Archiver pour octobre 2019
Posté le 25 octobre 2019 - par dbclosc
Un micmac pour Gignac
Fin juin 2007, André-Pierre Gignac est attendu à Lille où il devra confirmer les espoirs suscités par sa saison précédente avec Lorient. Mais au moment où l’affaire est censée se conclure, il s’engage avec Toulouse. Le TFC et le LOSC clament tous deux leur légitimité à recruter le joueur, avec des arguments sur des registres différents.
26 mai 2007, dernière journée du championnat de France. Nicolas Fauvergue s’élève dans la surface, reprend victorieusement un coup-franc d’Obraniak, et Lille arrache le nul. Ce but, dans l’immédiat, fait gagner une place au LOSC et le fait terminer dans la première moitié de tableau, à la 10e place.
Mais ce but va surtout avoir une incidence inattendue sur le mercato du LOSC. Pas parce qu’il change fondamentalement la destinée du LOSC, qui n’avait plus rien à gagner ni à perdre quel que fût le résultat. Mais parce qu’il prive Rennes de tour préliminaire de Ligue des Champions, et y envoie du coup le Toulouse Football Club, qui a battu Bordeaux (3-1), et profite d’une curieuse déroute lensois à Troyes (0-3). Le Téfécé va devoir se renforcer sérieusement durant l’intersaison.
Fin de cycle
La saison 2006-2007 du LOSC a été longue et éprouvante. Pour la deuxième année consécutive, les Dogues ont participé à la Ligue des Champions, et sont cette fois parvenus à sortir des poules, tout en maintenant durant les deux tiers de la saison un rythme qui les auraient certainement envoyés encore en Europe s’ils avaient pu le maintenir jusqu’au bout. Seulement, la fatigue accumulée sur cette saison, les conditions de l’élimination face à Manchester, et une forme de fin de cycle chez ce groupe en pleine réussite depuis 3 ans ont vu le LOSC baisser singulièrement le rythme à partir de février. Si elle était encore 2e après 22 journées, fin janvier, l’équipe n’a ensuite signé que 3 victoires et 3 nuls sur les 16 derniers matches : les joueurs ont terminé sur les rotules. Il est désormais l’heure d’ouvrir un nouveau cycle, avec de nouveaux objectifs et un effectif rajeuni. Comme le résume Claude Puel : « je sais ce que représente un huitième de finale de C1 pour des joueurs, surtout après une élimination pas très catholique contre Manchester, il y a eu une cassure, l’impossibilité de se remobiliser autour du championnat. J’ai juste eu à jauger les joueurs, ceux qui étaient capables de repartir, de remettre les mains dans le cambouis. Je me suis également posé la question à moi-même ». Puel reste, mais prévient « reconstruire un effectif ne se fait pas du jour au lendemain. On repart plus bas que la saison dernière, mais on ne le fait pas sans ambitions ». Quittent le club lors de l’intersaison : Audel, Bodmer, Chalmé, Keita, Odemwingie, Rafael, Tavlaridis, Vitakic. La reprise de l’entraînement est fixée au mardi 26 juin et, à cette date, seuls deux joueurs présentés comme futurs titulaires ont signé au club : Franck Béria (Metz) et Luis Yanes Padilla (Santa Fe). En outre, les jeunes Aurélien Chedjou, Eden Hazard et Adil Rami ont signé un contrat professionnel.
Une grosse révélation 2006/2007
Avec un Mirallas qui a encore du mal à éclore, un Youla rarement convaincant et un Fauvergue qui ne fait pas l’unanimité, le front de l’attaque lilloise, seulement renforcé par un colombien inconnu, semble donc encore largement incomplet. Mais tout va vite s’arranger : le LOSC piste le joueur d’Anderlecht Mémé Tchité, ou alors Nicolae Dica, un attaquant du Steaua Bucarest, pour lesquels il est prêt à miser 7 M€ chacun. Par ailleurs, depuis quelques semaines, voire quelques mois, Lille négocie le transfert d’un attaquant lorientais, révélation de la saison avec 9 buts : André-Pierre Gignac. Pour son quatrième match en L1 et sa première titularisation, il inscrit un triplé contre Nantes, en août 2006. À 22 ans, ces débuts remarquables lui valent une préconvocation chez les Espoirs, et le sélectionneur national, Raymond Domenech, évoque même ses qualités dans une vidéo sur le site de la fédération : « dans l’intelligence du placement, du replacement et du déplacement, il a quelque chose de plus. Il est malin, il sait jouer en fonction des défenseurs adverses. Il sait se positionner, il sait presser. Il m’intéresse de voir comment il va évoluer, comment il va progresser ». Il semble donc qu’on tienne là un futur crack. Lorient a besoin d’argent et va le vendre : de toute façon, « APG » s’est mis à dos une partie des supporters de Lorient en se plaignant du peu de reconnaissance des supporters lorientais, après le dernier match de la saison contre le PSG.
Signe que des négociations sont bien en cours et probablement bien engagées, voilà d’ailleurs quelques semaines qu’il affirme dans la presse son envie de rejoindre un club stable, avec un entraîneur en place depuis plusieurs saisons et qui fait confiance aux jeunes : des caractéristiques qui ressemblent fort au LOSC de l’époque. Il reste un week-end avant la reprise de l’entraînement : l’officialisation du transfert n’est qu’une question d’heures. Un jeune joueur, probablement assez talentueux pour avoir sa place dans une équipe jouant l’Europe, mais pas encore suffisamment pour le top niveau, vers lequel Lille servira de tremplin : ce transfert annoncé s’inscrit logiquement dans la politique mise en place depuis quelques années au LOSC.
Gros plan trouvé sur fclorient.net
Toulouse entre dans la danse
Et pourtant : le dimanche 24 juin, le Toulouse FC fait savoir que Gignac et son agent négocient un contrat de 4 ans avec le TFC. Selon L’Equipe, Lille et Lorient se sont pourtant mis d’accord ce même week-end sur un transfert de 4,5 millions d’euros, transfert qui entérine un pré-contrat signé entre le joueur et le club. André-Pierre Gignac a-t-il oublié qu’il a signé il y a quelques semaines un contrat avec le LOSC ? Ou alors ce contrat n’est pas valable, comme l’affirme Olivier Sadran, président du Téfécé ?
Le président du FC Lorient, Alain Le Roch, confirme un accord avec Lille, au montant annoncé, payable en deux fois, dont un premier versement devant arriver le dimanche matin au club breton ! Il nie également tout accord avec Toulouse. Pour Lille et Lorient, les choses sont donc claires : Gignac est lillois et est attendu par Claude Puel pour la reprise de l’entraînement. Michel Seydoux se montre d’abord confiant et « zen » : « pour nous, c’est clair. On est d’accord avec le joueur et avec le club. Les papiers vont partir et il sera qualifié au LOSC dans les meilleurs délais. De toute façon, les gens de Lorient sont des gens de parole. Il y a cependant une position de Toulouse qui est bizarre. Les méthodes sont étranges… » souligne le président, qui n’exclut pas de saisir le conseil national de l’éthique de la Fédération au sujet des « douteuses méthodes toulousaines ».
Alors, tout va s’arranger ? Non. Car voilà que le joueur lui-même semble avoir changé d’avis, et déclare désormais sa flamme à Toulouse qui, il est bon de le rappeler, signifie « perdre » en anglais : « les deux pistes sont encore d’actualité, c’est vrai, mais j’ai un net penchant pour Toulouse. Je veux venir au TFC. Je suis attiré par le projet sportif du club, le discours des dirigeants. C’est un club en devenir, qui grandit de jour en jour, avec des joueurs de qualité. Et qui va jouer la coupe d’Europe la saison prochaine, ça aussi c’est important », indique-t-il dans La Dépêche du Midi. Par ailleurs, le père de Gignac, qui s’appelle aussi Gignac, estime que les papiers signés avec le LOSC ne sont « pas bons ». Bien sûr : quelle idée de les manger… ? Autre argument : signer à Toulouse rapproche fiston de la famille, qui est à… Marseille. Et jouer immédiatement la Ligue des Champions est un argument sportif qu’on peut comprendre, pour qui a déjà donné dans le ventre mou et préfère donc rejoindre, dans l’immédiat, un éphémère gros.
Une mauvaise ligne (de conduite)
Comment expliquer un tel revirement ? Pour Michel Seydoux, c’est l’appât du gain qui a fait changer d’avis Gignac, qui souhaiterait dès lors s’empiffrer. Il évoque tantôt un salaire « deux fois supérieur », tantôt « multiplié par 4 ». Bon faudrait savoir, mais en tout cas c’est plus. Du côté de Toulouse, on prétend que le salaire n’a rien à voir là-dedans, et le club se fend même d’un communiqué le dimanche après-midi pour apporter quelques précisions :
« Le TFC a ouvert les discussions avec le joueur après avoir informé le FC Lorient, et après près de 10 jours durant lesquels se sont déroulés un certain nombre de rendez-vous et d’aller-retour.
_Le TFC, respectueux des règlements de la LFP a pris soin de faire vérifier que le joueur était officiellement sous contrat avec Lorient.
_Conformément avec le Règlement de la LFP, le TFC rappelle qu’il ne signera pas de contrat sous seing privé avec un joueur professionnel. Les accords ne peuvent être conclus qu’à la signature des documents de contrat et de mutation officiels, issus des systèmes informatiques de la LFP.
_Rien n’indique officiellement qu’André Pierre Gignac ne pouvait, avec l’aval de Lorient, s’engager dans un autre club.
_Pour être validée, une mutation doit être conforme au règlement de la LFP et être visée par l’ensemble des parties, ce qui n’est pas le cas.
En conclusion si le LOSC avait paraphé des documents officiels et légaux avec le joueur et/ou le FC Lorient, le TFC n’aurait pas poursuivi de discussions avec le joueur Andre Pierre Gignac.
Enfin le TFC tient à stipuler que lors des derniers jours, les discussions n’ont pas porté sur les conditions salariales par ailleurs inférieures à nos concurrents, mais sur le projet sportif, les infrastructures et le plan de carrière du joueur.
Le TFC a confiance dans la juridiction sportive et saisira si nécessaire la commission juridique de la LFP ».
Il y a à boire et à manger dans ce communiqué mais, en résumé, Toulouse estime être dans son bon droit : André-Pierre Gignac est un joueur transférable, son club et lui-même sont ouverts à un transfert à Toulouse, et le club n’a forcé personne. Le communiqué est intéressant en ce qu’il semble éclairer la situation : on note l’usage récurrent des termes « officiel » et « officiellement », ce qui laisse entendre qu’il existerait d’autres documents, officieux ceux-là, c’est-à-dire probablement non juridiques, autrement dits signés ou conclus d’une autre manière, sur la base d’un engagement moral.
Le dimanche soir, Gignac s’exprime sur RTL et confirme que la piste toulousaine est très chaude : « j‘ai une parole, j’ai dit que j’allais m’engager avec le LOSC. Mais après il y a des propositions qu’on ne peut pas refuser. Je tiens à le dire, ce n’est pas financier. Je touche moins à Toulouse qu’à Lille. Elie Baup m’a dit comment il comptait m’utiliser, à l’inverse de Claude Puel. J’attends encore son appel. Je sais que je n’ai pas eu de parole. J’en suis désolé pour le LOSC. Mais c’est aussi un peu de leur faute de ne pas m’avoir contacté, de ne pas m’avoir rassuré ». Dire à quelques secondes d’intervalle qu’on a une parole puis que finalement on n’en a pas, c’est une belle performance. Ces dires confirment en tout cas l’existence d’un « contrat moral », écrit ou oral, entre le LOSC et Gignac, une forme d’engagement sur laquelle APG s’assoit quand lui arrive la proposition toulousaine. Il reproche en outre au club lillois un manque d’attention, qui semble contradictoire avec les garanties de stabilité et d’ambition que semblait lui inspirer le club lillois quand il se répandait dans la presse quelques semaines auparavant. En tout cas, ces déclarations publiques semblent rendre caduque l’éventualité d’un transfert à Lille. Pour Michel Seydoux, c’est dur : « on se passerait bien de ce genre de péripéties. Cela ressemble fort à une entreprise de déstabilisation. Je me souviens que c’est grâce à nous que Toulouse participe à la Ligue des Champions, et M. Sadran devrait conserver son sang-froid ». Bon, les 58 points du TFC ne sont pas tous dus au LOSC, mais on a compris l’idée, d’où ce rappel un peu mesquin.
Lundi 25 juin, Gignac est Toulousain
Le lundi 25 au soir, un communiqué tombe : André-Pierre Gignac s’est engagé pour 4 ans avec Toulouse. Le président Sadran est satisfait : « c’est une affaire réglée. Lorient a signé l’avis de mutation du joueur. Gignac a signé un contrat de quatre ans en bonne et due forme. J’avais averti Lorient, au préalable, mais voilà quinze jours que l’on discutait avec le joueur. Je n’ai rien piqué à personne. On a fait les choses dans les règles ».
Gignac dans la ville rose, Seydoux est morose : il trouve l’opération « contraire à l’éthique et à la morale » ce qui déplace encore le débat hors du terrain légal. Officiellement, Gignac est toujours attendu à Lille pour la reprise de la saison, mardi matin. Dans les faits, on doute désormais sérieusement de sa présence. En tout cas, la Voix du Nord trouve là de quoi s’emballer dans un mercato relativement morne : « l’imbroglio Gignac pimente le retour du LOSC à l’entraînement ». Évidemment, Gignac ne vient pas.
Qui croire ? Et les Lorientais là-dedans ? Le club breton se refuse à toute polémique : « Lorient a signé une convention avec Toulouse pour la mutation de Gignac lundi soir vers 20h00. Les difficultés survenues lors de ce transfert ainsi que les retards et contradictions n’étaient pas imputables à Lorient, mais au joueur, à son entourage, ainsi qu’à Toulouse et Lille », se défend-il ; « par ailleurs les différents montants annoncés dans les médias sont inexacts. Le FC Lorient Bretagne Sud ne souhaite pas communiquer sur le montant des transactions ». on sait toutefois, selon Roland Bourse, chargé du recrutement, que le montant du transfert est « la copie conforme de ce qu’a proposé le LOSC ». À propos d’éventuelles poursuites juridiques du LOSC, il conclut ainsi : « On sait ce qu’il s’est passé, mais c’est un problème entre le joueur, Lille et Toulouse. Lorient n’est pas impliqué dans la polémique et se souhaite pas se prononcer par respect pour les deux clubs. Pour Lorient, c’est une affaire qui est terminée, ce n’est plus de notre ressort ».
Contrat, comptera pas
Michel Seydoux se drape dans ses principes : « notre aventure fait qu’une certain nombre de choses sont acceptables et d’autres moins. J’ai développé et je développe des règles d’éthique et de morale qui sont infranchissables. Tant que je serai au LOSC, mes collaborateurs seront respectés. Je ne raconterai pas ce qu’il s’est passé en détail car cela concerne la Commission juridique de la Ligue. Nous avions un document écrit du joueur et un accord avec lui ». La Commission juridique de la Ligue nationale, dont la saisine est automatique, statuera mi-juillet sur la validité du transfert.
Alors, qu’en était-il de ce pré-contrat avec Lille ? À vrai dire, le dossier est encore flou aujourd’hui. La Ligue Nationale n’a pas remis en cause la validité du transfert. Compte tenu de cette décision, plusieurs hypothèses, qui ne sont pas exclusives les unes des autres, se présentent :
_Il n’y avait aucun accord avec qui que soit, et le LOSC a tenté un coup de bluff en voyant le TFC lui passer devant (hypothèse peu probable)
_le LOSC n’aurait pas respecté la procédure en négociant avec le joueur avant d’en informer son club.
_Si un contrat (qu’il soit oral ou écrit) a été conclu entre le LOSC et Gignac, il n’a pas de valeur juridique et repose dès lors unqiuement sur la bonne volonté et l’éthique des deux parties.
_La Voix du Nord pointe le lenteur du LOSC dans les négociations. Comment expliquer que Toulouse ait réglé en quelques jours un dossier sur lequel le Lille était depuis des semaines ?
Michel Seydoux ne décolère pas après la décision de la Ligue. Contrairement à Gignac, il ne mange pas de ce pain-là : « je trouve inadmissible que des gens présents au bureau de la Ligue cautionnent ces pratiques. Il faut réformer les règles. Ce qu’il s’est passé n’est pas bon pour le Football et pour sa publicité. Nous devons faire un sport cohérent et sympathique et non alimenter des faits inintéressants humainement parlant. Un certain nombre de règles ont été bafouées ».
Conséquence logique : la ville de Gignac, dans l’Hérault, ne fait pas partie du guide du routard consacré au pèlerinage des villes qui doivent leur nom au LOSC. Et Lille, outre le recrutement de Patrick Kluivert dans un autre registre, jette son dévolu sur un Doukisor du nom d’Emra Tahirovic.
Un peu de rab
Voici une sorte d’épilogue, qui montre que l’affaire a laissé des traces du côté de A-P. Gignac. En 2009, Lyon manifeste son intérêt pour l’attaquant, Toulousain depuis 2 ans, et qui a pris une autre envergure : il est devenu un joueur de poids, international A depuis mars. Selon le directeur sportif de l’OL, Bernard Lacombe, le transfert est en bonne voie : « le joueur a envie de venir chez nous. On en a parlé avec lui, son agent et son papa ». Cette fois, c’est au tour d’Olivier Sadran de prendre la mouche afin que son joueur ne lui passe pas sous le nez : « je n’ai pas de commentaire particulier à faire, dans la mesure où il n’y a pas de rapprochement à envisager. À partir du moment où le joueur a prolongé , il n’y a pas de négociation possible ». Mais Lyon insiste et l’affaire tourne au vinaigre : Sadran saisit la LFP et ressort des communiqués. S’adressant aux dirigeants de l’OL, il déclare : « il y a quelques jours, vous nous avez demandé, par fax, la permission de rentrer en contact avec André Pierre Gignac. Nous vous avons alors répondu que cela n’avait pas d’intérêt ni de sens puisque nous ne souhaitions pas nous en séparer. Or, nous apprenons, malgré nos échanges, que vous annoncez sur le site lequipe.fr, avoir trouvé un accord avec le joueur et son entourage. Il est surprenant qu’un club de votre standing ne respecte pas les règles fondamentales qui régissent le football professionnel. Vous comprendrez que malheureusement et malgré les excellentes relations entre nos deux clubs, nous sommes dans l’obligation de saisir les instances compétentes sur ce dossier Nous vous demandons de prendre acte qu’André Pierre Gignac n’est pas à vendre. ».
Ayant appris de sa mésaventure lilloise, André-Pierre Gignac, cette fois soucieux de ménager la chèvre qu’il est et le chou rouge, n’ira pas au bras de fer, même s’il aime les épinards et souhaite effectivement rejoindre Lyon : « je veux que les choses se passent calmement. Je ne veux pas partir comme un mercenaire. Je souhaite qu’on se mette autour d’une table1 et qu’on discute. Je sais que cela s’est mal passé entre Lille et Toulouse, lorsque j’ai quitté Lorient. Je n’ai pas envie de revivre la même chose ».
Revenant sur ce micmac en 2010 et revenant sur une rumeur lancée par Luis Fernandez à propos d’une possible signature de Gignac à Lille, Michel Seydoux commentait : « ce que fait aujourd’hui Gignac ne m’intéresse pas ».
FC Note :
1 Non rien
Posté le 17 octobre 2019 - par dbclosc
Histoire de la Résistance à Lyon : de Jean Moulin à Jean-Claude Nadon
Tout indiquait que Lille prendrait sa deuxième valise de la semaine. C’était sans compter sur le talent, la chance, somme toute la résistance de Jean-Claude Nadon, sauvé 4 fois par ses montants.
4 jours après une claque à domicile contre Metz, d’autant plus cinglante qu’elle intervenait après une sacrée embellie (7 points sur 8 ; 9 buts marqués sur les 4 derniers matches), le LOSC se déplace à Lyon pour la 36e journée du championnat de France de D1 1993/1994, le 30 avril. La belle série a permis l’essentiel : le maintien est assuré. Derrière, Angers est déjà condamné à descendre, tandis que Toulouse ne peut plus recoller aux Dogues. Martigues, 18e, pourrait le faire, mais on a appris quelques jours plus tôt que l’Olympique de Marseille était administrativement relégué suite à l’affaire de corruption VA/OM : Marseille étant dans le haut du classement, le 18e restera donc en première division.
Lyon vise l’Europe
Le LOSC n’a donc plus rien à craindre, hormis une fin de saison humiliante, sur la lancée du match de Metz ; ni à espérer d’ailleurs, si ce n’est accrocher, au mieux, la 12e place. En revanche, la saison n’est pas terminée pour les Lyonnais : 10e avant cette confrontation, ils ne sont qu’à 2 points de la 6e place, qualificative pour la coupe de l’UEFA. Signe que l’OL prend ce match avec le plus grand des sérieux : Bernard Lacombe était à Grimonprez-Jooris mardi soir pour observer ses futurs adversaires. Pour cette confrontation entre une équipe peut-être démobilisée et une autre gonflée à bloc, il y a donc fort à craindre que les Lillois repartent avec zéro point. De plus, Assadourian, sorti prématurément contre Metz, est blessé.
Mais soyons positifs : le LOSC enregistre le retour de ses 4 suspendus, qui avaient manqué le match contre Metz : Kennet Andersson, Oumar Dieng, Jakob Friis-Hansen et Claude Fichaux, tous titulaires. Cela ne signifie toutefois pas que le LOSC jouera à 15 : ces retours se font au détriment de Assadourian donc ; de Garcia et de Dindeleux, cette fois sur le banc ; et de Jean-Luc Buisine. Seules les présences de Sibierski, Andersson et Boutoille semblent témoigner de timides intentions offensives : pour le reste, Mankowski a bétonné derrière avec une défense à quatre (Bonalair, Dieng, Fichaux, Leclercq) et un milieu pas spécialement porté sur l’avant (Bray, Friis-Hansen, Étamé). Les Lyonnais semblent davantage résolus à attaquer avec Franck Gava, Stéphane Roche, Laurent Delamontagne et Florian Maurice.
Le LOSC à 10
Surprise : les Lillois se présentent aux 13 000 spectateurs du stade de Gerland avec des maillots rouges sur lesquels est indiqué… « AOM », le nom d’une compagnie aérienne. Pourtant, le sponsor habituel est Tousalon. Mais les Lillois se sont rendus compte qu’ils n’avaient pas de maillots rouges à manches courtes au nom de leur habituel partenaire : ce sont donc ces tuniques qui ont été extirpées des « oubliettes », comme l’indique la Voix des Sports.
Lille subit toute la première mi-temps, mais Nadon fait bonne garde, en multipliant les interventions rassurantes. Mais le LOSC est à la peine, et les fautes se multiplient : à la 39e minute, José Bray récolte déjà un second avertissement de la part de M. Lartigot. Il faudra terminer en infériorité numérique. Lille recule encore mais atteint la pause sur le score de 0-0.
Jean Tigana a bien compris que Lille ne va pas davantage attaquer : à la pause, il sort un milieu de terrain, Laurent Debrosse, et fait entrer un ancien Dogue en attaque : Abedi Pelé. Les vagues devant le but de Nadon vont déferler.
Oh Hisse acculés
Pas de surprise : le match est désormais à sens unique. Dès l’entame de la seconde période, Franck Gava, du droit, envoie un petit ballon au second poteau qui frappe l’angle du poteau et de la transversale avant de sortir. Ouf ! Et Nadon multiplie les prouesses devant les attaquants lyonnais. Et s’il est battu, comme à l’heure de jeu où une ouverture d’Amoros, un peu cafouillée par Dieng, est récupérée par Maurice qui ajuste Nadon du gauche, son poteau vient à sa rescousse. Le même Maurice, servi par un Gava intenable sur son côté gauche, voit sa reprise de la tête frapper la transversale puis rebondir sur la ligne. Dans une surface de réparation surpeuplée, les Dogues se dégagent comme ils le peuvent. C’est toujours 0-0 et c’est miraculeux pour le LOSC. À un quart d’heure du terme,Tigana lance son dernier atout : James Debbah remplace Stéphane Roche. Nadon repousse toujours, mais est battu à 5 minutes du terme : un nouveau centre de Gava repris de la tête par Pelé est cette fois hors de portée du gardien lillois : mais la transversale repousse encore ! Pour la quatrième fois, Lille s’en remet à ses montants pour sauvegarder le 0-0.
Et à la 90e, alors que les Lyonnais ont oublié de défendre à force de camper dans le camp lillois, Clément Garcia, entré depuis 5 minutes à la place de Boutoille, s’échappe et se retrouve seul face à Pascal Olmeta. Il tente un lob qui retombe doucement.. juste à côté du poteau ! Le LOSC, acculé durant 90 minutes, a bien failli réussir le hold-up de l’année.
« Putain ! Bravo ! »
Le héros de la soirée, c’est bien sûr Jean-Claude Nadon. Les plus anciens évoquent une résistance jamais vue depuis celle de Jean Moulin. Bien servi par la chance, il a aussi réussi quelques superbes arrêts. Ayew Pelé est admiratif vis-à-vis de son ex-équipier : « Jean-Claude Nadon m’a épaté ! Je sais depuis longtemps qu’il est un des meilleurs gardiens français, mais il a encore sorti un grand match. Avec la chance comme alliée ». De même, Pascal Olmeta, qui a été sifflé par la moitié de son public pour avoir dansé la samba 4 jours avant avec le kop marseillais lors du déplacement de l’OL à Marseille, félicite Jean-Claude, dont on rappelle que le prénom a les mêmes initiales que celles de Jésus-Christ. La Voix des Sports rapporte qu’il est allé interrompre la prestation de Nadon devant les journalistes pour lui dire : « Putain ! Bravo ! ». Qu’en pense le principal intéressé ? « Je ne me sentais pas invincible, mais presque. La chance est venue au secours d’une équipe qui avait à cœur d’effacer sa contre-performance de mardi. Tout le monde a fait son boulot et je suis très satisfait. Dommage que l’équipe montre encore autant de visages différents tout au long d’une saison. En foot, rien n’est acquis et ce ne sont pas 3 victoires consécutives qui bâtissent une saison. Restons humbles, faisons-nous plaisir en gardant les pieds sur terre. Et ne nous foutons pas de la gueule des gens qui payent pour nous voir jouer »
Lyon s’est heurté à un mur
Après le match, Mankowski fait d’abord dans la bonne blague : « Si je voulais faire dans l’humour, je dirais que les Lyonnais l’ont échappé belle », référence à l’occasion de dernière minute, bien entendu. Mais tout le monde s’entend bien : si Nadon a été « exceptionnel », Lille a eu « un beau brin de chance » : « la résistance losciste a été belle, pathétique pour les uns, désespérante pour les autres » souligne la Voix des Sports. « C’est un peu comme si José Bray avait été remplacé par les poteaux » souligne Alain Martinne. Pierre Mankowski relativise du coup la déroute enregistrée contre Metz. Finalement, ce résultat à Lyon, avec la quasi-équipe-type, est dans la continuité des progrès des dernières semaines : « nous avons réussi, grâce à Jean Claude Nadon mais aussi à toute l’équipe, une très bonne opération. C’est vrai que nous avons eu énormément de chance mais ces hauts et ces bas font partie de l’histoire d’une saison. C’est la preuve qu’il ne fallait pas donner une importance démesurée à notre lourde défaite face à Metz. Avec l’équipe alignée mardi, nous aurions explosé à Gerland, j’en suis certain ! » Belle marque de confiance envers les jeunes, ça fait plaisir ! Son homologue lyonnais, Jean Tigana, est résigné : « c’est vrai que les Lillois ont eu un maximum de réussite. Mais nous les avons bien aidés en ne sachant pas élargir notre jeu, en manquant d’initiative dans la conclusion de nos actions. Franchement, nous ne méritions pas de décrocher une participation européenne cette saison ».
4 poteaux concédés sans encaisser un but : ce scénario se répétera 7 ans plus tard, à Troyes, d’où Lille ramena une miraculeuse victoire avant de débuter sa campagne de Ligue des Champions. Et, de plus, Greg Wimbée avait stoppé un pénalty dans le temps additionnel, on en avait parlé ici.
Voici un résumé du match à Lyon :
Au pied du mur après sa défaite contre Metz, le LOSC a au moins rassuré sur le terrain. En coulisses, avec les changements administratifs et politiques qui se dessinent durant ce printemps, on se demande toujours si le LOSC n’y va pas tout droit (dans le mur). En attendant, dès le lendemain, c’est Ayrton Senna qui s’y colle.
Posté le 14 octobre 2019 - par dbclosc
Lille/Vendenheim : Rhin à signaler
Nouveau dilemme : après le chevauchement avec le match du LOSC masculin comme la dernière fois, voici le chevauchement avec le match de l’équipe nationale masculine de Belgique. Nous optons de nouveau pour les filles, pourquoi ? Parce que c’est mieux, tout simplement.
Comme nous l’écrivions samedi sur facebook, les week-ends de trêve internationale sont probablement les périodes les plus difficiles à vivre depuis les totalitarismes du XXe siècle (mais cet article fort intéressant va nous faire relativiser notre position) : la période justifie peut-être qu’il y ait aujourd’hui bien plus de monde que d’habitude pour soutenir le LOSC face à Vendenheim.
Vendenheim, petite bourgade du Bas-Rhin de 5 500 habitants, dont le pôle de haut niveau est situé à Strasbourg. C’est là-bas qu’était partie Marion Gavat, après avoir contribué à la remontée du LOSC en D1 (rappelez-vous : elle avait marqué le premier but du match rejoué contre La Roche sur Yon).
La section féminine de Vendenheim a été créée en 1974, et est issue d’une fusion avec le FC Schwindratzheim, qu’il est très difficile d’écrire, et encore plus de prononcer, comme vous venez de le constater par vous-même, puisque vous avez essayé comme des cons. L’équipe compte très rapidement plusieurs titres de championne du Bas-Rhin et d’Alsace, avant de s’engager pour la première fois dans le championnat national en 1979/1980. On vous passe quelques détails que le site officiel ne précise pas (y a du y avoir une dissolution à un moment car en 1998, certains « refusent de laisser mourir 25 ans de football féminin à Vendenheim » et « décident de repartir en championnat interrégional » ; de même, si on apprend que l’équipe a été championne de D2 en 2004 puis en 2007, c’est qu’elle a dû redescendre à un moment). Le dernier passage de l’équipe en D1 remonte à la saison 2012/2013.
Du côté de Lille, l’équipe se positionne à la 5e place, et a connu son premier revers de la saison lors du dernier déplacement à Nancy (1-3). Commence à se créer un petit écart entre 3 équipes qui gagnent tout (Nancy, Le Havre, Saint-Etienne) et le reste. On vise ici le sans-faute à domicile après le 6/6 des deux premiers matches.
La Villa et Saint-Georges sont blessées. On retrouvera donc comme arrière droite Charlotte Sawaryn, n°19, et en défense centrale Carla Polito. Silke Demeyere prend la place qu’occupe habituellement Polito devant la défense. Devant, Noémie Mouchon est titularisée. Didier signale qu’après vérification, Dupont de Ligonnès n’est pas là non plus.
Ça commence à peu près comme ça, puis Paprzycki et Elisor ont régulièrement permuté
Les joueuses saluent d’abord vers la tribune, là où il n’y a pas grand monde, puis vers nous. On se mélange ensuite pour une photo de groupe. Le match démarre à 14h10. Il fait soleil/nuages, plutôt beau voire lourd.
1e Engagement pour Vendenheim, ça balance devant côté droit pour trouver une bonne touche. L’arbitre indique qu’il faut refaire l’engagement : ce n’est pas du rugby.
1e On recommence l’engagement, et on balance en touche de l’autre côté. Bon.
6e Une rumeur dans le public salue le premier petit pont de Julie Dufour.
10e Demeyere est à deux doigts d’être touchée, mais elle parvient à servir Aurore Paprzycki qui frappe à l’entrée de la surface : au-dessus.
12e Maïté Boucly s’enfonce à gauche et frappe fort à l’angle de la surface, belle manchette de la gardienne qui envoie le ballon au-dessus.
13e Une-deux entre Mouchon et Boucly. Sur son côté gauche, Maïté temporise avant de chercher Dufour au centre, mais la défense dégage.
14e Sur la contre-attaque des Alsaciennes, Eva Fremaux se manque et permet à une attaquante de placer une frappe : au-dessus.
16e Et allez, on envoie un ballon sur le chantier. Vu « l’avancée » des travaux, on suppose que personne ne travaille sur cette tribune : c’est donc un ballon perdu, littéralement.
18e Beau retour de Sawaryn, qui annihile une contre-attaque. Très bon début de match à son poste d’arrière-droite.
20e De la gauche, ouverture d’Ollivier pour Mouchon, qui devance la gardienne au point de pénalty et place un pointu qui termine pas loin du but.
22e Bonne prise de balle de Elisa Launay sur un centre de Laurine Lachaume, la n°9 de Vendenheim.
23e Frappe moche de Sawaryn qui semble partir en touche. Tout le monde s’arrête et seule Maïté Boucly y croit et va récupérer le ballon. Elle centre, c’est dégagé, puis repris par Paprzycki, c’est de nouveau dégagé.
24e Demeyere remonte le ballon et sert Dufour à droite. Julie crochète à l’entrée de la surface et frappe en force, c’est à côté de la lucarne.
25e Faute sifflée contre Silke Demeyere : non, Madame l’arbitre.
26e Sur le côté gauche, la 25 de Vendenheim, Laura Cuillère, servie sur un plateau, arme du gauche dans le bras d’Elisa Launay.
Un « Aux armes ! » retentit dans le public. Et c’est tout.
30e Très belle feinte de Sawaryn qui fait tomber Cuillère sous son nez.
33e Premier changement à Vendenheim : la 8 est remplacée par la 7, et comme le site n’indique aucun numéro et les photos des joueuses de manière aléatoire, nous ne vous dirons pas de qui il s’agit.
34e Olliver pour Frémaux, puis Dufour, qui déborde et centre (mon clavier propose spontanément « déborde et centre » quand j’écris « Dufour »). C’est encore renvoyé. Demeyere récupère et frappe au-dessus.
Permutation Boucly/Dufour.
36e Centre de Boucly. Au second poteau, Dufour contrôle, crochète et frappe du gauche, mais ce n’est pas assez puissant. La gardienne se couche tranquillement.
38e Maïté Boucly, décidément très active et cette fois à droite donc, déborde, crochète pour se remettre sur son pied gauche et frappe à ras de terre : la gardienne capte en 3 temps.
43e Faute sur Julie Dufour, dans le camp lillois, près de la ligne de touche. Un spectateur réclame un carton rouge car « elle partait au but ». « Carton rouge pour tout le monde ! » suggère un enfant derrière nous.
45e Maïté Boucly est retenue à une trentaine de mètre mais on donne un coup-franc à Vendenheim, et ben d’accord.
Mi-temps, 0-0. Quelques timides occasions, mais pas grand chose de spectaculaire à se mettre sous la dent. On note en tout cas une volonté d’assurer les arrières et de construire patiemment du côté des Lilloises, avec un circuit préférentiel qui rappelle ce qu’on voyait avec Claude Puel (comme on y va!) : on relance de l’arrière vers une latérale, qui va trouver un relais dans l’axe. Ce relais, qui est bien souvent Paprzycki ou Elisor, envoie en une touche sur le côté aux ailières. Si les intentions sont excellentes, ça n’a pas toujours été précis. Devant, Boucly et Dufour sont actives, mais leurs centres ont été systématiquement renvoyés.
Carla Polito est très bien dans ce poste d’arrière centrale, et puis Ollivier hein, on va le dire à chaque fois mais on aime beaucoup ses prises de balle.
L’équipe adverse semble avoir des intentions similaires en fermant bien derrière tout en étant prête à placer quelques contres. Pour le moment, Elisa Launay n’a pas été franchement inquiétée.
46e Après une pause de 20 minutes, ce qui n’est pas réglementaire (et encore moins quand la Belgique joue), ça reprend bizarrement avec une défense lilloise qui dort à moitié, seule Carla Polito veille et interrompt une action adverse. Ça donne un corner que Launay repousse difficilement, puis c’est dégagé par Elisor.
48e La 22 de Vendenheim rate un contrôle dans la surface alors qu’elle avait été bien trouvée sur une balle longue. Ce début de période est assez approximatif pour les nôtres.
51e Paprzycki sert Boucly, qui fait un grand pont et centre. Fremaux contrôle au coin des 6 mètres et se fait reprendre… Fallait mettre la tête !
55e Main de Boucly sous nos yeux. Maïté conteste en disant qu’elle se protège, mais bon ça se siffle. Pas de problème jusqu’à ce qu’on entende Noémie Freckhaus, la capitaine de Vendenheim, déclarer « ça reste une main ». C’est quoi cet argument ?
Changement en défense centrale, la 23 remplace la 18.
58e Elisor sert Boucly à gauche, qui déborde, crochète, temporise, repart en débordement et centre, c’est renvoyé. Puis Maïté fait une faute sur la 34 qui semble bien énervée depuis tout à l’heure et cherche des noises à Boucly et Ollivier.
59e Ah tiens, carton jaune pour Freckhaus après une faute sur Elisor. Elle conteste. Ah mais ça reste une faute hein.
60e Frappe de Dufour pied droit, la gardienne se couche et détourne sur sa droite.
61e Remontée de balle de Sawaryn qui échappe de justesse à plusieurs tacles. Ça s’achève par une frappe de Elisor à 22 mètres, mais trop axiale, sans problème pour la gardienne.
62e La 22 centre fort devant le but de Launay et joue plutôt mal le coup, c’est très bien pour nous, merci.
63e Mauvaise passe latérale de Demeyere pour Ollivier, et une attaquante adverse file au but. Elle semble bien reprise par Ollivier qui la gêne suffisamment pour qu’elle s’excentre, puis Launay sort parfaitement et récupère la balle. L’arbitre décide qu’il y a pénalty !
Mais comme il y a une justice, Launay renvoie du pied la frappe de Lachaume !
64e Du coup ça s’emballe un peu (enfin !), avec un centre de Dufour, qui avait encore réussi un petit pont, puis une frappe sans trop de danger pur la grande gardienne adverse.
67e Côté Vendenheim, la 10 remplace la 22, et côté lillois, Mouchon, moins en vue après la pause, cède sa place à Ngo Ndoumbouck, dont on espère une entrée aussi probante que celle contre Grenoble il y a 3 semaines.
69e Elisor se retrouve par terre après avoir heurté Lachaume. L’arbitre centrale demande à son assistant s’il y a quelque chose de volontaire là-dedans. Comme Lachaume n’est pas réprimandée, on suppose que les arbitres ont considéré que c’était un accident. Dans le doute, on aurait mis rouge quand même.
71e Bon là par contre il va peut-être falloir arrêter : Elisor est de nouveau salement bousculée par Lachaume, qui prend son carton, à la demande du public.
72e Un ballon atterrit du côté des spectateurs, qui le renvoient immédiatement et sans malice vers les joueuses. L’arbitre décide soudainement que ce ballon n’est plus valable. On a l’impression qu’elle a cru que le public avait rendu un autre ballon. Ou alors les joueuses de Vendenheim ont demandé qu’on joue avec le ballon d’Alsace ?
74e Centre de Dufour vers Elisor aux 6 mètres, la 23 s’interpose de justesse et met en corner.
75e Drôle d’intervention défensive de Polito, du talon, mais c’est très efficace.
Dans la continuité, un centre d’Ollivier est dégagé, puis revient sur Boucly, qui centre après un relais avec Elisor. C’est dégagé, encore et toujours.
78e Très belle balayette de Silke Demeyere ! Elle s’excuse, ce qui confirme qu’elle l’a fait exprès.
80e Les adversaires jouent très mal une relance, et Elisor récupère le ballon à 25 mètres. Elle sert Ngo Ndoumbouk, qui frappe à l’entrée de la surface, mais au-dessus.
Marlyse semble encore gênée par une blessure.
82e Centre de Boucly. Dufour arme sa volée à 8 mètres, mais elle dévisse.
83e Frappe de la n°7 de Vendenheim, à l’entrée de la surface, et magnifique envolée de Launay, qui détourne en corner !
86e Sortie de Paprzycki, qui semble fatiguée, et entrée de Lefébure.
87e Sur un coup-franc de Demeyere, Elisor, bien plus en vue en fin de match, se jette et place sa tête, mais c’est trop mou. Et puis elle s’est fait mal au dos et peine à se relever.
91e On joue côté droit de l’attaque lilloise tandis que sur le côté gauche, la n°20 de Vendenheim est à terre, elle s’est fait sûrement fait mal au bas-rein. Une de ses coéquipières décide de l’aider, donc on joue à 11 contre 9 pendant quelques secondes, ben d’accord oui, si vous voulez. Finalement ça sort en touche, et un attroupement se crée autour de la blessée. Comme ça se fritait depuis un moment, apparemment on règle quelques comptes. Olliver est bousculée, mais c’est Polito qui prend un jaune.
94e Centre trop long de Dufour, mais Boucly se bat et parvient à sauver la touche. Elle obtient même un corner. Le ballon passe devant le but, revient à l’extérieur de la surface vers Sawaryn qui centre au deuxième poteau vers Ngo Ndoumbouk qui remise dans l’axe, c’est dégagé en catastrophe en corner, et ça s’arrête là-dessus.
Terminé sur ce score de 0-0. Un match un peu étrange, fermé, et somme toute très équilibré. Les deux équipes se sont véritablement neutralisées. Notre titre est excessif bien entendu, puisque l’ensemble était cohérent et les intentions très bonnes, mais faut bien tenter d’être drôle : qui ne tente Rhin n’a Rhin.
Point très positif, le premier clean-sheet de la saison, que l’on doit en particulier à deux arrêts décisifs de notre gardienne. Sur ce match, mention spéciale également à Maïté Boucly, très active et disponible.
Déplacement dimanche prochain à Saint-Denis, et prochain rendez-vous ici le 27 contre Amiens !
Posté le 5 octobre 2019 - par dbclosc
1994, un printemps si lillois
Dans des années 1990 au goût souvent déprimant, le LOSC a parfois entretenu l’idée de lendemains meilleurs. Mais chaque fois qu’il a suscité un tel brin d’espoir, c’était pour aussitôt désespérer davantage ses supporters. À ce titre, les événements d’avril-mai 1994 dessinent un printemps made in LOSC des années 1990.
26 avril 1994, 35e journée de D1 : le LOSC s’apprête à recevoir Metz dans une fin de saison en roue libre après une belle série depuis un mois : un nul contre Strasbourg (1-1), une victoire à Montpellier (3-1), une victoire contre Caen (3-1), puis à Angers (2-1) ont assuré le maintien des Dogues, car l’officialisation de la relégation administrative de Marseille permet au 18e du classement de garder sa place dans l’élite. Or, les Dogues ont désormais 9 points d’avance sur Toulouse, 19e et donc premier relégable : comme il ne reste que 4 matches (la victoire à 2 points), le LOSC jouera en première division lors de la saison 1994/1995.
Une saison sur le fil
Cette situation n’était pas gagnée il y a quelques mois, c’est le moins que l’on puisse dire. Les Dogues de Mankowski, arrivé l’été précédent, ont en effet connu un début de saison poussif, avec une première victoire n’intervenant qu’à la 12e journée, contre Sochaux (3-1). Le pire, c’est que ces mauvais résultats étaient le reflet d’un jeu pauvre et sans imagination : seulement 8 buts marqués avant cette première victoire, à tel point qu’on craint que le LOSC ne renouvelle le total famélique de la saison 1992/1993: seulement 26 buts marqués. On voyait alors arriver la dernière journée de championnat avec angoisse : le calendrier prévoyait en effet un ultime déplacement à Martigues, et on imaginait que l’une des deux équipes jouerait ce soir-là sa survie.
Mais, comme tous les ans, bon gré mal gré, le LOSC se bat, laborieusement, et pointe son nez aux alentours de la 15e place. Avec une particularité en cette saison 1993/1994 : cette équipe est renversante : les Dogues concèdent en effet 27 fois (!) l’ouverture du score, mais reviennent, et gagnent même parfois. Ainsi, à Caen, en octobre 1993, le LOSC, mené 0-2 à 15 minutes de la fin, s’impose 3-2. Cette victoire en Normandie arrive au cœur d’une belle série de 7 matches sans défaite à l’automne, qui prend brutalement fin à Auxerre, avec une belle raclée, 0-5 : il ne faudrait tout de même pas trop rêver ! Mais en tout cas, à mesure qu’avance la saison, les joueurs et la presse constatent quelques qualités dans le jeu, même si elles ne sont pas accompagnées de bons résultats. On peut se satisfaire des recrutements réussis de Andersson, Étamé, de la régularité des Assadourian, Nadon et Friis-Hansen, et de l’émergence des Leclercq, Dieng et Sibierski. Il n’empêche : Lille flirte avec la zone de relégation. Ainsi, au soir de la 30e journée, après une défaite à Sochaux (0-1), le LOSC est 17e, ne devançant Martigues qu’à la différence de buts. Et à ce moment de la saison, on ne sait pas que Marseille sera relégué. Il y a donc le feu, mais on a l’habitude. Pourtant, Lille joue bien. Quelques jours avant, Lille s’était incliné à Marseille (2-3) malgré de nombreuses occasions en sa faveur. Sibierski, qui a notamment raté un face-à-face avec Barthez, pestait : « c’est pas possible qu’on soit 17e en jouant de cette façon ! On ne doit jamais descendre… ! ».
On touche le fond
Se présente une trêve de 15 jours pour nos Dogues, au repos forcé après leur élimination en coupe de France, à domicile, par Rennes, alors en D2 (1-2 ap). Les Lillois en profitent pour faire un match amical à Saint-Ouen, contre le Red Star. Et là, catastrophe : en-dessous de tout, les Lillois s’inclinent 0-2. De très mauvais augure pour la fin de saison.
Mais le printemps et son renouveau arrivent : le 26 mars, le LOSC accueille Strasbourg. Le jeune Djezon Boutoille est titularisé pour la première fois en D1. 67e minute : le strasbourgeois Marc Keller ouvre le score. Là, ça pue bien. À ce moment précis, le LOSC est virtuellement relégable. Mais seulement pour 4 minutes : à la 71e, Boutoille chipe un ballon à Franck Leboeuf et centre fort devant le but : le défenseur Stéphane Soppo-Din se jette et trompe son propre gardien. On se contentera d’un point. Il reste 7 matches, et si l’avenir reste très incertain, quelques gages de stabilité se dessinent en coulisses.
Ainsi, le 30 mars, le président Marc Devaux organise une conférence de presse à propos des finances du club, qui étaient à l’ordre du jour du conseil municipal mi-mars. Jusque là, le pessimisme prévalait : on annonçait même un dépôt de bilan dans les 15 jours ! Mais le président se montre rassurant : il évoque 34 MF de produits, un peu moins de charges, et un excédent de 3 ou 4 MF au 30 juin. En outre, le LOSC a récupéré 8 MF suite à des litiges avec avec ses « ex » Desmet, Metsu, Gianquinto, Oleksiak et Gardon : voilà la solution !
Bon, il reste un passif de 33 MF à apurer. Pour ce faire, un plan de 5 ans sera présenté courant avril devant la DNCG. Devaux annonce encore 2 années difficiles, notamment pour le recrutement mais, bonne nouvelle, la stabilité, autre objectif du club, semble de mise : « quoi qu’il arrive, Mankowski sera toujours lillois ».
La suite va vous étonner.
3 victoires consécutives !
Le 2 avril, le LOSC s’impose 3-1 à Montpellier (doublé d’Andersson et but de Jean-Jacques Étamé, décisif sur les 3 buts). C’est une belle surprise, qu’il faut désormais confirmer contre un concurrent direct, Caen, 3 jours après. Si Nouma ouvre le score et va stupidement fanfaronner auprès de quelques DVE, Garcia, profitant d’abord d’un lamentable alignement de a défense, puis auteur d’une « papinade », et Andersson dessinent le succès lillois (3-1)
Avec une charnière centrale Fichaux/Decroix efficace, qui a eu pour conséquence de reléguer Dieng sur le banc, et des attaquants enfin buteurs depuis 2 matches, le LOSC a changé de visage. Les joueurs soulignent à quel point la défaite contre le Red Star a servi d’alerte : « il y a eu une prise de conscience générale. Si on ne réagissait pas, on risquait de se retrouver en D2, à jouer toutes les semaines dans des stades vides comme celui de Saint-Ouen » souligne Claude Fichaux. Pour Eric Decroix, « il fallait ressouder le groupe, sinon on allait à la catastrophe ». Jean-Claude Nadon insiste lui aussi sur la franche discussion qu’il y a eue au sein du groupe : « il a fallu le match calamiteux au Red Star, où nous avons touché le fond, pour que se produise cette réaction. Mais il aurait fallu réagir avant. À deux mois seulement de la fin du championnat, c’est dommage ! Le problème ici, c’est qu’on repousse toujours l’échéance, en se disant que ça ira mieux la prochaine fois. On ne tape pas assez sur la table. Tout ce qu’on a pu se dire devait rejaillir sur le terrain et dans le groupe. Par rapport à d’autres équipes, il nous manquait un état d’esprit, comme celui de notre voisin ».
Et, chose rare en ces années-là à Lille, le public a fait la fête ! Après le troisième but, une ola a même parcouru les tribunes. La Voix du Nord écrit : « Grimonprez-Jooris a enfin vécu une vraie, une bonne soirée de football, il a enfin retrouvé un spectacle qu’il croyait enfoui, coulé dans le béton rugueux de sa mémoire ».
Et ce n’est pas fini : à Angers, chez la lanterne rouge, le LOSC renverse encore une situation mal embarquée en gagnant à Angers (2-1) grâce à Andersson et Sibierski, qui inscrit son premier but en D1 d’une tête plongeante. Le LOSC, si mal en point il y a deux semaines, a sauvé sa place en D1, et il reste encore 4 matches.
Emballement général
7 points sur 8 possibles, 9 buts marqués, voilà un spectacle auquel les supporters n’ont pas été habitués. Une nouvelle longue trêve, de 17 jours, se présente : l’occasion de s’emballer autour de ce renouveau lillois.
D’abord, au niveau du jeu : on le disait plus haut, les joueurs et la presse, même quand les résultats étaient moyens, soulignaient les qualités de jeu du LOSC. Fabien Leclercq salue encore le « beau jeu longtemps improductif » de son équipe. Pierre Mankowski le clame : le LOSC a gagné son maintien sur le terrain, et pas grâce à Marseille.
Ensuite, au niveau du public : la Voix du Nord évoque l’« euphorie des supporters » et cette « vague qui fit chavirer Grimonprez-Jooris le soir de la réception de Caen » après « deux matches fantastiques ». Les joueurs eux-mêmes ont du mal à en revenir, comme Fabien Leclercq : « je n’avais jamais connu ça, même lorsque je venais en spectateur, avec ma petite carte de membre actif », Eric Decroix : « ça fait 7 ans que je suis au club, je n’avais jamais vu une ola. J’espère qu’à l’avenir, les gens auront l’occasion de recommencer, ça voudra dire qu’ils apprécient le spectacle », Jakob Friis-Hansen : « c’est la première fois en 5 ans que je vois une ola ».
Enfin, dans ce climat de douce euphorie, Fabien Leclercq ne craint pas d’avancer que la métropole lilloise mérite un grand club. Et pour cela, le LOSC dispose d’un atout, ses jeunes : « une grande équipe, c’est possible ! Nous pouvons compter sur des jeunes de valeurs comme Djezon Boutoille et Antoine Sibierski. D’autres, qui n’ont pas encore joué en D1, seront bientôt prêts ». Les autres, en l’occurrence, ce sont les champions de France Cadets 1989 comme Cédric Carrez, Frédéric Dindeleux ou Joël Dolignon. Les finances étant ce qu’elles sont, et pour plusieurs saisons encore, le salut, la progression, l’avenir, ne peuvent que trouver leur source dans le centre de fomation et la Voix du Nord multiplie d’ailleurs les articles sur Sibierski, Carrez, Dindeleux et Boutoille. Le LOSC a déjà le plus jeune effectif de D1 : voilà qui annonce des lendemains qui chantent. On parle désormais de « plaisir » pour finir la saison, un mot bien peu utilisé depuis de nombreuses saisons : « je pense que les 4 derniers matches seront l’occasion de se faire plaisir et de faire plaisir au public » indique Decroix.
La suite va vous étonner.
Pour combler la nouvelle longue trêve, un nouveau match amical, contre les Belges de Waregem, est organisé. Cette rencontre devrait être l’occasion de faire quelques tests, car pour le prochain match de championnat contre Metz, le LOSC comptera 4 suspendus : Andersson, Dieng, Friis-Hansen et Fichaux. Pour ce match, joué à Grimonprez-Jooris devant 1 500 personnes, Boutoille et Andersson sont en sélection, Bonalair est malade, Leclercq et Rollain sont blessés. Voici donc l’équipe alignée par Pierre Mankowski : Nadon ; Bray, Fichaux, Decroix (Dindeleux 25e), Buisine, Frandsen (Dolignon 46e), Friis-Hansen, Etamé, Sibierski (Borges 46e), Assadourian (Mota 28e), Garcia.
La Voix du Nord indique que le début de match est plutôt intéressant, avec des situations de part et d’autre. L’opposition est « musclée », à tel point que Decroix se casse la clavicule après une mauvaise réception, allez hop : saison terminée ! En revanche, la deuxième mi-temps est à chier, Garcia, Borges et Mota ne profiant pas d’un surnombre (51e), puis Mota, seul, lancé par Bray, frappe à côté (74e). Les Belges ont tout de même récolté 3 jaunes. « Une fois n’est pas coutume, les absents ont eu raison. C’est, en effet, à une succession de passes manquées, que le public de Grimonprez-Jooris a assisté ». Score final : 0-0. Le facétieux Guy Delhaye écrit : « les spectateurs, qui avaient dépensé 0 franc pour ce match à entrée gratuite, en ont eu pour leur argent ». Toutefois, l’essentiel est assuré : les joueurs présents ont joué 90 minutes, y compris les jeunes Dindeleux, dont la progression avait été ralentie à cause d’une fracture à la main, et Dolignon.
Place à la fête !
Surprise : on apprend en marge de ce match contre Waregem que Pierre Mankowski a fait jouer sa clause libératoire, et qu’il fera connaître sa décision d’ici 8 à 10 jours. Dès le 9 avril, dans le « Foot officiel », il déclarait : « après 11 années passées à Caen, au Havre, et maintenant à Lille, j’aspire à autre chose. J’aimerais, comme Artur Jorge, Marc Bourrier et Guy Roux, diriger une équipe capable de viser le haut du tableau. Cette équipe pourrait être Lille ; mais dans l’immédiat, je ne sais pas ce qu’il va se passer dans quelques semaines ». Pour un entraîneur qui, selon le président, devait rester à Lille « quoi qu’il arrive »…
Pour le moment, l’heure est donc au plaisir et à la fête. Le message du président Marc Devaux est clair : « je vais demander aux joueurs de finir sur les chapeaux de roue, pour confirmer le renouveau d’amour entre le LOSC et son public ». Une nouvelle victoire rapprocherait le LOSC du milieu de tableau, et Mankowski « voudrai[t] encore grappiller une place ou deux ». Il aligne alors une équipe offensive, avec 3 attaquants d’entrée de jeu, pour la première fois de la saison : Assadourian, Boutoille et Garcia. Pour compenser les 4 suspensions et l’absence de Decroix, on aura une défense centrale Leclercq/Buisine, et Bonalair et Dindeleux comme défenseurs latéraux. José Bray, rarement présent, sera titulaire au milieu.
6 500 spectateurs ont pris place au stade, ce qui est dans la moyenne basse des affluences de la saison… On va mettre ça sur le compte des vacances scolaires.
En guise de bouquet final, le LOSC va subir une lourde défaite : 0-4 ! Pire qu’un nuage radioactif, précisément 8 ans après l’explosion de la centrale de Tchernobyl. Voilà de quoi rappeler les limites d’un club qui s’est peut-être mis à rêver bien vite. Les Lillois avaient pourtant bien débuté, avec une percée Assadourian/Garcia (15e), mais à la demi-heure de jeu, après un corner dégagé par la défense de Lille, Jean-Philippe Séchet reprend de loin, de l’extérieur du droit, et trompe Nadon. Quelques minutes plus tard, un nouveau dégagement dans l’axe permet à Séchet de frapper en force, du gauche, et de marquer avec l’aide de la transversale. Les Lillois se créent 3 occasions juste avant la pause mais font briller Songo’o. C’est « pas mal » pour la Voix du Nord, mais c’est 0-2… À la reprise, Bonalair, accroché par Gaillot, obtient un pénalty. Notre capitaine depuis quelques semaines tente de se faire justice lui-même, mais Songo’o renvoie encore. Dans la continuité, une tête d’Étamé finit sur le poteau. Au tour de Lang d’envoyer un coup-franc sur le poteau (57e). Les Lillois restent volontaires jusqu’aux 20 dernières minutes, où ils semblent lâcher prise : Leclercq détourne dans ses filets un centre d’Eyraud (0-3, 81e), puis Séchet réalise le triplé en reprenant un centre de Zitelli (0-4, 85e). Deux sauvetages de Nadon puis de Leclercq permettent d’éviter une plus grande déroute au cours de dernières minutes « interminables ».
Retour à l’ordinaire
« Metz a fait la fête » ; « Le LOSC a replongé » titre la presse régionale. Tu l’as dit Bouffi ! Une belle « fessée », comme le dit Jean-Pierre Lauricella. « À chaque fois qu’on le croit guéri, qu’on attend ue confirmation de ses progrès, qu’on sent à nouveau un frémissement de son public, le LOSC gaspille une bonne partie de son crédit, en replongeant dans ses travers les plus criants ».
Comme si le maintien suffisait à son bonheur, le LOSC a perdu l’esprit de corps qui le caractérisait depuis quelques semaines. Finalement, le public a beaucoup applaudi… les Messins, à leur sortie du terrain. Certes, manquaient de nombreux titulaires. Certes, les deux premiers buts viennent de frappes de loin. Certes, le début de seconde période aurait pu tout relancer. Joël Muller, en est bien conscient : « la rencontre aurait pu basculer en un quart d’heure en seconde mi-temps. Nous avons su profiter de l’inexpérience de cette équipe lilloise bien jeune ». Mais comment expliquer la démission collective dans les 20 dernières minutes ? Thierry Bonalair résume bien la situation : « nous étions pourtant dans le coup. À 2-0, nous n’avons pas su réagir et nous avons montré nos limites. Nous avons lâché prise dans nos têtes. Nous ne sommes pas assez costauds. C’est grave, pour des professionnels. Nous n’avons pas le droit de nous laisser aller. Après en telle défaite, on se sent fautifs ». « On n’a pas un effectif suffisant pour remplacer 5 titulaires, regrette Mankowski. Les jeunes, il faut les amener petit à petit, il n’est pas possible d’en incorporer autant ensemble ».
Le LOSC ne fera pas mieux à domicile que l’an dernier (21 points). Pour faire autant, il faudrait battre Auxerre dans deux semaines (spoil : Lille ne battra pas Auxerre). Avec ce 0-4, Lille signe un record : jamais le LOSC n’avait pris autant de buts sans en marquer un seul, chez lui, dans un match de première division. Pour retrouver pire, il faut remonter à 58/59 et une défaite 1-6 contre le RC Paris1.
L’entraîneur est marqué et lâche : « cette défaite gâche un peu la saison ». Le championnat se termine par 3 matches nuls.
On reprend tout à zéro
Cette défaite fait-elle basculer la décision de Mankowski ? Probablement non, mais elle ne l’a pas aidé à changer d’avis. 3 jours après, le LOSC va chercher un nul chanceux à Lyon (0-0). Le lendemain, Mankowski annonce son départ. Lui qui n’était jamais resté une seule année dans un club part donc au bout de seulement quelques mois. « Je sais où je vais » déclare-t-il, sans dire précisément où. On l’annonce à Caen, à Lens, à Strasbourg. La Voix du Nord regrette ce départ, pour deux raisons : d’un côté, des raisons sportives, le quotidien ayant souligné à de nombreuses reprises les progrès de l’équipe ; de l’autre, pour la nouvelle période d’instabilité qui s’ouvre à Lille : « il y a comme un petit goût d’amertume. Non seulement le travail effectué sera classé au rayon des bons souvenirs, mais encore, son départ est mal ressenti par rapport au souhait de tout le monde : stabiliser le club (…) Puisqu’il tire sa révérence, eh bien, on fera comme chaque saison ou presque, on repartira de zéro. Simple question d’habitude. Pour ce qui est de rebondir, le LOSC est champion de trampoline ». Même son de cloche du côté des joueurs, unanimement déçus : « on sait ce qu’on perd, pas ce qu’on aura » (Fichaux) ; « c’est désolant » (Leclercq) ; « voilà 5 ans que je suis là, j’ai l’habitude. Tant que l’on ne trouvera pas une certaine stabilité, nous aurons toujours les mêmes problèmes. On tire toujours sur la corde, un jour elle cassera, et ce sera la mort du club » (Nadon). Idem du côté présidentiel : « j’ai un peu d’amertume et de regrets de ne pouvoir aller jusqu’au but de cette collaboration fructueuse ». Alors, qu’est-ce qui peut bien pousser le coach à partir ? « Je me suis beaucoup plu à Lille, les dirigeants m’ont laissé travailler. Les raisons sont uniquement sportives. Je pars dans un club avec des moyens et des ambitions supérieures ». C’est dur mais clair, et ça nous renvoie à la triste réalité du LOSC de cette époque : les difficultés financières accumulées lors des années précédentes font du LOSC un club peu attractif, qui n’a pas les moyens de retenir, avec tout le respect qu’on a pour lui, Pierre Mankowski, qui trouvera de meilleures conditions de travail à… Caen. Bon, a posteriori, ce choix peut faire sourire, mais les moyens du club normand étaient bien supérieurs à ceux du LOSC : d’ailleurs, Mankowski a embarqué Étamé et Andersson dans sa valise, que le LOSC ne pouvait financièrement retenir. Qui sera le 5e entraîneur du LOSC en 3 ans, après Santini, Metsu, Kasperczak et Mankowski ? Pour le moment, Dos Santos et Heylens tiennent la corde.
Thierry Maton, directeur du centre de formation, s’en va aussi. Pierre Henocq était déjà parti il y a 3 mois, si bien que le centre marche sur une jambe. Le retour de Jean-Noël Dusé est évoqué. On parle aussi de l’arrivée d’un manager général.
Courant mai, les négociations pour trouver un nouvel entraîneur sont menées par Marc Devaux, Alain Martinne et Bernard Lecomte. Dans un premier temps, Marc Devaux semble s’être mis d’accord avec un ancien de la maison : Slavo Muslin, qui serait secondé par Pierre Pleimelding (qui servirait aussi de prête-nom). Et alors que tout semblait réglé avec ces deux candidats très peu gourmands, Bernard Lecomte semble prendre de plus en plus de place dans les discussions. Président du conseil de surveillance du LOSC, il est parfois présenté comme le « double » de Marc Devaux (pour dire les choses rapidement : le conseil d’administration du LOSC avait 2 têtes à cette période). Après un nouveau passage devant la DNCG, Lecomte, en première ligne, écarte Heylens et Dos Santos, ne souhaitant pas « faire du neuf avec du vieux », mais aussi le duo Muslin/Pleimelding. Est choisi le 31 mai Jean Fernandez, entraîneur de Ryad en Arabie Saoudite, et son adjoint Jean-Michel Cavalli. Et cette fois, Bernard Lecomte fait en sorte qu’il n’y ait pas de clause libératoire dans le contrat de l’entraîneur. On se dirige peut-être vers une collaboration de 3 ans : un événement à Lille ! « Espérons, au risque de nous répéter, que le court terme sera désormais rayé, une bonne fois pour toutes, du vocabulaire des dirigeants lillois » insiste la Voix du Nord.
Mais un ultime rebondissement va ponctuer ce printemps : début juin, Bernard Lecomte est annoncé à la tête du club, une mesure qui sera effective le 17. « Pourquoi ? » s’interroge la Voix dans un éditorial en forme de réquisitoire contre la politique sportive et administrative du LOSC. Le changement de présidence est présenté comme un nouveau symptôme de l’instabilité du club et de l’illisibilité de son projet. La mise à l’écart de Marc Devaux « coupable sans doute d’avoir été trop souvent derrière son bureau, prêt à régler des problèmes » est perçue comme un très mauvais signal. Là aussi, depuis 3 ans, les présidents se sont succédé : Guy Lefort, Claude Guedj, Paul Besson ; « disons-le tout net : ce réaménagement technique nous choque (…) vu de l’extérieur, l’épisode sera inévitablement interprété comme un nouveau dérapage tueur de promesses. Et Marc Devaux subit là un revers qu’il ne méritait pas. À quoi bon parler de cohérence, de sérénité retrouvée si on change les hommes et les structures du club à tout bout de champ ? ».
Ainsi s’achève ce printemps 1994 à Lille : débuté sous la menace sportive d’une relégation, scandé ensuite par des espoirs démesurés nés d’une petite série en championnat, poursuivi et achevé dans une réorganisation complète de l’équipe administrative, sportive, et d’un renouvellement important de l’effectif. Si on peut voir dans cette agitation perpétuelle le reflet des espoirs que semble susciter ponctuellement le LOSC, la situation sportive et financière du LOSC devrait d’abord inciter à l’humilité : depuis 10 ans, et pour quelques années encore, à chaque fois qu’il y a eu un semblant d’éclaircie du côté de Grimonprez-Jooris, celles et ceux qui ont cru un peu trop rapidement au printemps du LOSC ont vite été rappelés à la grisaille de son quotidien.
Il faudra patienter encore quelques années.
Note :
1 Si on se limite aux matches joués à Grimonprez-Jooris (depuis 1975), le LOSC avait jusque là encaissé 4 buts (jamais davantage) à deux reprises : 3-4 contre Saint-Étienne en septembre 1981, puis 2-4 contre Monaco en 1988. Par la suite, le LOSC encaissera 4 buts (et jamais davantage !) à 5 reprises : 1-4 contre Lyon en septembre 1994 ; 0-4 contre Auxerre en mars 1996 ; 1-4 contre Monaco en octobre 1996 ; 2-4 contre Strasbourg en février 1997 ; 0-4 contre Montpellier en mars 1997.