Posté le 4 novembre 2020 - par dbclosc
Milan/Lille 2006 : l’atout San Siro
La troisième participation du LOSC à la Ligue des Champions permet enfin de passer l’obstacle des poules : pour la première fois de son histoire, le club nordiste atteint les huitièmes de finale de la compétition à la faveur d’une victoire à Milan qui, du haut de son prestige, était certainement le meilleur adversaire à prendre à ce moment-là pour se qualifier.
Au printemps 2006, le LOSC termine 3e du championnat, se qualifiant ainsi pour le troisième tour préliminaire de la Ligue des Champions. Après avoir sorti les Macédoniens de Skopje au cours de l’été (3-0 ; 1-0), voilà les Dogues dans la plus prestigieuse des compétitions européennes pour la troisième fois de leur histoire, et pour la deuxième année consécutive. Le tirage au sort de la poule se fait au retour de Macédoine : ce sera le groupe H, avec le Milan AC, l’AEK Athènes et le RSC Anderlecht. La plupart des observateurs s’accordent pour considérer que l’ogre du groupe est le Milan AC ; mais à part ce redoutable adversaire, le LOSC a toutes ses chances : « hormis le Milan AC, intouchable sur le papier, Lille a hérité, avec l’AEK Athènes et Anderlecht, d’un groupe H ouvert qui pourrait l’amener en huitièmes de finale » (La Voix du Nord, 25 août 2006). Déjà vainqueur de la compétition à 6 reprises, Milan passe en effet pour un adversaire injouable, et Lille serait donc bien inspiré de prendre des points contre ses adversaires grec et belge ; on se rappelle en effet que lors de la première campagne (2001/2002), la défaite au Pirée (1-2) avait pesé lourd, tandis qu’en 2005/2006, l’incapacité à battre Villareal ou Lisbonne (et à marquer des buts…) avait anéanti tout espoir de passer. Il avait fallu compter sur la défaillance de Manchester (4e du groupe) pour poursuivre en Europa League. Cette année, difficile d’imaginer que Milan laissera la première place ! Claude Puel rappelle que « les Italiens ont une autre culture tactique que les Anglais, ils sont beaucoup plus costauds et habitués à affronter un collectif et des blocs. Milan devrait logiquement se qualifier. Mais à part cette grosse affiche, c’est un groupe homogène où les trois autres clubs peuvent disputer la deuxième place ». Profitons donc plutôt de Milan pour jouer un match de gala et gagner en expérience ; Nicolas Plestan en est tout esbaudi : « c‘est le plus grand club du monde. C’est vraiment fabuleux ».
Objectif 8es
L’AEK a terminé deuxième de son championnat ; comme la plupart des clubs grecs, a priori ça joue comme des quiches à l’extérieur et c’est injouable à la maison où règne une grosse ambiance ; quant aux Belges, champion de Jupiler League, la VDN rappelle à juste titre que « le lustre du champion de Belgique se conjugue surtout au passé ». Le LOSC, fort de son expérience de l’an passé, semble davantage rodé pour cette nouvelle campagne. Grégory Tafforeau souligne qu’« on sait un peu plus où on va. On est forcément plus ambitieux. Notre équipe a davantage d’arguments offensifs, on a les moyens de passer ». Claude Puel est encore plus clair : l’équipe a des repères, et les ambitions sont de sortir de la poule : « le challenge, c’est de confirmer, et ça veut dire passer ».
S’il reste donc difficile de prédire l’issue de la poule, on peut tout de même trouver quelques éléments objectifs qui font du LOSC le favori pour la deuxième place, à moins que l’AEK ou le RSCA ne révèlent un talent inattendu : « les matches diront si on a une chance de se qualifier. La saison dernière, après le tirage, on avait dit que notre groupe était le plus faible. À la fin, il s’est avéré le plus costaud » avance prudemment le coach. Ou que l’éternel problème du stade ne pénalise un LOSC en manque de repères : après le stade de France en 2005/2006, le LOSC jouera cette fois à Bollaert, comme en 2001/2002, ce qui satisfait plutôt le capitaine Tafforeau, qui y avait d’ailleurs marqué, contre Le Pirée : « à Bollaert, le public a beaucoup plus l’impression de participer qu’au Stade de France. Les ambiances ressemblent beaucoup plus aux gens du Nord. On sait qu’on y sera beaucoup plus soutenus ».
Une campagne moyenne
La phase de poules commence de manière fort correcte, avec un nul à Anderlecht, soit le minimum qu’on espérait obtenir, puis un nul contre Milan, soit le maximum qu’on espérait obtenir. Comme attendu, le LOSC s’impose ensuite contre les Grecs à Bollaert, sur la fin (3-1). Le LOSC compte 5 points en 3 matches et peut presque régler l’affaire en se déplaçant à Athènes ; malheureusement, le LOSC tombe (0-1) là où il s’était imposé en UEFA 2 ans avant (2-1). Cependant, une victoire contre les Belges placerait de nouveau les Lillois en position très favorable : mais même après avoir mené 2 fois, ils concèdent le nul (2-2) pendant que les Grecs battaient les Milanais (1-0). Avant la dernière journée du groupe, la situation n’est pas désespérée mais « les Lillois ont fortement compromis la qualification en huitièmes de finale » note la VDN (22 novembre) : les Lillois sont désormais 3e du groupe.
Milan AC |
10 |
+6 |
AEK Athènes |
7 |
+1 |
LOSC |
6 |
-3 |
Anderlecht |
3 |
-4 |
Milan est déjà qualifié et assuré de la première place du groupe. Derrière, tout reste possible et le LOSC peut aussi bien finir 2e, 3e, ou 4e…
Le LOSC terminera 4e s’il perd à Milan et qu’Anderlecht gagne ;
Le LOSC terminera 3e s’il fait le même résultat à Milan qu’Athènes à Anderlecht ; mais cette hypothèse ne vaut que pour une victoire ou nul. Si c’est défaite pour les deux, Lille est 4e.
Le LOSC terminera 2e s’il gagne à Milan et qu’Athènes ne gagne pas ; ou s’il fait match nul et qu’Athènes perd.
Au lendemain du nul contre Anderlecht, la VDN n’envisage même pas d’aller gagner à San Siro puisque n’est évoquée qu’une seule possibilité : « il faudra être capable de ramener un point de San Siro, le 6 décembre, devant un AC Milan déjà qualifié, et compter sur un résultat d’Anderlecht devant Athènes » (22 novembre). La campagne qui avait si bien débuté semble devoir se terminer comme les deux précédentes : par une élimination précoce.
En passant par la Lorraine
En attendant de se plonger pleinement dans ce match à Milan, retour au championnat, où Lille navigue entre les 2e et 4e places, loin derrière le leader lyonnais. Après Anderlecht, le LOSC fait nul contre l’ASM (1-1), et doit se rendre à Nancy 3 jours avant d’affronter Milan : le match est diffusé le dimanche soir sur Canal +. Bien que lorraine, l’équipe nancéienne n’est pour le coup pas une quiche : elle joue même l’Europa League et vient de battre Feyenoord 3-0. L’ASNL est invaincue à domicile depuis le début de saison, et n’y a perdu que 2 points, contre Rennes. Autant dire que Nancy, 6e, est un gros morceau. Conscients du danger qui guette (avoir la tête à Milan), les Lillois assurent qu’ils seront « à 100% sur ce match ». Kevin Mirallas dit que « le coach a bien insisté pour qu’on ne pense qu’à Nancy, et nous savons, de toute façon, que le meilleur moyen de préparer Milan, c’est de gagner en championnat, ça nous permettrait d’arriver en Italie en confiance ».
Le déplacement à Nancy permet de souligner le travail fait par le LOSC au niveau national depuis quelques saisons : la presse nordiste souligne en effet que Nancy ressemble à Lille (un groupe jeune, beaucoup d’éléments formés au club, des moyens limités), et Claude Puel abonde : « nous sommes des précurseurs, et pas seulement par rapport à Nancy. Lyon est un modèle inaccessible pour beaucoup. Notre parcours, en revanche, a montré qu’une équipe pouvait avoir des ambitions quels que soient ses structures et son budget. Je crois que nous avons donné des idées à beaucoup de monde ».
Le LOSC est privé de Audel, Dumont et Franquart, tandis que Bastos et Vitakic ne sont pas retenu dans le groupe. Puel part avec une ambitieuse attaque Robail/Fauvergue/Youla et laisse Keita, Odemwingie, Chalmé et Cabaye sur le banc. Après que le président de Nancy a présenté au public ses excuses aux commerçants de la ville après le passage des « barbares hollandais » dans la semaine, le match commence.
Le LOSC domine la première période mais ne marque pas. Et comme Nancy non plus, ça fait 0-0 à la pause. En seconde période, le LOSC passe d’abord un sale quart d’heure, au cours duquel Nancy marque suite à une frappe déviée par Plestan (52e). Après avoir fait le dos rond, les Dogues repartent vers l’avant et égalisent grâce à un bon pressing de Youla qui sert Bodmer (1-1, 63e). Quelques minutes plus tard, Tafforeau sort sur blessure (68e) ; sur le coup-franc, Mathieu Debuchy marque un but « beau » et « con » à la foiiiiiis (1-2, 69e)
Nancy domine à nouveau, se crée quelques occasions, et à un quart d’heure du terme, nouvelle tuile : Tony Sylva se blesse, fracture de l’annulaire de la main gauche. Greg Malicki le remplace. En fin de match, Youla ajoute un troisième but, son premier avec le LOSC : « ça fait super plaisir, maintenant mon objectif est d’essayer de marquer, pourquoi pas, à chaque match ». Bon. Le LOSC s’impose 3-1, et Keita et Odemwingie sont restés sur le banc. Même si les blessures n’ont pas permis à Claude Puel d’effectuer les changements qu’il aurait souhaité et que Sylva sera absent plusieurs semaines, c’est une satisfaction côté lillois : en mettant fin à l’invincibilité nancéienne à la maison, le LOSC a fait forte impression. Le groupe reste à Nancy jusqu’au lendemain avant de s’envoler pour Milan.
Milan/LOSC : deuxième !
Si l’histoire européenne du LOSC est encore modeste, cette affiche constitue le deuxième « remake » continental des Dogues puisqu’après avoir déjà joué Manchester en 2001 puis en 2005, le LOSC s’apprête à se rendre à San Siro pour y affronter le Milan AC pour la deuxième fois. La première fois, c’était en 1951, pour la coupe Latine, une sorte d’ancêtre de la Ligue des Champions. Bien que non-champion, le LOSC y avait participé, profitant du retrait de Nice, qui dans le même temps avait préféré disputer la Copa Rio au Brésil. À Turin, Lille avait d’abord battu le Sporting Portugal (1-1 ; 6-4), avant de s’incliner lourdement en finale contre Milan (0-5), mais avec 250 minutes dans les jambes et un jour de récupération en moins, un complot dont on a parlé ici.
Avantage Lille ?
Le LOSC atterrit à Milan mardi 5 décembre. Au-delà du terrain, le LOSC pourrait profiter d’un contexte qui lui est plutôt favorable : les supporters italiens se désintéressent du match : bien que bradées à 1€ pour les abonnés, les places ne partiront pas toutes, et les Dogues n’auront pas à redouter une ambiance milannaise qui, même dans un stade plein, est rarement hostile. Ainsi, Gérard Houiller, battu à Milan avec Lyon quelques mois avant, souligne : « ce n’est pas le pire des stades que je connaisse en matière d’accueil. Il serait même assez agréable. J’ai connu des ambiances plus difficiles; à Bucarest et à Athènes (Olympiakos) notamment. Mon sentiment est que Milan a un bon public, pas agressif, pas vindicatif et que là-bas, on se sent bien. Je ne sais pas comment il sera, ce soir, en raison des derniers résultats du Milan. Mais, « a priori », il ne faut pas se faire une montagne de San Siro » (VDN, 6 décembre).
Les Milanais sont en outre privés de Dida, Cafu, Nesta, Costacurta, Serginho, Favalli, Gattuso, tous blessés, tandis que Kaka et Ambrosini reviennent juste de l’infirmerie.
De plus, Milan, déjà qualifié, a probablement la tête ailleurs : « on peut être tenté aussi d’imaginer qu’à partir du moment où leur qualification est acquise, les Milanais seront enclins à ne pas jouer avec la même rage, ni la même inspiration que s’il s’agissait d’un match couperet » (VDN, 6 décembre). Après le match Lille/Anderlecht, l’entraîneur Belge, Franky Vercauteren, avait fait part de sa déception à l’égard de la performance milanaise à Athènes (les Italiens venaient de perdre face à l’AEK Athènes) : « je suis sûr que ce soir , Milan l’a joué « tranquille » et je ne me fais pas d’illusions pour le dernier soir… ».
On peut aussi souligner que le Milan AC est probablement encore perturbé par l’affaire de corruption des arbitres qui lui a valu de démarrer la saison avec huit points de pénalité. Bref, le Milan AC a vu son image quelque peu ternie.
Enfin, depuis son retour en coupe d’Europe en 2001, le LOSC a toujours gagné en Italie (à Parme puis à Florence).
Bon, on essaie de se rassurer, et la Voix du Nord souligne d’ailleurs le jour du match que Lille est « face à son Everest ». Mais tout de même, un Everest qui ne semble pas au sommet. Dès lors, ne vaut-il pas mieux jouer la qualif à Milan plutôt qu’à Athènes ?
Le gros titre en haut n’est pas lié au football (sauf en cas de victoire)
Comment jouer ?
L’un des arguments exposés précédemment est toutefois réversible : un match sans enjeu, avec quelques joueurs habituellement remplaçants, peut tout aussi bien être une source de motivation pour qui veut gagner une place de titulaire : « rien ne dit que les joueurs [de Milan] n’auront pas en eux le souci et la fierté de balayer de leur esprit une série de matchs sans saveur » (VDN, 6 décembre). Lille, quoi qu’il en soit, doit ramener au moins un point ; la tentation est forte de jouer « à l’italienne » et de tenter le 0-0… Scénario impensable pour Claude Puel : s’il veut basculer en huitièmes de finale, le LOSC devra le faire avec panache, c’est-à-dire qu’il devra se donner les moyens d’y arriver, en espérant par ailleurs qu’Anderlecht fasse le travail. Puel demande donc à ses joueurs de développer leur jeu, sans miser sur une quelconque prévision hasardeuse : « on n’a pas encore la maturité pour jouer le nul. Nous allons donc faire comme d’habitude mais avec l’ambition de s’imposer, même si c’est à Milan. Le LOSC a un an de plus en Ligue des champions et le contenu de nos matchs n’a plus rien à voir avec celui de la saison dernière. On est plus présents, plus entreprenants. Quant à Milan, je ne m’attends pas à une baisse de régime de sa part dans ce contexte-là ». Gégé Houiller considère également que le LOSC doit avant tout miser sur ses atouts : « si j’avais un conseil à donner à Claude, je lui dirais de n’avoir aucune crainte et surtout aucun complexe. On a tendance, en France, à créer des « monstres » imaginaires. Personnellement, j’avais été surpris et déçu par le contenu des papiers de la presse lyonnaise avant notre match. Ça m’avait même choqué de voir à quel point on décelait des menaces, à mes yeux, disproportionnées (…) Quand je vois la prestation de Lille à Nancy, je me dis que Puel et ses hommes auraient tort de se sentir gênés ».
Devant 27 000 spectateurs dont environ un millier de supporters lillois, le LOSC évolue… en jaune. En début de saison, le nouvel équipementier avait d’abord proposé un maillot rose « pour les matches de gala », avant de se rabattre sur « un jaune plus neutre » mais tout aussi moche. Avec un peu d’imagination, on peut y voir une référence aux Flandres. Voici la composition lilloise :
« Chapeau ! »
Le début de match laisse peu de doute quant aux intentions des Lillois, qui jouent et pressent haut. Dès les premières minutes, Keita est proche de chiper un ballon à la défense milanaise : « non seulement le LOSC était bien calé dans ses responsabilités, mais encore jouait-il sur des bases ne laissant planer aucune ambiguïté quant à la consistance de ses aspirations. Un football direct, frais et même percutant » (VDN, 7 décembre). Logiquement, les Nordistes ouvrent le score après une lourde frappe de Bodmer mal repoussée par Kalac, qu’Odemwingie propulse au fond (0-1, 8e).
Lille maîtrise le match, même si Malicki s’emploie sur un coup-franc de Pirlo (22e) : Odemwingie (23e), Keita (24e) et Cabaye (30e) rappellent la cohérence du plan lillois. Dès la reprise de la seconde période, Odemwingie, lancé par Makoun, n’obtient pas le pénalty qui aurait légitimement dû être sifflé. Kalac détourne ensuite en corner un tir lointain de Debuchy (53e). Les entrées de Kaka et de Seedorf donnent davantage la possession aux italiens, qui tapent la barre par Inzaghi (60e). Mais Lille ne tremble pas et marque logiquement un deuxième but, à la suite d’un une-deux entre Bodmer et Keita (0-2, 67e).
Juste avant le deuxième but lillois, Anderlecht a marqué un deuxième but contre Athènes (2-0). Tout semble aller pour le mieux, et Lille déroule, manquant de marquer un troisième but par Bodmer, puis par Cabaye, qui trouve la transversale (73e).
Problème : à Bruxelles, Athènes a égalisé en 6 minutes (buts aux 75e et 81e). Les 10 dernières minutes, tranquilles sur le terrain à Milan, semblent interminables si l’on regarde ce qui se passe en Belgique, mais plus rien n’est marqué. En gagnant à Milan pendant qu’Athènes ne gagnait pas, le LOSC est en 8e de finale de Ligue des Champions ! Qui plus est, le nul des Grecs rend la victoire lilloise d’autant plus belle : si Lille passe, c’est bien pare qu’il a gagné, et non parce que les autres ont défailli.
La Voix du Nord salue des Lillois « plus mûrs dans le jeu et surtout plus efficaces », qui ont joué avec « une envie, un calme et un sang-froid remarquables » ; « un match de haute volée » ; « Chapeau ! ». C’est le premier succès d’un club français à San Siro (rappelons qu’entre autres Lens y a perdu en 2002). Seule ombre au tableau : Keita, averti, manquera le 8e de finale aller.
La reconnaissance
Même si le LOSC était déjà parvenu à réaliser quelques performances qu’on peut qualifier d’exploits (la victoire à Parme, la seule campagne 2001/2002, le parcours européen en 2004/2005, la victoire contre Manchester en 2005), il manquait toutefois au club une performance un soir om il serait attendu. Or, cette fois, avec la pression du résultat et chez un grand d’Europe, Lille n’a pas tremblé et il est difficile de soutenir que cette victoire est un accident : elle est l’illustration concrète que le club a franchi un cap, en faisant mieux que la saison précédente. Sans les minimiser, il ne suffit donc pas de quelques « coups » pour avoir une reconnaissance extérieure : il faut inscrire les performances dans la durée et savoir répondre présent quand on est attendu. La Voix du Nord se réjouit que « Lille existe enfin » ; pour La Croix, « Lille entre chez les grands » ; « Les Lillois se sont imposés là où aucun club de l’Hexagone ne l’avait emporté, ni l’OM de Jean Pierre Papin, ni le PSG de George Weah, ni l’OL de Jean-Michel Aulas » qui, contrairement à ce que laisse penser la construction de la phrase, n’était pas sur le terrain (Libération) ; même la presse italienne souligne une « victoire historique mais logique de Lille » (Gazetta dello Sport). Finalement, il n’y a que du côté de Lens que çà bougonne : l’entraîneur Francis Gillot signale : « je n’ai pas vu le match car j’étais en observation sur un autre stade, mais j’ai lu ce matin dans les journaux que Lille était devenu un grand d’Europe. Il paraît qu’ils ont fait un bon match. Félicitations à eux ». Bon, apparemment il garde quelque rancoeur du 4-0 pris en août.
Pour la Voix du Nord, faire partie des 16 meilleures équipes européennes, « c’est toute l’histoire contemporaine du club nordiste qui vient de basculer ». Cette nouveau statut interpelle encore (« on est un peu la curiosité », souligne Puel), mais constitue la maturation logique de la politique sportive du club, même si l’entraîneur considère que quelques étapes ont été grillées : « il est évident que, sportivement, on est en avance par rapport aux structures du club mais on ne pouvait décemment pas programmer tout ce que l’on a fait depuis trois ans. Suivre une telle progression en passant d’un budget de 19 à 35M€, frais de formation compris, c’est exceptionnel ! (…) J’espère que ce ne sera qu’un épisode car on a l’ambition de grandir encore, de passer ce cap-là, d’être reconnu… Je ne sais vraiment pas jusqu’où on peut aller. Ce qui fait notre force, c’est la cohésion et l’état d’esprit. Si les joueurs ont beaucoup progressé, on sait aussi que nous ne sommes pas encore au niveau de nos futurs adversaires potentiels sur le plan individuel. Milan n’est donc pas un aboutissement. C’était un objectif. On l’a atteint mais la route est encore longue. Il va falloir notamment gérer le regain de notoriété dont nous bénéficions, faire en sorte qu’il n’y ait pas d’effets négatifs ».
Lille savoure donc d’être « un grand ». En février, la confrontation contre Manchester saura rappeler qu’il manque encore quelques détails pour pouvoir rivaliser loyalement avec un géant. Et quelques mois plus tard, le Milan AC gagnera la compétition.
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