Posté le 22 mai 2020 - par dbclosc
Des adversaires bien frileux
Sur le site du LOSC, nous avons récemment publié une série de 10 articles autour du thème « le jour où… ». Sollicités au début du confinement, nous espérions ainsi faire passer le temps durant une période sans football que nous n’avions pas imaginée aussi longue, en relatant quelques matches du LOSC qui, d’une manière ou d’une autre, ont été arrêtés, interrompus, reportés. Pluie, panne de courant, tempête de neige, envahissement de terrain, attentat, barre transversale cassée, adversaire absent, toit effondré : la liste n’est pas exhaustive et rappelle qu’exceptionnellement, un match de foot reste dépendant d’aléas très divers.
Ces courts articles sont toujours en ligne (les liens sont en bas), et nous ajoutons ici le bref récit de deux reports : deux cas assez similaires puisque leur point de départ est le gel ; le report vient clairement de l’adversaire, qui a plutôt intérêt à ne pas jouer ; le match est reporté vers l’année civile suivante ; et comme il y a une morale, l’affaire se conclut les deux fois par une victoire du LOSC.
Voici donc : Lille/Marseille 1992/1993, et Lens/Lille 2007/2008.
Lille-Marseille, 4 décembre 1992 : l’OM en froid avec le championnat
Le gel est déjà arrivé à Lille en ce début de mois de décembre : le match qui devait opposer les Dogues, en bien mauvaise posture, au leader marseillais est reporté en raison du danger que le terrain constitue pour les joueurs. Décision logique ? Cet intérêt soudain pour la santé des joueurs a le don de fâcher le coach nordiste, Bruno Metsu : « on a déjà joué dans des conditions bien plus difficiles que ça ! À Sochaux, personne ne s’est soucié de savoir s’il y aurait des blessés ou pas. Et ici, comme par magie, on a peur qu’il y en ait ». Et quand on voit la satisfaction des Marseillais, facile de deviner que ce report arrange plus une équipe que l’autre. Mais de quoi ont donc peur les Olympiens ? On les a pourtant vus moins farouches 10 jours avant à Ibrox Park, où ils ont affronté les Glasgow Rangers en Ligue des Champions, sous le déluge… Voilà l’explication : l’OM doit assurer dans sa phase de poule d’une coupe d’Europe à la formule bien différente d’aujourd’hui. Après avoir remporté deux doubles confrontations en 16e puis en 8e, l’OM se retrouve dans une poule de 4 qu’il doit terminer à la première place pour arriver en finale. Et l’élimination prématurée de Barcelone a ouvert une voie royale aux Phocéens pour y accéder, d’autant que le Milan AC se retrouve dans l’autre poule. 5 jours après, l’OM reçoit Bruges, et il serait dommageable que le groupe ne soit pas au complet… C’est en substance ce qu’a fait comprendre Tapie aux arbitres qui, dès leur arrivée à Grimonprez-Jooris, sont entrés dans des palabres entraînant une agitation indescriptible dans les couloirs du stade, sous les yeux ébahis de la presse française et belge.
Dommage pour le LOSC car, du côté de l’OM, Desailly, Deschamps et Casoni auraient été suspendus, et Rudi Völler est blessé. Signe que tout cela est le fruit de drôles de transactions, le président marseillais promet de ne pas les aligner lorsque le match sera rejoué !
L’affiche se joue finalement le 6 janvier. Bien évidemment, les suspendus de décembre sont là… Sur un terrain à peine dégelé et désormais boueux, les Marseillais ne rechignent pas à jouer. Grand bien leur fasse : le LOSC, pourtant relégable, s’impose 2-0 ! Emmenés par un trio d’attaque Assadourian/Nouma/N’Diaye, les Dogues ouvrent la marque par Oumar Dieng, reprenant de volée un coup-franc de Samba N’Diaye (65e), avant de doubler la mise grâce à une tête plongeante d’Eric Assadourian sur un centre de Per Frandsen (75e). Un bon coup de froid sur l’OM, et une petite éclaircie dans une saison lilloise bien morne.
Lens-Lille, 22 décembre 2007 : un problème de (ba)bâche
Le dernier match de l’année civile 2007, qui est aussi le dernier des matches de la phase « Aller » de cette saison 2007/2008, aurait dû être la première manche du derby, mais le gel a rendu la pelouse impraticable et dangereuse pour les joueurs. Pas de chance, le système de soufflerie, ainsi que la toute nouvelle bâche du stade Bollaert, ont dû être inefficaces… voire n’ont pas servi du tout. Les Lensois arguent, comme si c’était une excuse, qu’ils ont bâché alors que le terrain était déjà gelé, ce qui rend le bâchage inefficace. Pas de chance, hein : car si le match avait été joué, Aruna Dindane, le meilleur buteur des Sang & Or, était suspendu ; Yohan Demont et Olivier Monterrubio étaient incertains ; et Vitorino Hilton venait tout juste de reprendre. 4 joueurs absents ou incertains, la tuile… Quant à l’entraîneur lensois, Jean-Pierre Papin, qui joue sa place sur ce match, il préfère passer l’hiver au chaud et garantit qu’« on ne peut même pas enfoncer une clé » dans la pelouse lensoise (rappelons qu’enfoncer une clé dans la pelouse n’est d’aucune utilité pour marquer un but). Gervais Martel fait l’innocent : « que voulez-vous que je vous dise ? C’est toujours emmerdant de devoir reporter un match comme cela. On peut tout de même se satisfaire d’une chose : c’est de ne pas avoir du remettre cette rencontre à deux heures du coup d’envoi. Nous avions déjà eu le tour contre Sedan une fois. Imaginez un peu la catastrophe que cela aurait été si nous avions du le faire à nouveau sur un derby comme celui-là… »
Le président du LOSC, Michel Seydoux, n’est pas dupe : « ce qui m’étonne, c’est qu’on va jouer sur toutes les pelouses européennes sauf à Lens. Nous ne sommes pas bêtes, le climat à Lens est le même qu’à Lille. La bâche chauffante de Bollaert doit avoir quelques problèmes. Mais ce n’est pas pour ça qu’on va déterrer la hache de guerre entre Lille et Lens ». Le match est reporté à 2008.
Pas de chance pour les Lensois, déjà assez secoués par un début de saison marqué par l’échec de Guy Roux : en mars 2008, s’ils ont récupéré leur buteur, ils se trainent désormais dans la zone de relégation, et reçoivent leur voisin la peur au ventre. A l’inverse, les Lillois, qui ont démarré très doucement après un été marqué par de nombreux départs (Keita, Bodmer, Tavlarisids, Chalmé, Odemwingie…), vont bien mieux en 2008. De plus, Frau et Mavuba sont arrivés au mercato hivernal ; ils ne sont toutefois pas qualifiés pour ce match. Après un premier but refusé à Bastos, le Brésilien donne l’avantage au LOSC en ouvrant le score (du droit !) à la 17e minute. En fin de match, Béria ajoute logiquement un second but, après un déboulé d’un Mirallas en feu (83e). Hilton parvient à scorer in extremis, mais les Dogues reviennent victorieux de Bollaert. Ils planteront une autre banderille à leur voisin lors de la 37e journée, en les battant de nouveau 2-1, les expédiant quasiment en L2, comme une revanche de 1997. Pas de quoi réchauffer les relations avec le voisin.
Nos articles sur le site du LOSC :
Episode 1 : Le jour où le toit d’Henri-Jooris s’est effondré, Lille/Lens, février 1946
Episode 2 : Le jour où la barre transversale a cédé, Lille/Nîmes, mai 1959
Episode 3 : Le jour où le courant s’est coupé face au PSG, Lille/PSG, novembre 1985
Episode 4 : Le jour où l’OM n’est pas venu, Lille/Marseille, janvier 1997
Episode 5 : Le jour où LOSC/PSG a été interrompu à cause de la pluie, Lille/PSG, novembre 2000
Episode 6 : Le jour où les débuts européens du LOSC furent reportés, septembre 2001
Episode 7 : Le jour où LOSC/Lorient donna une avalanche de buts, Lille/Lorient, décembre 2010
Episode 8 : Le jour où le 12e homme fête une victoire mythique (envahissement de terrain), Lille/Bordeaux, mars 1985
Episode 9 : Le jour où le LOSC retrouve la D1 (envahissement de terrain), Lille/Valence, mars 2000
Episode 10 : Le jour où les plombs ont sauté, Lille/Caen, novembre 1997
Laisser un commentaire
Vous pouvez vous exprimer.
0 commentaire
Nous aimerions connaître la vôtre!