Posté le 21 octobre 2021 - par dbclosc
Quand Bernard Tapie a failli reprendre le LOSC (1/2)
En ce printemps 1990, c’est la routine pour le LOSC ou, pour le dire autrement : c’est la crise. Habitué aux remous de forces variables depuis quelques années, le club se trouve cette fois au cœur d’une sacrée tempête : la mairie, via Paul Besson, l’adjoint aux sports, a haussé le ton et n’a plus l’intention de renflouer des finances exsangues. Parmi les repreneurs potentiels, Bruno Flocco, dont l’entreprise appartient au groupe Tapie. Et Bernard Tapie lui-même ne tarde pas à pointer son nez.
Cet article est le premier épisode (sur deux) du récit de cette tentative de reprise : pour le moment, l’heure est à la séduction entre les parties et aux espoirs d’un avenir losciste délesté de ses interminables problèmes financiers que la mairie ne veut plus supporter.
Il est complexe de relater l’année 1990 du LOSC, tant elle a été marquée par un grand nombre d’affaires, de rebondissements et de coups de théâtre, dans la lignée d’une année 1989 elle-même assez généreuse en la matière. Il faut voir là le symptôme d’un club qui, s’il est pourtant en structuration en coulisses, est en grande difficulté financière, et ce depuis des années. Ajoutons à cela des performances sportives médiocres depuis 35 ans, à peine soulagées par quelques titres de D2 et coups en coupe de France, et voici une bonne partie des ingrédients réunis pour un quotidien morose qui n’en finit pas de s’allonger.
Les signes avant-coureurs avant la tempête
Commençons donc en 1989, année d’élections municipales. Pierre Mauroy est réélu maire de Lille pour la 27e fois. Son adjoint aux sports, Albert Matrau, est remplacé par Paul Besson, qui semble très intéressé par le cas du LOSC : en effet il réunit rapidement quelques dirigeants de l’époque, comme Bernard Gardon, le directeur sportif, Roger Merlot, le financier, ou Patrick Robert, pour les relations publiques. Cette initiative semble ravir dans un premier temps les dirigeants loscistes, qui pensent trouver en Besson un homme de dialogue avec qui travailler et avancer.
Hélas ! Les hommes du LOSC vont vite déchanter. Très vite, des rumeurs bruissent : au cours de quelques réunions dans certains cercles non fréquentés par les dirigeants du LOSC, l’adjoint aux sports confierait tout le mal qu’il pense du club et de sa gestion. On dépasse le stade des rumeurs quand, en décembre 1989, la presse régionale relaie explicitement l’idée que Paul Besson critique la gestion, la méthode et les choix de Jacques Amyot, le directeur général, dont les jours seraient comptés. L’année 1989 se termine donc dans la méfiance, une méfiance confirmée dans la Voix du Nord le 6 janvier 1990 : « si lune de miel il y a eu entre la direction losciste et son partenaire municipal, l’heure est désormais à l’éclipse totale. Sur la sellette, la silhouette de Jacques Amyot se détache nettement. À grand renfort de petites phrases, le directeur général de la SAEM fait l’objet d’un pilonnage en règle ». Face à cette offensive municipale désormais plus que supposée, Jacques Amyot réplique le 9 janvier et expose qu’en le visant, on se trompe de cible, et qu’il n’a pas l’intention de démissionner. Le lendemain, pour calmer le jeu, un reportage de France 3 Nord montre Besson et Amyot en discussion dans les travées et sur la pelouse de Grimonprez-Jooris : l’adjoint aux sports s’en prend aux journalistes en manque de sensations fortes… En apparence, les affaires se tassent. Pour quelques semaines seulement, car il se trame effectivement quelque chose. Ainsi, le 9 mars, devant la fine fleur du monde économique régional, Pierre Mauroy se pose en rassembleur d’un LOSC aux visées européennes : est-ce le signal que tous attendent ? Le 26 mars, Paul Besson déclare sa confiance envers les techniciens du club, dit qu’Amyot « peut encore apporter beaucoup au LOSC », tout en déclarant chercher « quelqu’un de fort, qui aime gérer ». Jusque quand la mairie va-t-elle souffler le chaud et le froid… ?
Des Dogues bien peu mordants
Sur le terrain, cela ne va guère mieux : les Dogues oscillent entre le ventre mou et la ligne de flottaison, juste au-dessus de la place de barragiste. Les remous de l’été 1989 semblent avoir laissé des traces, et malgré la présence de joueurs de talent comme Angloma, Friis-Hansen, Pelé ou Périlleux, le LOSC se traîne. On espère, tout de même, un sursaut en coupe, comme quand Lille sort Nancy début mars : « est-ce le début du printemps lillois ? » s’interroge la Voix des Sports (12 mars). Après une victoire bienvenue en championnat contre le Racing Club de France le 7 avril (32e journée), Lille garde 3 points d’avance sur le barragiste, puis est malheureusement éliminé de la coupe 3 jours plus tard, à domicile, par Cannes, aux tirs aux buts. Vandenbergh, « soulier de plomb » comme le surnomment des supporters facétieux depuis l’été 1989 car à côté de ses pompes, rate le dernier tir lillois. Décidément, cette saison sera, une fois encore, sans saveur. Fort heureusement, la situation politico-administrative du club va se charger d’apporter beaucoup de piquant.
Besson fait main basse
Le 11 avril 1990 est un tournant : pour célébrer avec un mois d’avance le cinquantenaire du 10 mai 1940, Paul Besson défonce tout sur son passage. Il exige par écrit le gel des décisions susceptibles d’engager le club lillois pour l’avenir ! Autrement dit : aucun engagement financier ne doit être pris jusqu’à nouvel ordre, notamment en matière de transfert et de publicité. Il précise qu’il fait cette annonce en tant que co-directeur du LOSC, au même rang que Jacques Amyot, un poste auquel il s’est nommé le 1er mars. Détail savoureux : Amyot ignorait tout de cette nomination. Voilà donc le LOSC avec deux directeurs, « l’un étant plus égal que l’autre, comme aurait dit Coluche » souligne malicieusement la Voix du Nord. Après quelques mois d’observation et quelques escarmouches, Paul Besson a donc entamé sa campagne, avec deux exigences : gérer autrement le club et trouver d’importants soutiens financiers. La Voix du Nord précise : « Paul Besson a effectué un pas supplémentaire sur la voie qu’il s’est tracée. Rien ne peut plus être fait sans lui » ; il parle au nom d’une municipalité « lassée de toujours cautionner des prêts » et d’être « l’éternelle vache à lait » (13 avril). Ainsi, Jacques Amyot, co-directeur général, et Bernard Gardon, directeur sportif, sont dans l’impossibilité de prendre des initiatives. Embêtant de se mettre en hibernation au moment où, traditionnellement à cette période, on est en plein préparatifs pour la saison suivante !
Un conseil d’administration de la SAEM prévu le 25 devrait permettre d’y voir plus clair. En attendant, le LOSC semble être entré dans une zone de turbulences désormais bien familière : après, notamment, le départ d’Heylens en 1989, succédant lui-même à la démission de Samoy en 1988, le club semble marqué d’une pierre blanche par l’instabilité, et le quotidien régional, sous la plume d’Eric Leduc, ne manque pas de rappeler le passif du LOSC : « il y a plus de 20 ans que le club offre le même spectacle de l’attentisme et des promesses jamais tenues (…) Mais que devient le grand projet losciste dans tout cela ? Que l’on fasse place nette pour avancer, après tout, pourquoi pas ? Encore faudrait-il que les résultats suivent. Non contents d’avoir écoeuré un public, las de voir éternellement vaciller la flamme de son club, ceux qui sont censés hisser le LOSC à un autre niveau vont-ils enfin choisir la bonne direction ? Le passé ne plaide guère en leur faveur… » (La Voix du Nord, 13 avril)
Et un ! et deux ! et trois ! et quatre ! et cinq-zéro !
Et les joueurs, dans tout cela ? La question paraît bien secondaire par rapport aux enjeux de « restructuration » en cours. En championnat, tout semblait aller mieux après cette victoire bienvenue contre le Racing. Mais l’élimination de la coupe par Cannes semble avoir plongé tout le monde dans une lassitude contagieuse : « un brin de morosité flottait dans les regards hier matin à l’entraînement du LOSC. Les effluves de l’élimination en coupe étaient encore là, drainant derrière elles leur cortège habituel de regrets » (La Voix du Nord, 13 avril). En outre, les joueurs sont placés à la même enseigne que les supporters : ils apprennent tout par la presse. Dès lors, logiquement soucieux de leur avenir, ils se posent des questions et, dans ces conditions, ne voient pas nécessairement le futur à Lille. On sait que Pelé et Périlleux sont très sollicités, Fiard hésite à prolonger et, par ailleurs, Galtier et Angloma peuvent faire jouer une clause libératoire qu’ils ne manqueront sûrement pas d’activer. Mais au-delà de la seule question des contrats, l’ambiance ne semble pas très bonne au sein du club. Ainsi, le 16 avril, la Voix du Nord se demande ce qui peut bien justifier les mises à l’écart d’Eric Prissette et de Jean-Luc Buisine : « en fait, ils ont commis l’erreur , si on peut appeler cela une erreur, d’ouvrir la bouche. Pas pour remuer ciel et terre mais simplement pour interroger leurs supérieurs hiérarchiques à une époque où le club lillois cherchait sa voie et un entraîneur (…) Une démarche synonyme de condamnation, malheureusement. Mais avait-on pensé aux retombées qu’une telle attitude entraînerait ? » (16 avril). En mettant l’accent sur les qualités des joueurs écartés (Prissette, « pas une star du ballon rond mais un sacré équipier » ; Buisine, dont on aurait besoin « du métier, de l’expérience, de la valeur morale ») et sur l’illégitimité de leur mise à l’écart, la VDN souligne à quel point ça ne tourne pas très rond du côté du LOSC. Y compris, probablement, entre les joueurs : dans Score, le magazine du LOSC, Christophe Galtier regrette que l’ambiance ne soit pas extraordinaire dans le groupe. En témoignent, pour illustrer son propos, l’absence de repas commun durant la saison, et la présence de seulement 3 joueurs au mariage de David Guion.
Quoi qu’il en soit, avant de se déplacer à Montpellier, les joueurs assurent que les affaires extra-sportives du LOSC ne les atteignent pas : cette remarquable imperméabilité aux soubresauts du club permet ainsi aux joueurs de ne prendre que 0-5 à la Mosson ! Il reste 5 journées et Lille n’a plus que 2 points d’avance sur le barragiste…
La commission de développement a des idées
Si le LOSC est « attaqué » par la mairie, le club ne constitue pas pour autant un bloc homogène qui ne ferait que subir les événements. On le disait en introduction, le club a su se structurer depuis quelques années avec, par exemple, une politique de relations publiques avec le monde économique, des relations Presse, des relations avec les collectivités locales, ou encore un embryon de politique à destination des « VIP ». Et on compte aussi au sein du club un organe important : la « commission de développement », créée en 1986, présidée par François Sénéchal puis par Patrick Robert. Principalement composée d’hommes de communication, elle est dans les faits le véritable comité directeur du LOSC, où se décident, entre autres, le prix des places ou les liens avec la régie publicitaire. La commission de développement est donc une voix qui compte dans le club, en tant que « gardien du temple », là où on pourrait dire, en caricaturant (un peu) le trait, que le conseil d’administration de la SEM n’est composé que de gens nommés par la mairie… et donc fortement dépendants d’elle. Et c’est d’Alain Martinne, membre de ladite commission, que s’amorce une contre-attaque. Dans la Voix du Nord du 13 avril, il énonce que « trop de bruits, trop de doutes, trop d’hypothèses créent au LOSC une ambiance néfaste pour son avenir, alors que toutes les énergies devraient converger et être mises en commun autour d’un projet fort et construit ». Ce propos assez consensuel est suivi de quelques propositions concrètes à appliquer d’urgence : s’occuper des transferts sous peine de ne récolter que des miettes, négocier avec les potentiels régisseurs publicitaires (certains ont donné des dates-limite) sous peine de devoir négocier des contrats à la baisse, et ne pas démobiliser les énergies de ceux qui, depuis des semaines, travaillent à la prochaine saison.
Provisoirement, le LOSC respire après sa victoire contre Metz une semaine plus tard. En marge du match, Besson évoque le Conseil d’administration de la SAEM prévu le mercredi 25. Il déclare que ce sera « rien que du classique », tout en annonçant : « j’ai bien avancé dans mes travaux. Mais ça n’a pas été facile. D’ailleurs, j’ai hâte de boucler le dossier. Nous avons trouvé les hommes pour bâtir du solide et du durable. Tout n’est pas encore ficelé à cent pour cent. Mais vous en saurez davantage d’ici peu (…) Nous aurons des personnes pas plus compétentes, mais plus expérimentées. Dans le domaine de la gestion, notamment » (La Voix des Sports, 23 avril). Apparemment, il aurait trouvé les garanties financières qui pourraient favoriser le décollage du LOSC. Avec quels joueurs ? Quand on lui fait remarquer que Pelé est sur le départ, il répond : « Pelé sur le départ ? Ah bon. Le joueur a émis effectivement le souhait de quitter le Nord, mais il n’est pas encore parti. Pelé pourrait servir de base pour construire une nouvelle équipe ». Avec Amyot, Gardon et Santini, dont Besson prétend ne pas vouloir se séparer…
Bernard, tapi dans l’ombre
Finalement, c’est avant le CA qu’une nouvelle fait « l’effet d’une petite bombe » (VDN, 24 avril), même si on savait que le club, via Besson, cherchait un allié puissant : le LOSC s’est rapproché de Bernard Tapie. C’est Pierre Mauroy lui-même qui a divulgué l’information au cours de la séance du conseil municipal du 23 avril. Bien sûr, ce n’est pas ce nom qui a été cité par le maire de Lille. Mais en indiquant que « des négociations avaient été engagées avec une entreprise régionale de Béthune, dont le PDG est Bruno Flocco », Mauroy a ouvert les portes du LOSC à Bernard Tapie. Car la société en question, Testut, appartient au groupe Tapie depuis 1986. Elle est spécialisée dans les appareils de pesage, de métrologie, et les compteurs, ce qui lui permet très facilement de dénombrer 330 salariés. La surprise est totale car si la presse a fait état des relations entre le LOSC et les milieux économiques, ce n’est jamais remonté jusqu’à Tapie. Ce qui tend à laisser penser que les contacts sont récents.
Et Bernard Tapie se met très vite en avant… pour annoncer qu’il reste à distance, pour l’instant : « le directeur général de Testut, qui est un de mes collaborateurs, a été contacté pour aider le LOSC. Je peux donner un coup de main pour doter ce dernier d’une gestion plus dynamique, plus moderne. Car Lille, qui est une ville que j’aime bien, mérite d’aller en coupe d’Europe. Mais cela dit, il n’est pas question que j’intervienne directement dans la vie du club nordiste ». Tapie avait pris moins de gants un an auparavant, en estimant que les dirigeants lillois étaient « incompétents »…
Flocco motive
Pour le moment donc, on peut imaginer qu’après cette prise de contact, on entre dans une phase de négociations, et Flocco, 47 ans, occupe le terrain. Ancien basketteur, on lui prête une bonne connaissance du milieu du sport. Dans l’édition du 24 avril, la Voix du Nord rapporte les propos de celui qu’on présente comme le probable futur patron du LOSC. Voici la transcription de l’entretien :
« M. Flocco, on vous présente, depuis quelques heures, comme le probable patron d’un LOSC nouvelle formule. Partagez-vous ce point de vue ?
J’ai été contacté récemment par un membre du conseil municipal de la ville de Lille pour, éventuellement, apporter mes conceptions du football. Disons que, pour l’instant, nous sommes dans une phase d’approche de sensibilités. Cela dit, la semaine sera importante car je dois rencontrer les dirigeants actuels : MM Dewailly, Besson et Amyot.
Rencontre qui pourrait ressembler à une passation de pouvoir ?
Pas encore ! Il s’agit plutôt d’une inspection des lieux, d’un examen approfondi de la situation. Sportive et financière. À partir de là, je pourrai avoir un éclairage plus précis.
Pourquoi avoir songé au LOSC ?
Parce que j’ai toujours eu un faible pour le football, bien qu’ayant pratiqué le basket, naguère, à Joeuf. Par ailleurs, je souhaite ardemment que la région Nord-Pas-de-Calais ne traîne plus cette étiquette de région pauvre et déshéritée. Or, le ballon rond est un bon moyen d’atteindre ce but.
Si vous décidez de vous investir dans la vie du LOSC, exigerez-vous d’en être le patron ?
Tout à fait. Si je rentre dans le comité de direction, c’est pour en prendre le commandement.
Est-ce qu’à un moment ou à un autre, votre démarche a été dictée par Bernard Tapie, dont le groupe chapeaute votre entreprise ?
Bernard Tapie ne m’a pas donné de directives. Hier, je l’ai eu au téléphone pour évoquer, justement, cette éventualité. Il m’a encouragé, soulignant au passage qu’il ne voyait aucun inconvénient à ce que je prenne en main le football lillois.
On ne peut donc parler d’OPA du groupe Tapie sur le football français ?
Non, pas du tout. Je tiens à dire, d’ailleurs, que Testut appartient certes, à la Holding Bernard Tapie Finances, qui regroupe divers investisseurs, dont les AGF et la banque Worms mais, dans cette histoire, j’agis librement. Par amour du football.
Quel regard jetez-vous sur ce football professionnel, justement ?
Le football est en train de mourir. Si on n’y prend pas garde, dans quelques années, ce sera le désert ! Parce que le système est révolu. Parce que les méthodes des employées sont ringardes. Nullement adaptées aux exigence présentes.
Que prônez-vous exactement ?
Une gestion dynamique. Mon rôle est d’ailleurs de convaincre d’autres partenaires. De les inciter à venir nous rejoindre. Dans la région, il y a de grosses sociétés qui attendent que j’impose mes idées pour suivre le mouvement. Personnellement, j’ai déjà mon équipe. Six personnes, parmi lesquelles un chef d’entreprise, un chasseur de têtes et un avocat.
Quelles recettes apporterez-vous pour changer le football lillois ? Délaisserez-vous les dirigeants en place ?
Il faut faire autrement, c’est évident. À la lumière du match Lille/Marseille, je suis sûr que le public n’attend qu’un déclic. Seulement voilà, il faut avoir la capacité de changer. Je pense qu’au sein du comité actuel, il y a sûrement des gens compétents qui ne méritent pas d’être virés.
En fait, vous voulez imposer une nouvelle image ?
Absolument. Le moment est venu de donner une nouvelle orientation au football lillois. Si on n’agit pas, le LOSC va tomber. Comme Lens.
Justement, on dit ici et là que vous aviez amorcé un rapprochement il y a quelques mois avec le RC Lens ?
Exact. Mais un accord n’a pu être trouvé. Tout cela parce qu’un homme politique de la ville [note DBC : il vise André Delelis] considère le Racing comme son joujou. Et que ce joujou, il ne veut pas le partager. C’est dommage car Lens me semblait réunir toutes les garanties en matière d’environnement.
Vous parlez du Nord comme si vous y étiez né. Étonnant !
Oui mais j’ai l’habitude de m’attacher à la région dans laquelle je travaille. Je veux me battre aussi pour donner au Nord-Pas-de-Calais une image conquérante. 92 est là, à notre porte. Il faut créer quelque chose de vrai. Quelque chose de fort ! »
Le style est du genre directif, très marqué du style de Bernard Tapie : on joue sur la fibre émotionnelle (la région de cœur, l’amour du foot), on sort ses muscles (je suis très entouré), on menace de virer tout le monde pour s’assurer qu’aucune tête en dépasse, on assène plus qu’on ne démontre pour mieux justifier une reprise en main (« Le football est en train de mourir », « le système est révolu », « les méthodes des employées sont ringardes », et tout cela relève avant tout de la « bonne gestion » et du caractère : après tout, quand on veut, on peut.
Du côté des hommes en place, on réagit dans un mélange d’impuissance et de curiosité. Ainsi, Bernard Gardon, qui apprend les nouvelles par la radio : « j’attends d’abord d’avoir des confirmations officielles de tout cela. C’est vrai, il était fait allusion depuis quelques temps à un partenaire, mais il n’y avait rien de précis. Le fait que ce soit Bernard Tapie ou un autre qui se manifeste ne change rien. L’essentiel, c’est que les problèmes du LOSC puissent être résolus. Nous jugerons dans quelques temps, sur les faits. Aujourd’hui, une partie du voile a été levée. Mais ce qu’il est intéressant de savoir, c’est savoir ce qui va être fait, avec qui et comment. Une chose est sûre, ça peut faire bouger le LOSC. Que des sociétés s’investissent, c’était souhaité par beaucoup (…) Il devenait évident que des restructurations allaient s’opérer, mais en ce qui me concerne, en ce qui concerne aussi les techniciens, jamais une quelconque remise en cause n’avait été jusqu’ici envisagée. Du moins personne n’avait abordé le sujet avec nous. Cela dit, une nouvelle politique va certainement se définir. Chacun doit prendre les décisions qui sont de sa responsabilité et dans l’intérêt général du club » (La Voix du Nord, 24 avril). Philippe Périlleux, que l’incertitude autour du club semblait inquiéter au plus haut point, semble rassuré de voir que le LOSC se dote enfin d’ambitions : « en ce qui me concerne, j’ai encore deux ans de contrat. Autant les vivre dans un LOSC ambitieux. Cela fait 6 ans que je suis là et, tous les ans, on a laissé entendre que le LOSC voulait devenir un grand club. Et je n’ai jamais rien vu venir. Ce sera peut-être pour cette fois ».
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