Archiver pour novembre 2021
Posté le 11 novembre 2021 - par dbclosc
11 novembre 1920 : l’Olympique Lillois se souvient et se relève
Au lendemain de la guerre, l’Olympique Lillois (OL) compte ses morts : ils sont 76, parmi lesquels trois champions de France 1914. Le deuxième anniversaire de l’armistice est l’occasion de se souvenir de ceux qui sont tombés, en posant la première pierre du monument aux morts de l’OL, et aussi d’ouvrir de nouveaux horizons avec la ré-inauguration symbolique du stade de l’avenue de Dunkerque, abîmé durant le conflit. Pour cette journée à la fois grave et festive, ceux que l’on surnomme depuis tout récemment « les Dogues » invitent leur adversaire favori : la redoutable équipe belge de l’Union Saint-Gilloise.
En 1914, le football nordiste triomphe : en janvier, les « Lions de Flandres », équipe composée des meilleurs éléments de l’Olympique Lillois, de l’Union Sportive de Tourcoing, et du Racing Club de Roubaix, ont brillamment remporté la prestigieuse confrontation Paris/Nord 3-0 ; durant ce même mois, l’équipe de France s’est pour la première fois déplacée hors de Paris, illustration de l’influence grandissante d’Henri Jooris : au stade de l’avenue de Dunkerque à Lille, la France a battu la Belgique 4-3. Et l’Olympique Lillois, champion du Nord, remporte le championnat de France USFSA (fédération à laquelle le championnat du Nord est rattaché), puis remporte le 26 avril le Trophée de France, qui met aux prises les vainqueurs des 4 fédérations.
« Fauchés comme un lapin en plein vol« (©1)
Rien ne semble devoir résister à la domination lilloise sur le football français : « il est à craindre que le trophée national ne revienne de sitôt à Paris », écrit l’Auto au lendemain du triomphe de l’OL, une crainte « parisienne » qui sonne comme la promesse d’un avenir radieux pour le football nordiste. Mais la guerre met un coup d’arrêt à cette domination durable annoncée.
Dans la vidéo ci-dessus, tournée lors de la finale USFSA entre Cette (Sète) et Lille le 5 avril 1914, on voit en blanc les équipiers de l’OL (avec sur la gauche Henri Jooris), parmi lesquels l’ailier gauche Jacques Mollet (3e en blanc en partant de la droite), mort à 25 ans en août 1918, le gardien Elie Carpentier, mort en mars 1915 à 25 ans, et l’avant-centre le Belge Alphonse Six (derrière Carpentier, sur sa gauche), mort dès août 1914 à 23 ans. Comme eux, 73 autres hommes de l’omnisports OL ont perdu la vie entre 1914 et 1918. L’arrière Jean Degouve (derrière le gardien Carpentier, sur sa droite) a quant à lui été amputé durant le conflit (tout comme l’ancien portier de l’OL Zacharie Bâton).
Le Grand Hebdomadaire Illustré, 8 mars 1914
Dans une région occupée durant quatre années, le football, comme le reste, est durement touché. À partir de fin novembre 1918, l’Olympique Lillois parvient à organiser quelques matches : jusqu’au printemps 1919, les principaux adversaires sont des équipes composées de militaires britanniques, ainsi que les traditionnels rivaux de L’UST et du RCR, qui comptent aussi leurs disparus. Il faut attendre septembre 1919 pour que l’on retrouve une certaine normalité, avec la préparation de la nouvelle saison. À cette occasion, l’OL avait notamment reçu le Daring de Bruxelles, champion de Belgique, et le FC Milan : on en a parlé ici. À l’issue de cette saison 1919/1920, l’OL se classe deuxième du championnat du Nord, derrière Tourcoing. Dans la nouvelle coupe de France, désormais étalon des rapports de force nationaux, le déclin du football nordiste est objectivé par l’élimination de l’OL, dernier représentant nordiste, en quart de finale.
L’Olympique Lillois en mai 1920 (Le Grand Hebdomadaire Illustré, 23 mai 1920)
Depuis la Libération, la presse régionale titre d’un côté sur les difficultés quotidiennes, les visites d’officiels constatant les dégâts, ou des portraits de soldats morts ; et, de l’autre, sur la reconstruction, le culte des « glorieux disparus » (sic) ou le courage des populations locales. Ce mouvement de balancier entre le désir de se souvenir et la nécessité d’aller de l’avant se retrouve au sein de l’OL, qui rallie deux mouvements nationaux : d’une part, le mouvement de construction de monuments aux morts (près de 35 000 sont érigés en France de 1918 à 1935), et d’autre part le mouvement de promotion de la condition physique, avec en prolongement cette idée que des individus en bonne santé forment de bons soldats : la presse sportive, durant le conflit, a largement contribué à diffuser cette représentation en héroïsant le comportement des « soldats-footballeurs », et d’autant plus quand ils en sont morts. L’attitude des sportifs au front justifierait donc qu’on leur témoigne une reconnaissance, en leur offrant de bons équipements comme, par exemple, des stades.
Ceci prend une dimension très concrète le 11 novembre 1920 : à l’occasion du deuxième anniversaire de l’armistice, du cinquantenaire de la IIIe République, et de l’affiliation du 100e club à la Ligue du Nord, un match Olympique Lillois/Union Saint-Gilloise est organisé au stade l’avenue de Dunkerque.
Le Grand Echo, 11 novembre 1920
Saint-Gilles, notre adversaire préféré
L’Union Saint-Gilloise est un adversaire bien connu de l’OL : depuis le milieu des années 1900, de nombreux matches et tournois amicaux ont permis aux deux équipes de régulièrement s’affronter. À une époque où il n’existe pas de coupe d’Europe, ces confrontations internationales constituent l’étalon à l’aune duquel il est possible d’établir une hiérarchie européenne. Avant-guerre, il semble indéniable que l’épicentre du football européen se situe entre l’Angleterre et la Belgique, en passant par le Nord de la France. L’USG est championne de Belgique à 7 reprises entre 1904 et 1914 et est venue remporter à trois reprises le Challenge International du Nord, qui se joue annuellement à Lille, Roubaix et Tourcoing. Cette émulation due à la proximité géographique a probablement permis aux Lillois de conquérir le titre national en 1914.
En Belgique, durant la guerre, les compétitions officielles ont également été suspendues. Mais, comme en France (hormis dans le Nord), l’Union Belge a permis l’organisation de matches et de tournois amicaux, mais à la condition expresse qu’une partie des recettes aille à des œuvres de bienfaisance et permette de fournir aux footballeurs au front du matériel, notamment des ballons. Un article de Sport Magazine en juillet 2014 rapporte que près de 9000 matches ont été organisés, et que les clubs les plus généreux ont été Tilleur, l’Union Saint-Gilloise, et le Standard.
Après-guerre, les liens entre l’USG et l’OL perdurent : en février 1920, l’USG vient gagner 4-0 à Lille (triplé de Robert Coppée et un but de Achille Meyskens) ; le même jour, La Gantoise s’impose 1-0 à Roubaix. Et durant la préparation de la saison 1920/1921, en septembre, le Daring de Bruxelles a gagné à Lille (2-0). On ne se le dit pas encore, mais ces deux défaites confirment le déclin du football nordiste.
Alphonse Six, le trait d’Union (belge)
Ces liens réguliers entre l’OL et l’USG ont permis l’arrivée à Lille d’un de ses plus grands champions : l’avant-centre Alphonse Six, dont on a parlé précédemment avec son apparition dans la vidéo. Né en 1890 à Bruges, Alphonse commence le football l’âge de 16 ans puis est repéré par le Cercle de Bruges. Au cours de la saison 1909/1910, le Cercle termine 3e, à deux points de l’Union Saint-Gilloise et du rival, le Club de Bruges. Alphonse inscrit cette saison-là 27 buts et le sélectionneur William Maxwell, un Écossais, le convoque en équipe nationale en mars : à Anvers, contre les Pays-Bas, il inscrit le but vainqueur de la Belgique au bout de la prolongation (3-2, 119e). La saison suivante, Cercle remporte son premier titre de champion de Belgique, et Six inscrit 40 buts (en 20 matches !), c’est-à-dire plus de la moitié des buts de son équipe ! Ce record tiendra 30 ans et reste aujourd’hui la deuxième meilleure performance du championnat belge. Durant la saison 1911/12, le Cercle ne conserve pas son titre (5e) et Six n’inscrit « que » 23 buts. Mais encore une fois, l’avant-centre s’est fait remarquer : en février 1912, il marque 5 fois lors d’une victoire 6-0 sur le terrain de l’Excelsior Brussels. Il s’agit toujours d’un record du Cercle de Bruges.
À l’issue de cette saison, Alphonse Six reçoit une offre de l’Union Saint-Gilloise. En plus d’un poste de footballeur, l’Union lui propose un emploi de commercial. Mais l’Union Saint-Gilloise, après avoir engagé le footballeur, ne tient pas sa promesse d’emploi, et Alphonse Six refuse alors de jouer avec le club de la capitale. Il est suspendu par la fédération belge ! C’est alors que se manifeste l’Olympique Lillois, très au courant de ce qui se trame et flairant le bon coup : les Lillois, qui connaissent bien le talent d’Alphonse Six, sautent sur l’occasion et engagent le joueur.
Très rapidement, Six éclabousse le championnat de tout son talent et contribue largement au triomphe final de 1914 : il inscrit notamment un doublé à Tourcoing dans l’ultime match du championnat du Nord qui donne le titre à Lille (2-0) ; il inscrit un triplé en demi-finale puis un doublé en finale du championnat USFSA ; puis lors du trophée de France, il marque encore un but en demi-finale et un doublé en finale.
Ancêtre des reproductions de but en dessin par France Football : le croquis de la Vie Sportive. Ici, le premier but de Six à Tourcoing en mars 1914. Quelle frappe imparable !
Mobilisé dès le 1er août 1914 en Belgique, Six aurait été transféré le 15 août 1914 dans un département dont la mission principale était de transmettre des messages entre différentes unités de l’armée. Après la chute rapide des forteresses de Liège, Six et ses camarades auraient été encerclés puis emprisonnés par les Allemands. Là s’est probablement arrêtée la guerre pour lui. Alphonse est officiellement mort le 19 août 1914, à l’âge de 24 ans. Son corps présumé est enterré en 1925 au cimetière militaire de Veltem-Beisem.
Chronologiquement, Alphonse Six est probablement le premier mort de l’Olympique Lillois. Joueur essentiel, sans doute le meilleur joueur de Lille, il était également très apprécié pour sa camaraderie. La presse régionale notait souvent sa bonne humeur, sa sympathie, et relevait combien il « se plai[sait] beaucoup à Lille » (La Vie sportive, 3 mai 1913), dans un club qui l’a accueilli après sa mésaventure avec l’Union Saint-Gilloise et la fédération belge. Premier et seul joueur étranger de l’équipe des « Lions de Flandres », Alphonse Six reste à jamais le premier footballeur belge à avoir remporté un titre de champion à l’étranger (même si Lille, c’est pas à l’étranger, mais on se comprend). Seule ombre au tableau : ses mésaventures en Belgique l’ont banni de la sélection nationale. Dans un ouvrage de référence publié en 19792, l’historien Richard Henshaw évoque Alphonse Six comme étant « le meilleur joueur belge de la période avant-guerre (…) Il fut souvent considéré comme l’attaquant le plus doué hors d’Angleterre ».
Alphonse Six avec le maillot du Cercle de Bruges
Le championnat belge de première division a perdu 26 de ses joueurs sur le front, dont 6 jouaient au Cercle de Bruges. La direction du Cercle a élevé en 1921 un monument à la mémoire de ces disparus, sur lequel apparaissent en réalité 27 noms : y figure celui d’Alphonse Six.
Voilà, dans les grandes lignes, dans quel contexte arrive ce 11 novembre, et comment se justifie la venue de l’USG : par le prestige de l’adversaire bien sûr, et aussi pour contribuer à retrouver un semblant de normalité dans une région et chez une population durement éprouvées.
Solennités et festivités
La journée est également notable pour le stade de l’avenue de Dunkerque en lui-même : c’est la ré-inauguration symbolique du terrain, dont on se sait pas trop à quoi il a servi durant la guerre, mais on l’a retrouvé fort dégradé. Les tribunes et les bas-côtés ont été réaménagés, et la presse régionale salue l’effort des dirigeants lillois, qui se donneraient ainsi les moyens de rivaliser avec l’élite des sportifs : « en pénétrant cet après-midi dans les nouvelles installations de notre grand club local, les Lillois pourront admirer l’effort considérable entrepris par les dirigeants de l’Olympique pour doter leur club et par conséquent notre ville d’un de ces terrains de jeux, que nous avons trop longtemps enviés aux Anglais et, par la suite, à nos amis les Belges (Le Grand Echo, 11 novembre).
Le Miroir des Sports, 18 novembre 1920
À 14h15, le public, nombreux (5000 personnes malgré un temps est « maussade et brumeux » selon le Miroir des Sports), a droit à une démonstration de « push-ball », que Le Miroir de Sports traduit par « pousse-ballon ». Le Push-Ball, « sport [qui] fait fureur en Amérique » est présenté « un intermède des plus amusants » (Le Grand Echo, 12 novembre), « dont les règles présentent quelques points d’analogie avec le football. Une différence essentielle cependant réside dans le diamètre de l’engin monstre qui sert au push-ball et dénommé également ballon. Le ballon en question qui doit avoir deux mètres de diamètre. On peut, dès lors, se représenter la joie des spectateurs à la vue d’un tel mastodonte que deux équipes de petits Jeunes gens s’efforcèrent, de malmener sous la direction de De Veen, de l’OL. Cet amusant intermède obtint un vif succès. Aucun résultat ne put être obtenu, aucune des équipes n’ayant réussi à pousser le ballon dans les buts adverses » (Le Grand Echo, 13 novembre).
Le Grand Hebdomadaire Illustré, 21 novembre 1920: ça a l’air bien plus amusant que toutes les animations à la con du stade Pierre-Mauroy
Puis arrive le moment solennel de l’après-midi : à 14h30, les clairons sonnent « aux champs », et M. Naudin, préfet du Nord, fait son entrée sur La Marseillaise. Face à ce qui est pour l’instant une maquette du monument à venir (qui sera officiellement inauguré en avril 1923), le président Henri Jooris, dans un « émouvant discours » (L’Auto, 12 novembre) rappelle ce que l’OL, vainqueur du trophée de France en 1914, a perdu durant la guerre, et notamment bon nombre de ses sportifs qu’il nomme « martyrs ». M. Naudin, à son tour, rend hommage à ces sportifs, puis saisit la truelle qu’on lui tend afin de procéder à la pause de la première pierre du monument aux morts de l’OL. Le général Lacapelle fait de même. Puis M. Grumeau, président de l’Union Saint-Gilloise, dépose sur le monument une gerbe de fleurs, « délicat hommage des Saint-Gillois à leurs amis de Lille » (Le Grand Echo, 12 novembre).
Le Miroir des Sports, 18 novembre 1920
Il ne s’agit pas seulement d’avoir un bon terrain de football : ce stade est censé être multisports, et être ainsi un outil au service d’une idéologie nouvelle, celle de la célébration de la culture physique et sportive, par laquelle doit passer la reconstruction du pays. Cette dimension plurielle s’illustre dès cet après-midi du 11 novembre : outre le match de football et la démonstration de push-ball, est organisé un cross-country de 8 kilomètres (avec des athlètes du Racing Club d’Arras et de l’Olympique Lillois), dont le départ est donné juste avant que les joueurs des deux équipes ne pénètrent sur le terrain. Les coureurs s’échappent par un coin du terrain dans une sortie aménagée à cet effet.
Les Belges confirment leur supériorité
L’entrée des joueurs belges est accompagnée d’une Brabançonne. Les dirigeants de l’OL remettent au capitaine de l’USG une palme d’or « en témoignage de l’amitié qui unit les deux clubs » (Le Grand Echo, 12 novembre).
Les Lillois alignent la composition suivante : Lebrun ; Leclercq et M. Vignoli ; Courquin, Buzza et Gravelines ; Montagne Duponchelle, De Veen, Ruyssen et H. Vignoli.
La composition de l’USG aux « couleurs bleu-ciel, parements or » : Leroy ; Vergeylen, Godseels ; Delville, Cnudde, Dumont ; Van Hege, Saint-Jean (dit Foulon), Meyskens, Musch, Hebdin.
Le Grand Echo, 11 novembre 1920
Le Grand Echo note un début de match favorable aux Lillois. Preuve en est : ils obtiennent rapidement un corner. Mais « bientôt, les Belges sont en action et, sans trop s’employer, prennent le gouvernail ». Vers la 10e minute, le match est interrompu « pour permettre aux crossmen de réapparaître sur le terrain » : et c’est Trichard qui, « d’une belle foulée », termine en tête !
Le Miroir des Sports, 18 novembre 1920
Aux alentours de la 22e minute, les Belges marquent grâce à une reprise de Joseph Musch sur centre de Luigi Van Hege : surpris, Lebrun laisse passer entre ses jambes. Selon le Grand Echo, le gardien lillois est « en faute » et « responsable » de ce but. Par la suite, il « rachètera par de nombreux arrêts sa faute du premier time ».
Le Miroir des Sports, 18 novembre 1920
En seconde période, les Belges poursuivent leur domination et, à un quart d’heure du terme, Achille Meyskens se débarrasse des défenseurs lillois et marque de près un deuxième but. Les Belges s’imposent 2-0, une victoire que la musique de la 1e division accueille par une nouvelle Brabançonne.
Selon le quotidien régional, « les meilleurs furent, pour les Saint-Gillois, Musch, Hebdin, Meyskens et Leroy ; chez les Lillois, Lebrun, après s’être rendu responsable du premier point, a fait une seconde mi-temps superbe. M. Vignoli, Courquin, Buzza et Duponchelle, ce dernier surtout, ont fait une excellente impression ».
Le Miroir des Sports, 18 novembre 1920
Au stade des questionnements
Le lendemain, le quotidien nordiste donne quelques considérations supplémentaires sur l’oeuvre qu’on doit à MM. Cockempot et Colin : « en entrant sur le terrain, le coup d’œil est ravissant ; l’ancien ground transformé est méconnaissable (…) La tribune primitive s’est doublée d’une autre tribune qui font corps au moyen d’une élégante tourelle centrale du meilleur effet. Les autres enceintes entourant la surface de jeu ont été conçues pour assurer au public l’emplacement le plus vaste, avec le maximum de visibilité de par la disposition de ces enceintes en gradins larges et commodes. Quant au terrain-même, il représente ce qui peut être fait de mieux dans le genre. La pelouse, savamment travaillée, est très fournie en herbe drue et d’une parfaite planimétrie. Sur ce sol élastique, soigneusement entretenu, toutes facultés sont offertes aux athlètes pour pratiquer leurs sports préférés dans les conditions les plus favorables et, par conséquent, les plus propres à améliorer sans cesse la qualité vers laquelle tous les efforts doivent tendre en vue d’assurer à notre pays — et à notre région, — la place d’honneur dans l’athlétisme mondial » (Le Grand Echo, 12 novembre).
Cet alléchant programme aura bien du mal à se concrétiser. Si la guerre a éloigné le football de l’étiquette aristocratique qu’il pouvait encore avoir, et si elle a permis de prendre la mesure de l’implication des footballeurs dans l’effort national, et d’ainsi les faire reconnaitre (eux et leurs clubs) comme des acteurs qui méritaient réparation et reconnaissance, elle a mis un sacré coup d’arrêt aux performances footballistiques de la région la plus touchée par l’occupation et les privations. Et la qualité des infrastructures, alors que se profile aussi le projet d’un « grand stadium » à Lille (déjà !), ne suffit pas à combler le retard pris sur les adversaires parisiens et sudistes, qui prennent progressivement le relais du leadership national. L’Olympique Lillois s’apprête à vivre une grosse décennie très ordinaire, seulement jalonnée de quelques titres régionaux.
Notes :
1 Tous droits réservés à Thierry Roland
2 Richard Henshaw, The Encyclopedia of World Soccer, Washington, D.C., New Republic Books, 1979