Archiver pour septembre 2021
Posté le 27 septembre 2021 - par dbclosc
Au bout du suspense
Deux semaines après un nul frustrant contre Lens, le LOSC est de retour à Camphin pour y affronter Strasbourg. Ce devrait être le dernier match de la saison à Luchin car une convention a été signée avec Wasquehal, et on jouera donc le reste de la saison à domicile là-bas.
L’adversaire du jour est Strasbourg, et ça ne va pas être de la tarte : non parce que ce serait de la Flamenkuche, mais parce que le RCSA est à placer, comme à peu près tout le monde dans ce groupe, parmi les favoris, c’est-à-dire comme une équipe qui a l’ambition et la qualité pour monter. Pour le moment, les Alsaciennes ont gagné à Saint-Malo, puis ont fait match nul contre Nantes. L’entraîneur de Strasbourg est Vincent Nogueira : ça ne vous dit rien ? Et Lille-Sochaux 2013 (3-3), vous vous rappelez ? Vincent Nogueira a inscrit un doublé sur coup-franc (et réussi une passe décisive) ce soir-là. Nous n’avons pas oublié : profil bas de rigueur après ça.
L’échauffement est parti sur des bases élevées
Voici l’équipe alignée par Rachel Saïdi. Un seul changement par rapport aux compositions précédentes : Lorena Azzaro est titularisée en pointe à la place de Chloé Pierel. Naomi Bamenga n’est pas dans le groupe. Sinon, Aurore Paprzycki et Silke Demeyere verrouillent bien le milieu de terrain, comme l’illustre astucieusement ce schéma :
Il fait bon, ça sent la pizza, la tribune est quasi-pleine.
13h58 C’est parti !
1e Mince : c’est au moment où le coup d’envoi est sifflé que l’organisation du club se rend compte que le tifo « Strasbourgeoises merdoises » a disparu !
2e Premier choc entre Agathe Ollivier et Méline Maetz, qui avait balancé en tribune. Elle reste à terre : ça joue déjà la montre !
Allez, une caresse dans les cheveux et on n’en parle plus
3e Première frappe pour le LOSC : Azzaro, en déséquilibre, parvient à armer, mais c’est trop mou.
4e PREMIÈRE RÉCUPÉRATION DE SILKE DEMEYERE !
9e Très bon tacle de Polito, mais Strasbourg sait aussi pointer le bout de son nez : frappe de Hoeltzel, mais de problème pour Elisa Launay. Idem quelques minutes après avec cette fois une frappe de Roth.
17e Sur la gauche, Ollivier sert Elisor, qui remonte, profite de la fausse piste à gauche d’Agathe pour repiquer vers l’axe. Cela se resserre autour d’elle, et sa frappe à l’entrée de la surface est contrée.
20e Ah, le chronomètre démarre.
21e Après une séquence durant laquelle les Strasbourgeoises n’ont pas l’air pressées de jouer, jouant à la baballe en sollicitant leur gardienne toutes les deux passes, Salomé Elisor presse la portière adverse, qui manque son dégagement. Maïté Boucly récupère et frappe en force, la gardienne – qui s’appelle Manon Wahl – détourne en corner.
22e « Die Wahl », en allemand, c’est le vote. Et tout ça un jour d’élections législatives en Allemagne. Wahl doit soutenir Merkel car elle est très conservatrice après ses prises de balle (elle met 3 heures à dégager pour être plus clair). Le LOSC, de son côté, tente de percer aussi bien à gauche qu’à droite, ou au centre.
23e Demeyere trouve Ollivier, qui centre, mais la gardienne est présente dans ses 6 mètres.
Elle relance et la numéro 3, Morgane Duporge, tente le une-deux avec le public. Dans ces cas-là, ça donne une touche pour l’adversaire.
24e Côté gauche, faute sur Azzaro. Le coup-franc est frappé par Aurore Paprzicki, dégagé par Wahl. À la retombée, Marty, aux 18 mètres, tente une frappe compliquée qui part largement au-dessus.
29e Servie par Fremaux, Azzaro emmène bien son ballon à l’angle de la surface, puis a une hésitation avant de pousser trop loin son ballon. Corner.
37e Ballon perdu par les Lilloises au milieu de terrain. Roth s’avance un peu et, voyant Elisa Launay très avancée, frappe de 35 mètres : but.
38e Nouvelle frappe de Roth à l’entrée de la surface, arrêt de Launay.
40e Marty fait un appel dans le dos de la défense. Dans la surface, au duel, elle tombe avec son arrière. C’est très litigieux mais l’arbitre ne dit rien.
41e Frappe de Schwartz, sur Launay.
43e Faute sur Demeyere et CARTON JAUNE, VOILA, TRÈS BIEN, pour Léa Munier.
44e Touche rapidement jouée par Boucly vers Azzaro. Le ballon est dégagé à l’entrée de la surface où se trouve Elisor, qui reprend du droit, et ça passe pas loin au-dessus !
45e + 1 Duel et choc entre Fremaux et Wahl. Apparemment, tant qu’il n’y aura pas de jambe cassée, il n’y aura pas de pénalty pour le LOSC.
Mi-temps, 0-1.
Le LOSC est dominateur, mais ne parvient pas à se créer beaucoup d’occasions franches (seules Boucly – 21e – et Elisor – 44e – ont réellement inquiété la gardienne). Strasbourg est bien regroupé et a un milieu de terrain à 5 qui se projette vite vers l’avant à chaque récupération. Dès lors, toute perte de balle est vite dangereuse. On ne peut cependant pas dire que les Alsaciennes soient très menaçantes : on note quelques frappes sans danger pour Launay, et un but marqué après une action pas vraiment construite. Au milieu, la paire Demeyere/Paprzicki est, comme d’habitude, très en vue.
C’est un cran devant que ça coince pour le moment. Pas mal d’interversions des joueuses, notamment devant.
Il va falloir parvenir à mieux bouger cette équipe strasbourgeoise !
15h00 C’est reparti Paprzicki !
46e Allez, on part sur de bonnes intentions avec une remontée Polito/Paprzycki/Marty, ça donne un corner.
48e Magnifique passe d’Elisor dans le dos de la défense vers Boucly, seule face à Wahl ; Maïté tente de placer en finesse sous la gardienne, mais c’est sur la gardienne. Quelle occasion !
49e Corner pas très bien joué par Demeyere qui, cherchant à combiner, perd le ballon. MAIS RECUPERATION DE SILKE DEMEYERE qui sert Azzaro dans la surface, sur la droite ; elle parvient à centrer en retrait vers Polito qui arme à ras de terre à l’entrée de la surface : bel arrêt de la gardienne.
En 5 minutes, il semble que les Lilloises aient trouvé davantage de solutions dans la défense strasbourgeoise que durant toute la première période. Ça ne rentre pas encore, mais on s’approche de la cible !
53e Olliver sert Demeyere dans la surface, qui centre en retrait vers Azzaro : sa frappe est contrée, corner.
54e Les Lilloises gênent la relance adverse : cela profite à Marty qui récupère à une trentaine de mètres, sur la droite. Elle sert Azzaro, dos au but dans l’arc de cercle, qui remise légèrement en retrait vers Salomé Elisor. D’une demi-volée du gauche, Salomé envoie dans la lucarne de Wahl ! Superbe égalisation ! Toutes les joueuses se congratulent autour de Rachel Saïdi.
56e Encore une récupération haute des Lilloises : Azzaro lance Marty en profondeur qui, en bout de course, parvient à placer un petit piqué de l’extérieur du droit qui surmonte la gardienne mais qui n’est pas assez puissant pour rouler dans le but… La défense dégage !
57e Le LOSC pousse fort. Chaney est avertie et, sur le coup-franc, Wahl repousse des poings la tentative d’Elisor.
59e Première sortie strasbourgeoise dans cette seconde période : Joanna Schwartz frappe d’une trentaine de mètres, mais Launay est vigilante.
60e Pour Strasbourg, sortie de Duporge, entrée de Perrotte. Surtout, ne vous pressez pas !
61e Combinaison à gauche entre Boucly et Azzaro, ça donne un corner. Sur celui-ci, pour une fois, la gardienne se troue un peu, et son ballon relâché atterrit sur Azzaro qui place du bout du pied un ballon repoussé sur la ligne !
62e Corner De Parzycki, repris victorieusement au second poteau par une tête d’Elisor ! Mais l’arbitre refuse le but… parce que la gardienne s’est fait mal aux poings en boxant Eva Fremaux ?
65e Attaque strasbourgeoise, Roth est lancée en profondeur avec un ballon qui rebondit. Launay sort – dangeureusement, semble-t-il – à sa rencontre, Roth tente le lob et Elisa se saisit du ballon de superbe manière, quel bel arrêt !
68e Strasbourg tente de nouveau quelques petites percées, après avoir franchement subi depuis la reprise. Sur un centre venu de la droite, Fremaux intervient, puis Devlech’ réussit un sombrero à proximité de ses 6 mètres… C’est beau mais ça donne quelques frissons et, dans l’immédiat, un corner : ça cafouille un peu et Ollivier dégage juste devant la ligne.
70e Pour Strasbourg, Chloé Rochet remplace Mégane Hoeltzel, pas facile à écrire ça.
Pour Lille, Noémie Mouchon remplace Chloé Marty : « allez Nono ! »
73e Ollivier sert Boucly, dont le centre arrive dans les bras de la gardienne. Le LOSC a un peu plus de mal à se trouver depuis quelques minutes, de nombreux centres sont interceptés sans difficulté par la gardienne (ce qui n’enlève rien à son mérite, elle est pas mal du tout. Mais faut pas boxer Eva).
75e Strasbourg ne s’embarasse pas trop à construire : dégagement de Wahl, rebond, duel, et frappe de volée de Schwartz à 20 mètres : sans une envolée et une claquette d’Elisa Launay, c’était en pleine lucarne !
78e On essaye du côté du LOSC, mais ça redevient difficile dans les 30 derniers mètres. Azzaro montre une belle capacité à contrôler puis à se retourner sans se faire prendre. Succession de hors-jeu sifflés contre les Lilloises.
85e Après une belle construction Devlech’/Azzaro/ Elisor/Mouchon, Fremaux trouve Azzaro, qui conclut. Le but est refusé pour hors-jeu.
Et alors c’est l’escalade : l’arbitre de touche, qui était jusque là sympathiquement rappelé à l’ordre, notamment par un facétieux spectateur (qui lui demandait par exemple de « ne pas systématiquement lever le drapeau : on t’as promis une choucroûte ou quoi ? »), se fait dès lors interpeller par un « Dugland ! » du meilleur effet. Autant avant il rigolait, autan tlà il fait semblant de ne plus rien entendre.
87e Dès que les Lilloises jouent vers l’avant , le public réclame le hors-jeu. Ah, on rigole.
90e Départ de mon voisin, qui pense que ça va en rester là. La suite va vous étonner.
90e + 1 Carton jaune pour Eva Fremaux.
90e + 3 Le LOSC cherche une solution collective. Encore un beau travail de conservation d’Azzaro, qui sert Elisor sur la droite. En une touche, Salomé envoie un superbe ballon entre le point de pénalty et les 6 mètres, d’où surgit Silke Demeyere, dont le coup de boule décroisé termine au fond des filets ! C’est la délivrance grâce à l’idole de tout un peuple ! C’est bon ça !
90e + 4 Ayant entendu la clameur, mon ex-voisin revient en courant et hurle en direction de l’assistant « et là le hors-jeu, tu l’as pas vu ? ». Tout ça en ayant évidemment rien suivi de l’action, du grand art !
90e + 5 Le LOSC Meinau score
90e + 6 L’arbitre accorde un dernier coup-franc aux Alsaciennes : c’est dégagé !
15h55 C’est terminé, victoire du LOSC 2-1 ! En seconde période, le LOSC a ajouté à sa domination des occasions franches, qui ont permis de renverser le cours du match. Les Lilloises se sont bien mieux trouvées et sont parvenues à faire céder leurs adversaires. Les ailières, Boucly et Marty, ont été bien plus tranchantes, et Elisor a été particulièrement en vue, signant en plus un fort joli but, et une passe décisive. Quant à Azzaro, on sent qu’elle est chiante (pour l’adversaire) : il est difficile de lui prendre la balle, elle élimine facilement ses adversaires… Une belle prestation pour sa première titularisation !
Notons toutefois que, sur leurs rares incursions, les Strasbourgeoises ont été proches de marquer. Comme à Lens, sans d’excellentes interventions de Launay, le LOSC aurait pu aussi finir bredouille.
Tout cela est bien encourageant et, avec la victoire des mecs samedi, le LOSC est donc reçu (sau)cisse sur 6 contre Strasbourg.
La réaction de Rachel Saïdi :
« En première période, on s’est procuré des occasions qu’on n’a pas réussi à concrétiser car notre dernière passe n’était pas bien assurée. Strasbourg mène sans se créer beaucoup de situations, alors qu’on a la maîtrise du jeu, sans prétention. Mais on ne trouvait pas la dernière passe pour déséquilibrer le bloc de Strasbourg. On doit travailler sur le fait qu’on a la maîtrise, mais qu’on concède un but. On a essayé de rectifier à la pause la qualité des dernières passes, car on a trop fait briller la gardienne adverse ! En deuxième période, on a réussi à pousser, à se créer plus d’occasions. Malgré les deux buts refusés, on a vu des joueuses qui ont eu envie d’attaquer, de peser offensivement.
J’ai particulièrement apprécié les ressources mentales de ce groupe. Quand on leur dit qu’il reste 5 minutes de temps additionnel, on les sent encore déterminées et convaincues que c’est possible de le faire. J’ai senti un groupe concerné jusqu’au bout, et cette force mentale-là va nous servir pour la suite.
On revoit des scènes vécues quand j’ai repris l’équipe en D1, avec des buts de dernière minute, et un engouement dans le public qui fait que les joueuses se sentent épaulées »
Dans le reste du groupe, seul Le Havre a fait carton plein jusque là (9 points). Le LOSC est juste derrière, avec Nantes (7 points), puis suivent Brest, Metz et Orléans (6 points). Dimanche prochain, ce sera Brest/Lille et, le 10, Lille/Saint-Malo.
Précédemment :
La présentation de la saison : Le LOSC à l’assaut de la D1
Lille-Saint Maur : Le LOSC réussit sa rentrée
Lens-Lille : Le LOSC freiné
Posté le 18 septembre 2021 - par dbclosc
Manchester/Lille 2001 : la tête haute
La tête haute
Il y a 20 ans jour pour jour, après une brillante qualification contre Parme, vainqueur de la Coupe UEFA en 1999, le LOSC s’en allait défier Manchester United, vainqueur mémorable de la Ligue des Champions la même année. A Old Trafford, les Lillois passent très près d’un nouvel exploit européen.
Après son exploit retentissant contre Parme, le LOSC hérite d’un groupe relevé. Manchester United, l’Olympiakos et le Deportivo défieront le LOSC. Accessibles aux supporters dans un pack compris entre 45 et 95 € selon les tribunes, ces matchs de gala auront lieu au stade Bollaert, pour des raisons évidemment complotistes.
10 septembre 2001. Autour et dans le stade Bollaert, des ouvriers s’agitent. Dans un peu plus de 48 heures, le LOSC recevra La Corogne pour le coup d’envoi de la phase de groupes. D’ici là, pour répondre aux cahiers des charges de l’UEFA, l’équivalent de 1100 mètres de publicité doit être provisoirement occulté. La vaisselle lensoise est mise de côté. Les noms des partenaires dans la partie VIP sont astucieusement recouverts d’autocollants rouge et blanc. En fin de journée, sous l’œil de Pierre Dréossi, le drapeau lillois domine les 42 000 places.
Photo : G. VAN SEVENDONCK
Pendant ce temps, les Lillois ont traversé la frontière départementale et sont arrivés à Anzin-Saint-Aubin, dans un hôtel propriété de Gervais Martel, avant de s’entraîneur sur le terrain du RC Arras. En fin de journée, pour répondre aux obligations, un court entraînement a eu lieu sur la pelouse de Bollaert, avant un point presse durant lequel Vahid Halilhodzic et Djezon Boutoille sont apparus sereins. Rappelons que les récentes venues du LOSC à Bollaert sont plutôt de joyeux moments, que ce soit en février à l’occasion d’une victoire inoubliable, ou plus récemment en août lors d’un match nul décroché dans les dernières minutes. « Nous avons demandé à occuper le vestiaire des visiteurs », sourit Djezon. Un vestiaire d’invaincus.
La sérénité qui transpire de l’entraîneur et du capitaine reflètent l’excellent début de saison du LOSC. Après six journées, le LOSC est quatrième et invaincu. Meilleure défense du championnat, il a aussi su réagir après avoir concédé trois fois l’ouverture du score (toutes en deuxième période, qui plus est) : contre Lorient lors de la 2e journée ; contre Lens lors de la 5e journée ; et plus spectaculairement, contre Montpellier lors de la 4e journée. Enfin, il a poursuivi son sans-faute à domicile en s’imposant devant Guingamp.
Néanmoins, le 12 septembre, l’UEFA annonce le report du match au 10 octobre. L’effondrement des deux tours (nous ne parlons pas ici de la vaillante et indestructible paire Cygan-Fahmi) et l’attaque du Pentagone (nous ne parlons pas non plus de la Citadelle) ont eu raison de la tenue de la compétition. Vahid, « bouleversé » selon Francis Graille, exprime sa stupéfaction : « Dans ma vie, j’ai connu des désastres liés à la guerre. Et, naïvement, je croyais avoir tout vu. Mais là, ce sont des images d’apocalypse, en direct ». La LNF (ancien nom de la LFP) s’est aligné sur la décision de l’UEFA en reportant également le seul match professionnel qui était prévu : Wasquehal-Martigues est reporté !
Rothen ne s’enflamme pas
Alors que les débuts du LOSC en Ligue des Champions sont décalés d’une semaine, un (Philippe) périlleux déplacement à Troyes s’annonce. Également européens, les Troyens semblent faire un début de saison correct (9 points en 6 journées), malgré un double coup d’arrêt suite à la réception de l’OL et d’un déplacement à Monaco (deux défaites 2-0).
Vainqueur de la confrontation lors de la saison précédente, l’ESTAC peut aussi sur un turnover : Cygan, Pichot, D’Amico, Br. Cheyrou, Boutoille et Bakari ne font ainsi même pas le déplacement, tandis que Michalowski, Schmitz, Sterjovski, Be. Cheyrou et Murati sont titularisés. Quatre poteaux troyens, un penalty arrêté par Wimbée et un but lillois plus tard, le LOSC rejoint le Nord en avion (!) et avec les trois points. Un match sur lequel nous sommes revenus il y a 5 ans.
Le grand défi
Pour sa première expérience en Ligue des Champions, le LOSC se déplace donc sur la pelouse du club le plus riche du monde. Renforcés par les arrivées de Veron (pour un montant record en Angleterre), de Van Nistelrooy et de Laurent Blanc, les Reds viennent de quitter le podium après une défaite 4-3 à Newcastle. S’il s’agit de la première de la saison, la perméabilité défensive surprend : après 5 journées, Fabien Barthez a déjà encaissé 10 buts. Le défi qui attend le LOSC reste immense.
A la veille du match, un petit détour par la boutique s’impose. Tout le monde y va de ses achats : Fahmi achète ainsi un maillot pour son neveu : « il n’aime pas particulièrement Manchester, mais ce sont les mêmes couleurs que Lille » ; Murati repart avec un maillot floqué Beckham, qu’il a récemment martyrisé lors d’un Angleterre-Albanie ; Greg Wimbée fait floquer les siens du numéro 1. Un irréductible milieu argentin choisit toutefois de ne pas faire comme tout le monde : « je n’achèterai rien. Ce n’est pas une équipe que j’apprécie particulièrement, et puis on est adversaires. Moi, je porte les couleurs du LOSC ». Le shopping ne s’éternise toutefois pas, Vahid rappelant qu’« on n’est pas venus pour se promener dans la boutique ».
Photo : G. VAN SEVENDONCK
Du côté de Manchester, on se demande d’où sort cette équipe. Ce n’est pas la condescendance de Barthez en conférence de presse qui aidera. United Review, le magazine du match, s’attarde sur Mikkel Beck et son expérience en Premier League, mais aussi sur Erwin Vandenbergh, « l’un des plus prolifiques buteurs du monde ».
Après une minute de silence en hommage aux victimes des attentats du 11 septembre, Old Trafford ne se réveille pas. Le début de match, tant redouté, montre surtout la sérénité et une organisation infaillible. Puis la machine mancunienne se mit en route. Par Van Nistelrooy d’abord (18’), mais surtout par Giggs, dans les secondes suivantes. Et quand on pense que la défense craque, Wimbée s’interpose brillamment devant Scholes (25’). Si les côtés souffrent, l’entrejeu lillois brille et domine son adversaire. Cheyrou, Bakari et N’Diaye donnent ainsi les premières sueurs froides aux Red Devils. A la pause, les craintes ont changé de camp.
Au retour des vestiaires, le public commence à montrer son mécontentement. Le petit ne se laisse pas manger, et ça n’est visiblement pas acceptable. Mais la vitesse de Giggs ne trouble pas Cygan-Fahmi, imprenables. Mieux, Bakari semble de plus en plus à son avantage (58’, 60’). Dépité, Manchester s’en remet aux frappes de loin, mais Veron trouve les gants de Greg.
Malheureusement pour les Lillois, le scénario cruel s’écrit à la 89’, quand la seule erreur de la défense lilloise se concrétise par l’ouverture du score de Beckham. Dans la foulée, Boutoille manque l’égalisation.
La « performance » conquiert même l’immonde presse anglaise. Le Guardian indique ainsi que « l’histoire de ce club est remarquable : surgissant des profondeurs de D2 pour atteindre les sommets de l’épreuve reine d’Europe, il mérite le respect ». Les prestations de Wimbée, Bakari mais surtout Cygan, qui combleraient les manques défensifs mancuniens, sont soulignées. Héroïsme et frustration.
Photo : Patrick DELECROIX
Et pourtant, malgré cette courte défaite, n’y a-t-il pas plus beaux débuts pour le LOSC que le Théâtre des Rêves ? Trois ans et quelques jours après avoir repris l’équipe en main, la qualité de mise en scène de Vahid est-elle encore à questionner ? Avec un casting relativement modeste sur le papier mais avec une capacité à distribuer les bons rôles aux bonnes personnes, n’a-t-on pas été servi en drames, rebondissements, coups de théâtre, au grand dam de nos adversaires ? Et surtout, alors que beaucoup questionnent la capacité de l’équipe à se mettre à niveau (de la Ligue 1 d’abord, puis du haut de tableau, désormais de l’Europe), le rêve ne semble pas prês de s’arrêter.
Le résumé de France 3 :
Posté le 17 septembre 2021 - par dbclosc
Lens/Lille 1946 : le LOSC se prend une remontada
En ouverture de la saison 1946/1947, Lens et Lille s’affrontent au stade Bollaert. Le LOSC semble partir sur des bases similaires à celles qui l’ont mené à son premier doublé coupe/championnat au printemps : il reste 10 minutes et les Dogues mènent 3-0. Et pourtant, ils ne repartiront de Lens qu’avec un point.
On ne change pas une équipe qui gagne, mais tout de même : après avoir brillamment remporté la coupe puis le championnat au printemps 1946, le LOSC change tout d’abord d’entraîneur. George Berry, qui avait eu quelques frictions avec son président Henno lors d’un match à Rennes (le président se mêlait de la composition de l’équipe) a négocié son départ vers Courtrai, sans avoir pris part aux festivités du doublé. Pour le remplacer, le président ne va pas chercher bien loin : il trouve à Marcq-en-Baroeul un ancien de l’Iris Club Lillois, de l’Olympique Lillois et du Sporting Club de Fives : André Cheuva.
Également, changement majeur en attaque avec le départ de René Bihel, le meilleur buteur des Dogues lors des deux dernières saisons. Souhaitant rejoindre son frère André au Havre (et quelque peu ombragé par l’éclosion de Jean Baratte), il est transféré pour la somme de 2,1 millions de francs, un montant considérable pour l’époque. Pour le remplacer, le LOSC fait confiance au meilleur buteur de la D2 avec 28 buts en 1945/1946 : Guy Campiglia, arrivant d’Angers pour 1 MF. Selon la Voix des Sports, « Campi » (c’est son surnom) se distingue par « sa puissance de shot particulière (…) Il se distingue par un football qui tient un peu de l’acrobatie. Ses interventions sont toujours opportunes. Bien servi, il est capable de tout. Son seul défaut : attendre trop la balle et ne décider que bien difficilement à l’aller chercher » (1er juillet 1946).
Dans les buts, Georges Hatz rejoint Rennes ; il est remplacé par Robert Germain, le gardien du Red Star (qui en a pris 4 en finale contre Lille en mai, bienvenue). Enfin, Henri Tessier rejoint Metz.
Lens et Lille se retrouvent donc 6 mois après leur dernière confrontation, mémorable : le 17 février, pour ce match au sommet de la 22e journée de championnat, une partie du toit d’une tribune du stade Henri-Jooris s’est effondrée à la 19e minute du match, qui s’est poursuivi pendant que les blessés étaient soignés à-même la touche. Le LOSC s’est imposé 3-1, malgré les réserves posées par Lens. On connaît la suite : Lens, ni personne, n’a jamais rattrapé le LOSC.
Nous voici en août ; or, traditionnellement, le championnat reprenait plutôt en septembre. Dans la presse, on s’interroge sur les risques de jouer au football à une période où pourraient se manifester de grosses chaleurs. L’inquiétude est vite levée, non pas parce que la question n’est pas légitime, mais tout simplement parce qu’il fait assez frais sur la France lors de ce week-end des 17 et 18 août 1946. Après le match Lens/Lille, un éditorial de la Voix des Sports revient sur cette préoccupation, remise à l’année suivante :
« On avait dit :
« Le football en août, quelle hérésie ! Le championnat par un mois caniculaire, quelle folie ! Non, vraiment, ils sont « cinglés ». Ces gens là n’ont plus le sens commun ».
Que n’avait-on ajouté ? Rien que des mots déplaisants à l’égard de ces « piques ». Et le 18 août, date de l’ouverture officielle de la saison, approchait.
C’est arrivé ce dimanche.
Je m’étais promis, au risque d’être rangé dans la catégorie des sus-indiqués, d’assister aux premières évolutions des équipes. Je n’étais pas seul. Que de monde ! Quelle foule !
Je me suis faufilé parmi la cohue des sportifs. Vous le dirai-je ? J’ai vainement cherché, émergeant, un canotier ou un panama. Je n’ai vu personne en bras de chemise. Nul n’avait envie de « tomber la veste ». On boutonnait imperméables et gabardines. On se serrait frileusement contre son voisin.
Les joueurs qui venaient de pénétrer sur le terrain, sautillaient en se frottant vigoureusement les paumes pour se réchauffer. Non, il n’était plus question de torrents de sueur, d’insolation, de coups de bambou.
Où était-il l’astre flamboyant, ce soleil d’août qui devait liquéfier acteurs et spectateurs ?
Allons, il faudra bien qu’on en convienne : on peut jouer au football en toutes saisons. Et puis, vous l’avez bien entendu dire vous aussi : il n’y a plus de saisons ».
(La Voix des Sports, 19 août)
Vandooren au stade Jules-Lemaire en octobre 1946 (Sports-Eclair, 28 octobre 1946)
Quel visage présenteront les deux équipes pour cette nouvelle saison ? Pour l’hebdomadaire nordiste Sports-Eclair, il est tout à fait inutile de tirer des enseignements des matches amicaux et des opérations de transferts de l’été : « le Stade Français a battu X… Metz et Y ont fait match nul ! La belle affaire ! Qu’est-ce que cela prouve ? En football, les considérations les mieux étayées, les possibilités les plus étudiées, la logique, en un mot, se révèlent le plus souvent inexactes. Qui est écrasé aujourd’hui triomphera demain. Certes, ce n’est pas non plus une règle (…) Nous nous garderons bien aujourd’hui d’émettre le pronostic le plus timide. C’est vers l’inconnu que vont se lancer les vingt clubs de première division. Si certains ont réduit au minimum leurs opérations de transfert, d’autres ont fait ample moisson de vedettes. Quel sera le rendement de ces assemblages parfois hétéroclites ? » (Sports-Eclair, 17 août).
Après cet exposé théorique sur l’inutilité des pronostics, Sports-Eclair y va de ses pronostics, voyant un LOSC favori car il « n’a modifié qu’imperceptiblement l’équipe qui lui valut coupe et championnat », tandis que les Lensois ont rajeuni leur équipe avec des amateurs, si bien que, contrairement à l’an passé, ils ne pourront probablement pas prétendre au titre : « les Lensois ont transformé leur ligne d’attaque. C’est maintenant sur un quintette jeune, agressif, que peuvent compter les « mineurs ». On dit le plus grand bien de la nouvelle formation des « gueules noires », mais il faudra néanmoins attendre de la voir à l’oeuvre pour porter un jugement. Sans vouloir critiquer les méthodes lensoises, il est pourtant permis de douter de sa valeur. Une incorporation massive de jeunes amateurs peut valoir de nombreux mécomptes ». Dès lors, « la logique voudrait que la formation lilloise, en raison de son homogénéité plus grande, s’assurât un premier succès, mais Campiglia reste le X. Et il est douteux qu’il parvienne d’emblée, malgré la valeur de ses partenaires, à faire oublier Bihel ».
Voici les compositions des deux équipes :
Racing Club de Lens :
Mielczareck ; Gouillard, Melul ; Ourdouillie, Dramez, Chopin ; Mankowski Marek, Stanis, Troisième, Gauthier.
Lille Olympique Sporting Club :
Germain ; Jadrejak ; Sommerlinck ; Bourbotte, Prévost, Carré ; Vandooren, Baratte, Campiglia, Tempowski, Lechantre
Le Lensois Anton Marek en novembre 1946, avec Auguste Lecoeur, maire de Lens et sous-secrétaire d’Etat à la production industrielle (Sports-Eclair, 12 novembre 1946)
Dans les tribunes, la Voix des Sports note une « foule considérable » dans le « coquet stade Félix Bollaert », estimée à 12 000 personnes. Du côté de L’Équipe, on table même sur 13 700 spectateurs, dont 3 000 supporters lillois.
Sur un terrain en bon état, rendu glissant à cause de la pluie matinale, le coup d’envoi est donné par M. Delsalle à 15h.
D’entrée, les Dogues semblent imposer leur supériorité, avec des percées de Campiglia et de Vandooren dans une défense lensoise « assez nerveuse » (VDS, 19 août). Lens réagit toutefois avec une frappe de Stanis, au-dessus. Mais la tendance est claire : « les Lillois, plus rapides, sont aussi meilleurs constructeurs » et, à la 14e minute, après une attaque de Tempowski, « la défense lensoise s’affole et Baratte, surgissant, marque le premier but du match ». Les Lensois, pas découragés, tentent de réagir, mais Stanis et Troisième sont maladroits. Au contraire, « l’attaque lilloise est en verve » : à gauche, d’un retourné, Campiglia sert Tempowski qui s’y reprend à deux fois pour tromper Mielczareck (0-2, 22e). L’avantage est clair : Lille brille par « l’habileté de ses attaquants, mieux inspirés, plus précis dans leurs shots et plus astucieux dans leurs déplacements » alors que Lens gâche trop, notamment par Troisième qui, seul, place dans les gants de Germain. À la pause, le LOSC mène 2-0.
Prise de balle du gardien lillois Germain, tandis que Prévost et Stanis sont à la lutte (Photo La Voix des Sports)
En seconde période, même configuration : c’est plutôt équilibré dans le jeu, mais les attaques font la différence. Tandis que Lens ne profite pas d’une succession de corners, Lille, très réaliste, marque un troisième but : une mauvaise relance de Dramez est interceptée par Baratte, qui dribble facilement le gardien adverse et conclut (0-3, 57e).
Lens intervertit alors des joueurs, notamment Dramez, fautif sur le troisième but, qui échange avec Gouillard. Mais, dans un premier temps, cela ne change pas la physionomie du match, et c’est même Campiglia qui, vers la 70e, manque le 0-4 à cause d’une belle parade de Mielczareck. Les Lensois semblent résignés et on s’achemine vers une tranquille victoire des Lillois : « les joueurs lillois opèrent avec sûreté et leurs passent précises déconcertent les Lensois fatigués » note la Voix des Sports.
« Le marquage serré était abandonné. En arrière, Gouillard permutait avec Dramez, en avant Stanis cédait son poste au jeune Manko et passait à l’aile droite. Des bas tombaient le long des mollets sur les souliers et n’étaient pas relevés. Les avants lillois amenaient dans de bonnes conditions le ballon devant les buts lensois ; Campiglia et Vandooren se trouvaient tour à tour absolument seuls devant le gardien Mielzareck, désemparé. Bref, le match était joué et tournait en agréable leçon de football dans un stade. Du moins, le croyait-on. La défense lilloise allait nous détromper ».
Gabriel Hanot dans L’Équipe, 19 août
A posteriori, Gabriel Hanot souligne la « surprenante faiblesse de Sommerlinck, Jadrejak et Carré » car après 50 minutes, Lens mène par 4 corners à 1, « ce qui prouve la maladresse des interventions et dégagements des défenseurs lillois » (une stat qui nous semble assez peu pertinente aujourd’hui, mais qui a l’air d’avoir une grande importance). En revanche, on loue Jean-Marie Prévost « froid et intraitable comme le Roland sauveur du petit roi de Galice »… jusqu’à ce que « Prévost le dominateur de mêlée, Prévost le briseur d’attaques et le pourvoyeur d’offensives, manqua une interception, perdit pied et équilibre, et le néo Lensois Troisième qui, comme son nom l’indique, n’est pas un joueur de première grandeur, marqua un premier but pour sauver l’honneur » (1-3, 81e). Une minute plus tard, Troisième dribble dans la défense lilloise et sert Mankowski qui marque de nouveau pour Lens (2-3, 82e). Et à la 88e minute :
« La partie devient passionnante. Bourbotte et Carré font face à l’orage qui secoue leur équipe fatiguée. Et c’est dans un tonnerre d’acclamations que les Lensois, littéralement déchaînés, égalisent sur un shot puissant de Stanis » (La Voix des Sports, 19 août) ; « La débandade s’était emparée du camp lillois », « Lille terminait groggy, voyant anéantis les efforts d’une attaque qui n’a pas paru inférieure à celle de la dernière saison, et qui souffrira peut-être à nouveau de la friabilité de ses lignes arrières » (L’Équipe, 19 août)
C’est même à se demander quand cela va s’arrêter tant l’enthousiasme des Lensois semble inarrêtable. Ainsi, « Lille a presque été sauvé par le temps » d’après L’Équipe !
Pour la Voix des Sports, c’est « un draw miraculeux » ; « le match nul obtenu par les Lensois tient davantage du miracle que de la réalité, après avoir subi pendant 80 minutes l’ascendant technique et tactique de leurs adversaires, mieux équilibrés dans leurs lignes, plus cohérents dans leurs actions et plus subtils dans leurs conceptions offensives ». Il n’empêche : le 3-3 est bien réel et les Lillois ont eu un énorme trou d’air. « À quoi attribuer ce renversement de situation ? Fatigue ou peut-être simplement excès de confiance des Lillois ? ». Sports-Eclair pointe une confiance trop grande du côté du LOSC : « « Quelle bonne leçon pour tous que ce match nul ! nous disait peu après la rencotnre Lens/Lille un dirigeant lillois. Nous devions gagner, nous étions sûrs de vaincre, la victoire ne pouvait nous échapper et puis patatras ! Notre beau château de carte par terre ». Quelle bonne leçon pour les Lillois qui avaient trop facilement cru que c’était arrivé. S’il est bon d’avoir confiance en soi, il est toujours nuisible de mésestimer l’adversaire » (Sports-Eclair, 24 août).
Gabriel Hanot résume : « Lille joue en champion… 80 minutes (…) Il n’est pas permis à une défense d’équipe tenante du championnat et gagnante de la coupe de jeter bas, en huit minutes, les huit dernières de la partie, un édifice élégamment et harmonieusement construit par ses partenaires de l’avant ». Le match a ainsi, de façon caricaturale, exposé les atouts et les faiblesses du LOSC. Ses atouts, bien entendu, sont ses avants : la voix des Sports salue un Baratte « en forme, et toujours aussi efficace » et un « Campiglia [qui] n’a certes pas le métier de Bihel mais il est très actif, joue bien de la tête et sert bien ses partenaires ». Idem du côté de L’Équipe : « Baratte et Lechantre ont doit à la gratitude de leurs dirigeants et le nouveau venu Campiglia mérite qu’on lui fasse confiance car il alla en s’améliorant du début au milieu de la partie ». à l’avenir, il s’agira donc surtout de reserrer les lignes arrières.
Quant aux Lensois, « ce match nul inespéré ne doit pas leur faire prdre de vue qu’ils ont encore beaucoup à travailler pour acquérir cohésion et fini. L’équipe peut cependant bien faire lorsqu’elle aura résolu le problème du demi-centre et que ses jeunes « amateurs » auront pris plus de métier » (la Voix des Sports). Là aussi, constat similaire chez Gabriel Hanot qui souligne que « les anciens à Lens ont tenu bon (Mielzareck, Gouillard, Melul, Ourdouillé, Stanis), malheureusement encadrés par 6 nouveaux qui en sont encore au stade expérimental ». Et il conviendra surtout de régler le problème de l’arrière central : « Dramez est en effet si peu décisif et si lent qu’il ne peut occuper le poste-clé de l’équipe, réservé au joueur le plus mobile, je dirai même le plus rapide ». C’est en effet lorsque Gouillard a tenu autoritairement le poste dans le dernier quart d’heure que le Racing a retrouvé une colonne vertébrale.
L’équipe lensoise contre Lille (Sports-Eclair, 24 août)
Par la suite, les Lillois ne conservent pas leur titre : ils terminent quatrièmes en dépit d’une attaque aux performances similaires à celles de la saison précédente (89 buts marqués) et avec une défense effectivement moins sûre (52 buts encaissés contre 44 en 45/46). En revanche, Lille conserve la coupe de France.
Mais le trophée de champion reste dans le Nord, puisque Roubaix-Tourcoing, à la surprise générale, remporte le titre. Quant au Racing Club de Lens, 17e, il est relégué. Faire une remontada pour finalement descendre…
Posté le 12 septembre 2021 - par dbclosc
Le LOSC freiné
Après la victoire contre Saint-Maur pour la reprise du championnat, le LOSC se déplace à Arras pour le derby contre Lens. Institutionnellement, c’est le premier derby féminin puisque le match d’il y a deux ans au stade Bollaert, même s’il avait été joué par l’adversaire à Lens et en Sang & Or, était encore officiellement un Arras/Lille, même si la fusion Arras/Lens ne faisait plus guère de doute. Par la suite, le match retour en 2019/2020 et les deux derbies de l’an dernier n’ont pas été joués. Outre le championnat, très bien commencé pour les unes, très mal commencé pour les autres (Lens a perdu à Nantes 0-3), il s’agit donc de maintenir la suprématie régionale du LOSC qui, rappelons-le, dure depuis plus de 15 ans. Faisons les malins tant qu’on le peut !
Le match se joue au stade Degouve, à Arras, où il doit y avoir environ 600 personnes, dont la moitié suit Bordeaux/Lens à la radio ou sur smartphone. On voit également pas mal de maillots lillois dans les tribunes. Présence de Héloïse Mansuy et de Jessica Lernon qui, à la question « qui soutiens-tu aujourd’hui ? » (elle a joué dans les deux clubs), nous répond : « mon coeur bat Lens » (phonétiquement, c’était exactement ça), bravo Jessica !
Le speaker, Jean-Michel Apeuprès, annonce les compositions des deux équipes. Du côté de Lille, grosse surprise avec la titularisation d’une nouvelle joueuse nommée « Gwenaëlle Devmmmchouuuumer ». Bienvenue à elle, et elle doit être sacrément fortiche car elle est d’emblée capitaine !
Sinon, même équipe que la semaine dernière :
Photos d’Arnaud Mahieu, dans la tribune d’en face !
Voici la composition lensoise :
Mancion – Legrand, Smaali, Prette, Meunier, Boquet, Cousin, Gavory (c), Traoré, Coquet, Diop.
15h00 C’est parti Paprzycki !
1e Et allez, on balance en touche du côté de Lens, ça joue déjà la montre.
2e Centre de Agathe Ollivier côté gauche, dégagé du genou en corner, c’est vraiment pas beau à voir. C’est frappé par Salomé Elisor, mais bien trop en retrait.
6e Première relance courte des Lilloises, qui sont contrées assez bas, mais bonne intervention de Carla Polito.
10e Contre-attaque rapide jouée par les Lilloises : Launay relance sur Marty, qui relaie avec Elisor : on cherche Pierel en profondeur, mais la défense de Lens est bien positionnée.
13e Premier carton jaune de la partie pour la Lensoise Andréa Prette, après un croche-patte sur Silke Demeyere.
Dans la foulée, la défense lensoise dévisse un dégagement en touche : ça devrait aussi valoir carton tellement c’est moche !
16e Coquet déborde Agathe Ollivier sur son côté droit et centre. Devlech’ contre. Coquet recentre, Devlech’ recontre. Marrant.
21e Après une longue période de possession lilloise, Frémaux décale Marty qui centre : c’est trop long.
22e Pierel sert Frémaux à l’angle de la surface de réparation. Eva hésite un temps puis cherche aux 6 mètres Pierel et Boucly qui se jettent mais ne peuvent reprendre. Puis Elisor tente aussi quelque chose, sans réussite.
24e Beau travail De Paprzycki au milieu (un Lensois dit : « c’est une bougresse la 6 ! ») : on cherche Pierel en profondeur, c’est trop long.
Les deux numéros 6 sont rappelées à l’ordre pour s’être un peu trop chamaillées.
27e Sur la droite, Lens attaque avec Coquet qui centre aux 6 mètres sur Traoré qui reprend : Elisa Launay détourne sur son poteau ! Première chaude occasion du match ! Ça donne un corner qui aboutit à une frappe lointaine de Diop, pas de souci pour Launay.
29e On tente de passer collectivement en attaque du côté du LOSC, mais ça n’aboutit pas à grand chose pour le moment. Ici, le centre de Marty est encore repoussé.
30e Elisa Launay, qui avait le ballon dans les mains, le lâche, puis le reprend. L’arbitre ne dit rien. OK, merci !
31e Demeyere tente une percée à gauche en évitant 3 joueuses puis en tournant sur elle-même, mais elle a perdu le sens de l’orientation au cours de cette figure complexe et Lens se dégage.
Dans la continuité, Elisor fait une faute « intelligente » pour calmer la contre-attaque.
Après un premier quart d’heure assez tranquille, le match gagne progressivement en intensité. Il y a beaucoup de duels et d’engagement. Depuis quelques minutes, ce sont plutôt les Lensoises qui ont une meilleure maîtrise, avec une occasion franche. Du côté du LOSC, c’est assez brouillon, on tente des choses qui ne peuvent pas fonctionner, et on a du mal à se trouver autrement que par des longs ballons, et ce n’est pas vraiment le jeu auquel on a été habitués.
32e Carton jaune pour Silke Demeyere : c’est tout à fait honteux !
35e Lille obtient un bon coup-franc après une faute sur Pierel à 22 mètres. Aurore Paprzycki frappe en force vers le petit filet, mais la gardienne se détend bien et dévie en corner. Voilà une première bonne occasion lilloise !
38e Récupération haute de Pierel, qui entre dans la surface et frappe du gauche, sur la gardienne.
40e On tente cette fois de passer de manière aérienne avec Paprzycki qui ouvre vers Marty, mais c’est dégagé.
42e Elisa Launay effectue une superbe sortie dans les pieds de Traoré qui se présentait face à elle ! Lille se dégage et Marty est sévèrement taclée. Depuis quelques minutes, beaucoup de tacles sont très limites, et l’arbitre a bien du mal à sanctionner de manière homogène. Il semble en outre que la n°9 de Lens, Diop, peut faire à peu près tout ce qu’elle veut (jouer au foot, bien sûr, mais aussi jouer des coudes et pousser tout le monde) : l’arbitre ne sifflera pas contre elle.
45e + 1 Faute sur Boucly à 45 mètres du but. Astucieusement, Elisor joue très rapidement vers Marty dans le dos de la défense, mais une Lensoise dégage de justesse de la tête.
Mi-temps, 0-0.
La relecture et la mise au propre de mes notes me fait me rendre compte qu’en parlant beaucoup des Lilloises, on a l’impression qu’elles tiennent le jeu et qu’elles sont dominatrices : disons que c’est un biais de supporter, car l’impression à la mi-temps est que le match est équilibré, que c’est même plutôt Lens qui a l’ascendant, et les Lilloises sont bousculées : non seulement elles ne parviennent pas à jouer de manière fluide, mais elles sont aussi mises à l’épreuve dans l’engagement que mettent les adversaires. Sans deux excellentes interventions de Launay, le LOSC serait mené, et les lilloises n’ont répondu sérieusement que par une phase arrêtée.
Fernando D’Amico débarque à la mi-temps et vient se placer à côté d’un mini kop Sang & Or, bonne idée !
16h00 On reprend ! Noémie Mouchon a pris la place de Chloé Marty.
48e Corner à deux joué entre Elisor et Dmeyere. C’est dégagé.
49e Quelques nouvelles de l’autoproclamé « meilleur public de France » : « Lillois merda » et tous les Lillois sont des « enculés ».
51e La défense lilloise, prise dans le dos, laisse filer Traoré, mais Launay sort encore superbement et renvoie du pied !
52e Faute sur Pierel à 35 mètres du but lensois, tout à droite. Boucly frappe rentrant au second poteau où se trouve Devlech’, dont la tête passe au-dessus.
55e Carton jaune pour Eva Frémaux, qui a empêché une contre-attque lensoise.
56e Mouchon remonte le ballon, sert Elisor qui décale à droite Pierel : crochet du droit, frappe du gauche, mais c’est trop mou pour inquiéter la gardienne.
58e De l’arrière, Polito, d’une longue transversale, cherche Mouchon. Le ballon retombe dans les pieds de Maïté Boucly qui frappe en position excentrée d’une vingtaine de mètres : sur la barre !
61e Pour Lens, sortie de la 19, entrée de la 23.
64e Le ballon sort en touche… et superbe tête de Rachel Saïdi qui rend le ballon à une de ses joueuses !
Sortie de Paprzycki, entrée de Bamenga. Il semble que Elisor recule d’un cran.
Clairement, depuis la reprise, les Lilloises campent chez les Lensoises. C’est toujours aussi rugueux au milieu de terrain, ça conteste toujours autant en tribunes, ur les bancs et sur le terrain, mais Lille va mieux. Les quelques supporters lensois qui avaient donné pas mal de voix de la 46e à la 60e semblent désormais inquiets de voir les leurs reculer.
67e FAUTE SUR DEMEYERE, OOOH !
69e La 13, Prette, qui a déjà un carton, tacle sévèrement Eva Frémaux, et profite que l’arbitre ait le dos tourné pour remettre un coup, puis parade devant le public en mode « vous avez vu ? ». On a vu oui.
72e De l’autre côté, Agathe Ollivier fait aussi un bon gros tacle, sanctionné, mais elle fait comme si elle n’avait rien entendu afin de terminer cette lutte à terre avec l’adversaire.
73e Bamenga ouvre dans l’axe, une Lensoise se troue mais mouchon ne parvient pas à contrôler le ballon.
75e Carton jaune pour Boucly, qui n’ a pas respecté la distance sur un coup-franc.
76e Bamenga, qui part en contre-attaque, est retenue par le maillot, mais l’arbitre ne siffle pas. Dans la foulée, c’est au tour de Salomé Elisor de tenter un tacle osé, et heureusement que son adversaire a sauté. C’est au moment où ça râle de partout que Demeyere trouve Mouchon, absolument seule au point de pénalty. Mais au lieu de frapper franchement, Noémie tente un lob immonde qui atterit dans les gants de la gardienne. Quelle occasion !
79e Bamenga, qui fait une entrée très remarquée, part encore en contre-attaque et lance Mouchon qui, malheureusement, s’enferme. Ou alors c’est bien défendu, mais ne valorisons pas trop les adversaires.
80e Sortie de Pierel et entrée de Azzaro
Coup-franc frappé par Elisor à une trentaine de mètres : Azzaro reprend de la tête à 8 mètres, et ça passe au-dessus.
Lille attaque désormais très fort, les Lensoises reculent et semblent au bout de leurs ressources sur chaque tacle, récupération… mais elles tiennent le coup pour le moment. Signe que ça va mieux : les Lilloises construisent enfin : ici, Boucly et Ollivier combinent à gauche, mais le centre d’Agathe est capté par la gardienne.
85e à 40 mètres de son but, Devlech’ est contrée par Diop, qui avance et voit que Launay est sur sa ligne des 16 mètres. Elle tente le lob… à côté. Voilà comment on passe à deux doigts d’un but con.
86e Lens arrache tout de même quelques percées : Diop, qui semble la mieux affutée physiquement, résiste à Devlech’, parvient à entrer dans la surface et se fait contrer par Polito : corner.
88e Ollivier centre fort à ras de terre au premier poteau : encore un dégagement d’une arrière.
89e De la droite, Demeyere envoie un petit ballon entre l’arc de cercle et le point de pénalty. La gardienne sort, mais est devancée par sa n°28 qui tacle vers son but.. et la gardienne revient pour détourner en corner ! Quelle occasion encore. Et autant le lob de Lens aurait été un but con, autant là ça aurait été un but magnifique !
Sur le corner, frappé par Boucly, la tête de Polito tape le haut de la transversale !
90e Les lensoises, proches de céder, font une nouvelle faute sur Boucly. Elisor frappe le coup-franc, c’est repoussé à l’entrée de la surface sur Azzaro qui s’emmène le ballon de la tête et reçoit un pied dans le visage : coup-franc indirect à 20 mètres, légèrement décalé à droite.
Le coup-franc indirect, sifflé par exemple en cas de jeu dangereux, est identifiable au fait que l’arbitre a le bras levé jusqu’à ce qu’une joueuse autre que la tireuse touche le ballon. On le rappelle car les Lilloises ne semblent pas avoir percuté tout de suite : après de longues hésitations, une course d’élan arrêtée, une sortie de Devlech’ du mur et, finalement, un décalage de Demeyere vers Boucly, le coup-franc est dégagé.
Dans le temps additionnel, les Lensoises essaient une contre-attaque vite arrêtée. Bamenga relance dans l’autre sens, et le ballon parvient à Azzaro qui tente une frappe loitaine, au-dessus.
C’est terminé, 0-0.
Après une première période très compliquée pour le LOSC, la deuxième période a été plus rassurante. Même si les Lilloises ont eu du mal à se trouver, elles ont joué bien plus haut, récupéraient beaucoup de ballons et ont largement pris l’ascendant physique sur les Lensoises. Il y a plusieurs manières de lire ce match, avec deux périodes si différentes. Si on est très critique, on dira que le LOSC, après une terne première mi-temps, ne pouvait pas prétendre à mieux (et aurait même pu repartir avec zéro point sans trois interventions décisives de sa gardienne, 27e, 42e, + l’arrêt de la 51e). En tordant le raisonnement dans l’autre sens, on peut se montrer optimiste et constater que le LOSC, quand il a un coup de moins bien et qu’il cafouille un peu son jeu, sait faire le dos rond et parvient tout de même à garder le 0-0.
Sur la seconde période, et toujours pour souligner le positif, le LOSC a complètement dominé un adversaire qui, en deuxième période, n’a fait que défendre et cherché à détruire les tentatives de construction lilloises. Les Lensoises semblent avoir été au bout d’elles-mêmes parce que c’était un derby : le fait qu’elles aient l’air d’avoir gagné la Ligue des Champions après ce 0-0 en dit long sur la manière dont elles ont été bousculées.
Au coup de sifflet final, les Lilloises ont filé directement aux vestiaires, manifestement en colère (« la mine des mauvais jours« , comme on dit ici), ce qu’ont confirmé leurs réactions après match. Il est vrai qu’à partir du moment où Lens n’a eu pour seules ambitions que de défendre et ne pas encaisser de but, l’engagement et la tension sur le terrain n’ont pas faibli. Il est vrai aussi que l’arbitre aurait pu (dû ?) davantage sanctionner les Lensoises sur certaines situations (Andréa Prette devrait s’essayer à autre chose que le football et l’arrière qui a mis son pied dans le visage d’Azzaro avait déjà été avertie). Mais il est surtout vrai qu’il est difficile de dominer autant, de se créer des occasions franches (58e, 76e, 89e), et de ne pas parvenir à marquer, alors que l’efficacité avait été un des points forts de la victoire contre Saint-Maur la semaine dernière.
Prochain rendez-vous contre Strasbourg dans deux semaines !
Posté le 9 septembre 2021 - par dbclosc
Karasi se fait la (bé)belle
Le 11 mai 1976, les Dogues battent leurs voisins valenciennois 5-1. Mais en cette fin de saison, le score est presque anecdotique. La soirée est surtout restée dans les mémoires grâce à la présence de Jean-Paul Belmondo, immortalisée en avant-match par une célèbre photo de Jacques Verhaeghe, mais aussi pour le dénouement insolite du match, marqué par un but sensationnel de Stanislav Karasi qui, dans la foulée, salue triomphalement le public et rentre directement aux vestiaires. Un geste très moyennement apprécié du côté du LOSC.
Début de saison 1975/1976 : le LOSC, revenu en D1 un an auparavant, va assez bien. Après s’être classé 13e en 74/75, on imagine le club s’installer durablement dans l’élite. À sa tête, le président Paul-Mary Delannoy ; Charly Samoy à la direction sportive ; et Georges Peyroche comme entraîneur. Le LOSC peut compter sur quelques valeurs sûres comme le Chilien Ignacio Prieto, le gardien Jean-Noël Dusé, Patrick Parizon, Christian Coste, international A, ou encore Bernard Gardon, qui compte une sélection en A. Cette nouvelle saison marque un changement d’époque, avec l’arrivée du LOSC dans son nouveau stade Grimonprez-Jooris, inauguré en octobre 1975 par un match amical contre Rotterdam. Stanislav Karasi, d’une volée du pied droit, est le premier buteur de Grimonprez-Jooris. A voir sur le site de l’INA :
Yougoslave, formé à l’Etoile Rouge de Belgrade, Stanislav Karasi débarque à Lille en 1974, après avoir joué la coupe du monde en Allemagne et y avoir été à son aise, marquant notamment deux buts. Son arrivée est donc un joli coup des dirigeants lillois. Si le talent du joueur est incontestable, et s’il est tout autant incontestable que Karasi a enchanté le public lillois, « il vaut mieux se souvenir de ses dribbles et de ses reprises de volées1 », comme l’écrit Patrick Robert, tant le joueur a aussi marqué son aventure lilloise de frasques et d’anecdotes qui ont parfois mis en péril le collectif lillois. Précisément, ce 11 mai 1976, Karasi va illustrer de façon éclatante les deux facettes du souvenir qu’il nous laisse.
Avant ce match contre Valenciennes comptant pour la 33e journée, le LOSC, avec 32 points, est 14e (sur 20), avec 3 points d’avance sur le premier relégable, Monaco (la victoire est à deux points, et notons aussi que les équipes qui s’imposent par au moins 3 buts d’écart bénéficient d’un bonus d’un point). La saison est donc moyenne : si le LOSC fait bonne figure à domicile, il peine à briller à l’extérieur, où il ne s’est imposé qu’une seule fois : c’était au match aller, à Valenciennes, grâce à un coup de tête de De Martigny. Les supporters lillois sont donc déçus et inquiets, car le LOSC n’est pas encore tout à fait à l’abri de la menace de la relégation. Surtout, Lille a connu une fin d’hiver et un début de printemps pourri : Max Pommerolle disparaît le 25 février ; puis, sur le terrain, de mi-mars à mi-avril, championnat et coupes confondus, le LOSC a encaissé 19 buts consécutifs sans en mettre un seul ! Et même 21, puisque la série s’est arrêtée contre Bordeaux (3-2) alors que les Dogues étaient menés 0-2 à la mi-temps.
Une victoire pour écarter les derniers doutes serait donc bienvenue : Peyroche lui-même estime qu’avec 35 points, le LOSC devrait se maintenir. Il sera alors temps pour lui de lancer des jeunes pour la fin de saison (il croit beaucoup en Gauvain) et de préparer au mieux les transferts.
Les dirigeants lillois sont confiants pour ce derby : les blessés reviennent : Coste, De Martigny, et Gardon. Ce dernier fait son retour 35 jours après une ablation du ménisque, et devrait permettre à la défense de retrouver une certaine stabilité, comme le souligne la Voix des Sports : « ce retour du stoppeur semble avoir rendu aux joueurs et à l’entraîneur un moral bien perturbé ces derniers temps. Prieto, notamment, semble ravi de retrouver son compagnon de la défense centrale. On vit ainsi avant hier au terme de l’entrainement Prieto et Gardon séjourner longtemps dans le vestiaire et discuter le sourire aux lèvres de ces retrouvailles qu’ils espèrent victorieuses » (10 mai). L’entraîneur, Georges Peyroche, confirme dans la Voix du Nord l’optimisme ambiant : « Bernard manque terriblement à notre défense depuis deux mois. Son retour, j’en suis persuadé, va ramener la sérénité dans toute l’équipe, et surtout chez Prieto. Dès leurs retrouvailles, la semaine dernière lors d’un match d’entraînement contre notre équipe de division d’honneur, les deux hommes ont renoué d’emblée avec leurs automatismes et l’ensemble s’en est trouvé de suite amélioré.
Partant de là, la formation réserve que nous peinions à battre depuis de trop longues semaines s’est trouvée rapidement débordée et a concédé de nombreux buts. Je suis donc assez confiant à l’orée de ce derby (…) L’équipe de Valenciennes joue vite, avec enthousiasme, ne manque pas de qualités. Pourtant, nous réussissons toujours devant elle, ce qui est un paradoxe. Nous Lillois avons en effet la réputation d’être mal à l’aise devant des équipes vivaces. Et pourtant, tant en deuxième division, il y a deux ans, que cette année au match aller, nous avons franchi l’obstacle. Puisse-t-il en être de même une fois encore » (11 mai).
Les compositions annoncées par la Voix du Nord le 11 mai
La confiance est d’autant plus de mise à Lille que Valenciennes n’aborde pas ce match dans les meilleures conditions. En effet, trois jours avant, les Valenciennois ont été éliminés de la coupe de France, en quarts de finale, par Nancy, après prolongation. Les Nancéiens se sont imposés 2-0 chez eux à l’aller, puis ont perdu sur le même score à Nungesser. En prolongation, ils sont parvenus à marquer : leur défaite 1-2 les qualifie donc. Outre la déception de l’élimination, les joueurs de VA en ont après l’arbitre, M. Wurtz, qui ne leur a pas accordé un pénalty alors que le score était de 2-0. On lit dans la Voix du Nord cette belle comparaison : « M. Wurtz ne siffla pas, on se demande encore pourquoi, un pénalty sur une main carrément en l’air (du genre salut hitlérien) de l’arrière Raczynski, un récidiviste, rabattant un tir de Zaremba (96e) » (8 mai). Également, le match s’est joué sous une forte chaleur, et tout le monde a souffert physiquement. L’entraîneur de VA, Jean-Pierre Destrumelle, annonce : « mes hommes sont cuits, découragés. Ils n’auront pas récupéré pour le derby où la défaite apparaît inéluctable » (VDN, 8 mai) ; « nous ne pourrons lutter à armes égales contre le LOSC. Mes hommes sont sur les genoux après ce choc dans une étuve (certains ont perdu 3 kilos), n’auront pas récupéré à temps, de plus la fatigue se manifeste davantage en cas de découragement. Il est fort possible que nous perdions » (VDN 11 mai). Le quotidien rapporte également que « plusieurs dirigeants, et non des moindres, ont dit : « sans le vouloir, naturellement, nous allons permettre au LOSC de retrouver une place plus digne de son standing et de ne plus redouter pour son avenir. Nous pourrons ainsi nous retrouver l’an prochain dans de meilleures conditions » (11 mai). Bref, avant même d’avoir été joué, et même si ces propos désabusés ont été tenus à chaud sous le coup de la déception d’une élimination, c’est « un derby mal engagé » pour Valenciennes, et il n’est pas sûr que le talent du seul Didier Six, qui a récemment brillé à Bollaert lors du match France/Pologne, suffise à VA. Il y a bien plus de probabilités que brille Karasi, comme le suggère la Voix du Nord sous forme interrogative.
Pour ce derby, des festivités sont prévues : seront présents un orchestre, les majorettes de Marquette, et 10 à 12 000 personnes sont attendues. Surtout, « à l’instigation de la Voix du Nord » (selon la Voix du Nord), Jean-Paul Belmondo, Laura Antonelli (sa compagne de l’époque) et Charles Gérard seront de la partie et « leur présence au stade Grimonprez offrira un attrait supplémentaire à cette soirée du derby » (10 mai). Belmondo et Gérard tournent dans la région lilloise, sous la direction d’Henri Verneuil, Le Corps de mon ennemi (un titre inspiré d’un derby…?), un film adapté du roman du même nom, de Félicien Marceau. Le film offre des scènes tournées dans des lieux reconnaissables aujourd’hui, comme le trou du Diplodocus, actuel emplacement du Nouveau siècle, ou l’usine Le Blan, dont les locaux rénovés accueillent désormais la faculté de droit à Moulins. Et, bien entendu, on reconnaît le stade Grimonprez-Jooris (baptisé dans le film « stade Auguste Beaumont-Liégard ») lors d’une scène dans laquelle Jean-Paul Belmondo parcourt seul la tribune « Secondes » (voir plus bas). À cette époque, et c’est encore le cas lors du match LOSC/VA, la construction du stade n’est pas encore terminée, puisque la quatrième tribune (future tribune « Premières », face aux « Secondes »), « celle qui portera la capacité de l’enceinte à 30 000 personnes et coupera les vents froids les soirs d’hiver » (VDN, 11 mai), est encore en voie d’édification.
« Jean-Paul Belmondo a accepté de donner ce coup d’envoi en souvenir de rencontres de football jouées en compagnie de Charles Samoy et Georges Peyroche, qu’il retrouvera ainsi avec plaisir » (11 mai) : dans les faits, la VDN rapporte que l’acteur n’a pas donné le coup d’envoi fictif. Mais il a été présenté aux joueurs des deux équipes, un moment saisi par Jacques Verhaeghe, où l’on voit Belmondo, guidé par le capitaine Ignacio Prieto, se faire présenter l’équipe du LOSC et serrant la main de Michel Mézy.
Un autre cliché de la Voix du Nord, avec Bernard Gardon
Sur le terrain, les pronostics sur la condition des deux équipes ne tardent pas à se vérifier. Dès la deuxième minute, d’une « splendide volée », Karasi trouve le poteau ; Coste reprend puissamment mais le gardien renvoie ; « la fusillade crépita sans cesse durant une dizaine de minutes. Toujours les Lillois étaient sur le qui-vive, prêts à tenter leur chance. Karasi était intenable. Manifestement, le Yougoslave avait mis ses chaussures des grands jours ». Valenciennes réagit seulement par Six, dont le centre est dévié par Gauthier (10e). Dans la foulée, De Martigny « au pas » se déporte sur l’aile gauche : « personne ne fit opposition. Il centra. Personne ne bougea dans la défense valenciennoise. Et Coste, de la tête, plus facilement qu’à l’entraînement, dévia la balle dans le coin droit du but ». Lille mène et poursuit sa domination : une nouvelle frappe de Karasi est repoussée par Delachet (13e).
15e minute : Parizon déborde à droite. Coumba dégage de la tête dans les pieds sur Karasi qui, à une vingtaine de mètres, envoie une volée en lucarne ! 2-0 pour le LOSC, pas rassasié : à la 28e Parizon, de la gauche, envoie un centre vicieux entre la défense et le gardien. Personne n’intervient. Coste, de la tête, marque de nouveau. 3-0 ! Quelques minutes plus tard, Coste envoie un nouveau tir sur la transversale. À la pause, les Dogues mènent 3-0 devant un public ravi.
« Les Lillois continuèrent au même rythme en seconde mi-temps » : à la 57e minute, Gianquinto frappe, mais c’est contré par Fugaldi. L’arbitre siffle toutefois un pied trop haut du valenciennois : coup franc à une vingtaine de mètres pour le LOSC. « Karasi, dans ce genre de situation, est un expert. Sa balle fusa, violente, au ras du mur, à terre. 4-0 ». Valenciennes réagit toutefois et Six transforme un pénalty qu’il a lui-même obtenu après un crochet sur Denoeullin (4-1, 73e). Il n’y a plus de match : les Valenciennois sont en effet épuisés, et les Lillois se contentent de ce score qui leur donne le bonus. C’est le moment que choisit la Voix du Nord pour arracher un mot à Belmondo. Bébel déclare : « au cinéma, le film ne ferait pas un centime. Le dénouement était connu trop tôt ».
Jugement prématuré car, comme dans tout bon scénario, il va y avoir une chute alors que l’on croyait les positions acquises. Laissons s’exprimer la plume de Jean Chantry, de la Voix du Nord, qui décrit cette action de la 88e minute :
« Tout portait à croire que l’équipe lilloise, au terme d’une victoire facile, certes, mais belle, bien construite, à coups de tirs et de sueur, allait savourer tranquillement le plaisir du bonus (…) Et l’on termina sur un nouvel exploit de Karasi qui fit un match fantastique de technique et d’efficacité. Parti de l’aile gauche, le Yougoslave dribbla Fugaldi, crocheta Copin dans les 18 mètres, recrocheta à nouveau afin d’ouvrir un angle idéal et fusilla le gardien Delachet par un tir de derrière les fagots. Un but d’artiste, de grand joueur. Il salua la foule tel un empereur romain puis, estimant qu’il en avait sans doute suffisamment fait, Karasi mit droit le cap sur le vestiaire et rentra alors qu’il restait 2 minutes à jouer ».
Karasi heureux, fier, goguenard, dilettante…? Sans doute un peu de tout ça. Alors que la foule scandait unanimement le nom du Yougoslave, elle se demande désormais médusée ce qu’il se passe.
Le match se poursuit à 10 contre 11. Mais on n’était pas au bout de nos surprises, puisque Karasi revient sur le terrain juste avant que M. Kitabdjan ne siffle la fin de cette rencontre. Jean Chantry rappelle que « jadis, à Nice, le cas s’était produit avec Yeso Amalfi, un Brésilien doué comme il n’était pas permis de l’être. Dans un match difficile, Amalfi était allé marquer, tout seul, le but décisif, puis était venu s’allonger dans un transat le long de la touche en disant : « Yeso il a fait son travail. Yeso il arrête ! » Toute la France avait ri » (12 mai). Or, cette fois, les excentricités de Karasi ne font pas rire grand monde, et sûrement pas Christian Coste qui, dès le coup de sifflet final donné, apostrophe vertement son coéquipier et le bouscule. Le moment qui précède a, là encore, été saisi par Jacques Verhaeghe :
« On vit alors Coste et Karasi se bousculer de regrettable façon en public, tandis que Mézy et Garceran faisaient l’impossible pour séparer les deux hommes ». C’est ainsi que le LOSC, victorieux 5-1 d’un derby, termine le match dans une gigantesque bousculade entre joueurs et dirigeants, sous le regard interloqué de ses adversaires. Le public, lui, est partagé : à la sortie du vestiaire, on trouve même une centaine de supporters lillois pour porter Karasi en triomphe, ce qui fait bondir Jean Chantry : « curieuse conception de l’équipe, du respect dû au travail collectif. Pense-t-on que Parizon, Mézy, Coste, Gianquinto ou Gardon qui fit une rentrée digne, sans éclats, 3 semaines après une opération du ménisque, aient eu hier moins de mérite que le Yougoslave ? (…) Nous ne discuterons pas sa classe. Elle est grande, c’est vrai. Mais il y a des à-côtés insoutenables, difficilement acceptables ».
Sur la forme, les Valenciennois déposent une réserve, mais qui n’a aucune chance d’aboutir : au pire Karasi risque une sanction pour être revenu sur le terrain sans l’autorisation de l’arbitre… « mais les règlements et Karasi sont deux choses qui passent rarement par la même porte. Doué, certes, mais d’une fragilité qui parfois laisse pantois, interdit ». À chaud, on ne parle que de Karasi, y compris du côté de Valenciennes, qui a là l’occasion de ne pas parler sa contre-performance qui, de toute façon, était attendue. Ainsi, Destrumelle note : « ce n’est pas notre problème, bien sûr, mais celui du LOSC. Il n’empêche qu’en ce qui nous concerne plus particulièrement, Karasi a manqué de courtoisie envers nous après en avoir manqué envers ses partenaires et le public. Il faut savoir rester simple dans la victoire comme dans la défaite. Dommage, car il est pétri de talent. Pour ma part, je préfère avoir encaissé 5 buts que d’avoir eu à subir pareille affaire ».
Du côté du LOSC, on est bien embêté. Peyroche n’apprécie pas mais tente de s’en sortir par l’humour : « il est difficile d’accepter pareil comportement. Imaginez que mes footballeurs rentrent aux vestiaires chaque fois qu’ils marquent un but. Où irions-nous ? Vous me direz, poursuivait en riant Peyroche, que depuis un mois et demi, ils ne seraient pas rentrés souvent ! ».
La condamnation morale du geste de Karasi semble unanime et relance le débat sur l’exemplarité et le professionnalisme des joueurs. Dans l’édition du lendemain (13 mai), Jean Chantry oppose l’attitude de Karasi (« attitude provocante, irréfléchie ») à celle de son coéquipier Gardon (« exemplaire »), à peine revenu de blessure :
« Si nous ne le disions, personne ne saurait que durant sa convalescence, Gardon, pour ne pas varier de poids, s’est mis au régime végétarien. Il avait perdu 4 kilos et ce qui lui manquait en force, en aisance, il le gagna en légèreté, en souplesse.
Gardon n’est pas non plus un être simple. Il a une éthique très personnelle de la vie. Il n’aime pas les journalistes, il n’aime pas les flonflons. Ermite bourru, il n’est pas facile à manier. Mais il adore son métier, le fait à la perfection, et respecte, lui, cet esprit du sport qui est à la fois une discipline et une morale, et dont les professionnels devraient être, en toute circonstance, les dépositaires zélés ».
Stanislav Karasi et Bernard Gardon
Mais à vrai dire, ce n’est pas que la sortie de Karasi qui a irrité. Comme le résume la Voix, ses coéquipiers « en ont un peu par dessus la tête des initiatives de Karasi ». Et il faut donc plutôt voir la réaction de Christian Coste comme une goutte d’eau supplémentaire qui fait déborder le vase des frasques de Karasi. On peut notamment citer deux précédents2, évoqués dans un ouvrage de Patrick Robert.
En début de saison, un Karasi « imprévisible, parfois éblouissant par ses qualités techniques », réussit une grande prestation contre Monaco (3-3). Mais le Yougoslave est aussi « parfois irritant par sa volonté évidente de ne pas se plier au schéma collectif et d’utiliser le ballon comme un instrument de promotion personnelle ». Informé du décès de son père, il prend ensuite le premier avion pour Belgrade, sans prévenir personne au LOSC. Les dirigeants tentent désespérément de le joindre.. en vain. Le déplacement à Bastia se fera donc sans lui ! À leur retour de Corse, joueurs et dirigeants découvrent à Lille un Stanis « frais, dispos et souriant »…
Quelques mois plus tard, en février 1976, le LOSC reçoit Avignon. À la pause, les Dogues mènent 1-0. Le buteur ? Karasi… En seconde période, Parizon déborde ; Karasi est idéalement placé au point de pénalty et attend l’offrande pour, à coup sûr, inscrire le deuxième but. Mais – symptôme de la mésentente ? – Parizon ignore son équipier, avance, et alors qu’il se trouve dans un angle impossible, frappe… dans les bras du gardien, évidemment : « on en est quitte pour quelques sifflets mais le Yougoslave du LOSC ne l’entend pas de cette oreille. Ignorant le ballon, il se précipite vers Parizon et lui saute littéralement à la gorge ! Insensé ! Du jamais vu… Le public, d’abord surpris, gronde sa désapprobation et la rumeur enfle : « Karasi, dehors ! ». À chaque touche de balle, Stanis est sifflé. Il fait étalage de sa classe et fait alors basculer le match » : il permet à Coste d’inscrire un doublé, et se charge lui-même d’inscrire le quatrième but (68e) d’une victoire 4-0…
Dans l’immédiat, les joueurs lillois se sont retrouvés collectivement le jeudi, surlendemain du match et, selon la VDN, « la vaisselle est raccommodée » :
« Le moment de gêne que l’on pouvait imaginer s’est produit jeudi matin (…) Bien sûr, ce n’était pas la fête des familles et l’on ne s’embrassait pas à qui mieux mieux, mais les dirigeants lillois expliquèrent à leurs joueurs que, parfois, la fuite c’est le courage, mais que l’intelligence peut aussi être… l’oubli. Les joueurs lillois firent donc comme si de rien n’était. Au fond, c’était le meilleur parti.
Karasi, lui, est incapable d’expliquer pourquoi il a agi de la sorte. De toute manière, il n’a absolument pas réalisé la portée de son geste et s’étonne que l’on en fasse tout un plat. Alors… n’en faisons plus tout un plat… » (14 mai)
Ce « retrait » contre Valenciennes est donc un épisode supplémentaire des aventures d’un joueur dont d’aucuns diront qu’il était ingérable, immature et individualiste, quand d’autres souligneront son incroyable talent, ses gestes fantastiques et son sens du spectacle, tout cela étant d’ailleurs lié : c’est peut-être même justement parce qu’il avait une face qu’il pouvait se permettre l’autre… au point, ce n’est pas le moindre de ses exploits, de voler la vedette à Bébel !
Jean-Paul Belmondo au stade Grimonprez-Jooris (depuis le compte Youtube « tentacule »)
Notes :
1 Patrick Robert, avec la collaboration de Jacques Verhaeghe, La grande histoire du LOSC, Hugo Sport, 2012, p. 107
2 Patrick Robert, Vingt ans de passion, vingt ans de LOSC, 1970-1990, éditions la Voix du Nord, 1991
Merci à Jacques Verhaeghe pour le prêt et l’utilisation de ses photos.
Posté le 6 septembre 2021 - par dbclosc
Le LOSC réussit sa rentrée
Retour de la D2 féminine (musique triomphale) ! Après presque un an d’interruption, c’est avec un immense plaisir que nous retrouvons l’équipe du LOSC (et ses spectateurs et spectatrices les plus fidèles), en espérant que, cette fois, la saison aille à son terme, et si possible avec une montée à la clé pour nos favorites. Nous avons exposé l’état des lieux de la section et les ambitions de l’équipe première, tels qu’ils ont été évoqués lors de la conférence de presse du 27 août : place désormais, enfin, au terrain !
Pour cette reprise, le LOSC reçoit la VGA Saint-Maur, une des sections féminines les plus anciennes du football français, qui était là lors du premier championnat de France féminin en 1974. S’il s’agit d’un des rares clubs dont la section féminine est plus célèbre que sa section masculine, sa gloire semble toutefois passée : après plusieurs titres de champion dans les années 1980, le club est aujourd’hui l’un des rares de groupe de D2 à, a priori, ne pas viser la montée.
Il fait chaud.
Timoty Weah est là, présence jugée « exemplaire » par bon nombre de supporters lillois sur les réseaux sociaux : soyez-tous exemplaires, venez voir jouer les filles !
Ce match est également le Paprzyckico, puisqu’Aurore a évolué là-bas de 2013 à 2017.
Les joueuses de Saint-Maur évoluent dans une affreuse couleur jaune ; notons également que c’est rarement une bonne idée de mettre la plus petite dans le but, mais elles tentent le coup.
Voici la composition lilloise, avec une Carla Polito qui semble s’installer en défense centrale. Devant, il y a du choix et de la qualité : pour cette fois, ce sera Boucly/Marty/Pierel, et Mouchon et Azzaro sur le banc.
15h02 C’est parti Paprzycki !
1e L’arbitre signale une faute de Silke Demeyere : quelle honte.
5e En ce début de match, ce sont plutôt les joueuses de Saint-Maur qui ont la possession et se placent dans le camp lillois sans toutefois mettre en danger leurs adversaires. Eva Frémaux intercepte une ouverture et transmet en retrait à sa gardienne, qui relance assez court vers Paprzycki : Aurore fait juste la déviation qu’il faut vers Elisor dans le rond central. Salomé lance Chloé Marty côté droit, qui centre entre les 6 mètres et le point de pénalty. Chloé Pierel contrôle du droit en se retournant puis frappe en pivot du gauche, et premier but pour le LOSC sur sa première offensive ! C’était bien construit.
8e Faute d’Agathe Ollivier : l’arbitre sort déjà un jaune, considérant probablement que le cri surjoué de l’adversaire est un indicateur de la gravité de la faute. Le coup-franc à 22 mètres est tiré largement au-dessus, bravo !
11e Les Saint-Mauriennes encore à l’attaque : centre côté droit de la 25, reprise de la 9 vers le point de pénalty, c’est encore au-dessus, c’est encore bravo.
12e Devlech’ trouve Paprzycki, qui elle-même trouve Boucly à gauche. Maïté remet à Aurore à l’entrée de la surface, petit pont sur une arrière et frappe trop au centre du but pour inquiéter la gardienne.
15e Carton jaune du côté de Saint-Maur après une faute sur Marty.
16e Dans le camp lillois, Devlech’ transmet à Launay, qui relance vers Fremaux. Eva joue un une-deux avec Demeyere sur la droite, puis Pierel est servie à droite de la surface : son centre trouve Marty qui est contrée par la gardienne aux 6 mètres, mais Salomé Elisor récupère à l’entrée de la surface et envoie une frappe tendue du gauche qui fait 2-0 ! C’était encore bien construit.
18e Pendant que les Jaunes, probablement en admiration devant le jeu collectif des Lilloises, sont ailleurs, Paprzycki centre vers Elisor qui, à l’entrée de la surface, envoie un lob qui termine sur la barre (on vient de manquer un des buts de l’année). Mais à la retombée, Boucly a le temps de contrôler et de frapper du gauche : 3-0 !
22e Lancée en profondeur, la 10 jaune, qui pousse bien trop loin son ballon, décide de tomber, pour voir si l’arbitre est capable de siffler un pénalty et d’expulser Elisa Launay. Encore faut-il savoir bien simuler.
Dans la foulée, pause-fraîcheur. 3-0, c’est presque cher payé pour Saint-Maur, mais ce n’est pas immérité non plus : quand on a des occases, il faut marquer. On voit par ailleurs de jolis mouvements collectifs, notamment pour lancer les latérales Ollivier et Fremaux, qui en outre dédoublent souvent leurs ailières, Boucly et Marty. On doit bien avouer qu’on a parfois un peu peur quand cette volonté manifeste de relancer court nous place à deux orteils d’une interception adverse proche de nos buts : parions qu’on prendra 2 ou 3 buts dans la saison à cause de ça, mais en attendant ce système en a déjà fait marquer deux…
30e Ouh ça râle beaucoup chez les spectateurs partisans de Saint-Maur, ça m’énerve. Et ça chauffe un peu du côté d’Agathe Ollivier qui, rappelons-le, a récolté un carton sévère et précoce, et qui se fait un peu trop chatouiller les chevilles sans que ça ne soit sanctionné.
Il y a même quelques spectateurs qui ont l’air de vouloir en découdre : ah, l’ambiance familiale du football féminin !
Fort heureusement, pour calmer les esprits, on a un arbitre de touche rigolo (bien que Lensois) qui réagit aux commentaires de tout le monde.
32e Maïté Boucly profite d’une mauvaise relance adverse pour tenter sa chance de loin : à côté.
34e Elisor trouve à gauche Ollivier, qui envoie un centre-tir qui termine sur la barre transversale.
36e Boucly transmet à Pierel, dont la frappe à 18 mètres est freinée ; la gardienne s’en empare.
37e Corner obtenu par Fremaux. C’est joué à deux entre Boucly et Demeyere. Boucly frappe à l’angle de la surface, sans danger pour la gardienne.
41e Carton jaune pour la 25 de Saint-Maur. L’arbitre a le carton facile, dans les deux sens.
Mi-temps, 3-0. La domination lilloise n’est pas outrageuse, mais elle est suffisante pour se créer les occasions qui font la différence, là où l’adversaire n’a pas transformé ses séquences de possession en occasion flagrante. Deux des trois buts lillois proviennent d’actions fort bien construites.
On ne sait pas si on doit signaler à chaque fois que Paprzycki/Demeyere au milieu, c’est coeur-coeur-coeur : on ne relate pas les maintes fois où l’une des deux – ou les deux – surgissent, récupèrent, ou orientent le jeu, mais elles sont impressionnantes. On insiste aussi sur la qualité des combinaisons soulignées plus haut, qui précisément passent souvent par le duo blond, ainsi que par Salomé Elisor, très juste. La paire centrale Devlech’-Polito tâche davantage à relancer proprement qu’à défendre, ce qui est bon signe. Mention spéciale aussi pour Chloé Marty, très active à droite. Espérons creuser l’écart en seconde période !
16h08 C’est reparti Paprzycki ! Noémie Mouchon a remplacé Maïté Boucly, et commence cette seconde période en tant qu’avant-centre, tandis que Pierel a glissé côté gauche.
47e Bien entendu, quand j’écris que « Pierel a glissé côté gauche », ça ne veut pas dire qu’elle est tombée : ça signifie qu’elle s’est positionnée sur le côté gauche de l’attaque qu’occupait Maïté Boucly.
52e En parlant du loup (Pierel le loup, ahah), Chloé s’estime victime d’une faute, qui n’est pas sifflée. Du coup elle s’énerve et prend un jaune.
57e Frappe mollassonne de la 28, dans les gants de Launay.
62e Double changement côté Saint-Maur.
Du côté du LOSC, ça intervertit souvent sur les postes de l’attaque.
67e QUEL RETOUR DE SILKE DEMEYERE
68e Marty tente de trouver Mouchon dans l’espace et dans l’axe, mais le ballon est mal dosé.
69e Pause-fraîcheur. À vrai dire il ne se passe pas grand chose : est-ce volontaire ? On se rappelle que, l’an dernier, quand le LOSC menait largement contre La Roche, on avait cru percevoir des expérimentations dans l’équipe lilloise, et alors la priorité n’était plus de creuser l’écart mais de confronter les joueuses à des situations de jeu où elles se mettaient en danger. Mais là, le système de jeu ne semble pas avoir fondamentalement changé. La chaleur, plutôt inattendue au vu de l’été de merde qu’on a passé (climatiquement hein), perturbe peut-être les joueuses. Et par ailleurs, les joueuses de Saint-Maur ont fermé les circuits par lesquels elles se faisaient presque systématiquement avoir en première période.
71e Ouverture de Polito vers Marty, gênée par une défenseure qui l’excentre.
Sortie de Aurore Paprzycki et entrée de Naomie Bamenga.
73e La 9 jaune, voyant Launay légèrement avancée, tente une frappe lointaine, bien captée par notre gardienne.
75e Les crampons de Carla Polito rencontrent l’abdomen d’une adversaire. Carton jaune.
Sortie de Chloé Pierel, entrée de Lorena Azzaro.
78e Noémie Mouchon lance Chloé Marty, devancée par la gardienne qui renvoie en touche.
79e Récupération d’Elisor à une trentaine de mètres : elle sert parfaitement Mouchon, seule face à la gardienne, mais sa conduite de balle est incertaine. Elle tente de dribbler la gardienne, qui s’empare fort bien du ballon.
82e ça cafouille un peu aux abords de la surface lilloise et ça termine par une frappe à côté.
90e Eva Fremaux, qui avait déjà grimacé quelques minutes avant, semble touchée. Elle sort.
92e Très belle prise de balle aérienne d’Elisa Launay.
C’est terminé sur cette victoire du LOSC 3-0. Après une première période très aboutie, marquée par de beaux mouvements et une belle efficacité, le rythme a singulièrement baissé en seconde période, et les Lilloises ont été nettement moins dangereuses, sans toutefois craindre un retour de Saint-Maur, dont on ne peut pas dire que l’équipe ait fait forte impression (et on confirme qu’il vaut mieux ne pas viser la montée sous peine de forte déception). Les combinaisons qui avaient fait mouche en première période ont été moins fluides – on a même vu certaines tentatives de percée solitaire (Azzaro à deux reprises) – et les Lilloises ont rarement porté le danger sur le but adverse, manquant ici un contrôle, ou là une conduite de balle.
Mais le championnat démarre très bien ! Rendez-vous la semaine prochaine pour le déplacement à Lens. Si les conditions le permettent, on y sera !
La réaction de Rachel Saïdi :
« On a eu la chance de faire la différence assez tôt en première période, et c’est positif. Dans le contenu, on est satisfaites, au vu de la chaleur énorme qu’il y avait. Mais on n’a pas réussi à aller chercher le quatrième but, et c’est assez décevant : on n’a pas du tout cherché à lever le pied en seconde période ! Il faut qu’on soigne le goal-average pour la suite du championnat, qui sera très serré dans le haut du classement. Notre idée est de continuer à attaquer et de creuser l’écart : si on peut en mettre un quatrième, on doit le faire ! Chaque but aura son importance (…)
Le prochain match à Lens est un match de championnat comme un autre, qu’on doit gagner si on prétend se placer le plus haut possible. Donc on va le préparer comme tout autre match, rigoureusement, et il n’est pas nécessaire de rappeler aux joueuses que c’est un derby car elles l’ont bien intégré (…)
Il n’y aura aucun match facile. On essaie de ne pas brûler les étapes et de ne sous-estimer aucun adversaire, car chaque équipe a son coup à jouer »
Posté le 3 septembre 2021 - par dbclosc
Le LOSC à l’assaut de la D1
Après deux « saisons » de D2 arrêtés précocement, l’équipe première de la section féminine espère cette fois avoir la possibilité de réaliser son objectif : retrouver l’élite. L’effectif est quasi-inchangé et la section, dans son ensemble, poursuit sa structuration. À quelques jours de la reprise du championnat, Patrick Robert, président du LOSC-Association, Rachel Saïdi, coach de l’équipe première, Gwenaëlle Devleesschauwer et Aurore Paprzycki, joueuses, ont offert la semaine dernière un état des lieux de l’état et des ambitions du club.
24 octobre 2020 : ce samedi-là, en battant La Roche 5-2 à Luchin, le LOSC signait une nouvelle victoire et semblait bien parti pour poursuivre son parcours dans le haut du classement. Avec un match de retard, les Lilloises étaient même virtuellement en tête du championnat ! Et depuis ? Aucun match officiel. Avec la crise sanitaire, la fédération a suspendu le championnat de D2, tout en entretenant l’espoir qu’il reprenne… Espoirs froidement douchés au printemps lorsque l’arrêt a été définitivement acté : nous en avons longuement parlé avec Agathe Ollivier. Cette « saison », conjuguée à la précédente, déjà arrêtée alors que tout espoir de montée n’était pas perdu, a de quoi faire enrager joueuses, encadrement, et supportrices et supporters du LOSC, tant elles semblent retarder la progression du club et sa vocation, manifestement, à s’installer en première division. C’est donc avec une grande impatience et de légitimes ambitions que cet exercice 2021/2022 va reprendre ce dimanche pour le LOSC, avec la réception de VGA Saint-Maur à Camphin. Avec quelques interrogations, mais surtout des certitudes.
Conférence de presse du 27 août 2021. On sent que Patrick Robert a dû sortir un bon mot.
Commençons par les interrogations : elles naissent logiquement des deux saisons tronquées que l’on vient de vivre. Quel est le niveau des équipes, et du LOSC en particulier ? Comment les joueuses sortent d’une période où elles ont été privées de compétition ? Y a t-il un avenir pour le football féminin à Lille ?
Comme lors des deux saisons précédentes, la division 2 se compose de deux groupes, et le LOSC hérite d’un groupe assez relevé : Patrick Robert et Rachel Saïdi ont pointé une répartition « déséquilibrée ». Et en effet, on note dans le groupe A des clubs bien mieux structurés que dans le groupe B, et on a tendance à moins se cacher dans le groupe A quant à ses envies de monter en première division. Outre le LOSC, on peut (au moins) citer Metz, Orléans, Nantes, Lens ou Le Havre (relégué de D1), qui ambitionnent tous de jouer les premières places. Mais hors de question de s’en plaindre pour la coach, qui y voit même une source de motivation supplémentaire : « on a un groupe très relevé, mais on n’est pas mécontents : ça veut dire qu’il y aura, sur chaque match, un enjeu, une pression positive, et l’équipe qui finira première de ce groupe sera vraiment méritante ».
Sur la gestion de la pandémie par le club, on a eu l’occasion là aussi d’en parler avec Agathe Ollivier : le staff a fait en sorte de maintenir les joueuses éveillées et dans un esprit compétitif et, comme l’a rappelé Rachel Saïdi, l’absence de compétition a permis d’accentuer le suivi individualisé des joueuses et le travail au poste. Dès lors, contrairement à l’idée spontanée que l’on pourrait s’en faire, 2020/2021 « n’a pas été une saison pour rien : elle nous a permis d’avancer, et d’être mieux armées aujourd’hui. ».
Ainsi, même s’il est évident que l’accumulation des entraînements sans match n’a pas ravi les joueuses, la mobilisation du staff a permis, dans la mesure du possible, de préparer au mieux le moment de la reprise. En conférence de presse, la capitaine Gwenaëlle Devleesschauwer a même souligné qu’il faut s’appuyer sur la frustration née de ces derniers mois : « ça peut nous servir pour la saison qui arrive dans le sens où on aura faim de jouer, et faim de victoires ».
Sur le plan de l’effectif, celui-ci est très stable, et on en vient donc désormais plutôt aux certitudes : on ne note que les départs de Maud Coutereels et de Charlotte Sawaryn. Au rayon des arrivées, Pauline Moistel a été recrutée et viendra sans doute titiller Elisa Launay au poste de gardienne. Notons aussi un changement d’entraîneur adjoint : Christophe Douchez a rejoint Douai ; il est remplacé par Loïc Leclercq, passé le centre de formation du LOSC (en tant que joueur). L’effectif compte ainsi 25 joueuses (parmi lesquelles 3 gardiennes), et y ont été intégrée 4 jeunes de la formation. Près de la moitié du groupe a été formée au LOSC, et le travail de coordination de la section féminine, des U12 à l’équipe première, a été plusieurs fois souligné par Patrick Robert : « le LOSC a une tradition de formation pour ses garçons, faisons la même chose pour les filles ! Aujourd’hui, par la qualité de la formation, par la qualité de l’encadrement, on arrive à un résultat qui est tout à fait appréciable, et qui peut servir de base au développement du club tout entier » et par Rachel Saïdi : « Ça souligne le travail effectué depuis 6 ans au sein du LOSC. On a du coup des joueuses qui ont été formées et formatées sur nos intentions, et ça nous permet de gagner du temps quand on les récupère en équipe première. Il y a une continuité dans le travail effectué avec Caroline La Villa. On a la chance d’avoir un groupe qui connaît le staff par cœur ; c’est un staff qui connaît le groupe par cœur aussi ».
Cette stabilité, malgré les sollicitations – parfois venant de D1 – pour certaines illustre le fait que, pour la coach, « on a des joueuses qui portent le club dans leur cœur et qui ont à cœur de permettre au LOSC de vivre une saison forte ». Surtout, la cohésion travaillé depuis deux ans avec ce groupe presque inchangé doit permettre de constituer une force dans des moments qui seront plus difficiles. Difficile de parler du jeu pour la saison 2020/2021, mais on avait souligné à quel point on avait été ravis de ce qui avait été proposé en 2019/2020 : il y a de bonnes raisons d’espérer que cette dynamique se poursuive.
Rachel Saïdi a d’ailleurs affirmé que son équipe tâcherait « d’installer une certaine façon de jouer. On a des convictions, et on reste ouverts d’esprit sur beaucoup de choses, mais on a une volonté d’avoir de l’emprise et de maîtriser ce qu’on fait. On ne sera pas sur un jeu réaliste où on s’adaptera en fonction de ce qu’on verra : on est sur un projet lillois qui a été défini, et qui j’espère s’appliquera »
De manière plus générale, la section féminine poursuit son renforcement avec des moyens financiers stables : Patrick Robert a évoqué un budget « en dessous du million d’euro », remerciant au passage la société anonyme, et en particulier Olivier Létang et Didier Roudet, pour permettre de travailler dans cette continuité alors que, au moment où il s’agit de « garder la dynamique sportive tout en travaillant au redressement économique », on aurait pu craindre que des économies ne se fassent sur le dos des filles.
Au-delà de la question budgétaire, on l’écrivait en introduction, la section poursuit sa structuration. Celle-ci est le fruit à la fois de convictions et de contraintes propres à l’économie du football féminin. Deux éléments notables sur ce points :
tout d’abord, la section féminine peut compter sur le soutien d’un noyau de partenaires fidèles, que la crise sanitaire n’a pas désengagés. Etant donné que, du point de vue « comptable » d’un investisseur, il y a davantage à perdre qu’à gagner (et il n’y a probablement qu’à perdre), on peut supposer qu’on a affaire à des partenaires convaincus de l’avenir du football féminin, prêts à miser sur l’image de « la footballeuse » ;
ensuite, un partenariat a été annoncé entre le LOSC et les clubs de Douai, Villeneuve d’Ascq et Calais. La philosophie de ce partenariat est de permettre d’avoir un regard sur les qualités des joueuses de ces clubs, avec la possibilité de les faire venir vers le LOSC ; réciproquement, des joueuses en manque de temps de jeu ou devant s’affermir – par exemple lors du passage entre U19 et équipe première – pourraient faire le chemin inverse, tout en restant dans une compétition seniors ( à un niveau régional). Plus globalement, et même chez les plus jeunes, il s’agit de favoriser les échanges entre éducateurs/éducatrices et de développer une méthodologie commune. Avec Christophe Douchez à Douai ou Camille Dolignon à Calais, les échanges sont facilités…
Le LOSC marque ainsi son territoire et s’attèle à faire en sorte qu’il « devienne la place forte du football féminin dans les Hauts-de-France ». Et donc, probablement, qu’il coupe également l’herbe sous le pied de ses concurrents (en D2… et un peu en-dessous), en participant à la professionnalisation (relative) du football féminin. Au cours de la conférence de presse, la coach a également évoqué l’idée que le LOSC, précisément en raisons des efforts qu’il fournit pour ses jeunes, aimerait davantage de reconnaissance pour le travail effectué ou, a minima, une adaptation de la réglementation fédérale, comme un retour sur investissement.
Au vu de sa structuration et de son ancienneté (déjà!), le LOSC a en effet tout intérêt à accompagner le mouvement de développement qui se fait dans le sillage des clubs professionnels. Et au vu des ambitions déclarées des unes et des autres, il a tout intérêt à l’accompagner le plus vite possible.. en D1 !
Départ du championnat ce dimanche : comme depuis 4 ans, nous serons présents pour suivre la saison de nos favorites !