Archiver pour janvier 2020
Posté le 27 janvier 2020 - par dbclosc
1950, la première double confrontation entre le LOSC et Chelsea
Et dire que certains ont fait de la confrontation en Ligue des Champions 2019/2020 une affiche inédite…! En mai puis en novembre 1950, le LOSC et Chelsea s’affrontaient pour la première fois.
Le 4 mai 1950, le LOSC reçoit Reims, champion en titre, au stade Henri-Jooris. Il s’agit d’un match avancé de la 33e journée du championnat, qui devait se dérouler dimanche 14 mai. Or, ce jour-là, les Rémois ne seront pas disponibles puisqu’ils disputeront la finale de la coupe de France. Face à des Rémois privés de Penverne, Flarmont et Appel, le LOSC s’impose 4-0 (buts de Vuye 40e, Strappe 48e et 61e, et Vandooren 80e). Mais 3 jours plus tard, le LOSC s’incline à Sochaux, malgré un nouveau but de Jean Baratte (1-3) : dès lors, avec 33 matches joués sur 34, les Lillois sont désormais à 4 points du leader bordelais, qu’ils ne peuvent donc plus rejoindre. Et, cette année, il n’y aura pas de finale de coupe pour se consoler, car l’adversaire des Rémois est le RC Paris, qui a éliminé le LOSC en quarts de finale. Après 5 années consécutives de présence, c’est la première fois depuis la Libération que les Dogues ne jouent pas la finale de la coupe de France ! Mais les dirigeants lillois ont trouvé une autre consolante : dimanche 14 mai à 15h30, le stade Henri-Jooris sera le théâtre d’une affiche amicale entre le LOSC et le Chelsea FC.
C’est une semaine d’honneurs pour le LOSC, puisqu’elle débute le dimanche précédent par la remise à son président, Louis Henno, des insignes d’officier de la Légion d’Honneur (kebab), par l’entremise d’Emmanuel Gambardella, reconnaissable à sa coupe, et président de la Fédération Française de Football Association et du Groupement des clubs autorisés. Assurant que « le LOSC demeurerait un des phares du football français », Louis Henno, dans une ambiance très mondaine, a effectué un bref discours devant 130 convives « dont cent au moins sont des dirigeants sportifs connus et tous aimablement accueillis et répartis par le maître de cérémonie, qui n’était autre que M. Dupont » assure la Voix du Nord1, qui ne se doute pas que « M. Dupont » n’est pas très connu des lecteurs du XXIe siècle.
Revenons à l’essentiel. Il y a bien longtemps que le Nord n’a pas vu une équipe anglaise : avant guerre, l’Olympique Lillois, avant la reprise du championnat, avait eu l’occasion d’offrir à son public un match international. Ainsi, Sunderland, Shieffield Wednesday ou encore Düsseldorf étaient venus au stade Victor-Boucquey, qui ne s’appelait pas encore Henri-Jooris, sinon on aurait écrit Henri-Jooris. Depuis la Libération, sont venus les Young Fellows de Zurich, puis l’équipe de Göteborg mais, selon René Massinon de la Voix du Nord, « le football pratiqué par ces formations, nous devons le reconnaître, est loin d’avoir le même panache que celui des Britanniques dont la technique leur a permis d’être des maîtres en ce sport ». Il paraît qu’à cette époque, parmi les équipes anglaises, seul Arsenal dispute annuellement un match à Paris. La venue de Chelsea, qualifié de « Red Star de Londres », est donc un événement qui permet, à une époque où la coupe d’Europe n’existe que via la première édition de la coupe latine en 1949 (avec 4 participants) de mettre aux prises deux équipes de pays différents et, au-delà, deux cultures, voire deux façons de jouer, dont on se demande si les descriptions journalistiques sont fidèles ou exagérées. Probablement que, en effet, on peut, bien plus qu’à notre époque, déceler des styles de jeu nationaux. Il n’empêche, la lecture systématiquement culturaliste des événements, y compris hors du terrain, prête bien à sourire aujourd’hui. La Voix du Nord et la Voix des Sports se languissent de voir « le visage du football anglais ». L’arrivée de la délégation de l’équipe de Chelsea, vendredi 12 mai, par le train de 16h47 venant de Calais, suscite un grand enthousiasme : ces Britanniques, 12 joueurs et 6 dirigeants, sont « pareils aux collégiens d’un grand orchestre (..) même pantalon de flanelle grise, même cravate aux couleurs du club, même veste bleue marine ornée de l’écusson de Chelsea » ; « dès que l’on entre en conversation avec ces hommes, on est frappés par la discipline qui règne chez eux ». Hé ben on espère que ça fait pas trop mal !
Sur le plan sportif, les différences sont revendiquées par le président du club lui-même : « c’est surtout la technique qui nous distingue », tandis que l’entraîneur, Norman Smith (que la Voix appelle « coach » avec le sentiment d’une immense transgression, comme à chaque fois qu’un anglicisme est utilisé), assure de la spécificité de son organisation tactique : « nous ne connaissons pas très bien le football français. Quant à nous, le WM que nous pratiquons est souple, aéré ; le marquage étant sensiblement sacrifié au bénéfice de l’interception et du placement rationnel ». Jean Chantry, de la Voix du Nord, qui a vu ces « remarquables athlètes » s’entraîner samedi 13, l’assure : « s’ils répondent assez parfaitement à l’image du footballeur britannique, ils brillent essentiellement par leurs qualités techniques. Feintes, amortis, contrôles, précision et frappe de balle sont quasi-naturels chez ces hommes ».
http://www.dailymotion.com/video/x2r2dmf
Accueillie à la gare par les dirigeants lillois, la délégation anglaise file à l’Aubette, siège du club, puis à l’hôtel, avec l’aide de M. Wilson, un anglais, arbitre national en France, qui sera au sifflet lors de la confrontation. Le souper est prévu à 19h, puis départ en groupe au spectacle : « nos amis Britanniques, lorsqu’ils descendent à Paris, filent d’emblée aux Folies-Bergères. À Lille, ils retinrent immédiatement leur place au Casino, où un accueil très chaleureux leur fut réservé ». Le lendemain, samedi, après un entraînement matinal, les Anglais se rendent à Ypres, où sont tombés bon nombre de leurs compatriotes durant la première guerre mondiale. Comme les Lillois, ils sont déjà en vacances, à la différence près que leur championnat est déjà terminé. Chelsea s’est classé 13e en championnat, et a fait bonne figure en coupe, n’étant éliminé que par le vainqueur de l’épreuve, Arsenal (2-2, 0-1, après 240 minutes). Selon la Voix du Nord, les joueurs de Chelsea sont « dignes de l’équipe nationale française. Et Pourtant chez eux, ils ne sont que 13e du championnat. Il est vrai que le dernier de la seconde division anglaise laisserait sur place Montpellier ou Metz ». Allez hop, dans la gueule de Montpellier et de Metz, qui n’ont rien demandé !
La vedette annoncée de l’équipe de Chelsea est l’avant-centre Roy Bentley, « idole de toutes les foules britanniques », malheureusement absent à Lille pour cause de sélection nationale. Mais les talents ne manquent pas : le gardien Harry Medhurst a un jeu « presque parfait » ; Stam Willemse, arrière gauche « possède une technique remarquable » ; John Harrts, le capitaine, est un « joueur complet », international écossais tout comme Campbell Robert, demi « à la technique incomparable » ; Benny Jones possède « un tir puissant des deux pieds » ; en outre, Chelsea peut compter sur Sydney Bathgate, 30 ans, au club depuis ses 16 ans, ou sur Ken Armstrong, qui n’a pas manqué un match depuis 2 ans.
Avant la rencontre, c’est déjà l’heure des festivités : « les joueurs du LOSC ont remis à André Cheuva une magnifique pendulette. Ce geste toucha profondément l’entraîneur losciste. Quant à Jadrejak, depuis 10 ans au même club, il reçut un splendide et énorme briquet de salon ».
Du côté du LOSC, seul Prévost, claqué, est indisponible.
15 000 personnes sont présentes à Henri-Jooris. Voici les compositions :
LOSC
Angel, Van Cappelen, Vuye ; Vandooren, Sommerlynck, Dubreucq ; Walter, Strappe, Baratte, Tempowski, Lechantre
Chelsea
Medhurst ; Willemse, Bathgate ; Amstrong, Harris, Mitchell (puis Dickson) ; Gray, Goulden, Billington, Williams, Jones
C’est Chelsea qui se montre dangereux le premier. Le gardien du LOSC, Pierre Angel, intervient dès la 5e minute pour repousser une frappe de Goulden. Puis deux occasions de Strappe, qui frappe à côté (7e, 12e), promettent un match emballant. Mais en première période, il n’y a pas photo : les Anglais dominent, et sans un excellent Angel, décisif sur une frappe de Williams détournée en corner (30e), sur un « centre-shoot » de Gray (33e), ou encore devant Williams (42e), les locaux seraient menés. Pour René Massinon, chargé du compte-rendu pour la VDN, « la qualité de spectacle est exceptionnelle » et les spectateurs sont « emballés par la maîtrise des Britanniques » : « les Britanniques n’appliquent point le WM avec une rigueur absolue, parce qu’ils misent sur l’interception, sur le remarquable placement de leurs défenseurs et surtout sur la puissance de leur ‘tackling’ ». L’opposition de styles annoncée semble se vérifier, avec des Anglais bien plus techniques, qui se permettent de faire jouer Goulden, 37 ans, car « la technique leur permet de faire voyager la balle vite, de manière précise », face à des Lillois qui misent davantage sur leur rapidité et sur des percées individuelles. Ainsi, après une première période « magnifique », « nettement à l’avantage des Anglais dont la maîtrise étonnait la foule », le score est de 0-0. Car si Chelsea a des « techniciens hors pair », son équipe « se contentait de construire un football qui plut », mais qui n’a pas permis de marquer en dépit de sa domination. On peut imputer une partie de la stérilité offensive des Anglais à l’absence de ses deux grands animateurs de l’attaque, Campbell et Bentley. Si bien que le vent a commencé à tourner dès la fin de la première période.
En effet, à mesure que le match avance, les Dogues développent « conviction et alacrité dans le jeu : le football britannique en fut désorganisé en un rien de temps à la fin de la première période ». Quand les joueurs de Chelsea reviennent sur la pelouse pour la seconde période, « les applaudissements fusaient dans le stade » : fair-play, le public d’Henri-Jooris ? « Il se demandaient ce qu’ils avaient bien pu faire pour mériter de tels encouragements. S’ils avaient su, les pôvres ! ». En fait, le speaker du stade venait d’annoncer le deuxième but de Reims en finale de coupe de France.
En deuxième période, c’est un « LOSC déchaîné en attaque » qui se réveille. Si Billington frappe un coup-franc dangereux, arrêté par Angel (48e), les Anglais sont de plus en plus débordés par « l’interpénétration, c’est-à-dire les dédoublements » des Dogues. Strappe, Lechantre et Tempowski attaquent par les ailes. Seul Walter est bien pris par son « garde-chiourme Bathgate qui ne lui épargnait pas les coups dans les jambes ». À la 53e, Baratte trouve Strappe, qui tire de peu à côté. Chelsea passe alors à une défense de zone, mais les Anglais semblent avoir perdu leurs repères, en laissant seuls, à plusieurs reprises « Baratte et Lechantre démarqués dans une portion de terrain qu’ils n’avaient pas jugé bon de surveiller. Et la pointe de vitesse des Nordistes les désempara ». 58e minute, dernière occasion pour Chelsea, avec un coup-franc tiré par Harris, dégagé en catastrophe par la défense lilloise. Désormais, les vagues offensives lilloises se succèdent.
Medhurst s’interpose devant Baratte
À 20 minutes du terme, les Dogues trouvent la faille : sur un centre de Strappe, Lechantre et Willemse sont surmontés ; la balle arrive au second poteau sur Vuye qui reprend instantanément du gauche et marque (1-0, 70e). Quelques minutes après, Lechantre est proche du break, qui ne tarde pas à arriver : une passe de Lechantre dans l’axe que Baratte laisse filer permet à Tempowski de filer au but, d’éviter la sortie du gardien et d’inscrire le deuxième but des Dogues (2-0, 81e). « Précisons que sur le second but, un bon gardien français n’eut pas été battu : Tempo, ayant réussi à passer Willemse, arrivait seul devant le goal, la balle roulant à un mètre de lui. Un Da Rui eut plongé dans les jambes ; Medhurst sortit en courant et se fit battre à la course par le Lillois, lancé en pleine foulée ». Une minute plus tard, Lechantre frappe sur le poteau ; puis Baratte reprend de volée un centre de Lechantre (3-0, 84e). À l’issue d’une superbe deuxième période, le LOSC s’impose 3-0.
Comme pour mieux mettre en valeur le LOSC, la Voix des Sports et la Voix du Nord insistent surtout sur la qualité de l’équipe adverse, exception faite de sa ligne d’attaque, assez lente, prise par les rapide Van Cappelen et Vuye. Seul se détache le grand Williams « dont la grande carcasse se promena durant les 90 minutes dans tous les coins du ground ». Mais dans l’ensemble, Chelsea a été « très brillant » : « peu soucieux du résutat, les Anglais cherchèrent constamment la beauté de l’action, l’impeccabilité technique, la précision du geste ». Surtout, les journalistes français ont été impressionnés par la pratique du « tackling », une « arme de défense ». Jean Chantry note : « vraiment, les foules françaises ignorent ce qu’est le véritable football. Parce qu’elles ont l’habitude de voir Montpellier, Sète, ou des ‘matraqueurs’ du même acabit, elles ont perdu la notion de la faute volontaire ou de la faute involontaire. Si l’on excepte le bouillant arrière-gauche, aucun joueur de Chelsea ne commit une incorrection. Leur jeu, certes, est rude. Le joueur dribblé tente de reprendre la balle en passant la jambe, mais ne bloque pas le pied de l’adversaire. Les ‘tackles’ ou tentatives de blocage de la balle lorsqu’elle se trouve dans les pieds d’un adversaire, sont empreints d’une certaine force qui, fréquemment, envoie le possesseur du ballon à terre. Il arrive même que les Britanniques bondissent littéralement dans la direction de l’adversaire. Dans les deux cas, c’est le ballon qui est visé, et non les jambes de l’adversaire. Le tackling, principal instrument de défense des Britanniques, surprit quelque peu les Lillois. Mais il ne les déçut jamais car il était pratiqué très régulièrement ».
Ainsi, tout le monde est satisfait de l’opération. « J’aime mieux jouer 10 matches contre Chelsea qu’un seul à Montpellier ou Béziers », déclare André Strappe, qui comme tout le monde en veut à Montpellier. Harris, à qui on demande à quel niveau se situerait le LOSC en championnat d’Angleterre, trouve une réponse qui met en valeur son football national : « facilement aux environs de la 10e place ». Billy Birrell, le manager de Chelsea, met de côté le résultat et préfère affirmer que son équipe était à Lille en démonstration : « les rencontres officielles ont, en Angleterre, un autre caractère d’âpreté ; ici, nous avons cherché à montrer aux spectateurs comment nous jouons bien au football. Nous espérons y être parvenus, et le résultat nous importe peu (…) Lille possède une très belle équipe, elle pratique un excellent football, rapide au point qu’il nous désempara en deuxième mi-temps. Les nôtres construisaient, mais ne terminaient pas l’action ébauchée. Il convient de ne point nous juger d’une manière formelle sur cette rencontre. D’ordinaire, nos avants de pointe sont d’une tout autre valeur. Nous aurons l’occasion de prendre notre revanche, puisque nous recevrons, à notre tour, l’équipe de Lille en novembre ou en décembre... ». Rendez-vous est donc pris : pour la seconde manche, il faudra traverser la Manche !
Une semaine plus tard, le LOSC termine son championnat à la deuxième place, après un nul à Paris (1-1), avant de partir en tournée en Allemagne et d’être enfin en congé mi-juin.
Debout : Angel, Dubreucq, Prévost, Jadrejak, Somerlynck, Carré
Assis : Walter, R. Vandooren, Baratte, Strappe, Lechantre, Cheuva
Photo extraite de l’ouvrage de Paul Hurseau, Soixante ans de football au stade Henri Jooris, 1975
L’intersaison est marquée par les départs de Roger Vandooren au CORT et de Roger Carré au RC Lens. En outre, Joseph Jadrejak prend sa retraite et reprend un café à Saint-André. Arrivent le Néerlandais Van der Hart et l’Argentin Carlos Verdeal, tandis qu’éclosent les jeunes Bieganski, Taisne ou Lefèvre. Cet amalgame donne des performances assez similaires à celles de la précédente saison. Nous sommes au tiers du championnat et le LOSC est deuxième, derrière Strasbourg. Le LOSC vient de jouer à Rennes, ce qui occasionnait la présence des 3 meilleurs buteurs du championnat sur le terrain du Parc des Sports de Rennes (les Rennais Grumellon et Combot, et le Lillois Baratte, tous 3 à 11 buts) : du coup, ça a fait 0-0. Preuve que les Dogues font toujours recette, littéralement : la venue du LOSC a attiré 18 817 spectateurs et le record de la recette à Rennes a été battu (pour info : 3 222 050 francs). Pour la Voix des Sports, si le score est resté vierge, c’est en raison de la pluie qui s’est abattue sur Rennes en deuxième période : « le sol, déjà meuble auparavant, fut plus gluant encore ». C’est après cette rencontre qu’arrive la deuxième confrontation amicale contre les Anglais de Chelsea, le 15 novembre. Chelsea, de son côté, reste sur une belle perf : les Blues ont battu Manchester United 1-0. Ils sont cependant 19e (sur 22).
Les Lillois sont au complet, hormis Walter, qui souffre d’une entorse. La délégtion du LOSC, composée de 50 personnes, rejoint Londres en 6 heures. La traversée en bateau jusque Folkestone a été un baptême de l’eau pour quelques-uns des Dogues, baptême un peu nauséeux pour certains, ainsi que le raconte Jean Chantry : « la mer, assez houleuse, provoqua chez Lechantre quelques malaises, tandis que Vuye, Angel et Dubreucq, qui n’ont pas le pied marin, durent gagner le pont supérieur, où l’air vif du large leur évita de ‘laisser l’appétit à la mer’ ». L’arrivée en gare de Londres-Victoria offre une belle surprise : un large comité d’accueil notamment composé de « sympathiques joueurs de Chelsea » et, cerise sur l’Hitoto, la « délicieuse Sylvie Saint-Clair », célèbre actrice, animatrice et chanteuse de l’époque, dunkerquoise d’origine.
De gauche à droite : Dubreucq, Baratte, Saint-Clair, Harris, Poitevin
Photo issue de l’ouvrage de Patrick Robert : 1944-2014, L’album anniversaire, 70 photos originales, Hugo Sport
« À peine étions nous débarqués à la gare Victoria qu’une armée de photographes vêtus dans le plus pur style dandy britannique et naturellement coiffés du traditionnel melon fixaient pour la postérité cette reprise de contact entre clubs anglais et français sur le sol britannique ». La venue du LOSC en Angleterre n’est pas un événement moindre que la venue de Chelsea à Lille quelques mois plus tôt : un seul autre club français est venu ici depuis la fin de la guerre, mais à en croire la presse régionale, ça ne compte pas : « hormis un insignifiant voyage du Havre AC, qui joua contre une formation de 3e division, il y a 2 ans, aucun club français n’était venu en Grande Bretagne depuis la Libération ». Décidément, ces Anglais sont très bien éduqués, à l’instar de Harris qui « nous ayant reconnu, s’en vint spontanément nous serrer la main ». Les deux délégations échangent quelques amabilités, et Dubreucq arbore dans un premier temps une « mine réjouie » lorsque Harris l’informe de la blessure de Williams, « ce grand diable d’inter qui avait emballé le public nordiste ». Mais il déchante vite : son remplaçant est Bentley, qui n’avait pas joué à Lille pour cause de sélection. Il est considéré comme la Rolls des attaquants et, à ce titre, comme un redoutable adversaire : « ‘enfin, on verra bien !’ déclara philosophiquement le Lambersartois ».
Stamford Bridge impressionne l’envoyé spécial de la Voix : « comparé à bien des stades français, c’est une merveille : 50 000 places, tant pour les matches de football que pour les courses de lévriers qui passionnent une foule de parieurs et font chaque fois le plein ». Les installations dernier cri du stade « ont étonné les Lillois : dans chaque vestiaire on trouve des salles d’hydrothérapie ; le chauffage est électrique et les instructions communiquées par haut-parleur ».
Devant les 10 000 spectateurs de Stamford Bridge, voici la composition des équipes :
Chelsea FC
Pickering ; Bathgate, Hugues ; Armstrong, Harris, Mitchell ; Dyke, Campbell, Billington, Bentley, Gray
LOSC
Angel ; Van Cappelen, Vuye ; Dubreucq, Poitevin, Somerlynck ; Strappe, Meerseman (puis Tempowski) Baratte (puis Mersemen), Verdeal, Lechantre
C’est le scénario inverse du match aller. Cette fois, le LOSC débute très bien, notamment en attaquant par son côté droit : Strappe, Meerseman, Baratte, appuyés par Dubreucq, combinent à merveille et utilisent, comme à Lille, l’arme du redoublement que les Anglais semblent ne pas maîtriser. Baratte, dès la 6e minute, seul, frappe à côté. Ainsi, durant la première demi-heure, le LOSC « n’a rien à apprendre » des Anglais : « nous avions peine à le croire. Et pourtant, ces joueurs au maillot chevronné rouge et blanc étaient bien les Lillois qui manoeuvraient avec autorité sur la pelouse glissante du Chelsea FC. Baratte, Meerseman, Strappe, se riaient du marquage britannique, désaxaient la défense, par des permutations (peu pratiquées par les Britanniques), se ruaient dans les espaces libres, tandis que le bloc arrière, grâce à un excellent placement, étouffait la majeure partie des attaques. Dubreucq, Van Cappelen, Poitevin, Somerlynck même, réussirent certains dribbles ou contrepieds qui leur valurent les applaudissements d’une foule extrêmement ‘sport’, sensible à la beauté du spectacle, fût-il donné par des Français (…) seul le shoot, cette arme britannique, laissait à désirer ». Et en effet, si les Dogues font le spectacle, les tirs sont Anglais, si bien qu’« Angel réussit des parades transcendantes qui lui valurent de nombreux applaudissements » : aux 2e, 5e et 15e, il repousse brillamment les tentatives de Billington. À la 14e, suite à une charge du même Billington, il reçoit un coup dans l’oeil et se foule le pouce droit : après ce match (qu’il termine), il sera absent 6 semaines. Dans la foulée, sur un centre de Dyck, c’est Gray qui ouvre la marque pour les Anglais (1-0, 16e). À partir de la demi-heure, la supériorité du jeu collectif anglais s’affirme : hormis une belle action Verdeal/Barratte/Strappe à la 30e, les Lillois ne procèdent alors plus que par des actions individuelles, notamment grâce à un Strappe « très à l’aise ». Progressivement, Verdeal est dépassé par la rapidité des mouvements de jeu, son jeu devient « terne », « et tout le côté gauche (Somerlynck surtout) en souffrit ». à la 34e, « Lechantre perce, dribble arrières et goal mais ne peut empêcher la balle de sortir » : c’est la dernière action dangereuse des avants lillois. Juste après, Bentley trouve le poteau d’Angel (38e). C’est la pause et Chelsea, qui est monté crescendo, mène 1-0.
Bentley domine Dubreucq et Van Cappelen
Mis à rude épreuve physique, les Lillois, auteurs pourtant d’une belle entame, se désorganisent. Victime d’une déchirure, Baratte est contraint de sortir à la pause : il est remplacé par Tempowski, qui prend la place de Meerseman, qui prend la place de Baratte. Il y a un « déséquilibre dans l’équipe de Lille, plus lente dans sa conception » ; « tout en se dépensant bien moins, les Anglais obtenaient un rendement nettement supérieur, car ils ne gardaient jamais la balle et la font progresser par déviation de trajectoire vers un partenaire qui n’a pratiquement aucun effort à faire pour la capter, tant la passe est précise ». En somme, la confrontation permet de nouveau d’opposer deux styles de football nationaux : les Anglais jouent collectivement alors que « les Français attendent trop d’un partenaire chargé d’organiser le jeu (…) Alors qu’en France les joueurs se démarquent lorsqu’un partenaire est entré en possession de la balle, les Britanniques anticipent constamment, se démarquent avant que le partenaire ait contrôlé. Mais leur technique est telle qu’ils peuvent se permettre pareilles anticipations. Un seul contrôle raté par Harris lui valut une sévère observation de Smith ». Jean Chantry, quant à lui, profite de la pause pour se goinfrer : « thé et cakes nous ont été offerts. Ne cachons pas que ces coutumes nous ont paru fort courtoises et agréables ». Tu m’étonnes !
La seconde période repart sur les mêmes bases : les rares incursions lilloises dans le camp anglais sont toutes « bloquées par des arrêts corrects, mais très secs » : c’est encore l’application du fameux « tackling anglo-saxon » qui a tant impressionné en mai ! « Verdeal, dont les échappées balle au pied paraissent chez nous un trait de génie ne fit jamais plus de 20 mètres sans avoir été chargé (et de quelle manière!) par les défenseurs anglais. Hargneux, il eut d’ailleurs plusieurs discussions qui se terminèrent par un vigoureux ‘shakehands’, après intervention de l’arbitre ». Devant, Bentley fait forte impression : « sa finesse de jeu et son travail de construction sont de beaucoup supérieurs à ceux de Williams à Lille ». Logiquement, Armstrong double la mise : « profitant d’une remise en touche, il courut en pointe et reçut le balon alors que les défenseurs nordistes s’appliquaient à pratiquer le marquage individuel ». Pas trop réussi le marquage individuel apparemment ! Puis Bentley lobe Angel, sorti à sa rencontre (3-0). La dernière occasion du match permet à Angel de briller une ultime fois en détournant sur le poteau un tir de Gray.
La Voix du Nord souligne que la presse britannique s’étend très peu sur cette rencontre. Mais elle ne manque pas de mentionner l’excellente performance de Pierre Angel, dont les interventions au poing (et d’un seul poing, souligne-t-elle) ont impressionné les journalistes britanniques : « il stoppa de nombreux shoots qui étaient des modèles de puissance et de précision (…) Bentley, réputé en Angleterre pour la puissance de ses reprises de volée, nous assura qu’il avait rarement vu un keeper aussi talentueux ».
Ainsi s’achève cette parenthèse européenne. Chelsea profite d’un goal-average favorable pour se sauver in extremis en fin de saison (20e sur 22), tandis que le LOSC termine la saison à la deuxième place, devancé par Nice au goal-average. Mais comme le champion niçois décline l’invitation à la Coupe latine, c’est le LOSC qui s’y colle et qui retrouve un adversaire étranger dès juin 1951.
Premier rang : Walter, Strappe, Baratte, Verdeal, Lechantre
Deuxième rang : Meerseman, Dubreucq, Poitevin, Somerlynck, Van Lent
Troisième rang : Angel, Van Der Hart, Ben Amar, Van Cappelen, Prevost, Vuye, Piatek
Photo extraite de l’ouvrage de Paul Hurseau, Soixante ans de football au stade Henri Jooris, 1975
1 Sauf indication autre, les citations, extraits et documents reproduits ici sont issus de La Voix du Nord et de La Voix des Sports.
Posté le 20 janvier 2020 - par dbclosc
Un LOSC atom-Yzeure
Après une ultime victoire en championnat à Nice (0-3) puis une qualification en coupe de France à Strasbourg, les filles du LOSC ont bien terminé l’année civile. Avec 21 points sur la phase aller, le LOSC s’est placé 5e, avec un écart conséquent sur les 6e, mais également une distance assez grande avec la tête du championnat. Si Rachel Saïdi a annoncé en début de saison qu’on ferait les comptes à la trêve afin de fixer les objectifs, on ne peut pas dire qu’une telle position nous éclaire davantage : Lille est loin d’être largué, mais le Havre est assez loin… Donc continuons d’avancer et on verra bien.
Les joueuses ont ensuite bien commencé l’année 2020, avec une qualification pour les huitièmes de finale de coupe de France obtenue contre Orléans la semaine dernière (2-0)
Voici donc le début de la phase retour. Notre adversaire aujourd’hui : l’Allier, bien que cela puisse paraître paradoxal. Yzeure, dans l’Allier, dont le club a terminé 3e de sa poule l’an dernier. À l’aller, en septembre, pour son premier déplacement, le LOSC est allé chercher un nul (1-1). Depuis, les filles d’Yzeure (de bonne aventure), en D1 de 2008 à 2014, se sont affirmées comme des valeurs sûres du championnat, à la 3e place, avec la deuxième défense (9 buts encaissés) et la deuxième attaque (30 buts marqués), avec en prime la meilleure buteuse de la poule (Ribeyra, 14 buts). En revanche, en coupe, l’aventure s’est terminée la semaine dernière, après une défaite contre Montpellier (1-6). Yzeure vient donc ici avec de l’ambition (et des minibus, pour le plus long déplacement de la saison), remporter une 6e victoire consécutive en championnat, ainsi que l’indique le coach Dominique Morabito dans un article de La Montagne intitulé « Le FF Yzeure ne doit pas perdre le Nord, dimanche, à Lille » (original) : « je pense qu’on a un groupe pour jouer la montée, on est toujours dans le coup, mais avec notre retard, on n’a pas le choix, on doit gagner ». Bon ben nous aussi alors ! Il faut dire que nous n’avons pas l’intention de regarder dans le rétrovYzeure.
Comme Luchin est occupé cet aprem et que l’annexe du Stadium ne peut pas nous accueillir en raison d’un problème de tribune, le LOSC reçoit sur le terrain municipal de Camphin-en-Pévèle, qui n’a pas de tribune.
Petite ambiance champêtre du dimanche. Affluence assez faible en dépit du renfort de quelques supporters d’Yzeure. Il fait beau et il fait 5°, mais « en ressenti » c’est à peu près -5°.
Côté effectif, Marlyse Ngo-Ndoumbouck, Emeline Saint-Georges et Caroline La Villa sont toujours indisponibles. Bonne nouvelle : retour de Laëtitia Chapeh, qui avait repris il y a quelques jours avec la R2. Elle est titulaire au poste d’arrière-droit et fait du coup augmenter la moyenne d’âge du 11 de départ d’environ 14 ans. En défense centrale, on note la titularisation de Mégane Jacaton, comme la semaine dernière contre Orléans. Julie Dufour est sur le banc.
Sur la feuille de match, une seule Demeyere mais, « en ressenti », il y en a 5.
On commence à 14h29
3e Première grosse occasion pour le LOSC avec Silke Demeyere qui récupère un ballon à 20 mètres, évite une adverse et se retrouve seule face à la gardienne, qui sort vite. Silke est sur son pied droit mais parvient à frapper, et la gardienne dévie en corner.
Le corner est repoussé mais revient sur Aurore Paprzycki, dont la frappe est déviée par la gardienne grâce à une belle claquette. C’est encore corner, et cette fois Paprzycki tire directement dans le petit filet. Ça démarre fort !
5e Beau travail de Silke Demeyere au milieu, qui transmet à Maïté Boucly à gauche. Elle perd le ballon mais le récupère aussitôt et avance vers le but, sans grande opposition. À 20 mètres, elle arme du gauche, et la gardienne, qui s’appelle Alizée Nadal, se détend pour détourner en corner !
Le corner est frappé est deux temps et termine par une tête de Frémaux aux 6 mètres, mais il y avait hors-jeu.
9e « Bien vu l’arbitre, ça change de d’habitude ! ». Un spectateur – dont nous tairons le nom – a l’air très en forme.
12e Oulà, belle faute de Laëtitia Chapeh sur une cheville adverse, l’arbitre ne donne qu’un coup-franc.
13e Un nuage passe au-dessus de nos têtes. Logiquement, il y a alors moins de lumière et, après avoir pris le soleil dans la figure, on croirait même à une éclipse.
17e Interception de Maïté Boucly au milieu de terrain, qui transmet à gauche à Mouchon, qui relaie avec Demeyere. Ça arrive finalement sur Agathe Ollivier qui envoie un centre-tir qui termine sur le haut de la transversale.
18e Encore une belle combinaison des Lilloises (qui penchent fort à gauche en ce début de match), avec Ollivier, Demeyere et Mouchon. Le centre de Noémie cherche Elisor au centre, qui est devancée : corner.
Le corner est frappé directement par Paprzycki, ça frappe la transversale et ça ressort !
21e Boucly trouve Mouchon à gauche, très disponible. Sa frappe est contrée, puis et récupérée par Elisor qui marque, mais en position de hors-jeu, donc ça ne compte pas gneugneugneu.
23e Silke Demeyere, à qui il faut attribuer de suite un ballon d’or pour son début de match tonitruant, trouve Noémie Mouchon en profondeur, à l’angle de la surface de réparation. La gardienne sort vite et détourne en corner la frappe. Peut-être qu’en étant un peu plus vicelarde, il fallait tenter le dribble pour chercher le pénalty…
Le corner est tiré par Demeyere, la gardienne repousse sur Boucly, à 10 mètres, qui reprend de suite, poteau rentrant ! Eh ben il est mérité celui-là, 1-0 pour le LOSC !
26e On n’a pas encore vraiment repris le jeu car juste après l’engagement, Paprzycki s’est blessée sur un contact. On reprend par un coup-franc tiré par Frémaux, dévié de la tête vers l’arc ce cercle par Elisor sur Boucly, seule au point de pénalty, qui ajuste du gauche : 2-0 !
Eh ben il est mérité aussi celui-là, 2-0 pour le LOSC !
32e Les Lilloises maîtrisent joliment leur sujet. Il y a un circuit Ollivier-Demeyere-Boucly très efficace, pendant qu’Aurore Paprzycki se fait plaisir en bourrinant dans une joueuse adverse déjà à terre, Cynthia Gueheo, la plus en vue des Yzeuriennes.
33e Attaque d’Yzeure, alors qu’il est 15 heures : la 18 trouve la 14 à droite, qui frappe du droit : Elisa Launay se couche et capte sans problème. C’était la première frappe des visiteuses.
34e On s’enhardit en face : cette fois, Gueheo, à peu près dans la même position que sa coéquipière, frappe au-dessus.
Voilà la pluie, mélangée à une espèce de grêle. Il ne manquait plus que ça : on avait évité les intempéries depuis le début de saison. Grêle générale ! Rem-bour-sez-nos-invitations !
37e On signale, à une trentaine de mètres des buts lillois, une joueuse d’Yzeure, la 8, qui arme son tir avec beaucoup de conviction puis qui se ravise à cause d’un faux rebond.
39e Perte de balle de Chapeh et petite mésentente avec Jacaton à proximité de la surface, mais on s’en sort sans dommage.
40e Demeyere sert Boucly. Son centre depuis la gauche est repris par Mouchon, qui ouvre trop son pied, ça passe à côté.
42e La n°8 d’Yzeure est par terre, ce qui fait dire à un facétieux spectateur – dont nous tairons le nom : « on gagne du temps, les Blancs ! »
43e Toujours à gauche, toujours Ollivier-Demeyere-Boucly-Mouchon, ça finit en touche mais c’était bien.
45e + 2 Centre de Chalmet depuis la droite. La défense lilloise est mal alignée, Ribeyra se jette au 6 mètres mais envoie au-dessus. Ça, c’était une bonne occasion, tant pis pour elles !
Mi-temps sur ce score de 2-0. Vite, filons à la buvette pour nous réchauffer ! Très belle première période des Lilloises, qui dominent et jouent bien. Avec 3 occasions franches et 2 transversales dans le premier quart d’heure, on aurait pu se dire que c’était le genre de match qui sentait la poisse, mais les filles ont ensuite marqué coup sur coup, et c’est largement mérité, tant on voit de belles combinaisons, notamment sur le côté gauche, et tant c’est solide derrière, avec une belle perf’ de Mégane Jacaton, et le retour de Laëtitia Chapeh, solide. Silke Demeyere et Maïté Boucly brillent. Ça a été un peu moins intense en fin de période, mais pas de quoi s’inquiéter outre mesure.
15h33 C’est reparti Paprzycki ! Et bonne nouvelle : il ne pleut plus.
46e D’entrée, carton jaune pour la n°7 d’Yzeure. Didier, qui arrive avec 30 secondes de retard et n’a rien vu à l’action, réclame un rouge. Après tout, d’autres – que nous ne citerons pas – se sont abondamment servis en bière à la pause (et avant le match aussi) !
Tiens, mon œil attentif observe que la n°10, Mélanie Chalmet, qui jouait arrière droite en première période, est désormais passée arrière centrale. Il y a sûrement d’autres changements de postes, mais ma méconnaissance des joueuses yzeuriennes m’empêche de donner de plus amples informations.
50e Festival de Silke Demeyere, qui sert Mouchon à droite. Sa frappe trop molle est captée par Nadal.
Carton jaune dans la foulée pour Aurore Paprzycki.
52e Noémie Mouchon, à droite, centre dans l’axe à ras de terre où se trouve Aurore Paprzycki, à 22 mètres, qui envoie une super frappe détournée en corner par la gardienne !
53e Corner pour Yzeure. Le ballon passe devant le but et, au second poteau, la 26 reprend à 8 mètres et il semble que ce soit dégagé sur la ligne par Jacaton.
55e Grosse séquence de passes de la part de nos adversaires, et ça aboutit à un face-à-face dans l’axe entre Ribeyra et Launay : excellente sortie de notre gardienne, qui repousse !
58e Bon, ce n’est pas la même équipe qu’en première période du côté d’Yzeure : elles ont désormais largement la possession et se sont déjà créées deux occasions nettes. Elles se trouvent désormais facilement et il en faudrait de peu pour que ça tourne. Là, un coup-franc tendu depuis la droite est dégagé par Frémaux.
60e Toujours Yzeure à l’avant, avec la 3 et la 26 côté gauche. Finalement, le ballon arrive dans l’axe sur la 18, mais c’est en plein milieu du but, Launay capte.
Attention, une raie géante survole le terrain !
61e Cette fois, c’est la 11 qui enroule du gauche à l’entrée de la surface, toujours sur Elisa.
68e Mouchon part de son camp mais il n’y a pas grand monde devant elle (notez que cette situation se présente souvent aux avant-centres). Après un temps d’hésitation, elle fonce, déborde son adversaire et se retrouve seule face à la gardienne après ce rush de 50 mètres, mais sa frappe est renvoyée par Nadal. Le plus dur était pourtant fait, mais on ne va pas lui reprocher un manque de lucidité après un pareil effort. Le jumeau du but d’Hazard contre Gênes en 2009, ce sera pour plus tard.
70e Sortie de Mouchon, entrée de Dufour
71e Faute là sur Demeyere, pas sifflée ! Avantage, avec Dufour qui file vers le but pour son premier ballon, efface une adversaire, et frappe juste à côté !
75e La 3 d’Yzeure est de notre côté, et elle va sortir. Didier a les mots pour la réconforter « bah c’est pas grave, vous gagnerez la prochaine fois ! »
À sa place est entrée une joueuse en attaque qui porte des lunettes telles qu’on peut en voir dans les piscines. Si c’est pour faire des plongeons dans la surface, on la voit venir !
Bon, on subit moins depuis 5-10 minutes.
81e Du côté d’Yzeure, Mélanie Chalmet semble péter un plomb toute seule, il faut qu’une de ses équipières la calme. Mais elle va encore râler sur l’arbitre, et reçoit un jaune. Elle en a pris 8 en 16 matches la saison dernière, c’est pas mal.
82e Cette fois, c’est jaune pour la 2.
Petite inattention dans la défense lilloise, Ribeyra est en bonne position mais place au-dessus.
83e Sortie de Paprzycki, excellente, et qui aurait mérité un but, entrée de Charlotte Sawaryn.
86e Belle ouverture d’Elisor vers Dufour, devancée d’un rien par la gardienne, qui dégage en touche.
Salomé Elisor termine le match en position plus défensive que d’habitude, et il semble qu’elle récupère pas mal de ballons. Y a un truc à creuser là.
88e Nouvelle faute de Chalmet sur Demeyere. L’arbitre lui donne raison en disant que c’est « dans le jeu », donc elle n’aura pas de second carton (pourtant, Julie Dufour a bien insisté, de même que quelques personnes dans le public). À la prochaine faute, elle risque de finir dehors.
90e Nouveau duel Chalmet/Dufour. Elle nous a dit un truc pas gentil-gentil, et c’est encore une de ses coéquipières qui lui demande de se taire.
90e + 1 Ultime percée de Dufour, qui sert Boucly, qui arme à 20 mètres : au-dessus.
90e + 3 C’est terminé sur cette victoire 2-0, pendant que Mélanie Chalmet se plaint à un des membres de son staff en montrant du doigt un groupe de spectateurs – dont nous tairons les noms. Là où elle n’a pas eu de chance, c’est qu’elle était côté droit en première période (donc de notre côté), et arrière centrale en seconde, avec un bloc assez haut (donc à peu près à notre hauteur). Allez, sans rancune, d’autant qu’elle a fait un bon match, au demeurant.
Une première mi-temps de haute volée, une seconde plus poussive et gestionnaire. Très bonne opération pour les Lilloises, qui reviennent à un point de leurs adversaires du jour. Et mauvaise opération pour Yzeure, qui en gagnant aurait pu rejoindre Le Havre en tête. Car c’est aussi une bonne nouvelle cet après-midi : Le Havre a perdu à domicile contre Thonon-Evian (0-2), tandis que Saint-Etienne a fait match nul à Nice (0-0), donc le LOSC est toujours 5e (24 points) mais grignote un peu et revient à 6 points de la première place. Dans la mesure où le niveau de l’équipe semble aller crescendo (hormis l’accident havrais), sait-on jamais…
Prochain rendez-vous le week-end prochain avec un déplacement à Grenoble, tandis qu’il y aura un Yzeure/Le Havre sur lequel on jettera un œil.
À domicile, rendez-vous le 2 février à 14h30 pour la coupe de France, contre Dijon (à Luchin) !
Les résumés des matches précédents :
LOSC/Evian : Rentrée du LOSC, 3 bons points
Lille/Grenoble : à la fin, c’est Lille qui gagne !
LOSC/Vendenheim : Rhin à signaler
Arras/LOSC : Au Nord, c’est Lille le patron
LOSC/Saint-Etienne : Des Vertes et des Lilloises bien mûres
LOSC/Le Havre : Gros hic contre le HAC
Notre interview d’avant saison avec Rachel Saïdi
Posté le 14 janvier 2020 - par dbclosc
Comment le LOSC s’est fait piquer Jean Oleksiak par l’ASSE
Les coups bas entre clubs pour s’arroger les meilleurs jeunes ne datent pas d’hier.
Datent-ils de 1955 ? Pour ce qui concerne le LOSC, c’est fort possible. L’histoire du club est régulièrement marquée par des conflits financiers entre joueurs et dirigeants : rappelons-nous les conditions du départ de François Bourbotte en 1946, la prime de victoire en coupe de France 1947 jugée trop faible par les Dogues, le fait que les Lillois faillirent ne pas se présenter à la finale 1948 pour une autre histoire de prime, ou encore la sensible augmentation de salaire obtenue par les joueurs en 1949-1950. Cependant, ces tensions n’étaient « que » losco-loscistes et ne concernaient « que » l’effectif professionnel. En juin 1955, le LOSC inaugure son premier conflit contractuel avec un autre club, au sujet d’un jeune espoir qu’il convoite : Jean Oleksiak, 20 ans, milieu de terrain de Bruay-en-Artois.
Né en Seine-et-Marne, Jean Oleksiak grandit dans le bassin minier, où travaille son père. Début juin 1955, c’est un événement quand, devant la « Taverne d’Artois » à Bruay se poste une Citroën Traction avant (avant quoi ?). À son bord : un dirigeant du LOSC et le secrétaire du club, M. Stien. Les rejoignent quelques minutes après M. Bohec, président de l’Union Sportive de Bruay, un de ses joueurs, Jean Oleksiak, et son employeur, Marcel Botteaux. La discussion s’engage et, rapidement, un accord est conclu, et un contrat aurait même été signé : Jean Oleksiak jouera au LOSC en 1955/1956.
Sauf qu’en 1955-1956, Jean Oleksiak est Stéphanois ! Alors, que s’est-il passé ? Quelques jours après la visite de la délégation lilloise, le secrétaire de l’ASSE, accompagné de François Wicart, arrière droit des Verts et natif de Bruay, histoire de jouer sur la fibre sentimentale, se présentent à leur tour à Bruay. « Plaidant habilement leur cause et employant les arguments que l’on devine », écrit Jean Chantry de La Voix du Nord, ils parviennent à persuader Jean Oleksiak et son père de la nullité de leur engagement à l’égard du LOSC, et lui font alors signer un autre contrat, officiellement enregistré auprès du Groupement, ancêtre de la LFP. Le LOSC s’est bel et bien fait berner, et tout à fait légalement !
Voici le point réglementaire valable à l’époque : les clubs professionnels peuvent faire enregistrer auprès du Groupement un maximum de quatre contrats dits de « non-sollicitation ». Cela signifie que le joueur qui signe un tel contrat (ou son père, si le joueur est mineur – notez que l’astuce avec la famille Oleksiak, c’est que Jean est mineur – la majorité est à 21 ans -, et le père est aussi mineur, ahah – et je mets encore un trait si je veux) est susceptible d’être engagé par le club professionnel. Quand le contrat est envoyé au Groupement, celui-ci en informe les autres clubs professionnels, qui ont alors l’interdiction de solliciter le joueur : c’est la « non-sollicitation ». Sauf que, écrivions-nous, seuls 4 contrats de ce type par clubs sont possibles. Et le LOSC en a déjà 4… Ils ont été signés avec Wanègue (Raismes), Koenig (Salzbourg), Karpinski (Lomme) et Gorzewski (Giraumont). Dès lors, si le LOSC a signé un contrat avec Jean Oleksiak, il est impossible qu’il ait pu légalement le faire enregistrer… Il avait l’intention de temporiser, le contrat de Gorzewski arrivant à expiration le 1er juillet : il aurait alors pu s’y substituer. Autre solution envisagée : faire signer Oleksiak comme stagiaire.
Mais les dirigeants de Saint-Etienne, manifestement bien informés (« soit par la presse, soit par leur informateurs patentés et rétribués ») ont très rapidement vent des pourparlers LOSC/Oleksiak et tiennent le raisonnement suivant, imaginé par la Voix du Nord : « Lille a utilisé ses 4 contrats. Il ne peut donc avoir engagé officiellement Oleksiak. Allons voir cette affaire d’un peu plus près, car si Lille agit de la sorte, le jeu doit en valoir la chandelle ».
De retour de Bruay, l’ASSE, qui n’a donc probablement pas ses 4 contrats de non-sollicitation, fait officiellement enregistrer Oleksiak auprès du Groupement. C’est donc par une banale lettre que le LOSC apprend qu’il s’est fait avoir ! La Voix du Nord rapporte que « le téléphone a tinté entre Lille et la cité forézienne. Les Lillois ont l’intention de se défendre avec énergie, et estiment – à juste raison – que les Stéphanois n’ont pas respecté la plus élémentaire correction ». Morale subjective contre l’objectivité du droit et son interprétation, ce différend a quelques points communs avec le cas Gignac en 2007. Il existe un « comité d’honneur » chargé de trancher les litiges issus d’un « manquement à la parole donnée ou les agissements déloyaux », mais nos recherches ne nous ont pas permis de savoir s’il avait été saisi. Toujours est-il que Jean Oleksiak est bel et bien Vert en 1955 alors que « personnellement, il préférait venir à Lille » selon le journaliste.
Avec les Verts, Jean Oleksiak marque dès sa première sortie avec les pros, face à Nancy, puis lors de son premier match en D1 le 4 décembre 1955 contre Bordeaux. Il remporte le titre en 1957 et joue la coupe Latine en juin 1957, prenant part au match pour la 3e place contre le Benfica Lisbonne (perdu 3-4). Il est également le premier buteur de Sainté en coupe d’Europe à Geoffroy-Guichard contre les Glasgow Rangers en 1957, en Coupe des clubs champions..
L’ASSE 1957/1958. Jean Oleksiak est accroupi, 2e en partant de la droite, à côté de Bernard Lefèvre.
Moins bien : Jean Oleksiak a inscrit 2 buts en championnat contre Lille, et un en coupe de France. Fort heureusement, il inscrit 4 buts en championnat pour le LOSC, quand il y revient pour la saison 1963/1964, ce qui lui permet de faire partie de ces joueurs qui ont un solde de buts positif avec le LOSC après avoir renversé la vapeur. Il remporte également un titre de champion de D2 avec le LOSC.
Accroupi, 2e en partant de la gauche
De 1991 à 1993, son fils Thierry, futur adjoint de Galtier, jouera au LOSC, et lui y inscrira 2 buts (sans avoir marqué contre le LOSC préalablement). Pour plus d’infos sur le père et son fils, on vous renvoie à cet article de décembre 2018 sur le site du LOSC !
Posté le 9 janvier 2020 - par dbclosc
Le coup de barre du LOSC
Le 24 mai 1959, le LOSC reçoit Nîmes au stade Henri-Jooris. Le piètre résultat (0-0) condamne le LOSC à la D2. C’est la deuxième relégation en 3 ans : un déclin durable après la glorieuse décennie d’après-guerre. Ce coup de barre est symbolisé ce jour-là par un incident : une barre transversale cède en plein match.
Après une décennie de trophées nationaux, le LOSC est en sérieuse perte de vitesse. Déjà en 1955, malgré une cinquième coupe de France, il avait fallu passer par les barrages pour se maintenir en championnat ; la sanction tombe en 1956 : le LOSC en D2, c’est la chute d’un monument. Mais les Dogues remontent immédiatement et signent même une belle 6e place en 1958. Ce sont malheureusement les derniers soubresauts du club avant plusieurs décennies de turbulences, marquées par des montées, des descentes, et bien souvent le ventre mou comme ambition.
En cette fin mai 1959, les Lillois sont bien mal en point : ils sont 18e, relégables avec 28 points. Devant, ils peuvent encore doubler Nancy, Lens (29 points) et Limoges (31 points) – la victoire est à 2 points. Alès et Marseille sont déjà condamnés. Rien d’insurmontable, mais 4 équipes descendront en D2… Or, c’est Nîmes qui se présente, deuxième, à 4 points du leader, Nice. Mathématiquement, les Crocodiles peuvent donc encore décrocher le titre, même si la différence de buts par rapport aux Aiglons leur est très défavorable (+35 contre +45).
Comment en est-on arrivé là ? Les Dogues marquent beaucoup, mais ils encaissent encore plus : déjà 75 buts concédés, dont 13 par le seul RC Paris (1-6 à Henri-Jooris, et 2-7 là-bas). 5 à Limoges, 4 à Reims, contre Rennes et Saint-Etienne… Les quelques coups d’éclat à domicile (5-0 contre Limoges, 6-1 contre Valenciennes) et les 17 buts de René Fatoux ne peuvent compenser un parcours chaotique, avec seulement 8 points pris à l’extérieur. Pour la première fois, le LOSC a changé d’entraîneur en cours de saison : André Cheuva, qui était sur le banc pour la 13e saison consécutive, a été remplacé en décembre 1958 par Jacques Delepaut, lui-même ancien joueur du LOSC. Insuffisant, pour le moment, pour redresser la barre.
D’ailleurs, Lille, quelle que soit l’issue de cette saison, va de nouveau changer d’entraîneur : un accord de principe a été trouvé avec Jules Vandooren, qui d’ailleurs assistera au match. Il semble par ailleurs que cette nouvelle saison décevante signe la fin de l’ère Louis Henno. Nous y revenons en fin d’article.
Jacques Delepaut et Jules Vandooren
(Photographies extraites de l’ouvrage de Paul Hurseau et Jacques Verhaeghe : Olympique Lillois, Sporting Club Fivois, Lille OSC, coll. Mémoire du Football, Alan Sutton, 1997)
Les Nîmois, entraînés par Kader Firoud, sont intraitables à domicile et ont déjà gagné 8 fois à l’extérieur. À l’aller, les Crocos ont gagné 3-0. Autant dire que ce ne sera pas une partie du plaisir face à une équipe que la Voix du Nord qualifie de « rapide et volontaire (…) Nîmes va très vite, pousse ses attaques à fond et donne généralement le ton par son football de mouvement et d’engagement physique total ». Mais il y a une petite lueur d’espoir pour le LOSC : Nîmes est privé de 3 de ses titulaires : Henri Skiba qualifié de « multiplicateur », Bernard Rahis et André Schwager.
Kader Firoud fut joueur (1948-1954) puis entraîneur (1955-1964 ; 1969-1978) du Nîmes Olympique. Avec 782 matches sur le banc, il est seulement devancé par Guy Roux au nombre de matches dirigés en D1.
Le LOSC joue donc une partie « capitale, sinon décisive », estime la Voix du Nord : « s’il veut se sauver – et c’est encore très possible – il faut absolument remporter les deux dernières rencontres ».
Voici les équipes annoncées :
Il fait très beau temps. 7 642 personnes ont pris place dans les tribunes d’Henri-Jooris, et M. Devillers donne le coup d’envoi. Les Dogues réalisent une belle première mi-temps : ne manque que l’efficacité. C’est même une succession de maladresses que vont présenter les Lillois, qui attaquent principalement par la droite car l’arrière gauche Nîmois (Charles, pas annoncé par la VDN) est un amateur « loin de la force de ses partenaires Lafont et Bettache ». Chaque attaque sur ce côté est une menace, et Rozak, le gardien des Crocos, a « 10 fois plus à s’employer que son vis-à-vis Van Gool ». C’est d’abord Devlaminck, bien servi par Clauws, qui tente un lob qui termine à côté ; puis Heutte, servi par Bourgeois, tombe sur Rozak. On ne compte pas les occasions lilloises : Devlaminck de la tête, à côté (16e), Heutte qui manque un face-à-face (20e), un retourné de Devlaminck arrêté par le gardien (30e), un centre-tir de Viaene mal estimé par Rozak que le demi-droit dégage en catastrophe (36e), une nouvelle tête de Devlaminck au dessus (38e), une frappe de Bourgeois sur Rozak (41e), puis Devlaminck, toujours maladroit (44e). En face, privé de 3 attaquants, les Nîmois présentent une « ligne offensive plutôt boiteuse » ; il n’empêche : « Akesbi, fin joueur à la technique excellente, aurait pu être très redoutable s’il avait été mieux appuyé ». On s’en rend compte quand il envoie une demi-volée que Van Gool dévie en corner (21e), ou quand il inquiète encore le gardien lillois (45e). Auparavant, Van Gool avait également repoussé un tir de Emilio Salaber.
À la mi-temps, c’est 0-0, et ça ne fait pas les affaires du LOSC, incapable de profiter des handicaps de Nîmes, amputé de son attaque qui ne vaut que par Akesbi. La maladresse des attaquants lillois saute aux yeux : « Devlaminck était réputé, à juste raison, pour son habileté dans les reprises de la tête. Dimanche, il les manqua toutes, expédiant à côté ou au-dessus des balles qu’en d’autres temps il aurait facilement placées au fond des filets ». Rozak, quant à lui, est « excellent », multipliant « parades et plongeons dans les pieds de ses adversaires ». Les spectateurs devisent sur l’issue du match. Roger Boury, joueur de Lens, est présent, et dit, à propos des Dogues : « s’ils ne gagnent pas ce match aujourd’hui, ils n’en gagneront jamais d’autre ».
Jules Vandooren, qui a l’air de bien rigoler, et Pierre Klès en tribunes
La deuxième période reprend sur un tout autre rythme. Les Lillois paraissent découragés, tandis que les Nîmois semblent se contenter d’attendre : « les Nîmois, n’espérant probablement plus rejoindre les Niçois à la première place, semblèrent jouer sans grande conviction. Les Lillois non plus d’ailleurs, et c’est bien triste ». Au déluge d’occasions de la première période succède une partie monotone, qui s’enfonce dans un profond ennui. Jusqu’à l’heure de jeu, où une séquence inattendue va réveiller le public.
Devlaminck botte un corner. Le ballon, rentrant, est dangereux pour le gardien, qui renvoie du poing et offre un nouveau corner aux Dogues. Mais Rozak est mal retombé : il faut dire qu’il a eu la mauvaise idée de se suspendre avec son autre main à la barre transversale de son but, qui a cédé. Impossible de continuer à jouer dans ces conditions ! Le terrain est investi par les officiels, qui regardent le but avec circonspection. Que faire ?
L’initiative vient du « brave Max », concierge du LOSC, qui tente une réparation de fortune avec des planches, opération que la VDN qualifie d’ « antiréglementaire ». Mais cet arbitre-là a l’air de valider le procédé.
Seulement, « lorsqu’on éprouva la réparation, la barre craqua de nouveau ». Il faut trouver une barre de remplacement, et Henri-Jooris n’en a pas. Quelle stade, d’ailleurs, à cette époque, en possède une ? Une délégation se rend illico au stade Guy-Lefort de Lambersart, à quelques dizaines de mètres de là, pour voir si l’Iris Club n’aurait pas une barre à prêter. Bonne nouvelle : on a trouvé une barre !
« Le public était en joie. Un spécialiste commanda la manœuvre, et tandis que l’on jouait de la masse pour desceller la barre , les spectateurs scandaient le mouvement :’ oh hisse ! Oh hisse !’ ». Au bout de 34 minutes de joyeuse interruption, l’opération était terminée, et une nouvelle barre, plus mince mais intacte, était en place.
Devant un public hilare, les Dubreucq se font la courte échelle pour remettre le filet en place
Une barre et ça repart : le match reprend. Dans la lignée du début de seconde période, c’est un festival d’approximations : « lorsque le jeu put reprendre, les maladresses se multiplièrent des deux côtés : mauvaises passes, tirs imprécis, lenteur d’exécution ». Les seuls moments d’intérêt consistent à savoir, quand le ballon approche le but nîmois, si Rozak va remettre ça. Il faut attendre les 5 dernières minutes pour que les Dogues se créent d’ultimes occasions, mais ni Heutte, sur une passe de Bourgeois (85e), ni Clauws (87e), ni Devlaminck (88e) ne parviennent à marquer le but de l’espoir. Le match se termine sur le score de 0-0. Avec les autres résultats de la journée, le LOSC est condamné à la D2.
Pour la Voix du Nord, les meilleurs à Lille ont été : Zamparini, Nowotarski, Clauws, Viaene ; à Nîmes : Bettache, Lafont, Bariaguet, Rozak, Akesbi.
Rozak s’interpose face à Viaene
La Voix du Nord regrette les nombreuses occasions manquées par le LOSC : « les loscistes ont eu, au cours de la partie, des occasions de but comme rarement on peut en avoir. Ils les gâchèrent toutes (…) On ne peut certes reprocher aux Lillois de n’avoir pas lutté, mais ce ne fut pas avec la foi, l’enthousiasme, que nécessitait leur situation ». Jules Vandooren, futur entraîneur des Dogues, pointe les lacunes de l’équipe : « ils ne savent pas changer de rythme ! C’est comme une voiture qui n’aurait qu’une seule vitesse ». Et même Kader Firoud, l’entraîneur de Nîmes, souligne que ses Crocos étaient prenables : « on n’aurait jamais cru que l’équipe lilloise jouait le match de la dernière chance, et pourtant ma formation, excepté en défense, ne tournait pas rond ! »
Finalement, heureusement que l’épisode de la barre a égayé la rencontre, et permet de voir descendre le LOSC avec un petit sourire. La VDN ironise : « on n’a pas idée de jouer les Tarzan quand on pèse 87 kg et quelques hectos ! », tandis qu’André Guilcher souligne toute la maladresse de son équipe : « pas étonnant que ces barres ne résistent pas. Nous les fatiguons tellement en shootant dessus à l’entraînement… ! »
Il n’empêche : cette descente est bien la fin d’une époque. Le LOSC termine la saison une semaine plus tard avec une nouvelle et lourde défaite : 0-3. 78 buts encaissés, c’est encore à ce jour la pire performance de son histoire. Le crédit obtenu depuis 1944 s’effrite progressivement. Lundi 26, la lettre de démission de Louis Henno est arrivée au secrétariat du club. C’était dans l’air depuis un moment : « Louis XIX » a fait son temps. Le club accuse un déficit de 45 à 50 MF. Il faudra se séparer de nombreux joueurs, sans garantie de pouvoir recruter. Le jour-même, le comité directeur accepte la démission et nomme Pierre Klès, tandis que Henno ne sera plus « que » président d’honneur, bien en retrait. Au cours d’une brève cérémonie, la Voix du Nord indique que le LOSC a opéré une « véritable révolution et a fait table rase de tous les principes qui régissaient le club jusqu’alors », dans une salle où « des escouades de coupes et des fanions » rappellent au club sa « gloire passée ».
Posté le 1 janvier 2020 - par dbclosc
Essais non transformés : quand le LOSC plaquait les joueurs
Durant les années 1990, le LOSC a mis à l’essai de nombreux joueurs au cours des mercatos estivaux, notamment en attaque. Cela a permis de faire connaissance avec pas mal de joueurs dont on n’a ensuite plus jamais entendu parler.
Ca vous dit quelque chose ces vieilles photos d’équipe de matches amicaux, avec la présence de joueurs dont on est bien incapable de retrouver l’identité ? On se demande alors : « Doukisor ? » Fameuse question que les habitué.es de l’allée du Petit Paradis ont maintes fois prononcée. La réponse venait après quelques semaines, pour le meilleur et pour le pire. Du moins, pour les joueurs qui étaient effectivement recrutés. Car nombreux sont ceux qui n’ont fait qu’un bref passage au centre d’entraînement ou n’ont participé qu’à un match amical : ce sont les joueurs « mis à l’essai ».
On comprend que la méthode soit un peu vexante, puisque d’autres joueurs ont la possibilité de signer un contrat sur le champ sans qu’il ne faille vérifier préalablement leur niveau : ainsi, Patrick Collot nous avait relaté sa première impression quand on lui avait demandé de venir faire un essai à Lille en 1995. Au-delà des impressions individuelles qu’elle génère, la pratique est surtout symptomatique des moyens relativement limités du club qui y a recours. Loin d’être une coquetterie ou un bizutage, la mise à l’essai est surtout, du point de vue de l’employeur, une élémentaire prudence : puisqu’on ne peut recruter que des joueurs sans contrat ou, éventuellement, acheter à bas coût (ce qui ne signifie pas « acheter en Azerbaïdjan »), le droit à l’erreur est assez nul. Ce qui n’empêche pas d’en user allègrement, vous allez voir ça.
En l’occurrence, en épluchant la presse estivale des années 1990 (pas avec un économe hein), années marquées au LOSC par un recrutement largement encadré et contrôlé par la DNCG, on voit apparaître progressivement une évolution dans le football, désormais banale : la reprise de l’entraînement (généralement fin juin) ne coïncide plus avec la présentation de l’effectif définitif, comme c’était le cas par exemple encore en 1987, année de l’arrivée de Christophe Galtier, où toutes les recrues étaient connues. Par conséquent, l’été est progressivement scandé par des allées et venues, départs, recrues, mises à l’essai, et rumeurs plus ou moins farfelues, avant que l’effectif ne prenne sa forme (à peu près) définitive à la clôture du mercato fin août. On remarquera que les Yougoslaves ont la côte, bêtement la côte. La victoire de Belgrade en coupe d’Europe est dans les mémoires, et s’y trouvent probablement des joueurs peu chers, mais il y a une espèce d’obsession à trouver là-bas la perle rare.
Très rapidement, voyons ce qu’il en est en 1990 et 1991.
En 1990, le président Claude Guedj annonce une enveloppe « transferts » de 9 à 12 MF. Comme l’indique justement la Voix du Nord, « on ne va pas loin avec ça ». Rapidement, deux Danois arrivent, puis Fiard, Cervetti, Reuzeau, Brisson, Fichaux et Assadourian. Mais on a vu apparaître la « très sérieuse piste Frédéric Pons » (Toulon), et d’autres rumeurs faisant état des négociations de Bernard Gardon, directeur sportif, avec Jean-Pierre Cyprien (Le Havre), Robby Langers (Orléans) et Marc Keller (Mulhouse).
En 1991, on voit apparaître un premier joueur mis à l’essai : il s’agit de Christophe Avril, arrivé fin juin, qui doit attendre plusieurs semaines avant que son transfert ne soit officiellement annoncé. Sinon, on annonce en vrac les arrivées possibles du Niçois Pascal Gastien , du Toulousain Jean-Philippe Delpech, du Sévillan José Mel (« un avant-centre à la Papin »), du Bulgare Jordanov, ou des Parisiens Amara Simba et Oumar Sène. Bref, ça cafouille, et la Voix du Nord ne manque pas de pointer avec ironie le travail de Bernard Gardon, auquel on ne comprend pas grand chose. Absent lors du premier match de la saison à Marseille, il a droit à ce commentaire :
1992 : Chérif Oudjani
Lors de l’été 1992, on reparle de Simba, mais aussi d’un retour d’Eric Péan, et de la venue de Daniel Bravo. Mais là encore, aucun de ceux-là ne viendra. Viendront Mota, Borgès et N’Diaye, qui permettent, après 14 journées, de porter le total de buts du LOSC à…5. Arrive alors une trêve internationale, que le LOSC comble en partie en jouant un match amical à Amiens (D2). Le LOSC aligne Chérif Oudjani, qui a réussi quelques belles saisons en D1 jusqu’en 1990 (on note par exemple qu’il a inscrit au cours de sa carrière 6 buts contre le LOSC, avec Lens, Laval, le Matra Racing et Sochaux). Et Lille s’impose 1-0 grâce à un pénalty de Chérif Oudjani.
Cependant, il n’est pas conservé, et le joker lillois sera Pascal Nouma. Pour se venger, Oudjani nous mettra un dernier but, en D2 avec Wasquehal.
1993 : Zoran Stojadinovic et Jean-Christophe Cano
La saison qui s’est achevée fut pour le moins médiocre : 26 buts marqués, une 17e place 1 point devant l’USVA, tensions dans l’effectif, changement de présidence, changement d’entraîneur, Pascal Nouma… Il faut tourner la page, et (re)construire l’attaque : Nouma et N’Diaye repartent de leurs prêts, tandis que Brisson, Mota et Borgès quittent le club. De la ligne d’attaque, ne reste qu’Assadourian. Qui recruter ? On évoque Fabrice Divert (Montpellier), mais le fameux mythe de « l’attaquant étranger » a meilleure côte : voici la rumeur Marc Van Der Linden (La Gantoise), ex-international Belge. Finalement, deux attaquants étrangers viendront faire un essai (tandis que le Français, Clément Garcia, signe de suite) : Kennet Andersson et Zoran Stojadinovic. Si on connaît désormais bien le premier, dont on sait que l’essai s’avérera concluant, on connaît bien moins le deuxième. Et pour cause : l’essai concluant de l’un a entraîné l’échec de l’essai de l’autre.
Stojadinovic est un ancien joueur de l’Etoile Rouge de Belgrade, avec qui il fut deux fois champion de Yougoslavie ; ancien du Rapid de Vienne (1986-1988), avec qui il fut deux fois champion d’Autriche, et meilleur buteur du championnat autrichien en 1988 (27 buts). On le retrouve ensuite en D2 espagnole, à Majorque, puis à l’Antwerp, où il ne joue que deux matches en 1990-1991, puis à La Corogne, où il joue peu.
Le premier amical de la saison, à Linselles contre Beauvais, met en valeur Andersson, qui signe un doublé. C’est presque déjà trop tard pour Stojadinovic, à l’essai dans l’effectif suite à ce match… 4 jours plus tard, à Péronne contre Amiens, Stojadinovic n’est même pas aligné, et le Suédois, qui manifestement a déjà convaincu, marque encore. Il faudra quelques jours pour confirmer le transfert, mais Andersson est Lillois pour la saison 1993/1994. L’émergence de Sibierski et de Boutoille achèvera de constituer l’attaque des Dogues.
En défense, on évoque un temps le Stéphanois Sylvain Kastendeuch, déçu que Laurent Blanc ait signé chez les Verts. Mais lors de ce premier match à Linselles, on note la présence de Jean-Christophe Cano, qui d’ailleurs ouvre la marque contre Beauvais, avant le doublé d’Andersson. Il a déjà effectué une semaine de préparation avec l’effectif au Touquet. Arrière gauche, venant de Marseille. Il joue ensuite contre Amiens et la Voix des Sports indique qu’il est « l’un des joueurs les plus en vue » et qu’il « devrait signer dans les heures qui viennent ». À l’heure actuelle, il n’a toujours pas signé. Il semble qu’une blessure juste avant le challenge Emile-Ollivier ait contrarié les plans.
1994 : Jonathan Sogbie et Bernard Ferrer
Encore une saison laborieuse s’est achevée, même s’il y a eu davantage de spectacle et qu’une éclaircie au printemps a emballé tout le monde. Cette fois, l’entraîneur n’a pas été viré, il part de lui-même face au manque de moyens : un progrès dans les relations de travail. La période des transferts est elle-même moins agitée, le nouvel entraîneur, Jean Fernandez, parvenant à faire signer rapidement Christian Pérez et Roger Hitoto, puis Arnaud Duncker un peu plus tard, tandis que la confirmation (Sibierski, Leclercq) ou l’émergence de jeunes (Carrez, Dindeleux, Boutoille) dispense de certaines problématiques. Cependant, on cherche quand même un attaquant. Lors d’un stage à Clairefontaine, on apprend la présence d’un « attaquant d’origine africaine » (sic). Queques jours sont nécessaires pour apprendre qu’il s’agit de Jonathan Sogbie, joueur de Lausanne, international libérien. Il n’aura fait qu’un bref passage. Quelques jours après, à Bourbourg, un match amical entre le LOSC et Dunkerque accouche d’un prometteur nul (2-2). Le deuxième buteur lillois est Bernard Ferrer, sur pénalty. Milieu offensif gauche, il a une carrière correcte en D1. Il interrompt son essai quand il reçoit une offre d’un club de D2 : l’OM, où il jouera la coupe de l’UEFA.
Debout, deuxième en partant de la gauche
1995 : Goran Bozovic, Didier Rabat, Miladin Becanovic, Hysen Zmijani, Juan Andres Larré
1995, l’un des plus beaux mercatos du LOSC, qu’on a relaté en partie ici. Outre les rumeurs, qui annonçaient déjà du lourd (Czernatinski de Malines, Viscaal de Gand, Clément-Demange de Wasquehal, Sénac de Bordeaux, Fofana de Bordeaux, Mège de Nice, Priou de Cannes, Séchet de Metz), ce sont pas moins de 7 joueurs qui sont venus faire un essai cet été-là. Deux d’entre eux sont restés : Patrick Collot et Franck Pingel. On revient sur le cas du Danois après. Et, donc, les 5 autres sont partis. Qui sont-ils ?
Tout d’abord, le Monténégrin Goran Bozovic. Difficile de trouver des infos sur lui, si ce n’est qu’il est libéro, qu’il mesure 1,95m, et qu’il a joué au Buducnost Podgorica. Il participe au premier match de préparation de la saison contre l’UNFP, et la Voix du Nord souligne : « Bozovic parut très à l’aise en couverture ». Il prend ensuite part au tournoi de Neuve-Maison, près de Nancy. La « bonne prestation du tandem défensif Meszoly-Bozovic » n’empêche pas la défaite face au Slovan Liberec (0-1) ; un nul contre Beauvais (0-0) achève ce beau tournoi, et Bozovic fait encore bonne impression. Alors, on le garde… ? On le garde encore le temps d’un match amical, contre Charleville, avec un nouveau festival offensif (0-0) : cette fois, la « charnière centrale Meszoly-Bozovic est impressionnante » ! Jean Fernandez dit de Bozovic : « celui-là, c’est Primorac ! » . Finalement, Fernandez ne le retient pas : face aux manques criants de son attaque, il préfère recruter devant, et de préférence un étranger, possiblement hors CEE : or, si Bozovic est recruté, le quota de 3 joueurs hors CEE sera déjà atteint. Exit donc, celui qui avait pourtant convaincu, sur le terrain, l’entraîneur et la presse.
Derrière, est également essayé l’Albanais Hysen Zmijani. Qualifié de « bon technicien qui sent le jeu » par Fernandez, c’est un arrière droit, qui peut également jouer milieu défensif. À 32 ans, il est champion dans différents pays, ce qui impressionne à première vue, mais ces pays sont l’Albanie (1983) et l’Arabie Saoudite (1995). Tiens donc, l’Arabie Saoudite ? Ce sont Jean Fernandez et Jean-Michel Cavalli qui l’on fait venir à Al Nasr Ryad, Jean-Michel Cavalli l’ayant même précédemment entraîné à Ajaccio. Il joue contre Charleville et fait bonne impression : pas suffisant pour le garder.
Au milieu : Juan Andres Larré est testé. 27 ans, ancien international uruguayen, il a même participé à la coupe du monde 1990. Il vient de Montevideo, mais a précédemment évolué à Niort et à Ajaccio. C’est donc un joueur que connaît, là aussi, Jean-Michel Cavalli. Il est qualifié de « relanceur ». Selon Fernandez, « On en a manqué l’an dernier, surtout à l’extérieur ». Il se relancera finalement à Angers.
Alors, quel attaquant ? Didier Rabat a passé quelques jours dans le Nord en juillet 1995. Frère de Thierry, qui vent de signer (et frère de Franck, moins connu, mais qui a aussi fait sa formation à Toulon), il a débuté en fanfare en D2 (12 buts en 1985/1986 avec Limoges), avant de connaître la D1 au PSG, puis d’alterner entre D2 et D3. Au moment de son essai à Lille, il vient de quitter Lyon-Duchère et est libre. Jean Fernandez n’envisage pas d’en faire l’avant-centre titulaire : il n’en parle que comme « joueur de complément ». Il n’est pas conservé, et saura s’en souvenir en contribuant activement aux 6 points pris par le Sporting Club de Toulon contre le LOSC lors de la saison 1997-1998. Que de souvenirs !
Le gros dossier du mercato, c’est le Danois Frank Pingel. Mis à l’essai début juillet au tournoi de Neuve-Maison, il fait peine à voir, mais on lui prête bien des qualités. Après 3 matches et zéro but marqué, il signe tout de même au LOSC : le début du championnat est proche. L’arrivée de Simba lui donne un coup de pouce : au cours du challenge Emile-Olivier, ça ne se passe pas trop mal, et Lille offre un meilleur visage avec son nouveau duo d’attaque. Puis, lors du dernier match amical contre Amiens, les Dogues battent Amiens 2-0 grâce à deux buts de son Danois.
En surpoids, peu à l’aise techniquement, il est reparti dès septembre… alors même qu’on n’aurait peut-être dû ne jamais le voir. En effet, dès le premier match amical du LOSC, contre l’UNFP, un autre Monténégrin que Bozovic était présent : Miladin Becanovic, un attaquant qui évolue à Hiraklis Salonique, où il a inscrit 15 buts en 55 matches (sur deux saisons). Entré en jeu après la pause, Becanovic s’illustre immédiatement en marquant 2 fois en l’espace de 10 minutes. La voix du Nord salue sa prestation : « assez rapide, bon technicien et ayant le sens du but, le Monténégrin semble posséder les qualités pour devenir le buteur qui fait défaut au LOSC depuis le départ de Kennet Andersson ». Et pourtant, on ne le reverra pas, en tout cas pas tout de suite : les négociations sont trop difficiles, et le joueur est trop cher. Il part au bout de 48 heures et prend la direction de Nantes, qui doit remplacer Patrice Loko. Là aussi, l’essai n’est pas concluant. C’est finalement le 15 septembre que Miladin revient, en tant que joker. Jean-Michel Cavalli, qui a remplacé Jean Fernandez, déclare : « c’est un buteur dont la rage de vaincre et la jeunesse devraient nous servir. Dragan Dzajic, que j’ai connu à Bastia, m’a donné de bons renseignements. J’ai également eu quelques contacts avec des gens qui l’ont connu en Grèce et récemment avec Robert Budzinski. Becanovic est resté une dizaine de jours à Nantes et je crois savoir qu’on regrette, là-bas, de ne pas l’avoir pris ». Becanovic marquera son seul but de la saison en championnat quelques jours plus tard.
1996 : Martin Bietek, Vladan Lukic, Milan Stojanovski, Marco Dittgen, James Cantero, Cyril Aloïsio, un jeune étudiant
Simba et Becanovic n’ayant pas fort brillé en 1995/1996, les problèmes offensifs restent d’actualité, et d’autant plus que le meilleur buteur du club sur ces deux dernières saisons, Antoine Sibierski (7 puis 9 buts), est parti à Auxerre. On parle d’un Serbe de l’Etoile Rouge de Belgrade, Petar Puaça ; du Lensois Joël Tiéhi ; ou d’un Ukrainien, Victor Belkin. Eux ne viendront pas. En revanche, nous avons la visite de Martin Bietek, un attaquant Camerounais de 19 ans, qui vient apparemment de Breda (Pays-Bas) après être passé par le Brésil (ce qui fait un sacré détour). Il a été sélectionné en A dès l’âge de 16 ans, l’année où il remporte le championnat du Cameroun avec 27 buts en 27 matches. Sa réussite précoce ne s’est pas confirmée. Finalement il partira à Vérone.
Mi-juillet, à Linselles, le LOSC affronte Harelbeke, avec une attaque Djezon Boutoille/Milan Stojanovski. Ce dernier est Serbe, et il est arrivé la veille du Proleter Zrenjanin, club de la banlieue de Belgrade. Le score final (0-0) ne joue pas en sa faveur. La voix du Nord ne se mouille pas : « il n’a pas totalement réussi l’examen de passage, mais il a laissé entrevoir quelques possibilités », et Cavalli non plus « il a des qualités mais c’est encore trop juste pour se prononcer ». Il est remplacé en seconde période par Becanovic, qui montre un tout autre visage que celui affiché en 1995/1996 : « bien plus affuté physiquement que la saison passé, il apporta un plus indéniable dès son apparition sur la pelouse », si bien que la question de l’avant-centre va désormais se poser différemment. En tout cas, exit Stojanovski, mais on continue à prospecter.
Vladan Lukic est un attaquant Serbe, qui est mis à l’essai lors du challenge Emile-Ollivier. Après une défaite contre Wasquehal aux tirs aux buts, Lukic entre en jeu au cours du match pour la troisième place, contre Dunkerque. Le LOSC s’impose largement (5-1), avec un but de Lukic. Mais il n’est pas gardé pour autant. Il signera finalement à Metz en 1997, où il inscrit quelques buts, avant de quitter précipitamment la Moselle pour rejoindre l’armée Serbe de Milosevic.
À une semaine de la reprise, le LOSC joue un dernier match amical, contre le champion d’Europe parisien, à Grimonprez-Jooris. En attaque : Marco Dittgen, Allemand, qui arrive des Young Boys de Berne. Dans les buts : Cyril Aloïsio, doublure de Valencony à Nice. Score final : 0-4. Un avis sur les joueurs, Jean-Michel Cavalli ? « Avec le budget dont nous disposons, il n’y a pas de miracle ! ». Sympa ! Encore deux qu’on ne reverra pas.
Fin août, aors que le championnat a déjà commencé, un dernier attaquant pointe son nez à Grimonprez : James Cantero. Il a la double nationalité argentine et espagnole, a 29 ans, et vient du Mexique où il vient d’inscrire 19 buts. Il n’a pas convaincu. Enfin, la Voix des Sports nous apprend dans son édition du 26 août 1996 la venue d’un nouveau joueur à l’essai, dont nous n’avons pas l’identité, mais ça a l’air d’être du lourd : « à noter qu’un jeune étudiant étranger, basé à Paris, va faire un bout d’essai, après avoir été recommandé au LOSC ».
Finalement, en septembre, c’est un joker, Franck Renou, qui viendra compléter l’attaque lilloise.
1997 : Christophe Vialet, Jean-Luc Vannuchi puis Seo Jung-Won (mercato hivernal)
Nouvelle division, nouvel entraîneur, nouveaux essais. Au cours de cette intersaison 1997, les Lillois reprennent par un match amical au Mans, que Thierry Froger vient juste de quitter. À l’essai : Cédric Anselin et Carl Tourenne, ainsi que deux gardiens, pour trouver une doublure à Jean-Marie Aubry : Bruno Clément, de Monaco, et Christophe Vialet, de Martigues, qui a précédemment joué à Brive avec Laurent Peyrelade. Ce petit monde est reconduit pour le deuxième amical contre La Louvière avec, en plus, la présence de Jean-Luc Vannuchi, arrière gauche de Guingamp.
Carl Tourenne séduit immédiatement et signe un contrat de 3 ans. Pour Anselin, handicapé par une petite blessure, c’est ok aussi mais un peu plus tard. Pour Vannuchi, c’est non. Quand aux cages… « cela fait deux fois que les gardiens n’ont rien à faire », déplore Froger. Du coup, ce sera Bruno Clément.
Enfin, au cours du mercato hivernal, et alors que Thierry Froger cherche un nouveau joueur sur une ligne offensive déjà bien fournie, la Voix des Sports du 12 janvier 1998 nous apprend que le Sud-Coréen Seo Jung-Won, qui vient alors de signer à Strasbourg, aurait très bien pu porter le maillot lillois puisqu’il est venu faire un essai au LOSC lors de la semaine précédente. Milieu offensif rapide, il a joué la coupe du monde 1994 avec son pays et devient, avec le club alsacien, le premier joueur coréen à évoluer dans le championnat de France. Sa première demi-saison semble correcte au niveau des stats, puisqu’il inscrit 4 buts en 12 matches : cela lui permet d’être de nouveau sélectionné pour la coupe du monde en France. Mais en 98/99, il disparaît des radars : seulement 4 matches. Et le Belge Van Der Heyden est finalement recruté (sans essai).
1998 : Oscar Vallée puis Neném (à l’automne)
Alors que l’on cherche un arrière central d’expérience (Kombouaré ?) et un gardien (Nadon ? Boumnijel ? Valencony ?), le LOSC recrute d’abord Frédérik Viseux et Olivier Pickeu. Le LOSC cherche un arrière gauche : après un stage à Samoëns, pour son premier match amical, Lille se rend à Amnéville pour affronter Metz, vice-champion de France. Thierry Froger aligne Oscar Vallée, arrière gauche espagnol, et le teste de nouveau pour les deux matches du challenge Emile-Oliver 1998, dernière édition à ce jour. Insuffisant : c’est finalement Mohammed Camara qui occupera le poste.
Durant l’automne, alors que l’entraîneur lillois est désormais Vahid Halilhodzic, le Brésilien Neném passe quelques jours à l’entraînement. Il sera engagé au cours du mercato hivernal, et laissera un souvenir teinté de mystère.
1999 : Ludovic Mary
Ludovic Mary, arrière gauche prêté par Nantes, est présent à la reprise. Mais, deux semaines plus tard, il est déjà reparti : « mauvaise condition physique » selon Halilhodzic.
En revanche, signe que le club a davantage de moyens, ou que ses dirigeants ont désormais le nez creux, le LOSC teste trois autres joueurs lors de l’été 1999, et les trois sont recrutés : Didier Santini, Fernando D’Amico, et Eric Allibert.