Posté le 17 juin 2022 - par dbclosc
ESW-LOSC (6/6) : Wasquehal inscrit son nom au palmarès
Derby 6 : Alors qu’il caracole en tête de la D2, le LOSC perd au Stadium, à la surprise générale, contre une équipe qui se bat pour son maintien. Si d’aucuns ont soupçonné un acte de « solidarité régionale », cette défaite, qui provoque une colère noire d’Halilhodzic, rappelle les Dogues à leurs obligations.
36 : c’est le nombre de points qui séparent le LOSC de l’ES Wasquehal avant que les deux clubs ne s’affrontent pour la 26 journée de D2 en février 2000. Lille est premier et, même s’il a un peu ralenti l’allure qu’il avait lors du match aller, reste sur une performance exceptionnelle qui écrase les records. Les Dogues ont repris un rythme d’enfer en prenant 22 points sur 24 possibles au cours des 8 derniers matches. Et, comme avant le match aller, Lille vient de battre son dauphin, Toulouse (2-0, doublé de Bakari), cette fois-ci à domicile. C’est la 19e victoire du LOSC, en 25 matches.
En revanche, l’Entente connait une saison délicate : 18e et première relégable avant le derby, elle n’a gagné que 4 fois et possède la plus mauvaise attaque du championnat (17 buts marqués). Lille au sommet, Wasquehal en difficulté : jamais ce derby ne s’est annoncé si déséquilibré.
Lille veut continuer sur sa lancée
Avec 20 points d’avance sur le 4e, on voit mal comment le LOSC pourrait ne pas remonter. Après le match contre Toulouse, Laurent Peyrelade le reconnaît : « il ne faut pas être idiot, ce soir, nous sommes en première division ». Cependant, hors de question de se relâcher. Le groupe entend rester sur cette dynamique, et profiter de la fin de saison pour marquer l’histoire : « notre état d’esprit ne nous permet pas de nous endormir. Nous prendrons chaque match comme si c’était Toulouse (…) Nous sommes partis vers quelque chose de grand. Nous avons encore 13 matches à savourer tous ensemble. L’an prochain, on ne sait pas si nous serons encore ensemble, ce sera autre chose. Je veux prendre encore plus de plaisir. Toutes les saisons ne seront pas comme celle-là ». Vahid Halilhodzic confirme que « la première place nous appartient, je veux que notre parcours exceptionnel le reste jusqu’au bout ». Seul nuage dans le ciel lillois avant de se déplacer au Stadium : comme à l’aller, les Dogues ont laissé beaucoup d’énergie contre Toulouse. On se rappelle que le derby de septembre à Grimonprez-Jooris a offert un spectacle bien en-deçà des standards lillois de cette année, et cette prestation moyenne a été attribuée à l’énergie laissée face à Toulouse. Halilhodzic prévient : « On verra si nous sommes en forme. Il n’est jamais facile de se motiver à nouveau, 72 heures après un match comme celui de Toulouse. Les joueurs sont vidés mentalement, mais mon équipe m’étonne sans cesse par sa capacité à se remotiver. Nous devons en tout cas faire face dans les moments difficiles comme nous l’avons fait durant les dix dernières minutes face à Toulouse. S’il le faut, je ne serai pas bien loin sur le banc ».
Un derby déjà joué ?
On le comprend : Lille est déjà tourné vers la D1. La large avance du LOSC au classement permet d’assurer sans angoisse le passage d’une division à l’autre, ainsi que la transition entre Bernard Lecomte et les repreneurs privés Dayan/Graille. Vahid en profite pour signifier que le club n’avance pas assez vite, pas assez loin, un numéro dont il fera de nombreuses représentations jusqu’à son départ – ce qui ne signifie pas que ses craintes sont infondées : « l’avenir, c’est la D1. Mais il faut aussi mieux s’organiser, mieux se stabiliser en dehors du terrain., il y a encore beaucoup trop de problèmes qui se cachent derrière nos résultats. Et tout cela me fait d’ailleurs réfléchir sur mon propre avenir ».
Chez les Wasquehaliens, on ne doute pas non plus du retour du LOSC dans l’élite. Scrimenti déclare que « ce sera le dernier derby entre les deux équipes, parce que Lille va monter. Il faudrait leur couper une jambe pour qu’il ne parviennent pas à leurs objectifs ». Et on préfère ne pas se faire beaucoup d’illusions avant d’affronter Lille. Pour l’Entente, les points sont à prendre contre les concurrents directs : « il n’y a pas photo entre les deux forces en présence. Si on prend un point, ce sera bien. Le plus important sera d’être prêt à Amiens. C’est celui-là qu’il ne faudra pas rater. Si tel est le cas, on prendra un sacré coup au moral »
Toujours une bonne ambiance
Comme lors des précédentes confrontations, inutile de trouver une déclaration incendiaire de l’une ou l’autre partie ; au contraire, les deux entraîneurs louent les qualités de leur adversaire, ce qui est beaucoup plus facile pour Dominique Carlier : « j’ai beaucoup de considération pour le parcours du LOSC, qui a d’abord été éclatant, puis a connu ensuite quelques soucis. Mais tout semble oublié : cela prouve qu’il y a une équipe de football. C’est aussi un groupe qui, dans les moments difficiles, a montré des arguments de solidité et de solidarité qui font une saison exemplaire ». Du côté de l’entraîneur du LOSC, on souligne que « l’Entente est une équipe vaillante et volontaire. Avec la motivation, elle est capable de faire de très bons matches. Contre nous, ils en feront un, forcément. Un derby, ça ne se rate pas ! ».
Dès lors, il ne devrait pas y avoir d’incident. La veille du match, la Voix du Nord consacre un article à André Rapaille, gardien de l’ESW dans les années 1960 et désormais responsable de la sécurité au Stadium lors des matches de son équipe. Il explique que, cette saison, c’est « service minimum » en raison des résultats de l’Entente, qui tourne à 1 000 spectateurs de moyenne. Le derby contraint « Big Moustache » (c’est son surnom, lié au fait qu’il a une grosse moustache) à travailler avec la police pour trouver des stadiers en nombre suffisant, car le règlement de la Ligue en la matière comprend un passage dont l’application se révèle inadéquate pour ce match : en effet, chaque club se déplaçant avec des supporters doit prévoir un personnel de sécurité pour s’en occuper, avec un ratio de 1 (stadier) pour 50 (supporters), le club hôte se chargeant du complément. Se fondant sur les annonces officielles de ses groupes de supporters, le LOSC envoie donc… 12 stadiers, ce qui correspond à 600 supporters des Dogues. Or, on sait très bien que le stade sera lillois aux 9/10es, avec une très grande majorité de supporters qui se déplaceront en voiture particulière ou en transports en communs.
Même si l’ambiance est toujours à la camaraderie entre les deux camps, Big Moustache a donc fort à faire. Et l’ambiance est à d’une telle camaraderie qu’une rumeur apparaît, et la Voix du Nord croit utile de préciser qu’« aux dire de tous, il n’y aura pas de solidarité régionale ». Le simple fait de l’énoncer, pour celles et ceux qui n’y avaient pas songé, introduit un doute.
Retour de Camara
Lors du mercato hivernal, le LOSC a obtenu le prêt de Mohamed Camara, qui avait déjà été prêté lors de la saison 1998/1999 et avait fait une excellente impression. Les absences récurrentes de Didier Santini contraignent en effet à faire jouer Johnny Ecker à gauche (avec le temps, cela deviendra finalement son poste de prédilection à Lille), et parfois Bruno Cheyrou. Des contacts avaient aussi été noués avec Christophe Pignol (Monaco) et Jean-Sébastien Jaurès (Auxerre), mais le club a préféré miser sur une figure plus connue (et Vahid l’avait connu à Beauvais). Le pauvre Momo n’est entré que deux fois en jeu avec Le Havre, en D1, et a fait sa première apparition (en tribune) lors du match contre Toulouse , et apparemment il est reconnaissant : « il faut être clair, ce n’est pas moi qui viens aider le LOSC, c’est Lille qui vient à mon secours. Je suis déjà épaté que le groupe ait eu la gentillesse d’accepter un gars en plus. Avec une avance aussi confortable, ils auraient pu très bien considérer qu’un renfort n’était pas indispensable (…) Les résultats sont dans la lignée de la fin de saison dernière, mais l’équipe est sans doute encore plus solidaire et les jeunes qui ont intégré l’effectif sont de qualité. C’est beau, quand je vois ça je me dis que je n’aurais jamais dû partir, mais le Havre ne m’a pas laissé le choix ».
Finalement, Camara n’est pas encore dans le groupe pour Wasquehal. Lille est également privé de Santini, Fahmi et Collot. Cygan, absent contre Toulouse, revient à la place de Delpierre. À Wasquehal, Bonadéï est absent, et Benon, qui s’est pété le nez, joue avec une protection.
Devant 12 990 spectateurs payants, voici les deux compositions d’équipe et leur évolution :
Sibille ; Cygan, Debaets (cap., Benon 56e), Chaussidière, Leroy (Sabin 73e) ; Antunès, Scrimenti, Bizasène, Revillet (Adjali 46e) ; Cadiou, Clément-Demange
Wimbée ; Hammadou, Cygan, Ecker, Viseux ; D’Amico (Peyrelade 69e), Tourenne (Br. Cheyrou 83e), Landrin, Valois (Agasson 77e) ; Bakari, Boutoille.
Lille se loupe
Si l’Entente est plus entreprenante en début de match, le LOSC, sur sa première incursion, trouve la faille : Tourenne récupère grâce à un bon pressing et lance Landrin, qui réussit un grand pont interminable sur un Chaussidière hésitant, et frappe du gauche dans la surface, à ras de terre, à gauche de Sibille (0-1, 15e). Le but sur Fréquence Nord :
On pense alors que ce match va n’être qu’une formalité pour Lille. Deux minutes plus tard, Sibille sort au devant de Boutoille (17e) puis, sans forcer, se crée deux occasions importantes par Bakari, assez maladroit et moins en réussite que 3 jours plus tôt (31e, 44e). Lille a un avantage d’un but à la pause, et l’ESW peut s’estimer heureuse.
Changement d’ambiance en deuxième mi-temps. Lille croit pouvoir gérer, recule, et perd son football. On note « trop de facilités, de mauvaises inspirations ». Wasquehal n’est cependant pas dangereux jusqu’à ce que Clément-Demange efface trop facilement Cygan et envoie un extérieur du droit dans le petit filet opposé de Wimbée (1-1, 59e).
Le LOSC reprend alors le jeu à son compte, mais sans sa fluidité habituelle et, même,avec un gros déchet. Halilhodzic tente de secouer son équipe en remplaçant D’Amico par Peyrelade, ce qui a pour effet de provoquer une petite réaction, avec Bakari, servi par Boutoille, contré au dernier moment (72e). Et, finalement, le plus grand danger ne vient pas d’où on l’attend : Viseux, aligné à gauche, transperce la défense et envoie un tir puissant que Sibille repousse en catastrophe (75e).
Le LOSC y croit et Agasson remplace Valois (77e). Mais Wasquehal, en contre, parvient à marquer un deuxième but : Clément-Demange, trentenaire depuis la veille, se retrouve seul face à Wimbée et conclut facilement (2-1, 83e). En fin de match, l’expulsion d’Antunès (85e) ne change pas grand chose : Lille, incapable d’accélérer, s’incline pour la 5e fois de la saison, et Wasquehal remporte son premier derby et ses joueurs s’offrent un tour d’honneur ou, plutôt, comme le précise le double buteur, un « demi-tour d’honneur, car une bonne partie du stade était pour Lille ! ».
Retour sur terre
Indéniablement, Lille a laissé passer sa chance en première période, où il aurait pu (dû) plier le match. Par la suite, le LOSC a eu le tort d’encaisser un but sur la première occasion adverse, avant de se montrer trop gourmand en se partant de manière désorganisée à l’abordage, pour finalement se faire piéger une seconde fois. Cette défaite ressemble à un retour vers un passé pas très lointain, lorsque le LOSC se faisait piéger sur chaque offensive de Wasquehal. Pour Dominique Carlier « notre salut est venu du fait que nous n’étions menés que d’un but à la pause. J’ai l’impression que Lille aurait pu marquer deux ou trois buts et alors nous aurions pu remballer. Nous avons heureusement réalisé une toute autre seconde période, les joueurs ont montré beaucoup de caractère et certaines qualités ». Soulagé, il glisse à Bernard Lecomte : « nous en avions certainement plus besoin que vous… ». Soit l’issue inverse de celle de l’an dernier. Mais alors : « solidarité régionale » ? Après être resté prostré de longues minutes sur sa chaise dans une ambiance malaisante, Vahid Halilhodzic s’insurge qu’on puisse avoir un tel soupçon : « c’est n’importe quoi ! Wasquehal, avec ses armes, a mérité sa victoire. Ce qui me dérange, c’est que le LOSC, lui, n’a pas joué. À 1-0, il était évident que nous allions gagner ce match.Seulement, on s’est pris pour des autres. On a attrapé la grosse tête. Résultat, on fait une belle connerie. Après Toulouse, tout était beau, tout était rose, et certains ont pensé que c’était arrivé et qu’on était à l’abri de tout. Nous avons simplement manqué d’humilité et de respect vis-à-vis de l’adversaire, on s’est sentis trop fort. On croyait que personne ne pouvait nous battre. Certains joueurs ont complètement raté leur match. On va essayer d’analyser tout ça puis on va s’expliquer ».
Les joueurs enragent d’avoir eu l’impression de maîtriser tranquillement les événements et d’avoir perdu dans ces conditions. Carl Tourenne rappelle qu’« on savait pourtant que Wasquehal ne chercherait pas à faire le jeu, mais on est quand même tombés dans le piège. On aurait dû les laisser un peu plus venir ». Pour Djezon Boutoille, « on voulait bien rentrer dans ce match et nous y sommes parvenus. Marquer le premier but, c’est souvent le plus difficile. Mais ensuite, c’est vrai que plus le match avançait, plus on s’est désorganisés. Nous voulions absolument marquer un deuxième but. Or, il faut parfois savoir se satisfaire d’un point ». Personne n’a reconnu l’équipe qui asphyxie ses adversaires, et le LOSC a aussi montré des failles derrière : c’est la cinquième fois de la saison que le LOSC encaisse au moins deux buts mais, jusque là, ça n’avait donné lieu à aucune défaite. Pascal Cygan « on leur offre les deux buts sur des mauvais placements. Le premier but de Manu, celui de l’égalisation, est pour moi : je pense qu’il va me faire l’intérieur et j’anticipe. Il me contourne et marque de l’extérieur du droit. On avait des consignes, on ne les a pas respectées. Un bien pour Wasquehal ? Je m’en fous. Tout ce que je sais, c’est que nous perdons 3 points sur Toulouse, soit une journée de moins pour être champions ».
Finalement, Laurent Peyrelade essaie d’en tirer quelque bénéfice : « je crois que ça va faire du bien à tout le monde de redescendre un peu sur terre. À force de gagner beaucoup de matches, nous avions sans doute l’impression qu’il ne pouvait rien nous arriver ».
La Voix du Nord rapporte un décrassage « tendu » le lendemain. Vahid Halilhodzic tente d’analyser le match et considère qu’« on s’est battus nous-mêmes. Ils nous ont entraîné dans un faux-rythme et, tactiquement, on n’a pas été à la hauteur ». Apparemment, les joueurs en ont pris pour leur grade : « je leur ai dit mes vérités. Pour l’heure, c’est moi qui parle, et eux écoutent. Ils n’auront leur mot à dire qu’à l’instant où je le déciderai. Ils ont 10 jours pour réagir durant les entraînements ». L’entraîneur a convoqué ses joueurs par groupes pour évoquer certains aspects du match, comme le raconte Fred Viseux : « nous, défenseurs, nous nous sommes réunis avec Vahid pour régler certaines choses. Wasquehal a deux occasions et on prend deux buts ! Notre naïveté nous a perdus sur ce match ». La Voix du Nord rapporte que mes joueurs ressemblent à des élèves mis au piquet par leur prof, comme Boutoille : « on a fait une énorme bêtise. On a beaucoup parlé de cette défaite et on en reparlera encore. On a hâte d’être au prochain match pour évacuer les mauvaises pensées ».
Quelques jours plus tard, le Magazine du LOSC revient sur cette défaite et révèle qu’Halilhodzic aurait envisagé de ne pas titulariser Boutoille et Bakari au Stadium, afin de les ménager. Il en aurait discuté avec Jean-Pierre Mottet et Philippe Lambert mais se serait ravisé, de peut qu’on ne comprenne pas sa décision. On y trouve aussi un entraîneur du LOSC plus modéré : « il ne faut jamais se prendre pour quelqu’un d’autre et rester humble. On va encore dire que j’exagère, me taxer de pessimisme et d’exigence excessive. C’est faux, je suis simplement réaliste. Les joueurs comprennent très bien, eux aussi, qu’ils doivent être à 120% de leurs possibilités pour parvenir à s’imposer. Si nous sommes à 80%, nous devenons une équipe moyenne, sans plus. J’admets parfaitement que c’est physiquement et psychologiquement difficile. Il est même impossible de tenir un rythme très élevé en permanence. Voilà pourquoi, même si j’ai été sévère dans mes propos, les jours ayant suivi le match de Wasquehal, je comprends les raisons de notre défaite ».
Après cette défaite au Stadium, le LOSC poursuivra sa marche triomphale en alternant, le plus souvent, victoires à domicile et nuls à l’extérieur, en établissant un record de points pour l’époque. Lille et Wasquehal s’affrontent cependant une troisième fois au cours de cette saison : le 20 mars, pour meubler une mini-trêve (les deux équipes sont éliminées de la coupe de France), les deux équipes disputent un match amical à Tourcoing. À la pause, Lille mène 1-0 (Br. Cheyrou). À la fin du match, Lille a perdu 1-2. Colère de Vahid : « nous étions bien mais nous avons oublié contre qui nous jouions et nous l’avons payé ».
Un résumé du match (France 3)
Les citations et illustrations sont tirées de La Voix du Nord, La Voix des Sports et Le Magazine du LOSC (février 2000).
La série complète :
Lille/Wasquehal, nouveau derby professionnel
1/6 ESW-LOSC (1-1, 8 octobre 1997) : Le LOSC gâche déjà
2/6 LOSC-ESW (1-1, 14 mars 1998) : L’impuissance lilloise
3/6 ESW-LOSC (0-1, 29 août 1998) Un poing puis trois points
4/6 LOSC-ESW (1-1, 12 décembre 1998) : Toujours les mêmes travers
5/6 LOSC-ESW (1-0, 7 septembre 1999) : Le LOSC inarrêtable
6/6 ESW-LOSC (2-1, 5 février 2000) : Wasquehal inscrit son nom au palmarès
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