gens oublient ! La base, la première pierre du nouveau LOSC, c’est Bernard Lecomte qui l’a posée ! C’est lui qui met en place Vahid, qui prend cette responsabilité, qui travaille en commun pendant 2 ans avant l’arrivée de MM. Graille et Dayan. Il a mis les bonnes personnes au bon endroit : c’est essentiel dans la réussite d’un club. Et je trouve que ce monsieur n’a pas été suffisamment valorisé par rapport à tout ce qu’il a fait. C’est désolant. C’est une personne formidable, méconnue par rapport à ses qualités humaines et de personne. Et s’il n’avait pas été là, il n’y aurait rien eu derrière.

Lecomte CollotAvec Bernard Lecomte, après la victoire contre Lens en finale du challenge Emile-Olivier, juillet 1997


Comment as-tu construit ta relation avec Vahid ?

Au début, ça a été compliqué… Cette période était consécutive au décès de mon épouse. Certaines personnes à l’intérieur du club lui ont donné des indications, des explications sur chaque joueur : qualités, défauts. On lui a dit que j’étais fini pour le football et qu’il ne fallait plus compter sur moi, par rapport à l’âge que j’avais – j’étais en effet un des plus anciens – et par rapport à mon vécu personnel. Vahid arrive donc avec une idée préconçue de qui j’étais : il ne voyait pas l’utilité que je reste à l’intérieur du groupe. Mais moi, orgueilleux et fier, je me suis dit : « attends mon garçon, je vais te montrer qui je suis » ! Et petit à petit, on a appris à se connaître. Parce que Vahid est un personnage aussi ! Orgueilleux, fier, avec un égo important ! Mais comme j’étais apprécié par mes équipiers, ça faisait quelques années qu’on était ensemble, ça a permis de passer cette période de turbulences et de créer une dynamique très positive avec tout le monde. C’est pas Vahid, c’est pas moi : tout le monde a réussi à apporter sa pierre à l’édifice, au fonctionnement, à créer cette dynamique. On a démarré et puis on a connu tout ce qu’on a connu ! On a eu aussi des moments difficiles, parce que quand on ne monte pas la première année au goal-average, ça a été une nouvelle déception. Même si on partait de loin et qu’on a finalement failli monter, il fallait recommencer les efforts et repartir en 2e division…

 

« 1999/2000 : ma plus belle saison en tant que joueur »

 

Sous sa direction, ton statut de joueur change un peu : tu joues progressivement moins. Tu as un rôle de relais.

C’est ça. J’étais le relais à l’intérieur du groupe, le tampon entre les joueurs et Vahid. J’avais un rôle de meneur, quelqu’un qui essayait d’apporter son expérience et de discuter, d’échanger. Et quand je jouais, j’essayais de faire ce que je savais faire aussi. Mais c’est vrai qu’à ce moment-là, il y avait un fonctionnement dans le groupe où j’étais le paravent du groupe, la protection du groupe : quand il y avait quelque chose à dire, il me revenait d’exprimer les choses avec Vahid. Ca n’a pas toujours été facile, parce qu’il a voulu me virer plusieurs fois quand même à l’époque  ! Petit à petit, avec ces frictions, il a appris à me découvrir, mon fonctionnement, mon état d’esprit. Ça lui a plu et il s’est « servi de moi » pour avoir ce relais à l’intérieur du vestiaire. Ce que je faisais avec grand plaisir, parce que mon objectif était que l’équipe fonctionne le mieux possible et qu’on ait les meilleurs résultats possibles.

Collectif14

Quelques mois après l’arrivée de Vahid, on sent qu’une équipe est née. Les résultats sont là dès la fin de la saison 1998/1999, mais même de l’extérieur, on sent qu’autre chose se joue. Dans quelle mesure on peut sentir qu’un groupe va réussir sa saison ?

Au départ de la saison 1999/2000, je pense qu’on savait qu’on allait faire une très, très, très belle saison. On était conscients de nos forces. Pourquoi ? Comment ? Je ne sais pas, ce sont des choses qui se sentent. C’est tout ce qu’on avait vécu ensemble, ce qu’on avait créé. On ne se sentait pas invincibles, mais pour nous battre ça allait être difficile ! On avait des choses et un ressenti à l’intérieur du groupe, une force collective, mentale et humaine aussi entre les joueurs : tout cela est facteur de réussite.
Il y a eu aussi des recrutements comme Johnny Ecker, Abdel Fahmi… Ces joueurs nous ont permis de nous solidifier. Fernando est arrivé en faisant un essai, presque comme un cheveu sur la soupe, et c’était une surprise formidable ! A ce moment-là, il s’est créé quelque chose et je dirais que tous les astres étaient alignés pour que ça fonctionne.
Je me souviens d’une réunion qu’on a eue en stage, avec Vahid. Il réunissait toujours les 4-5 personnes leaders du groupe. Il nous réunit et nous demande quels sont nos objectifs. Et il nous fait parler… Lui nous dit qu’il faut valider l’accession en première division et finir dans les 3 premiers. Et là j’ai une réflexion, je dis : « ah non, il ne faut pas finir 3e ! Il faut finir 1er ! » Il faut finir 1er ! Pas 3e ! Je ne sais pas si ça a créé quelque chose de le dire, de l’annoncer, comme une prise de conscience… Parce qu’ensuite il faut assumer aussi ce que l’on dit ! Est-ce que ça nous a donné une force supplémentaire ? En tout cas, ça a été très important de le dire, de partager la même idée avec le staff. Ça crée quelque chose lorsque les joueurs décident d’eux-mêmes. C’est mieux que si c’est l’entraîneur ou le club qui fixent tel objectif. Si un groupe n’est pas complètement intégré à cet objectif-là, mentalement, physiquement, je ne suis pas certain que ça puisse créer quelque chose. Et puis on a fait la saison formidable, la plus belle saison pour moi en tant que joueur ! Même davantage que quand on a joué la Ligue des Champions. Pour moi, c’était plus fort d’être champions de 2e division et de faire remonter le club.


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Seul buteur contre Louhans-Cuiseaux en août 1999

C’était effectivement une saison marquante, exceptionnelle. Le LOSC se retrouve en Ligue 1, on annonce le maintien comme objectif. C’est toujours compliqué d’afficher des objectifs beaucoup plus ambitieux, mais en même temps on sent une force dans cette équipe, comme si une machine était lancée.

C’est vrai qu’en 2e division, on se sentait forts ! Quand on monte, on se demande de quoi on est capables à l’échelon au-dessus. Au départ, le maintien était l’objectif principal. On ne s’était pas mis de barrières, mais pas de pression non plus pour dire qu’il fallait être dans les 10 premiers : si on pouvait se maintenir tranquillement, c’était l’essentiel. On était sur la dynamique de la montée, du fonctionnement du groupe, avec quelques renforts aussi, car chaque fois des renforts arrivaient quand même !
Et je dirais qu’il y avait aussi une dynamique à l’intérieur du club. Je me souviens qu’à cette période, cette tribune derrière les buts a été construite. On sentait un club qui commençait à bouger, à s’améliorer pour accueillir ses supporters dans de meilleures conditions. C’est bête à dire, mais c’est quelque chose que nous, joueurs, on ressent aussi : que le club évolue, qu’il fait des efforts, qu’il veut progresser. Cette dynamique positive se retrouvait dans tout le club : au niveau administratif, il y a eu aussi l’arrivée de M. Paquet, de M. Thuilot dans le fonctionnement, dans l’encadrement, lorsque M. Graille et M. Dayan sont arrivés. Toutes les idées étaient mises en commun pour faire grandir le club, et ça crée un effet boule de neige, pas seulement au niveau des joueurs.

Tribune

Lille/Monaco, 29 juillet 2000 : premier match avec l’extension de la tribune « Secondes », construite durant l’été

 

« En 2001, on n’était pas programmés pour être champions »

 

De retour en D1, on avait été surpris dès le premier match contre Monaco de la qualité de jeu, un jeu beaucoup plus varié que ce qu’on voyait en D2, contre un adversaire champion de France, et ensuite y avait eu le deuxième match où tu mets un doublé à Strasbourg…

Oui oui (rires) ! Bon, on était les premiers surpris de cette réussite. Après, c’était le début de saison, on ne voulait pas s’enflammer non plus. On sait très bien que, souvent, les équipes qui montent ont une dynamique par rapport à leur montée, dans leur état d’esprit, dans leur envie, dans leur volonté, donc est-ce que ça allait être éphémère ? On ne savait pas donc on profitait du moment et puis ça a duré pratiquement toute la saison. Parce qu’à 10 journées de la fin, on est premiers quand même ! C’est incroyable ! Et quand on y pense, ça s’est joué à peu de choses hein… à peu de choses !

 

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Dernier but en D1 contre Sedan, le 9 décembre 2000. Ci-dessus la vidéo, ci-dessous le son sur Fréquence Nord

http://droguebierecomplotlosc.unblog.fr/files/2016/11/collott.mp3

C’est vrai que plus le temps passe, et plus on se dit qu’on n’était vraiment pas loin.

Ah non ! Mais je pense qu’on n’était pas programmés pour ça. On prenait les matches les uns après les autres, mais on n’avait pas cette volonté je pense qu’avaient Nantes, Lyon, qui eux étaient plus programmés que nous pour aller chercher le titre. Et nous en plus on avait un effectif restreint, on n’était pas armés avec un effectif et un banc de folie, donc ça a certainement été pénalisant sur la saison. Mais à l’arrivée, dans les dernières journées, on a failli tout perdre, parce qu’on a failli ne pas être sur le podium. À la dernière journée, si Bordeaux gagnait à Metz, nous on finissait 4e ! ça aurait presque été une déception de finir 4e ! Ça aurait été terrible ! À l’arrivée, on arrive à gagner à Monaco et on termine 3e alors là c’était le bonheur. C’était merveilleux.

Il paraît que tu as fini nu dans le Méditerranée ce soir-là !

Oui, oui (rires)… Bon, j’avais aussi donné un peu toutes mes affaires au public qui était venu. Ouais bon… On devient un peu fou et un peu bête dans ces moments-là, on n’est pas toujours lucide (rires) !

Collectif15

On a de grands souvenirs cette année-là, nous on était au match à Lens en février, qu’on avait gagné, enfin que vous aviez gagné, sur un but de Rool contre son camp. Le seul regret, c’est que je pense que si Rool la met pas, c’est toi qui la met derrière !

Oui ! Moi je suis derrière, mais il la met parce que je lui mets la pression (rires) !


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Un derby qui avait été marquant pour nous aussi, c’est celui de l’année de la remontée, avec les 2 buts en fin de match de Dagui Bakari et de Laurent Peyrelade.

Ah oui. Mais avec Vahid, on a gagné une multitude de matches dans les dernières minutes ! C’est incroyable !

On avait fait le calcul : à l’époque Vahid, en championnat, un quart des buts ont été marqués au-delà de la 80e minute.

Je me souviens qu’à la fin, tous les supporters se levaient ! Ils pensaient toujours que quelque chose allait arriver ! C’était incroyable ! C’est fou ! Il y avait eu un match contre Montpellier, où on perd 0-1, et je me fais expulser à 10 minutes de la fin. On a gagné 2-1, deux buts dans le temps additionnel ! C’était incroyable. Ça s’est passé une multitude de fois.

Collot Strasbourg

 

« Rester dans le club et le remettre au niveau où il était, c’est une grande fierté »

 

Mais on imagine que c’est symptomatique de l’état d’esprit du groupe ?

Oui, bien sûr ! On était dans une période quand même assez faste. On prenait conscience de plus en plus de nos qualités, de nos possibilités. Donc quand des joueurs commencent à prendre conscience de ces qualités, ça fait quand même quelques années que je travaille avec Vahid et que je vois comment ça fonctionne, après on a une confiance, et on sait qu’on peut toujours y arriver. C’est ce côté là qui est… c’est incompréhensible et, en même temps, cette réussite se crée. Parfois, on se dit « c’est incroyable » comme si c’était irrationnel, mais je pense que ce sont plein d’événements qui se provoquent qui permettent de pouvoir arriver à faire de telles choses.

C’est quand même assez rare que ça se prolonge sur une période aussi longue, non ? Parce que finalement, sur une période de 3 ans, on a l’impression que le groupe sur-performe. Grégory Wimbée disait « on était des joueurs moyens de Ligue 2, on est devenus des joueurs moyens de Ligue 1 ». Et au final, il y a un titre de champion de D2 où vous battez tous les records, dans la foulée il y a une 3e place, un beau parcours en coupe d’Europe, puis une 5e place.

Oui, oui, c’est vrai. Comme le dit Greg Wimbée, c’est vrai qu’on n’était pas des joueurs d’un niveau « très élevé » entre guillemets, mais c’est là que la force collective, la force d’un groupe, et un projet commun permettent de rivaliser avec d’autres équipes qui sont mieux armées individuellement mais qui collectivement, certainement, ne sont pas aussi au point que nous, ou avec une mentalité aussi développée que la nôtre. C’était notre force, c’est une évidence ! Les Carl Tourenne, les Fernando D’Amico, ne sont pas des génies techniquement… On était des besogneux du football, mais avec une volonté et une rage de se battre ensemble. Et puis aussi des qualités hein, Bruno Cheyrou était un joueur de grande qualité, Pascal Cygan ça a été un joueur de très haut niveau pendant un moment quand il a été à Lille, c’était la tour de contrôle. C’était impressionnant, on avait l’impression qu’il attirait tous les ballons ! Greg Wimbée arrêtait tout ce qu’il voulait… On était au maximum de nos possibilités et on utilisait toutes nos forces et nos qualités.

Ce qui est frappant à cette époque, et maintenant que tu es entraîneur tu as sans doute un regard particulier là-dessus, il y a quand même des joueurs qui ont eu une progression fulgurante. Cygan a eu des difficultés à Lille ; quand Bakari est arrivé, c’était laborieux ; Grégory Wimbée a eu aussi des difficultés… Et ils ont atteint un niveau qu’on n’aurait jamais imaginé. Est-ce que ça s’explique autrement que par du travail ?

Par le travail, bien sûr. Quand Vahid est arrivé, je me souviens, il nous envoyait jongler. Dagui Bakari sortait de l’entraînement pour aller jongler ! Des jongles intérieurs et extérieurs pour assouplir les hanches. Le grand Wimbée, il a frappé maints et maints ballons pour placer son pied sous le ballon pour qu’il puisse mieux frapper, donc il y a eu du travail de fait. Mais après je pense que la réussite, c’est la réussite du groupe. Je maintiendrai toujours ça : c’est la réussite des hommes qu’il y avait à l’intérieur de ce groupe-là. Toutes les personnes qui étaient dans le groupe. Il y avait des personnes très importantes, comme D’Amico qui est arrivé, c’était un chien fou mais il apportait une rage de récupérer le ballon, de s’arracher ; Bruno Cheyrou avec ses qualités techniques, son sens du but ; Pascal Cygan a eu des difficultés à Lille, pourquoi ? Parce qu’au départ, il faut quand même savoir qu’il jouait arrière gauche ! Mais il n’a aucune qualité pour jouer arrière gauche ! Il faut le reconnaître quand même. Pour inventer ça… ! C’était une anomalie. Nous on savait tous que ce n’était pas possible qu’il joue là. Alors il essayait, mais dès qu’il a été replacé dans l’axe, il a commencé à prendre ses marques et ça a été un autre joueur. Un autre joueur ! On avait des joueurs à l’intérieur du groupe qui étaient mal utilisés, ou qui n’étaient pas en confiance, et qui ont été repositionnés à des postes qui correspondaient davantage à leurs qualités. Et donc avec le travail, les résultats, la confiance, ça permet aussi de se sublimer et d’améliorer la qualité des joueurs. Mais avant tout c’est le travail et la réussite d’un groupe de personnes.

Pour terminer sur cette période de footballeur, as-tu conscience de faire partie des joueurs qui ont le plus marqué les supporters quand on évoque le LOSC de cette époque ? Est-ce que tu ressens l’admiration qu’on te porte ?

Oui, je sens que je ne passe pas inaperçu dans le cœur de certains supporters. Quand les gens me reconnaissent à Lille, ils sont heureux de me voir, d’échanger, de discuter ou de prendre une photo. Ce doit être lié à ma personne, car je n’étais pas un joueur talentueux. Je pense d’abord que mon histoire personnelle n’est pas commune, et qu’elle a marqué les supporters. J’ai connu des moments très difficiles. Quand j’ai vécu ce drame, j’ai été très soutenu par le club, par l’environnement, par les supporters, qui ont eu une attention et un regard beaucoup plus fort. Même si des personnes ont laissé entendre que j’étais « en difficulté » et qu’on ne savait pas si j’allais réussir à surmonter ce drame, mon travail, mon investissement, ma façon de jouer, ont permis que les gens fassent très certainement plus attention à moi. Je pense que les valeurs que j’ai affichées représentent aussi les qualités de la région : l’état d’esprit, la mentalité, le courage… Tout cela a certainement permis aux supporters de m’apprécier, et moi en retour d’apprécier les gens du Nord et de me sentir bien dans ce club.
Et ensuite, je suis aussi resté quand le club est descendu en D2, je suis resté dans les moments difficiles, puis on est remontés. Quand on peut rester dans le club et le remettre au niveau où il était, c’est une grande fierté. Une grande fierté ! Je suis ensuite resté des années au club, j’y ai fait beaucoup de choses. C’est donc aussi une histoire collective. C’est l’histoire d’une personne, d’un joueur, dans un groupe, dans un club qui a eu de la réussite pendant plusieurs années, qui a créé cette relation très agréable. Je pense que les gens d’ici sont reconnaissants du travail, de l’investissement de quelqu’un qui n’est pas de la région, et qui est resté si longtemps pour donner au club. C’est un tout.
Maintenant, il y a plein de supporters qui ne me connaissent pas ! Les gamins de 15 ans, de 20 ans, ne m’ont jamais vu jouer. Mais dans l’esprit des supporters qui m’ont connu en tant que joueur, je sens que j’ai… (il réfléchit) J’ai marqué quelque chose, j’ai fait quelque chose, alors pourquoi, comment, je ne sais pas le définir précisément mais… c’est là.

La deuxième partie de l’interview, c’est ici

Vahid Collot

FC Notes :

1 Aller le 30 mars 1988, retour le 5 avril, avec des buts au retour de David Ginola (54e sp) et de Laurent Paganelli (81e) pour Toulon, 10-11 aux tirs aux buts.
2 On constate donc que, réellement, Thierry rabat.

Cet article a été posté le Vendredi 12 juillet 2019 at 8 h 10 min et est rangé sous Donne-nous des nouvelles .... Vous pouvez suivre toutes les réponses à cet article à travers le RSS 2.0 Flux. Vous pouvez Laisser une réponse, ou rétrolien de votre propre site.

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