Archiver pour mars 2020
Posté le 31 mars 2020 - par dbclosc
Division des tâches offensives. Sur les rôles respectifs des joueurs du LOSC sur phases d’attaque (1986-1990)
Comment les transmissions du ballon s’effectuaient sur les phases offensives du LOSC entre 1986 et 1990 ? Derrière cette interrogation, nous avions un double objectif. D’une part, nous souhaitions faire une analyse des rôles respectifs des différents joueurs du LOSC dans la construction de ses attaques et plus spécifiquement sur une période qui n’est pas nécessairement bien connue des supporters lillois actuels. D’autre part, l’ambition était méthodologique en montrant que, à partir d’un corpus de courts comptes-rendus issus de France Football, on pouvait produire des connaissances permettant d’objectiver certaines réalités du jeu lillois de la fin des années 1980 en combinant les données issues de ce corpus avec d’autres données comme les vidéos des matchs de l’époque.
Profitant du confinement, nous évitant fort opportunément des sorties au parc ou en forêt (ainsi qu’au stade), nous nous sommes rendus sur l’excellent site footnostalgie.fr pour y trouver l’ensemble des comptes-rendus des matchs de D1 du LOSC au cours des saisons 1986 à 1990. Dans ceux-ci, on trouve les descriptions des buts et des principales occasions des Lillois sur un total de 152 matchs. Ce matériau ne porte donc pas sur l’ensemble des actions lilloises mais uniquement sur les actions les plus dangereuses ou, en tout cas, sur celles qui sont apparues comme telles aux journalistes en charge de ces comptes-rendus.
Ces comptes-rendus décrivent les actions lilloises et nous permettent alors d’objectiver le déroulé de ces actions (en réalité surtout la fin de ces actions), quels sont les joueurs qui y ont pris part le plus activement et, pour ce qui nous intéresse en particulier, quels ont été les échanges de passes ayant eu lieu entre joueurs. Ceci nous donne un aperçu des schéma privilégiés entre joueurs et nous informe sur les rôles respectifs de chacun sur ces phases offensives.
Buisine et Mobati ne se faisaient jamais une passe. Cela ne les empêchait pas de très bien s’entendre.
Nous présentons ici les rôles respectifs de six joueurs du LOSC ayant disputé au moins trois saisons sur la période d’étude (à l’exception de Pelé, resté un peu moins de deux ans).
Cette présentation débute par la présentation des milieux défensifs. S’ils sont moins présents dans notre échantillon, d’abord parce que les courts descriptifs des comptes-rendus de FF ne décrivent que la fin des actions ou en tout cas leurs parties qui apparaissent les plus significatives aux yeux des journalistes qui en ont la charge, l’analyse du matériau permet toutefois de restituer le rôle spécifique qu’ils jouent sur les phases offensives. On verra ainsi que Philippe Périlleux et Alain Fiard ne jouent pas exactement le même rôle en la matière, le premier jouant de sa puissance de frappe pour envoyer de longs ballons à ses coéquipiers ou de lourdes frappes en direction du but adverse, tandis qu’Alain Fiard participait en apportant le surnombre sur les coups de pieds arrêtés et sur les attaques.
On abordera ensuite le rôle des milieux offensifs, Abédi Pelé et Jocelyn Angloma. On verra que le premier se caractérise par une grande mobilité sur le terrain ce qui contribue à rendre son jeu bien moins prévisible que les autres notamment parce qu’il n’a pas a priori de schéma d’échanges privilégiés avec l’un ou l’autre de ses partenaires. Le rôle de Jocelyn Angloma est lui plus stéréotypé mais il n’en est pas moins complémentaire du jeu du Ghanéen. Angloma avait ainsi pour rôle de faire des appels pour des passes de ses coéquipiers occupant des positions défensives pour ensuite transmettre le ballon aux attaquants.
On terminera par le rôle des attaquants, Philippe Desmet et Erwin Vandenbergh. On verra que le rôle de Desmet est alors celui d’un dynamiteur dont les accélérations ouvraient des espaces pour ses coéquipiers auxquels il servait de bons ballons et à Vandenbergh en particulier. Ce dernier, en position de pointe jouait en particulier sur son sens de l’appel.
Alain Fiard, d’abord milieu défensif, parfois en soutien des attaquants
Alain Fiard est pour sa part bien moins présent dans les phases offensives que l’ensemble de ses partenaires que nous évoquons ici. En trois saisons, on relève pour lui 13 passes effectuées pour 21 reçues. Ceci s’explique par le fait que l’essentiel de son rôle est celui d’un numéro 6 qui a la charge de la récupération du ballon et de sa transmission à ses camarades les plus proches sur le terrain.
Contre l’intuition première à propos d’un milieu défensif, Fiard reçoit ainsi davantage de passes qu’il n’en effectue lui-même et il en reçoit en priorité en provenance des attaquants. Ainsi, Vandenbergh, Sauvaget, Desmet, Mobati, Boli et Pelé lui font près des deux tiers des passes qu’il reçoit sur ces phases offensives. Ceci s’explique par le fait que, des deux milieux défensifs, c’est lui qui avait pour rôle de monter pour prêter main forte aux attaquants. Très souvent, il reçoit des passes en retrait d’attaquants excentrés après qu’il soit monté pour créer le surnombre, et il joue un rôle analogues sur les coups de pieds arrêtés.
Sur cette passe de Desmet, on voit clairement l’intention d’Alain Fiard de tenter d’apporter le surnombre en attaque.
Erwin Vandenbergh est le joueur avec lequel il échange le plus de ballons, lui faisant 5 passes et en recevant autant. Presque toujours, il s’agit de passes en retrait de l’attaquant belge qui, se retrouvant esseulé, voit arriver en trombe celui qui était fort peu opportunément surnommé « le Chinois ».
La « spéciale Fiard » : Erwin reçoit le ballon, mais je vois qu’il s’excentre et que mes autres coéquipiers sont solidement marqués. Je monte donc pour créer le surnombre, Erwin me la remet et je marque.
Philippe Périlleux : loin devant
La lecture des comptes-rendus de France Football montrent à propos des actions de Philippe Périlleux des descriptifs qu’on ne trouve presque pour aucun autre : « longue ouverture pour Hansen », « frappe lourde des 30 mètres sur la barre », « tir de mule », « Pelé met en retrait pour la fusée de Périlleux ».
Première caractéristique du rôle de Philippe Périlleux sur les phases offensives : il ne se retrouve presque jamais à proximité du but adverse. Deuxième caractéristique : le milieu lillois est doté d’une puissance de frappe et d’une précision peu communes. Il en découle un rôle offensif simple et efficace pour Philippe : soit, il envoyait des patates de 30 mètres, soit il envoyait de longue passes.
Philippe Périlleux sur le point de tenter une reprise des 80 mètres
Puisque ses passes sont presque toujours de longs ballons, ses bénéficiaires sont presque toujours les joueurs les plus hauts sur le terrain : Mobati, Pelé, R.Boli, Vandenbergh, Desmet et Angloma reçoivent ainsi 23 des 28 passes du milieu lillois. Ces six joueurs ne lui renvoyant l’ascenseur qu’à 10 reprises (dont 4 du seul Pelé).
C’est également en raison de ce style de jeu qu’il reçoit peu de ballons. Ses tirs ont ainsi souvent pour origine une percée de sa part au milieu de terrain, Périlleux profitant d’espaces au milieu adverse dans lesquels il s’engouffre. Périlleux n’est alors pas un joueur dont le rôle offensif consiste à faire des appels mais, au contraire, à répondre aux appels de ses coéquipiers afin que le jeu se projette rapidement vers l’avant. Il avait plus généralement pour rôle de créer le déséquilibre dans la défense adverse. Ainsi, une fois le premier rideau adverse franchi, les qualités de Périlleux placent ses adversaires face à une douloureuse alternative : soit monter sur lui pour empêcher sa lourde frappe au risque de libérer des espaces pour les autres Lillois (et, au passage, de se manger un missile dans la cuisse), soit maintenir leur marquage sur les attaquants lillois et risquer que le milieu défensif fasse usage de sa puissance de tir.
La « spéciale Périlleux » : Buisine récupère le ballon et me le transmet au milieu, j’enrhume mon vis-à-vis et j’envoie un long ballon à Angloma côté droit.
Angloma, le lien entre l’attaque et les milieux défensifs
Sur les actions offensives, Jocelyn Angloma reçoit d’abord les passes des joueurs défensifs. Alain Fiard, Philippe Périlleux, José Pastinelli et Dominique Thomas lui font ainsi 14 passes (pour 5 dans le sens inverse). S’il reçoit également beaucoup de passes de Philippe Desmet (6), c’est le reflet du rôle spécifique du Belge dans l’utilisation du ballon (cf. plus loin), ce qui explique qu’il transmet souvent le ballon au Guadeloupéen mais qu’il est rarement en position de le recevoir en retour (Desmet ne reçoit qu’une passe de la part d’Angloma).
C’est en revanche aux joueurs offensifs qu’il transmet le ballon. Il fait ainsi 20 de ses 31 passes au trio Mobati-Vandenbergh-Pelé et ne reçoit en retour que 10 passes de leur part. Du trio, c’est avec Vandenbergh qu’Angloma échange le plus de ballons (10 passes réalisées pour 3 ballons reçus), mais c’est avec Pelé que les échanges sont les plus équilibrés, puisqu’il fait 5 passes au Ghanéen pour 6 reçues.
Jocelyn Angloma a donc pour rôle de faire le lien entre les joueurs défensifs, dont il reçoit les passes, et les attaquants, auxquels il fournit de bons ballons.
La « spéciale Angloma » : je fais un appel, Périlleux me la transmet et je centre pour l’avant-centre qui marque.
Abédi Pelé, le chef d’orchestre
Le meneur de jeu ghanéen est celui qui occupe la position la plus centrale sur les phases offensives du LOSC. Avec 32 passes effectuées en moins de deux ans, il présente des statistiques en la matière assez proches de celles de P.Desmet et, avec 35 passes reçues, sa moyenne est très proche de celle d’E.Vandenbergh.
La force du jeu de Pelé tient en grande partie à son imprévisibilité, bien sûr objectivable à travers ses séries de dribbles ravageuses, mais également au niveau des échanges de passes avec ses collègues. Sa mobilité sur le terrain lui permettait d’aller chercher les passes de ses coéquipiers un peu partout sur la zone allant des milieux défensifs aux attaquants. Il en découle que Pelé pouvait recevoir des ballons de n’importe qui et le transmettre à n’importe qui sans que l’on parvienne à identifier des schémas dominants. Il échange ainsi dans des quantités équivalentes avec le milieu défensif Philippe Périlleux (4 passes effectuées pour 5 reçues), le milieu offensif Jocelyn Angloma (6 effectuées et 5 reçues) et les attaquants Erwin Vandenbergh (6 et 4), Gaston Mobati (5 et 4) et Patrice Sauvaget (3 et 4).
Alors que son compère du milieu offensif lillois Jocelyn Angloma joue pour l’essentiel sur la verticalité du terrain (il reçoit le ballon de derrière et le transmet aux avants), Pelé joue à la fois sur son horizontalité et sa verticalité. Pelé disposait en outre d’une palette très large pour déstabiliser les défenses adverses : qualité des appels, vision du jeu et des espaces et, bien sûr, grande qualité de dribble.
La « spéciale Pelé » : je viens récupérer le ballon au milieu de terrain et je le transmets à Périlleux, je fais un long appel et quand Périlleux m’envoie un long ballon, soit je la mets au fond après avoir dribblé un adversaire ou deux, soit je la passe à un copain qui a suivi. Ou encore, je tire des 40 mètres quand personne s’y attend. J’ai pas encore décidé en fait.
Philippe Desmet, le dynamiteur
De tous les joueurs du LOSC de l’époque, Philippe Desmet est celui pour lequel on recense le plus de passes effectuées à ses camarades (59 entre 1986 et 1989). Il se distingue également de ses camarades par le nombre des joueurs différents auxquels il délivre ses passes (22 au total), ainsi que par le fait qu’il reçoit très peu de passes et en particulier de la plupart de ceux auxquels il fournit le plus de ballons. Le trio Mobati-Pelé-Angloma reçoit ainsi 14 passes de la part de Desmet, mais ne lui en rend que 4.
Ainsi, les deux joueurs qui font le plus de passes à Desmet sur ces actions sont Philippe Périlleux (4 passes transmises) et surtout Erwin Vandenbergh (13) qui distribue a lui seul près de 40 % des 33 passes reçues par l’ancien de Waregem. Périlleux est le seul de tous les joueurs du LOSC à avoir fait plus de passes à Desmet qu’il n’en a reçu de lui et Vandenbergh celui qui a le plus bénéficié de ses passes (19 en trois saisons). Avec 32 échanges entre eux, les deux attaquants belges constituent, et de loin, le duo le plus prolifique en la matière.
Au cas où on ne s’en serait pas rendu compte avant, nos statistiques confirment le lien privilégié entre Vandenbergh (à gauche) et Desmet (à droite). Au centre, Georges Heylens, l’entraîneur belge du LOSC de 1984 à 1989.
Ces statistiques traduisent le profil de « dynamiteur » de l’attaquant belge : s’il reçoit peu de passes, c’est parce que son jeu se caractérise peu par la réalisation d’appels dans le dos de la défense mais plutôt par un travail de percussion. Il est alors un attaquant partant d’assez bas sur le terrain dont les accélérations attirent les défenseurs adverses, créant un déséquilibre ouvrant des espaces à ses partenaires auxquels il peut alors transmettre le ballon en bonne position.
La « spéciale Desmet » : je percute dans l’axe, j’attire à moi deux défenseurs, j’en profite pour transmettre le ballon à Vandenbergh qui profite de l’espace ainsi libéré, il me la remet en retrait et je marque.
Erwin Vandenbergh : l’attaquant de pointe
En bout de chaîne, Erwin Vandenbergh est le joueur du LOSC qui reçoit le plus de ballons sur phases offensives (76) que l’on compte en valeur absolue ou en moyenne par saison. Il reçoit pour l’essentiel ces ballons des joueurs les plus proches de lui sur le terrain, attaquants et milieux offensifs. Ainsi, les attaquants lui fournissent 31 passes et les milieux offensifs 21.
S’il réalise moins de passes qu’il n’en reçoit, Vandenbergh se distingue toutefois par le fait qu’il en effectue justement à des joueurs qui en reçoivent peu : dans notre corpus, personne d’autre que lui ne fait autant de passes à Desmet (13) et Fiard (5) et seul Abédi Pelé en fait plus à Périlleux que lui. Et aucun autre joueur que lui ne reçoit autant de passes de Desmet et Fiard, un tiers des 72 passes du duo parvenant dans les pieds (ou sur la tête) de Vandenbergh. Il existe donc une relation spécifique entre ces joueurs.
Toutefois, de par son positionnement d’attaquant de pointe, il reçoit des ballons de la plupart des joueurs. Vandenbergh est aussi le joueur qui reçoit le plus de passes de Mobati (7) et d’Angloma (10), de Victor Da Silva (4) et de Jean-Luc Ribar (4). La relation de l’avant-centre belge avec ces joueurs est cependant relativement unilatérale puisqu’il ne rend au total que 9 passes à ce groupe de joueurs dont il en reçoit 25.
La « spéciale Vandenbergh » : je fais un appel dans le dos de la défense, Desmet ou Angloma me la donne et, soit je marque si je suis bien placé, soit je la remets à Desmet ou à Alain Fiard.
Posté le 24 mars 2020 - par dbclosc
Un LOSC force 7
En août 1997, le LOSC signait ce qui reste aujourd’hui son dernier score de baby-foot : 7-3 contre Martigues.
Un score de baby-foot, c’est un score à 10 buts. On a déjà recensé ces matches dans cet article, en évoquant aussi les quelques matches qui ont dépassé les 10 buts. La dernière fois que c’était arrivé, c’était en 1992 : dans des conditions très particulières qu’on a relatées ici, le LOSC s’était incliné en coupe de la Ligue, à Sedan (1-9). En championnat, il faut remonter à la saison 1965/1966, quand le LOSC s’était incliné sur la pelouse du Red-Star (4-6). Mais depuis, pas de matches à 10 buts (ou plus), malgré la bonne volonté des Lavallois qui se font exploser 8-0 à Grimonprez-Jooris pour la dernière journée du championnat 1988/1989.
En 1997, le LOSC est de retour en D2. On a évoqué ici les objectifs et espoirs du nouveau coach, Thierry Froger. Une chose est certaine : les matches amicaux ont été encourageants et ont confirmé sur le terrain ce qu’on pressent sur le papier : offensivement, le LOSC a de quoi faire parler la poudre. Puis, pour son premier match, le LOSC est allé chercher un nul satisfaisant à Saint-Étienne (2-2). Le 9 août, Grimonprez-Jooris retrouve une division qu’il n’avait pas vue depuis le 20 mai 1978 : ce jour-là, en battant Quimper-Cornouailles 3-2, les Dogues de José Arribas retrouvaient l’élite.
Au programme ce jour : Martigues, qui est descendu en D2 en 1996. En 1996/1997, les Martégaux ont terminé troisièmes : pas de chance, cette saison-là, seules deux équipes montaient en D1. Mais voilà le LOSC prévenu : on reçoit aujourd’hui un prétendant à la montée, entraîné par un ancien du LOSC : Patrick Parizon. Le FCM a bien mal débuté sa saison, puisque les Sudistes ont perdu 1-4 à Sochaux la semaine précédente. Il faut dire que l’élément-clé de sa défense, Dubois, a été expulsé dès la 5e minute. De quoi susciter encore davantage la méfiance de Thierry Froger, qui craint que Martigues ne vienne bétonner : « Martigues était une des meilleures défenses l’an passé. Ils n’auront sûrement pas digéré d’avoir pris 4 buts d’entrée à Sochaux. Cette équipe vaut beaucoup mieux que ça ». Thierry Froger rêve de faire de Grimonprez-Jooris une citadelle imprenable : « on a la volonté de marquer des points sur toutes les équipes, afin que cela devienne un stade où il ne fait pas bon venir pour les adversaires. Nous devons faire en sorte de rendre la vie impossible aux équipes qui se déplacent ici ».
7 000 personnes ont pris place en tribunes, ce qui constitue une belle affluence au coeur de l’été. Thierry Froger aligne la composition suivante, en 3-4-3 :
Aubry ;
Leclercq, Dindeleux, Sanz ;
Duncker, Tourenne, Senoussi, Collot ,
Peyrelade, Boutoille, Lobé
Sur le banc : Abed, Banjac, Raguel. Initialement, Cédric Anselin, prêté par Bordeaux, aurait dû être remplaçant, mais il a appris juste avant l’échauffement qu’il n’était pas qualifié. Il a été remplacé au pied en l’air (ou levé) par Alain Raguel. Mais la principale absente côté lillois, c’est Anne-Sophie Roquette, en vacances. Mais c’est tout de même une femme qu’on entend au micro. Autre absent à Lille : le sponsor maillot.
Du côté martégal, pas grand monde de connu, hormis le jeune Sylvain N’Diaye, prêté par Bordeaux. Notons, pour le plaisir, la présence en attaque de Christophe Branlard.
C’est parti, et on est loin de s’imaginer ce qu’il va se passer ! Le LOSC démarre encore plus fort que chez les Verts où il avait marqué dès la 5e minute : ici, Peyrelade, profitant d’une passe contrée de Tourenne, marque d’une volée du droit sur le premier tir du match (3e), alors que Renaud, le gardien martégal, attendait manifestement un centre ; 4 minutes plus tard, Leclercq lance Boutoille en profondeur qui ajuste à ras de terre et profite de la grande forme de Renaud (2-0, 7e). Comme l’écrit la Voix du Nord, « ce n’était que le début du clavaire de Renaud » qui, comme on le sait, a ensuite sombré dans l’alcool.
Que se serait-il passé si Adjali, en bonne position, avait trompé Aubry au quart d’heure ? Ça aurait fait 2-1, certes. Mais il a tiré à côté et c’est toujours 2-0. Après une vingtaine de minutes d’accalmie, les Dogues repartent de l’avant : d’un extérieur du droit, Boutoille cherche Lobé dans la surface, qui profite de la sortie d’un Renaud au sommet de son art pour conclure dans le but vide (3-0, 28e). Par terre lors de sa sortie après avoir heurté son arrière, le malheureux gardien a à peine le temps de se relever qu’il heurte ensuite Lobé et se retrouve de nouveau au tapis pendant que les Lillois festoient. Les 3 attaquants ont marqué, quel début de match ! Dans la foulée, l’arbitre a l’indulgence de ne pas expulser Renaud qui crochète Lobé qui se présentait seul face à lui (29e). Mais en totale confiance, la défense des visiteurs assure le service encore plus directement : passe en retrait trop molle de Bochu, dégagement de Renaud dans le tibia de Lobé, et ça finit encore au fond, ce qui permet à Samuel Lobé d’imiter la poule tel un grossier Pascal Nouma (4-0, 30e). C’en est trop pour Patrick Parizon, qui sort un de ses arrières, Harchèche, et fait entrer Matingou (33e). Enfin, pour clore ce feu d’artifice avant de rejoindre les vestiaires, Peyrelade, dont le centre est renvoyé, décide de tirer directement et inscrit un nouveau but (5-0, 40e). Il dira après le match : « profitez-en bien, parce que du pied gauche, il y en a un par an ! C’est presque un miracle. Et il faut bien que je marque quelques buts. Si Samuel les marque tous, ce ne sera plus marrant ».
Djezon, ton short est à l’envers
5-0 à la pause, ça aussi c’est presque un miracle. Certes, ce n’est pas la D1, mais il n’en faut pas plus pour faire naître l’espoir de jours meilleurs. Les Dogues vont-ils continuer sur leur lancée en seconde période ? Après un double changement à la 53e, les Martégaux semblent davantage dans leur assiette : c’est l’un des nouveaux entrants, Serreau, qui réduit l’écart (5-1, 57e). Comme pour se faire pardonner d’avoir marqué, le FCM ouvre sa défense à Patrick Collot, qui réussit la performance d’éliminer 3 adversaires sans dribbler, juste en avançant tout droit, et bat du gauche Renaud, encore trompé par on ne sait quoi (6-1, 58e). Les deux équipes se créent alors des occasions. Il faut attendre les 10 dernières minutes pour que le score évolue. C’est cette fois au tour de la défense du LOSC de montrer d’inquiétants signes de passivité, dont profitent d’abord Robin, d’une belle frappe lointaine (6-2, 80e), puis Adjali, là aussi d’une belle reprise de volée (6-3, 82e). Mais Lille frappe le dernier : après un débordement de Boutoille, Lobé frappe en force du gauche et réussit le triplé (7-3, 86e).
Désolé pour la qualité de la vidéo : il y a un décalage entre le son et l’image, et la défense de Martigues est salement alignée
« Vent de folie », « un score qui fleure bon le football de papa » : bien évidemment, après un match si spectaculaire, la presse régionale est ravie. Les buts ont tous été marqués par des joueurs offensifs, et notamment par le trio Boutoille/Peyrelade/Lobé : « ces trois-là risquent de faire mal aux défenses de D2 ! » ; « le LOSC dispose sans aucun doute de l’un des trois meilleurs effectifs de D2, en qualité et en quantité ». Djezon Boutoille souligne la complémentarité avec ses collègues : « on s’est bien trouvé sur chaque but. C’est de bon augure pour la suite ».
Même la presse nationale souligne la performance lilloise : France Football indique que « Lille aboie fort » : « les hommes de Thierry Froger semblent bien partis pour tout casser à domicile ». Et, il faut le dire, c’est un record : jamais un match de D2 en France, depuis qu’il n’y a qu’une poule, n’avait offert autant de buts. Jusque là, ce record était 7-2 (Sochaux/Toulon et Red Star/Sochaux en 1996-1997, et Cannes/Gazélec Ajaccio en 1993/1994)1.
Le message est clair : Lille est un prétendant sérieux à la montée, et contribue avec ce score à impressionner ses adversaires. Ainsi, Samuel Lobé souligne que « si vous êtes forts, il faut le montrer tout de suite à l’adversaire ». Un triplé pour un joueur du LOSC ? Fait inédit depuis le 13 décembre 1986, avec Guy Lacombe contre Sochaux. 5 buts en deux matches pour le nouvel avant-centre du LOSC pour débuter la saison : du jamais vu depuis René Bihel en 19442! Bernard Lecomte est ravi du message envoyé au public : « c’est le démarrage idéal. On ne pouvait pas rêver beaucoup mieux. Il était important de montrer au public l’image d’une équipe qui veut aller de l’avant ».
Mais, bien entendu, tout n’a pas été parfait : le LOSC a encaissé 3 buts, et en une mi-temps. Et après déjà 2 buts pris à Sainté, cela tracasse, à commencer par le président Lecomte : « je regrette que nous ayons pris 3 buts ce soir. Cinq buts en deux matches ça fait un peu beaucoup ». Même les attaquants, pourtant à la fête, insistent là-dessus, comme Laurent Peyrelade : « je suis bien évidemment content, mais j’aurais préféré gagner 4-0 et ne pas prendre de buts. Cette fois, l’équipe a joué haut avec des enchaînements vers l’avant. Mais il faudra travailler nos bases défensives ». Les défenseurs pointent aussi ces insuffisances, comme Frédéric Dindeleux : « c’est vrai que c’est le point noir de la soirée. Pourtant, à la pause, on avait pour objectif de ne pas prendre de but. Ceci dit, on ne va pas faire la fine bouche, tout en sachant qu’il faudra méditer sur ce relâchement pour la suite ». Si France Football salue des attaquants lillois « tranchants, inspirés, percutants », l’hebdo insiste également sur la faible opposition : ainsi, on peut lire que les Dogues « sans pourtant développer un football d’une qualité exceptionnelle, sans afficher une supériorité écrasante dans le jeu, ont montré d’impressionnantes qualités offensives. Ils ont ainsi marqué 5 fois avant le repos, presque sans s’en rendre compte ».
Un constat étonnant et presque vexant avec un score aussi lourd, mais dont on retrouve la traduction dans la feuille de match et les notes données aux joueurs : seuls 5 joueurs lillois bénéficient de la note de 4 (sur 6), et seul Samuel Lobé est dans l’équipe-type FF de la journée (avec Olivier Pickeu d’Amiens, Frédérik Viseux de Sochaux, et Thierry Rabat de Troyes !)
Quand on fait remarquer à Thierry Froger qu’il est peut-être humain de se relâcher en menant de 5 buts à la pause, il rétorque : « humain, mais pas professionnel ». Bref, c’est la fête, mais il y a encore du boulot. Laurent Peyrelade, qui connaît bien la D2, prévient que le chemin sera long : « pour le moment, on est invaincu, c’est l’essentiel. Pour monter, il faudra marcher au rythme d’un nul à l’extérieur et d’une victoire à domicile. On ne marquera pas toujours 2 buts à l’extérieur. Il faudra parfois sortir le bleu de chauffe et tenir le 0-0. Il y a encore des progrès à faire, mais moralement on va se rendre à Sochaux avec des certitudes. Si on pouvait ramener au moins un point, ce serait déjà bien ».
Défensivement, le LOSC se reprend lors des deux matches suivants, en décrochant deux 0-0, à Sochaux puis à Nîmes. Et, en effet, la saison sera longue. D’abord pour Martigues qui, loin de ses prétentions initiales, terminera 21e du championnat. De là à dire que ce 7-3 a été une victoire en trompe-l’oeil…
Quant aux scores de baby-foot, ils n’ont depuis ce match jamais été atteints avec le LOSC, même avec un entraîneur comme Rudi Garcia qui, s’il aimait jouait l’offensive, oubliait parfois quelques bases derrière. C’est ainsi à un but près que les Dogues échouent à compléter ce palmarès, contre Lorient en 2010 (6-3), Marseille en 2011 (4-5) et Bordeaux en 2012 (4-5).
FC Notes :
1 Ce record de 10 buts marqués a été dans un premier temps égalé en 2000 (Cannes-Niort, 6-4) et en 2004 (Troyes-Châteauroux 5-5), puis battu en 2019 (Valenciennes-Béziers 5-6)
2 Et encore, on peut chipoter car les conditions sont différentes, ne serait-ce que parce que René Bihel n’est pas véritablement une recrue du LOSC en 1944 : il jouait avec l’équipe de Lille-Flandres. Mais lors de la saison 1944/1945, René Bihel commence le championnat avec 6 buts en 2 matches, puis 7 en 3 matches : un premier but à Paris (avec le nom de Stade Lillois) ; puis, avec l’appellation LOSC, un quintuplé contre Le Havre, et un but au Mans.
Posté le 21 mars 2020 - par dbclosc
Thierry Froger, la mauvaise réputation
À Lille, on ne peut pas dire que Thierry Froger ait laissé un souvenir impérissable : son nom est en effet associé à l’échec de la saison 1997/1998, au cours de laquelle le LOSC ne monte pas après avoir passé quasiment toute la saison 3e (le LOSC avait même 6 points d’avance sur le 4e à 6 journées de la fin), et à un début de saison 1998/1999 catastrophique où, malgré des renforts importants, l’équipe s’est enlisée en fond de classement et semblait avoir « lâché » son coach. Rappelons-nous aussi qu’au-delà des objectifs sportifs non-atteints, le LOSC, à cette époque, ne proposait pas un jeu sensationnel. Alors certes, c’était la D2, un championnat réputé physique, et on nous objectera qu’il est peut-être préférable de monter en jouant mal que de bien jouer en D2. Nous objecterons aux objecteurs que cette saison là, Lorient et Nancy sont montés en jouant.
Dans ces conditions, et d’autant plus après coup quand on voit ce qu’a fait son successeur, il est facile de pointer Thierry Froger, son travail, son manque de communication à l’égard des joueurs, ses choix d’une semaine sur l’autre, ou la faiblesse mentale du groupe à laquelle il ne peut être complètement étranger. Oui, c’est facile, et d’ailleurs nous ne nous sommes pas privés de le faire chaque fois que nous avons traité cette période. Parce que non seulement c’est facile, mais en plus ça défoule.
Cette attention sur les résultats obtenus, bien que nécessaire, empêche toutefois de se rappeler qui était Thierry Froger, ce qu’il a voulu mettre en place, et quel était l’état du club au moment où il est arrivé. Car on a beau se moquer, c’est un entraîneur qui ne peut pas avoir que des défauts, ne serait-ce que parce que c’est à lui qu’on doit l’arrivée de Laurent Peyrelade ou de Carl Tourenne. Alors focalisons-nous ici sur ses idées et les messages qu’il a tenté de faire passer, notamment lors de son arrivée comme coach du LOSC en 1997.
Rappelons d’abord que, comme bon nombre d’entraîneurs du LOSC, Thierry Froger est un ancien joueur du LOSC : sollicité par C. Samoy et J. Arribas, il fréquente en effet le tout nouveau centre de formation du club dès 1978. Après quelques apparitions dans l’équipe B du club, il débute en première division le 24 mai 1983, à Toulouse, en remplaçant Jean-Paul Delemer à la 68e, alors que le LOSC est mené 0-3 depuis la 12e minute. Une semaine plus tard, pour la dernière journée de championnat, il connait sa première titularisation, contre Metz : ce jour-là, sont également titulaires Jean-Pierre-Mottet et Pierre Dréossi, qu’il retrouvera plus tard dans l’encadrement du club. La saison 1983/1984 est la plus aboutie pour lui : il participe à 26 rencontres de championnat, et une en coupe.
Au stadium, saison 1983/1984. Thierry Froger est debout, au milieu
Un jeune et prometteur entraîneur
Sur les deux saisons suivantes, il ne joue que 26 matches toutes compétitions confondues. Sa carrière se poursuit puis s’achève en deuxième et troisième divisions, d’abord à Grenoble, puis au Mans à partir de 1990, où il effectue une dernière saison de joueur professionnel en 1990/1991, tout en étant en charge de la formation, à partir de l’âge de 27 ans. C’est tôt, mais Thierry Froger n’a pas hésité : « j’étais prêt, dans ma tête. Ce métier était en moi, dans mon inconscient. En fait on peut dire que j’ai fait une carrière de joueur pour être entraîneur ensuite. J’ai toujours eu envie de donner quelque chose. Voir une personne heureuse, c’est bien. En voir deux, trois quatre, c’est encore mieux ! ». Cette vocation est en effet arrivée précocement, puisque lorsqu’il était au centre de formation du LOSC, Thierry Froger en a profité pour passer son BE1 à Wattignies en 1981, à l’âge de 18 ans.
Thierry Froger s’occupe donc de la formation mancelle de 1990 à décembre 1993, moment où le MUC72, en difficulté en D2, l’appelle pour prendre les rênes de l’équipe première. Il parvient in extremis à maintenir le club en D2, grâce à une ultime victoire lors de la dernière journée en mai 1994. La saison suivante commence de façon tonitruante : lors de la première journée, Le Mans s’impose à 3-2 à Marseille, qui a été relégué. Les Manceaux signent une saison tranquille qu’ils terminent à la 12e place (sur 22). Puis, lors des deux saisons suivantes, Le Mans s’installe dans le haut de tableau, en terminant 6e à chaque fois, malgré un effectif limité. Ces performances offrent à Thierry Froger le titre France Football de meilleur entraîneur de Division 2 sur l’année civile 1996. Et c’est peu dire qu’il a la côte car la VDN rapporte que Thierry Froger aurait été courtisé par le FC Nantes pour remplacer Jean-Claude Suaudeau, qui se retire.
« Tout a commencé par un coup de fil de Charly Samoy, il y a une quinzaine de jours, raconte Froger. Il voulait savoir quelle était ma situation au Mans.Cequi m’importait alors était de savoir si les Lillois étaient vraiment intéressés ou s’il s’agissait d’un simple contact, comme d’autres. J’ai eu ensuite des discussions au téléphone avec Pierre Dréossi. Je me suis alors inquiété de savoir si mon club me libérerait. Comme c’était le cas, j’ai enfin rencontré Bernard Lecomte à Lille et voilà.. ». Même s’il est encore jeune (35 ans), c’est un entraîneur relativement expérimenté qui débarque au LOSC qui, 19 ans après, retrouve la D2. Il est présenté officiellement avant même que la saison 1996/1997 ne soit terminée : le mardi 20 mai 1997, juste après le nul contre Le Havre qui officialise la relégation du LOSC en D2.
« La jeunesse au pouvoir ! » s’emballe la Voix du Nord, conquise par ce coach à la « tenue chic décontractée, regard droit et barbichette de pédagogue ». Il est vrai qu’on peut noter une tenue qui dénote avec celles utilisées par les précédents entraîneurs du LOSC, bien plus à l’aise en survêtement. Thierry Fourny, de Ouest-France, l’assure à la VDN : Thierry Froger est un homme « efficace, sain et honnête ». Tout le monde a l’air content, et Froger y va aussi de ses flatteries : « c’est là que j’ai appris mon métier, je ne voulais aller qu’à Lille. J’étais parti par la petite porte. Mais aujourd’hui, je veux recréer quelque chose ». Pour Bernard Lecomte, « Thierry Froger était le candidat qui avait le vent en poupe. C’est un pari sur la jeunesse, un pari sur la modernité. Sa démarche, parfois un peu scientifique en matière de préparation, m’a plu. Ses idées aussi » ; Samoy voit en lui un « profil de bâtisseur ».
La D2, un autre monde
Dès mai 1997, l’annonce de la venue du nouveau coach est donc vue positivement, y compris chez les joueurs comme Jean-Marie Aubry, dont l’avenir lillois est incertain à ce moment-là : « il y a une bonne chose, c’est d’avoir pris un entraîneur qui a l’expérience de la Division 2 ». En effet, selon le gardien lillois, cette expérience est indispensable car « la D2, c’est un autre monde. C’est dur, chaque match est un combat, plus encore qu’à l’étage au-dessus ». Une rhétorique martiale qu’utilise également l’entraîneur, pour qui « il faut se préparer dans la tête et être prêt à lutter ». Il insiste sur l’état d’esprit à changer, car l’objectif est clair : il faut remonter dans les deux ans, et le plus tôt sera le mieux. Désormais, le LOSC va joueur la tête, et non le maintien, comme une vieille manie qu’il faut à présent abandonner : « le club doit comprendre qu’on ne joue plus pour ne pas descendre, mais pour monter. C’est un nouveau départ ! ». Le calendrier du championnat a pourtant réservé pour les 4 premiers matches des Dogues (dont 3 déplacements) des adversaires qui ne les plongeront pas d’emblée dans l’ambiance de la D2 : Saint-Etienne, Martigues, Sochaux et Nîmes. Mais il faudra aussi préparer des matches contre Niort, Mulhouse, Louhans-Cuiseaux… et Wasquehal, qui vient d’accéder à la D2 ! Dès lors, avoir pris un entraîneur qui connaît les spécificités de ce championnat est unaniment considéré comme un atout. Il arrive avec Jean-Pierre Mottet, lui aussi ancien de la maison, et qui a l’expérience de la D2 puisqu’il a été l’adjoint de René Girard à Nîmes, et arrive tout droit de Gueugnon, où il était en charge de la préformation : « c’était un désir de travailler au LOSC et c’est plaisir de travailler avec Thierry. On a eu un peu le même parcours tous les deux. Nous sommes arrivés à Lille en même temps et nous sommes partis au même moment. Et puis ici, il y a aussi Charly Samoy et Pierre Dréossi, des gens dont je connais les compétences. Je crois qu’il est très important de travailler avec des gens qu’on estime ». Un tandem uni, une expérience passée au LOSC, l’expérience de la D2 : sur le papier, ça se présente bien.
Finalement, peu de monde connaît Thierry Froger. Il le reconnaît aisément : « On ne me connait pas. Cela ne me dérange pas. J’ai conscience d’avoir quelque chose à prouver. C’est à moi de satisfaire la curiosité des gens ! ». On l’a écrit plus haut, sa carrière de footballeur, y compris à Lille, est relativement effacée. Le 26 juin 1997, jour de reprise de l’entraînement, c’est donc avec beaucoup de curiosité que les médias régionaux attendent le discours du nouvel entraîneur. Comme l’écrit la Voix des Sports, « on gardait de lui une image diffuse. Celle d’un joueur solide, dur sur l’homme, sérieux, entiché de ses couleurs, dont la carrière n’avait pourtant jamais réellement décollé en dépit d’une cinquantaine de matches joués au plus haut niveau ».
Un effectif à affiner
Au moment de la rentrée, l’effectif des Dogues n’est pas encore définitif : Thierry Rabat, Geza Meszoly ou Bojan Banjac, autant de joueurs susceptibles de partir, sont encore là ; des recrues doivent arriver ; d’autres joueurs seront mis à l’essai. On peut toutefois noter qu’hormis les inéluctables départs de Garcion et de Becanovic (et, finalement, la non-arrivée de Jestrovic, qui avait pourtant signé un contrat début 1997), il y aura assez peu de mouvements. Au rayon des bonnes nouvelles, Jean-Marie Aubry et Patrick Collot, en dépit d’une baisse de 20% de leur salaire, restent ; des jeunes pointent le bout de leur nez et sont intégrés à l’effectif professionnel (Denquin, Sanz, Coulibaly – seul manque à l’appel Raguel pour obligations militaires) ; les finances sont presque assainies ; enfin, la saison dernière, le public est revenu et, phénomène étonnant toutefois encouragé par une politique tarifaire attractive, il semble que l’on va battre le record du nombre d’abonnés cette saison. L’environnement du club semble donc bon, reste désormais aux joueurs à s’impliquer : « ce qui m’importe, tout de suite, c’est de voir la façon de travailler des uns et des autres. Savoir s’il y a concentration ou pas. Ensuite, je verrai qui s’investit en match, à l’entraînement. J’ai besoin de joueurs qui s’expriment à 100%. Les conditions pour le faire sont requises. Tout viendra d’eux ».
À la demande de Thierry Froger, les joueurs se présentent un à un devant la presse. L’occasion de découvrir les trois principales recrues du club, dont deux sont arrivées du Mans, dans les bagages de Froger : Laurent Peyrelade et Al-Habo dit « Bob » Senoussi, ainsi que Samuel Lobé, venu de Créteil. Peyrelade précise : « bien sûr, Thierry Froger est pour quelque chose dans ma venue au LOSC. J’avais eu quelques contacts avec Jean-Michel Cavalli, avant, mais quand j’ai su que ce serait lui, disons que ça a facilité et accéléré les choses. Avec lui, ça se passe bien. Et quand ça va moins bien, tout de suite, on en parle ».
Un collectif à créer
Et sur le terrain alors ? L’entraîneur insiste sur le collectif. Il parle bien sûr de jeu (« j’ai trouvé des lacunes dans le potentiel collectif. Tout est à faire. L’équipe manque de repères » ;« c‘est essentiel : en D2, on défend à 11 et on attaque à 11 »), mais pas seulement : il s’agit de créer une dynamique de groupe, qui va bien au-delà du football. En clair, il faut bien s’entendre, sur le terrain entre footballeurs, hors du terrain entre hommes. Un point essentiel rappelé par Laurent Peyrelade : « avec le potentiel que nous avons, nous pouvons monter. Mais attention, avoir de bons joueurs, ce n’est pas forcément avoir une bonne équipe. Au Mans, nous n’avions pas de grands joueurs, pas de stars, pas de types très bien payés, mais il y avait quelque chose qui passait entre nous et nous formions une bonne équipe ». Cela signifie-t-il alors que Froger sait créer une bonne ambiance de travail ? Quoi qu’il en soit, au bout de quelques jours d’entraînement, il pointe déjà les problèmes qu’il a observés à son arrivée : « dès mon arrivée à Lille, j’ai dit aux joueurs que pour aller au bout de notre projet, il fallait une adhésion totale de leur part. Dans un premier temps, la descente a fait mal. Mais maintenant, cette déception doit nous servir de tremplin pour repartir ! J’ai très vite ressenti un manque flagrant de communication au sein du groupe. Les joueurs ne parlent pas assez ! Les entrainements n’étaient pas assez vivants. Il y avait une sorte de blocage que la découverte d’un nouvel entraîneur accentuait. À présent, cela va mieux. J’essaie toujours d’avoir un avis sur leurs sensations, après une séance de travail ». Il semble aussi que les premiers contacts entre Thierry Froger et son groupe aient perturbé certains. D’abord parce que l’homme a changé depuis son précédent passage à Lille : c’est en forgeant qu’on devient Thierry Froger et Charly Samoy affirme ainsi qu’il ne l’a pas reconnu. Ensuite parce qu’il a l’air de dénoter avec la norme du milieu. C’est ce qu’on comprend dans des interviewes données au cours de l’été 1997, par exemple par Jean-Pierre Mottet mi-juillet (« c’est vrai que certains ont été surpris au départ, mais ce n’est pas un système venu de la planète Mars ») ou par Bob Senoussi fin juillet (« les gars adhèrent bien aux méthodes de Thierry Froger. Au départ, certains ont un peu tiqué. On sentait bien également que chez beaucoup il y avait une certaine déception après la descente. Mais maintenant le courant passe bien. Il y a beaucoup plus de sourires. Le groupe revit ! »). C’est avec cette volonté de créer un collectif que, dès la deuxième semaine de travail, le groupe est parti en stage : « c’est un prétexte pour être ensemble. Les joueurs ne se sont pas quittés de 9h à 19h »
Quelles méthodes ?
On peut dire que Thierry Froger montre ses muscles à son arrivée, comme s’il anticipait les difficultés qu’il craint le plus (« la plus grosse difficulté dans ce métier, c’est d’aborder un groupe ») et adoptait alors le comportement qui fait précisément se réaliser ce qu’il craint. C’est peut-être cette posture qui a perturbé : « ma stratégie est toute simple : je mets des règles en place. Si on s’en écarte ou si on veut me marcher sur les pieds, les sanctions tombent aussitôt ». Voilà qui fait penser au nouveau prof qui débarque le premier jour en hurlant « Interro-surprise ! ». Mais bon, n’extrapolons pas et laissons Thierry Froger poursuivre : « les gens se demandent souvent si je ne suis pas un peu jeune pour imposer mon autorité. Mais l’autorité, ce n’est pas seulement ouvrir sa bouche. C’est aussi une façon de communiquer ». En l’occurrence, cette façon de communiquer se révèle à mesure que ses paroles sont relayées dans la presse : des réponses souvent brèves, pour ne pas dire sèches ; il cite Aimé Jacquet, Fabio Capello ; la Voix des Sports lui trouve « un flegme tout britannique » ; contrairement à ce qu’on a laissé entendre jusque là, il ne semble pas rétif à la confrontation : « au départ, le joueur de football a un rôle passif à l’entraînement. Il attend un signe, une impulsion, alors que l’entraîneur doit agir, expliquer sa démarche, créer un élan, convaincre, dynamiser. Ce qui me sidère, c’est qu’on puisse – de loin – émettre des avis négatif à propos d’ une équipe dès l’instant où un petit problème apparait. Je dis non ! Une équipe ça doit vivre, ça doit bouillonner. Et la passion, c’est parfois des excès ! ». En effet, et il le vérifiera… souvent à ses dépens !
Au niveau du jeu, Thierry Froger annonce son intention de jouer en 3-5-2. Durant les premiers jours de préparation, il insiste sur la « récupération » : « il ne s’agit pas vraiment d’un pressing mais d’un gros travail de replacement ». En outre, il lance des tests inédits au LOSC, grâce aux installations du CREPS à Wattignies, qui consistent à « doser la valeur physique des joueurs afin de déterminer les rythmes de travail. On a pu faire les tests VO2 max et mesurer le seuil anaérobie ». Bernard Lecomte est séduit : « il a un niveau de professionnalisme étonnant. Sa démarche est presque scientifique. Il donne beaucoup d’importance à tous les aspects de la personnalité du joueur. Ça me plaît bien ».
Des matches amicaux encourageants
Pendant ce temps, les matches de préparation présentent un LOSC séduisant. Le 9 juillet, les Dogues font un nul au Mans, avant de battre facilement les Belges de La Louvière (3-0, doublé de Lobé et Peyrelade). Un match joué sans Djezon Boutoille, écarté du groupe pour « comportement non professionnel » selon les dires de son entraîneur : « il ne reprendra certainement pas avec moi de suite. Il fera un stage en réserve. J’avais pourtant prévenu le groupe, il y a des règles ! La priorité est l’engagement et le professionnalisme ». Difficile de savoir ce qu’il s’est passé, mais on reconnaîtra à Froger le mérite de mettre ses consignes à exécution. Vient ensuite la première manche du challenge Emile-Olivier, à Berck, où le LOSC écarte Wasquehal. Lille bat ensuite Sedan, avant de jouer le 26 la finale du challenge contre Lens, au Stadium. Et Lille gagne 1-0, ce qui n’est pas une mince performance, grâce à un but de… Djezon Boutoille, pour qui le stage en réserve semble avoir été bénéfique.
L’équipe alignée à Berck, contre Wasquehal, le 20 juillet. Et donc Djezon était déjà de retour.
C’est donc sur un premier trophée que s’achève la préparation. Thierry Froger n’est pas encore complètement satisfait car il souhaiterait que son effectif descende à 22 éléments, tout en souhaitant un autre attaquant : « pour l’instant, on va disputer un match par semaine, mais très vite on va passer à trois, et dans le secteur offensif il faudra de la percussion ».
Le 1er août, veille de la reprise du championnat pour le LOSC à Geoffroy-Guichard, Bernard Lecomte convoque la presse et son effectif, et rappelle la situation du LOSC et ses objectifs : « rêvons un peu. En mai 1998, le LOSC remonte et les comptes sont remis à zéro. Une autre ère commence. Le club peut reconstituer ses capitaux propres. Il est à nouveau crédible et des investisseurs potentiels frappent à la porte… Il y a une grande attente et une grande confiance en vous… »
Se froger une mauvaise réputation
On le sait désormais, Thierry Froger n’aura pas au LOSC la réussite escomptée. On l’a rappelé au début de cet article, ni les résultats, ni la manière, ni la personnalité de l’homme n’ont convaincu. On se rappelle que le public a demandé sa démission ; qu’il a été physiquement agressé en août 1998 par un supporter à l’entraînement ; que son dernier match à Grimonprez-Jooris contre Cannes s’est déroulé dans un climat délétère, des dizaines de supporters s’étant même déplacés jusque derrière son banc pour s’en prendre à lui ; que, même parti depuis des mois, il a eu droit à un comité d’accueil hostile quand il est revenu à Lille, avec Châteauroux, en janvier 2000 ; et que parmi les joueurs que nous avons rencontrés, certains, comme Arnaud Duncker ou Roger Hitoto, ont été très critiques à son égard.
Dans un sport où c’est en général celui qui gagne qui a raison, Thierry Froger, au même titre que Marcelo Bielsa, s’est donc forgé une mauvaise réputation dans le cœur des supporters des Dogues. Pourtant, les mots qu’il emploie et les objectifs qu’il fixe ne sont pas très éloignés de ce qu’a pu dire son successeur, Vahid Halilhodzic. Ainsi, après une première saison dont on a rappelé l’issue et ses circonstances, Thierry Froger, à l’aube du nouvel exercice 1998/1999, déclarait : « je retire de l’échec de l’année dernière beaucoup de choses : il m’a surtout conforté dans mes convictions de travail et de solidarité. Je reste persuadé qu’en respectant ces deux valeurs, ce point qui nous a manqué, nous l’aurions eu depuis belle lurette (…) Je regrette de ne pas avoir réussi à faire comprendre à certains la nécessité de travailler tous les jours et d’accepter la concurrence (…) à partir du moment où tout le monde se met au travail chaque jour et a la volonté de bien faire son métier, la réussite se trouve souvent au bout (…) Ce groupe a deux visages. Il vit à peu près bien, mais peut se transformer à l’approche de la compétition, avec la pression ». Autrement dit, on ne peut pas lui reprocher de ne pas avoir cerné le problème, et de ne pas mettre en avant des valeurs auxquelles on ne peut qu’adhérer.
Nous, qui essayons en général de ne pas individualiser les événements et de les rapporter à des dynamiques organisationnelles et sur le temps long, nous ne nous satisfaisons pas de l’équation trop facile Froger = raté. En tentant de replacer un peu plus finement le contexte de l’époque et ce qu’était le club quand Thierry Froger, on peut souligner les points suivants :
Le dernier point évoqué nous laisse penser que le coach semble avoir perdu son groupe sur des problèmes de forme plutôt que sur des problèmes de fond, même si on peut considérer que la forme est fondamentale, et que manager et communiquer à un groupe fait partie du métier. Mais si la communication est le produit d’une rencontre entre deux entités, ce n’est peut être pas la faute que de l’une d’elles.
Thierry Froger a repris un groupe qui venait juste de descendre, et qui sortait, pour certains de ses membres, de plusieurs années de lutte contre la descente. On peut estimer que cela a pu provoquer une certaine usure et une certaine lassitude de quelques joueurs à l’encontre du club. Il est d’ailleurs significatif que Vahid Halilhodzic explique une partie de l’échec de la remontée en 1999 par un effectif qui comportait encore trop d’éléments des déceptions passées. Il disait ainsi lors de l’été 1999 : « la génération qui était en place n’avait connu que des déceptions. En trois saisons, ils ont vécu une descente et deux accessions manquées. En plus, ils ont évolué durant des années dans un environnement relativement hostile. Certains étaient usés, psychologiquement atteints. Ils avaient perdu la confiance, le plaisir de s’entraîner. Il fallait donc procéder à un changement radical »
En relisant la presse de l’époque, on se rend compte que l’année 1998, au cours de laquelle la LOSC a prévu de retrouver des finances apurées (pour acheter les frites), est à juste titre brandie comme une échéance importante pour le club. Et Bernard Lecomte a peut-être le tort de trop répéter qu’il souhaite faire coïncider cette date avec la remontée, y compris la veille de la reprise du championnat quand il convoque la presse. On le défend suffisamment par ailleurs pour se permettre de dire qu’en dépit de ses ambitions légitimes, un seul objectif à la fois était suffisant, sans ajouter de pression outre mesure à un groupe qui avait compris les enjeux.
Quand Thierry Froger annonce qu’il souhaite faire jouer la concurrence : on peut là aussi souscrire à cette idée, mais au lieu de dégager un onze type, cette concurrence a souvent conduit a faire des changement brutaux d’une semaine à l’autre, et même à recourir plusieurs fois à des changements à la mi-temps, parce que personne ne s’imposait vraiment dans l’effectif. L’entraîneur en est-il là aussi l’unique responsable ?
Si comparer Halilhodzic et Froger est cruel, on peut souligner que Vahid a eu davantage de pouvoir sportif que n’en a eu Froger. Roger Hitoto nous l’avait rappelé, et c’est vérifiable par ailleurs : les rôles ont été éclaircis entre Halilhodzic, Dréossi et Lecomte, et Vahid a eu quasiment toute latitude pour appliquer ce qu’il souhaitait. Ce changement est-il un enseignement de la période Froger, ou est-ce que Froger n’avait pas assez la confiance des dirigeants ? Rappelons-nous tout de même qu’à l’été 1998, Adick Koot, entraîneur-joueur de Cannes, qui n’a que 5 mois de moins que Froger, arrive au LOSC… en tant que défenseur, mais la question s’est posée si on ne recrutait pas déjà une roue de secours (ce à quoi Froger avait répondu : « J’ai rencontré Adick plusieurs fois avant sa venue et si je n’avais pas voulu qu’il nous rejoigne, il ne serait pas là. J’ai toujours voulu travailler avec des gens compétents et il en est un. Il va nous apporter beaucoup. Il nous a manqué un homme comme lui la saison dernière, un relais capable de faire la cohésion. Maintenant, s’il redevient entraîneur, eh bien, je redeviendrai joueur »). On ne peut pas dire que ce soupçon vous place dans des conditions de travail optimales.
Ainsi, les personnes compétentes qui ont placé le génial Halilhodzic en septembre 1998 sont les mêmes incompétents qui avaient placé l’odieux Froger 1 an et demi auparavant : tout ne peut pas être réduit à un individu. Ces éléments n’exonèrent pas Thierry Froger de ses responsabilités et, répétons-le, de son échec à Lille. Mais ils permettent de replacer de manière compréhensive que des éléments qui ne sont pas liés à ses qualités propres (ou ses défauts) ont forcément influencé sur les performances de l’équipe qu’il a dirigée. Si la réussite en football consiste à placer les bonnes personnes au bon endroit, au bon moment, on peut dire que, pour Thierry Froger, ce n’était – au moins – pas le bon moment. Le reste…
Posté le 11 mars 2020 - par dbclosc
1997, la descente en chantant
Après un match nul contre Le Havre (2-2), le LOSC est officiellement en deuxième division. Le public envahit le terrain pour… célébrer ses joueurs et son président.
Samedi 17 mai 1997, aux alentours de 22h00, le match entre le LOSC et Le Havre s’achève. Il aurait fallu gagner et compter sur d’autres résultats favorables pour entretenir l’espoir, mais les Dogues n’ont même pas assuré le service minimal. En concédant le match nul à domicile, ils sont désormais condamnés à retrouver la D2 qu’ils avaient quittée en 1978. Après des mois de dégringolade au classement, une déliquescence progressive dans le jeu et ce sentiment de démission collective chez les joueurs, c’est une issue logique. L’arrivée du duo Samoy/Gautier fin mars à la place de Cavalli n’aura rien changé à cette infernale spirale (qu’on a relatée ici) : alors que le LOSC comptait 28 points à l’issue de la phase aller et était sur un rythme « européen », il n’a pris que 7 points sur la phase retour, dont seulement 5 en 1997 : une performance presque invraisemblable, d’autant plus incompréhensible que la première partie de saison avait suscité d’immenses espoirs. Comme le résume Jean-Marie Aubry, « on a sans aucun doute joué au-dessus de nos moyens en première partie de saison. Et ensuite… c’est incroyable. N’importe quelle équipe, même une D2, se serait sauvée à notre place. Elle aurait grappillé des points, 2 ou 3 victoires ici où là. Mais nous, nous n’avons pas su le faire ».
Résumé du match (Téléfoot) :
Voilà déjà quelques minutes que les supporters les plus excités se sont placés au bas des tribunes pour envahir le terrain, comme c’est la tradition pour le dernier match à domicile de la saison. On craint le pire. Comme l’indique la Voix des Sports du 19 mai, « tout le monde s’attendait à ce que l’atmosphère soit lourde, voire malsaine », à l’image du violent orage qui s’est abattu sur Lille durant la seconde période du match. Au coup de sifflet final, des centaines de personnes pénètrent sur la pelouse, les joueurs font face et semblent prêts à affronter l’hostilité attendue. Et pourtant : « au lieu des visages tendus, des crispations d’usage, de la colère parfois qui s’empare d’un public frustré et déçu par la tournure des événements, rien ni personne ne vint rappeler que les Lillois venaient officiellement de redescendre en division 2 ». Au contraire, une troupe se forme sous la tribune officielle, et chante à la gloire du LOSC et de Bernard Lecomte. Sur le terrain, les joueurs semblent presque étonnés que les supporters ne leur en veuillent pas. Accolades et serrages de mains : l’ambiance est bon enfant.
« Merci Cédric pour cette belle saison ! »
« Scène surréaliste » ; « on croit rêver » relève la presse régionale. Alors, contents de descendre ? Peut-être pas quand même. Mais on peut avancer trois explications à cet étonnant moment.
Premièrement, le public vient de voir une équipe qui a dégagé de l’envie. Face à des Havrais venus pour jouer, et qui ont marqué deux jolis buts, le LOSC, mené 0-1 puis 1-2, n’a pas baissé les bras. C’est d’abord Dindeleux qui égalise une première fois, et célèbre son but devant les DVE qui ont déroulé une banderole « Faites-nous plaisir » ; puis Miladin Becanovic marque son 13e but de la saison, sur un service de Banjac, comme pour rappeler que cette association a fait un malheur pendant… un tiers de la saison. Charly Samoy, qui s’est vu confier une mission quasi-impossible quelques semaines avant, souligne l’état d’esprit : « vous avez vu, ce soir, nous n’avons jamais renoncé. Nous avons parfois été malmenés, mais nous nous sommes battus avec courage. Dans ces moments-là, le public est toujours prêt à pardonner ». Alors ce n’est que 2-2 contre Le Havre, mais cette façon de s’accrocher a mis du baume au cœur. Et, événement notable, qui a posteriori pouvait préfigurer l’envahissement amical d’après-match : pas un spectateur n’a manifesté son mécontentement. Par ailleurs, le club semble avoir gagné une bataille : même en cette triste fin de saison, la moyenne des spectateurs à Grimonprez-Jooris était supérieure à 10 000, bien au-delà de la moyenne des dernières saisons.
Ce point amène à la deuxième raison : si aucun sifflet n’a marqué la rencontre, c’est, finalement, parce que le temps n’est plus aux reproches. Depuis janvier, le public a eu l’occasion de manifester son mécontentement et sa désillusion, notamment après les indigentes prestations contre Strasbourg (2-4) ou Montpellier (0-4). La défaite à Lens, fin avril, outre la déception qu’elle a suscitée en raison de la rivalité avec le voisin, ne permettait déjà plus guère de doute sur l’issue de la saison. Puis, lors de la réception du PSG, ponctuée par une nouvelle défaite (0-1), le faible espoir était réduit à peau de chagrin (qui fait plus littéraire que peau de zob, pour une signification identique). On a eu le temps de pester sur les blessures (Hitoto, Aubry et Becanovic), sur les erreurs d’arbitrage (le pénalty à Nantes), sur les boulettes défensives à Caen, sur le niveau d’Arphexad, sur la suspension de David Garcion, sur l’irrégularité de certains (Banjac, malgré tout son talent), le manque de prise de conscience de Cavalli, et la presse a évoqué des tensions dans le vestiaire : voilà tout ce qui fait qu’une équipe tombe inexorablement, sans jamais être en capacité d’inverser la tendance, et nous donne un gros chagrin (qui fait plus littéraire que gros zob, pour une signification différente). Bref : la D2, on l’a vue venir depuis longtemps et on est fatigués d’être en colère, alors à quoi bon, encore, siffler ? Comme le résume Bernard Lecomte après le match, avec un certain sens de la formule : « la période de deuil est déjà passée ».
Enfin, et c’est certainement la raison principale : Bernard Lecomte a pris la parole après la défaite à Lens. Pour, dans un premier temps, répondre à la sortie de Gervais « euh » Martel qui évoquait la possibilité d’une fusion, la veille du derby dans France Football. Gervais Martel qui, pour Lecomte, « a peut-être peur du lendemain, lui ». Paf, dans tes dents longues ! Et pour rappeler l’essentiel : on l’a déjà souligné sur ce blog (ici par exemple), depuis sa prise de fonction en 1994, Bernard Lecomte expose régulièrement la situation financière du LOSC, et sa stratégie, notamment dans des éditoriaux au sein du Magazine du LOSC. Et cette stratégie, en l’occurrence, n’a pas varié : avec du travail et du temps, il s’agit de reconstituer les capitaux propres du club pour 1998. D’ici là, les profits réalisés sont consacrés à reconstituer ces capitaux, et non à l’investissement : il s’agit ni plus ni moins de la survie du club. Depuis 3 ans, Lecomte ne s’arrête pas au résultat et au court terme : l’échéance, c’est 1998. Et à la limite, peu importe que ce soit en D1 ou en D2 : « c’est clair, aujourd’hui, il faut bien parler de division 2. Mais si on veut rebondir, il faut des moyens ! C’est ce que j’ai dit, en substance, à Pierre Mauroy récemment au téléphone. Je dois le voir prochainement pur connaître ses intentions. Il est clair que si je n’ai pas de réponse claire à mes demandes, je prendrai d’autres dispositions. On peut tenir en D2 mais nous ne pouvons plus vivoter ».
On le savait : eu égard à la situation financière du club, la D2 serait peut-être un jour le prix à payer. La défaite à Lens semble avoir paradoxalement éclairci la situation : plutôt que d’être sur le fil comme depuis des années en enchaînant de fades saisons, le LOSC va changer de statut à l’étage inférieur, avec une ambition retrouvée : jouer la montée, avec ses jeunes formés au club (Raguel, Landrin, Coulibaly, Dindeleux, Carrez, Boutoille, Machado), des cadres décidés à rester (Collot, Aubry, Duncker), et un entraîneur déjà désigné, Thierry Froger, qui sera présenté dans deux jours. Vu comme ça, la D2 est une opportunité : c’est reculer pour mieux sauter. Et peut-être que, par bonheur, l’assainissement des finances coïncidera avec une remontée : « j’ai toujours dit que je ne partirais du club que sur une trajectoire de succès ».
Dans le Magazine du LOSC de ce Lille/Le Havre, le président rappelle encore, au-delà du verdict sportif : « nous défendrons les objectifs que nous nous sommes fixés : le redressement financier en 1998. C’est alors et seulement que nous pourrons véritablement oeuvrer à la reconstruction complète d’un grand LOSC ». Gageons qu’à force de transparence, Bernard Lecomte avait gagné la confiance des centaines de supporters sur le terrain. Encore quelques mois, quelques crises, et ils en récolteront les fruits : ce 17 mai 1997, c’était déjà demain.
Posté le 2 mars 2020 - par dbclosc
Toujours le vent en poupe
Ah, ça faisait longtemps ! En championnat, la dernière rencontre à domicile remonte à mi-janvier, c’était une victoire contre Yzeure. Depuis, le parcours en coupe s’est arrêté après une honorable défaite contre Dijon (0-1), tandis qu’en championnat, les filles ont remarquablement poursuivi leur lancée en s’imposant à Grenoble (2-1) puis à Vendenheim la semaine dernière (3-1), cette dernière victoire ayant été obtenue grâce à deux buts inscrits dans le temps additionnel. Si tant de temps est passé depuis le dernier match à la maison, c’est parce que la match prévu contre Nancy, début février, a été reporté à cause des rafales de vent. Ben si y avait des rafales de vent, y avait qu’à jouer derrière !
Cette blague est meilleure à l’oral, essayez.
L’adversaire du jour : le Racing Club de Saint-Denis. Ce club a été fondé en 1984 par des Antillais, et son but est la pratique du football bien sûr, mais aussi « la découverte de la culture antillaise », si l’on en croit son site Internet. Ses fondateurs y expliquent que, vivant à Saint-Denis et originaires des villages de Rivière Pilote et Basse Terre, ils ont logiquement appelé leur club le « Racing Club de Saint-Denis ». Dans un premier temps, je me suis dit : « c’est moi où il n’y a aucun rapport ? Autant pour la partie « Saint-Denis », je comprends, autant pour « Racing Club », je ne vois pas. Est-ce à dire que le Racing Club de Lens a été fondé par des Antillais ? » En fait, après une recherche pas fouillée, je me suis rendu compte que les clubs de Rivière Pilote et de Basse Terre étaient tous deux des Racing Club. Voilà l’explication.
Donc reprenons : ce club de foot, initialement « masculin », a ouvert une section féminine en 1995 pour répondre à l’afflux de filles qui souhaitaient s’y mettre. Et, aujourd’hui, le Racing Club de Saint-Denis ne comporte qu’une équipe masculine, toutes ses autres équipes étant féminines. De même, son école de football est exclusivement féminine. Au-delà de son caractère atypique dans son organisation à un tel niveau (tous ses dirigeants sont bénévoles), c’est un peu le monde du football à l’envers : par exemple, la presse locale souligne que, dans ce club, les hommes sont « dans l’ombre des femmes » : « loin des projecteurs braqués sur leurs consœurs, les joueurs du Racing n’ont aucune rancœur envers leurs pairs ». Une situation originale donc, et un exemple rafraîchissant de ce qu’il est possible de faire pour promouvoir la pratique féminine du football, au-delà des préjugés. Bon, une politique qui, dans le contexte actuel de relative professionnalisation du foot féminin, connaît aussi ses limites et n’a peut-être pas vocation à perdurer en l’état, mais on tenait à souligner la sympathie qu’inspirent nos adversaires du jour dont la devise est « Unis par le foot mais pas que… ». Une philosophie qu’on retrouve dans ce clip de présentation :
Club sympathique donc, mais n’oublions pas l’objectif du jour : il s’agit bel et bien de le défoncer. Sur le papier, cela semble largement faisable : l’équipe n’a pas très bien entamé son championnat puisque les 10 premiers matches se sont soldés par autant de défaites, dont une contre le LOSC à l’aller (3-1). Ce n’est que le 8 décembre qu’un nul à Grenoble (2-2) a permis d’empocher un premier point. Après deux nouvelles défaites pour entamer 2020, les joueuses de Saint-Denis ont étonnamment pris un point à Saint-Etienne (2-2), ce qui nous arrange bien. Et la semaine dernière, elles ont signé leur première victoire de la saison contre Arras (2-0). Elles sont donc dernières, avec 5 points en 15 matches, mais ce n’est probablement pas la même équipe que celle du début de saison, et on a presque envie de dire que la dynamique est positive.
Du côté de l’effectif lillois, Caroline La Villa est toujours blessée, et Mégane Jacaton est absente. On note le retour dans le groupe de Marlyse Ngo Ndoumbouk, qui avait repris avec la R2 en début de mois, et qui a même marqué la semaine dernière. Carla Polito est sur le banc, Eva Fremaux est alignée à droite et, devant, est aligné d’entrée le trio Boucly/Elisor/Dufour, derrière Noémie Mouchon. Gwenaëlle Devleesschauwer est capitaine.
Il tombe par moments des averses, et il y a beaucoup de vent. Ceci doit en partie expliquer la faible affluence, compensée par la présence remarquée d’Héloïse Mansuy.
Julie Dufour s’est déjà démarquée
Joueuses, arbitres et coaches ne se serrent pas la main comme à l’accoutumée : c’est une consigne de la FFF, suite à la recommandation du Ministère de la santé face au coronavirus. Du coup, il est également recommandé d’éviter les duels, les tacles et le marquage ? Les Lilloises auront le vent dans le dos en première mi-temps. Même dans le dos, ce n’est jamais clairement « favorable », on verra bien. Le chronomètre fonctionne, et c’est parti !
3e Première illustration que le vent va emmerder tout le monde, si on en doutait encore : un corner pour Saint-Denis de la droite vers la gauche est salement freiné et atterrit dangereusement dans les 6 mètres, mais on s’en sort sans dommage.
5e Au départ, bon changement d’orientation de Demeyere qui fait basculer le jeu vers la droite. Dufour centre vers Elisor qui arrive lancée et reprend de la tête aux 6 mètres en plaçant du côté d’où vient le centre pour prendre à contrepied la gardienne : ça roule devant le but et ça ne rentre pas.
7e Faute sur Aurore Paprzycki, qui tire elle-même le coup-franc à une trentaine de mètres, avec le vent dans le dos. À quelques mètres près, ça pouvait passer sous la barre !
11e Centre de Boucly et reprise de volée de Dufour à 10 mètres, au-dessus.
12e Coup-franc pour Saint-Denis à une quarantaine de mètres des buts d’Elisa Launay. Seule Salomé Elisor compose le « mur » lillois. Et boum, en plein dedans !
14e Aurore Paprzycki court derrière Johane Laforte, qui s’arrête. Mais Aurore continue et fonce dedans, ça donne une très belle faute.
18e Julie Dufour, à droite, joue rapidement une touche sur Mouchon dans la surface, complètement seule. Elle contrôle et cherche Elisor aux 6 mètres qui est un peu trop courte, ça passe devant le but !
23e FAUTE SUR DEMEYERE LÀ, OH !
24e Centre de Dufour, repris facilement par la défense. La gardienne, voulant assurer son dégagement avec le vent dans la figure, dégage quasiment du plat du pied.
Bon, c’est compliqué. Le vent semble gêner les joueuses et il n’y a pas grand chose de construit. De l’arrière, on abuse un peu du jeu long mais il est bien difficile d’être précises avec les conditions météo. Il y a pas mal de latitude pour Fremaux et Ollivier dans les couloirs, mais c’est très regroupé en face. On a beaucoup de mal à trouver les deux ailières, Maïté Boucly ou Julie Dufour et, quand c’est le cas, leurs centres sont facilement dégagés par la défense. Il va falloir être patientes !
L’équipe de Saint-Denis, sans être très dangereuse, est bien organisée (c’est pour pas écrire : elle attend derrière et espère un but sur un malentendu). Mais les deux défenseuses centrales, Emeline Saint-Georges et Gwenaëlle Devleesschauwer, sont très propres pour couper les quelques tentatives de percée dans le camp lillois.
27e Belle ouverture de Devleesschauwer (qu’on va désormais appeler Devlech, comme il est indiqué sur son maillot) vers Ollivier, à gauche, qui parvient à centrer juste avant la sortie de but, mais c’est renvoyé.
29e Centre de Ollivier, Dufour reprend largement au-dessus. Julie n’y est pas.
30e RÉCUPÉRATION DE SILKE DEMEYERE !
Boucly et Dufour ont permuté.
34e Frappe de la 29 dyonisienne, à une vingtaine de mètres face au but : ça part bien en hauteur, c’est freiné, ça redescend, ça repart, ça semble n’en pas finir, et ça finit juste au-dessus.
35e De l’arrière, Devlech lance Boucly, à droite donc. Maïté n’est pas hors jeu (contrairement à Mouchon et Dufour) et file vers le but. La gardienne sort et Boucly frappe du gauche à l’angle de la surface mais enlève trop son tir. Il y avait deux Lilloises seules dans l’axe. Quel gros raté !
36e Arf, Aurore Parzycki a reçu un ballon en pleine tronche, ça a l’air de faire mal.
40e Après une longue séquence de possession, où le jeu est passé de gauche à droite, Maïté Boucly arme puissamment à 25 mètres et la gardienne dévie sur la barre ! Voilà – enfin – une occasion que le vent a contribué à rendre bien dangereuse !
41e Voici une séquence avec de meilleures intentions et plus d’agressivité dans la récupération. Julie Dufour récupère le ballon et frappe à 20 mètres, mais il semble que ce soit renvoyé par le talon de Mouchon.
44e Sur un corner obtenu après une frappe contrée de Mouchon, Eva Frémaux glisse en retrait à Saint-Georges dont la frappe termine à côté.
45e L’arbitre, qui s’appelle Ségolène Laminette, annonce à la cantonade « Une minute messieurs-daaames ! ». Ben c’est nouveau ça !
Après la « minute messieurs-dames », la mi-temps est sifflée sur le score de 0-0. Alors qu’on a plutôt eu l’habitude ces temps-ci d’avoir de belles première périodes et des secondes plus gestionnaires, on n’est pas très gâtés pour l’instant. C’est laborieux, et le vent y est probablement pour beaucoup. Pas d’occasion du côté de Saint-Denis, ce serait bête de ne pas en profiter.
46e C’est reparti Paprzycki ! 10 secondes de jeu : Agathe Ollivier, qui a malencontreusement glissé, réussit une remise de la tête alors qu’elle a les genoux par terre. Ce n’est pas très esthétique, mais c’est efficace et ça fait sourire : 18/20.
47e Carton jaune pour Sebe Coulibaly, après une faute sur Julie Dufour juste devant le banc de touche lillois.
53e Ouverture côté Saint-Denis : le ballon traîne un peu dans la surface et bénéficie à la 29, qui parvient à tirer du gauche, c’est contré par Saint-Georges en corner, et pas de problème pour Launay.
54e Frappe lointaine de Paprzycki, mais trop axiale : c’est sur la gardienne.
55e La relance de la gardienne n’est pas extraordinaire et c’est vite récupéré au milieu : Elisor lance Mouchon, seule, qui avance et ajuste tranquillement du plat du pied : 1-0 pour le LOSC !
56e Aaaaah, ça va mieux !
58e Duel Frémaux/Laforte, l’attaquante entre dans la surface par la gauche et frappe, mais c’est largement à côté.
59e Dans le rond central, la 21 est contrée par Mouchon, qui récupère et avance vers le but. Elle a deux solutions : Demeyere à droite et Boucly à gauche. C’est pour Silke, à l’entrée de la surface qui, sur son pied droit, tente de donner en une touche sur sa gauche à Boucly, mais c’est raté.
63e Sortie de Maïté Boucly, entrée de Charlotte Sawaryn.
Julie Dufour monte d’un cran, tandis que Charlotte Sawaryn se place au milieu, à droite. On passe dans une sorte de 4-4-2
65e Fremaux trouve Sawaryn qui pour son premier ballon, réussit un grand pont et sert Mouchon. Elle feint de prendre le ballon mais ne le touche pas, ce qui trompe son adversaire. Elle peut désormais déborder mais est reprise. Corner.
Pour Saint-Denis, sortie de la 29 et entrée de la 19.
69e Très belle performance d’Elisa Launay qui, en sortant hors de sa surface, dégage, et ça termine droit dans le tunnel.
Voici donc à jour le classement du « challenge Marine Dafeur » et ses déclinaisons :
Envoyer le ballon par-dessus la tribune : Marine Dafeur (contre le Paris FC, décembre 2018) ; Gwladys Debbache (ASSE, novembre 2019)
Envoyer le ballon sur le haut du tunnel : Marine Dafeur (contre Dijon, septembre 2018 et contre Metz, mars 2019)
Envoyer le ballon dans le tunnel : Marine Dafeur (contre Fleury, février 2018) et Aurore Paprzycki (contre Guingamp, avril 2018), Silke Demeyere (contre Le Havre, novembre 2019), Elisa Launay (contre Saint-Denis, février 2020).
70e Carton jaune pour Aminata Diadhou pour contestation. Johane Laforte, la capitaine, conteste le carton donné pour contestation et prend à son tour un carton pour contestation. Ça aurait pu durer un moment mais ça s’arrête là.
72e Dufour sert Mouchon à droite. Elle trouve Elisor qui, bien qu’accrochée, parvient à centrer. La défense dégage.
80e Après une combinaison Dufour/Elisor, le LOSC obtient un corner. La défense des Jaunes dort, ce qui permet à Demeyere et Sawaryn de tranquillement le jouer à deux. Demeyere centre vers Fremaux, ça cafouille, Sawaryn frappe, c’est renvoyé en corner. Cette fois, Silke Demeyere le tire tendu vers Devlech, la défense dégage. Silke récupère à l’angle de la surface et frappe : avec le vent, encore une fois, le ballon prend un drôle de trajectoire et frappe la barre. Ça finit encore en corner ; et après une tête de Fremaux, cette fois c’est dégagé.
81e Aile de pigeon d’Ollivier, qui se fait plaisir cet après-midi. Dans la foulée, elle effectue une touche vers Mouchon, qui se retourne et frappe à 20 mètres : sur la gardienne.
83e Relance rapide de Launay vers Fremaux à droite, qui passe le relais à Sawaryn, qui a apporté beaucoup de dynamisme depuis son entrée. Julie Dufour accèlère encore à droite, pendant que le public a tout le temps de voir que Mouchon est seule dans la surface ; Noémie est servie, seule aux 6 mètres, et reprend très nonchalamment sur la gardienne… Par chance, le ballon lui revient avec l’aide d’une arrière, et elle pousse finalement le ballon au fond : 2-0 !
84e « Les Jaunes, on peut rêver mais ça va être dur ! »
Belle entrée de Charlotte Sawaryn dans le couloir droit
86e Récupération de Sawaryn dans les pieds de Coulibaly, qui reste à terre. Le ballon est perdu par les Lilloises puis récupéré par Sawaryn, à proximité de Coulibaly, toujours par terre. De rage, elle se relève et balance un vieux tacle de frustration : deuxième jaune, et donc rouge ! Bravo !
88e Faute d’Elisor qui énerve le banc de Saint-Denis, qui considère que l’arbitre a le carton facile à leur encontre mais pas pour le LOSC. Bah non, c’est très bien !
89e Sortie de Mouchon, entrée de Polito.
90e Cette fois, l’arbitre n’annonce pas le temps additionnel.
92e Frappe de Demeyere, sur la gardienne.
C’est terminé sur cette victoire 2-0. Ce n’était pas le match du siècle, mais dans de telles conditions et face à un adversaire venu en jouant si bas, on s’en contente largement : des applaudissements (en rafale bien sûr) s’imposent donc. Il a fallu faire preuve de patience, ne pas s’énerver, et rester vigilantes sur les quelques tentatives de contre, bien peu dangereuses. Il n’empêche : si Launay a touché peu de ballons, ses interventions sur corner ou ses relances ont été très bonnes (le deuxième but part d’une relance rapide à la main). Derrière, mention spéciale pour Devlech, très calme, avec un placement parfait et un pied gauche très sûr. Si Saint-Denis n’a rien montré offensivement, on le doit sans doute à ce travail bien peu visible. Et bravo à Charlotte Sawaryn pour sa belle entrée : elle a bien mérité de se casser la voix dans le vestiaire !
Dimanche, le match de Saint-Etienne à Yzeure a été reporté, tandis que le Havre a gagné. Au classement, les Lilloises restent donc troisièmes, à 7 points du leader Havrais, et à 4 points de Saint-Etienne, mais Lille et Saint-Etienne ont un match en retard à jouer. On peut donc toujours y croire, avant de se déplacer chez les deux premiers au mois d’avril. Et d’ici là, essayer de faire carton plein pour entretenir l’espoir.
Prochain rendez-vous dans 15 jours à Amiens !
Les résumés des matches précédents :
LOSC/Evian : Rentrée du LOSC, 3 bons points
Lille/Grenoble : à la fin, c’est Lille qui gagne !
LOSC/Vendenheim : Rhin à signaler
Arras/LOSC : Au Nord, c’est Lille le patron
LOSC/Saint-Etienne : Des Vertes et des Lilloises bien mûres
LOSC/Le Havre : Gros hic contre le HAC
LOSC/Yzeure : Un LOSC atom-Yzeure
Notre interview d’avant saison avec Rachel Saïdi