Posté le 18 septembre 2021 - par dbclosc
Manchester/Lille 2001 : la tête haute
La tête haute
Il y a 20 ans jour pour jour, après une brillante qualification contre Parme, vainqueur de la Coupe UEFA en 1999, le LOSC s’en allait défier Manchester United, vainqueur mémorable de la Ligue des Champions la même année. A Old Trafford, les Lillois passent très près d’un nouvel exploit européen.
Après son exploit retentissant contre Parme, le LOSC hérite d’un groupe relevé. Manchester United, l’Olympiakos et le Deportivo défieront le LOSC. Accessibles aux supporters dans un pack compris entre 45 et 95 € selon les tribunes, ces matchs de gala auront lieu au stade Bollaert, pour des raisons évidemment complotistes.
10 septembre 2001. Autour et dans le stade Bollaert, des ouvriers s’agitent. Dans un peu plus de 48 heures, le LOSC recevra La Corogne pour le coup d’envoi de la phase de groupes. D’ici là, pour répondre aux cahiers des charges de l’UEFA, l’équivalent de 1100 mètres de publicité doit être provisoirement occulté. La vaisselle lensoise est mise de côté. Les noms des partenaires dans la partie VIP sont astucieusement recouverts d’autocollants rouge et blanc. En fin de journée, sous l’œil de Pierre Dréossi, le drapeau lillois domine les 42 000 places.
Photo : G. VAN SEVENDONCK
Pendant ce temps, les Lillois ont traversé la frontière départementale et sont arrivés à Anzin-Saint-Aubin, dans un hôtel propriété de Gervais Martel, avant de s’entraîneur sur le terrain du RC Arras. En fin de journée, pour répondre aux obligations, un court entraînement a eu lieu sur la pelouse de Bollaert, avant un point presse durant lequel Vahid Halilhodzic et Djezon Boutoille sont apparus sereins. Rappelons que les récentes venues du LOSC à Bollaert sont plutôt de joyeux moments, que ce soit en février à l’occasion d’une victoire inoubliable, ou plus récemment en août lors d’un match nul décroché dans les dernières minutes. « Nous avons demandé à occuper le vestiaire des visiteurs », sourit Djezon. Un vestiaire d’invaincus.
La sérénité qui transpire de l’entraîneur et du capitaine reflètent l’excellent début de saison du LOSC. Après six journées, le LOSC est quatrième et invaincu. Meilleure défense du championnat, il a aussi su réagir après avoir concédé trois fois l’ouverture du score (toutes en deuxième période, qui plus est) : contre Lorient lors de la 2e journée ; contre Lens lors de la 5e journée ; et plus spectaculairement, contre Montpellier lors de la 4e journée. Enfin, il a poursuivi son sans-faute à domicile en s’imposant devant Guingamp.
Néanmoins, le 12 septembre, l’UEFA annonce le report du match au 10 octobre. L’effondrement des deux tours (nous ne parlons pas ici de la vaillante et indestructible paire Cygan-Fahmi) et l’attaque du Pentagone (nous ne parlons pas non plus de la Citadelle) ont eu raison de la tenue de la compétition. Vahid, « bouleversé » selon Francis Graille, exprime sa stupéfaction : « Dans ma vie, j’ai connu des désastres liés à la guerre. Et, naïvement, je croyais avoir tout vu. Mais là, ce sont des images d’apocalypse, en direct ». La LNF (ancien nom de la LFP) s’est aligné sur la décision de l’UEFA en reportant également le seul match professionnel qui était prévu : Wasquehal-Martigues est reporté !
Rothen ne s’enflamme pas
Alors que les débuts du LOSC en Ligue des Champions sont décalés d’une semaine, un (Philippe) périlleux déplacement à Troyes s’annonce. Également européens, les Troyens semblent faire un début de saison correct (9 points en 6 journées), malgré un double coup d’arrêt suite à la réception de l’OL et d’un déplacement à Monaco (deux défaites 2-0).
Vainqueur de la confrontation lors de la saison précédente, l’ESTAC peut aussi sur un turnover : Cygan, Pichot, D’Amico, Br. Cheyrou, Boutoille et Bakari ne font ainsi même pas le déplacement, tandis que Michalowski, Schmitz, Sterjovski, Be. Cheyrou et Murati sont titularisés. Quatre poteaux troyens, un penalty arrêté par Wimbée et un but lillois plus tard, le LOSC rejoint le Nord en avion (!) et avec les trois points. Un match sur lequel nous sommes revenus il y a 5 ans.
Le grand défi
Pour sa première expérience en Ligue des Champions, le LOSC se déplace donc sur la pelouse du club le plus riche du monde. Renforcés par les arrivées de Veron (pour un montant record en Angleterre), de Van Nistelrooy et de Laurent Blanc, les Reds viennent de quitter le podium après une défaite 4-3 à Newcastle. S’il s’agit de la première de la saison, la perméabilité défensive surprend : après 5 journées, Fabien Barthez a déjà encaissé 10 buts. Le défi qui attend le LOSC reste immense.
A la veille du match, un petit détour par la boutique s’impose. Tout le monde y va de ses achats : Fahmi achète ainsi un maillot pour son neveu : « il n’aime pas particulièrement Manchester, mais ce sont les mêmes couleurs que Lille » ; Murati repart avec un maillot floqué Beckham, qu’il a récemment martyrisé lors d’un Angleterre-Albanie ; Greg Wimbée fait floquer les siens du numéro 1. Un irréductible milieu argentin choisit toutefois de ne pas faire comme tout le monde : « je n’achèterai rien. Ce n’est pas une équipe que j’apprécie particulièrement, et puis on est adversaires. Moi, je porte les couleurs du LOSC ». Le shopping ne s’éternise toutefois pas, Vahid rappelant qu’« on n’est pas venus pour se promener dans la boutique ».
Photo : G. VAN SEVENDONCK
Du côté de Manchester, on se demande d’où sort cette équipe. Ce n’est pas la condescendance de Barthez en conférence de presse qui aidera. United Review, le magazine du match, s’attarde sur Mikkel Beck et son expérience en Premier League, mais aussi sur Erwin Vandenbergh, « l’un des plus prolifiques buteurs du monde ».
Après une minute de silence en hommage aux victimes des attentats du 11 septembre, Old Trafford ne se réveille pas. Le début de match, tant redouté, montre surtout la sérénité et une organisation infaillible. Puis la machine mancunienne se mit en route. Par Van Nistelrooy d’abord (18’), mais surtout par Giggs, dans les secondes suivantes. Et quand on pense que la défense craque, Wimbée s’interpose brillamment devant Scholes (25’). Si les côtés souffrent, l’entrejeu lillois brille et domine son adversaire. Cheyrou, Bakari et N’Diaye donnent ainsi les premières sueurs froides aux Red Devils. A la pause, les craintes ont changé de camp.
Au retour des vestiaires, le public commence à montrer son mécontentement. Le petit ne se laisse pas manger, et ça n’est visiblement pas acceptable. Mais la vitesse de Giggs ne trouble pas Cygan-Fahmi, imprenables. Mieux, Bakari semble de plus en plus à son avantage (58’, 60’). Dépité, Manchester s’en remet aux frappes de loin, mais Veron trouve les gants de Greg.
Malheureusement pour les Lillois, le scénario cruel s’écrit à la 89’, quand la seule erreur de la défense lilloise se concrétise par l’ouverture du score de Beckham. Dans la foulée, Boutoille manque l’égalisation.
La « performance » conquiert même l’immonde presse anglaise. Le Guardian indique ainsi que « l’histoire de ce club est remarquable : surgissant des profondeurs de D2 pour atteindre les sommets de l’épreuve reine d’Europe, il mérite le respect ». Les prestations de Wimbée, Bakari mais surtout Cygan, qui combleraient les manques défensifs mancuniens, sont soulignées. Héroïsme et frustration.
Photo : Patrick DELECROIX
Et pourtant, malgré cette courte défaite, n’y a-t-il pas plus beaux débuts pour le LOSC que le Théâtre des Rêves ? Trois ans et quelques jours après avoir repris l’équipe en main, la qualité de mise en scène de Vahid est-elle encore à questionner ? Avec un casting relativement modeste sur le papier mais avec une capacité à distribuer les bons rôles aux bonnes personnes, n’a-t-on pas été servi en drames, rebondissements, coups de théâtre, au grand dam de nos adversaires ? Et surtout, alors que beaucoup questionnent la capacité de l’équipe à se mettre à niveau (de la Ligue 1 d’abord, puis du haut de tableau, désormais de l’Europe), le rêve ne semble pas prês de s’arrêter.
Le résumé de France 3 :
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