Posté le 16 février 2022 - par dbclosc
Claude Guedj, le président intérimaire
C’est un des records nationaux que détient toujours le LOSC : le mandat présidentiel le plus court de l’élite française. Lors de l’intersaison 1990, après les rebondissements liés à l’éventualité d’une reprise du LOSC par Bernard Tapie, c’est finalement Claude Guedj qui arrive à la tête du club. Il va vite signer un « record à l’envers » : 13 jours de présidence. Pour la stabilité du club, on verra plus tard.
Rappel des faits : en 1990, le ton de la mairie a soudainement changé à l’égard du LOSC. Le début de mandat (suite aux élections municipales de 1989) ayant conduit à la nomination de Paul Besson aux sports (et donc à la présidence officieuse du LOSC) a été marqué par des roucoulades entre le club et la mairie, qui ont se sont rapidement estompées pour faire apparaître une réalité qui n’envisage pas vraiment un avenir commun. La mairie en a assez d’éponger la dette, et aimerait que le LOSC se trouve un repreneur privé. Après bien des atermoiements, c’est le groupe Tapie, représenté localement par Bruno Flocco, qui a semblé devoir tenir la corde pendant quelques semaines, plutôt que le groupe régional représenté par Luc Doublet, considéré comme peu crédible : on a traité ce rapprochement dans ce premier puis ce deuxième article.
Guedj, le troisième homme
La piste s’étant évaporée, pour des raisons pas complètement déterminées (un mélange entre une estimation de la situation du LOSC plus compliquée que prévue, le manque de garanties financières du repreneur pressenti, et la méfiance de la mairie à l’égard de méthodes jugées trop brutales, comme en ont témoigné les quelques prises de parole publiques de Flocco), le nom d’un troisième homme apparaît alors : celui de Claude Guedj.
Claude Guedj est le PDG de CRIT-Interim, qui compte 3 000 salariés et revendique un chiffre d’affaires de 10 MF. Selon les informations de la Voix du Nord (19 mai), il envisagerait de conserver la structure de la SAEM en l’état, et souhaiterait un montage financier « équilibré » (tant qu’à faire) au sein duquel ville et collectivités locales maintiennent leurs participations. Curieusement, on n’entend plus parler de la dette abyssale du LOSC : faut-il comprendre que la mairie l’a une nouvelle fois réglée ?
Ce n’est pas encore officiel, mais il semble bien que Claude Guedj soit le futur président du LOSC. Il est interviewé dans l’édition du 19 mai.
Êtes-vous d’ores et déjà le futur président du LOSC ?
Il reste encore quelques points de détail à régler, mais c’est en très bonne voie.
Quel est votre plan ?
Il est trop tôt pour en dévoiler les grandes lignes. J’ai l’intention de me rendre à Lille, lundi ou mardi, afin d’étudier la situation sur le terrain. L’objectif est d’assainir et de renforcer. Si je prends les rênes, il faudra que les gens suivent. Il y a besoin d’un grand coup de fouet.
Faut-il s’attendre à un coup de balai ?
Si je prenais à la lettre tout ce que j’ai entendu jusqu’ici, il faudrait se séparer de tout le monde. Mais je ne vous cache pas que ce qui est entré par une oreille est ressorti par l’autre. J’arriverai au LOSC sans idée préconçue. Je considère, de toute façon, que ces problèmes sont secondaires dans l’immédiat.
N’avez-vous pas le sentiment d’arriver tard ?
Un peu, mais ce n’est pas de mon fait. Des dossiers comme ceux-là demandent du temps. J’ai d’ailleurs dû accélérer la cadence ces derniers jours afin que les choses avancent dans le bon sens.
Comment allez-vous gérer le LOSC ?
Les comptes indiquent qu’il faut 60 millions de francs par an pour boucler, sans déficit, le budget losciste. Et l’on s’aperçoit que, chaque année, il manque 15 millions de francs. Le premier rôle du président sera de réunir cette somme. Puis d’appliquer des méthodes d’entreprise.
Et si l’on vous dit recrutement, que répondez-vous ?
Qu’il faut définir le montant de l’enveloppe nécessaire. Il est certain que nous prenons le train en marche. J’ai, pour ma part, une ou deux touches. D’autres s’y ajouteront.
Vos sociétés ont-elles des ramifications dans le Nord ?
Nous avons une dizaine d’agences à Valenciennes, Dunkerque, Lille, Béthune, Maubeuge. Plus une entreprise de robotique et une autre de nettoyage industriel dans la région de Douai.
La planche à voile, c’est également vous ?
Avec la CRIT D2, nous avons été trois années de suite champions du monde. En 83, nous avons aussi trusté les titres nationaux dans de nombreux pays.
Avez-vous pratiqué le sport ?
En compétition, uniquement la course à pied. J’étais un spécialiste du 1000m. Mais j’ai approché d’autres disciplines dans ma prime jeunesse, comme le football.
Cette dernière activité est devenue une passion chez vous ?
Je ne fais jamais rien si je ne me sens pas attiré au départ. Il faut que j’aime pour me donner pleinement. Ceci étant, il convient de garder la tête froide, compte tenu des enjeux à défendre.
Quel est votre trait de caractère principal ?
Je suis ch… et très mauvais perdant ! »
Un constat s’impose : on ne risque pas d’être submergés par le flot d’informations. On espère que les journalistes de la Voix du Nord en sont conscients et qu’ils publient ce type d’entretien pour justement mettre en avant, sans le dire explicitement, la vacuité du propos.
Un chef pour cheffer
Quoi qu’il en soit, l’arrivée de Claude Guedj, ne serait-ce que parce qu’elle signifie que le LOSC aura un président et qu’il y aura sûrement du changement, est perçue positivement dans la Voix des Sports (21 mai) qui, via André Soleau, se fend d’un éditorial intitulé « Chef d’orchestre » vantant l’idée d’un homme à poigne qui viendrait remettre de l’ordre dans la maison LOSC : et quoi de mieux pour cela qu’un spécialiste du nettoyage et du gardiennage ? On lit ainsi : « le porte-drapeau du football nordiste avait besoin qu’on le lave, qu’on le gratte, qu’on le décape, qu’on le récure, qu’on le ravale ; bref : qu’on le purifie. Autant utiliser les services d’un spécialiste-maison et qu’on supprime les frais de déplacement ». Le programme est vaste : « s’accommoder du passif, moderniser les structures, consolider le capital joueurs, recréer un climat de confiance, se débarrasser d’une étiquette de looser ». Puis vient le moment de l’appel à l’homme providentiel, qui détiendrait dans sa personne un « pouvoir » qu’il parviendrait à imposer : « contrairement à ce que pensait l’ancienne équipe dirigeante, le pouvoir se mérite et ne doit pas se diluer dans des directions collégiales et des réunions-dortoir où chacun refait le monde entre le saumon fumé et les profiteroles. L’homme fort doit imposer pour mieux mobiliser (…) Le phénomène Tapie en est la vivante illustration. Le personnage est discutable, mais on ne peut nier son efficacité ». Nous ne manquerons pas de signaler que si ce genre de propos concernait la politique, ce serait drôlement flippant, mais soyons indulgents et considérons qu’il faut voir dans le désir de pouvoir personnel une critique du fonctionnement actuel du LOSC, dont le fonctionnement institutionnel semble avoir pour effet de de neutraliser mutuellement ses composantes, et donc de paralyser toute avancée du club. Alors André Soleau penche pour le pouvoir solo, tel un De Gaulle fatigué par les lourdeurs de la IVe République et qui met en place une Constitution qui attribue des pouvoirs prépondérants au président de la République, parce qu’il faut bien avancer. Selon l’éditorialiste, la méthode du chef a déjà fait ses preuves : il attribue la récente résurrection des basketteurs de Gravelines aux « coups de sang de Jean Galle », et l’aventure de Valenciennes (qui a joué les barrages d’accession à la D1) aux « colères de Georges Peyroche ». Et tant pis si cela génère quelques excès car « la principale faiblesse du LOSC, ces dernières années, fut d’être inodore et incolore (…) mieux vaut les odeurs fortes du renouveau que l’antichambre aseptisée du néant ».
Caricature de Honoré Bonnet, La Voix des Sports, 21 mai 1990
Les joueurs sont partis en vacances sans savoir où va le club, comme Alain Fiard : « je ne sais pas où l’on va. En fait, je ne me sens pas trop concerné par cette affaire. Je ne sais pas ce que comptent faire les repreneurs, mais je ne risque pas grand chose : je suis en fin de contrat. Je ne suis pas demandeur mais néanmoins prêt à discuter ».
Claude Guedj entre Paul Besson et François Sénéchal. Patrick Robert semble plus soucieux…
Claude Guedj « entre en présidence » lundi 21 mai 1990, ce qui n’est pas encore une officialisation, mais une première prise de contact. Il reçoit à 10h30, au stade Grimonprez-Jooris, Georges Honoré, Bernard Gardon et Jacques Santini, de retour de prospection au Danemark. Paul Besson fait l’intermédiaire et le guide. La Voix du Nord rapporte que ces hommes ont fait un « tour d’horizon » des chantiers du club. Entre autres : les transferts et la fidélisation du public. Claude Guedj demande « une note » pour vendredi. Et, avant de filer au Havre pour des affaires, il accorde un nouvel entretien au journal (22 mai).
Maintenant que vous avez fait le tour du propriétaire, dîtes-nous ce qui vous a attiré à Lille ?
Plusieurs raisons ont dicté mon choix. Lille n’est pas loin de Paris et comme j’ai beaucoup d’activités dans la région, je pourrais me rendre libre assez souvent. Par ailleurs, je crois que le Nord a un très fort potentiel au niveau du public. Enfin, j’ai préféré repousser les offres précises qui m’avaient été faites par l’OGC Nice, en raison des prises de position de Jacques Médecin. Compte tenu de mes origines, il était impossible que je sois en harmonie avec le club et le maire de la ville.
Vous parlez du public losciste : qu’attendez-vous de lui ?
Je ne suis pas convaincu que tous les Lillois se rendent vraiment compte de la chance qui est la leur de posséder un club évoluant en première division. Il faut davantage de monde au stade, plus d’abonnés. Nous allons nous y employer.
Mais pour cela, il est nécessaire d’améliorer le rendement de l’équipe, non ?
Recruter est indispensable mais il est trop tôt pour citer des noms. J’ai quelques contacts avec des joueurs français et étrangers. Ceci étant, il ne faut pas se précipiter. Il sera toujours temps d’effectuer les choix appropriés, le moment venu. Y compris après le début de la saison.
Quelle position souhaitez-vous adopter vis-à-vis des gens en place ?
Ils sont là et j’ai le souci de travailler avec eux. À la condition, évidemment, qu’ils acceptent de suivre le changement qui va s’opérer. Pour l’instant, je garde donc le staff tel qu’il est mais je lui demande de modifier ses méthodes. De ne plus se comporter comme à l’époque des anciens dirigeants.
Quelle perspective avez-vous pour le LOSC ?
Je veux le voir progresser. Doucement d’abord, puis plus nettement. Mais il faudra pour cela que tout le monde mette la main à la pâte. Les industriels, les entrepreneurs, etc. La ville, elle, a déjà beaucoup donné. Est-ce vraiment normal que les collectivités soient à ce point sollicitées ? Le véritable football professionnel a besoin d’indépendance. Il est trop facile d’aller, sans cesse, frapper à la porte de la mairie en disant : il nous manque tant.
Que pensez-vous de la situation financière du club nordiste ?
Il y a plus mauvais que cela.
Quel sera le montant de votre participation ?
Si le prochain budget n’est pas bouclé, il sera du ressort du président d’apporter la différence. Ce sera une partie de ma participation.
À quand fixez-vous les prochaines grandes échéance loscistes ?
Il est toujours délicat de donner des objectifs précis. Mais si l’on doit penser à réussir, l’échéance européenne de 1992-1993 me semble intéressante. Quelqu’un me faisait remarquer aujourd’hui que, dans un rayon de 300 kilomètres autour de Lille, il y avait 60 millions d’habitants. Vous voyez qu’il y a vraiment quelque chose à faire !
Avec qui avez-vous l’intention de diriger la manœuvre ?
Nous allons former une équipe avec le Dr Paul Besson, Jean-François Duprez et François Sénéchal. Théoriquement, Bruno Flocco doit aussi participer. Mais j’espère qu’il y aura d’autres hommes de bonne volonté. Je tiens à ce que ce comité de direction reste ouvert. Je le répète, toutes les contributions seront les bienvenues. Le club lillois a fait l’objet de beaucoup de critiques, depuis quelques années. Il est temps de lui donner une autre image. Nous sommes là pour relever ce pari.
Comme ce n’est pas encore très précis, et que le seul effet est que Jocelyn Angloma fait jouer sa clause libératoire, le mouvement va venir d’un joueur.
Périlleux donne l’alarme
Dans la Voix du Nord du 23 mai, Philippe Périlleux exprime au nom des joueurs son exaspération face aux incertitudes sur l’avenir du club et de ses équipiers.
Quel goût vous laisse la saison écoulée ?
Une fois de plus, nous sommes passés à côté de choses intéressantes. En coupe de France, où nous aurions dû retrouver Marseille, et en championnat où cette 17e place me reste en travers de la gorge.
Le problème numéro 1 a été le comportement de l’équipe à l’extérieur. Comment l’analysez-vous ?
J’y vois deux raisons principales. Primo, dans l’esprit, nous n’avons jamais eu la préparation adéquate. Deuxio, certains n’ont pas fait ce qu’il fallait. Les erreurs défensives ont été beaucoup trop nombreuses.
Ce qui signifie que l’effectif était déséquilibré ?
Absolument. En début de saison, le principal souci des dirigeants a été de diminuer la masse salariale. Le LOSC restait sur une 8e place et d’aucun ont cru que la carte jeunes, ajoutée à des renforts de niveau deuxième division, allait suffire. On a vu le résultat. Qu’on me comprenne bien : l’intégration des jeunes peut être une bonne chose, mais à condition de ne pas en appeler trop et de ne pas leur confier des postes-clés. C’est bien beau de s’extasier en disant que Lille a la plus jeune défense centrale du championnat, mais ça ne donne pas de points.
Pour vous, le risque était trop grand ?
Dans le contexte difficile de la fin de championnat, par exemple, fallait-il lancer lancer un stoppeur de 17 ans ? Même si Fabien Leclercq est prometteur, même si Eric Decroix, à un poste de libéro où il faut une expérience consommée, a effectué d’énormes progrès, même si Oumar Dieng a fait le maximum, je suis obligé de constater que nous avons, sans cesse, évolué sur le fil du rasoir. Et je me pose des questions. Pourquoi a-t-on systématiquement repoussé Eric Prissette ? Pour beaucoup de joueurs, cette mise à l’écart restera une énigme. Le cas de Jean-Luc Buisine est un peu différent, mais lui aussi aurait été utile.
Bref, tout n’a pas été comme vous le souhaitiez ?
Il y a 6 ans que je suis là et, chaque saison, je fais le même constat. Le bilan est plus que mitigé, les promesses sont toujours pour le lendemain : je suis un peu fatigué de tout cela.
D’autant qu’il y a eu, ces derniers mois, d’autres situations mal réglées. L’affaire du joker, par exemple, a beaucoup amusé mais ça n’a pas fait de bien. Et je ne m’explique toujours pas comment on n’a pas agi différemment dans le cas d’Erwin Vandenbergh. Tout le monde a été perdant. Le joueur, dont le rendement n’a pas été à la hauteur, le club qui a perdu pas mal d’argent puisqu’il s’agissait du plus gros salaire, et l’équipe, qui a joué avec une attaque amoindrie.
Christophe Galtier a souligné le manque d’ambiance cette année. Partagez-vous cette opinion ?
Oui. S’il n’y a jamais eu de problèmes majeurs dans le groupe, il existait quand même plusieurs clans, essentiellement à cause de certaines épouses de joueurs qui ne s’entendaient pas. Mais le club aurait pu faire un effort, apporter sa pierre à l’édifice. Georges Heylens, par exemple, organisait des soirées pour resserrer les liens. Rien de tel, cette fois.
Comment voyez-vous l’avenir ?
Tout va dépendre des décisions à venir. J’ai appris que Jocelyn Angloma partait pour le PSG. Je sais que l’on a fait à Alain Fiard des propositions indignes de lui. Je n’ai aucune garantie quant au maintien d’Abedi Pelé. Il y a vraiment de quoi être inquiet, car le LOSC s’en est sorti de justesse cette année. Autant dire que la voie est toute tracée si on agit comme l’an dernier en recrutant uniquement des joueurs venant de la seconde division.
Où se situent les besoins ?
Il faut revoir l’axe complet de l’équipe et, à partir de là, effectuer quelques retouches sur les côtés. Mais il est nécessaire d’agir vite. De ne pas, une fois de plus, travailler sur le moyen terme.
Un tel projet vous motiverait ?
Bien sûr. Si l’on m’assure que les meilleurs éléments seront conservés et qu’on va y ajouter untel et untel, je serai ravi. Mais pour l’instant, le silence est toujours de rigueur.
Vous le regrettez ?
Et comment. Les joueurs sont directement concernés à ce que je sache. Pourtant, on les laisse de côté. Nos informations, nous les puisons dans les journaux. Après le dernier match à Caen, nous avons seulement eu droit à quelques mots dans le bus. Point final.
Quelle est votre position vis-à-vis des propositions dont vous faites l’objet ?
J’aimerais en parler avec qui de droit, mais à quelle porte faut-il frapper ? Je sais que, jusqu’ici, la réponse du club a toujours été « Périlleux n’est pas transférable ». Bordeaux a téléphoné plusieurs fois, le PSG a proposé 7 millions de francs, d’autres ont manifesté leur intérêt. Sans que je sois, au moins, tenu au courant par les dirigeants.
Vous regrettez d’avoir signé un contrat qui court encore sur deux ans ?
Aujourd’hui, je m’en mords les doigts. Parce que je n’ai aucune certitude quant à la volonté de bâtir, enfin, un LOSC différent. Et aussi parce que crains d’avoir beaucoup de regrets plus tard. Je suis à un âge où il n’est plus temps de tergiverser. J’accepte les responsabilités, je me connais mieux, et j’ai vraiment envie de connaître autre chose que des saisons en demi-teinte. Alors, ou le LOSC comprend mes ambitions et me laisse partir, ou il met les moyens pour construire une équipe capable de tenir un rang intéressant.
Avez-vous quelque chose à dire aux repreneurs ?
Une seule : qu’ils m’appellent !
L’appel de Philippe Périlleux a été entendu : une réunion a été organisée entre lui-même, Claude Guedj, Paul Besson (ville), François Sénéchal (La Redoute), Bruno Flocco (Testut) et l’avocat Guy Lefort qui avait notamment défendu le club lors de « l’affaire Pelé ». Sans Bernard Gardon, donc, laissé à l’écart. Mais on ne sait pas vraiment ce qui s’y est dit. L’urgence, pour le moment, est que l’organigramme ait une existence légale : une assemblée générale est convoquée pour réunir le conseil d’administration de la SAEM. On devrait alors arriver à début juin et, d’ici là, Claude Guedj annonce qu’il souhaite être parvenu à susciter un élan du côté des entreprises régionales. Un doute survient alors : cela signifie que les apports de La Redoute et d’Auchan ne suffisent donc pas ? Ou que les deux partenaires ne comptent pas aller plus loin ?
La Voix du Nord rapporte aussi que Gardon, « déconnecté », aimerait savoir où il va, et que s’annonce une rencontre Guedj/Santini.
Recrues : de vagues pistes
Du côté des transferts, les premières rumeurs circulent : l’OM voudrait Pelé et propose 2M + Meyrieu + Thys + Vercruysse + un emplacement à l’année sur le Vieux Port pour le navire LOSC à la dérive. Guedj tente de se montrer ferme dans un premier temps, puis accepte un rendez-vous à Paris avec Bernard Tapie le 27 mai. Le « manager » du Ghanéen, Christian Durancie, sort la même rengaine que lors de l’intersaison précédent: « à deux reprises, dans le passé, il a dû évoluer sans être au mieux moralement. À Mulhouse, où il ne se plaisait pas, et au stade Vélodrome, au temps de la concurrence avec Foerster et Allofs. Or, dans ces cas-là, il perd toute sa spontanéité. Les Lillois feraient bien d’y réfléchir ». Les Lillois, désormais échaudés par le rendement de Vandenbergh lors de la saison écoulée, seront peut-être moins intransigeant que l’été dernier.
Du côté des recrues, le nom de Robby Langers revient : luxembourgeois, il engagé pour encore deux ans à Nice, avec qui il vient de marquer 17 buts. Nice n’a pas encore terminé sa saison : les Aiglons sont en effet engagés dans les barrages, pour leur survie dans l’élite. Et, par ailleurs, il se murmure que le club est de toute façon menacé de rétrogradation administrative. Guedj, qui a ses entrées à Nice, où il est le sponsor principal, est ainsi à l’affût et souhaite s’investir personnellement sur ce dossier qu’on dit bien avancé. On entrevoit pour la première fois de la part de Guedj un éventuel apport au club.
Mais, problème : après avoir perdu en barrage aller à Strasbourg (1-3), Nice s’impose au retour 6-0, avec en première période un quadruplé de… Robby Langers. Or, Lille a besoin d’un avant-centre mais du genre « qui marque pas trop de buts quand même », car sa côte risquerait vite d’atteindre un montant à la hauteur duquel le LOSC ne pourra pas s’aligner.
Tout cela reste tout de même extrêmement confus. Alors que l’arrivée d’un nouvel homme, supposément fort, était censée clarifier le présent du LOSC, à défaut de l’avenir pour le moment, la situation est plus brouillonne que jamais. Comme souvent, c’est le moment que choisit Georges Heylens, avec qui les relations avec la Voix du Nord doivent être très bonnes, pour jeter un regard amer sur ce qui se passe : « ce qui arrive aujourd’hui n’est que la continuité de ce qui a été brisé à mon départ. On ne peut impunément bâcler les choses comme cela a été fait et jeter par la fenêtre ce qui avait été patiemment mis en place sans qu’il y ait des retombées » (28 mai).
Les premiers doutes
Dans Nord-Eclair (2 juin), on peut lire : « quel mépris ! On avait craint l’arrivée de Bernard Tapie et de ses méthodes expéditives. Mais au moins auraient-elles eu le courage de la clarté. Or, aujourd’hui, tout est flou. Mais, depuis l’arrivée de Claude Guedj, les valeurs essentielles qui donnent son identité à notre région n’en sont pas moins oubliées, ignorées, bafouées ». Bruno Flocco se retire discrètement.
Le 5 juin, les nouvelles autour du club ne sont pas meilleures : Claude Ghidalia, patron de RMGP, qui a assuré la régie publicitaire du LOSC depuis 2 ans, annonce son départ et le justifie en évoquant la mauvaise voie qu’est en train de prendre le LOSC : « pour construire, il faut connaître parfaitement le milieu du football, ce qui n’est pas le cas de Claude Guedj. A-t-on déjà vu un chef d’orchestre ignorant les notes de musique ? Je m’aperçois qu’il n’y a pas de stratégie, pas de clarté (…) On a reproché à la solution Bernard Tapie de ne pas être nordiste. Mais Claude Guedj est implanté à Paris à ce que je sache (…) Qui a mis en relation Claude Guedj et Paul Besson, alors que d’autres processus étaient engagés ? Le premier, avec qui j’ai des relations commerciales, m’a appelé pour me demander de lui ménager une entrevue avec le second. Deux heures après, c’était fait, et, quelques jours plus tard, Claude Guedj était sur le devant de la scène. Paul Besson s’est tellement pressé que je me demande s’il avait encore la possibilité d’agir autrement. J’ai d’ailleurs conseillé à Claude Guedj, s’il est coopté, de s’entourer d’un maximum de garde-fous (…)
Il fallait réunir 50 entrepreneurs à 1 MF par an sur une durée de 2 saisons, et leur proposer un concept de communication qui leur permette d’avoir un retour sur investissement. Sous le sigle EPN (Entreprises Pour le Nord), il était possible de les fédérer, en tenant le langage de la vérité. La formule de l’ASR (association à statut renforcé) qui engage la responsabilité des dirigeants du club comme dans une entreprise commerciale, est très motivante. Les décideurs auraient suivi (…) On ne distingue aucune ligne directrice, ni sportive, ni financière. Les annonceurs sentent ça. Certaines entreprises venues sur mon nom ont perdu toute confiance. Le crédit et l’image sont altérés. Je suis persuadé que ceux qui se font des papouilles à la direction du club, qui se donnent du « cher ami » seront divisés avant 3 mois. Ils la joueront alors sur le thème « c’est pas moi, c’est lui » ».
En dépit de ce contexte, Claude Guedj est officiellement investi nouveau PSG de la SAEM, c’est-à-dire président du LOSC, le 5 juin 1990. Il annonce la nomination à ses côtés de Paul Besson au poste de directeur général adjoint, et de François Sénéchal à celui de vice-président. Jean-François Duprez et Guy Lefort deviendront aussi vice-président lors de la prochaine AG du club, le 25 juin. Santini, Honoré et Gardon sont maintenus, et donc on peut enfin se tourner vers l’avenir, avec une enveloppe de recrutement comprise entre 9 à 12 MF pour 2 ou 3 joueurs, dans l’éventualité où Lille garderait tout le monde : « on ne va pas loin avec ça » commente la Voix du Nord, rabat-joie. On sait désormais que Langers est trop cher : foutus barrages. La direction du LOSC vise une place dans les 12 premiers, et finir 10e serait « merveilleux »
Le LOSC dans l’impasse
Depuis plusieurs semaines, on annonce que le LOSC va tourner le dos à des années de gestions moyenne et de manque d’ambition sportive. Mais au-delà des discours annonçant des changements à une date indéterminée, on ne voit concrètement rien venir. Aucune information ne filtre sur les finances du club, sur sa dette, et sur les apports de la nouvelle équipe de direction. Pire : le club perd ses joueurs et ses partenaires, et les administratifs subissent reproches sur reproches de la part du nouveau président. Début juin, c’est cette fois Christophe Galtier qui fait valoir une clause dans son contrat lui permettant de racheter sa dernière année lilloise pour 1MF : « il a préféré la sécurité à l’aventure, le palpable à l’hypothétique » (8 juin). À une époque où les mouvements de joueurs sont bien moins nombreux que de nos jours, le coup est rude, après le départ d’Angloma. On craint alors une réaction en chaîne : Fiard, qui est en fin de contrat, a donné un accord de principe pour une prolongation, mais conditionnée au maintien de certains joueurs, dont Galtier. Le LOSC n’a pas d’attaquants, et perd ses défenseurs. Et on ne sait toujours pas ce que fera Pelé, pour qui Marseille vient de transmettre une offre de 12 MF qui, eu égard à la situation du LOSC, mérite tout de même d’être étudiée.
On apprend en outre que les salaires de mai n’ont pas encore été honorés. Le ton change alors dans la presse, où l’excitation de la nouveauté laisse place à l’inquiétude et à un certain agacement : « il est évident que le LOSC n’a aucune chance de sauver sa peau si l’on continuer à le miner de l’intérieur, à confier des leviers de commande à des gens qui n’ont pas la moindre idée des pratiques les plus courantes et multiplient les erreurs grossières comme s’il s’agissait de jouer au chamboule-tout » (8 juin).
André Soleau commet un nouvel éditorial, cette fois intitulé « Au feu ! » (8 juin). Selon lui, « l’existence même des Dogues est menacée. Les joueurs quittent le navire ». Mais on reconnaît la qualité d’un éditorialiste à soudainement vouer aux gémonies les hommes que l’on portait aux nues quelques jours avant, alors que rien n’a fondamentalement changé, hormis la direction du vent : « les deux décideurs sont Claude Guedj et Paul Besson. Ils ne connaissent pas grand chose des pratiques en vigueur dans le football professionnel. Pour ainsi dire, rien. Or, c’est sur eux que repose toute la stratégie puisque Santini et Gardon ont été, plus ou moins officiellement, écartés. On imagine d’ici le tableau :
« je prendrais bien ce grand blond avec une chaussure noire. Qu’en penses-tu ?
Si tu veux Paulo. Mais ça coûte combien ?
Bof ! »
Et dans une dizaine de jours, on reprend l’entraînement… On ne frise pas le ridicule, on nage dedans. Pierre Mauroy annonçait, hier à Paris, qu’il voyait le LOSC européen pour 1993. Nous, nous le distinguons très nettement en deuxième division, en 1991 ».
Il faut croire qu’André Soleau a eu vent de ce qui se trame au sein du club. Dans l’édition du 12 juin, la Voix du Nord rappelle que les salaires de mai ne sont toujours pas versés. Guedj renverrait la responsabilité de la situation vers Besson, en expliquant en qu’il n’a pas à s’occuper de ce qui est antérieur à sa nomination. Ce doit être ça les « méthodes d’entreprise » promises ! En attendant, Claude Guedj fait la tournée des médias pour tenter de séduire le public : invité sur Fréquence Nord, il reçoit même les encouragements, en direct de… Bernard Tapie ! Nanard l’assure : « le nouveau président du LOSC vit un moment qui ressemble à celui que j’ai connu à l’OM quand je suis arrivé. Des moments difficiles dans un monde tourné vers le passé, qui n’accepte pas facilement les nouvelles têtes ». Pas sûr que ce soutien compte dans la région, et les salariés du LOSC apprécieront…
Un dossier avance : deux Nielsen seraient sur le point d’arriver du Danemark. Georges « puisqu’on me demande mon avis, je le donne » Heylens déclare : « quand on va chercher un joueur à l’étranger, il faut prendre du haut de gamme ou rien. Un Eric Prissette, un Jean-Luc Buisine, valent tous les Nielsen du monde. C’était bien la peine de les écarter ! » (15 juin).
Un départ et un record
La reprise du groupe professionnel est prévue lundi 18 juin. Durant le week-end qui précède, la Voix du Nord indique que les joueurs vont être accueillis par le président. Et le doute grandit : « il est permis de se demander si Claude Guedj est l’homme de la situation. Depuis que son nom a circulé dans les couloir de Grimonprez-Jooris, quelles garanties a-t-il données ? Après quelques semaines d’observation, on attend toujours qu’il présente un projet charpenté, voire qu’il trace simplement une ligne directrice. Mais on n’en sait pas davantage, pas plus que l’on connaît le montant de son engagement personnel, ce qui est pour le moins fâcheux » (17 et 18 juin). Tant fâcheux que, dans la journée du dimanche 17 juin, Claude Guedj a finalement donné sa démission, ou disons plutôt qu’il a été prié de partir par les autres membres de la direction.
La Voix des Sports du 18 juin revient abondamment sur l’événement qui est certainement « un record toutes catégories » : officiellement, Claude Guedj sera resté président du LOSC durant 13 jours, un peu plus si l’on prend en compte son arrivée physique. Et il n’aura pas eu le temps de voir le moindre joueur. « Divergences de vue dans les politiques à mener, dans le choix des méthodes et des hommes ? Un peu de tout cela, sans doute » : depuis son arrivée, Claude Guedj n’avait rien modifié, à part le fait d’avoir introduit un management autoritaire et méprisant. Il avait d’abord annoncé 10 MF d’apport personnel, puis 7, puis 3, puis 2… Finalement, il n’a apporté aucune garantie et « à cette allure-là, c’est le LOSC qui aurait fini par lui prêter de l’argent » ; au rayon transferts, on est presque au point mort. L’hebdomadaire sportif considère tout de même que cette éviction bienvenue est due à la modernisation du LOSC : « la nouvelle équipe de dirigeants a compris qu’elle faisait fausse route. Elle a reconnu son erreur et tranché aussitôt dans le vif. Nul ne s’en plaindra. Naguère, ce genre de plaisanterie coûtait des années d’errance (…) l’arrivée de quelques chefs d’entreprises régionaux a semble-t-il changé les mentalités et modernisé l’appareil administratif ». Finalement, au moment où Brest, Reims ou Mulhouse sont au bord de la faillite, le LOSC n’a perdu que du temps.
La Voix des Sports reproduit une partie du communiqué de départ de Claude Guedj :
« En acceptant, le 5 juin, la présidence du LOSC, je relevais un challenge : devenir européen en 1993 pour répondre au souhait de Pierre Mauroy, maire de Lille.
Ce laps de temps devait permettre de réorganiser, administrativement et financièrement, le club qui ne possédait pas de secrétaire général ou de directeur administratif, pas de direction comptable ; une perte d’exploitation de 15 MF pour la saison 89/90 soit un passif cumulé de de l’ordre de 90 à 100 MF.
Pour la prochaine saison, j’avais prévu un budget compris entre 50 et 60 MF dont 3 MF apportés par mon entreprise (…)
Ce budget prévisionnel ne peut se réaliser compte tenu de la position de certains qui veulent des résultats avant même d’apporter de l’argent. Cela revient à dire : « augmenter les dettes et on verra après ». Or, j’ai toujours appris que pour dépenser un franc, il faut d’abord l’avoir (…)
Le moindre transfert était compris entre 3 et 10 MF. Malheureusement, les assurances qui m’avaient été données quant à la participation des industriels locaux n’ont pas été concrétisées alors que ces recettes devaient constituer les premiers fonds. Il manquerait donc les 12 MF des industriels (…)
Au plan de la gestion, les mesures que j’ai voulu prendre pour fermer les rames du gaspillage ont provoqué un climat d’opposition au sein du club (…)
Il aurait fallu que l’équipe de direction reste soudée, que les promesses de concours financiers soient tenues, que les ambitions personnelles s’effacent devant l’intérêt du LOSC et de son avenir.
De ces ambitions personnelles, pour ma part, je n’en ai jamais eues.
Je m’en vais »
Caricature de Honoré Bonnet, La Voix des Sports, 18 juin 1990
« Constat amer d’un homme qui manquait, visiblement, de connaissances sur le football professionnel » estime la Voix des Sports, qui saluait justement l’arrivée d’un « entrepreneur » deux semaines avant.
Le nouveau président du LOSC s’appelle donc Guy Lefort, 49 ans. La Voix du Nord est contente car Lefort est présenté non seulement comme un « amoureux du LOSC », mais aussi comme un « sportif » : footballeur jusqu’en junior, champion de France universitaire de handball, tennisman classé, et skieur. Et puis il a un lien de parenté avec Guy Lefort, ancien joueur de Fives qui a donné son nom au stade Lambersart. Lefort confirme qu’avec Guedj, « le message et les méthodes ne passaient pas ». Quant aux finances, ce n’est pas encore clarifié puisque le nouveau président annonce : « je n’apporte pas un centime, mais seulement mon tonus ». Ce qui sous-entend qu’il y a des promesses de financement par ailleurs, ce que semblent confirmer des déclarations de Pierre Mauroy : « nous ferons connaître, le 9 juillet, l’effort que la ville effectuera en faveur du LOSC. Je souhaite que celui-ci soit poursuivi et accentué. Mais il ne faudra pas s’en tenir là. La région a l’intention de s’engager comme elle l’a fait jusqu’ici. La communauté urbaine viendra, peut être, nous aider. Mais les collectivités territoriales ne doivent pas être seules. Il est nécessaire que d’autres partenaires se manifestent. Nous voulons une grande équipe demain ? Cela n’ira pas sans risques, aujourd’hui »
Pour la Voix du Nord, cet intersaison est « consternant ». Les joueurs ont repris l’entraînement « le visage fermé » ; « le plus gênant réside dans la démarche consternante de ceux qui mettent en avant l’intérêt supérieur du club avec une boîte d’allumettes dans leur poche. S’ils aiment à ce point les flammes, qu’ils brûlent un cierge ! ».
Au moins, l’arrivée des Danois est officialisée, Périlleux et Fiard devraient rester, et on parle d’un toulousain : Assadourian. Pelé, lui, partira.
Pour tenter d’effacer un peu ce triste épisode, la direction du LOSC convie les supporters à Grimonprez-Jooris début juillet pour un entraînement public et une présentation des joueurs, avec Joël Alain au micro. Un millier de personnes répondent présents dans une ambiance bon enfant et scandent le nom de Pelé, pas encore officiellement parti. Pierre Mauroy se veut rassurant : « nous voulons un grand club à Lille, il est temps de gagner ».
Après le conseil municipal du 10 juillet, on comprend qu’il revient encore aux collectivités publiques de faire des efforts pour le LOSC. Aux 3 MF et quelques déjà votés s’ajoutent 2MF et la mairie garantira à hauteur de 50% un prêt de 20 MF . Le rapporteur indique qu’à l’avenir, il faudra porter l’effort non pas à 5 mais à 10 MF, et inciter la région et la communauté urbaine à donner davantage, pour avoir un budget de 160 MF supporté pour moitié par la collectivité, et l’autre moitié par le privé. Au conseil municipal, le Parti Communiste regrette la lourdeur des chiffres et craint que les ambitions du club n’augmentent l’ardoise à l’avenir. Et après tout, il n’y a aucune garantie que ces nouvelles dépensent remettent le LOSC sur de bons rails… Du côté de l’opposition de droite, Alex Türk considère qu’il y a deux 2 solutions : déposer le bilan ou aller de l’avant. C’est cette deuxième option qu’il défend, « en croisant les doigts et en touchant du bois… ». Pour Mauroy, « il y a, en effet, deux positions : ou décider qu’il n’y aura plus de football professionnel à Lille, et il m’arrive d’en avoir la tentation, mais les Lillois ne nous le pardonneraient pas… Ou il faut une équipe de football et une équipe en première division. Nous ne pouvons pas reculer ».
Le problème reste que la SEM est endettée à hauteur de 40 MF. Si le LOSC déposait le bilan, il faudrait rembourser. La fuite en avant continuera donc, en prenant des risques, mais comment faire autrement ?
Mi-juillet, Guy Lefort et Bernard Gardon organisent une conférence de presse destinée à montrer l’unité du LOSC. Le président déclare qu’il a des assurances sur l’avenir du LOSC depuis la tenue du conseil municipal. Il aimerait désormais mobiliser les entreprises régionales via une régie interne. Il est déjà parvenu à louer les loges 300 000 francs cette saison contre 120 000 francs la saison précédente, ce qui constitue a priori une belle escroquerie : « nous voulons réussir ce à quoi Gervais Martel est parvenu. Il est anormal que le Racing en soit à 12 MF de recettes publicitaires, contre 2,2 pour le LOSC en 90/91 ». Le prix des abonnements va augmenter. Le président s’attend à deux saisons difficiles sportivement.
Puis, lors du CA devant désigner Guy Lefort officiellement président, on lui fait aimablement remarquer que la présidence d’une SEM n’est pas compatible avec la profession d’avocat. Nouveau coup de Balay : Pierre Balay devient alors officiellement président (mais dans les faits c’est Guy Lefort).
Enhardis par la vitalité de leur club, et dans la lignée de matches amicaux encourageants, les joueurs du LOSC se hissent à la 6e place en 1990/1991.
Dès lors, persuadée qu’il existe un effet de vases communicants entre instabilité de la gouvernance et performance sportive, la direction du LOSC met en place un plan quadriennal d’instabilité administrative : une belle réussite (sans les résultats sportifs).
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