Archiver pour août 2020
Posté le 26 août 2020 - par dbclosc
Lens/Lille 2001 : le LOSC confirme son renouveau
Fin août 2001, le LOSC se rend chez son voisin lensois pour la 5e journée de championnat. Après une saison 2000/2001 exceptionnelle, et quatre jours après avoir sorti Parme, les Lillois arrivent à Bollaert auréolés d’une réputation toute nouvelle : oublié, le club moribond depuis quelques décennies !
Bien loin des derbies de l’avant-descente, l’ambiance nordiste est « européenne » : en ce début de saison 2001/2002, les Dogues se sont qualifiés pour la première fois de leur histoire en Ligue des Champions, après un match suffocant : temps orageux, un LOSC sous pression constante des Italiens, Wimbée qui sort la balle de match… À peine cette qualification et ses images prenantes digérées (Vahid en larmes, communion de joueurs si peu considérés 3 ans auparavant, autour du maillot de Christophe Pignol, klaxons en ville…) que le LOSC doit se plonger dans une nouvelle bataille âpre : ce dimanche 26 août, quatre jours après, c’est le premier derby de la saison au stade Bollaert. Au vu de l’intensité du match joué en semaine et du tirage au sort des poules dans la foulée qui emmènera le LOSC à Old Trafford, il s’agit même plutôt de faire baisser la pression du côté lillois : cette confrontation contre le voisin apparaîtrait presque comme anecdotique au regard de la somme d’émotions déjà accumulée, qui justifierait quasiment qu’on laisse filer le derby sans que les supporters lillois ne soient affectés outre mesure.
On ne donne d’ailleurs pas cher de la peau des Lillois, qui ont dépensé tant d’énergie contre les Italiens ; de plus, en face, Lens est en pleine bourre : 4 matches, 4 victoires, 1 seul but encaissé (sur pénalty). Après une saison 2000/2001 compliquée qui les a privés d’Europe, les Sang & Or semblent bien partis pour reprendre la dynamique sur laquelle ils surfent depuis le milieu des années 1990, qui les a emmenés annuellement en coupe d’Europe (sauf en 1997), les a fait gagner le titre national (1998), une coupe de la Ligue (1999), et les a amenés en demi-finale d’UEFA (2000). Par ailleurs, Lens a une revanche à prendre sur les derbies de la saison 2000/2001, qui ont tourné en faveur du LOSC : à l’aller, les Lensois avaient l’occasion de prendre la tête de la D1 mais, renversés en fin de match, ils ont ensuite perdu pied en championnat ; au retour, le LOSC s’est de nouveau imposé face à une bien faible opposition et un club manifestement en crise, qui se séparait de Courbis 4 jours après. Nul doute donc que les Lensois ont à cœur de se racheter, d’autant plus face à un adversaire qui, cette fois, au vu de ses récentes performances, est attendu au tournant : si les deux clubs se portent bien, l’Européen, c’est Lille !
La presse nationale salue donc un derby qui souligne la bonne santé du football nordiste, « à croire que le centre de gravité du football français s’est déplacé vers le nord en ce début de saison » (Le Monde). Et cette fois, c’est le LOSC qui attire particulièrement l’attention. Aujourd’hui, « Lille, c’est fort », titrait l’Équipe après la victoire à Parme, alors qu’« il y a deux ans, Lille n’existait pas » rappelle Guy Delahaye, journaliste à la Voix du Nord, interrogé par Le Figaro. Pendant des années, le quotidien du Nord se remplissait des exploits du voisin lensois, pendant que Lille, médiocre, parfois calamiteux, n’avait qu’un lointain passé glorieux à faire valoir. Le Monde rapporte même que « de Calais à Arras, en passant évidemment par Lens, tous les bistrots en avaient une bonne sur la grande métropole bourgeoise et son football de pacotille ». Depuis l’arrivée d’Halilhodzic, et plus encore avec la montée, la 3e place en 2001, et enfin la qualification face à Parme, le football de Lille semble avoir montré qu’il sera désormais difficilement un sujet de railleries dans la région. Et les performances sont d’autant plus remarquables qu’elles arrivent avec des moyens relativement limités : L’Humanité souligne que rien qu’avec le coût du transfert de Zidane, le Real de Madrid a dépensé quatre fois plus d’argent que n’en dispose le budget du LOSC. Pascal Cygan déclare : « nous venons quasiment tous de milieux modestes. Nous n’avons pas des salaires époustouflants. Mais nous nous devons à nos supporters. Nous essayerons toujours de sortir du terrain la tête haute ». Le quotidien insiste par ailleurs sur « la solidité morale qui anime les Dogues », dont la victoire face à Montpellier 10 jours avant a été une nouvelle illustration.
Hors des terrains, le LOSC grandit aussi. La Voix du Nord consacre au même moment un article sur la stratégie marketing du LOSC qui accompagne sa récente réussite. L’occasion de voir qu’il y a pas mal de boulot en perspective, et que les « communicants », hier comme aujourd’hui, s’ils sont sans doute compétents pour proposer des formats qui collent à l’air du temps, restent assez ignorants quant au contenu historique et « culturel » qu’ils doivent y mettre. Loïc Yviquel, « directeur marketing et communication », constate jusqu’alors le désintérêt relatif pour la com’ et le marketing au sein du club, qui selon lui vient du manque de relation qu’entretient le LOSC avec ses supporters et avec sa ville : « on doit être un des plus mauvais clubs pour le merchandising. La problématique est simple : nous ne connaissons pas notre consommateur. Et plus grave, nous ne connaissons pas notre propre club. Il nous fallait une base de travail afin de savoir par exemple quelle charte graphique utiliser à l’avenir, ou quel animal exploiter pour représenter le club ». Le LOSC a alors confié à deux entreprises (une parisienne, une régionale) le soin de comprendre l’image portée par le club. Un questionnaire a été transmis aux joueurs, journalistes, partenaires, dirigeants, abonnés, « leaders d’opinion », avec des questions telles que : « qu’est-ce que le LOSC ? Si le LOSC était une personne, serait-ce une femme ou un homme ? Quel âge aurait-elle ? Et si c’était une planète, quelle serait-elle ? » Les réponses à ces questions sont censées déterminer les valeurs fondatrices du club. Dans l’immédiat, des accords avec Kipsta et Auchan doivent garantir au LOSC une visibilité nationale, et la boutique actuelle de 24 m2 (un préfabriqué en bas des tribunes Secondes), devrait passer à 120 m2 dans les prochains mois, en s’installant à la place du secrétariat, tandis que les bureaux administratifs seront déménagés.
Ce dimanche 26 août, devant les caméras de Canal + et 39417 spectateurs, ce « nouveau » LOSC va avoir fort à faire. Comme face à Parme, le temps est chaud et humide. L’avant-match est, comme d’habitude, animé, avec le traditionnel concours de banderoles, forcément hostiles à la venue du LOSC à Bollaert pour jouer la Ligue des Champions : « LOSC : commence par t’acheter un stade ! » ; « Lillois, avant de jouer les grands, achetez-vous un stade ». Notons qu’à cette période, le RCL n’a pas davantage acheté de stade, Bollaert appartenant à la mairie de Lens, mais on a compris où les supporters voulaient en venir. Les joueurs lillois ont en tout cas profité du déplacement pour prendre quelques repères sur la pelouse, l’UEFA ayant estimé que le vieux stade Grimonprez-Jooris ne pouvait recevoir de rencontre européenne. Par rapport au match contre Parme, Halilhodzic a effectué 4 changements : sont titularisés Delpierre, Be. Cheyrou, Murati et Bassir (soit 4 joueurs qui n’ont jamais joué de derby en équipe première), aux places de Pichot, Tafforeau, Br. Cheyrou, et Boutoille.
La première occasion franche arrive à la 19e minute : Pédron frappe un coup-franc excentré que Coulibaly, qui surgit entre Fahmi et Cygan, reprend de la tête sur la transversale. Le ballon rebondit devant la ligne et est dégagé par Bakari. Ouf ! 3 minutes plus tard, Benoît Cheyrou lance Bakari qui, seul face à Warmuz, se précipite et envoie le ballon dans la tribune, une action assez similaire à celle qu’il avait réalisée 6 mois avant, dans la même tribune (22e). Lens domine au niveau de la possession, mais le score de 0-0 semble logique à la pause.
En seconde période, Sakho se montre une première fois dangereux dans la surface lilloise (54e), et finit par trouver l’ouverture à la 61e : Diouf, Blanchard et Sakho mettent à mal la défense lilloise comme rarement, et elle n’arrive pas à dégager ; finalement, Sakho frappe du droit, c’est légèrement dévié par Fahmi et ça rentre (61e). La Voix du Nord signale le « geste irresponsable » de Diouf, qui envoie « une lourde frappe dans la tribune lilloise » après cette ouverture du score, qui entraîne. une ruée sur les grilles qui « aurait pu entraîner de plus graves conséquences ».
À ce moment là, on craint que ce ne soit insurmontable pour les Dogues, déjà éprouvés physiquement, et qui subissent depuis la reprise. Mais Halilhodzic procède à un double changement à la 66e : sorties de Delpierre et de N’Diaye, entrées de Pichot et de Sterjovski. Et ça va mieux ! Dès la 69e, Sterjovski envoie un centre que la défense lensoise renvoie n’importe comment, puis l’Australien allume une frappe que Wallemme repousse de justesse (75e). L’entrée de Boutoille achève de foutre la trouille aux Lensois (76e), qui continuent de reculer et de se recroqueviller sur leurs bases. Voilà bien le symptôme d’un LOSC qui fait peur : sans doute nourri des échecs de la saison précédente, l’adversaire doute et finit par faire advenir ce qu’il craint. À l’inverse, Vahid profite de cet avantage « psychologique », ne tergiverse pas et envoie ses atouts offensifs.
87e : coup-franc de Djezon Boutoille à 35 mètres du but lensois, excentré sur la gauche. Du haut du crâne, Bakari reprend aux 6 mètres, devance la sortie de Gugusse, et égalise (1-1). Une nouvelle fois, le LOSC revient en fin de match. C’est sur ce score que s’achève ce match engagé (9 jaunes), et l’affrontement se poursuit avec Johnny Ecker et Grégory Tafforeau qui s’en vont narguer le kop lensois après le match : « je ne pensais pas qu’il y avait un tel engouement, presque de la haine entre les deux clubs, déclare Tafforeau. Les autres m’en avaient parlé, je savais que c’était des matches importants pour le public, mais quand même pas à ce point ! »
Joël Müller, pourtant prévenu, a de quoi enrager : « c’est une déception, nous avions pris l’habitude de préserver nos résultats. Nous avons eu trop tendance à vouloir préserver le résultat, et c’est finalement ce qui nous coûte la victoire. Pour battre Lille, il faut mettre 2 buts. Un n’est pas suffisant. Je n’ai rien à reprocher à mes joueurs en ce qui concerne l’envie, mais on a besoin de travailler dans ce domaine-là. On aurait dû être plus entreprenants pour marquer le 2e ». Lens reste toutefois leader et, pour le coach des Sang & Or, « ça reste un début plein de satisfaction ». La Voix du Nord prédit d’ailleurs une belle saison pour Lens, une équipe au « physique taillé à la serpe », « une organisation offensive qui fait mouche », un « Pédron impressionnant ». Du côté lillois, on montre sa grande satisfaction, comme Vahid : « j’ai eu peur que l’on craque physiquement. Mais le LOSC est toujours présent. Ne pas perdre au stade Bollaert, c’est un exploit », Grégory Wimbée : « la force de cette équipe, c’est qu’elle a vraiment la haine de la défaite », ou Edvin Murati : « Cygan et Boutoille nous ont tenu dans le vestiaire un discours qui m’a bien plu. On avait tous en tête qu’il est impossible de perdre un derby. Et puis il y avait l’ambiance : les Lensois qui nous insultaient, nos supporters qui nous encourageaient »
La Voix du Nord insiste encore sur la « force morale » du LOSC, un LOSC « solide, combatif, tenace », qui se maintient à la 5e place. Le LOSC va retrouver Bollaert dans quelques jours, pour la coupe d’Europe. Il y a enfin de l’avenir pour le foot à Lille !
Un résumé du match (France 3 national) :
Posté le 13 août 2020 - par dbclosc
Lille/Lens 2006 : le LOSC en balade
Le 13 août 2006, pour la deuxième journée du championnat, le LOSC écrase son voisin lensois 4-0, un écart assez rare dans l’histoire des derbies du Nord. Une démonstration qui laissait entrevoir à l’époque une saison radieuse.
Après un an et demi de rodage, Claude Puel est parvenu à poser sa patte sur le jeu du LOSC. Depuis janvier 2004, Lille propose ainsi un jeu séduisant, récompensé par une belle remontée lors de la seconde partie de saison 2003-2004 (une 10e place qualificative pour l’Intertoto), puis une 2e place en 2004/2005, et enfin une 3e place en 2005/2006. Les Dogues se sont ainsi familiarisés à l’Europe et, derrière d’intouchables lyonnais, le modèle lillois, tant sportif qu’économique, passe pour un modèle de stabilité, tandis que les favoris supposés se signalent surtout par leur inconstance.
En ce début de saison 2006/2007, le LOSC a donc de nouveau rendez-vous avec l’Europe, tout comme son voisin lensois, alors que les deux clubs se rencontrent dès la deuxième journée. Les années 2000 offrent ainsi souvent des derbies au cours desquels au moins l’une des deux équipes est européenne. La dernière journée de l’exercice 2005/2006 a souri aux deux clubs régionaux, qui se sont qualifiés pour le tour préliminiare de la Ligue des Champions (LOSC) et pour la coupe UEFA (Lens) : au traditionnel enjeu de suprématie régionale se greffe donc un véritable sommet sportif. Et ce contexte a probablement tendance à électriser la confrontation. Ainsi, 3 mois avant ce match d’août 2006, le Lens/Lille d’avril 2006 avait révélé ce qu’un derby chargé d’enjeux en fin de saison pouvait produire : outre les habituelles provocations en tribunes, le match avait été marqué par plusieurs moments de tension, et notamment une bagarre générale en fin de match qui avait abouti aux expulsions de Yohan « poignet » Démont et de Kévin Mirallas. Sur le terrain, le spectacle avait été au rendez-vous : 4-2 pour les Sang & Or ; à cette occasion, la défense lilloise avait été d’une inhabituelle fébrilité, encaissant 3 buts avant la pause, à la grande joie d’Alou Diarra, ravi d’envoyer des bras d’honneur au kop lillois à chaque but de son équipe. C’est d’alleurs, jusqu’alors, la seule fois que le LOSC de Puel encaisse 4 buts, exception faite d’un désatreux déplacement à Rennes en novembre 2002, où les retrouvailles avec Vahid avaient semble-t-il fortement perturbé les joueurs de Lille.
Vidéo RCL Archives
Certains joueurs parlent de « revanche » : au moment de retrouver leurs rivaux, les Lillois resassent donc encore cette défaite d’avril à Bollaert, qui n’a manifestement pas été digérée, même si elle n’a finalement pas eu de conséquence désastreuse puisque le LOSC est bien parti pour retrouver la phase de poules de la Ligue des Champions. En effet, dans la semaine, les Dogues ont écarté sans forcer de tendres macédoniens (FK Rabotnički) pour leur match aller de tour préliminaire (3-0). Au vu de la faible opposition européenne, il semble donc bien que le grand rendez-vous de la semaine soit le championnat et ce derby, décalé au dimanche à 18h.
Les deux équipes ont parfaitement débuté leur championnat puisque Lille s’est imposé de façon convaincante à Rennes (2-1), tandis que les Lensois ont écarté Troyes à domicile (1-0). Les Dogues sont au complet ; côté lensois, Carrière et Barul sont blessés.
L’avant-match est bon enfant, avec des Lensois qui chantent « ils n’ont pas de stade ». Sur le terrain, la tendance est claire : Lille veut frapper d’entrée et se dispense de round d’observation. Un premier tir d’Odemwingie (4e), puis un centre-tir de Tafforeau font passer des premières sueurs froides à la défense lensoises. Le kop Sang & Or, de son côté, déploie une banderole « Non au LOSC à Bollaert » à la 7e minute. Qu’il profite de ce moment, qui constitue le point d’orgue de sa soirée ! À la 12e minute, la défense lensoise dégage déjà à l’emporte-pièce ; Makoun récupère et sert Bastos sur la gauche, qui centre : Odemwingie reprend aux six mètres, mais Hilton se jette en dégage en touche. Dans la continuité, Chalmé joue vite sur Plestan, qui trouve la tête de Bodmer au point de pénalty, qui conclut en lucarne (1-0).
Le LOSC attaque sans cesse, et Odemwingie n’est pas loin d 2-0 (16e). Il l’inscrit finalement à la 33e, après un ballon de Chalmé : Peter résiste à Hilton et enroule du gauche, poteau rentrant (2-0) !
Et comme rien ne va pour Lens, 3 minutes plus tard, Sidi Keita récolte son second carton jaune en 5 minutes, pour une faute assez peu évidente sur Bodmer. Piteusement expulsé, il se permet d’applaudir le public. Dépassés, voilà désormais les Lensois en infériorité numérique, ce qui n’arrange rien à la dépression chronique de Francis Gillot, qui déclare après le match : « c’est un naufrage complet. On avait déjà du mal à 11. Alors à 10… à la mi-temps, c’était déjà mission impossible ».
La Voix des Sports n’est pas tendre avec Lens : « la première mi-temps lensoise ne fut qu’un long moment de calvaire (…) les Lensois eurent toujours un temps de retard au niveau de l’engagement ». La réaction vient du banc : Francis Gillot remplace Thomert et Dindane par Lacourt et Boukari. « Mais rien ne pouvait enrayer la machine lilloise » selon l’hebdomadaire régional. Dès la reprise, une air-intervention de Démont sur une transversale de Chalmé permet à Bastos de servir Odemwingie qui manque inexplicablement le cadre vide (53e). Mais ce n’est que partie remise : Bodmer, en première intention, lance Keita côté droit qui prend le dessus sur Ramos et sa remorque ; son centre est coupé par le Nigérian qui inscrit son deuxième but (3-0, 57e).
10 minutes plus tard, le même Keita, « étourdissant », fait joujou avec Ramos dans son couloir et centre de nouveau pour Odemwingie qui conclut, cette fois de la tête (4-0, 67e).
Sur ce nouvel exploit, Claude Puel, jugeant probablement l’humiliation suffisante, sort Keita sous les acclamations du public (69e), tandis que le pauvre Ramos passe milieu gauche et que Vignal prend sa place derrière. Les 20 dernières minutes sont tranquilles pour les Lillois, alors que les Lensois attendent péniblement la fin. En tribunes, les Lensois, que l’on entend plus depuis un moment, subissent à leur tour les chants de leurs adversaires : « les Lillois à Bollaert », « on va chez nous ». Dépités, ils tentent de retirer leur banderole « non au LOSC à Bollaert », mais avec peine, si bien que durant quelques minutes, on peut lire « non à Bollaert ».
En prenant la tête du championnat, « Lille frappe un grand coup », « le LOSC a impressionné », souligne L’Équipe, insistant toutefois sur la faible opposition lensoise : « derby spectaculaire mais trop déséquilibré pour que l’on puisse parler de grand match ». Même tonalité du côté de la Voix des Sports, qui note que « Lille a plané sur ce match, offrant une partition de très haut niveau », et que les Lensois ont été « inconsistants » et « incroyablement absents » : « il arrive en football qu’une équipe passe à côté d’un match, mais hier, le RC Lens a donné l’impression de ne même pas avoir trouvé l’entrée du stade ». Ouh ça fait mal, ça. Dans les deux journaux, les Lensois prennent de sales notes : la Voix des Sports attribue 2/10 à 4 Lensois : Ramos « rude baptême », Jussiê « sans jus », Dindane « sans ballons », et Thomert « absent ». L’Équipe est plus sympa en attribuant sa plus mauvaise note à Ramos (3/10). À l’inverse, les Lillois obtiennent un bon bulletin : Keita obtient 8 dans la VDS et 8,5 dans L’Équipe ; Bodmer 8 et 7 ; Odemwingie 9 et 8. L’Équipe souligne en outre que Tony Sylva « toucha peut-être plus de ballons au pied qu’à la main. Éloquent ». Gervais Martel est dépité, en dépit de la présence de son « grand pote » Jean-Luc Reichman, qui l’avait pourtant prévenu (« attention à la marche ! ») : « nous avons été totalement absents, nuls. Quitte à perdre, on devait le faire les armes à la main. C’est assez incompréhensible. Nous n’avons pas eu une occasion de tout le match. On a été trop mauvais pour que ce soit vrai ». L’entraîneur Francis Gillot, tendu, se contente d’une seule déclaration pour la presse écrite et audiovisuelle : « toutes nos pertes de duels sont inexplicables. On ne courait pas non plus alors qu’on l’a fait contre Troyes. Ça me rappelle l’année dernière et je me dis qu’on n’a pas corrigé le tir. C’est une bonne claque (…) C’est avant tout un problème mental. Il y a 2 ou 3 joueurs qui ont fait leur match, et 7 ou 8 qui ne l’ont pas fait. On va considérer que c’est un accident ». Le gardien lensois, Charles Itandje, rajoute une couche : « on n’était pas du tout prêts à jouer un derby. On a manqué de mental, de solidité, de combativité… de tout. Putain ! On n’a pas le droit ! »
Côté lillois, énorme satisfaction. C’est la troisième fois dans l’histoire des derbies qu’une confrontation entre Lille et Lens s’achève par un 4-0. Et ça a été à chaque fois en faveur du LOSC (les deux fois précédentes, c’était le 11 mars 1945, et le 25 octobre 1964). Il y a même eu 2 5-0, là aussi en faveur du LOSC (22 octobre 1950 et 10 février 1952). Pour être tout à fait juste, soulignons que le pus grand écart est en faveur de Lens : 7-0 le 14 mai 1970, à l’époque où les deux clubs avaient quitté le monde professionnel. Bref, ça fait toujours du bien de mettre une pâtée à Lens, et c’est Stéphane Du mont qui le dit en des termes plus convenables : « pour nos supporters, ce n’est pas négligeable d’voir battu Lens ». Les joueurs montrent leur satisfaction d’avoir « effacé »la défaite d’avril : Mathieu Bodmer déclare qu’« on a sur réagir par rapport à la saison dernière et on l’a fait avec la manière » ; Peter Odemwingie, qui signe son premier (et dernier) triplé1 avec le LOSC, salue « une belle revanche » et s’enflamme : « nous sommes capables de rivaliser avec Lyon. Si on continue comme ça, on peut gagner le championnat »
Claude Puel, tout sourire, essaie toutefois de modérer un trop grand enthousiasme : « après deux journées, difficile de parler de grand coup, ce ne sont que des prémices, et si vous découvrez notre manière de jouer alors que cela fait 2 ans que l’on pratique ce football, c’est un peu embêtant. Ça montre simplement que l’on a un certain potentiel. On verra sur la durée ce que l’on est capable de faire ».
En l’occurrence, après une nouvelle démonstration face à Bordeaux 15 jours plus tard (3-0), le LOSC aura bien du mal à garder le rythme. Même s’il se place encore 2e (loin derrière Lyon) fin janvier après une victoire à Bordeaux, cette saison marque la fin d’un cycle que seule la qualification en 8e de Ligue des Champions permettait encore de prolonger. Après l’élimination contre Manchester, le groupe lâche prise physiquement, et les circonstances de la confrontation semblent l’avoir encore davantage épuisé moralement. En championnat, Lille lève le pied et termine 10e. Les Lensois, plus réguliers, sont encore en course pour la Ligue des Champions avant la 38e journée ; mais alors qu’elle semble leur tendre les bras, les Sang & Or passent à côté de leur match à Troyes, pourtant déjà relégué (0-3), comme un remake de cet après-midi ̶d̶e̶ ̶c̶a̶u̶c̶h̶e̶m̶a̶r̶ de rêve au Stadium.
Un résumé du match :
Note :
1 Avec un doublé et un pénalty manqué contre Bordeaux la saison précédente, il n’était déjà pas passé loin.