Posté le 2 mars 2020 - par dbclosc
Toujours le vent en poupe
Ah, ça faisait longtemps ! En championnat, la dernière rencontre à domicile remonte à mi-janvier, c’était une victoire contre Yzeure. Depuis, le parcours en coupe s’est arrêté après une honorable défaite contre Dijon (0-1), tandis qu’en championnat, les filles ont remarquablement poursuivi leur lancée en s’imposant à Grenoble (2-1) puis à Vendenheim la semaine dernière (3-1), cette dernière victoire ayant été obtenue grâce à deux buts inscrits dans le temps additionnel. Si tant de temps est passé depuis le dernier match à la maison, c’est parce que la match prévu contre Nancy, début février, a été reporté à cause des rafales de vent. Ben si y avait des rafales de vent, y avait qu’à jouer derrière !
Cette blague est meilleure à l’oral, essayez.
L’adversaire du jour : le Racing Club de Saint-Denis. Ce club a été fondé en 1984 par des Antillais, et son but est la pratique du football bien sûr, mais aussi « la découverte de la culture antillaise », si l’on en croit son site Internet. Ses fondateurs y expliquent que, vivant à Saint-Denis et originaires des villages de Rivière Pilote et Basse Terre, ils ont logiquement appelé leur club le « Racing Club de Saint-Denis ». Dans un premier temps, je me suis dit : « c’est moi où il n’y a aucun rapport ? Autant pour la partie « Saint-Denis », je comprends, autant pour « Racing Club », je ne vois pas. Est-ce à dire que le Racing Club de Lens a été fondé par des Antillais ? » En fait, après une recherche pas fouillée, je me suis rendu compte que les clubs de Rivière Pilote et de Basse Terre étaient tous deux des Racing Club. Voilà l’explication.
Donc reprenons : ce club de foot, initialement « masculin », a ouvert une section féminine en 1995 pour répondre à l’afflux de filles qui souhaitaient s’y mettre. Et, aujourd’hui, le Racing Club de Saint-Denis ne comporte qu’une équipe masculine, toutes ses autres équipes étant féminines. De même, son école de football est exclusivement féminine. Au-delà de son caractère atypique dans son organisation à un tel niveau (tous ses dirigeants sont bénévoles), c’est un peu le monde du football à l’envers : par exemple, la presse locale souligne que, dans ce club, les hommes sont « dans l’ombre des femmes » : « loin des projecteurs braqués sur leurs consœurs, les joueurs du Racing n’ont aucune rancœur envers leurs pairs ». Une situation originale donc, et un exemple rafraîchissant de ce qu’il est possible de faire pour promouvoir la pratique féminine du football, au-delà des préjugés. Bon, une politique qui, dans le contexte actuel de relative professionnalisation du foot féminin, connaît aussi ses limites et n’a peut-être pas vocation à perdurer en l’état, mais on tenait à souligner la sympathie qu’inspirent nos adversaires du jour dont la devise est « Unis par le foot mais pas que… ». Une philosophie qu’on retrouve dans ce clip de présentation :
Club sympathique donc, mais n’oublions pas l’objectif du jour : il s’agit bel et bien de le défoncer. Sur le papier, cela semble largement faisable : l’équipe n’a pas très bien entamé son championnat puisque les 10 premiers matches se sont soldés par autant de défaites, dont une contre le LOSC à l’aller (3-1). Ce n’est que le 8 décembre qu’un nul à Grenoble (2-2) a permis d’empocher un premier point. Après deux nouvelles défaites pour entamer 2020, les joueuses de Saint-Denis ont étonnamment pris un point à Saint-Etienne (2-2), ce qui nous arrange bien. Et la semaine dernière, elles ont signé leur première victoire de la saison contre Arras (2-0). Elles sont donc dernières, avec 5 points en 15 matches, mais ce n’est probablement pas la même équipe que celle du début de saison, et on a presque envie de dire que la dynamique est positive.
Du côté de l’effectif lillois, Caroline La Villa est toujours blessée, et Mégane Jacaton est absente. On note le retour dans le groupe de Marlyse Ngo Ndoumbouk, qui avait repris avec la R2 en début de mois, et qui a même marqué la semaine dernière. Carla Polito est sur le banc, Eva Fremaux est alignée à droite et, devant, est aligné d’entrée le trio Boucly/Elisor/Dufour, derrière Noémie Mouchon. Gwenaëlle Devleesschauwer est capitaine.
Il tombe par moments des averses, et il y a beaucoup de vent. Ceci doit en partie expliquer la faible affluence, compensée par la présence remarquée d’Héloïse Mansuy.
Julie Dufour s’est déjà démarquée
Joueuses, arbitres et coaches ne se serrent pas la main comme à l’accoutumée : c’est une consigne de la FFF, suite à la recommandation du Ministère de la santé face au coronavirus. Du coup, il est également recommandé d’éviter les duels, les tacles et le marquage ? Les Lilloises auront le vent dans le dos en première mi-temps. Même dans le dos, ce n’est jamais clairement « favorable », on verra bien. Le chronomètre fonctionne, et c’est parti !
3e Première illustration que le vent va emmerder tout le monde, si on en doutait encore : un corner pour Saint-Denis de la droite vers la gauche est salement freiné et atterrit dangereusement dans les 6 mètres, mais on s’en sort sans dommage.
5e Au départ, bon changement d’orientation de Demeyere qui fait basculer le jeu vers la droite. Dufour centre vers Elisor qui arrive lancée et reprend de la tête aux 6 mètres en plaçant du côté d’où vient le centre pour prendre à contrepied la gardienne : ça roule devant le but et ça ne rentre pas.
7e Faute sur Aurore Paprzycki, qui tire elle-même le coup-franc à une trentaine de mètres, avec le vent dans le dos. À quelques mètres près, ça pouvait passer sous la barre !
11e Centre de Boucly et reprise de volée de Dufour à 10 mètres, au-dessus.
12e Coup-franc pour Saint-Denis à une quarantaine de mètres des buts d’Elisa Launay. Seule Salomé Elisor compose le « mur » lillois. Et boum, en plein dedans !
14e Aurore Paprzycki court derrière Johane Laforte, qui s’arrête. Mais Aurore continue et fonce dedans, ça donne une très belle faute.
18e Julie Dufour, à droite, joue rapidement une touche sur Mouchon dans la surface, complètement seule. Elle contrôle et cherche Elisor aux 6 mètres qui est un peu trop courte, ça passe devant le but !
23e FAUTE SUR DEMEYERE LÀ, OH !
24e Centre de Dufour, repris facilement par la défense. La gardienne, voulant assurer son dégagement avec le vent dans la figure, dégage quasiment du plat du pied.
Bon, c’est compliqué. Le vent semble gêner les joueuses et il n’y a pas grand chose de construit. De l’arrière, on abuse un peu du jeu long mais il est bien difficile d’être précises avec les conditions météo. Il y a pas mal de latitude pour Fremaux et Ollivier dans les couloirs, mais c’est très regroupé en face. On a beaucoup de mal à trouver les deux ailières, Maïté Boucly ou Julie Dufour et, quand c’est le cas, leurs centres sont facilement dégagés par la défense. Il va falloir être patientes !
L’équipe de Saint-Denis, sans être très dangereuse, est bien organisée (c’est pour pas écrire : elle attend derrière et espère un but sur un malentendu). Mais les deux défenseuses centrales, Emeline Saint-Georges et Gwenaëlle Devleesschauwer, sont très propres pour couper les quelques tentatives de percée dans le camp lillois.
27e Belle ouverture de Devleesschauwer (qu’on va désormais appeler Devlech, comme il est indiqué sur son maillot) vers Ollivier, à gauche, qui parvient à centrer juste avant la sortie de but, mais c’est renvoyé.
29e Centre de Ollivier, Dufour reprend largement au-dessus. Julie n’y est pas.
30e RÉCUPÉRATION DE SILKE DEMEYERE !
Boucly et Dufour ont permuté.
34e Frappe de la 29 dyonisienne, à une vingtaine de mètres face au but : ça part bien en hauteur, c’est freiné, ça redescend, ça repart, ça semble n’en pas finir, et ça finit juste au-dessus.
35e De l’arrière, Devlech lance Boucly, à droite donc. Maïté n’est pas hors jeu (contrairement à Mouchon et Dufour) et file vers le but. La gardienne sort et Boucly frappe du gauche à l’angle de la surface mais enlève trop son tir. Il y avait deux Lilloises seules dans l’axe. Quel gros raté !
36e Arf, Aurore Parzycki a reçu un ballon en pleine tronche, ça a l’air de faire mal.
40e Après une longue séquence de possession, où le jeu est passé de gauche à droite, Maïté Boucly arme puissamment à 25 mètres et la gardienne dévie sur la barre ! Voilà – enfin – une occasion que le vent a contribué à rendre bien dangereuse !
41e Voici une séquence avec de meilleures intentions et plus d’agressivité dans la récupération. Julie Dufour récupère le ballon et frappe à 20 mètres, mais il semble que ce soit renvoyé par le talon de Mouchon.
44e Sur un corner obtenu après une frappe contrée de Mouchon, Eva Frémaux glisse en retrait à Saint-Georges dont la frappe termine à côté.
45e L’arbitre, qui s’appelle Ségolène Laminette, annonce à la cantonade « Une minute messieurs-daaames ! ». Ben c’est nouveau ça !
Après la « minute messieurs-dames », la mi-temps est sifflée sur le score de 0-0. Alors qu’on a plutôt eu l’habitude ces temps-ci d’avoir de belles première périodes et des secondes plus gestionnaires, on n’est pas très gâtés pour l’instant. C’est laborieux, et le vent y est probablement pour beaucoup. Pas d’occasion du côté de Saint-Denis, ce serait bête de ne pas en profiter.
46e C’est reparti Paprzycki ! 10 secondes de jeu : Agathe Ollivier, qui a malencontreusement glissé, réussit une remise de la tête alors qu’elle a les genoux par terre. Ce n’est pas très esthétique, mais c’est efficace et ça fait sourire : 18/20.
47e Carton jaune pour Sebe Coulibaly, après une faute sur Julie Dufour juste devant le banc de touche lillois.
53e Ouverture côté Saint-Denis : le ballon traîne un peu dans la surface et bénéficie à la 29, qui parvient à tirer du gauche, c’est contré par Saint-Georges en corner, et pas de problème pour Launay.
54e Frappe lointaine de Paprzycki, mais trop axiale : c’est sur la gardienne.
55e La relance de la gardienne n’est pas extraordinaire et c’est vite récupéré au milieu : Elisor lance Mouchon, seule, qui avance et ajuste tranquillement du plat du pied : 1-0 pour le LOSC !
56e Aaaaah, ça va mieux !
58e Duel Frémaux/Laforte, l’attaquante entre dans la surface par la gauche et frappe, mais c’est largement à côté.
59e Dans le rond central, la 21 est contrée par Mouchon, qui récupère et avance vers le but. Elle a deux solutions : Demeyere à droite et Boucly à gauche. C’est pour Silke, à l’entrée de la surface qui, sur son pied droit, tente de donner en une touche sur sa gauche à Boucly, mais c’est raté.
63e Sortie de Maïté Boucly, entrée de Charlotte Sawaryn.
Julie Dufour monte d’un cran, tandis que Charlotte Sawaryn se place au milieu, à droite. On passe dans une sorte de 4-4-2
65e Fremaux trouve Sawaryn qui pour son premier ballon, réussit un grand pont et sert Mouchon. Elle feint de prendre le ballon mais ne le touche pas, ce qui trompe son adversaire. Elle peut désormais déborder mais est reprise. Corner.
Pour Saint-Denis, sortie de la 29 et entrée de la 19.
69e Très belle performance d’Elisa Launay qui, en sortant hors de sa surface, dégage, et ça termine droit dans le tunnel.
Voici donc à jour le classement du « challenge Marine Dafeur » et ses déclinaisons :
Envoyer le ballon par-dessus la tribune : Marine Dafeur (contre le Paris FC, décembre 2018) ; Gwladys Debbache (ASSE, novembre 2019)
Envoyer le ballon sur le haut du tunnel : Marine Dafeur (contre Dijon, septembre 2018 et contre Metz, mars 2019)
Envoyer le ballon dans le tunnel : Marine Dafeur (contre Fleury, février 2018) et Aurore Paprzycki (contre Guingamp, avril 2018), Silke Demeyere (contre Le Havre, novembre 2019), Elisa Launay (contre Saint-Denis, février 2020).
70e Carton jaune pour Aminata Diadhou pour contestation. Johane Laforte, la capitaine, conteste le carton donné pour contestation et prend à son tour un carton pour contestation. Ça aurait pu durer un moment mais ça s’arrête là.
72e Dufour sert Mouchon à droite. Elle trouve Elisor qui, bien qu’accrochée, parvient à centrer. La défense dégage.
80e Après une combinaison Dufour/Elisor, le LOSC obtient un corner. La défense des Jaunes dort, ce qui permet à Demeyere et Sawaryn de tranquillement le jouer à deux. Demeyere centre vers Fremaux, ça cafouille, Sawaryn frappe, c’est renvoyé en corner. Cette fois, Silke Demeyere le tire tendu vers Devlech, la défense dégage. Silke récupère à l’angle de la surface et frappe : avec le vent, encore une fois, le ballon prend un drôle de trajectoire et frappe la barre. Ça finit encore en corner ; et après une tête de Fremaux, cette fois c’est dégagé.
81e Aile de pigeon d’Ollivier, qui se fait plaisir cet après-midi. Dans la foulée, elle effectue une touche vers Mouchon, qui se retourne et frappe à 20 mètres : sur la gardienne.
83e Relance rapide de Launay vers Fremaux à droite, qui passe le relais à Sawaryn, qui a apporté beaucoup de dynamisme depuis son entrée. Julie Dufour accèlère encore à droite, pendant que le public a tout le temps de voir que Mouchon est seule dans la surface ; Noémie est servie, seule aux 6 mètres, et reprend très nonchalamment sur la gardienne… Par chance, le ballon lui revient avec l’aide d’une arrière, et elle pousse finalement le ballon au fond : 2-0 !
84e « Les Jaunes, on peut rêver mais ça va être dur ! »
Belle entrée de Charlotte Sawaryn dans le couloir droit
86e Récupération de Sawaryn dans les pieds de Coulibaly, qui reste à terre. Le ballon est perdu par les Lilloises puis récupéré par Sawaryn, à proximité de Coulibaly, toujours par terre. De rage, elle se relève et balance un vieux tacle de frustration : deuxième jaune, et donc rouge ! Bravo !
88e Faute d’Elisor qui énerve le banc de Saint-Denis, qui considère que l’arbitre a le carton facile à leur encontre mais pas pour le LOSC. Bah non, c’est très bien !
89e Sortie de Mouchon, entrée de Polito.
90e Cette fois, l’arbitre n’annonce pas le temps additionnel.
92e Frappe de Demeyere, sur la gardienne.
C’est terminé sur cette victoire 2-0. Ce n’était pas le match du siècle, mais dans de telles conditions et face à un adversaire venu en jouant si bas, on s’en contente largement : des applaudissements (en rafale bien sûr) s’imposent donc. Il a fallu faire preuve de patience, ne pas s’énerver, et rester vigilantes sur les quelques tentatives de contre, bien peu dangereuses. Il n’empêche : si Launay a touché peu de ballons, ses interventions sur corner ou ses relances ont été très bonnes (le deuxième but part d’une relance rapide à la main). Derrière, mention spéciale pour Devlech, très calme, avec un placement parfait et un pied gauche très sûr. Si Saint-Denis n’a rien montré offensivement, on le doit sans doute à ce travail bien peu visible. Et bravo à Charlotte Sawaryn pour sa belle entrée : elle a bien mérité de se casser la voix dans le vestiaire !
Dimanche, le match de Saint-Etienne à Yzeure a été reporté, tandis que le Havre a gagné. Au classement, les Lilloises restent donc troisièmes, à 7 points du leader Havrais, et à 4 points de Saint-Etienne, mais Lille et Saint-Etienne ont un match en retard à jouer. On peut donc toujours y croire, avant de se déplacer chez les deux premiers au mois d’avril. Et d’ici là, essayer de faire carton plein pour entretenir l’espoir.
Prochain rendez-vous dans 15 jours à Amiens !
Les résumés des matches précédents :
LOSC/Evian : Rentrée du LOSC, 3 bons points
Lille/Grenoble : à la fin, c’est Lille qui gagne !
LOSC/Vendenheim : Rhin à signaler
Arras/LOSC : Au Nord, c’est Lille le patron
LOSC/Saint-Etienne : Des Vertes et des Lilloises bien mûres
LOSC/Le Havre : Gros hic contre le HAC
LOSC/Yzeure : Un LOSC atom-Yzeure
Notre interview d’avant saison avec Rachel Saïdi
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