Posté le 16 avril 2020 - par dbclosc
Lille/Lens 2005 : en route vers la Ligue des Champions
Le 16 avril 2005, le LOSC bat son voisin 2-1 et s’ouvre une voie royale vers une deuxième participation en Ligue des Champions. Nicolas Fauvergue inscrit son premier but en professionnel.
Après 18 premiers mois compliqués en termes de jeu et de résultat, le travail de fond de Claude Puel manifeste des effets franchement positifs à partir du début de l’année civile 2004. À la faveur d’un mercato hivernal qui, en dépit d’inévitables « loupés » (qui sont aussi une marque des mercatos de Puel, comme en 2002), voit notamment arriver Tavlaridis et Acimovic, le LOSC parvient enfin à allier solidité défensive et créativité offensive. Encadrés par les expérimentés Tafforeau, Wimbée, Pichot ou Brunel, les jeunes joueurs régulièrement lancés par le coach depuis son arrivée s’installent comme titulaires, à l’image de Moussilou, qui « profite » de la blessure de Manchev pour évincer définitivement le Bulgare ; les Makoun, Bodmer, Be. Cheyrou, Dernis et Chalmé sont devenus de bons joueurs aux performances régulières ; et les Dumont et Debuchy pointent leur nez.
Cette dynamique se poursuit à l’aune de la saison 2004/2005 : en dépit de quelques départs majeurs (Wimbée, Abidal, Cheyrou), le LOSC s’appuie sur une ossature relativement jeune, qui s’étoffe avec des bonnes pioches (Sylva, Angbwa, Vitakic, Odemwingie), la percée régulière de jeunes joueurs (Cabaye, Fauvergue, Mirallas), et d’autres ayant franchement progressé, comme Rafael. La victoire en coupe Intertoto au mois d’août, qui sur le coup a pu paraître peu significative, laissait ainsi augurer une belle saison basée sur un jeu collectif très agréable et dans lequel, en dépit d’un important turnover, les performances ne changent pas. Après un mois d’août poussif (avec notamment une lourde défaite à Marseille 0-3 en ayant fini à 9, un 0-0 contre Bordeaux) laissant craindre une nouvelle saison mi-figue mi-raisin, le LOSC enchaîne une belle série, n’encaisse son premier but à domicile que mi-octobre, et se place même en tête du championnat à l’issue de la 9e journée. Parallèlement, le LOSC réussit un beau parcours en coupe UEFA, en terminant premier de son groupe devant Séville, et est donc qualifié pour les 16e de finale qui ont lieu en février. Et le LOSC réussit quelques « coups », comme l’élimination de Lyon en coupe de la Ligue (3-2).
Signe de la qualité collective de l’équipe : à mi-saison, en janvier, Claude Puel a utilisé 26 joueurs toutes compétitions confondues, dont 13 ont marqué au moins un but (Brunel, Dernis, Acimovic, Moussilou, Bodmer, Audel, Odemwingie, Dumont, Landrin, Debuchy, Tafforeau, Vitakic, et Manchev avant son départ).
C’est donc en deuxième position que le LOSC accueille le leader lyonnais, invaincu, le 23 janvier 2005. L’OL est 6 points devant et, au terme d’un match haletant et d’une grande performance de Tony Sylva, le LOSC s’impose 2-1. On aimerait s’emballer comme L’Equipe qui prétend que « Lille relance la L1 » (une expression courante de l’époque dès que Lyon perdait des points), mais on se réjouit surtout que l’équipe ait été à la hauteur dans ce sommet, et qu’elle semble manifestement entamer 2005 avec la ferme intention de maintenir sa place de dauphin.
Le LOSC va pourtant marquer le coup après ce match. À Caen, le gardien Planté détourne 13 frappes lilloises ; à Saint-Etienne, Rafael marque un but parfaitement valable mais refusé. Sans moins bien jouer, Lille n’a plus de réussite et enchaîne une série de 8 matches sans victoire, tout en ne perdant qu’une seule fois (ce qui fait 7 nuls si vous comptez bien – même si vous ne comptez pas bien d’ailleurs). En 8e de coupe UEFA, Auxerre élimine les Dogues. Le LOSC est redescendu 4e, tout en restant au contact du 2e : va-t-il rentrer dans le rang ? Claude Puel reste optimiste avec le retour du printemps : « nous avons atteint les limites d’un système sur des terrain en mauvais état. Balancer, on ne sait pas faire. La qualité du jeu revient avec les bonnes pelouses. On parvient à nouveau à déstabiliser l’adversaire ». Début avril, la pauvre équipe d’Istres va alors servir d’éxutoire : 8-0. Comme le dit Jean Makoun, « tous les buts qu’on n’a pas marqués depuis trop longtemps, on les a mis en seul match ».
Le LOSC est relancé et espère poursuivre à Monaco, deux points derrière, sa marche en avant. Mais le match est reporté pour cause de… décès du Prince Rainier. Le match suivant se joue donc contre Lens.
Si, au début des années 1990, on était au coeur d’une série de derbies pénibles et peu spectaculaires, on peut dire que, depuis la remontée du LOSC en 2000, à de rares exceptions près, les matches entre Lillois et Lensois offrent régulièrement un duel où au moins une des deux équipes est en haut de tableau, et ce jusqu’à la descente de Lens en 2008, comme l’illustre cet astucieux tableau :
Pour cette saison 2004/2005, à l’aller, au stade Bollaert, les deux équipes se sont séparées sur un nul 1-1, un score plutôt flatteur pour les Lensois, largement dominés en seconde période. Ce 16 avril, ce sera la troisième confrontation de la saison entre les deux équipes puisqu’en février, durant la série de non-victoires du LOSC en championnat, les Dogues ont battu les Sang & Or en coupe de France (3-2).
Avec un match en moins, les Dogues sont toujours deuxièmes, à égalité de points avec Marseille, tandis que les Lensois connaissent une saison moyenne : ils sont 10e mais peuvent encore espérer jouer l’Europe, même si Auxerre, 5e, est à 7 points.
Claude Puel aligne l’équipe suivante :
Sylva ;
Chalmé, Tavlaridis, Rafaël, Vitakic ;
Dumont, Makoun, Landrin ;
Dernis, Brunel, Moussilou
Le match est équilibré et pauvre en occasions. Le LOSC ouvre le score à la 39e minute : bien lancé par Geoffrey Dernis, et avec l’aide d’une lourde défense centrale, Moussilou s’échappe et trompe Itandje, parti trop tard, d’un tranquille plat du pied droit. Mais les Lensois égalisent 4 minutes plus tard par Jérôme Leroy. À la mi-temps, les deux équipes sont à égalité (1-1).
En seconde période, Lille domine de façon stérile, sans se créer d’occasion franche. Les entrées d’Odemwingie à la place de Dernis (59e) et de Debuchy à la place de Landrin (78e) n’y changent rien : on se dirige vers un nul. Le buteur, Matt Moussilou, est remplacé par Nicolas Fauvergue à la 88e minute.
Formé à Lens à partir de l’âge de 13 ans, Nicolas Fauvergue a quitté la formation lensoise deux ans plus tard en raisons de « lacunes techniques », selon ses formateurs. Après deux années à Béthune, il rejoint le LOSC, sous la direction de Rachid Chihab puis de Pascal Planque, et signe pro à Lille en 2003. Il a jusqu’alors été peu utilisé : il fait ses 30 premières minutes en L1 en octobre 2003 contre Ajaccio, en remplaçant Hector Tapia, puis ne réapparaît que durant la campagne Intertoto de l’été 2004, où il entre en jeu en fins de match, contre Minsk puis contre Leiria. Il fait également une apparition en championnat contre Bordeaux (août 2004), puis en UEFA contre Auxerre (mars 2005) : chaque fois, il est sur le terrain pour une dizaine de minutes.
Nicolas Fauvergue effectue donc sa 6e apparition sous le maillot lillois. La plus courte, et la plus décisive. Sur son premier ballon, il réceptionne un centre de Brunel et fait un mauvais choix en ne plaçant pas sa tête sur un ballon qu’il semble pouvoir reprendre ; son contrôle de la poitrine est approximatif, mais il semble garder le contrôle du ballon. Seulement, Jérôme Leroy revient et le lui enlève… du bras ! Pénalty pour Lille.
Le tireur attitré est Philippe Brunel : il en déjà transformés 4 depuis le début de saison, dont un lors du match de coupe contre le même adversaire. C’est toujours tiré à gauche du gardien, sans que ce ne soit très bien placé… Charles Itandje a peut-être bien révisé et renvoie le tir prévisible de Brunel : explosion dans le kop lensois. Mais ce n’est pas fini : Debuchy et Gillet se jettent sur le ballon, sans pouvoir le toucher. Ça arrive finalement à l’entrée de la surface, où Fauvergue arme du pied droit : le ballon est dévié sur la ligne des 6 mètres par Gillet, au sol avec Debuchy, et trompe le gardien lensois. 2-1 pour Lille, explosion dans le Stadium ! Nicolas Fauvergue est le 11e buteur lillois de la saison en championnat (le 14e en tout).
Avec cette victoire, le LOSC conforte sa position car, le soir, Monaco coule à Ajaccio (0-3). En dépit d’une défaite au stade Louis II lors du match en retard et d’un faux pas à domicile contre Ajaccio, le LOSC parvient à assurer sa deuxième place en s’imposant à Strasbourg, contre le PSG (avec un nouveau buteur : Mirallas), à Nantes (avec un nouveau buteur : Rafael), et enfin à Auxerre. Lille, pour la première fois de son histoire, se qualifie directement pour la phase de poules de la Ligue des Champions.
En juin 2018, quand il a raccroché les crampons, Nicolas Fauvergue confiait que le meilleur souvenir personnel de sa carrière était son premier but en pro, comme une revanche sur Lens où le coup des « lacunes techniques » « résonne toujours dans [s]a tête ».
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