Posté le 24 septembre 2020 - par dbclosc
Comme un air de déjà-vu
Ah, cet enfoiré de Germain qui coupe au premier poteau et nous fait concéder un but, comme l’an dernier à Pierre-Mauroy ! On avait l’impression non seulement d’avoir déjà vu cette action mais plus largement, depuis quelques minutes, d’avoir senti ce scénario à la con se dessiner. D’ailleurs, avez-vous remarqué ? C’est souvent le cas. Cette impression peut être assez fréquente pour les buts marqués par certains joueurs en raison de leurs caractéristiques techniques et de leurs préférences de jeu (pensons aux buts de Pépé de l’intérieur du gauche à ras de terre dans le filet opposé du gardien : à Nantes, contre Lyon, contre Nice, à Caen) ou pour d’autres buts correspondant au schéma préférentiels d’une équipe (les buts à l’époque Vahid qui venaient d’une déviation aérienne de Beck ou de Bakari), ou à des actions qui se sont répétées (faute sur Gervinho, pénalty et expulsion du défenseur adverse).
Mais il s’agit davantage ici de souligner des curiosités moins évidentes, qui parfois se répètent à plusieurs années d’intervalle : pensons par exemple aux victoires contre le PSG dans les années 1980, et une incapacité du PSG à gagner à Lille qui s’est en gros prolongée jusqu’à la reprise du club parisien par les Qataris (on en a parlé ici et ici).
Voyons donc quelques-uns de ces cas de « déjà-vu » dont nous a gratifié le LOSC.
La défaite à Nantes 0-1 sur un pénalty concédé par l’arrière gauche, expulsé (1997 et 2003)
En 2003, le LOSC commence à flipper : une mauvaise série au cœur de l’hiver le place sous la menace de la relégation. Lille, 15e, n’a que 3 points d’avance sur le 18e avant de se rendre chez le 6e, Nantes. Et ça ne va pas s’arranger : dès le début de la seconde période, Eric Abidal retient le maillot de Vahirua et l’empêche de conclure : pénalty et carton rouge. Nicolas Gillet transforme le pénalty et Lille s’incline 0-1.
Cette configuration rappelle ce qui est arrivé sur la même pelouse 6 ans auparavant. Le LOSC est là aussi en pleine dégringolade : après un premier tiers de saison exceptionnel, les Lillois se devenus relégables après une défaite à Caen début mars. Une victoire contre Nancy permet de respirer mais il faut désormais se rendre chez le 3e, Nantes. Et alors que Lille tient bien le coup, l’arbitre accorde un pénalty pour Nantes à la 75e minute, pour une faute présumée de Gilles Hampartzoumian, qui est expulsé. Pourtant, l’arrière lillois a joué le ballon et c’est bel et bien un « pénalty imaginaire », ainsi que l’écrit la Voix des Sports, qui est accordé. Le LOSC s’incline 0-1. La vidéo suivante, favorable à Nantes, n’en dit rien mais le résumé de Jour de Foot est bien plus « engagé » sur la décision de l’arbitre.
Après le match, quelques joueurs lillois considèrent que l’arbitre a voulu aider les Nantais, qui marquaient là leur 2 000e but en D1. Bon… L’événement avait été maintes fois souligné dans la presse nantaise avant le match. D’ailleurs, ce n’est pas le tireur habituel (Gourvenec) qui frappe ici, afin que soit mis en valeur un joueur emblématique.
On voit clairement d’après cette photo qu’il n’y a pas faute
Le pénalty qui entraîne l’expulsion injustifiée de l’arrière gauche (1997 et 2007)
D’ailleurs, cette action d’Hampartzoumian crée un autre précédent : après Abidal en 2003, c’est Emerson en 2007 qui s’inspire directement de Gillou. Si Eric Abidal avait suivi la consigne « rouge et défaite 0-1 », notre latéral brésilien retient quant à lui le côté « tacle parfait mais carton rouge quand même ». C’était à Marseille, en 2007 : Emerson réalise un excellent tacle sur Pagis, mais l’arbitre considère que ça vaut pénalty et carton rouge. Niang transforme le pénalty. L’arbitre a à ce point la conscience tranquille qu’il accorde dans la foulée un pénalty litigieux au LOSC, qui égalise, mais cette fois Lille s’incline 1-4, avec un doublé de Civelli.
Le défenseur central débutant qui dévisse et manque le csc (Delpierre 2000, Gabriel 2019)
Matthieu Delpierre a la particularité d’avoir joué son premier match avec l’équipe première du LOSC en tant que titulaire. C’est une particularité notable, là où d’autres jeunes commencent plutôt avec quelques bouts de matches par ci par là. Mais en février 2000, les absences simultanées de Fahmi et de Cygan poussent Halilhodzic à composer une charnière centrale inédite pour le choc de la journée de D2 en Lille (1er) et Toulouse (2e) : ce sera Ecker-Delpierre. Et si le jeune Matthieu s’en est pas mal sorti, il aurait pu toutefois garder un très mauvais souvenir de sa première : à la 82e minute, il reprend maladroitement un centre de Moreau et dévisse du pied gauche. Le ballon termine proche de la lucarne d’un Greg Wimbée qui semblait battu. Plus de peu que de mal : le LOSC gagne 2-0 grâce à un doublé de Bakari.
19 ans plus tard, même action : à Guingamp, le jeune Gabriel, qui a déjà fait 2 apparitions avec le LOSC mais qui connaît ici sa première titularisation (en championnat) en raison de la suspension de Soumaoro et d’un Dabila peu convaincant face à Toulouse, dévisse du gauche un centre de la droite, et le ballon termine au pied du poteau de Maignan. On n’a pas la vidéo, mais comme c’est la même action que celle de Delpierre, c’est inutile.
Le corner direct à Metz (2004, 2006 et 2007)
En l’espace de 3 ans, le FC Metz a encaissé à domicile 3 corners directs par le LOSC. Quand on sait que ce type d’action est relativement rare, ça en dit beaucoup sur l’état du club lorrain. Le premier a été l’oeuvre d’Acimovic, pour son premier match avec le LOSC : de la gauche vers la droite en regardant le but, un tir tendu et légèrement enroulé, au premier poteau de Butelle.
Le deuxième a été marqué par Michel Bastos en coupe de France, janvier 2007. Inutile de le décrire : c’est exactement le même que celui qu’il a marqué 8 mois plus tard en championnat, et le voici :
Les 3 victoires consécutives aux 35e, 36e et 37e journées pour se maintenir miraculeusement (1996 et 2018)
Saison 1995-1996 : après 34 journées et une nouvelle défaite contre la lanterne rouge martégale, le LOSC est 19e, ne compte que 30 points, et a 2 points de retard sur le premier non-relégable. Sachant que l’équipe n’a gagné que 6 fois jusque là, voyez comme ça pue du cul :
Mais le LOSC va augmenter son pourcentage de victoires de 50% en 3 journées : 3 victoires consécutives contre Nice (1-0), à Paris (1-0), puis contre Lyon qui, conjuguées aux contre-performances de ses adversaires directs, sauvent le LOSC au soir de la 37e journée. Un dénouement heureux après une entame très pourrie (2 points après 9 matches) dont on a plus spécifiquement parlé ici. Du coup, on laisse filer le dernier match : 0-2 contre Bordeaux, mais rien à foutre !
Rebelote 22 ans plus tard : au soir de la 34e journée et d’une éclatante prestation à Marseille (1-5), le LOSC est 19e, avec 29 points et… 5 points de retard sur le premier non-relégable. Par chance, des barrages ont été instaurées, et Lille compte le même nombre de points que le 18e, mais l’état d’esprit et la cohésion dont a fait preuve le groupe ne rend guère optimiste, y compris pour une confrontation ultime conte un club de L2. Mais là aussi, le miracle se met en place : deux victoires contre Metz (35e journée) puis à Toulouse (36e) sortent le LOSC de la zone de relégation. Lille compte même 3 points d’avance sur le 19e ! Enfin, lors de la 37e journée, en battant Dijon, le LOSC se sauve (merci les contre-perfs des concurrents) et s’évite un dernier match angoissant à Saint-Etienne. Ce dernier déplacement sera si peu angoissant que ça fera 0-5. Un beau bouquet final !
L’adversaire se retrouve à 9 en 30 secondes pour contestation (Caen 1997, Lens 2004)
Le 15 octobre 1997, le LOSC reçoit Caen pour un choc du championnat de D2. Même si les deux récents relégués traînent un peu (11e et 13e), les écarts sont faibles et les places pour la montée pas très loin. Le match est indécis jusqu’à la demi-heure de jeu, moment où les Normands décident de rendre le match moins équilibré : Etienne Mendy reçoit un avertissement, conteste, et est expulsé. Raphaël Guerreiro, en capitaine exemplaire, conteste à son tour et est expulsé. Le tour est joué : Caen est à 9 et Lille peut tranquillement s’imposer 3-0 (Tourenne et doublé de Lobé).
Ce scénario avantageux est renouvelé quelques années plus tard : le LOSC, en plein renouveau depuis le début de l’année civile, reçoit son voisin lensois pour la 29e journée de L1. Alors que le score est de 1-1, le Lensois Bouba Diop reçoit un second avertissement à la 55e. Lens se retrouve donc à 10. En capitaine là aussi exemplaire, Rigobert Song proteste et récolte lui aussi un deuxième avertissement. Lens termine à 9, mais cette fois le LOSC est incapable d’en profiter : le score ne bouge pas.
Avec un intervalle plus long entre les deux expulsions, on pense aussi au Lens/Lille de septembre 2010, où Roudet (42e) puis Jemââ (46e) laissent leurs équipiers à 9 très précocement. Si Lille panique dans un premier temps, en laissant Lens égaliser, les Dogues s’imposent finalement 4-1 en fin de match.
Les boulettes de Benard Lama face à Patrick Collot (avril 1996 et novembre 1996)
Bernard Lama aime le LOSC. Il l’a bien sûr prouvé en réalisant de belles performances sous la tunique lilloise mais aussi, plus curieusement, avec les couleurs du PSG. Ainsi, personne n’a oublié qu’on lui doit une grande partie du maintien de la saison 1995/1996 : surpris par une frappe excentrée de Patrick Collot après avoir anticipé le centre, il ne parvient à revenir vers son but que pour y boxer la balle. 3 points bienvenus, merci Bernard !
Un peu plus de 6 mois plus tard, Bernard Lama prouve de nouveau son amour au LOSC, toujours par le biais de Patrick Collot. Alors que le LOSC est au summum de sa saison (4e) après avoir battu Lens, il se rend au Parc des Princes et se retrouve mené 0-2 après 33e minutes. C’est en trop pour Bernard, qui décide de relancer le LOSC : frappe de Patrick Collot à 20 mètres, dans l’axe, et hop ! On laisse passer, en touchant toutefois un peu le ballon pour ne pas trop éveiller les soupçons. Comme on le voit sur ces images, cela permet à Bernard de retrouver le sourire. Malheureusement ses coéquipiers, à la solde du complot contre le LOSC, ne le suivent pas et s’imposent 3-1.
Le doublé jumeau de Bruno Cheyrou (2000 et 2001)
Si nous vous disons « Cheyrou » et « jumeau », vous répondez bien sûr Bruno et Benoît ! Et vous vous trompez lamentablement car ils ne sont pas jumeaux. Non, nous parlons ici de deux des trois doublés réussis par Bruno Cheyrou, l’aîné, avec les couleurs du LOSC. En l’occurrence les deux premiers, réussis contre Créteil (avril 2000) puis contre le PSG (mai 2001).
Contre Créteil en D2, il marque les 2e et 4e buts lillois de la soirée : d’abord en profitant d’un bon service côté gauche : excentré, il frappe du gauche et trouve le filet opposé ; puis en transformant un coup-franc à une vingtaine de mètres, décalé côté droit : du pied gauche, il choisit le côté ouvert, à ras de terre.
De retour en D1, le LOSC et Bruno Cheyrou gardent leurs bonnes habitudes : au Parc des Princes, pour l’avant-dernière journée, le n°28 lillois signe son deuxième doublé : le premier but est marqué sur un coup-franc à 20 mètres, décalé côté droit, côté ouvert ; et le second vient d’une frappe pied gauche petit filet opposé alors qu’il est excentré.
Voilà donc les doublés jumeaux de Bruno Cheyrou, dont on a spécifiquement parlé ici. Bruno Cheyrou a réalisé un troisième doublé en D1 avec le LOSC, contre Lorient en août 2001. Et bien sûr, c’était aussi un coup-franc puis une frappe pied gauche, mais pas exactement les mêmes qu’ici.
Le but de Gueye en une-deux, intérieur pied droit, filet opposé
Lens/Lille, décembre 2014 : Idrissa Gueye s’appuie successivement sur Rodelin puis sur Roux pour se trouver en position de frappe et conclure de l’intérieur du pied droit, à ras de terre, dans le filet opposé du gardien.
Quelques mois plus tard, contre Lyon, c’est un jeu collectif assez similaire qui permet à Lille d’inscrire un deuxième but contre Lyon : Premier échange entre Béria et Koubemba (RIP), puis Gueye sollicite le une-deux avec Ronny Lopes et conclue de la même manière qu’au stade de France.
Le coup-franc excentré que personne ne touche (Hazard 2010, Benzia 2016, Boufal 2016, mais aussi Landrin 2004 et Valois 1998)
En ce mois de janvier 2016, c’est la première action de Jérémy Pied en faveur du LOSC : faute sur Obbadi, et coup-franc bien placé pour le LOSC. Benzia enroule, ne trouve aucune tête, Civelli manque la balle et ça termine doucement dans le but.
Rebelote un mois plus tard : le ballon est plus près de la ligne de touche. Boufal enroule, ne trouve aucune tête, Civelli manque la balle et ça termine doucement dans le but.
Ces deux buts sont bien évidemment inspirés du maître, Eden Hazard, qui a ouvert la voie, avec un coup-franc similaire contre Liverpool en 2010 :
Si on devait en trouver une généalogie plus lointaine, on peut aussi penser à ce coup-franc de Christophe Landrin, à Lens, mais à ras de terre : la frappe écrasée la plus efficace du monde :
Mais le coup-franc excentré qui enrhume toute la défense n’est pas l’apanage des droitiers : en 1998, pour la première d’Halilhodzic sur le banc du LOSC, Jean-Louis-Valois concluait le premier scénario vahidesque à Grimonprez, en enroulant une drôle de frappe qui terminait dans le petit filet opposé.
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