Posté le 15 mai 2020 - par dbclosc
Le complot de DSK
Depuis quelques années, le 14 mai est le prétexte à un rituel festif chez les supportrices et supporters du LOSC : ce jour-là, en 2011, le LOSC remportait sa 6e coupe de France, ajoutant une nouvelle date-anniversaire à son incomparable palmarès. Beaucoup l’ont oublié, mais les heures qui ont suivi cet événement sont malheureusement une nouvelle démonstration du complot contre le LOSC.
Rappelons-nous. Nous sommes en 2011. DSK, dont la côte de popularité est au plus haut, prépare son retour en France. Certains sondages en font même le gagnant de l’élection présidentielle en 2012. Même s’il est favori, le chemin est encore long : il doit notamment, au préalable, écarter ses rivaux du Parti Socialiste, dont Martine Aubry, maire de Lille, qui représente « l’aile gauche » du parti, également pressentie pour briguer la candidature du parti.
14 mai 2011, New York. Il est 15h. À 6000 kilomètres de là, le coup d’envoi de PSG/LOSC, finale de la coupe de France, vient d’être donné (21 heures, heure locale). Dominique Strauss-Kahn allume la télé de sa chambre d’hôtel et regarde le spectacle. Sur le terrain, les Dogues semblent supérieurs. Il voit, régulièrement, les plans du réalisateur sur sa rivale Martine Aubry, qui risque de profiter de l’événement pour gagner en popularité.
89e minute : alors que, rappelons-le, les Lillois sont à 10 (Debuchy est sur la touche après être mal retombé sur le ballon et obtenu un coup-franc) Ludovic Obraniak, transforme un coup-franc excentré et inscrit le seul but de la finale. Quelques minutes plus tard, après que Mathieu Debuchy ait donné l’occasion à Coupet de finir sur une note moins ridicule en tirant son pénalty sur lui, le LOSC conquiert son premier titre majeur depuis 1955. 56 ans d’attente !
Joie dans le virage occupé par les Lillois, sur la place François-Mitterrand à Lille où le match était retransmis, et dans tous les foyers qui supportent les Dogues ; les témoignages de l’époque racontent une nuit de liesse en ville et sur l’autoroute du retour ; nos camarades de l’INSEE, avec qui nous nous sommes associés pour cet article, signalent d’ailleurs un pic de naissance dans la région lilloise en février 2012, soit 9 mois après mai 2011. Comme le résume de façon graveleuse, selon une formule de laquelle nous nous dissocions pour le maintien de la bienséance de ce blog, « ce soir-là, il n’y a pas qu’Obraniak qui l‘a mise au fond ». Voilà de quoi alimenter pendant des jours le retour du LOSC au sommet, pendant que se prépare parallèlement l’obtention du titre.
Hélas, ces scènes d’euphorie ne sont pas du goût de tout le monde. DSK, depuis sa chambre d’hôtel, est mal en point : sa rivale Martine Aubry a gagné le combat médiatique. Le but vient du gaucher Obraniak. Tout ce qui vient de la gauche le rebute : DSK pense que les Français vont confondre victoire du gaucher et victoire des gauchistes. Ce joueur qui vient de la gauche pour tirer à droite, ce ballon qui va de droite à gauche, cette équipe avec un droitier arrière-gauche, tout cela tourmente l’esprit du directeur du FMI, qui y voit un rappel de l’incohérence de son propre parcours politique. DSK a peur : il faut taire l’événement. Non, Lille n’a pas gagné la coupe de France. Non, la ville de Martine Aubry n’a pas gagné. Non, Martine Aubry ne peut représenter le PS à la présidentielle. Que faire ? Occuper l’espace médiatique.
Très vite, la machine complotiste anti-lilloise, furieuse d’avoir relâché son attention, se met en branle, depuis New York. Utilisant ses nombreux appuis, DSK se met en scène et parvient à mobiliser en quelques heures l’attention mondiale. Le but : que personne ne pipe mot de la victoire lilloise.
Alors que beaucoup de supporters des Dogues allument leur téléviseur en se préparant à regarder en boucle le but d’Obraniak, les médias taisent l’événement et font comme s’il n’avait pas existé. En lieu et place, nous avons droit à d’autres images en boucle : celles de l’arrestation, dans la nuit, de Dominique Strauss-Kahn, président du FMI. Journaux, télés, radios : il n’y en a que pour DSK. Oublié, le triomphe LOSC !
Odieux contre-feu ! Abjecte méthode ! Comme si le LOSC devait payer pour avoir gagné. D’aucuns, par le passé, avaient pourtant bien imaginé « DSK » tirant les ficelles de nombreux complots. Par anticapitalisme, par antisémitisme, ou parce que son épouse, journaliste en vue, représentait « le système médiatique ». Aveuglés par leur idéologie, ils se trompaient. Mais en partie seulement : car, vous l’aurez compris, DSK est probablement l’un des chefs du complot contre le LOSC. Le but d’Obraniak « le gaucher », la vision de Martine Aubry, la peur de perdre la présidentielle, ont réveillé ses plus bas instincts. Mais il ne fallait pas pour autant avouer la réalité du complot contre le LOSC, qui est un secret bien gardé. C’est pourquoi DSK, manquant un peu de lucidité, a préféré mettre en scène une autre histoire. À court terme, la stratégie de DSK a donc réussi : le succès du LOSC a été largement minoré ; mais à long terme, il a négligé le fait que sa mise en scène signait sa condamnation politique. Lui-même aveuglé par son idéologie anti-Losciste, confondant football et politique, il a commis « une faute morale », comme il le reconnaîtra plus tard.
Après un temps de silence médiatique qu’on peut a posteriori interpréter comme un temps de décence après ce mauvais coup porté au LOSC, DSK s’est exprimé sur TF1 en septembre 2011. à l’époque, peu de personnes portées à l’investigation s’étaient penchées sur l’hypothèse complotiste anti-LOSC. Bien entendu, nous le répétons : personne n’avouera jamais qu’il y a un complot contre le LOSC. Mais les plus initiés se doutent de quelque chose, et tentent de faire cracher le morceau à l’intéressé. Ainsi, au moment d’évoquer le match PSG/Lille, l’excellente Claire Chazal, connue pour déranger les puissants, tend une perche à DSK, qu’on sent déstabilisé à l’évocation du mot « complot » : il sait que son interlocutrice sait. Reprenant son self-contrôle, il botte en touche.
Accablant.
Ce triste épisode rappelle que, même en cas de moments heureux, le complot nous revient tôt ou tard à la figure.
Cette année 2011 a contrecarré les plans complotistes, qui se sont organisés dans la précipitation ce week-end des 14 et 15 mai. Une semaine plus tard, le titre du LOSC a lui aussi négativement atteint les forces du complot. La vengeance étant un plat qui se mange froid, c’est un an plus tard que le même DSK (et ses réseaux) déclenche « l’affaire du Vitorino Hilton » (un ex-lensois) pour jeter encore le discrédit sur Lille.
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