Archiver pour mars 2022
Posté le 30 mars 2022 - par dbclosc
Ajaccio 2004 : Chalmé en roux libre
Le football est un sport d’où surgit de temps à autre une dimension irrationnelle : le 13 mars 2004, Matthieu Chalmé, qui n’avait jamais marqué avec le LOSC – et ne marquera plus -, inscrit un triplé à Ajaccio. En terre corse, le LOSC signe ainsi une belle victoire qui symbolise son renouveau.
L’histoire entre Matthieu (deux « t ») Chalmé et le LOSC commence très mal : en décembre 2001, celui que l’on ne surnomme pas Rouquinho fait partie, au poste d’arrière droit, de l’équipe de Libourne-Saint-Seurin qui élimine le LOSC de la coupe de France (2-0), après une « faillite collective » des Dogues selon la Voix du Nord du 16 décembre. « Une élimination qui casse Libourne », disait-on alors à Lille, puis à Metz et à Châteauroux, également sortis par les Girondins.
C’est donc probablement à cette occasion que se créent les premiers liens entre Matthieu Chalmé et le LOSC. Il est présent à la reprise de l’entraînement du LOSC en juin 2002, sous la direction de Claude Puel. Chalmé est en effet l’un des nouveaux visages d’un LOSC profondément remanié, tant au niveau des joueurs que de l’encadrement. Aligné au milieu de terrain, il participe à la campagne Intertoto qui mène le LOSC jusqu’en finale. En juillet 2002, la Voix des Sports le qualifie d’« homme sûr », au même titre que Fahmi et Pichot : « il n’a pas tardé à confirmer tout le bien que les Libournais pensaient de lui ». L’hebdomadaire va un peu vite en besogne : au cours de sa première saison, Chalmé joue à 20 reprises en championnat (8 titularisations), et ses prestations ne sont pas franchement convaincantes, dans un collectif lui-même assez peu performant.
Lors de la saison suivante, il joue encore moins : durant la première partie de saison, jusqu’à la trêve hivernale, il ne joue que 5 fois (3 titularisations), avec une expulsion à la clé. Durant cette période, le LOSC connaît un énorme trou d’air, avec 12 matches sans victoire à l’automne 2003. Quand arrive l’année 2004, la situation lilloise ne s’arrange guère : mi-janvier, le LOSC s’incline à domicile face à Toulouse (0-1). Matthieu Chalmé participe au match, et Lille est au plus mal, à seulement deux points de la zone de relégation. Christophe Landrin s’est gravement blessé dès l’entame du match, et Ali Lukunku et Youssef Sofiane, deux des recrues du mercato, ont déjà fait la preuve qu’il ne faudra pas compter sur eux pour remonter dans le classement. Mais tout va s’arranger, et Matthieu Chalmé prend dès lors une part prépondérante dans le 11 lillois.
Outre Lukunku et Sofiane, le LOSC a également recruté les deux joueurs qui lui manquaient : derrière, le Grec Tavlaridis, qui apporte de l’équilibre à la défense ; et devant, le Slovène Acimovic, qui devient le leader technique de l’équipe. Après Toulouse, le LOSC signe 5 victoires en 6 matches, et cette spectaculaire série est d’une part attribuée à l’apport décisif de Tavlaridis et d’Acimovic, et d’autre part à l’émergence de jeunes joueurs qui, après avoir ronronné depuis des mois, sortent enfin les griffes, tout en profitant des nombreuses blessures de leurs coéquipiers : on pense notamment à Makoun, qui devient incontournable au milieu, à Bodmer, à Dernis, à Moussilou, aux premières apparitions de Fauvergue et de Debuchy, et donc à Matthieu Chalmé, quand arrive ce match à Ajaccio le 13 mars 2004.
En cas de victoire, le LOSC aura 40 points, et le maintien sera quasiment assuré. On envisage même l’Intertoto, une ambition difficile à imaginer en janvier. Ajaccio, de son côté, lutte pour sa survie en L1, si bien qu’on voit bien les Lillois enchaîner avec une quatrième victoire consécutive à l’extérieur (après Metz, Monaco et Montpellier). Car le LOSC est « métamorphosé par la touche technique de ses recrues et l’enthousiasme d’un effectif rajeuni par la force des choses » (VDN, 13 mars 2004). Stéphane Pichot résume la situation du LOSC et la bonne passe actuelle : « en début de saison, je crois que nous étions finalement supris par autant de réussite1. Nous avions battu Lyon et Paris à l’issue de matches accrochés que l’on aurait pu perdre. Ces résultats ont peut-être faussé les jugements sur notre réel potentiel (…) Aujourd’hui, on sent davantage de progression dans notre jeu. L’équipe est plus solide (…) Ceux qui avaient peu joué jusque là ont su saisir leur chance au moment où il fallait une rébellion collective. La montée des jeunes a également piqué des joueurs qui se sentaient un peu trop installés ». Matthieu Chalmé appartient aux deux catégories qui ont saisi leur chance : il fait à la fois partie de ceux qui ont peu joué, et des jeunes.
Le matin du match, la Voix du Nord a le nez creux en consacrant à Matthieu Chalmé son habituel « portrait chinois », sorte de rubrique dans laquelle on n’apprend rien de très intéressant, ou rien de ce qu’on aurait aimé savoir.
Le LOSC, privé de Manchev, Lukunku, Debuchy, Cheyrou, Landrin, Plestan, Brunel et Baciu, se présente à Ajaccio avec la composition de départ suivante :
Wimbée ;
Pichot, Tavlaridis, Abidal, Tafforeau ;
Makoun, Bodmer ;
Chalmé, Acimovic, Dernis ;
Moussilou
Devant 3 000 spectateurs (dont 8 lillois, selon la Voix du Nord), le match débute après une minute de silence suite à l’attentat en gare de Madrid l’avant-veille.
La première période est assez insipide, mais les Lillois, « bien aidés par la faiblesse de l’équipe corse », profitant de « l’étonnante apathie » de l’ACA, ont tout de même « plus de cohérence et de consistance » et ouvrent la marque juste après l’annonce du temps additionnel. De la gauche, un centre de Dernis est mal repoussé par Trévisan ; à l’entrée de la surface de réparation, Chalmé cherche d’abord à frapper du droit mais, voyant un défenseur revenir, il réalise finalement un crochet et enroule une frappe du gauche : poteau rentrant et 1-0 pour le LOSC à la pause, qui fait preuve d’un « terrible réalisme ». Les joueurs regagnent les vestiaires sous la bronca du public ajaccien, apparemment très remonté contre l’entraîneur Dominique Bijotat : « il y a autant de spectateurs que de petits noms d’oiseaux qui ont fusé depuis les tribunes. Particularité ajaccienne : les locaux en prennent autant pour leur grade que les visiteurs ».
En seconde période, face à une « équipe ajaccienne visiblement mortifiée par son opération maintien », Lille gère tranquillement et fait mouche dès qu’il attaque : à la 62e minute, Chalmé obtient un coup-franc à une quarantaine de mètres du but adverse. Acimovic lance alors Moussilou, qui centre en retrait vers Chalmé, qui conclut de nouveau grâce à une frappe légèrement déviée (0-2). Quelques minutes plus tard, Acimovic déborde à gauche ; son centre est renvoyé de la tête par Seck sur… Chalmé, qui reprend de volée et inscrit un nouveau but (0-3, 69e).
Le LOSC s’impose 3-0 en Corse, grâce à un triplé de Matthieu Chalmé en roux libre. Le public ajaccien salue cette victoire nordiste par des « interpellations aussi fleuries qu’un bouquet de printemps ».
Sacrée performance pour Chalmé, qui « a surpris tout le monde, à commencer par lui-même » : on se croirait un soir de juillet 1998 après un doublé de Lilian Thuram.
Le dernier triplé d’un Lillois en championnat remontait à 1997, avec Samuel Lobé contre Martigues. Mais pour trouver un véritable coup du chapeau (trois buts consécutifs), il faut remonter à 1983, avec Dusan Savic contre Toulon (entretemps, Guy Lacombe avait réalisé un triplé, mais pas un coup du chapeau, contre Sochaux en 1986). Matthieu Chalmé a pourtant été « plutôt discret dans le jeu » selon la Voix des Sports. L’hebdomadaire lui donne certes la meilleure note du soir, mais elle n’est « que » de 7,5/10, et elle est accompagnée de ce commentaire curieux : « s’il n’avait pas inscrit trois buts dans cette rencontre, le milieu de terrain n’aurait assurément pas eu cette note, mais à circonstance exceptionnelle, note qui l’est tout autant ». Bref, à part ce triplé, Chalmé a apparemment été complètement invisible. La Voix des Sports s’attarde davantage sur les performances de Tavlaridis, Abidal, Makoun, Bodmer et Acimovic.
Chalmé, qui a mimé un ventre rond après chaque but, « dédie [s]es trois buts à [s]a femme qui est enceinte » : pas sûr que Madame Chalmé soit ravie que son mari fasse un nouveau triplé d’un coup dans ce domaine. Mais cela explique probablement que le LOSC soit proche de sortir du ventre mou.
Taquin, il « dédie aussi ce triplé à Stéphane Pichot, qui n’a jamais marqué un but en première division ». Ce n’est pas tout à fait vrai, car Pichot a déjà marqué à Lyon en novembre 2001, puis à Bordeaux en décembre 2003. Contre son camp, d’accord, mais c’est but quand même. « Peu importe qui marque ce soir. Nous voulions simplement la victoire qui permet de continuer notre série. Mon dernier triplé doit remonter à l’époque où j’évoluais avec les moins de 17 ans. Tous nos efforts commencent à payer. Je ne jouais pas en début de saison mais j’ai su profiter des blessures d’autres joueurs pour saisir ma chance ». Pour Claude Puel, « quel que soit le résultat, nous voulions nous maintenir dans les bonnes dispositions actuelles. L’équipe a montré du sérieux, de l’enthousiasme, mais aussi de l’efficacité et de l’opportunisme. Matthieu Chalmé ne marquera pas trois buts toutes les semaines. Qu’il savoure sa réussite et qu’il prenne un peu la grosse tête pendant deux jours ! Après, il devra se remettre au travail ».
Cependant, on craint que le triplé ne soit officiellement pas validé. Non pas parce que le speaker du stade François-Coty a annoncé par erreur que le premier buteur était Jean II Makoun – en voilà un qui a l’élégance, que n’a pas Christian Palka, de confondre un joueur noir avec un joueur blanc – mais parce qu’à l’issue de la rencontre, la Ligue acorde le deuxième but à Mamadou Seck contre son camp. Xavier Thuilot passe alors un long moment avec le délégué de la Ligue présent au stade, au point de retarder le bus du LOSC, mais rien n’y fait : quand les Dogues quittent la Corse, Matthieu Chalmé n’a plus que deux buts à son compteur.
Mais tout s’arrange le dimanche matin : la Ligue prévient le LOSC que le deuxième but lillois est bel et bien attribué à Matthieu Chalmé, qui peut donc revendiquer un authentique hat-trick.
Tout va mieux pour le LOSC qui « marque désormais les buts qu’il encaissait au cœur de la tempête automnale » et repart sur les (coups du) chapeaux de roux. Lille revient à un point de Lens alors que se profile le dernier derby à Grimonprez-Jooris. Et au-delà, Claude Puel a désormais imprimé sa marque sur l’équipe du LOSC, et pose les bases des aventures européennes à venir, avec un Matthieu Chalmé qui s’installera un cran plus bas que lors de cette drôle de soirée à Ajaccio.
C’est ce qui peut en partie expliquer cette surprenante péripétie dans sa carrière, presque une anomalie : on n’a en effet même pas le souvenir que Matthieu Chalmé se retrouve de temps à autre en position de marquer, tant sa qualité de « petit » défenseur l’amène logiquement à ne pas monter sur les coups de pied arrêtés offensifs. Et, de fait, il n’inscrira plus aucun but pour le LOSC, et n’en marquera qu’un autre au cours de sa carrière professionnelle (avec Bordeaux au Mans en décembre 2008).
Note :
1 Le LOSC a commencé la saison avec 3 victoires, contre Lyon (1-0), Paris SG (1-0) et à Toulouse (3-0).
Posté le 28 mars 2022 - par dbclosc
Janvier 1914 : France/Belgique à Lille
Dimanche 25 janvier 1914, l’équipe de France se déplace hors de Paris pour la première fois de son histoire. C’est au stade de l’avenue de Dunkerque, où joue habituellement l’Olympique Lillois, que l’équipe nationale affronte la Belgique.
Au terme d’un match spectaculaire largement dominé par des Belges supérieurs… la France s’impose 4-3.
C’est « une belle victoire de la Province sur la capitale » : jusqu’au début du mois de janvier 1914, la presse nordiste a redouté que l’organisation du match France/Belgique échappe la région. En cause, la considération, à tort ou à raison, que Paris est privilégiée et s’arroge le monopole des grands événements. La Vie Sportive du Nord et du Pas de Calais est même allée jusqu’à démontrer que le terrain 60*105 du stade de l’avenue de Dunkerque était parfaitement aux normes de la plupart des terrains français et belges sur lesquels jouent les plus grandes équipes, pour appuyer la légitimité de la candidature de Lille. Mais c’est désormais officiel : pour la première fois de son histoire, l’équipe de France jouera en province. Le journal attribue cette réussite lilloise à la puissante influence d’Henri Jooris, président de l’Olympique Lillois et vice-président de l’USFSA (et rappelle aussi que c’est dans ses propres colonnes que cette idée a été suggérée en premier). On peut également considérer que les résultats de l’OL, qui vont crescendo depuis, en gros, 4 ans, ont contribué à asseoir la réputation du dirigeant lillois et facilitent ce qui s’apparente à une reconnaissance nationale.
La tâche qui attend l’équipe de France est colossale : il faut affronter la brillante équipe de Belgique, pour la 11e fois. Lors des premières confrontations, les Français ne sont imposés qu’une fois et se sont inclinés 7 fois, avec de fameuses roustes, comme celle de 1910 (4-0), au cours de laquelle l’attaquant lillois Alphonse Six, alors joueur du Cercle de Bruges, a inscrit un triplé. Voici le palmarès :
1904 France/Belgique 3-3
1905 Belgique/France 7-0
1906 Belgique/France 6-0
1907 France/Belgique 2-1
1908 Belgique/France 2-1
1909 Belgique/France 5-2
1910 Belgique/France (CFI) 4-0
1911 Belgique/France (CFI) 7-1
1912 France (CFI)/Belgique 1-1
1913 Belgique/France (CFI) 3-1
Dans la Vie Sportive, Henri Jooris prend la plume pour saluer cette reconnaissance ainsi que pour souhaiter le meilleur accueil aux voisins, si proches des Nordistes : « les Belges ne sont pas pour nous, Nordistes, des étrangers : trop de liens nous unissent à eux, liens d’affection certes, mais aussi et souvent liens de sang (…) Lille compte cinquante à soixante mille Belges ». Cette proximité rend d’autant plus dommageable, selon lui, l’impossibilité pour le comité régional lillois, rattaché à l’USFSA, d’organiser des rencontres contre des équipes étrangères1 : « c’est dire combien nous avons maudit ces stupides querelles fédératives qui nous privèrent des belles et loyales rencontres entre Belges et Français »
La Vie Sportive, 24 janvier 1914
Henri Jooris conteste les modalités de la sélection de l‘équipe de France, regrettant qu’on choisisse des « joueurs inférieurs » au motif de « la camaraderie »1. Quoi qu’il en soit, Jooris aurait préféré voir davantage de Nordistes, rappelant notamment combien la France a brillé en Suisse l’année précédente (4-1), avec 8 Nordistes sélectionnés, et 4 buts venus du Nord (un but de Montagne et un doublé d’Eloy, de l’OL, et un but du roubaisien Dubly). Mais il faut dépasser ces contrariétés : « nous devons être solidaires, nous autres qui aimons notre petite patrie, le Nord, et vouloir la gloire de notre grande patrie, la France ».
Bien sûr, Jooris n’est pas le seul à déplorer l’absence de certains nordistes. Les articles de la Vie Sportive pointent régulièrement les absences des Lillois Eloy et Gravelines (sélectionnés, mais annoncés remplaçants) comme une anomalie. En revanche, la présence à la pointe de l’attaque d’Etienne Jourde est vue comme inopportune, car il ne connaîtrait pas suffisamment bien ses 4 compères d’attaque (et pas du tout parce qu’il joue à Vitry) : « dans un match d’une telle envergure, le moment est plutôt mal choisi. Ce joueur avait pourtant, vis-à-vis d’Eloy, la grosse infériorité de ne pas jouer auprès de Chandelier depuis quelques 5 ans et de n’être pas connu des sélectionneurs, alors qu’Eloy a souventes fois donné sa mesure, et la dernière fois au match Ligue/Lions des Flandres. Avec lui, on ne tablait pas sur l’inconnu, sur l’espoir, mais sur la certitude. N’insistons pas davantage et souhaitons ardemment que Jourde fasse des prodiges et même des miracles !! ».
L’hebdomadaire publie même le courrier d’un lecteur réclamant lui aussi une attaque Gravelines/Dubly/Chandelier, lui permettant de se gargariser d’une « communauté d’idées » avec son lectorat. Dans cette même logique de lutte symbolique dans la quête de démonstration d’une supériorité nordiste, la Vie Sportive invite dans ses colonnes un journaliste présenté comme « parisien » (Paul Barnoll) : il a l’immense avantage de prendre en référence le match Lions de Flandres/Ligue de Paris pour appuyer son argumentation qui consiste à s’étonner que seuls 5 Nordistes aient été sélectionnés, « le doute ne pouvant plus subsister quant à la supériorité actuelle des nordistes sur les joueurs de la capitale ». Barnoll expose ainsi que les 12 membres du comité de sélection du CFI, basés à Paris, ne voient pas tous les joueurs (ils n’ont pas de budget pour ça), et en sont souvent réduit à des conjectures et des impressions pour convoquer les joueurs : « ils sont forcés de s’en rapporter à l’opinion de leurs collègues, et c’est un peu hasard et sur des déductions, plus ou moins fondées qu’ils font, par leur vote, pencher la balance en faveur d’un tel ou d’un tel ».
Ainsi, selon Barnoll, certain que pas un des 12 membres n’a assisté à un match en dehors de Paris, le comité du Nord est lésé, et il en est de même pour le comité de Bretagne ou de Normandie. Il suggère alors de modifier les modalités de sélection avec les propositions suivantes : réduire le nombre de sélectionneurs à « 4 ou 5 sportsmen indépendants pouvant se déplacer tous les dimanches. Mettre à leur disposition un budget nécessaire. Et le jour où il s’agira de constituer notre Onze national, ils pourront discuter en connaissance de cause et en toute sincérité, sans se soucier si leurs délibérations seront en conformité d’idée avec des intérêts particuliers n’ayant rien à voir avec les questions sportives »
La Vie Sportive conclut ainsi ce plaidoyer pour une équipe nationale nordiste : « est-ce à dire que, composée selon nos désirs de Nordistes, l’équipe de France eût dû triompher ? Pas le moins du monde. Elle aurait eu seulement un peu plus de chances et un match nul, en tout cas, eut été plus probable ».
La Vie Sportive, 24 janvier 1914
Pour prouver que Lille est digne d’accueillir un grand match international, on promet un chaleureux accueil aux deux équipes, et à leurs supporters. Des trains spéciaux arriveront de Paris et de Bruxelles. Mais c’est de toute la Belgique que les supporters des Diables Rouges, comme on les appelle depuis peu, sont invités à venir à Lille ! Le journal belge Vélo sports lance ainsi une campagne « Tous à Lille le 25 janvier ! » avec des départs collectifs de plusieurs villes belges. Ainsi, la ville de Roulers envoie une délégation de 30 supporters. Le syndicat d’initiative « les amis de Lille » se met à disposition des Belges et des Parisiens pour des visites guidées de la ville avant le match, et propose un punch après le match pour les journalistes étrangers, au grand hôtel rue Faidherbe. En outre, « les amis des sports sont invités à arborer un drapeau belge à côté de notre drapeau national ». Le jour du match, le maire de Lille, Edouard Delesalle, se fera présenter les deux équipes et remettra à leur capitaine une médaille gravée aux armes de la ville. Près de 5 000 personnes sont attendues au stade de l’avenue de Dunkerque, dont M. Trépont, préfet du Nord, M. le baron de Laveleye, président de l’USFSA et vice président de la FIFA, M. Dessain, vice président de la fédération belge. Le général Franchet d’Esperey, commandant le 1er corps d’armée, se fera représenter. Le stade ouvre ses portes à 13h15 : on peut notamment y accéder par les tramways I et M, qui partent de la gare. Il paraît qu’on doit à André Billy l’idée de placer une station devant le stade. Le prix des places varie de 1 à 5 francs ; le match étant organisé par le CFI, il est précisé que les arbitres du comité du Nord de l’USFSA et que les membres honoraires et actifs de l’OL sont invités… à payer leur place. Les premiers arrivés pourront profiter plus longtemps de la musique du 43e régiment d’infanterie, qui jouera également à la pause.
La délégation belge à Lille
Agence Rol/ Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie/ Consultable sur Gallica
S’il y a eu, dès 1900, une sélection belge, l’équipe nationale de Belgique n’existe officiellement que depuis 1904. Son premier match était d’ailleurs contre la France, pour qui c’était également une première. Avant cette date, les « équipes de Belgique » n’étaient pas composés que de nationaux, mais aussi de plusieurs expatriés anglais, ce qui n’est d’ailleurs pas une spécificité belge. Depuis ses débuts, l’équipe nationale de Belgique est unanimement désignée, comme celle d’Angleterre, comme l’une des meilleurs équipes de football-association. Cette saison, elle a déjà battu la Suisse et l’Allemagne. Voici l’équipe alignée à Lille :
Gardien : Leroy, de l’Union Saint-Gilloise (capitaine)
Défenseurs : Hubin (Racing de Bruxelles), Verbeeck (USG)
Demis : Nisot (Leopold Club Bruxelles), Decoster (RCB), Thys (USG)
Avants : Brébart (Daring Bruxelles), Wertz (Antwerp), Musch (USG), Van Cant (RC Malines) Hebden (USG), « Belge parce qu’il a négligé d’accomplir les formalités nécessaires pour rester anglais »
Le Lillois Alphonse Six, le brillant buteur belge de l’OL et des Lions de Flandres, est absent, et n’est d’ailleurs pas sélectionné depuis deux ans en raison de ses mésaventures avec l’Union Saint-Gilloise et de déboires avec sa fédération dont on a parlé ici.
Les Français, maillot blanc à rayures bleus, chaussettes rouges (il faut le deviner)
Agence Rol/ Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie/ Consultable sur Gallica
Pour l’équipe de France,
Gardien : Chayriguès (Red Star)
Défenseurs : Gamblin (Red Star), Hanot (US Tourcoing)
Demis : Barreau (Levallois), Ducret (capitaine, Olympique Lillois), Devic (Red Star)
Attaquants : Lesur (US Tourcoing), Bard (Racing Club de France), Jourde (Vitry), Chandelier (Olympique Lillois), Dubly (RC Roubaix)
Une vague de froid touche la France et en particulier le Nord (une séance exceptionnelle du conseil municipal est organisée le dimanche matin sur cette question) : ce 25 janvier, la température est de -2,4° à 12h ; le maximum de la journée est atteint à 14h20 : + 4,4°. Mais le Grand Echo du Nord, très précis, indique qu’il fait +11° au soleil.
Certaines sources annoncent 6 000 spectateurs, ce qui constituerait un record pour un match joué en France ; mais, officiellement, il y a 4 813 spectateurs payants, générant une recette de 8 000 francs. Le Grand Echo évoque 5 000 spectateurs, dont certains sur les toits du stade.
L’arbitre anglais, M. Mortimer, donne le coup d’envoi à 14h37. 8 minute après, les Belges mènent déjà 2-0, grâce à un doublé de Van Cant : « allions-nous vers l’écrasement ? » se demande La Vie au grand air du 31 janvier. Non car, rapidement, une faute de Hubin offre un pénalty aux Français, que transforme le tourquennois Hanot (1-2, 17e). 24e minute : Lesur trouve Jourde qui, bien qu’un peu chahuté par le public, égalise (2-2) ; le même Jourde inscrit un autre but sur une frappe molle (3-2, 37e) ; dans la minute, Thys égalise (3-3, 38e), et la pause est sifflé sur cette spectaculaire égalité. La presse souligne pourtant une équipe belge « plus ordonnée, plus méthodique » (La vie au grand air), qui se heurte à un gardien français, Chayriguès, qui fait encore forte impression au public « lillois » après sa prestation avec la sélection de Paris contre les Lions de Flandres en début de mois. En seconde période, le roubaisien Dubly marque un nouveau but français (4-3, 53e). Sur l’action, le gardien belge, qui s’est troué, se casse un doigt. Verbecke le remplace.
Les comptes-rendus du match laissent penser que les Français ont marqué des buts chanceux sur leurs seules incursions, tandis que les Belges se cassent les dents sur un Chayriguès « étourdissant de sang-froid et d’adresse » (La vie au grand air).
La Vie au grand air, 31 janvier 1914
En subissant, les Français s’imposent 4-3. Le même magazine constate des Belges supérieurs dans les 3 lignes, hormis le gardien, Leroy « qui fut mauvais » : « les buts marqués par les nôtres relevèrent plus de la maladresse de nos adversaires que de notre propre initiative. Il est certain que si Chayriguès avait permuté avec Leroy dans les buts, nous aurions été copieusement battus. Alors que notre gardien de buts fit des prouesses, celui de Belgique, surpris par deux fois par les bonds désordonnés d’une balle légère, rebondissant exagérément sur un terrain gelé et inégal, perdit la tête et laissait échapper le ballon ». La presse régionale est du même avis : « les Français sont vainqueurs, oui, mais les Belges jouent mieux ! Nous avons eu une sacrée veine (…) Nous avons par deux fois la veine inouïe qu’une aspérité du terrain – peut-être la même – fasse dévier la balle roulant mollement vers le but (…) Nous avons triomphé sur des adversaires meilleurs que nous, plus énergiques plus adroits, plus scientifiques, bref connaissant et comprenant le jeu mieux que nous. Nous sommes les premiers surpris d’avoir battu les Belges (…) cette pénible victoire nous a fait comprendre que nous avions beaucoup de progrès à faire » (La Vie Sportive). La publication de l’Union Belge écrit quant à elle : « Dame Fortune n’a pas été pour nous, et elle a laissé à nos amis du Sud une victoire dont ils seront fiers à bon droit ». Chayriguès, un des premiers gardiens à se mouvoir dans l’entièreté de sa surface de réparation, a reçu une ovation. On souligne que la France devrait se doter d’un chat en guise de fétiche, en hommage à la souplesse et à l’agilité de son gardien de but.
Le Grand Echo du Nord, 27 janvier 1914
Dans la presse nationale, on regrette que Jourde et Devic (Red Star) aient été peu appréciés du public. L’écho des sports accuse directement la Vie Sportive d’avoir chauffé le public en écrivant que les Nordistes auraient dû être sélectionnés en plus grand nombre, avec notamment les titularisations de Gravelines et Eloy. Le rédacteur en chef de la Vie Sportive, Gaston Moithy, répond en disant que c’est là leur prêter beaucoup d’influence, et que les critiques de son journal n’étaient pas dirigées contre les joueurs mais contre les sélectionneurs.
La Vie au grand air, 14 mars 1914
À l’arrivée, tout le monde salue la belle organisation du match, comme La vie au grand air : « cette tentative de décentralisation a obtenu le plus grand succès. L’organisation était parfaite, la recette plus que satisfaisante, et la réception faite aux joueurs et aux officiels par la municipalité de Lille et par les amis de la capitale du Nord revêtit le caractère des grandes solennités. Bref, un succès complet pour nos nationaux et pour le football association qui, petit à petit, conquiert non seulement le public, mais aussi les pouvoirs publics ». Une réussite qui, pourtant, ne connaîtra pas de suite : si, avec l’OL, leader du championnat régional en ce début d’année 1914, Lille est désormais connu pour son football, et le sera davantage encore quand l’Olympique Lillois remportera le « Trophée de France » en avril, la guerre brise l’élan pris par le football nordiste, qui mettra près de 15 ans après la guerre pour combler son retard, avec la victoire de l’OL lors du premier championnat de France professionnel.
Lille n’a plus jamais accueilli l’équipe de France. Il faut attendre 1996 pour que le département du Nord voit de nouveau les Bleus (France/Arménie au Stadium de Villeneuve d’Ascq), puis 2014 (France/Jamaïque au grand stade de Villeneuve d’Ascq), 2016 (France/Suisse au grand stade de Villeneuve d’Ascq) et 2022 (France/Afrique du Sud).
Mais Lille a accueilli la Belgique ou, plutôt, le Luxembourg : en 1989, les Luxembourgeois, en rade de stade, se replient sur Lille pour jouer un match de qualification pour le Mondial 1990… contre la Belgique. On en a parlé ici.
Quant au stade de l’avenue Dunkerque, entretemps baptisé stade Victor-Boucquey, il a accueilli en 1938 le match Suisse/Hongrie dans le cadre de la coupe du monde.
Notes :
1 En 1914, le football français n’est pas unifié et est réparti entre plusieurs fédérations, parmi lesquelles l’USFSA, à laquelle est rattaché l’Olympique Lillois. En 1908, l’USFSA est représentée à la FIFA par André Billy, président de l’OL. On passe sur les détails mais Billy merde : il est mis en minorité et l’USFSA est exclue de l’UEFA. C’est alors une autre fédération française, le CFI de Charles Simon, qui va représenter la France à l’UEFA. Et seule cette fédération peut organiser des rencontres internationales. Si bien que l’OL ne peut même pas jouer contre des clubs belges.
2 C’est amusant car c’est précisément ce qui lui est reproché au niveau régional en tant que membre du comité de sélection des Lions de Flandres ! Les Calaisiens se sentent en effet méprisés et, dans les faits, seuls des joueurs de l’OL, de l’Union Sportive de Tourcoing et du Racing Club de Roubaix sont sélectionnés, ce qui fait dire aux « petits clubs » que l’intérêt général est bafoué au nom des affinités personnelles.
Posté le 22 mars 2022 - par dbclosc
Sylvain Armand nommé médiateur en Ukraine
C’est une belle promotion pour l’actuel coordinateur sportif du LOSC : séduit par son sens profond de la justice, le Président ukrainien Volodymyr Zelensky en a fait son « médiateur spécial » pour tenter de faire entendre raison à son homologue russe, Vladimir Poutine.
« Je ne supporte pas l’injustice » : c’est par ces mots simples que le destin de Sylvain Armand a basculé dans la soirée de samedi : interpellés par la profondeur de tels propos, des représentants diplomatiques ukrainiens sont entrés en contact avec celui par qui l’espoir d’une sortie de crise est désormais envisagée. Du côté de Moscou, on craint que cette prise de guerre ne fasse définitivement basculer l’opinion contre la Russie : une source proche du Kremlin indique que Sylvain Armand était suivi attentivement par les services secrets russes depuis 2009 en raison de ses prises de position publiques en faveur d’Apoula Edel, contre vents et marées.
Son récent fihgting avec Frédéric « baston » Antonetti et sa courageuse sortie à Nantes n’auront ainsi fait qu’accélérer un destin qui était écrit.
Reste à savoir si Sylvain Armand aura les épaules pour assumer un rôle diplomatique de premier plan. L’intéressé met en avant sa polyvalence et sa forte capacité d’adaptation : « je vous rappelle qu’avant d’épouser une carrière de footballeur, je me suis révélé dans la comédie musicale Notre-Dame de Paris, où je jouais le rôle de Quasimodo ». Certains détracteurs considèrent que le rôle de médiateur est d’une toute autre ampleur, et qu’il n’est pas sans risque tant les combats font rage : « j’en entends certains me dire que je ne devrais pas être là. Je leur réponds que j’ai désormais le badge pour circuler » assure-t-il.
Un destin patiemment construit
Sur le fond du conflit, Sylvain Armand construit ses positions notamment via un outil d’analyses vidéos : « au vu des images, il y a clairement un camp qui est dans la zone technique de l’autre, affirme-t-il, et derrière ça nous met en difficulté. Je suis également en train d’étudier les migrations d’Ukrainiens vers l’Ouest. Cela ressemble à des expulsions déguisées : ça me semble très sévère ».
L’ONU a d’ores et déjà fait savoir qu’elle se désolidarisait des futures réalisations de Sylvain Armand, qui ne bénéficie d’aucun mandat international pour agir. Le médiateur spécial préfère en rire : « Edon Zhegrova me l’a rappelé : qui a bombardé le Kosovo ? Eh bien c’est l’ONU. Ils font des erreurs mais ne sont pas sanctionnés ! Le problème c’est qu’on ne peut pas s’exprimer avec ces gens-là. On ne peut pas discuter avec eux, et soi-disant, on leur parle toujours mal. Alors je ne vais pas m’excuser de mettre en application mon sens profond de la justice, avec ou sans mandat ».
À l’heure où nous écrivons ces lignes, le compétiteur Sylvain Armand tente de s’extraire d’une échauffourée qu’il a lui-même provoquée en hurlant « je te nique ta mère sale Ruskov ! », probablement dans les environs de Marioupol où il a été aperçu hier soir. Selon notre envoyé spécial, des scènes de fraternisation entre soldats russes et population locale ont pu être observées après le passage de Sylvain Armand qui, à rebours de ses outrances, leur a finalement rappelé leur commune humanité.
La vignette est issue de l’article Comme une Armand peine, écrit par Kada Marteri sur le site des Cahiers du foot (2013)
Posté le 20 mars 2022 - par dbclosc
Lille tout feu tout flamme
Nous sommes samedi matin et il fait beau : et si nous allions à Orléans ? Allez, c’est parti ! Certes, la cathédrale est pas mal, mais le monument le plus intéressant à voir aujourd’hui est le LOSC, en déplacement pour le compte de la 17e journée.
Le LOSC joue avant ses principales rivales Nantes et Le Havre : voilà une bonne occasion de prendre provisoirement (au moins) la tête.
Ce déplacement à Orléans permet de vérifier que cette histoire de sable venu du Sahara n’est pas une blague : ici, la plupart des voitures sont recouvertes d’une pellicule orange et j’ai été fort étonné de constater que, sur la route, les dos d’âne avaient été remplacés par d’authentiques chameaux.
Ah oui quand même : la cathédrale d’Orléans
Pas de complot diplomatique comme au match aller : cette fois, Orléans ne tente aucun mauvais coup, à moins que, justement, une tempête de sable ne vienne contrarier les plans lillois. Tiens, les petits sablés, ça ne vient pas de Nantes… ? Oulala, ce voyage me paraît soudainement très hostile.
Du côté de Lille, absences de Pirel (suspendue encore 2 matches) et de Frémaux, blessée. Carla Nollet est sur le banc si bien que, comme cela avait déjà été fait en coupe, Chloé Marty est titularisée arrière droite. Devant, un trio d’attaque Bogaert/Boucly/Mouchon, soutenu par Elisor.
16h01 Sous un grand soleil et avec du vent, c’est parti Paprzycki !
3e Première percée lilloise avec Demeyere et Paprzycki qui combinent au milieu et trouvent Boucly sur la droite, dont le centre est trop long. Ça sort.
8e Première attaque d’Orléans ralentie par Marty puis par Devlech’. Finalement, Polito concède un corner qui ne donne rien.
10e Demeyere lance Bogaert qui retrouve Ollivier dans la surface, qui obtient un corner. Celui-ci est frappé par Paprzycki, Devlech’ reprend de la tête à bout portant et la gardienne doit encore se demander comment elle est parvenue à repousser ça.
11e Faute sur Marty côté droit. Le coup-franc de Maïté Boucly est dégagé par la défense.
13e Lancée en profondeur, Noémie Mouchon est devancée par la gardienne, qui dégage en touche vers le banc lillois, ce qui permet à Rachel Saïdi de montrer qu’elle est encore très juste techniquement : beau contrôle !
15e Paprzycki lance Demeyere côté gauche, dans la surface ; le centre de Silke à ras de terre arrive trop vite pour que Boucly ne puisse le reprendre. Mais Maïté va rechercher le ballon côté droit et centre à son tour : une arrière d’Orléans se troue et le ballon arrive dans les pieds de Mouchon presque surprise, qui frappe sur la gardienne.
16e Il y a un petit kop de jeunes footballeuses orléanaises dont le chant favori est « Et l’arbitre, c’est une menteuse ». Quelle violence !
17e Mésentente dans la défense entre Devlech’ et Ollivier et perte de balle à 30 mètres du but lillois. Adjabi récupère et, voyant Launay avancer, tente de frapper immédiatement mais Ollivier contre la balle. Très bonne défense, que l’on n’avait pas vue dans cette ville depuis les années 1428-1429.
20e RÉCUPÉRATION DE SILKE DEMEYERE qui lance Boucly côté gauche puis Noémie Mouchon à l’entrée de la surface qui parvient à crocheter et à frapper, mais ce n’est pas assez puissant. Arrêt de N’Gazi.
21e Les Orléanaises parviennent à faire un peu tourner la balle dans la surface lilloise : le ballon passe de gauche à droite, puis de droite à gauche, à chaque fois trop haut. Finalement, un dernier centre à ras de terre permet à Elisa Launay de capter et de relancer.
24e Orléans attaque à droite : Kbida prend de vitesse Ollivier et sert Adjabi. Dans la surface, elle tente de crocheter Polito mais ne passe pas.
27e Long dégagement de Launay prolongé de la tête par Elisor, ce qui permet de lancer Mouchon. La gardienne sort hors de sa surface au pied, mais la balle part en l’air, à la verticale. Du coup, elle met ensuite la tête et parvient à relancer.
29e Interception d’Agathe Ollivier qui lance Bogaert, dont le centre est dégagé. Mais Ollivier a suivi et récupère dans la surface, son centre est dégagé en catastrophe dans les 6 mètres.
31e Bon pressing de Noémie Mouchon, qui empêche la relance adverse et permet d’obtenir une touche haute.
34e Demeyere lance Mouchon excentrée côté gauche, à la limite du hors-jeu. Noémie repique dans l’axe et tente une frappe enveloppée du droit au second poteau : c’est bien parti mais la gardienne détourne du bout des doigts en corner.
Le corner est frappé par Boucly, fort au deuxième poteau. Elisor redresse de la tête et le ballon arrive sur Devlech’, seule à 10 mètres, qui parvient à frapper du droit, mais la gardienne repousse encore du pied !
39e Carton jaune pour Maïté Boucly pour tirage de maillot. On peut plus tirer les maillots ?
40e Marty lance Mouchon à droite, qui gagne un duel à l’épaule, mais son centre passe devant le but.
41e Amour de passe lobée d’Agathe Ollivier qui envoie Lou Bogaert dans son couloir gauche. Son centre du gauche est repris par Noémie Mouchon à une douzaine de mètres des buts orléanais, par un plat du pied « ouvert » qui a dû fortement solliciter la souplesse de sa cheville. Cette fois, N’Gazi ne peut rien et regarde le ballon filer sur sa gauche ! Encore un beau but dans la construction et la réalisation venu du côté gauche lillois, et 1-0 pour le LOSC !
43e Centre de Boucly vers Bogaert dans les 6 mètres. N’Gazi boxe la balle à 80%, les 20% restants étant pour la tête de Bogaert, qui se relève quelques secondes après.
Mi-temps sur le score de 0-1. Partie sérieuse des Lilloises, qui ont globalement dominé la première période et qui, sans une excellente gardienne en face, pourraient mener de plusieurs buts. Lille trouve finalement la faille sur une occasion qui n’est pas la plus franche – même si c’était très bien construit – et qui doit surtout au talent de Mouchon qui a le geste juste. Il aurait été très frustrant de rentrer aux vestiaires à 0-0. Attention toutefois à certaines phases où, notamment en défense, on a senti les Lilloises un peu passives et laissant trop d’initiatives aux Orléanaises. Mais celles-ci, contrairement à une autre femme passée dans le coin, ne parviennent pas à mettre le feu. Il va falloir encore bûcher.
17h01 C’est reparti Paprzycki !
47e Frappe de Noémie Mouchon de 20 mètres, à ras de terre : N’Gazi bloque sans problème.
49e Carton jaune pour Aurore Paprzycki. C’est franchement sévère.
50e Frappe de Bouzid sur Launay, sans problème.
Il y a de l’énervement chez les Lilloises car, au départ de l’action, Silke Demeyere a été bousculé une première fois, puis une deuxième, sans que ça n’émeuve l’arbitre. Se sentant dès lors autorisées à faire n’importe quoi, les Orléanaises ont fini par un tacle sévère (et fautif, cette fois), ce qui fait très justement dire à Aurore Paprzycki à l’arbitre : « si vous sifflez tout de suite, tout ça n’existe pas ».
51e Relais énergique entre Elisor et Ollivier, qui déboule sur la gauche, mais ça donne finalement rien.
54e Apparemment, il y a une faute de Paprzycki dans le camp orléanais… Les adversaires veulent vite jouer le coup-franc, qui est contré par le dos de Mouchon, à trois mètres, qui ne regardait même pas. Ça hurle côté orléanais… et l’arbitre donne le coup-franc à retirer !
Loi 13 du football : « Si l’exécutant a décidé de jouer le ballon rapidement malgré la présence d’un adversaire mal placé (mais qui a cherché à se repositionner), le coup franc ne sera pas recommencé ». Il me semble que c’est Devlech’ qui demande : « mais qui arbitre ici ? ».
55e Elisor sert Boucly, qui tente une frappe à 20 mètres : c’est contré.
57e Mouchon trouve Bogaert en profondeur, en bonne position pour conclure, même si légèrement excentrée à gauche : sa frappe est repoussée par les pieds de N’Gazi !
60e Frappe de Paprzycki à 25 mètres : c’est contré par la tête de Niakaté, qui ne demande absolument rien. L’arbitre arrête le jeu, apparemment très soucieuse de l’état de santé de la joueuse qui est déjà relevée et a l’air étonnée de la décision arbitrale. Ça énerve beaucoup – à juste titre – Rachel Saïdi. On reprend donc par une balle à terre que ne joue que la défense : Lille a donc perdu le ballon sur cette action.
65e Dégagement de Launay vers Boucly, qui prolonge par une sorte de retourné. Mouchon file alors côté droit et obtient un corner.
67e à 30 mètres des buts d’Orléans, Bogaert envoie un ballon dans l’axe, dans le dos de Elisor et et Mouchon. Curieusement, tout le monde s’arrête, hormis Paprzycki, qui se retrouve en 1 contre 1 avec une arrière dans l’arc de cercle : elle la crochète et frappe puissamment du gauche, juste à côté de la lucarne.
70e Premier changement à Orléans, sortie de Bouzid et entrée de la 18, dont je n’ai pas le nom.
71e Après un duel aérien, Demeyere a pris un coup de coude et saigne du nez : le coup-franc est donc accordé à Orléans, à 25 mètres du but de Launay. Les Lilloises protestent, mais l’arbitre a l’air complètement ailleurs. C’est vraiment très agaçant. Le coup-franc est frappé par la-18-dont-je-n’ai-pas-le-nom, et Launay capte sans souci.
Très mauvaise stratégie d’Orléans et de l’arbitre : quand Silke Demeyere est fâchée, on s’expose à de terribles représailles.
72e Elisor gagne un duel, ce qui permet à Bogaert de servir Boucly : frappe contrée.
Sortie de Salomé Elisor, entrée de Noami Bamenga.
73e ça tourne moins bien depuis quelques minutes. Quelques décisions arbitrales défavorables au LOSC semble avoir agaçé les joueuses lilloises, tandis que les Orléanaises s’encouragent de plus en plus et que leur banc hurle que « c’est le moment ». Même si Orléans ne se crée pas d’occasion franche, on n’est pas à l’abri d’une connerie ou d’un petit délire de l’arbitre comme à la 71e, qui donnerait un bon coup de pied arrêté. Bref, ça commence à sentir le traquenard et on n’est pas rassurés.
74e Tiens, je quitte la tribune et je vais me mettre le long de la main courante pleine de sable juste derrière l’arbitre de touche, on sait jamais ça peut servir.
79e Nouveau changement à Orléans, sortie de Martin, entrée de « 33 ».
81e Noémie Mouchon se démène côté gauche : elle déborde et parvient à envoyer un excellent centre à ras de terre que Bogaert n’a plus qu’à pousser dans les filets : 0-2 ! Aaaah ça va mieux.
83e Ce deuxième but a clairement mis un coup derrière la tête des Orléanaises. Les Lilloises ont désormais repris possession du ballon, jouent bien plus libérées et s’offrent quelques contres.
87e Mouchon lance Demeyere à l’entrée de la surface de réparation. Elle peut frapper mais, étant sur son pied droit, elle préfère servir Boucly sur sa gauche. La défense dégage. Trop collective !
89e Maïté Boucly récupére un ballon haut et centre à ras de terre vers Demeyere. Elle reprend du gauche dans les 6 mètres et la gardienne ne peut que ralentir la balle : 0-3 ! Excellente réponse de Silke qui, depuis 20 minutes, avait la rage contre tout le monde. Elle ne célèbre même pas son but et adresse simplement quelques regards de défi à l’arbitre et aux adversaires : quelle joueuse !
C’est terminé sur le score de 0-3. Beau travail des Lilloises, qui s’imposent largement et confirment qu’elles sont toujours dans la course, tout en mettant un peu de pression sur autres prétendantes à la montée qui ne jouent que le lendemain. On a juste eu quelques doutes entre l’heure de jeu et le deuxième but, au moment où le match était âpre : Lille se créait moins d’occasions, Orléans s’approchait parfois du but lillois mais sans être très dangereux, et l’arbitre commençait à révéler son appartenance au complot contre le LOSC. Mais les Lilloises ont gardé la tête froide et se laissent toutes les possibilités de sabler le champagne !
Prochain rendez-vous le 3 avril à Vendenheim !
La réaction de Rachel Saïdi :
L’essentiel est fait : on remporte le match, on ne concède pas de but, et on entame le sprint final avec 3 points. C’est un message fort pour les équipes devant. Après le nul concédé la semaine dernière contre Nantes, on a encore un peu de frustration en travers de la gorge. Il fallait avoir cet état d’esprit et cette envie de renouer avec la victoire, et qu’on arrive toutes et tous, sur le terrain et sur le banc, à essayer de nous canaliser.
On n’a pas affiché notre meilleur visage, mais on a malgré tout maîtrisé le match. On n’a pas été vraiment inquiétées, mais en première mi-temps on leur offre quelques situations qui ne sont pas concrétisées par des frappes ou des occasions réelles. On s’est créé des occasions en première période, mais la gardienne N’Gazi a eu à chaque fois les gestes justes pour empêcher l’ouverture du score. C’est dans ces moments qu’il faut montrer de la patience, ne pas s’énerver, ne pas se crisper parce qu’on n’arrive pas à ouvrir le score. À la mi-temps, j’ai dit aux filles d’être plus positives entre nous, justement pour éviter l’agacement. On réussit à marquer ce deuxième but dans temps faible pour nous, mais on a quand même trouvé les ressources et fait les bons choix de passe pour attaquer. Ça nous a fait du bien mentalement, et on a senti un groupe uni sur ce deuxième but.
Noémie Mouchon avait aujourd’hui quelques consignes individuelles qu’elle a bien respectées. Elle a également fait beaucoup de courses défensives. Elle marque et elle est décisive dans les dernières relations dans la surface ; elle avait envie de se montrer et j’espère que ce match peut-être un déclic. Sa prestation me permet aussi de faire souffler Lorena Azzaro, ce qui pousse Lorena à se remettre en question. C’est donc très bien pour les deux ! On va avoir deux attaquantes prêtes pour Vendenheim dans deux semaines. On n’a pas le droit à l’erreur sur les 5 matches qui restent, et on a besoin de tout le monde.
Les résumés des précédents matches auxquels on a assisté :
LOSC/Nantes : Lille résiste au péril jaune
LOSC/Brest : Sous le vent, Lille repart de l’avant
LOSC/Lens : Faux-pas dans le derby
LOSC/Orléans : Lille recolle
LOSC/La Roche : Des Lilloises renversantes
LOSC/Saint-Malo : Lille s’empare des Malouines
LOSC/Strasbourg : Au bout du suspense
Lens/LOSC : le LOSC freiné
LOSC/Saint-Maur : Le LOSC réussit sa rentrée
Posté le 14 mars 2022 - par dbclosc
Lille résiste au péril jaune
Voici arrivé le choc attendu depuis plusieurs semaines : la réception de Nantes. Encore fallait-il se mettre en position d’en faire un sommet, ce qu’ont parfaitement fait les Lilloises qui ont remporté leurs trois derniers matches, parmi lesquels le déplacement à Saint-Malo il y a deux semaines (2-0). Les deuxièmes (32 points) reçoivent donc les premières (34 points), et au Havre les troisièmes (32 points) accueillent les quatrièmes (Lens, 29 points) : ce dimanche devrait compter ! Metz semble avoir un peu lâché depuis le début de l’année 2022, avec une seule victoire et 4 défaites ; les messines, qui jouaient avant toutes les autres samedi, ont encore perdu des points en concédant un nul face à Brest (1-1), et ont donc elles aussi 29 points. Continuez comme cela, c’est très bien !
Les Nantaises sont en tête, n’ont perdu qu’un match, n’ont encaissé que 6 buts, mais ces chiffres masquent un net changement depuis quelques semaines : Anaïs Ribeyra, la meilleure buteuse, qui a inscrit 10 buts en 10 matches sur la phase aller, ne joue plus pour d’obscures raisons dites « extra-sportives ». Laissée à disposition de l’équipe réserve, son nom a circulé du côté de Dijon mais, officiellement, on en sait pas trop où elle est, et certaines joueuses de Nantes ont même réclamé sa réintégration si l’on en croit les amoureux des canaries. Le club a recruté deux joueuses sur le plan offensif en janvier : l’Américaine Ashley Cardozo et Thelma Eninger.
Dans les faits, cette absence a une conséquence très concrète : Nantes marque beaucoup moins. Avec cette attaquante, l’équipe tournait à une moyenne de 2 buts marqués par match ; et cette moyenne est tombée à 1 depuis le début de l’année civile, avec des « petites » victoires 1-0 contre Saint-Maur et Saint-Malo, 2-1 contre Orléans et, également, un 0-0 contre Strasbourg. Mais les Nantais encaissent toujours si peu, si bien qu’en parvenant à marquer ne serait-ce qu’une fois, la victoire est souvent assurée.
Nantes est toujours en course en coupe de France, après avoir éliminé un troisième club de D1 la semaine dernière (Reims, après Guingamp et Soyaux – sur tapis vert). Ce genre de parcours peut-il détourner le groupe de son objectif de D1 ou, au contraire, l’euphorise-t-il encore davantage ? Nantes ne prépare donc ce match que depuis une semaine, tandis que les Lilloises y sont depuis 15 jours.
La composition nantaise :
Du côté lillois, Chloé Pierel est toujours suspendue, et Eva Fremaux toujours blessée, mais elle marche sans problème et on devrait la revoir d’ici la fin de saison.
Lou Bogaert, dont on savait qu’elle pouvait évoluer à tous les postes du côté gauche, est titularisée devant, à droite.
Il fait gris, avec un léger vent. Et il y a du monde en tribunes ! Il faut dire que le club a enfin joué le jeu en relayant massivement l’annonce du match sur les réseaux sociaux. De plus, en amont du match Lille/Saint-Etienne vendredi, Patrick Robert et Rachel Saïdi ont convié les responsables des sections de supporters afin de les inciter à venir encourager l’équipe jusqu’à la fin de la saison.
14h30 C’est parti Paprzycki !
1e On joue à peine depuis 15 secondes que Elisor récupère haut et lance Azzaro qui se présente déjà en bonne position, mais elle est peut-être trop excentrée dans la surface, côté gauche. Sa frappe à ras de terre est maîtrisée par Szemik.
5e Première belle action collective sur le côté gauche lillois avec Elisor, Ollivier, Demeyere puis Boucly qui jouent en une touche de balle, mais elles ne parviennent pas à trouver une position de centre.
7e Gros contact entre Elisor et la capitaine de Nantes, Lorgeré, qui sort une minute.
10e Demeyere lance Nollet sur le côté droit, qui est reprise par la défense. Mais les intentions sont bonnes ! Quelques secondes après, Demeyere lance Azzaro qui est hors-jeu d’un rien.
12e Le ballon part de l’arrièr avec Devlech’, qui joue côté gauche, le long de la touche, où se construit une combinaison impliquant Boucly, Elisor et Ollivier. Elisor parvient à trouver Ollivier qui envoie un centre tendu vers la tête de Bogaert qui, au point de pénalty,place une tête puissante qui prend la gardienne à contre-pied ! Belle construction, belle conclusion, et 1-0 pour le LOSC !
14e Dans la surface de réparation, Elisor contrôle un ballon aérien. Elle cherche Azzaro au coin des 6 mètres, qui est contrée.
15e Après un coup-franc sifflé pour Nantes dans le camp nantais, Silke accompagne le ballon en faisant des passements de jambe, ce qui empêche les adversaires de récupérer le ballon, et aux Lilloises de se replacer. C’est vicieux comme tout.
17e Une faute est sifflée contre Silke Demeyere, dans l’arc de cercle de la surface lillise. Selon l’arbitre, Silke aurait touché le ballon de la main. Si elle a effectivement levé les bras, il nous semble à tous que le ballon n’a touché que la poitrine. Coup-franc très bien placé pour Eninger… et égalisation nantaise.
21e Très belle prise en sandwich Demeyere/Paprzycki qui permet de récupérer la balle. Elisor lance Azzaro… encore hors-jeu de pas grand chose.
28e Après un début de match très intéressant du LOSC, ça tourne un peu moins bien depuis quelques minutes. Le but adverse, sur la première incursion des nantaises près de la surface lilloise, a cassé le rythme que les Lilloises étaient parvenues à imposer.
31e Sur le côté gauche, Aurore Paprzycki frappe un coup-franc dans la surface vers Carla Nollet. Sur le duel, une bonne partie du public et les joueuses du LOSC voient une main. Pas l’arbitre.
33e Depuis quelques minutes, un ensemble de petites fautes en faveur du LOSC ne sont pas sifflées, et c’est assez agaçant. Lille continue d’attaquer avec Elisor qui tente de trouver Azzaro en retrait. La défense nantaise dégage, puis Paprzycki fait une petite faute. Et là, non seulement c’est sifflé, mais en plus Aurore prend un carton jaune !
35e Touche pour Nantes juste devant le banc de Nantes. Dhayer s’apprête à l’exécuter, mais son entraîneur la prend par l’épaule et lui chuchote des histoires à l’oreille. Donc on ne joue pas, et ça commence à gronder dans le public.
38e Après une belle séquence de possession lilloise, Elisor lance Demeyere à gauche, dont la frappe est repoussée par la gardienne. Azzaro arrive trop tard pour pousser le ballon dans le but ; c’est dégagé par la défense.
40e Suite à un ballon perdu par Devlech’ à une trentaine de mètres du but lillois, Pian frappe immédiatement pour surprendre Launay, avancée. Le ballon passe au-dessus.
41e Faute de Carla Polito, qui prend un jaune : celui-ci est tout à fait mérité.
43e Nollet remonte le ballon à droite, et sert Demeyere qui se débarrasse d’une adversaire. Silke trouve ensuite Azzaro dans l’arc de cercle, en pivot, qui frappe de son mauvais pied : c’est trop mou et c’est arrêté par la gardienne.
45e + 2 Après une action confuse, au cours de laquelle les Lilloises ont hésité à jouer pensant que l’arbitre allait siffler, les Nantaises se retrouvent en position de tir à l’entrée de la surface avec Pian, mais ça passe à côté.
Mi-temps sur ce score de 1-1. Lille a très bien débuté et a été récompensé par un fort joli but. Malheureusement, l’égalisation rapide des Nantaises, après une main supposée de Demeyere, a enrayé la dynamique. Malgré peu d’occasions, les Lilloises sont globalement plus entreprenantes, mais Nantes laisse peu d’espaces et se montre dangereux dès que le ballon ressort.
46e C’est reparti Paprzycki ! Le vent s’est franchement levé, et est favorable aux Lilloises.
49e Hé ben il ne se passe rien.
53e Récupération de Lou Bogaert. Elle parvient à centrer, mais le vent l’envoie trop à proximité de la gardienne, qui capte.
55e Belle combinaison Azzaro/Paprzycki/Boucly : nouveau centre dégagé.
57e Faute de Paprzycki sur Lelarge. On peut imaginer que si Aurore n’en avait pas déjà un , elle aurait pris un jaune là-dessus : « excellente, l’arbitre ! ».
58e Perte de balle de Polito, défenseure. Autant dire que c’est embêtant : mais Le Moguedec, qui assure par sa présence le quota obligatoire de nom breton dans toute équipe située à l’Ouest d’Angers, frappe à côté.
59e Noémie Mouchon et Chloé Marty remplacent Lorena Azzaro et Lou Bogaert.
62e Corner tiré de la droite pour Nantes. Le ballon traîne dangereusement dans les 6 mètres, mais est dégagé par les Lilloises. Puis Nantes parvient à se trouver dans le dos de la défense du LOSC, c’est remis en corner.
64e Carton jaune pour une nantaise, sous les acclamations du public : c’est pour Anaële Le Moguedec.
65e Nantes commence à se montrer vraiment dangereux : Eninger est lancée sur la gauche, entre dans la surface, et comme tout le monde est à pleine vitesse, on craint le pénalty : mais Devlech’ et Nollet parviennent à stopper régulièrement l’attaque.
67e Pour Nantes, sortie de Pian, entrée de Ringenbach, née à Léhon (Côtes d’Armor), et ancienne joueuse de Saint-Malo, Guingamp et Brest. « Flûte, se sont dit les parents, notre petite bretonne a un nom alsacien, allemand, voire franchement nazi, qu’allons-nous faire si elle veut jouer au foot dans un club breton et participer aux quotas relatifs aux noms et prénoms ? ». La procédure pour changer de patronyme étant très lourde, les parents Ringenbach décident alors d’intégrer leur fille via le dispositif « prénom marin pour favoriser l’insertion en Bretagne ». Bienvenue donc à Océane Ringenbach.
69e Devlech’ est contrée à 30 mètres de ses buts, et s’en sort en faisant faute… ça fait deux fois que l’une de nos centrales perd le ballon de la sorte. Apparemment les Nantaises ont bien travaillé ce pressing haut qui empêche les Lilloises de repartir de l’arrière, et les place en grande difficulté quand le ballon est perdu.
76e Sortie de Aurore Paprzycki, auteure d’un gros match, entrée de Naomi Bamenga.
78e Nantes attaque par la gauche : un centre de Oillic est dévié du bout des gants par Launay. Au deuxième poteau, le dégagement d’Agathe Ollivier est contré puis renvoyé à l’entrée de la surface, d’où frappe une Jaune, Launay repousse, c’est repris au point de pénalty, Launay est battue mais Nollet renvoie sur la ligne puis, à l’affût, Le Moguédec, seule face au but vide, est surprise que le ballon lui revienne dans les pieds et place à côté ! Ndjdgjzgjzdzvnzofn, on s’en tire bien.
80e Cette fois, c’est au tour de Nollet puis de Bamenga de perdre des ballons chauds… mais elles se rattrapent bien derrière.
82e Pour Nantes, entrée de Margaux Bueno, sortie de Anaële Le Moguedec.
85e Après un long moment sans solution offensive, Lille repointe le bout de son nez : Marty trouve Boucly, qui frappe de l’angle gauche de la surface : arrêt pas très académique de la gardienne, mais arrêt.
89e Long ballon de Nollet dans la surface nantaise vers Marty : Chloé s’apprête à contrôler mais est violemment chargée dans le dos par Lorgeré. Seule l’arbitre considère que le pénalty ne s’impose pas. Grosse bronca, et carton jaune pour Rachel Saïdi.
90e + 3 C’est terminé, 1-1, sous les huées d’un public encore étonné (c’est pour pas écrire « fou de rage ») que Lille n’ait pas bénéficié d’un pénalty. On garde un œil sur Rachel Saïdi qui se dirige d’un pas décidé vers l’arbitre et lui fait savoir sa façon de penser. Les Lilloises sont applaudies, puis le retour des arbitres dans le vestiaire se fait sous une « haie de déshonneur » copieusement garnie grâce à la belle affluence de l’après-midi.
Sur le jeu, on a assisté un un match intense et très serré. La première période a été plutôt à l’avantage de Lille, la seconde plutôt à l’avantage de Nantes. Il y a eu dans l’ensemble peu d’occasions : les Lilloises ont toujours cherché à construire, avec moins de réussite en deuxième mi-temps, tandis que les Nantaises étaient plutôt promptes à exploiter d’éventuelles erreurs adverses par un pressing haut, même si elles ont eu une incroyable triple occasion à la 78e.
Dès lors, le match nul est logique et on ne sait pas s’il faut être déçu de ne pas avoir gagné ou si c’est un bon point de pris : l’écart avec Nantes est maintenu avant un sprint final dont nous avons tendance à penser qu’il prépare un calendrier peut-être moins compliqué pour Lille. Il aurait été dommage qu’après un match contre les Canaries, tout soit désormais cui-cui.
Mais l’action de la 89e nous reste en travers de la gorge et relativise le sentiment de satisfaction que l’on pourrait avoir. La charge sur Chloé Marty est violente, irrégulière, et aurait dû donner un pénalty (qu’il aurait fallu transformer, certes), ce que quelques nantaises reconnaissaient également après le match. Ajoutons à cela la « main » de Silke qui donne le coup-franc de l’égalisation, puis l’action de la demi-heure (sur laquelle nous n’avons pas vu de main – mais nous n’avons pas vu non plus qu’il n’y avait pas main -mais nous avons bien vu que les Nataises ont arrêté de jouer)… Après l’épisode lensois de janvier, on avait écrit : « ce championnat est indécis. Puisse-t-il l’être uniquement sur la valeur des équipes… ! ».
Voici l’action en question, filmée par Ophélie Delobel et postée sur le twitter de @arnomah :
Eh bien on va l’écrire de nouveau : ce championnat est indécis. Puisse-t-il l’être uniquement sur la valeur des équipes… !
Nantes est certainement l’équipe la plus solide qu’on ait vue cette année, avec des arrières très rapides et des milieux de terrain toujours proches de la porteuse de balle en défense, et qui se trouvent de façon fluide quand ça attaque où là, en effet, il manque quelque chose (ou quelqu’un) devant. Sur ce qu’on a vu, il est vraiment dommage qu’une seule équipe ne monte, car Lille et Nantes semblent mériter tout autant l’accession. Bravo à toutes les joueuses pour le spectacle. Du côté lillois, mettons particulièrement en avant Carla Nollet, au four et au moulin sur son côté droit, qui n’a cessé de courir, de bien défendre et d’apporter son concours offensif. Au milieu, on a beaucoup aimé Salomé Elisor, qui avait une grande latitude d’action et su poser le ballon en étant juste techniquement. Et devant, dans la lignée de ses précédents prestations, Maïté Boucly a été très en vue, surtout en première période.
Au classement, avec la victoire du Havre contre Lens (4-1), Le Havre et Nantes sont devant avec 35 points ; Lille en compte 33 ; puis on a Lens et Metz, 29 (et Strasbourg revient, 28).
Les Lilloises seront à Orléans dimanche prochain,puis à Vendenheim le 3 avril. Prochain rendez-vous à domicile : Metz, le 17 avril !
La réaction de Rachel Saïdi :
On est déçues, car on avait pour objectif de remporter ce match. On a fait une belle première mi-temps, notamment 20 premières minutes de qualité, et on leur a causé des problèmes, notamment par le flanc gauche. Mais ce temps fort-là n’a pas suffit pour marquer un deuxième but. On se retrouve avec un coup-franc litigieux je pense, on va le revoir sur nos images… Le coup-franc marqué par Nantes nous met dans le dur derrière. En deuxième, on a été moins entreprenantes, on a eu des difficultés à mettre de l’intensité et à les mettre en déséquilibre.
Il y a des faits de jeu qui ne sont pas en notre faveur, et qui auraient pu faire basculer le match : il y a cette action à la fin qui aurait dû nous donner un pénalty ; il y a également une main en première mi-temps qui n’est pas sifflée. Mais ça fait partie du foot. On reste malgré tout dans la course : seulement deux points nous séparent de Nantes et Le Havre.
Il faut qu’on se remette vite au travail et qu’on renoue rapidement avec la victoire. On connaît bien cette position de « chasseur » : on a eu la chance de repasser devant à la trêve, et on ne va rien lâcher car on sait que ce championnat sera mouvementé jusqu’au bout
Les résumés des précédents matches auxquels on a assisté :
LOSC/Brest : Sous le vent, Lille repart de l’avant
LOSC/Lens : Faux-pas dans le derby
LOSC/Orléans : Lille recolle
LOSC/La Roche : Des Lilloises renversantes
LOSC/Saint-Malo : Lille s’empare des Malouines
LOSC/Strasbourg : Au bout du suspense
Lens/LOSC : le LOSC freiné
LOSC/Saint-Maur : Le LOSC réussit sa rentrée
Posté le 11 mars 2022 - par dbclosc
Grimonprez-Jooris, c’est de la bombe
Le football n’étant pas imperméable au monde qui l’entoure, il lui arrive d’en refléter en partie l’agitation. Ainsi, à deux reprises, le stade Grimonprez-Jooris a connu des alertes à la bombe, entraînant un report du coup d’envoi des matches. En 1985, le stade a été évacué ; en 1995, les organisateurs et les autorités ont adopté une autre stratégie.
_Madame, c’est bien ce soir qu’a lieu le match… ?
_ Lille-Sochaux ? Oui Monsieur !
_Vous feriez bien de la faire annuler. Une bombe va éclater à la fin de la première mi-temps. Oui, une bombe ! Et ce n’est pas de la rigolade !
C’est ainsi que la Voix du Nord reconstitue le dialogue qui a eu lieu entre Madame Clarysse, concierge du stade Grimonprez-Jooris, et son interlocuteur qui l’a jointe aux alentours de 19h15 le vendredi 1er mars 1985, à 1h15 du coup d’envoi (initial) du match LOSC/Sochaux. Manifestement clairvoyante, Madame Clarysse tente de gagner du temps et d’arracher quelques indices auprès de l’homme qui l’appelle, en lui disant : « j’ai pas bien compris ! Vous dîtes… ? », tout en enjoignant son mari à prendre l’écouteur, mais pas le temps de mettre de stratégie en place : on a raccroché.
Pour nos lectrices et lecteurs de moins de 25 ans, voici un téléphone fixe dit « à cadran ». La plupart d’entre eux étaient majoritairement dotés d’un écouteur placé à l’arrière de l’appareil, qui permettait de recevoir le son de la personne « à l’autre bout du fil ». On pouvait ainsi écouter à deux l’échange téléphonique autour du même appareil.
Ces modèles étaient déjà obsolètes la dernière fois que le Racing Club de Lens a joué une coupe d’Europe.
Selon « l’aimable concierge », en poste depuis 4 ans et encore « toute saisie », « c’était une voix d’homme adulte, 45 ans à peu près, mais sans autre signe distinctif », ce que l’on peut traduire par : il n’avait pas d’accent étranger.
Que faire en pareil cas ? Les Clarysse préviennent d’abord la police de faction près des guichets où se déroule la vente des billets ; les policiers en informent leur chef ; et les Clarysse en réfèrent à Charles Samoy, directeur sportif du club. Dans ces cas-là, il revient au club, en tant qu’organisateur de l’événement, de prendre une décision. On comprend les hésitations : faut-il prendre au sérieux ce qui ressemble à une plaisanterie ? Peut-on se permettre de ne rien faire et d’ignorer le risque, même infime ?
Il se passe près d’une heure entre le coup de téléphone et la décision prise : le stade doit être évacué. C’est l’un des rares points positifs des faibles affluences du LOSC : comme on ne se bouscule pas à l’entrée de Grimonprez-Jooris, on ne devrait pas se bousculer à la sortie. Après une annonce du speaker, près de 5 000 personnes sont donc priées de quitter leur place et, selon la Voix du Nord, certaines le font « avec une mauvaise volonté évidente ». Une inspection d’une heure débute alors sous les ordres du commissaire de permanence.
Eric Dussart, journaliste à la Voix des Sports, en profite alors pour s’entretenir quelques minutes avec Georges Heylens, dans les couloirs du stade. L’entraîneur belge se dit « peu perturbé » par les événements et estime que « les footballeurs sont bien moins fragiles que ce qu’on veut bien dire ». il a seulement demandé à ses joueurs de se regrouper dans le vestiaire et d’attendre calmement le coup de sifflet de M. Wurz.
Il est 21h20, et rien n’a été trouvé, alors que l’heure supposée de l’explosion est désormais passée. Le coup d’envoi du match est donné à 21h30, et l’on ne verra ni bombe, ni missile de Périlleux, au terme d’un match qui s’achève sur le score de 1-1 (Primorac contre Krause).
Une décennie passe et nous voici le 9 août 1995 : le LOSC reçoit Guingamp. Le stade Grimonprez-Jooris est de nouveau en alerte après un appel anonyme ; non pas pour dénoncer la présence en D1 de ce petit club breton mais, comme en mars 1985, pour indiquer qu’une bombe va sauter dans le stade. Même cause, mais pas mêmes effets que contre Sochaux : cette fois, le stade n’est pas évacué, et les quelques 8 000 spectateurs patientent pendant que la police fouille plus ou moins discrètement le stade.
Est-ce que l’alerte a été prise moins au sérieux, ou s’agit-il d’une évolution globale de la réponse à apporter en cas d’alerte à la bombe, quelle que soit l’estimation de sa crédibilité ? On penche plutôt pour la deuxième hypothèse.
Surtout, le public n’est pas averti de la cause réelle du retardement du coup d’envoi. En effet, pour éviter toute panique, Anne-Sophie Roquette transmet les informations qu’on lui a demandé de transmettre : si le début du match est décalé de quelques minutes, c’est parce que… le diffuseur TV rencontre quelques problèmes techniques ! À une époque où les téléphones portables ne sont pas démocratisés, une simple annonce par micro peut convaincre le public.
Il faut comprendre ce choix par le fait que, depuis 1985, quelques catastrophes dans les stades européens ont redéfini les critères de sécurité, conduisant d’une part à réduire le nombre de places « debout », d’autre part à chercher à multiplier les issues de secours, notamment via des sorties au niveau de la pelouse, en cas de mouvement de foule.
Mais Grimonprez-Jooris, en 1995, ne dispose pas d’issues de secours par la pelouse : c’est ce qui a justifié le passage de sa capacité à 13 500 places après la catastrophe de Furiani en 1992. On en avait parlé dans cet article, concernant un match de décembre 1994, puis dans celui-ci sur un match de novembre 1996 : pour diverses raisons, le LOSC déplorait la faible capacité d’accueil de son stade, pour une seule et même raison : il y a un problème d’évacuation, qui doit être réglé avant le 1er janvier 1998, sous peine de rétrogradation (par chance, on s’est rétrogradés tout seuls). On peut même rappeler que, même avec des évacuations enfin aux normes, l’environnement exigu de Grimonprez-Jooris (avec sur un côté, un mur ; sur un autre, la Deûle, et sur les deux derniers le parc boisé de la Citadelle) a par la suite en partie justifié le refus du projet « Grimonprez-Jooris II » pour manquements aux normes de sécurité.
En résumé, puisque les normes ont changé, les pratiques changent. Il ne faut donc pas voir dans les deux réponses différentes de 1985 et 1995 à une même menace une estimation différente de la dangerosité de la situation, bien que le facteur de l »affluence ait pu aussi jouer dans la volonté de ne pas évacuer en 1995 (+ 3 000 par rapport à 1985).
Mais selon un rapide calcul coûts/avantages entre une évacuation du stade et le maintien du public, la décision penche vers un contrôle discret de l’enceinte car, en 10 ans, le mouvement de foule et le risque de bousculade ont été éprouvés, et dès lors identifiés comme le comportement collectif à bannir, et d’autant plus dans un stade qui n’est pas équipé pour faire face à un mouvement de panique.
Mais cette décision repose tout de même sur deux postulats : le premier, c’est que le risque de panique est grand (ce qui est loin d’être justifié comme en témoigne l’épisode de 1985), et le deuxième, qui est davantage un pari, c’est que la présence d’une bombe n’est qu’une faible hypothèse. En somme, on a presque l’impression que les supporters constituent un danger plus important.
Lille-Guingamp, 23e minute : la bombe a finalement explosé dans le cul de Philippe Lévenard
Ces alertes à la bombes, aussi farfelues soient-elles, ne sortent cependant pas de nulle part, et le contexte national peut aussi expliquer les décisions prises à Grimonprez-Jooris.
En 1985, l’alerte à la bombe survient une semaine après l’explosion d’une bombe au magasin Marks & Spencer de Paris, revendiquée par « l’Organisation Arabe du 15-Mai », qui a fait un mort et 14 blessés. On ne le sait pas encore, mais cet attentat sera suivi de trois autres dans des grands magasins parisiens, en un an.
En 1995, l’alerte à la bombe survient deux semaines après l’attentat de la station Saint-Michel à Paris, ayant causé la mort de 8 personnes, revendiqué par le Groupe Islamique Armé algérien. On apprendra quelques semaines plus tard qu’un attentat à la voiture piégée sur le marché de Wazemmes a été déjoué.
Par définition, le terrorisme frappe par surprise ; il est dès lors souvent difficile d’établir un lien entre un acte et des auteurs ou une idéologie (sauf signature claire, genre attentat au maroilles des indépendantistes nordistes), mais la question que peuvent se poser les enquêteurs est : y a-t-il une « logique » à trouver entre la cible d’un attentat et un quelconque objectif politique du moment porté par un groupe ? Autrement dit, qui aurait intérêt à faire péter un stade, et en particulier celui de Lille ? Des Lensois, bien sûr.
Bref, dans l’estimation du danger causé par une alerte à la bombe, entre en jeu l’atmosphère politique du moment. Ainsi, en 1985, on peut penser que l’alerte à Grimonprez a pu faire penser à l’attentat parisien une semaine auparavant, ce qui est entré en considération pour évacuer le stade.
En revanche, et bien que l’attentat de 1995 ait fait davantage de victimes, il semble que des indices aient fait penser aux autorités qu’il ne pouvait y avoir de lien entre le RER parisien et Grimonprez (ne serait-ce que parce que le GIA n’a pas pour habitude d’indiquer par téléphone qu’il pose des bombes), d’autant que les stades, alerte à la bombe ou pas, sont a priori inspectés avant chaque événement. Voilà quelques éléments à prendre en compte également.
Mais ici, plus probablement, il semble que cette actualité dramatique ait trouvé quelque écho dans la population, comme le résume la Voix du Nord : « le terrorisme aveugle qui touche en ce moment notre pays a, semble-t-il, frappé l’imagination de quelques esprits débiles » (2 mars 1985) ; qualifié de « désaxé » et de « triste sire », « l’anonyme peut être fier de lui ».
Un résumé de Lille/Guingamp 1995 :
Posté le 4 mars 2022 - par dbclosc
Clermont 1946 : 7-1 carton pour le LOSC
Demi-finale de coupe de France 1946 : le LOSC affronte le Stade Clermontois (ancêtre du Clermont-Foot 63), pensionnaire de deuxième division. Les Dogues font parler leur large supériorité en écrasant leurs adversaires par 7 buts à 1. Ils espèrent ainsi remporter leur première coupe de France et entrevoient même le doublé coupe/championnat.
Dimanche 28 avril 1946 : le LOSC et le Stade Clermontois s’affrontent, à l’occasion d’une demi-finale de coupe de France, à Colombes. Si la présence du LOSC, déjà finaliste de la précédente édition, était attendue, la participation des Clermontois est plus surprenante puisque les Auvergnats évoluent en deuxième Division. Mais le tirage au sort leur a fait successivement affronter Gueugnon, Aniche et Le Vésinet, c’est-à-dire des équipes de D3, avant, en quarts de finale, d’éliminer Bordeaux, en bas de classement de D1 : ce n’est donc que sur cette dernière confrontation que l’on peut parler de relative surprise. C’est la première fois que les deux équipes se rencontrent même si, en fouillant un peu, on peut aller trouver deux précédentes confrontations qui ont une parenté avec cette demi-finale.
Il faut pour cela remonter au championnat 1943/1944, un des championnats dits « de guerre », qui opposait des « équipes fédérales ». On trouvait alors dans les équipes de « Lille-Flandres » et de « Clermont-Auvergne » bon nombre de joueurs qui se retrouvent sur le terrain de Colombes en avril 1946. Ces deux oppositions avaient largement tourné en faveur des Nordistes : le 12 septembre 1943, à Clermont, les Nordistes s’imposent 4-0 (doublé de Bihel, Baratte, Lechantre) ; au match retour1, joué au stade Henri-Jooris le 16 janvier 1944, Lille-Flandres s’impose 7-1 (quadruplé de Bihel, doublé de Bigot, et Tempowski).
Ainsi, le championnat fédéral fait apparaître une nette supériorité des Nordistes sur les Auvergants. Mais ce championnat monté de toutes pièces par le régime de Vichy avec les joueurs disposés et disponibles rend largement artificielle toute tentative d’interprétation purement sportive de ses résultats. Deux saisons plus tard, la hiérarchie entre Lille et Clermont est objectivée par la présence du LOSC en D1 et de Clermont en D2 : les Auvergnats ont en effet été rétrogradés de la D1 (groupe Sud) à l’issue de la saison 1944/1945. Cela semble logique tant il n’existe pas de tradition footballistique à Clermont-Ferrand : la présence de « Clermont-Auvergne » dans la championnat fédéral doit davantage à une volonté de représentation équilibrée du territoire national de la part de Vichy qu’à la logique sportive. Dès lors, à mesure que le contexte se normalise, Clermont retrouve son rang footballistique : à travers le stade clermontois, fondé pendant la guerre, ce rang est celui d’un club « simili-professionnel », comme le note L’Équipe (24 avril 1946), formé d’amateurs, en plus de quelques professionnels qui, durant l’Occupation, ont franchi la ligne de démarcation (on raconte que Davin, de Longwy, aurait traversé l’Allier à la nage pour rejoindre la « zone libre »).
Ainsi, au Stade Clermontois, à l’exception de deux ou trois joueurs (comme William Martin, à la à la fois capitaine et entraîneur de l’équipe, ancien international B), les footballeurs ont un emploi. L’équipe ne compte que 11 joueurs, et n’a donc pas de remplaçant ; son gardien de but, Schoettel, est commissaire de police ; Stefano Bruzzon est vendeur ; l’ailier gauche Hubry est un ancien gendarme ; Jan Renko est comptable ; le demi-centre Delagneau est restaurateur (on dit d’ailleurs : « il cuisine très bien Delagneau, mais les autres viandes aussi ») ; l’avant-centre Gevaudan tient avec sa sœur un magasin de parapluies, etc. à la Libération, les quelques vedettes passées par Clermont sont parties (comme Lucien Leduc, ou l’ancien Fivois, Lensois et Roubaisien Edmond Novicki, qui rejoint le LOSC en 1944). Bref, la présence de Clermont dans l’élite du football semble constituer un accident de l’Histoire.
Dans ces conditions, la supériorité des Dogues semble ne pas faire de doute. Les Lillois alternent entre la première et la deuxième place du championnat national, et ont eu fort à faire pour éliminer de la coupe Nancy (pourtant en D2), et surtout Rouen puis le Racing. Oui, mais le LOSC est dans une mauvaise passe.
Alors qu’il comptait 4 points d’avance en tête du championnat, le LOSC marque le pas avec trois défaites consécutives : face à Rennes (2-5), au Racing (1-2), puis de nouveau à la maison face à Roubaix (0-2), si bien que les Stéphannois ont recollé aux Lillois. Les deux leaders ont perdu 8 matches sur 26, soit presque le tiers. À ce stade de la compétition, seul Marseille (en 1936-1937) a fait moins bien (9 défaites). Cependant, Lille est toujours le mieux placé, mais faut-il s’inquiéter ? Après la défaite face à Roubaix, L’Équipe, qui qualifie les Lillois de « méconnaissables » imagine une fin en queue de poisson pour Lille :
« Lille qui, voilà six semaines, faisait figure d’équipe irrésistible, capable d’enlever sans coup férir championnat et coupe, tremble maintenant sur ses bases, se montre inquiète, nerveuse, instable, se fait battre deux fois de suite sur son propre terrain, soumet ses partisans au régime de la douche glacée et nous donne à penser qu’elle finira, une fois de plus, par échouer sur les deux tableaux ! » (25 avril).
Du côté du club, cette mauvaise série sème évidemment le doute. Le président du club, Louis Henno, s’interroge : « Nous faisons tout ce que nous pouvons pour amener notre équipe à la meilleure condition, nous étudions toutes les combinaisons possibles, lorsqu’un vide se produit pour maladie ou blessure. Bien entendu, nous ne trouvons pas toujours la solution idéale. Mais par contre, nous sommes interloqués, ahuris, stupéfaits lorsque, comme hier, nous voyons évoluer un team sans âme, sans conviction, sans cran. Comprenne qui pourra ! (…) Le bonheur endort. Nous touchons au double but pour lequel nous avons oeuvré au maximum, écarté les obstacles les plus difficiles. Le problème consiste maintenant à ne pas baisser les bras au moment crucial »
Au LOSC, on refuse de parler de crise. Ainsi, au premier étage de la brasserie l’Aubette, là où se trouve le siège du club, le secrétaire Marcel Dassonville réfute tout malaise : « cette demi-finale ne nous tracasse pas davantage qu’un quelconque match de championnat. Nous savons que nos joueurs, physiquement, sont parfaitement au point. Alors nous attendons d’eux qu’ils entament à Paris le sprint final. Et qu’ils le poursuivent mercredi à Lille contre Saint-Etienne ». Et on préfère évoquer l’adhésion du 1000e membre au groupe de supporters « Allez Lille ! ».
Cependant, L’Équipe relate à quel point le club lillois, sous la houlette de son entraîneur Geroge Berry, a resserré les vis et a soumis ses joueurs à un « régime britannique » pour préparer le match de Clermont.
Ainsi, puisque le LOSC compte aussi des « travailleurs », on a prié François Bourbotte de se mettre en congés de la direction régionale des PTT où il est salarié, et Bolek Tempowski d’« abandonner la charrue » pour cette semaine. Georges Hatz, le gardien de but, qui a une résidence principale à Paris, est lui aussi prié de rester à Lille pour préparer le match. George Berry explicite le programme : « tous ces garçons manquaient de balle. Quand ils se sont présentés dimanche dernier contre Roubaix, ils n’avaient pas joué depuis le 31 mars. Résultat : exhibition lamentable. Or, le lendemain à Courtrai, contre une solide sélection belge, ils ont fait un match à tout casser. Personne ne les aurait battus ce jour-là. Ne trouvez-vous pas cela un peu… drôle ? Alors j’ai dit « mes petits gars, vous allez sérieusement travailler ». Et mardi, au lieu de les faire reposer, je les ai convoqués au stade. Programme : exercices d’assouplissements et séries de sprints. Et aujourd’hui, ils ont joué un match de mise au point contre les réserves. Ils reviendront encore demain pour un léger galop ». Ce programme intensif convient au capitaine François Bourbotte, qui affirme : « notre équipe a besoin d’être soumise à une activité constante. Alors que d’autres se plaignent de trop jouer, nous, par contre, gagnons à multiplier nos efforts. Notre cohésion et surtout notre esprit de compétition ne s’accommodent pas de passages à vide. C’est la raison pour laquelle on ne nous met pas au vert, comme le font certains clubs. Et maintenant, plus que jamais, il s’agit de retrousser les manches. L’occasion se présente pour nous de faire coup double, en coupe et en championnat. Ce serait idiot de la gâcher ».
Concentration maximale pour que le rêve ne s’évapore pas : cette semaine studieuse devrait permettre aux Dogues de s’imposer. C’est en tout cas ce que pronostique toute la presse, comme L’Équipe, qui assure que « la plus solide technique lilloise doit s’imposer nettement » (27 avril), et la Voix du Nord, qui estime qu’« en dépit des exploits réalisés par Clermont, nous ne pensons pas que qu’il soit de taille à battre l’équipe lilloise, si cette dernière veut bien se donner la peine de disputer sa chance avec ardeur ». Même si Lille « n’a plus sa belle assurance d’il y a deux mois » (VDN), les Clermontois ne devraient rien viser d’autre que « faire un bon match » (L’Équipe) : « sans doute ne seront-ils pas écrasés. Nous ne croyons pas en une marque très lourde en faveur des Lillois ». Le quotidien sportif national considère en effet que les Auvergnats ont tout de même de beaux atouts, que symbolise notamment l’ailier droit Bini, qualifié de « jeune et rapide », à l’image de son équipe globalement « vive et énergique ». Sera-ce suffisant pour contrer une équipe « plus robuste, plus technique, mieux aguerri aux rencontres difficiles »… ?
Le LOSC propose une « éblouissante démonstration de football » (la Voix du Nord), en marquant dès la 40e seconde par Bihel, profitant d’une belle erreur d’un arrière qui n’appuie pas suffisamment une passe en retrait au gardien. Après 6 minutes de jeu, Tempowski porte la marque à 2-0. Par la suite, les Clermontois « réagissent vigoureusement » : ils dominent pendant un quart d’heure et réduisent l’écart par Gévaudan (16e) puis trouvent le poteau du but de Hatz. Le jeu est alors « assez équilibré » jusqu’à la pause, sifflée sur le score de 2-1 pour Lille.
« Mais les Auvergnats ne sont pas de taille à tenir longtemps cette cadence » ils s’effondrent en seconde période et les Dogues s’en donnent à cœur joie : Tempowski permet à Lille de rapidement mener 3-1 en seconde période. Ce but coupe « jambes, réflexes et réaction » (L’Équipe) chez les giscardiens. À partir de là, « technique individuelle, placement, marquage et démarquage, autorité, vigueur athlétique, rapidité de course et d’exécution constituèrent pour les joueurs nordistes autant d’avantages flagrants » : face à une opposition qui n’a plus la même vigueur, le LOSC se déchaîne avec Vandooren (60e), Bihel (70e), Tempowski encore (74e), puis Lechantre (85e), qui portent la marque à 7 à 1, une « marque brutale » selon L’Équipe. Et encore : selon la Croix du Nord, « l’arbitre, plein de sollicitude aveugle pour le plus faible, oublia de sanctionner quelques fautes graves, dont deux au moins valaient un pénalty » (30 avril).
« Le Vieux-Lille supérieur au Bleu d’Auvergne » (La Croix du Nord) : le LOSC est en finale !
6 buts d’écart en demi-finale de coupe de France : la performance avait déjà été réalisée par le Red Star en 1928, contre le Stade Français (8-2) ; et en 1941, Marseille a écrabouillé Lens 9-1. Les Lensois pourront toujours dire que la guerre les a perturbés.
Voilà les Dogues en course pour un historique doublé, et pour faire de Lille la place forte du football national. Et s’ils devaient choisir, tous préfèrent miser sur la coupe, et ainsi cesser d’être les « brillants seconds » (L’Équipe), comme en 1945 (mais aussi en 1939 avec l’Olympique Lillois). Par bonheur, ils n’auront pas à choisir et rafleront les deux trophées nationaux.
Pour davantage d’éléments sur la saison 1945/1946 du LOSC :
http://droguebierecomplotlosc.unblog.fr/2021/03/26/1946-lille-champion-du-calendrier/
http://droguebierecomplotlosc.unblog.fr/2021/03/27/1946-lille-coiffe-ses-adversaires-pour-une-premiere-coupe/
Note :
1 L’Auto souligne qu’il y avait « un brouillard si dense qu’on ne vit pas grand chose de ce qui se passait sur le terrain » (17 janvier 1944) ; pour le Grand Echo (17 janvier 1944), le match, en raison des conditions météorologiques, s’est joué « dans des conditions d’irrégularité absolue », « on ne voyait pas à 15 ou 20 mètres ».