Posté le 26 mars 2021 - par dbclosc
1946 : Lille, champion du calendrier
Si le premier titre de champion du LOSC en 1946 ne souffre aucune contestation tant les Dogues ont montré leur supériorité, notamment contre leurs rivaux stéphannois, il a été obtenu dans des conditions où le LOSC s’est retrouvé le plus souvent en position de « chasseur », la faute à un calendrier mal foutu.
Le championnat 1945/1946 est le premier championnat « officiel », après quelques saisons marquées par des championnats dits « de guerre » (pour rappel, il y a eu une guerre mondiale entre 1939 et 1945). Lors de la saison précédente (1944/1945), le LOSC, issu de la fusion entre l’Olympique Lillois et le SC Fivois, s’est classé 5e du groupe « Nord » et a atteint la finale de la coupe de France. Le LOSC a pourtant tenu tête durant les trois quarts de la saison à ses principaux concurrents, le Red Star et Rouen, avant de s’effondrer dans le sprint final. L’équipe montre en tout cas de belles promesses et, dans une configuration de championnat « normale », on se dit que le LOSC est bien placé pour faire bonne figure. Lors de l’intersaison, on note notamment un changement de gardien : Georges Hatz, venu du Red Star, remplace Julien Da Rui, parti à Roubaix-Tourcoing. Emmenés par leur capitaine, François Bourbotte, ancien capitaine de Fives, les Dogues se positionnent très rapidement parmi les premières places.
Au début de l’année 1946, nous sommes à la moitié de la saison (17 matches joués), le LOSC est deuxième, avec 23 points (la victoire vaut 2 points). Devant, Saint-Etienne a pris une bonne avance (27 points) : Les Verts ont le plus grand nombre de victoires (13), la meilleure attaque (55 buts marqués). Ils sont poursuivis par le gang des Nordistes : les Lillois, d’abord, s’appuient notamment sur une excellente défense, la meilleure du championnat (22 buts encaissés), et sur une attaque au sein de laquelle brillent particulièrement René Bihel et Jean Baratte ; à la troisième place, on trouve Lens (qui a battu Saint-Etienne 6-1) ; et Roubaix-Tourcoing (qui a aussi battu les Verts) se place quatrième.
On le voit, Saint-Etienne possède une avance assez importante. Sur la phase retour, le LOSC recevra tous ses concurrents directs et aura ainsi la possibilité de prendre sa revanche sur le leader, chez qui les Dogues avaient pourtant mené avant de s’incliner 1-2 : « l’ambiance contraire du stade stéphanois avait été un handicap très rude » souligne la Voix du Nord. La première journée de l’année civile 1946 voit la défaite des deux premiers (Lille perd 1-2 à Cannes, et Saint-Etienne perd 2-3 à Roubaix-Tourcoing). Les Dogues vont ensuite appuyer sur l’accélérateur.
Les problèmes de calendrier
La Voix du Nord voit désormais chaque journée de championnat comme un « nouvel assaut contre Saint-Etienne ». Mi-janvier, à Henri-Jooris, le LOSC bat Montpellier 4-0, et profite de la défaite de Saint-Etienne à Marseille (2-4) pour revenir à 2 points des Verts (25 points contre 27).
La semaine suivante, le LOSC est censé recevoir Metz, mais l’arbitre considère, deux jours avant la date prévue, que ni Henri-Jooris, ni Jules-Lemaire, ne sont praticables. Cette décision est jugée « regrettable » par la Voix du Nord, sur son principe même, le quotidien rappelant que le football est un « sport d’hiver » ; le journal note ensuite qu’« il est étonnant qu’une telle mesure soit prise le vendredi alors que la couche de neige recouvrant les terrains de jeu s’amenuise de plus en plus et que la météorologie prévoit une amélioration des conditions atmosphériques ; elle ne nous annonce, tout au moins, ni gel ni chute de neige » ; enfin, le report du match, au moment où les enjeux se précisent et où Lille semble en mesure de chasser Saint-Etienne fait que « les Stéphanois, même battus, demeureront premiers (…) Le championnat coupé en deux tronçons perdrait son attrait » : mieux vaut donc jouer ce Lille/Metz au plus vite « ce qui nous évitera d’avoir un championnat boiteux »
Ce report est en tout cas le premier, et pas le dernier. Et ceci va nous offrir une fin de saison assez curieuse, dont la plupart des lectures a posteriori ne rendent pas compte précisément. Nous y reviendrons. En attendant, la bonne nouvelle, c’est que Saint-Etienne perd de nouveau, à Rouen.
21 buts en 5 matches
De retour sur les terrains, le LOSC s’impose face au Havre (2-1) lors de la 21e journée. Et comme Saint-Etienne ne gagne plus (0-0), Lille revient à un point du leader et est, avec ce match en retard à jouer, même virtuellement en tête.
Le LOSC enchaîne ensuite contre Lens (3-1) dans un match dont nous avons relaté les circonstances. Et, cette fois, les Dogues prennent la tête, profitant d’un nouveau point perdu par les Verts. Cette victoire contre le voisin écarte les Sang & Or, qui progressivement ne seront plus en mesure de concurrencer le LOSC. Allez, salut hein !
Le match en retard contre Metz est fixé le 21 février à Jules-Lemaire, où se joueront d’ailleurs tous les matches à domicile jusqu’à la fin de saison, puisqu’Henri-Jooris est désormais en phase de rénovation. Lille gagne 7-0, avec notamment un quadruplé de Bihel, et confirme ainsi « de manière éclatante ses droits à la première place du classement de la division nationale », selon le quotidien régional. Ignace, joueur du FC Metz, a été impressionné par la qualité des Lillois : « il n’y avait rien à faire. Telle qu’elle est formée, l’équipe du LOSC est, de très loin, la meilleure de France. Elle est comparable au meilleur Sochaux d’avant-guerre ». Puis Lille s’impose encore largement à Bordeaux (5-1) à la grande joie de son entraîneur, George Berry : « notre équipe a fourni une démonstration de football que les bordelais ne sont pas près d’oublier ». Avec cette superbe série de 5 victoires consécutives au cœur de l’hiver, avec 21 buts marqués, tout en profitant de la baisse de régime de l’ASSE, le LOSC compte désormais 4 points d’avance sur ses premiers poursuivants. Il reste 11 matches.
La crainte de l’effondrement
Mais les Dogues connaissent ensuite trois revers consécutifs. Le premier, surprenant, à domicile contre Rennes, sur un score sévère (2-5). On craint que cette défaite ne soit le symptôme d’un baisse de vigilance des Lillois. La Voix du Nord souligne qu’« « on avait tellement pris l’habitude de voir les Lillois triompher qu’on en était arrivés à ne plus craindre aucun de leurs adversaires. Des succès répétés contre Lens, Metz, Bordeaux, l’aisance avec laquelle les hommes du LOSC jouaient devant nous, les mettaient à l’abri du doute (…) Il est mauvais de vivre dans la facilité, dans l’aisance. C’est la crainte de l’échec qui donne, le plus souvent, force et prudence aux hommes ». Par bonheur, Saint-Etienne a aussi perdu, mais ensuite Lille s’incline encore au Racing (1-2), puis contre Roubaix-Tourcoing (0-2). Même si le LOSC garde la tête, devant Saint-Etienne, à la différence de buts, est-il en train de s’effondrer ?
Dans cette configuration, le match Lille/Saint-Etienne est évidemment très attendu : or, il aurait dû avoir lieu début avril, entre les deux défaites au Racing puis face au CORT, mais il a été reporté en raison de l’organisation du match France/Tchécoslovaquie, au cours duquel un joueur de chaque équipe a été sélectionné (Antoine Cuissard pour les Verts, René Bihel chez les Dogues). En outre, le match du LOSC à Sochaux a également été reporté en raison de l’engagement des Dogues dans la coupe de France ; et enfin, le match ASSE/Metz a lui aussi été reporté. Voilà donc quelle est la situation fin avril : en championnat, Lille et Saint-Etienne sont en tête avec 33 points, mais le LOSC est devant à la différence de buts. Ces deux équipes comptent deux matches en retard, parmi lesquels une confrontation entre elles. Logiquement, le classement s’en trouve resserré, et Lens et Reims pointent leur nez.
Le LOSC est par ailleurs qualifié pour la finale de la coupe de France. Cette réussite a ses inconvénients : les joueurs sont très sollicités. Si le LOSC accepte volontiers de répondre à l’invitation de la fédération belge pour affronter l’équipe nationale B à Saint-Gilles, on note aussi, écrivions-nous plus haut, la sélection de Bihel en équipe de France, ainsi que celle de Baratte dans l’équipe du Nord qui bat l’équipe du Sud-Ouest en avril (7-1). Cela peut-il influencer la fin de saison des Dogues ?
Le carton contre Saint-Etienne
Le mercredi 1er mai 1946, le stade Jules-Lemaire de Fives accueille – enfin – l’un des sommets de la saison : Lille/Saint-Etienne. Les Verts sont repassés premiers après avoir gagné leur autre match en retard : ils se présentent donc à Lille avec deux points d’avance sur leurs hôtes. Comme depuis quelques semaines, Lille joue à domicile à guichets fermés, soit environ 16 000 spectateurs pour le stade de Fives. Alors qu’on s’attend à une bataille serrée, on assiste en fait au plus gros score de la saison : 8-0 pour Lille ! Les buts sont signés Bihel (5e), Baratte (17e), Bihel (23e), Tempowski (37e, 38e) Baratte (47e), Bihel (55e), et Vandooren (79e). Une telle démonstration de force place évidemment les Lillois dans la peau des favoris : « l’équipe de Lille a prouvé qu’elle était tout à fait digne d’obtenir le titre de champion de France que son malheureux adversaire visait lui aussi (…) Maîtrisant leurs adversaires d’une manière incomparable, condamnant leurs adversaires à une sorte d’immobilité qui surprenait tous les spectateurs, les avants lillois ont vraiment réalisé une des plus belles prouesses du football français » s’emballe la Voix du Nord. René Llense, le gardien stéphanois, s’incline : « le LOSC, plus que nous-mêmes, est digne de remporter cette année le titre de champion de France. Nous nous effaçons volontiers devant lui (…) Nous ne saurons expliquer à nos supporters comment s’est passé ce match. Nous leur dirons ceci : qu’il suffirait de remplacer quelques hommes seulement dans l’équipe de Lille pour avoir la meilleure équipe de France qu’il soit possible d’aligner ».
Si vous avez bien suivi, le LOSC, avec deux matches en retard, reprend la tête du championnat (35 points), à égalité de points avec Saint-Etienne qui ne compte qu’un match en retard (donc les Verts ont joué un match de plus que les Lillois). Bref, ça commence à bien se dessiner cette affaire, mais attention à l’excès de confiance, qui se manifesterait par exemple dans le fait de chambrer les Stéphanois en ch’ti à la radio.
De nouveau, le merdier du calendrier
Lors de la journée suivante, le 8 mai, Lille concède un nul à Sochaux (0-0) pendant que Saint-Etienne retrouve la victoire. Logiquement, les Verts repassent devant, avec un point d’avance sur les Dogues. La Voix du Nord craint que le LOSC « ne soit coiffé au poteau » : même s’il reste 6 matches à jouer pour Lille (et 5 pour Sainté), et donc qu’il y a davantage de points à prendre, le quotidien estime que le calendrier lillois est plus compliqué (réceptions de Rouen, Sète et du Red Star ; déplacements à Strasbourg, Marseille et Reims) que celui des Verts (réceptions de Metz, Reims et Sochaux ; déplacements au RC Paris et à Lyon). En fait, la VDN attribue aux matches à venir le même résultat que le résultat des matches aller, et en arrive à la conclusion suivante : Lille va terminer avec 44 points, et Saint-Etiene avec.. 45 points.
Sur le terrain, Lille gagne à Strasbourg, mais Saint-Etienne gagne encore. Statu-quo : Saint-Etienne est premier avec 39 points ; Lille deuxième avec 38 points.
Le problème est que Bihel s’est blessé. La Voix du Nord s’emporte contre un calendrier trop chargé : « au début de la saison, on a établi un championnat s’étendant sur plus de 8 mois. Puis il y eut la coupe. Et par-dessus tout cela, on a multiplié les matches internationaux qu’on a, parfois, doublés1, comme France-Autriche. Aujourd’hui, les joueurs sont fourbus. Le LOSC, après Sochaux et Strasbourg, doit aller à Marseille. Tout cela en huit jours. Ce n’est plus du sport mais du hard-labour ». Admettons que la critique vaille pour des matches internationaux non initialement prévus, mais la qualification en coupe implique nécessairement des matches supplémentaires qu’il semble difficile de remettre en question. En attendant, la VDN espère que Baratte ne sera pas sélectionné pour le prochain France/Angleterre. Deux jours après avoir gagné à Strasbourg, Lille ramène un point de Marseille (2-2), dans son match en retard. Les Lillois menaient pourtant 2-0… Cette fois, avec le même nombre de matches que Saint-Etienne (30), Lille reprend la place de leader, à la différence de buts.
Il reste donc 4 matches à jouer pour tout le monde, mais ces matches ne vont pas du tout se jouer en même temps, du moins ceux qui aboutiront à désigner le probable champion : ceux de Lille et de Saint-Etienne.
Le 23 mai, Lille/Sète, « pour une raison qui nous échappe », est reporté. Saint-Etienne joue.. et gagne (contre Metz, 3-1) Le week-end suivant, Lille joue la finale de coupe de France, tandis que Saint-Etienne poursuit son championnat et prend un point à Lyon (3-3). le 26 mai, le LOSC remporte la coupe de France mais, en championnat, se retrouve à 3 points du leader, qui compte deux matches de plus.
Le 30 mai, on joue la 33e journée de championnat (en fait, c’est la 31e pour Lille) : Lille et Rouen font 2-2, et Saint-Etienne est battu 1-4 au RC Paris. Lille revient donc à 2 points de Saint-Etienne.
Le 2 juin, date initiale de la fin de la saison avant que les matches évoqués précédemment ne viennent le modifier, Saint-Etienne reçoit Sochaux et Lille reçoit le Red Star. Saint-Etienne bat Sochaux… et Lille ne joue pas « en raison des élections ». Ah bon. Il s’agit de l’élection chargé d’élire l’assemblée constituante qui doit rédiger la Constitution de la IVe République. Soit, mais pourquoi joue-t-on à Saint-Etienne et pas à Lille ? Nous n’en avons aucune idée. Peut-être parce que Saint-Etienne est une région minière et que les mineurs ne votent pas.
En attendant, voilà la situation : Saint-Etienne a terminé sa saison (44 points). Lille, qui compte 40 points, est passé troisième (le CORT est deuxième) et il lui reste 3 matches à jouer ! Les Verts n’ont plus qu’à croiser les doigts, pendant que Lille est dans l’obligation de marquer au moins 4 points pour ravir le titre de champion.
Le sort du LOSC va donc se jouer les 9 (contre Sète), 13 (contre le Red Star) et 16 juin (à Reims). Contre Sète, le LOSC déroule : à la pause , le score est déjà de 4-0. à l’arrivée, les Dogues s’imposent 5-2. Il leur manque désormais 2 points pour être sacrés champions !
Ces deux points arrivent le 13 juin : le LOSC retrouve son adversaire de la finale de coupe, le Red Star, et le bat sur le même score : 3-1. Les buts lillois sont signés Baratte, Bihel et Tempowski, tandis que les audoniens avaient égalisé juste avant la pause : « l’homme auquel le LOSC doit le plus aujourd’hui est notre jeune ami Jean Baratte. D’un bout à l’autre du match, Baratte a fait preuve d’une résistance physique à toute épreuve et il a maintes fois corrigé certaines lenteurs de Bihel par la promptitude de ses mouvements, l’inlassable cohésion de son jeu ».
Les trois buteurs du jour sont les meilleurs buteurs du club : René Bihel termine avec 28 buts, Jean Baratte avec 19 et Bolek Tempowski avec 17. Et le LOSC termine finalement avec la meilleure attaque du championnat (89 buts marqués), la meilleure défense revenant à Roubaix-Tourcoing : « il est hors de doute que l’équipe lilloise, tout au long de la saison qui s’achève, a dû son prestige à la valeur de ses cinq avants. En maintes circonstances, ils ont allégé la tâche de leur ligne intermédiaire et condamné leurs adversaires à la prudence. Au cours de la première mi-temps du match de Fives, ils ont été, sans cesse, les maîtres de la situation, emprisonnant les Parisiens dans leur zone défensive comme s’ils les avaient tenus dans un filet ».
Le 16 juin, le LOSC acquiert un dernier point à Reims (1-1).
Le schéma ci-dessus est issu de la page wikipédia de la saison 1945/1946. il indique, à chaque journée de championnat, qui en est le leader. Si l’on s’y fie, Lille aurait donc été leader de la 20e à la 30e journée, puis de la 32e à la 34e. Ce schéma est « vrai » si on considère que toutes les équipes ont joué en même temps. Si l’on tient compte du calendrier « réel », le LOSC n’est pas en tête au soir de la 20e journée (match de Metz remis), et ne l’est de nouveau plus au soir de la 28e journée (car Saint-Etienne reprend des matches d’avance), l’obligeant à être dans un rôle de poursuivant dans le sprint final.
En résumé, le titre acquis en 1946 résulte d’un parcours un peu plus complexe que ce que les restitutions faites a posteriori ne laissent penser : en effet, celles-ci se basent sur le calendrier initial, qui ne tient pas compte des nombreux reports dont les matches du LOSC ont été l’objet. Par exemple, la large victoire acquise Metz est datée du 27 janvier (date initiale) alors que la match a eu lieu le 21 février ; la victoire contre Saint-Etienne est datée du 7 avril (date initiale) alors que le match a eu lieu le 1er mai ; ou encore, la victoire contre Sète est datée du 19 mai (date initiale) alors que le match s’est joué le 9 juin. Autrement dit, cette lecture de la saison à travers le prisme du calendrier initial attribue trop précocement au LOSC des points qu’il n’a obtenus que plus tard. Cela donne l’illusion que les Dogues ont eu une saison assez tranquille et régulière alors que, hormis une période entre la 22e et la 27e journée où, à même nombre de matches que leurs adversaires, ils étaient en tête, ils ont souvent dû courir après des adversaires qui avaient plus de points qu’eux, car ces derniers avaient joué plus de matches ! Avec, en point d’orgue, ce final étonnant où le LOSC joue seul ses 3 derniers matches pendant que les Stéphanois se demandent s’ils doivent partir en vacances en tant que champions ou vice-champions.
Cet épisode confirme l’adage : rien ne sert de partir à point, il faut courir.
1 On suppose que cela signifie que le match a aussi concerné des sélections de jeunes.
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