Archiver pour février 2020
Posté le 27 février 2020 - par dbclosc
Sachy dans la colle
En 2000, après une défaite 0-2 à Lille, le gardien sedanais, Nicolas Sachy, a des propos peu amènes à l’égard du LOSC. Probablement déçu à chaud, Sachy écrit quelques jours après dans la Voix des Sports et fait amende honorable. Une polémique en soi pas très intéressante et vite réglée que nous tenions pourtant à raconter pour plutôt tenter d’approcher de quoi elle est le symptôme.
9 décembre 2000 : au stade Grimonprez-Jooris, le LOSC reçoit Sedan pour la 20e journée du championnat de France. Surprise : c’est un match au sommet. En effet, les Sedanais, emmenés par Cédric Mionnet, Olivier Quint ou Luis Satorra, sont leaders du championnat, juste après avoir explosé le PSG (5-1). Un parcours étonnant pour un club qui est montée en D2 en 1998, a retrouvé la D1 en 1999 (tout en arrivant cette même année en finale de la coupe de France), et qui a terminé 7e pour son retour dans l’élite lors de la saison 1999/2000 (on a un peu évoqué cette trajectoire dans cet article sur le Lille/Sedan de 1999). En face, le LOSC, promu, ne vient pas de si loin mais semble suivre les traces des Sangliers : les Lillois, avec un match en moins, sont 5e à 3 points des Ardennais. Depuis la victoire contre Lens en septembre, les Dogues se sont tranquillement installés dans le haut de tableau et gâtent leur public. Mais qui du Dogue ou du Sanglier l’emportera ? Eh bien c’est le Dogue, 2-0.
Ça n’a pas souvent été le cas durant cette saison, mais on peut dire que le LOSC s’en tire bien sur ce match : plutôt dominés, les Lillois ont eu la bonne idée de marquer d’entrée, grâce au premier but sous les couleurs du club de Mile Sterjovski, avant de subir et de concéder de nombreuses occasions : mais les poteaux (3 fois!) et un Wimbée impérial dans le but ont permis de garder la cage inviolée, même à 10 après l’expulsion de D’Amico. En fin de match, Collot double la mise alors que Nicolas Sachy a déserté son but.
Un résumé de la rencontre :
On aperçoit tout le désarroi de Nicolas Sachy au moment du deuxième but encaissé : alors que le raisonnement présidant à la montée devait être « bon, au pire on perd 0-1, alors je tente d’égaliser » et que finalement on se retrouve avec 0-2, il y a de quoi se sentir floué, et même un peu bête quand on court vainement derrière les attaquants adverses filant vers votre but (« hé mais c’est pas ce qui était prévu ça ! On avait dit 0-1 ou 1-1 ! »). Tout le monde ne peut avoir la réussite de Greg Wimbée, mais c’était le jeu.
Au passage, c’est le 18e et dernier but de Patrick Collot avec le LOSC
Nicolas Sachy est un joueur qui correspond bien à l’image qu’on a du groupe ardennais de l’époque : gardien à la carrière ponctuée par des moments d’incertitude, qui a connu le chômage et des clubs en galère financière, il retrouve de la stabilité à Sedan, qu’il contribue donc largement à faire remonter en D1, avec des joueurs au même parcours chaotique, désormais désireux de revanche. Son franc-parler, sa proximité avec les supporters, la mise en avant de la camaraderie dans son métier, et toute cette aventure sedanaise sponsorisée par les voitures Smart en font un bonhomme sympathique, sympathie « récompensée » par une chronique régulière dans Téléfoot durant cette période. Alors, quel est le problème ?
Le problème est qu’à l’issue de ce Lille/Sedan, il déclare : « le LOSC n’a pas été dangereux. Il a joué avec les seules armes qu’il connaît. Les joueurs lillois balancent devant et dévient. Je préfère jouer comme Sedan et perdre 2-0 que jouer comme Lille et gagner ». Une déclaration, en effet, pas des plus malines, mais pas de quoi fouetter un chat non plus, ni même un sanglier. Et pourtant : s’il a voulu déclencher l’ire des supporters lillois, c’est gagné : la semaine suivante, la Voix des Sports est inondée de courriers mécontents. Il est toujours difficile de savoir qui fait la démarche d’écrire à un journal, avec quelles informations, quelles intentions, quelles prétentions, et donc de quoi c’est représentatif, mais c’est toujours fascinant de lire ce que peut déclencher le football et à quel point il suscite des vocations d’experts en divers domaines.
Parmi les lecteurs, il y a ceux qui démarrent au quart de tour et se sentent gravement attaqués dans leur identité dès lors qu’on s’en prend au LOSC : ainsi, J-M, de Lesquin, expert juridique, évoque un Sachy « diffamatoire » envers « cette brillante et courageuse équipe du LOSC » ; mais J-M est aussi psychologue puisqu’il estime que le gardien « s’est senti ridicule en s’inclinant une seconde fois alors qu’il avait déserté son but » ; l’expertise est telle qu’elle se risque à une explication des méandres du raisonnement du gardien de but qui, « probablement, se considère comme une star depuis ses apparitions dans Téléfoot ». M. L., de Beaucamps-Ligny, s’adresse directement à Nicolas Sachy en lui indiquant ses insuffisances physiques : « vous n’avez réussi qu’à trottiner pour tenter, en vain, de revenir dans les buts (…) M. Sachy, sachez désormais que lorsqu’on ne sait pas courir, on reste sagement à sa place. Et si, par la suite, votre équipe se met à enchaîner les défaites, restez-y : vous avez le parfait profil du perdant ». Un autre n’hésite pas à disqualifier le gardien sedannais : « j’ai cru quelques temps que Nicolas Sachy était grand… C’est sans doute un grand dans la victoire, mais un petit dans la défaite ». N’omettons pas l’importante contribution de R.F., de de Saint-Pol-sur-Mer, qui préfère orienter le débat vers quelque chose qui n’a rien à voir : « [Nicolas Sachy] oublie qu’à aller, l’injuste expulsion de Grégory Wimbée avait donné 2 points à Sedan ». Une posture assez proche de celle de M.F., de Flines-lez-Raches, qui après avoir dit tout le mal qu’il ou elle pense de Nicolas Sachy, en profite pour poser la question que personne ne se pose à ce moment-là : « et pourquoi vouloir un stade de 30 à 40 000 places alors que nous n’étions que 15 500 spectateurs pour recevoir le leader ? »
Bref, Nicolas Sachy, c’est un mauvais, c’est caca, c’est pas LOSC, c’est même « contre le LOSC », et tant mieux s’il ne veut pas jouer à Lille, selon R.F d’Auberchicourt : « qu’il se rassure, le LOSC a Grégory Wimbée et n’est certainement pas preneur au mercato. Voilà ce que je pense et… c’est mon choix », l’occasion de souligner que l’année 2000 a vu le lancement, sur France 3, d’une émission de « débat » dont la logique est assez similaire à ce que nous observons : une affirmation fracassante ou une position « hors-norme », volontairement choisie pour sa capacité à polariser des « opinions » dont la logique d’expression, en retour, aboutit bien souvent à la prime aux plus outrancières. Un format dont on peut en partie trouver l’origine dans le football au moment où, ce sport prenant une place médiatique grandissante dans les années 1990, ont essaimé çà et là des émissions comme « on refait le match » sur Europe 1. Le décès d’Eugène Saccomano a opportunément permis de poser la question de son « embarrassant héritage », aujourd’hui généralisé sur les chaînes d’information en continu, quand il s’agit de parler de politique.
Jérôme Latta, sur le site Arrêts sur Images, à propos du talk-show de Saccomano
Pour résumer : une déclaration maladroite, point de départ d’une myriade de réactions épidermiques qui ne cherchent pas à comprendre son contexte d’énonciation, et qui autorise les jugements tactiques, personnels et psychologiques sur une personne, sans compter ce qui est à côté de la plaque. Aucun doute : certains lecteurs ont tendance à s’engluer (des Ardennes) dans des interprétations insensées. Et bien entendu, cette énergie et ce temps ne servent pas à prendre un peu de recul sur des évolutions plus lourdes du football, à propos desquels, précisément, Nicolas Sachy et le LOSC de cette époque sont de parfaits contre-exemples qu’il aurait été plus opportun de louer, au lieu de s’indigner d’une rafraîchissante déclaration au premier degré et de foncer tête la première dans le mur. Manquer sa cible à ce point et s’en prendre à ceux qu’on devrait défendre, ça défoule et puis la semaine d’après, plus personne ne se rappelle de ce qu’il s’est passé.
Sauf que, cette fois…
…l’intéressé répond ! S’il fallait trouver une confirmation que Nicolas Sachy n’est pas un joueur ordinaire, voilà de quoi alimenter cette thèse. Qu’il lise la Voix des Sports (ce qui semble peu probable) ou qu’on lui ait signalé l’abondance du courrier qui lui était destiné, cette démarche est peu banale. En guise de cadeau de Noël, voici donc ce qu’on peut lire dans le journal du 25 décembre :
« Après la lecture du courrier des lecteurs de la Voix des Sports du 18 décembre, je voudrais préciser que je n’ai rien contre le LOSC ni ses joueurs (Wimbée est un des gardiens que je mets le plus souvent en avant dans Téléfoot). Les gens m’ont mal compris. Mes propos se résument seulement au match Lille-Sedan, où il est vrai que Lille m’avait paru très en dessous de niveau habituel, et non sur l’ensemble de la saison, car je sais que l’on n’est pas en haut du classement sans joueurs ni jeu de qualité.
Pour ce qui est du second but encaissé, j’avais trouvé vaine une course de 80 mètres, qui n’aurait de toute façon pas empêché ce but.
Lille, comme Sedan, pratique un jeu offensif, et je pourrais aussi bien y jouer.
Etant Nordiste d’origine, je me réjouis donc des résultats de Lille et de Lens cette année. J’aime cette région. D’ailleurs, je viens passer mes deux semaines de vacances à Dunkerque pour Noël, et je vais faire les magasins à Lille.
Joyeux Noël et bonne année sportive à tous ».
On trouve également dans le courrier des lecteurs de ce 25 décembre une réaction de F .M., de Charlevilles-Mézières, qui apporte son soutien à Nicolas Sachy : « vous ne connaissez pas Nicolas Sachy, chers lecteurs, pour vous permettre de le critiquer aussi violemment. Il est toujours comme ça et c’est tant mieux. C’est le gros rayon de soleil à l’image de toute l’équipe de Sedan d’ailleurs, de notre championnat de France. Vive le beau jeu et Sedan et Lille en coupe d’Europe ! »
Aux dernières nouvelles, Nicolas Sachy est à la tête d’un « bar d’ambiance » à Charlevilles-Mézières. C’est sur l’excellent site Foot d’avant que nous avons appris cette information, et avons eu le plaisir de lire les propos de Nicolas Sachy retraçant sa carrière.
Quant aux lecteurs et lectrices qui se sont bien défoulés sur l’instant, nous n’avons pas de nouvelles. On peut imaginer qu’ils et elles ont un compte twitter très actif, ou participent à des émissions de radio interactives sur le sport, qui contribuent quotidiennement à donner plus d’ampleur à des histoires qui n’en valent vraiment pas la peine. Il est bien dommage, hier comme aujourd’hui, de voir autant de personnes et de médias consacrer tant de temps, tant d’espace et tant d’énergie au football vu par le petit bout de la lorgnette.
Posté le 20 février 2020 - par dbclosc
Dortmund 2002 : Éliminés sans perdre
Une des manifestations les plus évidentes du complot contre le LOSC consiste en son élimination de la coupe UEFA alors même qu’il n’a pas perdu, au prétexte que « en cas d’égalité, les buts marqués à l’extérieur valent double ».
Après le 1-1 à Lille à l’aller, ce 0-0 à Dortmund signe une bien cruelle élimination.
Si vous ne l’avez pas fait, nous conseillons vivement la lecture de notre article sur le match aller.
Après une période compliquée depuis décembre, marquée par la première défaite à domicile en championnat contre Sochaux (1-2), deux éliminations en coupes nationales face à des équipes de divisions inférieures puis, en janvier, une défaite dans le derby, le LOSC a eu la bonne idée de repartir de l’avant en gagnant à Nantes. Cette embellie au niveau des résultats s’est confirmée par une embellie au niveau du jeu face à Dortmund, 5 jours plus tard. Malheureusement, les multiples occasions des Dogues n’ont permis que de décrocher un nul, qui les place en ballotage défavorable avant le match retour en Allemagne. Cependant, le LOSC a jusqu’alors toujours surpris, si bien qu’à côté du sentiment premier qui consiste à penser que l’aventure européenne touche à sa fin, rapidement une deuxième impression nous invite à penser qu’il va encore se passer quelque chose. Jusqu’où ? Cette équipe, qui ne cesse d’étonner, commence à susciter des attentes, précisément parce qu’elle ne cesse d’étonner. Il doit y avoir un mot très intelligent pour désigner ce phénomène psychologique, mais ça ne nous vient pas là. Pascal Cygan rappelle d’où vient le groupe : « il faut se mettre à notre place. Bien qu’on ait déjà joué l’Europe au plus haut niveau, on manque encore de repères. Tout est allé si vite depuis la D2. Pour bon nombre de joueurs dont je fais partie, l’élite c’est encore tout neuf. Alors soyez indulgents avec nous… »
La confiance est revenue…
La bonne nouvelle, c’est que le LOSC semble s’être remis dans le bon sens en championnat. Entre les deux matches contre Dortmund, Marseille a été battu à Grimonprez-Jooris, si bien que le LOSC est plus que jamais en course pour accrocher une nouvelle place européenne. Si les Lensois semblent hors d’atteinte (11 points devant alors qu’il reste 7 journées), le LOSC recevra d’ici la fin de saison le 2e (Lyon), le 3e (Auxerre) et le 4e (le PSG). Comme le résume la Voix du Nord, « l’objectif de renouveler le bail européen, qui avait du plomb dans l’aile ces dernières semaines, semble de nouveau réalisable ». « La victoire sur l’OM a gonflé le moral » : même s’il y a encore du monde à l’infirmerie (Murati, Boutoille, Landrin, D’Amico), Sylvain N’Diaye souligne qu’ « on a retrouvé de la concurrence à tous les postes : ça, c’est un indice ! ». Ainsi, on sent que le LOSC est « redevenu fiable » et retrouve la réussite qui lui échappait depuis quelques semaines : par exemple, le pénalty accordé contre Marseille ne vient pas d’une faute flagrante, mais on prend. Enfin, les bonnes nouvelles venant de Christophe Pignol, qui a donné le coup d’envoi fictif de Lille/Marseille sous les acclamations du public, contribuent aussi au retour de la bonne humeur.
Fidèle à sa modération, Grégory Wimbée ne s’emballe pas : « les équilibres restent fragiles. C’est la suite qui va nous dire si on est de nouveau sur une bonne courbe ou si on arrête ».
…mais encore du changement du côté de la présidence
Cependant, un couac va jeter une ombre au tableau : le mercredi 27 février, veille du retour à Dortmund, le LOSC annonce un changement de présidence. En effet, Francis Graille annonce qu’il cède la place à Michel Seydoux, qui d’ailleurs sera présent à Dortmund. Le moment se prête-t-il à ce genre de réaménagement technique ? Ne risque t-on pas de perturber les joueurs si près d’une échéance de la plus haute importance ? Pour Francis Graille, pas de problème : « il n’y a pas de bon ni de mauvais moment pour dire ce genre de choses. Dans 3 mois, on appréhendera déjà une autre saison. Il fallait agir. On est toujours entre deux matches, entre deux victoires ou entre deux défaites. Je ne pense pas que ça influera sur le moral et le comportement des joueurs. Je me sens bien dans ma tête ». On est content pour lui ! Cela correspond probablement à l’idée qu’il se fait du football puisqu’il maintes fois affirmé qu’il ne se voyait pas longtemps dans la peau d’un personnage fort du club (« pour moi, la situation était provisoire »). Il n’empêche : c’est encombrant au moment où l’équipe reprend des couleurs. On peut aussi considérer que le football peut désormais s’accommoder des péripéties permanentes qui semblent même parfois en constituer le fondement.
Il y en a en tout cas un à qui ça ne plaît pas, c’est Vahid Halilhodzic ! Lui qui avait déjà montré son irritation lors de la passation Dayan/Graille au printemps 2001 n’a pas masqué longtemps ses sentiments. Lors de la conférence de presse d’avant-match, l’entraîneur est attendu sur ce point. On sait qu’il n’apprécie guère les situations de rupture et donc, là encore, son cœur l’emporte : « y aura-t-il des effets désagréables sur la vie du groupe ? On saura où est le problème si on est éliminés ! ». Vahid annonce qu’il connaissait la décision depuis environ un mois, mais qu’il aurait aimé que l’annonce soit faite 10 jours plus tard, après le match à Metz. En somme, il a été pris de vitesse. Un peu comme les rédacteurs du magazine Borussia Aktuell, distribué à l’occasion du match, qui indiquent que le président du LOSC s’appelle… Luc Dayan.
Halilhodzic se plaint de l’accueil
Djezon Boutoille a réintégré le groupe. Mais manquent toujours à l’appel Christophe Landrin, Fernando D’Amico, et Adékambi Olufadé, qui s’est blessé dans la semaine. Après un voyage en avion marqué par de fortes turbulences, durant lequel on imagine bien que Vahid a imploré les Dieux et Mathias, sa mère, le groupe est arrivé dès le mardi 26. Initialement, les Lillois ont prévu d’assouplir leurs muscles sur un terrain synthétique négocié durement par Francis Graille et Stéphane Pauwels, en lisière du Westfalenstadion. Mais finalement, quand ils ont vu l’état du terrain, ils n’y sont pas allés et se sont contentés d’un footing sous le ciel gris, puis de quelques exercices dans un sous-sol du stade. Ce mardi, Vahid ne dit rien.
En revanche, le lendemain, au cours de la conférence de presse, outre sa sortie sur le changement de président, Halilhodzic surprend l’auditoire. Alors que son silence de la veille laissait entendre qu’il avait placé les conditions d’entraînement sur le dos de la météo, il s’énerve : « on a tendance à nous prendre pour des petits quand on se déplace. Mais quand nos adversaires viennent à Lille, nous faisons tout pour les mettre dans les meilleures conditions. Vous savez, il pleut aussi chez nous ». Le chef de presse du Borussia intervient, arguant que la ville de Dortmund a verrouillé ses terrains. Cela ne convainc pas Halilhodzic, qui répond : « on considère le LOSC comme un petit club. Mais attention, il peut parfois être grand ». Quoi qu’il en soit, la pelouse du Westfalenstadion est ouverte au LOSC ce mercredi soir pour un dernier entraînement.
Dortmund en plein doute
« On peut faire mal à cette équipe » a affirmé Halilhodzic, qui a tout de même parlé du match lors de la conférence de presse. Le match aller l’a déjà montré ; surtout, depuis, Dortmund, qui était invaincu depuis fin octobre, a perdu 0-4 à Leverkusen (buts de Ballack, Ramelow, Neuville et Berbatov) et a perdu la tête du championnat. Si, malheureusement, le LOSC ne sera pas la première équipe à faire tomber Dortmund en 2002, cette défaite est-elle de nature à contrarier les ambitions européennes du Borussia, et favoriser le LOSC ? Pas pour Grégory Wimbée : « une bonne nouvelle, le 4-0 infligé par Leverkusen à Dortmund ? Vous rigolez. On peut facilement imaginer que le Borussia va tout faire pour effacer l’affront lors des matches suivants. Or, le suivant, c’est nous ». Bon raisonnement, en effet. Sammer : « après un 0-4, nous avons peu d’arguments à faire valoir. Maintenant, il va falloir se remette de cette défaite et gérer le contre-coup. Il ne faut pas trop parler. J’attends des actions concrètes sur le terrain. L’équipe devra montrer plus de concentration que de classe ». Dortmund déplore en outre quelques absences : Kohler, Kehl (non qualifié), Heinrich (cuisse), Ricken (dos), Herrlich (grippe), Koller (suspendu). Le staff ne respire pas la sérénité, toujours Sammer : « il faudra avoir de la patience. Peut-être serons nous menés au score à un moment ou à un autre. Mais il est fondamental que nous croyons en nous ».
Cependant, le Borussia dispose de deux atouts : son stade, et son ambiance, qui ont fait forte impression à Patrick Collot : « c’est un lieu fantastique. J’ai été émerveillé par la vie dans les tribunes. Tout le monde est en jaune et noir et chante du début à la fin ». Dans l’enceinte, deux horloges géantes donnent le décompte, à la seconde près, du début de la coupe du monde en 2006, dont quelques matches se joueront à Dortmund. Le stade sera d’ailleurs rénové, et ses coins bouchés.
« Un but de plus… »
Jour J : en route vers nouvel exploit ? Pascal Cygan y croit : « j’aimerais qu’on ne pleure pas en regardant le film du match aller. Cela voudra dire qu’on a réalisé un exploit en Allemagne. En tout cas, on va là-bas pour faire quelque chose. Il nous suffit de marquer un but de plus que l’adversaire et c’est dans la poche. Le coup est possible même si on sait que ce sera dur. L’ambiance, l’opposition, le jeu…Les obstacles sont multiples. Mais notre solidarité et notre force morale seront des atouts. Je n’ai peur de rien ; pas même du combat physique qu’ils vont nous imposer. On a de quoi répondre (…) Même un 0-0 prolongé ne serait pas un handicap. Le temps pourrait alors jouer en notre faveur car les Allemands ne seraient pas à l’abri d’un coup dur. Le match aller nous a permis de mesurer un peu mieux ce qui nous sépare d’une grande équipe. Leur but doit nous servir de leçon. Des gars comme ceux-là ne paniquent jamais. Inspirons-nous de leur exemple ».
900 supporters lillois ont fait le déplacement : 6 heures en bus, ou 4 en voiture. Ils sont accueillis de façon fort sympathique puisque c’est l’hymne du LOSC qui retentit dans le stade quelques heures avant le coup d’envoi.
Un peu plus tard, la sono des *Jaune et Noir* assume la ressemblance : tout le monde chante le générique de Maya l’abeille, Die Biene Maja. À la demande générale, voici un extrait des paroles :
In einem unbekannten Land
vor gar nicht allzu langer Zeit
war eine Biene sehr bekannt
von der sprach alles weit und breit
Und diese Biene, die ich meine, nennt sich Maja,
kleine, freche, schlaue Biene Maja,
Maaaja fliegt durch ihre Welt,
zeigt uns das was ihr gefällt,
wir treffen heute unsre Freundin Biene Maja,
diese kleine, freche Biene Maja,
Maaaja allerliebe Maja
Maja Maja Maja Maja
Maaaaaja erzähle uns von dir !
Les enjeux exposés ci-dessous se retrouvent dans cette vidéo. Comme l’extrait Die Biene Maja vous a plu, ce sera en allemand :
La surprise du (Man)chef vient de l’association Brunel/Br. Cheyrou au milieu. Puisqu’il semblait difficile de se passer de Philou au vu de sa forme, et de Cheyrou puisqu’il est probablement le meilleur joueur de l’équipe, Halilhodzic n’a pas tranché, et les deux milieux gauchers sont alignés d’emblée. L’organisation ressemble alors à une espèce de 4-2-3-1 assez semblable à celle de l’aller, avec Br. Cheyrou en n°10. Bassir, si brillant à l’aller, est donc sur le banc. Pour le reste, pas de surprise : Pichot retrouve sa place.
Wimbée ;
Pichot, Fahmi, Cygan, Ecker ;
N’Diaye, Michalowski ;
Sterjovski, Br. Cheyrou, Brunel ;
Bakari
59 000 spectateurs sont présents. Pluie battante et vent froid, les conditions sont réunies pour passer une belle soirée.
Ce sont les Allemands qui entrent mieux dans le match. Dès la 5e minute, ils donnent le ton avec un sévère tacle d’ d’Evanilson sur Brunel, qui met du temps à se relever : le défi physique annoncé par Pascal Cygan aura bien lieu. Après un corner renvoyé de Rosicky, une grosse frappe d’Amoroso est renvoyée par Pichot devant la ligne, même si Wimbée semblait dessus (11e). Deux minutes plus tard, excentré à gauche, Dédé frappe un coup-franc à 25 mètres qui fuse sur la pelouse humide, et Greg Wimée se couche pour détourner du bout des doigts en corner (13e). Vous remarquerez dans la vidéo suivante cette agaçante manie qu’ont les Allemands à faire « ooooo…OOUAAAAAAIIS ! » quand leur équipe frappe un coup de coin. Amoroso décale ensuite Evanlson, dont le centre manqué rebondit sur le dessus de la transversale (16e) ; là aussi, Wimbée avait l’air vigilant. Bref, début de match où les Dogues sont en-dedans, mais le Borussia n’a pas marqué, et on ne peut pas dire que le LOSC soit pour autant franchement dominé. Mieux, à partir de la 20e minute, il pointe même le bout de son nez et tente quelques percées. À la 22e, un centre de Brunel trouve Bakari, qui tente de jouer en une touche vers N’Diaye ; finalement, le ballon revient sur Sterjovski, au point de pénalty, qui hésite à frapper, et cherche finalement Bakari, sans succès : une petite hésitation qui montre qu’il faudra être efficace mais que, comme à l’aller, il y a des possibilités dans la défense allemande. Comme à la 31e, où Michalowski ajuste mal son centre pour Bakari. Une minute plus tard, Ewerthon, après un une-deux avec Addo, se présente face à Wimbée qui sort à-propos et envoie en corner. Après quelques mauvaises relances du Borussia au milieu, Pichot tente un extérieur du droit dévié en corner (33e). La dernière occasion de la première pérode est pour Dortmund : Amoroso, servi dans le dos de Pichot, se montre d’une incroyable maladresse en expédiant le ballon au-dessus alors qu’il est seul aux 6 mètres (42e)
En arrivant à la pause sans dommage, le LOSC peut croire en sa bonne étoile. Dortmund, quoique qualifié à 0-0, n’est pas vraiment serein. Et cette fois, ce sont les Allemands qui ratent de grosses occasions, comme l’ont fait les Lillois à l’aller. Voici un résumé vidéo de la première période :
Les Lillois reprennent la deuxième période en s’intallant de plus en plus fréquemment dans le camp allemand. Les Dogues débordent d’ardeur, mais manquent de précision dans le dernier geste : ainsi, Cheyrou et Bakari se gênent dans la surface (56e), et s N’Diaye s’amuse avec la défense, le corner qu’il obtient ne donne rien (57e). Signe que les Jaunes doutent, Oliseh frappe un cpup-franc une bonne dizaine de mètres à côté des buts lillois. Puis Brunel, encore très actif, envoie un beau centre que Bakari est à quelques cheveux de reprendre (66e).
Et arrive la 73e minute où, selon la Voix du Nord, « on a failli assister au coup de coaching du siècle ». Bruno Cheyrou, assez peu en vue, cède sa place à Salahaddine Bassir, très en verve à l’aller. Alros que le LOSC vient d’obtenir un corner, le Marocain, sur son premier ballon, reprend le coup de pied de Sterjovski et place une tête décroisée que Reina, sur sa ligne, dévie de nouveau en corner. Sur celui-ci, le coup de pied de Brunel, prolongé par Bassir, trouve Cygan qui arme du droit : de nouveau, Reina sauve sur la ligne ! Rageant. D’autant que Dortmund, décidément, ne parvient pas à marquer non plus : à la 81e, Reina, servi par Amoroso, se présente seul face à Wimbée, qui sort encore superbement. La dernière occasion d’envergure est lilloise : sur coup-franc, Ecker, décidément très en verve quand il faut jouer contre des jaunes à l’extérieur, frappe puissamment ; ça a l’air très bien parti mais c’est contré par la défense ; ça revient sur Brunel, à l’angle de la surface, qui frappe du gauche, et Lehmann dévie. Dans les dernières minutes, le chrono semble défiler à toute vitesse, et Sammer s’agite de plus en plus sur son banc. Mais si Wimbée reste invincible, le LOSC ne parvient pas à faire sauter le verrou adverse.
0-0 après un nul 1-1 au match aller : en cas d’égalité, le règlement de l’UEFA applique une règle de départage qui favorise l’équipe ayant marqué le plus de but à l’extérieur. En dépit d’une deuxième période bien maîtrisée, le LOSC est éliminé sans avoir perdu.
Voici un résumé des temps forts de la seconde période :
La Voix du Nord met notamment en valeur les performances de Grégory Wimbée (« le grand Greg a encore réalisé quelques exploits. Encore une fois, le capitaine du LOSC aura montré l’exemple »), de Pascal Cygan (« son calme et sa parfaite perception du jeu lui permirent de rayonner constamment. Le patron, c’était bien lui ! ») et de Philippe Brunel (« sa disponibilité, ajoutée à une technique très sûre, lui valu d’être un point de fixation, un élément de relance essentiel »). Mais c’est bien toute l’équipe du LOSC qui a encore fait bonne figure. Ce n’est hélas pas suffisant, et il y a de quoi nourrir des regrets car « le coup n’est vraiment pas passé loin ». Après le match, Vahid tourne en rond en répétant « c’est pas possible… ». Sans doute ce remémore-t-il cette maudite 73e minute, où deux ballons sont sauvés par Reina. Pascal Cygan explique : « et pourtant, je me suis appliqué en frappant la balle du plat du pied. Mais j’ai tiré plutôt à ras de terre. Si j’avais visé plus haut, peut-être que… ». Étonnamment, la phrase s’arrête ici. Mais apparaît aussi un autre sentiment, plus positif : pour Pascal Cygan, « il faudra retenir la leçon et se dire surtout que nous étions dans le vrai » ; pour Bruno Cheyrou, « on n’a pas à rougir. Nous sortons la tête haute ». Halilhodzic résume les sentiments : « j’ai beaucoup de regrets. D’un autre côté, j’éprouve une grande fierté. Nous avons fait jeu égal avec les plus grands d’Europe. Si je suis triste, c’est parce qu’en deuxième mi-temps, nous aurions pu nous qualifier. Lors du premier match aussi, nous aurions pu faire mieux. Ce soir, en première mi-temps, nous avons délibérément choisi de laisser le Borussia dominer. En en deuxième période, nous avons commencé à lui poser des problèmes. Je tiens à féliciter le Borussia Dortmund pour sa qualification et lui souhaite bonne chance pour aller jusqu’au bout ». Nul doute que ce souhait n’est pas sans arrière-pensée : si Dortmund allait au bout, son parcours valoriserait en miroir, s’il en était encore besoin, la performance du LOSC.
C’est la fin de l’aventure européenne. En 7 mois et 12 matches, de Parme à Dortmund, le LOSC a exporté sur la scène continentale les ingrédients qui ont fait sa réussite en championnat, sans jamais être ridicule : un jeu solide, direct, mais aussi une rigueur tactique qui jamais ne le fit perdre par plus d’un but d’écart. Qui aurait imaginé ce LOSC emmené par Wimbée, Cygan, Pichot, D’Amico, et autres Bakari tenir tête à bien plus gros que lui, sans jamais se laisser impressionner par des stars probablement 10 fois mieux payées qu’eux, ratant même de bien peu la qualification, au point que, des années après, on en soit encore à regretter cette élimination ? Cette confrontation, en dépit de son dénouement malheureux, est l’un des derniers coups d’éclat du LOSC sauce Halilhodzic. Lille entretient encore l’espoir de la Ligue des champions, voire du titre, pendant quelques semaines encore mais, en fin de cycle et avec l’annonce officielle du départ du coach, l’équipe cède des points sur la fin, parvenant tout de même à arracher l’Intertoto après une ultime victoire contre le PSG. Ce week-end là, le Borussia Dortmund est sacré champion d’Allemagne. Et quatre jours après, le club allemand s’incline en finale de coupe UEFA contre Rotterdam (2-3).
Posté le 18 février 2020 - par dbclosc
Dortmund 2002, première manche
Après une exceptionnelle saison 2000-2001, les Lillois ont gagné leur ticket pour le tour préliminaire de la Ligue des Champions. En août 2001, à la surprise générale, ils éliminent Parme, après une leçon tactique à l’aller puis un match suffocant au retour. Pour sa première apparition en Ligue des Champions, le LOSC, 3e de sa poule derrière Manchester United et La Corogne, a été reversé en coupe UEFA, où il affronte le Fiorentina en 16e de finale. L’Italie réussit décidément bien aux Lillois, qui s’imposent à Florence (1-0) puis de nouveau au retour à Grimonprez-Jooris. En éliminant la Fiorentina, les Dogues ont repris rendez-vous avec l’Europe pour 2002. Et c’est encore un gros d’Europe qui se présente : le Borussia Dortmund. Le match aller est prévu à Grimonprez-Jooris le 21 février, et le match retour au Westfalenstadion le 28.
Lille au ralenti
Ainsi, en apparence, tout va bien à Lille, 5e du championnat et toujours engagé en coupe d’Europe (comme Nantes et Lyon). Le LOSC a réalisé un excellent début de saison 2001/2002, parvenant à combiner de très honorables performances en Ligue des Champions et en championnat, dont il a été le leader invaincu jusqu’à la 13e journée. Depuis, l’équipe n’est plus sur le même rythme (qui, certes, était très élevé), et est même sévèrement au ralenti depuis deux mois : outre deux éliminations en coupes contre des équipes hiérarchiquement inférieures en décembre (Nancy en coupe de la Ligue, Libourne-Saint-Seurin en coupe de France), le LOSC n’a plus gagné en championnat à domicile depuis fin novembre (1-0 contre Rennes). C’est comme si l’irrésistible ascension entamée avec l’arrivée de Vahid Halilhodzic avait connu un premier accroc. De plus, se sont greffés quelques problèmes auxquels le LOSC ne nous avait pas habitués : Sylvain N’Diaye décidant par exemple de participer à la Coupe d’Afrique, et Halilhodzic réagissant très mal en plaçant son joueur sur la liste des transferts.
« Puisque je n’ai pas assez de joueurs, j’arrête de respirer ! »
Et depuis janvier, la réussite, qui avait tant souri au LOSC ces dernières années, semble désormais le fuir : quand, à Montpellier, Franck Sylvestre sort un ballon de la main sur sa ligne, l’arbitre ne le voit pas ; le LOSC a perdu le derby à domicile à cause d’un rebond capricieux qui a trompé Pascal Cygan ; et une cascade de blessures (Landrin, Pichot, Bakari, Boutoille, Murati, Br. Cheyrou) et l’absence des Africains (Fahmi, Bassir, N’Diaye, Olufadé) fait fulminer Halilhodzic, à peine remis lui-même d’un sérieux accident de ski qui lui a cassé plusieurs côtes et lui a perforé un poumon. Ces blessures, et bien entendu les mauvais résultats en 2002 (3 nuls, 3 défaites), ont amené Halilhodzic à tenir des propos peu amènes à l’égard des médecins du club, MM. Gérard et Debruyne. Francis Graille exprime même son inquiétude : « je crains que l’entraîneur se coupe de ses joueurs et de son staff ».
Vahid « Pépé » Halilhodzic. Hors champ, l’encadrement lillois, paniqué
Sans D’Amico
Mais 5 jours avant la réception de Dortmund, Lille retrouve le goût de la victoire. Une victoire particulièrement bienvenue, et d’autant plus parce que le LOSC a été plutôt chanceux, marquant sur sa seule occasion, tandis que Nicolas Savinaud inscrivait un but-fantôme et que les Nantais manquaient un pénalty dans le temps additionnel. Comme le confirme Angel Marcos, l’entraîneur nantais : « c’est au moment où vous pensez que cette équipe va commencer à plier qu’elle vous fait très mal. Et puis, elle semble avoir retrouvé cette réussite qui lui fit gagner plusieurs matches sur le fil en début de saison ».
Après deux mois de disette, c’est le résultat idéal pour penser à revivre des émotions fortes (et on a déjà été bien servis). Déjà concentré sur Dortmund, Halilhodzic a exceptionnellement demandé à Philippe Lambert, le préparateur physique, de ne pas se déplacer à Nantes afin de travailler à la remise à niveau de Boutoille, Cheyrou et N’Diaye. Bakari, titulaire à Nantes, a semblé en bonne forme, de même que Philippe Brunel, recruté au mercato hivernal, et que les diverses blessures ont mis sur le devant de la scène plus tôt que prévu. Bassir, lui aussi rentré de la CAN, a été très en vue contre Sedan et à la Beaujoire. Seul couac de ce match à Nantes : Fernando D’Amico a été touché au genou et manquera la double confrontation en UEFA.
Encore un monde d’écart
Dortmund, bien entendu, est (encore) un coriace adversaire pour le LOSC. Champion d’Europe puis vainqueur de la coupe intercontinentale en 1997, il a comme le LOSC, été reversé en UEFA après avoir terminé 3e de sa poule de Ligue des Champions, derrière Liverpool et Boavista Porto. Bien sûr, il ne reste plus grand monde du triomphe de 1997 : seuls ont survécu Sammer, Reuter, Kohler, Heinrich, Herrlich et Ricken. Mais pour avoir une idée de l’écart qui le sépare du LOSC, voici un chiffre : le Borussia, au cours de l’été 2001, a dépensé 78M€, soit 4 fois le budget du LOSC, rien que pour recruter 4 joueurs (Rosicky, Koller, Ewerthon et Amoroso). Au sujet de Rosicky, rappelons qu’il avait été repéré par Michel Rablat, de la cellule de recrutement, en 1999/2000, à une époque où il était d’un prix abordable pour le LOSC. Mais les négociations ont tergiversé puis le Tchèque a explosé lors de l’Euro 2000.
Pour venir à Lille, le Borussia peut compter sur sa propre agence de voyage, son avion privé, tandis que le bus du club récupérera la délégation allemande à l’aéroport. Sur le terrain, le Borussia est premier de Bundesliga, et est bien parti pour ravir le titre qui appartient au Bayern depuis 3 ans. L’équipe est entraînée par Mathias Sammer, ballon d’or 1996, champion d’Europe avec l’Allemagne en 1996 après avoir porté le maillot de la RDA et, bien entendu, champion avec Dortmund (en tant que joueur) en 1997. Halilhodzic est admiratif : « à votre avis, pourquoi ai-je choisi, il y a quelques années, d’effectuer deux stages consécutifs là-bas ? C’est une référence internationale. S’il fallait établir une échelle des valeurs, par rapport aux adversaires que nous avons affrontés jusqu’ici, je mettrais Dortmund presque au niveau de Manchester, et au même niveau que La Corogne ».
Chaque club a supervisé l’autre : pour Dortmund, Gerhard Löwel est venu voir Lille/Sedan. Pour le LOSC, Vahid Halilhodzic s’est rendu à Bayern/Dortmund début février, avec Patrick Collot, qui lui a également supervisé deux autres matches, contre Schalke et le Hertha Berlin. Le jeune retraité des terrains est lui aussi dithyrambique : « j’ai vu une très forte équipe de Dortmund. Très athlétique, elle gagne beaucoup de duels et a peu de points faibles. C’est une très grosse équipe, qui peut prétendre gagner la coupe UEFA, avec notamment Rosicky, qui anime toute la partie offensive, et Kehl, en relayeur entre la défense et l’attaque (…) Quand on voit qu’ils laissent des internationaux comme Amoroso ou Herrlich sur le banc, cela en dit long sur les capacités de cette équipe. Ils peuvent toujours remplacer un joueur par un autre joueur de qualité. Ce ne sera pas simple ». Depuis fin octobre et un déplacement à Liverpool, Dortmund est invaincu, toutes compétitions confondues. Halilhodzic a noté quelques particularités tactiques : « c’est une équipe immense, qui a beaucoup de facilités dans le placement et joue sans libero, mais avec deux stoppeurs… et les huit autres joueurs de champ dans le camp adverse ! C’est la première fois que je vois ça. La caractéristique majeure de notre adversaire est de savoir changer de formule à tout moment. On ne sait d’ailleurs plus, au bout de quelques minutes, qui est à droite et à gauche. Tout le monde bouge beaucoup. Je ne me fais pas d’illusions : Dortmund vient ici pour jouer. L’idéal pour nous sera de ne pas prendre de buts et d’essayer d’en marquer un. J’ai toujours une petite idée en tête à la veille d’un match...».
« Une montagne »
Quant aux joueurs, qui ont analysé Dortmund en vidéo, eux aussi s’attendent à une forte opposition. Pour Dagui Bakari, « ce club n’a peut-être pas le prestige d’un Manchester ou d’un Real Madrid, mais c’est quand même une montagne ». Classiquement, le Borussia est présenté avec les habituelles caractéristiques des clubs allemands (Pour la Voix du Nord, « le Borussia Dortmund est à l’image du football allemand : solide, implacable, efficace »), mais également avec une touche technique indéniable, comme l’indique Grégory Wimbée : « on espère apprendre des choses, progresser un peu plus encore. Dortmund joue beaucoup sur les duels, mais c’est aussi un mélange subtil de physique et de technique, avec de très bons joueurs brésiliens et tchèques ». Alors, aucune chance ? Non, selon le grand Dagui, pour qui le LOSC a montré qu’il savait être à la hauteur des événements : « on nous voit en grande difficulté face au Borussia. Mais jusqu’ici, on ne s’est jamais dérobé ». Même son de cloche chez le dernier venu, Philippe Brunel, dont l’expérience en coupe d’Europe avec Lens peut constituer un atout : « dans tous les compartiments du jeu, ils sont complets. Mais le LOSC a déjà prouvé qu’il pouvait tenir face à une grosse équipe. Ces derniers temps, ils n’ont pas vu un grand Lille, et ils vont peut-être nous prendre de haut, mais Sammer saura leur dire qu’un match de coupe d’Europe n’est jamais facile, ni joué d’avance ».
Et les Allemands, que savent-ils des Lillois ? Difficile de le déterminer. Comme à son habitude, Mathias Sammer a peu de mots sur son adversaire. Il prétend juste connaître le LOSC à travers quelques cassettes de matches de championnat : « mes joueurs ne pourraient pas citer les noms de tous nos adversaires de ce soir, mais ça ne change rien sur le plan tactique. Cependant, je leur ai expliqué qu’ils auraient affaire à une équipe compacte, concentrée, très disciplinée et structurée. Le LOSC a bien grandi et sa récente victoire à Nantes a encore renforcé son moral ». Christian Wörns, passé par le PSG, évoque « une équipe solide ».
Les Allemands arrivent à Lesquin le mercredi 20, à 12h30. Ils auront un accès à Grimonprez-Jooris pour un entraînement, aux installations de Tourcoing, et logent au Sofitel de Marcq en Baroeul. Du côté de l’effectif, Sébastian Kehl, arrivé cet hiver, n’est pas qualifié (car il a joué en UEFA avec Fribourg, alors que Brunel n’a pas joué en coupe d’Europe avec Marseille), tandis que Jan Koller est suspendu (il le sera également pour le retour, après avoir pris 3 matches de suspension suite à son expulsion au match aller du tour précédent).
Déjà, le 11e match
Jour de match. C’est déjà le 11e match européen pour le LOSC. La Voix du Nord, par le biais de Guy Delhaye, consacre un éditorial à l’aventure des Dogues : « plus de 6 mois après avoir découvert, un peu crispés mais déjà terriblement déterminés, le stade Ennio Tardini, les Lillois sont toujours là après avoir bousculé la logique, tordu le cou aux pronostics et gagné progressivement le respect de l’Europe du football ». Mais cette fois, le LOSC n’affronte pas un adversaire convalescent ou malade, comme l’était par exemple la Fiorentina. Il n’empêche : l’air de rien, Lille n’a perdu que 3 fois sur la scène européenne, et à chaque fois par un seul but d’écart. « Bousculé par des clubs anglais, espagnols, italiens et allemands qui n’évoluent plus dans le même monde, le football français peut encore compter, aux côtés de Nantes et de Lyon, sur ces irréductibles lillois, qui ne sont jamais aussi forts que lorsqu’on les annonce proches du point de rupture (…) Le LOSC briseur d’idôles n’a peut-être pas fini son oeuvre ».
Voici résumé, via Canal +, le parcours européen des deux équipes jusqu’alors.
Avec Christophe Pignol
Au-delà du match en lui-même, la soirée promet un événement : en effet, Christophe Pignol a été invité par le LOSC. Absent des terrains depuis 10 mois, il va beaucoup mieux au point d’envisager de rejouer. C’est la première fois qu’il retrouve le groupe, avec qui il partagera cette journée : « « j’ai l’impression de ne les avoir jamais quittés, d’être blessé ou suspendu ; J’ai reçu beaucoup de témoignages de sympathie de tout le monde, et en particulier de la part du groupe. Cela ne m’a surpris, car lorsque je suis arrivé j’ai tout de suite senti qu’il y avait des qualités humaines particulières. Je n’oublierai jamais ».
Le matin du match, il reste encore 1 000 places, alors même que la capacité du stade est réduite pour répondre aux normes de l’UEFA. C’est donc devant 16 000 spectateurs, dont 800 Allemands, que ce huitième de finale va se dérouler, dans une fort belle ambiance. Les supporters allemands ont eu bien du mal à arriver à Grimonprez-Jooris : censés venir en bus depuis le parking sauvage du boulevard J-B Lebas pour retrouver une escorte policière, leurs chauffeurs n’ont pas voulu conduire au motif que leur quota d’heures quotidiennes avait déjà été effectué. Les 750 mètres les séparant du stade étaient de trop, ce qui permet à la Voix de souligner encore une fois le « légalisme » des Allemands : la police française les a finalement convaincus. Une excellente coopération qui ravive bien des souvenirs.
L’arbitre est espagnol. Voici la composition des équipes : Bruno Cheyrou, encore trop juste, est sur le banc ; et quand bien même, il n’est pas dit que vu l’état de forme de Philippe Brunel, il en aurait été autrement. En l’absence de D’Amico au milieu, Sébastien Michalowski est titularisé, et Delpierre supplée Pichot, si bien que la défense est composée de 4 défenseurs habituellement centraux.
Déjà, l’avant-match avait montré le retour des sourires sur les visages lillois. Dès les premières minutes, aucun doute : les joueurs sont bien moins crispés qu’avant le match à Nantes. Sans complexe, ils initient des offensives et, dès la 2e minute, Brunel cherche Bakari en profondeur : c’est trop long, mais le LOSC n’attendra pas les Allemands dans son camp. À la baguette : Bassir, dans une configuration différente que ce que le schéma de la Voix du Nord indique. Il est davantage en n°10 et tourne autour de Bakari, indispensable point d’ancrage devant. Très en verve, il dribble beaucoup, mais, à l’image de ses stats en championnat (0 buts), la finition pêche. C’est en tout cas lui qui, en crochetant à la 20e, envoie Heinrich au vestiaire, claqué sur la lourde pelouse de Grimonprez : dans la continuité, sa frappe est trop molle pour inquiéter Lehmann, mais la construction N’Diaye/Bakari/Brunel montre les bonnes intentions et la fluidité lilloises.
En attendant le remplacement allemand, les Dogues profitent de leur supériorité numérique : à la 22e minute, Ecker lance Philippe Brunel, qui efface son adversaire et renverse vers Bakari à droite, qui semble hésiter entre volée et remise du plat du pied vers Bassir : Lehmann est pris à contrepied mais la défense renvoie en catastrophe devant le Marocain. Toujours à 11 contre 10, Lille insiste : après une touche, Delpierre centre, c’est mal renvoyé ; Ecker récupère arme (du droit !) à 20 mètres : Lehmann semble trop court mais ça passe juste à côté !
Oliseh a désormais remplacé Heinrich, et le LOSC pousse toujours. Sur un corner de Bassir, la tête de Bakari au premier poteau frôle le piquet (25e). Sur le ralenti, on remarque ce qui sera une constante du match : Dagui Bakari est systématiquement accroché par le maillot. C’est agaçant mais manifestement la défense allemande n’a pas d’autre solution pour le gêner. Très actif, Bakari manque de lucidité à la 36e, quand les Lillois récupèrent haut : il frappe de 25 mètres en oubliant Philippe Brunel, seul sur sa gauche… 3 minutes plus tard, après un gros travail collectif, Bassir et au départ et à la conclusion d’une incursion mais, encore seul face à Lehmann, il manque son contrôle. Ce n’est qu’à la 44e minute que Dortmund effectue sa première frappe cadrée : à l’entrée de la surface, Ewerthon trouve Wimbée, parfaitement placé.
La mi-temps est sifflé sur ce score de 0-0. Si la possession est allemande, les initiatives offensives et les occasions sont clairement lilloises. C’est rageant et, comme l’écrit la Voix du Nord, « à ce niveau, on ne peut pas se permettre d’avoir autant d’occasions franches sans mettre le ballon au fond ».
Voici un résumé vidéo de la première période :
À la reprise, deuxième changement côté allemand : Ricken est remplacé par Addo. Cela ne change pas le scénario du match. Comme en première période, les Dogues se créent d’emblée une situation dangereuse, avec un centre venu de la gauche de Bassir, que Bakari, qui se remémore un Lille/Lens, laisse passer dans son en plongeant au premier poteau. Derrière, Sterjovski est contré par Dédé aux 6 mètres. Trois minutes plus tard, Bassir, sur corner, trouve astucieusement Brunel à l’entrée de la surface, qui frappe à ras de terre. Dans les 6 mètres, c’est dévié par Bakari puis contré par Lehmann et, décidément, ça ne veut pas rentrer. Par la suite, Sylvain N’Diaye ne profite pas d’un coup-franc bien placé (54e). Et les Allemands ne se créent toujours aucune occasion, se contentant de défendre et de sortir proprement le ballon, mais sans jamais se montrer dangereux dans le camp lillois.
61e minute : après, encore, un beau mouvement, cette fois entre N’Diaye, Michalowski, Bassir et Sterjovski, l’Australien envoie une frappe sèche à l’entrée de la surface sur ce poteau qu’il a tant tapé ! Dans la foulée, Brunel renvoie dans les 6 mètres et s’ensuit un gros cafouillage avec Bakari puis Bassir, qui ne parviennent pas à faire entrer dans le but un ballon qui tourne drôlement : Wörns sauve sur la ligne. C’est encore chaud sur le corner qui suit mais, cette fois, Lehmann récupère.
Ce qui devait arriver arriva : sur l’une de ses rares incursions, le Borussia ouvre la marque : Amoroso trouve Evanilson dans le dos de la défense lilloise : il centre à ras de terre vers Addo, qui reprend à bout portant, Wimbée parvient à s’interposer mais il ne peut stopper le ballon. Ewerthon a suivi et conclut de près, à la limite du hors-jeu (0-1, 68e). Gros coup dur pour le LOSC, qui dominait largement. Mais, fidèle à leurs habitudes, les Dogues reprennent leur marche en avant : « toute autre équipe que le LOSC aurait courbé l’échine devant ce coup du sort, aurait plié face à ce froid réalisme ». Brunel envoie un centre-tir dévié par le gardien allemand (71e). Et l’égalisation survient juste après car « à Grimonprez-Jooris, le cœur et le talent s’allient pour faire des merveilles ». Au départ, un mauvais dégagement de Lehmann, trompé par le terrain, qui atterrit sur Dédé, immédiatement pressé par Sterjovski, qui lui chipe le ballon et cherche Bakari dans l’axe, encore bien repris par Wörns. Dédé récupère, cette fois pressé par Bakari : son dégagement faiblard arrive de nouveau sur Sterjovski, à droite : rebelote, centre immédiat, et cette fois c’est Bassir à la réception, qui reprend instantanément de volée (1-1, 73e). Le buteur se précipite vers la tribune présidentielle, et soulève son maillot pour faire apparaître le n°6 de Christophe Pignol, qui est descendu dans les vestiaires à la mi-temps : « j’ai rêvé de ce moment durant toute mon hospitalisation : revoir le groupe, vivre un match avec lui, retrouver des sensations de vestiaire ».
Bassir, dont le remplacement était prévu avant son but, cède sa place à Olufadé, puis Bruno Cheyrou remplace Michalowski. Cependant, après l’égalisation, le match baisse en intensité et s’achève sur ce score de 1-1. Un très beau résultat dans l’absolu, mais qui laisse quelques regrets quand on se remémore la somme d’occasions qu’a eues le LOSC, qui méritait sans doute mieux : « dans un match globalement bien maîtrisé, malgré la belle organisation tactique du Borussia, le LOSC joua avec beaucoup d’application et su réagir positivement à la pression physique adverse (…) L’égalisation de Bassir ne fut que justice minimale », et le « froid réalisme germanique » ne fera pas taire les clichés sur le football allemand.
Voici un résumé de la seconde période :
Les observateurs saluent la grande performance de Bassir qui, outre son joli but, a été au four et au moulin, et la lucidité de Philippe Brunel. L’Equipe a vu un « épatant Michalowski ». Comme une évidence, Sammer admet : « nous n’étions pas trop sûrs de nous ». Quant à Vahid Halilhodzic, il est déçu et peste – à tort – sur un présumé hors-jeu des Allemands : « c’est une déception car j’ai le sentiment qu’en première temps, nous pouvions faire mieux. SI le LOSC avait ouvert le score, nous aurions eu sans doute un autre match. Le Borussia a une vraie occasion. Il marque. Après avoir revu les images du but allemand, il est clair que cette action est entachée d’un hors-jeu au départ. C’est ainsi. À Lille, on a l’habitude de ces histoires là. Dans le vestiaire, j’ai senti que les joueurs étaient déçus. Déçus d’être passés à côté d’une sacrée performance. Mais on a toujours de l’espoir pour le match retour. Ce sera dur, mais à l’extérieur on a souvent réussi de bons coups. Alors pourquoi ne pas croire en nos chances ? »
Le match retour est prévu dans une semaine en Allemagne. Entretemps, Marseille viendra à Grimonprez-Jooris dimanche pour clôturer la 25e journée de D1 et entretenir l’espoir d’une nouvelle qualification européenne par le championnat.
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Posté le 8 février 2020 - par dbclosc
Dernier derby lillois avant la fusion
Ils ne le savent pas encore, mais ce 16 mai 1943, les deux rivaux historiques de l’Olympique Lillois (OL) et du Sporting Club de Fives (SCF) s’affrontent pour la dernière fois. Les « Diables Bleus » sont ainsi les derniers vainqueurs de ce derby, malgré la vaillante résistance dans les buts de l’OL d’un certain… Jean Baratte.
C’est dans la presse collaborationniste que nous trouvons quelques compte-rendus de la vie sportive de l’époque : de fait, les journaux qui paraissent sont collaborationnistes, sans quoi ils ne seraient pas publiés, ou alors clandestinement, comme le fait, avec une fréquence aléatoire, la Voix du Nord (VDN) jusque septembre 1944, mais vous devinez, bien évidemment, que la VDN ne consacre pas une ligne au football. C’est donc bien souvent en page 4 du Grand Echo du Nord de la France, dans les pages intérieures du Réveil du Nord, ou dans l’hebdomadaire Les Sports du Nord qu’il est possible d’avoir un aperçu de la vie footballistique, dont on a peine à croire, au-delà de son organisation chaotique, qu’elle soit absolument imperméable à la situation politique et militaire du pays, comme la lecture de ces journaux nous en donne l’impression. Alors qu’en Une de ces journaux, on se réjouit des pertes supposées des « Bolchevistes », des bombardements sur Londres, que la moindre déclaration d’Hitler, de Laval ou de Pétain est relayée et qu’on déplore « le Juif, ce fléau », le football passe pour une oasis qu’il est certes facile de placer au milieu d’un champ de ruines idéologique 80 ans après, mais qui dans l’immédiat a aussi une fonction idéologique claire (ce qui n’exclut pas qu’il distraie effectivement) : faire comme si tout était normal et servir de continuité avec la vie d’avant.
Fives vainqueur à l’aller
En mai 1943, le championnat 1942/1943 touche à sa fin. Durant les années d’occupation, les formules du championnat de France de football ont changé, sans que jamais on en trouve une bonne, mais c’était là une bien ambitieuse idée. Cette saison-ci, il est divisé en deux groupes de 16 équipes : le groupe Nord, avec notamment la présence du Sporting Club Fivois, de l’Olympique Lillois, du Racing Club de Lens et de l’Excelsior Roubaix ; et le groupe Sud. Depuis la professionnalisation du football en 1932, la ville de Lille attend avec impatience les confrontations entre les deux clubs rivaux de sa ville : l’OL (qui est désormais OICL puisque l’OL et l’Iris Club de Lambersart ont récemment fusionné), premier champion de France professionnel en 1933, et le SCF, qui a atteint son meilleur classement en 1934 (2e). D’ailleurs, cette saison a débuté le 31 août par « une sensationnelle réouverture » au stade Jules-Lemaire, avec d’emblée un SCF/OICL devant 10 000 spectateurs, dont le maire de Lille, M. Dehove, qui a vu les Fivois s’imposer par 4-1 (Triplé de Prouff et Stefaniak csc, alors que Vernay avait égalisé juste avant la pause pour l’OICL).
Le SCF (presque) au sommet, l’OICL à la peine
Ce score était annonciateur d’une belle saison des Fivois, surnommés les « Diables Bleus », et d’une saison en demi-teinte pour les « Dogues Irisés » comme l’appelle la presse régionale. En revanche, en coupe (où le territoire est là divisé en « zone occupée », « zone libre » et « zone interdite », l’OICL est parvenu jusqu’en finale de zone interdite (battu par Lens 0-2) là où le SCF a perdu dès les quarts de finale (éliminé là aussi par le RCL qui, rassurons-nous, a perdu en finale interzones contre Bordeaux, 1-2).
Lens est largement en tête de la compétition, qui ne débouche sur aucun titre, ça c’est dommage pour eux. Les Fivois, qui viennent de s’incliner 4-5 face aux « mineurs » – c’est ainsi qu’on les appelle – et ne peuvent plus les rattraper, sont deuxièmes et entendent bien conserver cette place. Les Dogues, de leur côté, après un début de championnat correct, se sont vite positionnés dans le ventre mou : les voilà 10e (sur 16) sans plus rien à espérer ni à craindre. Ils restent sur 3 défaites consécutives et viennent même de perdre 0-5 à Reims : « il semble bien qu’ils aient perdu toutes leurs qualités maîtresses (…) Il est grand temps que la saison se termine pour les Dogues, dont le moral, pour des raisons diverses, semble vraiment affecté » écrit Les Sports du Nord à la veille du derby. Si bien que ce OICL/SCF a perdu de son prestige, et les Fivois sont bel et bien les favoris : « sans doute l’avantage du terrain permettra-t-il aux ‘blanc cerclé rouge’ de se comporter mieux que précédemment devant leurs redoutables rivaux locaux. Mais il n’est reste pas moins vrai que Fives est aujourd’hui bien supérieur au ‘onze’ oïecéiste et qu’il entendra le prouver en s’assurant un sensible avantage à la marque finale ».
Le 16 mai 1943, au stade Victor Boucquey pas encore rebaptisé Henri-Jooris, le match est prévu à 15 heures. L’OICL est « privé du concours de nombreux joueurs de premier plan (…) nous sommes néanmoins certains qu’ils vont fournir pour ce classique derby un effort exceptionnel et que la lutte sera des plus serrées ». Pour faciliter le déplacement des supporters, un service spécial de trams est assuré entre la gare et le stade.
Voici les équipes annoncées par la presse le matin du match :
OICL :
Darui ou Leporcq ; Laurent, Deschodt, Mahieu, Stefaniak, Cheuva, Pollart, Staho, Baratte, Bigot, Lechantre
SCF :
Dessertot, Somerlynck, Dutilleul, Bourbotte, Jadrejak, Debruyckère, Tempowski, Tancré, Bihel, Prouff, Waggi.
En fait, par rapport à ces compositions annoncées, deux changements, dans les buts : à Fives Dessertot est finalement blessé et est remplacé par Arnould. Et, du côté de l’OICL, pas de Da Rui ni de Leporcq dans les buts mais Jean Baratte, l’habituel avant-centre de 19 ans ! Le plus extraordinaire est qu’aucune explication n’est avancée et que cette titularisation ne semble susciter aucune surprise dans la presse. Voyons-y un symptôme de la fin de saison, mais tout de même…
Fives sans problème
Le match est moyen : l’OICL, manifestement en roue libre, ne crée que peu de danger, tandis que les Fivois, supérieurs, ne forcent pas. Selon Le Grand écho, « le match a été joué avec beaucoup d’ardeur – exagérée de la part d’un Bigot, par exemple, au début du match, alors qu’il aurait pu s’employer à autre chose – d’enthousiasme, mais le plus souvent sans grande habileté de la part des uns et des autres ». Le Réveil du Nord insiste aussi sur la « trop grande virilité » de Bigot. Dans l’ensemble, le match se joue de façon courtoise, et on souligne notamment la qualité des joueurs « qui savent dominer leurs impulsions et qui ne se laissent jamais dépasser par l’énervement et la colère » : Stefaniak et Cheuva côté olympique ; Bourbotte et Jadrejak côté Fives.
Dans ce « qui n’était pas la grand ambiance de jadis » et dans une certaine « lassitude », la première période est marquée par un but refusé au SCF. En fin de première période, Baratte est sauvé par sa transversale et les deux équipes rejoingnent les vestiaires sur le score de 0-0. Les Dogues semblent dans un bien meilleur jour que lors de leurs précédentes sorties. On se dit que si Darui avait pu tenir sa place dans le but et que si Baratte avait été avant-centre, l’avantage pourrait revenir à l’OICL. Stefaniak maitrise parfaitement Bihel « qui ne fit rien d’utile ». Mais en seconde période, la supériorité des Fivois se révèle : à la 62e, Tempowski place une tête sur la barre mais, à l’affut, François Bourbotte reprend et ouvre la marque pour le SCF (0-1) !
Quelques minutes plus tard, Lechantre croit égaliser mais son but est refusé pour « off-side ». Si les Dogues ne contestent pas la décision de l’arbitre, ce refus provoque un premier « chahut » dans les tribunes, le public estimant qu’il n’y avait pas hors-jeu. À la 78e, « Prouff qui, pour une fois, oubliait de dribbler, expédiait un boulet qui battait Baratte » : 0-2 ! Dans les dernières minutes, alors que les Dogues poussent pour sauver l’honneur, Dutilleul commet une main : pénalty, pour le public ! Mais l’arbitre n’accorde qu’un coup-franc, à juste titre selon les journalistes. Le match s’achève sur cette victoire des Fivois.
Protestations en tribunes
La rencontre a été marquée par la forte véhémence du public et des « vociférations », à deux reprises : d’abord sur le but refusé à Lechantre, ensuite sur l’action de la fin du match. La presse régionale déplore ces comportements : « certains spectateurs n’ont point su commander leurs nerfs (…) il y eut des cris d’ensemble contre l’arbitrage dont on devrait se garder, dans l’intérêt même d’un club qu’on prétend aimer. Ces sortes de manifestations lui sont toujours préjudiciables ». Le Grand Echo prend la défense de l’arbitre car « aucun des supporters – ou soit-disant tels – ne peut prétendre en savoir plus sur les règles que MM. Boez, Sdez et Herbaut, qui dirigeaient la rencontre. Il y a vraiment des quantités incroyables de critiques de l’arbitrage et malheureusement trop peu de candidats à cette fonction difficile qui forme les caractères ». En outre, il se peut qu’il y ait eu des protestations d’un autre ordre : c’est ce que nous laisse penser des formulations plus alambiquées qui, à coup sûr, concernent autre chose que l’arbitrage, dont il est question très clairement dans d’autres passages. Ainsi, il y eut « quelques incidents dont on se serait bien passé. Les supporters de nos matches de football ont encore beaucoup de choses à apprendre avant de savoir discerner le vrai du faux. De plus, certains d’entre eux se laissèrent trop aller à des impulsions regrettables. C’est le signe d’un manque d’autorité et d’équilibre certains contre quoi il faudra réagir sans tarder ». Peut-être y projette-t-on ce qu’on aurait aimé qu’il s’y passât, mais ces phrases elliptiques qui en appellent à l’ordre renvoient peut-être à des manifestations plus politiques, qui ne peuvent être relayées dans les journaux que nous avons trouvées.
Baratte aussi habile avec ses mains qu’avec ses pieds
À l’arrivée, le SCF a fait preuve de « plus de robustesse », mais Lille « s’est comporté avec courage et, parfois, une certaine habileté. Lille aurait mérité de marquer au moins une fois ». Et Jean Baratte, dans tout ça ? Pour le Grand Echo, « ce petit diable de Jean Baratte a été excellent dans les buts ». Pour le Réveil du Nord, « il se défendit avec beaucoup d’à-propos », tandis que son acolyte fivois fit « une prestation qui fit souvent passer un frisson dans le dos des supporters des Diables Bleus ». Ainsi, le gardien fivois, fut-il le second, a été moins convaincant que Jean Baratte dans le but !
Nous connaissions l’épisode de la demi-finale de coupe de France 1952, où Jean Baratte, en raison de la blessure de Val, l’habituel titulaire, et du manque de confiance placé en D’Archangelo, le remplaçant, avait été titularisé dans le but ; là, c’est presque par hasard que nous avons trouvé ce précédent qui, sauf erreur de notre part, n’est relaté dans aucun ouvrage consacré au LOSC ou à ses ancêtres. Et puisque que nous allons de révélation en révélation, sachez que nous avons trouvé un troisième cas : en mars 1956, alors que Jean Baratte est désormais joueur du CO Roubaix-Tourcoing en D2, on le retrouve dans le but lors d’un déplacement au Havre.
Le gardien Baratte (à droite) s’interpose devant Tempowski
Dans le Grand Echo du 18 mai 1943, qui relate donc des faits qui se sont pour la plupart déroulés le 17 mai, lendemain du derby, on apprend que l’OICL, dont l’équipe de football ne constitue qu’une section, organisait son premier tournoi de tennis « réservé aux premières séries du club ». Le tournoi a été remporté par… Jean Baratte. Ce serait une drôle de coïncidence qu’un autre jeune lambersartois, sportif, de l’OICL, s’appelle également Jean Baratte, alors on a de bonnes raisons de penser qu’il s’agit du même. Dans les buts le 16, sur les courts le 17, de nouveau avant-centre en fin de semaine, c’est la vie que Jean Baratte mène.
La saison s’achève dans une relative indifférence. Lens remporte la compétition sans décrocher de titre ; Fives termine 2e, et l’OICL 9e, après 2 dernières victoires à Roubaix et contre Amiens.
Dans la foulée, l’ « équipe des Flandres » affronte à Paris l’équipe de Champagne dans le cadre de la finale de la Coupe des Provinces Françaises. On trouve parmi cette équipe des Fivois (Bourbotte, Bihel, Prouff), des Lillois (Da Rui, Stefaniak) et des Lensois (Marek, Mathieu, Lewandowski, Stanis, Ourdouillié, Siklo). Les Flandres l’emportent mais, au-delà du score, l’organisation de cette coupe est en quelque sorte le prélude à la (nouvelle) réorganisation du championnat de France pour la saison 1943-1944 dont il est déjà question dans la presse : c’est en effet cette forme de regroupements régionaux qui feront office de championnat, un championnat fédéral composé de 16 équipes, dont celle de « Lille-Flandres », qui reprend les meilleurs éléments de l’OICL, du SCF et de Roubaix, et qui annonce le futur LOSC, en 1944. Il n’y aura plus de derby Lille/Fives.
Posté le 1 février 2020 - par dbclosc
« LOSCiser la vie »
Un match ou deux par semaine, c’est bien trop peu. Mais quand on le veut, on peut rendre losciste le quotidien. Les fidèles de notre blog ont déjà déménagé en masse suite à nos conseils immobiliers, en s’installant rue François Bourbotte ou à proximité du stade Marceau Somerlynck. En outre, ces mêmes fidèles choisissent désormais leur destination de vacances en fonction du tour de France que nous leur avons suggéré, permettant de découvrir les sympathiques bourgades de Plestan, Peyrelade, Le Landreau ou Peyrieu.
Dans les années 1970, le Parti Socialiste avait un projet de société : « changer la vie ». Eh bien sur ce modèle, sachez désormais que nous vous offrons de nouvelles ressources dans notre grand projet : « losciser la vie ». Quel(le)s professionnel(le)s consulter ?
Souci d’argent ? Problème juridique ? Maux d’estomac ? Kilos en trop ? Faire de la politique ? Découvrir des arts, comme la photographie ou la musique ?
Tous les domaines de la vie sont concernés ! Alors prenez votre répertoire et notez le nom des professionnel(le)s suivant(e)s :
Santé/Soin du corps
Déprime passagère suite à une défaite du LOSC, noeud à l’estomac à l’approche d’un match à fort enjeu, nausées en vous remémorant la saison 2017/2018, le docteur Fabien Leclercq vous remettra d’aplomb à la vitesse d’un déboulé d’Eric Assadourian !
> 3 rue Roger Salengro, 59112 Annoeullin. Téléphone : 03 20 85 57 32
Qui veut se reconvertir dans la médecine ?
Problèmes de poids, allergies alimentaires… La diététicienne Silke Demeyere est là pour vous ! Elle exerce en Belgique Flamande, à Mortsel. Attention à ne pas vous prendre un tacle au passage ! Allez voir son site Internet !
> Sint-Benedictusstraat 47, 2640 Mortsel. Téléphone : +32 495 18 23 57
Allez voir son site Internet !
Mais n’oubliez pas non plus l’excellent Benjamin André, diététicien nutritionniste, un récupérateur qui vous aidera à récupérer !
> 13 Rue Louis Frédéric Rouquette, Quartier des Beaux-arts, 34090 Montpellier. Téléphone: 06 19 80 73 95. Site Internet.
Soin aux animaux
Il était un renard des surfaces, sa reconversion l’a conduit vers les chevaux : Clément Garcia est maréchal-ferrant dans l’Hérault ! Vous pouvez également lui rendre visite si vous êtes à cheval sur les principes : soyez donc ponctuel(le).
Bâtiment/Jardin
Philippe Desmet, désormais retiré en Belgique, a mis à profit les premières années de sa retraite sportive en s’établissant comme maçon à Lille : il faut dire qu’il était déjà bien bâti. Une psychanalyse approfondie a permis de révéler que cette reconversion était due au fait qu’il a contourné un nombre considérables de murs sur coup-franc : pour compenser, il a souhaité en construire de nouveaux. Il a cessé cette activité en 2000.
Pour une pelouse en parfait état, n’hésitez pas à contacter Michel Beck, qui propose un matériel de qualité pour l’entretien de votre jardin.
Une vocation découverte lors d’un Lille/PSG qui fit souffrir la pelouse de Grimonprez-Jooris
Culture/Arts
Les arts et la culture sont bien entendu indispensables dans ce monde difficile et incertain ! Pourquoi ne pas s’évader en écoutant un magnifique récital du ténor Ignacio Prieto ? Un gars qui en impose sur la scène aussi bien qu’en défense centrale !
Pensons également à écouter le chanteur Christophe Avril, qui interprète l’indispensable Ballade à Lille :
La musique permet également de se lâcher voire de servir d’éxutoire, quand on se sent trop frustré(e). La pratique de la batterie, très physique, est idéale pour évacuer les tensions. Pensez à prendre des cours avec le batteur Hervé Gauthier, dont les qualités de formateur ne sont plus à prouver ! Vous pouvez le contacter directement sur sa page facebook.
Sensibles au Beau, les supporters et supportrices du LOSC ont l’oeil artiste ; leurs joueurs aussi ! Ne dit-on pas que certains gardiens font des arrêts « pour la photo » ? Cela tombe bien, Jean-Marie Aubry est un photographe « amoureux de la nature », joignable très facilement. Pour vos photos de mariage, de baptême, de PACS, ou pour tout autre événement dans lequel vous embarquez des gens qui n’en ont parfois rien à faire, pensez au photographe Hector Tapia !
Vous aimez les arts manuels ? Stéphane Dumont est ébéniste ! On se rappelle d’ailleurs qu’il avait déjà touché du bois en fin de match à Villareal en 2005, ainsi s’explique cette belle reconversion. L’artiste Gérard Soler, plus complet, travaille le bois et toutes sortes de métal !
Si vous aimez davantage le théâtre, les pièces dans lesquelles joue le comédien Gérard Lopez sont pour vous ! Et comme Gérard Lopez est très riche, ça fait pas mal de pièces.
Philosophie
Vous avez davantage l’âme d’un(e) intellectuel(le) ? Plongez-vous dans les œuvres complètes du philosophe René Girard ! Son dernier livre, paru en 2011, Géométries du désir, est entièrement consacré au ballon rond, et notamment à Roger Carré, à Cédric Carrez et à Johnny Ecker, avec une surreprésentation défensive assez frappante.
Gestion/Finance/Marketing/Conseil
En matière financière, mieux vaut avoir affaire à des hommes de confiance : voici dressé le portrait de Patrick Collot, à votre service pour ses analyses et son expertise, du côté d’Epinal.
Dôté de plusieurs casquettes, Stéphane Dumont est également consultant marketing ! Analyser les marchés avec quelqu’un qui a une forte endurance, c’est l’idéal.
Droit/Politique
Julie Dufour est aussi à l’aise à droite, qu’à gauche ou au centre : rejoignez-là en politique et allez aussi de gauche à droite et de droite à gauche, sans oublier de ratatiner vos adversaires ! C’est pour nos ami(e) expatrié(e)s, car Julie Dufour est conseillère municipale au Québec.
Mais que nos lectrices et lecteurs fidèles à la France se rassurent : Julie Dufour est aussi avocate à Besançon et peut régler vos litiges, avec votre voisin lensois par exemple. Voici son site internet, qui vous prouvera qu’elle est aussi bonne en défense : https://www.juliedufouravocat.fr/
Toujours en politique, Anthony Garcia est membre du Parlement de Trinité-et-Tobago, bravo à lui. Il a même été nommé ministre de l’éducation.
Il a un peu changé mais on reconnaît bien ses traits
Humanitaire/Charité
Très belle générosité de Guy « moustache » Lacombe, qui profite de sa récente retraite dans une province du Canada (l’Alberta) pour aider des familles à « optimiser en français leurs connaissances, leurs habiletés et leurs compétences pour atteindre leur mieux-être ». C’est tout le sens de la mission de l’Institut auquel il a donné son nom. Voici le site Internet de l’Institut Guy Lacombe de la famille.
Sport
Cédric Carrez est devenu un pionnier du freeride : rejoignez-le dans cette pratique extrême ! Il est désormais connu sous le pseudonyme de Pouky et a notamment marqué le célébrissime Enduro World Series de Val d’Isère.
Si vous passez par Miami, allez donc dire bonjour à Fred Machado, Executive Coach spécialisé en Leadership Development !
Automobile/Mécanique
Cet aperçu de notre projet « LOSCiser la vie » demande des déplacements parfois coûteux ou difficiles à effectuer pour votre vieille voiture. Qu’à cela ne tienne ! Le garage Lauricella, en Moselle, répare votre voiture et vous propose de belles occasions de toutes marques.