Posté le 2 avril 2022 - par dbclosc
Au sabordage ! Le LOSC en double supériorité numérique depuis 1994
Prenant acte des difficultés actuelles des Girondins, M.Léonard décida de leur donner un coup de pouce en expulsant deux Montpelliérains le 20 mars dernier au Matmut-Atlantique. Las, ce fût insuffisant : malgré le double avantage numérique pendant toute la seconde période, les Bordelais restèrent muets pour une défaite finale par 2-0. Jolie petite histoire. L’occasion pour nous de revenir sur l’ensemble des matchs du LOSC au cours desquels ils bénéficièrent d’un tel avantage lors des 25 dernières années (sauf si on en a oubliés) pour voir si on a aussi mal profité d’un tel avantage.
27 août 1994 : Bastia signe son retour en D1
En cet été 1994, Bastia est de retour dans l’élite, et va se signaler lors de cette saison par deux caractéristiques : une équipe à l’aise à l’extérieur, et particulièrement agressive, puisqu’elle va récolter 8 cartons rouges (dont les deux premiers de la riche carrière d’un petit débutant : Cyril Rool, qui en récoltera 22 autres toutes compétitions confondues par la suite). En déplacement à Lille, l’équipe bastiaise ne montre qu’une seule facette de son talent, et pas la meilleure. Menée à cause d’un pénalty de Clément Garcia à la pause, l’équipe se corse (ahah) la tâche avec l’expulsion directe de Laurent Casanova dès la reprise (48e) . Le LOSC, pourtant assez peu offensif cette saison-là, double la mise par Farina (61e), et marque encore par Bonalair (3-0, 73e). Mécontent de ce troisième but, Eric Dewilder va dire sa façon de penser à l’arbitre et est à son tour directement expulsé. Lille ne profite pas davantage de sa double supériorité mais se montre solidaire : souhaitant participer à la fête, la pépite danoise Henrik Lykke récolte un second carton jaune (77e), et le match s’achève à 10 contre 9.
15 octobre 1997 : Caen remporte le Red Card Contest
Monsieur Bré n’aime pas qu’on conteste ses décisions, information dont ne bénéficiaient sans doute pas les Caennais quand ils se sont rendus à Grimonprez-Jooris pour défier les Dogues pour le compte de la 15ème journée du championnat de D2. Au bout d’une demi-heure de jeu, bien malin est celui qui saurait dire qui de Lille ou Caen pourrait prendre l’avantage. Qu’à cela ne tienne, le trio Bré-Mendy-Guerreiro entre en scène pour nous assurer un avantage substantiel.
C’est d’abord Etienne Mendy qui reçoit un premier avertissement, conteste et se voit en conséquence expulsé. Le capitaine Guerreiro voyant que M. Bré a le carton facile, notamment pour les contestations, se dit que c’est le moment idéal pour aller contester. Ni une, ni deux, M. Bré l’expulse directement. Bien joué Raphaël, c’est pas tous les jours que nos adversaires font preuve de fair-play au point de se saborder de la sorte pour compenser par ce biais les effets du complot millénaire contre le LOSC.
Les Caennais vont-ils tenir ? Six minutes plus tard, on sait que non, Carl Tourenne ouvrant le score. En seconde mi-temps, Samuel Lobé conforte la victoire lilloise d’un doublé (3-0), pour ses neuvième et dixième buts de sa saison.
22 novembre 1997 : Martigues au top
Pourtant annoncé comme un des favoris à la montée en D1 lors de cette saison 97/98 (la saison précédente, les Martégaux avaient fini troisièmes… Pas de chance : il n’y avait que deux montées), Martigues déchante vite, avec 4 buts encaissés lors de la première journée à Sochaux, puis 7 lors de la deuxième à Lille : pas de doute, ce sera une saison de merde. Mais une saison de merde n’est rien sans quelques coups d’éclat ponctuels, comme lors de la réception du LOSC en novembre. En bas de classement, Martigues part mal avec l’expulsion du sympathique Daniel Cousin à la 36e minute. Pourtant, les Sudistes parviennent à ouvrir la marque sur pénalty juste avant la pause (43e) : n’oublions pas que, cette saison-là, Lille fait aussi de la merde.
La fin du match approche et Martigues croit bien pouvoir prendre les 3 points face à un prétendant à la montée. Mais pressé par un quatuor offensif Lobé-Renou-Boutoille-Machado, les Sang & Or du Sud craquent à la 89e : le LOSC a marqué par Djezon Boutoille. En capitaine exemplaire, Nicolas Forge reçoit dans la foulée un second avertissement pour « jeu dangereux » et se fait sortir par l’arbitre (90e). Le LOSC aura à peine le temps de pousser pour arracher la victoire à 11 contre 9, et repart avec un point.
21 novembre 1999 : Delaroche relance un LOSC dépassé
Le LOSC qui se rend au stade des Costières de Nîmes y arrive en leader qui écrase la concurrence dans ce championnat de D2. Après 19 journées, les hommes de Vahid ont ainsi déjà 44 points au compteur, avec 14 victoires, 2 nuls et 3 défaites. Nîmes est pour sa part sur une dynamique négative, avec 1 victoire, 1 nul et 4 défaites sur les 6 derniers matchs. Les Dogues sont donc largement favoris.
Sauf que tout ne se passe pas comme prévu : Wilson « Lensois » Oruma, Karim « c’est-mon-premier-match-pro » Benkouar et Régis « futur-entraîneur-consultant » Brouard marquant chacun un but pour porter la marque à 3-0 pour Nîmes ! Il reste une demi-heure à jouer. Bref, autant dire que c’est cuit, d’autant que Nîmes continue d’attaquer et marque même un quatrième but qui sera finalement refusé (63è).
C’est le moment que choisit le gardien gardois Marc Delaroche pour nous donner un coup de pouce. Sans doute conseillé par Greg Wimbée, ancien spécialiste de la technique, ce bon vieux Marc sort de sa surface et détourne le ballon de la main. Fort logiquement, M. Poulat expulse Delaroche. Comme il n’y a à l’époque généralement pas de gardiens remplaçants sur le banc (le nombre de remplaçants étant limité à 3), Delaroche est remplacé dans les buts par le milieu de terrain Gérald « Marvin » Martin.
Pas de chance pour Nîmes, n’est pas Christophe Landrin qui veut. Martin est battu une première fois sur une frappe de Fahmi (76è). Huit minutes plus tard, Martin fait une faute de main sur un tir de Fernando D’Amico qui ramène le LOSC à 3-2. Dans la foulée, Benkouar, déjà averti fait faute sur son compatriote Abdelilah Fahmi et écope d’un second carton, synonyme d’expulsion. Les Crocos finiront le match à 9 ! Il avait fallu 6 minutes à Lille pour tirer avantage de sa double supériorité numérique contre Caen en 1997, il en faudra 4 cette fois-ci : laissé seul dans la surface Fernando « goleador » D’Amico égalise de la tête (3-3,89è) ! On en restera là même si Lille a encore continué à pousser pour arracher la victoire.
Une mémorable deuxième période à revivre ici :
https://www.youtube.com/watch?v=nhqEMtlctuM
11 septembre 2002 : le doublé de cartons rouges provoqués pour Brunel
Pour la sixième journée de la saison 2002/2003, là encore comme le symbole d’un massacre à venir, c’est un 11 septembre que le LOSC reçoit le Paris Saint-Germain à Grimonprez-Jooris. Après 24 minutes de jeu, M. Moulin sanctionne d’une expulsion directe Maurizio Pochettino pour son vilain tacle sur Brunel. Quatre minutes plus tard, Manchev ouvre le score après avoir repris dans le but vide un tir repoussé dans ses pieds par Letizi (1-0).
Mais les deux équipes se retrouvent rapidement à égalité numérique suite à l’expulsion du Roumain (et néanmoins lillois) Baciu, puis, dès la reprise, à égalité au tableau d’affichage : Wimbée fauchait un attaquant parisien, et Ronaldinho transformait le pénalty (1-1, 48è). Aloisio était également sanctionné d’un second carton jaune pour une faute toute aussi vilaine que celle de Pochettino en première mi-temps, là encore commise sur Brunel, auteur sans doute là du premier doublé de cartons rouges provoqués de sa carrière (68è). Comme en première mi-temps, il faut environ cinq minutes pour voir Lille profiter de son avantage numérique, Manchev y allant de son propre doublé (2-1, 75è), de buts inscrits cette fois.
Le match s’achèvera sur une troisième expulsion côté parisien, celle de Déhu dont les nerfs ont semblent-ils lâché en fin de rencontre et qui s’essuie les crampons sur un Sterjovski à terre (90è). Lille conserve son avantage jusqu’à la fin du match. Les Parisiens poseront une réclamation qui avait peu de chances d’aboutir.
Novembre 2003, ils ne tournent pas très rond, vivent les Bretons : le Stade Rennais sauve Puel
Après un début de saison très encourageant (3 victoires en 3 matches), le LOSC de Claude Puel cale : avant de se déplacer à Rennes début novembre, voilà 9 matches qu’il n’a plus gagné. Pour couronner le tout, les Dogues ont perdu le derby fin octobre (1-2) avant d’enchaîner sur une pathétique défaite à domicile contre Guingamp (1-3) malgré un « coup » de Puel, qui a préféré aligner Malicki que Wimbée. Ça va mal pour le coach lillois, qui semble à court d’idées, et que l’on dit sur la sellette.
Mais, au stade de la route de Lorient, Lille ouvre la marque par Manchev (33e) et montre un beau visage. À la pause, les Dogues rentrent aux vestiaires avec cet avantage d’un but. Le Rennais Piquionne a alors la bonne idée de répondre au public qui le chahute : il est expulsé à la pause. En infériorité numérique, Rennes se révolte, égalise (53e) et prend même l’avantage (62e) ! Décidément, le LOSC est désespérant… Mais à la 68e minute, Cyril « cerveau » Jeunechamp prend un deuxième jaune, et Rennes se retrouve à 9. Puel lance Tapia à la place de Baciu et Manchev égalise dans la foulée (2-2, 71e). Lille assiège le but de Cech, qui réalise des miracles. Le score ne change pas, et Puel sauve sa tête.
Lens 2004, 2010 et 2020 : les spécialistes du sabordage
Selon la légende, un supporter lensois aurait hurlé « à l’abordage ! » aux joueurs Lensois pour les encourager un jour de derby. Ledit supporter étant éloigné, les joueurs auraient compris « au sabordage ! » et décidèrent de respecter cette demande bien qu’un peu circonspects quant à sa pertinence. Ce fût dès lors la tradition.
Le 20 mars 2004, Lille reçoit Lens et les deux voisins se neutralisent (1-1) quand Papa Bouba Diop se fait expulser (55è). Considérant qu’il est déjà averti, Rigobert Song se dit que c’est le moment pour aller protester de manière véhémente. Monsieur Ledentu lui donne alors son second carton jaune synonyme d’un retour précoce aux vestiaires. Les Dogues n’en profitent toutefois pas et concèdent le nul contre les Artésiens.
Un résumé du match :
https://www.youtube.com/watch?v=HlQDKMPv9KY
Rebelote 6 ans plus tard, à Bollaert cette fois-ci. Le début de saison du LOSC est poussif avec 4 nuls en autant de matchs avec ce derby qui a lieu, comme un symbole d’un désastre annoncé, un 11 septembre. Lille mène 1-0 (but de Gervinho) quand Sébastien Roudet est expulsé peu avant la mi-temps. Au retour des vestiaires, c’est Jemaa qui se fait expulser (47è). Alors, facile à 11 contre 9 avec un but d’avance ? Les Lillois semblent au contraire déjouer, ne se créent pas d’occasions … et se font même rejoindre sur un but de Boukari ! Fatigués, les Artésiens céderont toutefois en fin de match grâce à un doublé de Pierra-Alain « supersub » Frau (79è, 81è) et à un dernier but de Gervinho (87è).
Enfin, pour ses retrouvailles en L1 avec Lille, les Lensois avaient décidé de mettre les petits plats dans les grands. Dominateur, le LOSC ouvre rapidement la marque par Yilmaz. En tout début de deuxième mi-temps, le défenseur Sang et Or Radovanovic prend la surprenante décision de ne pas intercepter le centre de Celik, laissant ainsi à Bamba l’occasion de doubler la mise (2-0, 47è). Dix minutes plus tard, Gradit reçoit un deuxième avertissement pour une intervention litigieuse sur Yilmaz qui filait au but (57è), avant qu’Ikoné n’enterre définitivement les espoirs lensois (69è). Et quitte à perdre dans les grandes largeurs, Clément « boucher » Michelin considère qu’il faut le faire à fond : sur un gros tacle par derrière bien stupide sur Bamba, il est directement renvoyé aux vestiaires (75è). Yazici enfoncera encore un peu plus Lens dans la foulée (4-0, 79è).
21 avril 2012 : la moutarde monte au nez des Dijonnais
Lille peut encore espérer le titre ; Dijon peut encore espérer se maintenir. Voilà donc un match à enjeux a priori déséquilibré, car Lille a entamé un sprint final de belle manière tandis que les bourguignons s’enfoncent. L’arbitre de ce match décide alors d’équilibrer les débats en expulsant sévèrement Idrisa Gueye à la 36e minute après un tacle sur Brice Jovial. En infériorité numérique, les Dogues réagissent et marquent coup sur coup par Mavuba (39e) puis Hazard (45e), arrivant à la pause avec un avantage de deux buts.
Se rendant probablement compte de son erreur durant la mi-temps, l’arbitre reprend en expulsant tout aussi sévèrement Meïté à la reprise (46e). Lille gère son avance, et Dijon s’agace : à la 77e minute, nouvelle expulsion, cette fois-ci très logique, de Kumordzi après un tacle par derrière su Hazard, contraint de sortir. Lille n’est donc pas en double supériorité », mais l’adversaire est à 9. Les Dogues s’imposent 2-0.
21 février 2016 : les Dogues conservent leur avance contre neuf lyonnais
Après une première partie de saison poussive, le LOSC a bien débuté l’année 2016 et reste sur cinq match sans défaite avant de recevoir Lyon au Stade Pierre Mauroy. Peu avant l’heure de jeu, Sofiane Boufal a ouvert le score sur un coup-franc qu’il a lui-même provoqué (1-0, 28è). Bauthéac puis Civelli échouent ensuite à doubler la mise, et Lille rejoint les vestiaires avec un avantage mérité, même s’il faut bien dire que le match ne fût pas transcendant.
A l’heure de jeu, coup dur pour les Dogues : Christophe Jallet est expulsé pour Lyon. Sans son international français, les Rhodaniens sont nettement plus dangereux et nous font trembler, Enyeama sauvant le LOSC à trois reprises en fin de match. A trois minutes du terme, Grenier a l’excellente idée d’envoyer un coup de coude dans les dents de Balmont, se faisant ainsi expulser. A 11 contre 9, Lille gère tranquillement la fin de match qui s’achève sur une victoire par la plus petite des marges.
Bonus : 1933, l’Olympique Lillois battu à 11 contre Sète
A l’aube de la 15ème journée du premier championnat de France professionnel de l’Histoire, l’Olympique Lillois écrase le Groupe A et a remporté l’ensemble de ses 14 premiers matchs à l’exception des deux rencontres jouées et perdues contre l’autre Olympique, celui de Marseille. Dans ce contexte, on imagine bien que Lille est favori son adversaire du jour déjà distancé de 9 points. D’autant plus que, si l’on considère qu’on a plus de chances de gagner à 11 contre 10, on doit en déduire qu’on a encore plus de chances de l’emporter à 11 contre Sète.
En déplacement dans la ville de Brassens, les Lillois ont paradoxalement déchanté, connaissant leur troisième défaite de la saison. Pas vraiment un coup d’arrêt pour autant : les Dogues finissent largement en tête de leur groupe et deviennent les premiers champions de France de l’ère professionnelle en écrasant Cannes (4-3) en finale.
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