Archiver pour novembre 2022
Posté le 22 novembre 2022 - par dbclosc
Quand Daniel Leclercq envisageait de rejoindre le LOSC
Peu après son éviction du RCL à l’automne 1999, Daniel Leclercq a fait de l’oeil au LOSC, qui caracolait alors en tête de la D2. Une offre de services restée sans suite, mais qui illustrait le renouveau du club.
30 septembre 1999 : grâce à Nouma et Delporte, Lens bat Tel-Aviv 2-1 au stade Bollaert. Après le nul de l’aller (2-2), le Racing se qualifie pour le prochain tour de la coupe UEFA. Mais ce sera sans son entraîneur qui, à l’issue du match, est évincé, à moins qu’il n’ait donné sa démission – ce point n’ayant jamais été très clair. Quoi qu’il en soit, il est toujours surprenant de partir après une victoire (mais le LOSC n’est pas en reste car c’est également arrivé à Bruno Metsu en 1993) et, surtout, après avoir donné à Lens durant son mandat deux titres – les mauvaises langues aiment rappeler que ce sont les seuls, oubliant que le Racing a remporté trois magnifiques coupes Drago (1959, 1960, 1965), une prestigieuse coupe de l’Amitié (1962), et a vu son piston droit sélectionné en équipe de France (2022).
L’annonce du décès de Daniel Leclercq, en novembre 2019, a légitimement suscité une grande émotion à Lens, mais aussi dans toute la région, car Leclercq est également passé avec réussite par Valenciennes en tant que joueur (1961-1970 ; 1983-1984) et entraîneur (2003-2005). Mais à Lille aussi, les hommages ont été nombreux : le club s’était même fendu d’un tweet, largement relayé et commenté positivement par des supporters du LOSC.
Capture d’écran Twitter
Cela étant, Leclercq n’a pas attendu de mourir pour susciter une quasi-unanimité autour de lui, à Lille, alors même que son statut de faiseur de titres à Lens pourrait susciter de la défiance : certes, quand Lens a été champion (1998), le LOSC n’évoluait pas en D1, et peut-être peut-on considérer que ce titre a été vécu de loin par les Lillois. Mais plus probablement, sa carrière fait de lui un homme respecté, tant il a marqué le football par ses qualités de joueur, en inventant une sorte de poste mixant libéro et meneur de jeu où sa qualité de passe a fait merveille, et en prônant durant sa vie professionnelle des valeurs telles que le travail et l’humilité, ce qui semble coïncider avec l’individu qu’il était, et qui colle aussi aux fameuses « valeurs de la région » que Lillois et Lensois partagent largement.
Daniel Leclercq aurait pu marquer davantage les Lillois s’il avait rejoint le LOSC ; précisément, il en a été question au cours de cette saison 1999/2000. Désormais libre, il profite de ce moment de calme, tout en exposant ses projets dans une interview donnée à la Voix du Nord (VDN) en janvier 2000. Il rappelle les principes auxquels il est attaché (« famille », « amis », « professionnalisme », « passion », « maillot », « région », « public »). Et il n’hésite pas à montrer son intérêt pour les Dogues, en particulier pour leur entraîneur, Vahid Halilhodzic.
La Voix du Nord, 14 janvier 2000
Pour le moment, Daniel Leclercq a retrouvé une activité de consultant, pour TPS puis pour Canal +. Et il affirme que si son premier match dans cette nouvelle activité était Lille/Sochaux, ce n’est sûrement pas par hasard : c’est par « fibre régionale » soutient la VDN. Il est vrai que Daniel Leclercq, quel que soit le club dans lequel il était, a toujours manifesté de l’intérêt pour les clubs régionaux. À Lille, on se rappelle qu’il était souvent présent à Grimonprez-Jooris. Et on se rappelle aussi qu’il était présent lors d’un match amical d’avant-saison à Tourcoing entre le LOSC et Anderlecht (2-3), à l’issue duquel il avait affirmé toute sa sympathie pour les Dogues, espérant qu’ils rejoignent la D1 au plus vite. Leclercq affirme qu’après Lille/Sochaux, « tous les joueurs lillois étaient venus me remercier pour le mot d’encouragement que je leur avais envoyé en début de saison ».
« Je ne manque pas de propositions, les plus sérieuses, actuellement, venant de Dubaï, de Fenerbahçe, ou de l’équipe nationale d’Algérie. Cependant, je ne suis pas pressé ». Surtout, Leclercq est plutôt attiré par le LOSC qui, depuis l’arrivée de Vahid Halilhodzic en septembre 1998, a retrouvé beaucoup de crédibilité : sur leur lancée d’une saison 98/99 terminée en trombe où la montée s’est dérobée à la différence de buts, les Dogues cartonnent et devraient cette fois retrouver l’élite. Au moment de l’interview (23 journées jouées en D2), le LOSC a 16 points d’avance sur le 4e. De quoi avoir envie de découvrir un nouveau club du Nord ? « Lille, c’est le seul club nordiste que je n’ai pas encore fait (…) J’ai noué des contacts sérieux avec Vahid, qui est très sensible et attaché à des valeurs. C’est tout simplement un homme du Nord ! Sachant tout ce qui l’attend en D1, je me verrai bien lui donner un petit coup de main ».
Document rarissime : Daniel Leclercq 1) dans les couloirs de Grimonprez-Jooris 2) qui sourit
L’offre de services peut sembler étonnante : d’abord parce qu’elle ne semble manifestement pas motivée par des questions financières, ce qui est original dans le milieu ; ensuite parce que Leclercq reste malgré tout étiqueté « lensois » et, même s’il a la côte, c’est une autre chose de le voir intégrer le LOSC (aussi bien pour les supporters des LOSC que des Sang & Or). Comme on a dû le dire à l’époque au « Druide » : « rejoindre le LOSC, c’est Astérix et périls » ; et enfin parce qu’a priori, le LOSC n’est pas demandeur et a trouvé une formule qui, sportivement, fonctionne enfin. Certes, le processus de privatisation est lancé depuis quelques semaines, et il amènera probablement son lot de changements. Mais quand bien même Daniel Leclercq devrait intégrer le club, son palmarès et son aura peuvent-ils l’amener ailleurs qu’à une place de n°1 ? Peut-il cohabiter avec Halilhodzic ? Halilhodzic peut-il cohabiter avec qui que ce soit ?
Photo Jean Chaumont/Voix du Nord
Daniel Leclercq ne rejoindra jamais le LOSC, et n’y exercera aucune fonction, officielle en tout cas. On peut toutefois penser que l’amitié nouée avec Halilhodzic a pu servir de conseil officieux pour Vahid.
À cette époque, l’important pour le LOSC est bien de constater qu’il est de nouveau attractif, et si des hommes de valeur semblent prêts à lui prêter main-forte, c’est probablement qu’il est sur la bonne voie.
Posté le 16 novembre 2022 - par dbclosc
Mersey beaucoup Divock ! Origi, l’improbable idole d’Anfield Road
Huit ans après sa signature et sept ans après son arrivée de retour de prêt à Liverpool, Divock Origi a quitté les bords de la Mersey pour rejoindre le Milan AC. Bien qu’il n’ait jamais été un titulaire indiscutable chez les Reds, que son temps de jeu était même famélique depuis 2018, il les quitte en laissant aux supporters un souvenir impérissable. En cause, sa capacité, déjà montrée à Lille et en sélection nationale, à réaliser des coups d’éclat au moment où il le fallait.
Le 2 février 2013, Roooonny Roodelin cède sa place à un jeune joueur de 17 ans sobrement intitulé Divock Origi, lequel fait là ses débuts avec l’équipe première du LOSC. A vingt minutes de la fin, les Lillois sont en fâcheuse posture, puisqu’ils sont menés à domicile par 1 à 0 contre Troyes, 18ème avant la rencontre. Cinq minutes plus tard, Origi reprend de la tête un centre de Dimitri Payet et permet aux Lillois d’égaliser. Des débuts en fanfare pour le jeune Belge. Le score ne bougera plus. Il aura en tout cas fallu très peu de temps à Divock pour se faire remarquer.
Le nom d’Origi n’est alors pas tout à fait inconnu du monde du football. Son père Mike (Origi donc) est ainsi un ancien international ayant compilé pas moins de 120 sélections avec l’équipe du Kenya. Il a par ailleurs passé 14 saisons en professionnel en Belgique, y disputant 434 rencontres pour 105 buts marqués. Son prénom, ne nous en cachons pas, nous paraît en revanche alors peu familier. Et pour cause : il a été inventé par ses parents (1). Toujours est-il que le fils de Mike commence à se faire un prénom et qu’il prend une importance croissante dans le 8-1-1 de René Girard, disputant 35 matches toutes compétitions confondues en 2013/2014 (15 comme titulaire) pour 6 buts inscrits, dont 5 après la trêve hivernale.
Ces performances suffisent à faire de lui l’invité surprise de la sélection belge à la Coupe du Monde 2014 au Brésil. A tout juste 19 ans et 7 buts inscrits en pro, Origi bénéficie du forfait de Christian Benteke, le sélectionneur Marc Wilmots considérant que les deux joueurs présentent un profil comparable. Ses performances dépassent les espérances, Divock marquant notamment le but de la victoire contre la Russie qualifiant les Diables rouges pour les huitièmes de finale. Origi apparaît comme une valeur montante du football et Liverpool, qui observait déjà le Lillois depuis quelques mois, le fait signer en juillet contre un montant de 12,6 millions d’euros. Il est immédiatement prêté à Lille.
Après un début de carrière presque idéal, Divock Origi montre les premiers signes de son irrégularité. S’il marque son 4ème but de la saison contre Wolfsbourg le 2 octobre 2014, il reste ensuite muet 23 matches de suite toutes compétitions confondues, et ce jusqu’au 15 mars 2015. Ce jour-là, Divock ne se contente pas de débloquer son compteur mais inscrit carrément un hat-trick (38è, 63è, 72è), doublant son total de buts inscrits en championnat en 34 minutes. Le match est assez symbolique de la carrière de Divock, marquée par des coups d’éclat comme celui-ci et une relative monotonie le plus souvent.
Toujours présents dans les grands rendez-vous des Reds
Origi rejoint alors Liverpool à l’été 2015, découvrant le troisième maillot rouge de sa carrière après ceux du LOSC et des Diables. Il rejoint les Reds en même temps que Christian Benteke qu’il avait suppléé en sélection un an plus tôt et qui est son principal concurrent à la pointe de l’attaque. Il n’y est pas titulaire pour sa première saison et y est même quasiment ignoré par Brendan Rodgers, Origi se contentant d’une seule entrée en jeu en Premier League jusqu’au licenciement du technicien anglais le 4 octobre. Les cartes sont rebattues avec l’arrivée de Jurgen Klopp et Divock brille à l’occasion, claquant un triplé en quart de finale de League Cup sur le terrain de Southampton (1-6) ou sonnant la révolte lors d’un quart de finale d’Europa League contre Dortmund très mal embarqué (0-2 après 10 minutes, 1-1 à l’aller) mais finalement remporté (4-3). Les circonstances du derby remporté (4-0) contre Everton en avril contribuent également à alimenter son aura naissante auprès des supporters : il ouvre d’abord le score peu avant la mi-temps, puis sort blessé en début de seconde période suite à un tacle assassin de Ramiro Funes Mori, ce sacrifice involontaire entraînant l’expulsion de l’Argentin. Origi termine la saison avec 10 buts.
En 2016/2017, Origi débute encore comme remplaçant avant de devenir brièvement titulaire à la faveur de ses belles performances. Entre le 26 novembre et le 28 janvier, Origi marque ainsi 6 fois en 16 rencontres, dont 10 comme titulaire. Il reprendra pourtant bien vite sa place sur le banc des remplaçants mais trouvera toujours le moyen de se rappeler aux bons souvenirs des supporters. Ainsi, alors qu’il reste sur deux mois sans avoir marqué, Divock choisit le match du derby contre Everton pour retrouver le chemin des filets. Le 1er avril, il ne lui faut que 3 minutes après son entrée en jeu pour marquer le but du break en faveur des Reds (3-1). Cette performance lui vaudra de terminer les deux derniers mois de la saison comme titulaire. Ce seront les derniers sous ce statut.
Depuis cette saison 2016/2017, le temps de jeu de Divock Origi n’a cessé de décroître. Prêté à Wolfsburg la saison suivante, il passe ensuite 4 saisons à jouer les deuxièmes ou troisièmes choix. Origi dispute ainsi 49 % du temps de jeu toutes compétitions confondues de Liverpool en 2016/2017, puis 14 %, 32 %, 11 % et 11 % entre 2018 et 2022. Son temps de jeu en Premier League est particulièrement faible : il n’est ainsi présent que 11 %, 21 %, 5 % et 3 % du temps de jeu de cette compétition sur les quatre dernières saisons, pour une moyenne de 9,9 %.
Et pourtant, si Origi connaît un temps de jeu particulièrement faible à partir de 2018, c’est sur cette période qu’il acquière définitivement son statut de chouchou d’Anfield Road. En décembre 2018, il confirme d’abord que le derby lui convient particulièrement bien. Avant ce match, l’international belge avait dû se contenter de 11 minutes de jeu contre l’Etoile Rouge de Belgrade en tout et pour tout. un supporter annonce même qu’il se fera tatouer « Divock » si celui-ci marque contre Everton (2). Klopp le fait entrer à la place de Firmino à la 84è (Origi, pas le supporter) contre Everton alors que le score et nul et vierge. Au bout du temps additionnel (90è+6), Divock est à l’affût sur un ballon mal maîtrisé par Pickford, marquant dans le but vide et faisant chavirer de bonheur Anfield. Le supporter respectera son engagement.
- Il est tatoué ce supporter ?
- Bé ouais qu’il est à moué !
De joueur populaire, Origi devient carrément un héros en fin de saison, d’abord lors de la remontada du 7 mai 2019 contre le Barça en demi-finale de Ligue des champions. Battus 3-0 au Camp Nou, les Liverpuldiens se remettent dans le bon sens dès la 7ème minute grâce à l’ouverture du score. Revenant à la hauteur de leur adversaire à la faveur d’un doublé de Wijnaldum, les Reds se qualifient finalement grâce à leur avant-centre du jour qui inscrit également son doublé (79è). Trois semaines plus tard en finale, Origi marque le but du break en fin de match (2-0, 87è) assurant le titre européen aux siens ! Avec 7 buts en 693 minutes, il finit la saison avec un ratio d’un buts toutes les 96 minutes bien meilleur que ceux de Salah (1/161 minutes), Mané (1/165) et Firmino (1/213), et, comme on l’a vu, pas contre des équipes en bois.
Les supporters de Liverpool après le but d’Origi en finale de LDC
Bien qu’il joue très peu, Origi continuera à faire ce qu’il faut pour entretenir son statut d’improbable idole d’Anfield Road. Le 4 décembre 2018, un an et 2 jours après son but décisif contre Everton, Origi récidive, inscrivant même un doublé (5-2). Fin 2021, Origi montre encore qu’il est un vrai supersub : entré à 20 minutes du terme d’un déplacement sur le terrain de Wolverhampton, il donne la victoire aux siens au bout du suspense (0-1, 90è+4). A l’issue du match, Klopp déclare qu’ « Origi, la légende […] est un joueur de football incroyable […]. C’est un but que nous avons souvent vu à l’entraînement. J’espère qu’il trouvera un manager qui le fera plus jouer que moi » (3). Après le derby contre Everton an avril, Klopp est encore dithyrambique avec son avant-centre. «Il a été impliqué sur les deux buts. Tout ce qu’on a fait en deuxième mi-temps n’aurait pas eu lieu sans Divock. Le groupe vit grâce aux garçons qui ne jouent pas toujours, ce sont les joueurs les plus forts. C’est une légende sur et en dehors du terrain. C’est un footballeur fantastique pour moi, c’est un attaquant de classe mondiale, notre meilleur finisseur. Il l’a toujours été et tout le monde vous dira la même chose. » (4) L’hommage de l’entraîneur allemand contraste ainsi avec le peu de temps qu’il lui accorde : pour sa dernière saison à Liverpool joue en effet en tout et pour tout … 126 minutes en Premier League, pour 3 buts inscrits !
Origi à Milan, j’aurais dit moins
Cet été Divock Origi a enfin quitté Liverpool où il aura marqué 41 buts, soit un total relativement modeste sur 6 saisons. Bien entendu, il ne pouvait que rejoindre un club dont le maillot comporte du rouge. Ce sera finalement le maillot rossonero de l’ambitieux Milan AC, vainqueur du dernier scudetto. Il vient ainsi compléter une attaque composée des « vieux » Olivier Giroud (35 ans) et Zlatan Ibrahimovic (40 ans), de l’ancien dogue Rafael Leao et d’Ante Rebic.
C’est d’abord avec Giroud et Ibrahimovic que Divock est en concurrence (5). Sur le papier, deux concurrents de ce calibre pour un seul poste d’avant-centre lui fait risquer de prolonger ses habitudes à tâter du banc. Concrètement, Ibrahimovic est blessé jusqu’au début de l’année prochaine et il n’est de surcroît pas éternel. En outre, le Milan à AC doit disputer pas moins de 21 rencontres en 13 semaines jusqu’au 13 novembre, dernière date du calendrier de Serie A jusqu’à la trêve qui précède la Coupe du Monde. Dans cette configuration, Origi n’est pas de trop et aura vraisemblablement un temps de jeu conséquent.
A 27 ans, l’avant-centre belge a peut-être enfin l’occasion de quitter son statut d’éternel remplaçant et de s’imposer dans une équipe qui a vocation à disputer la Ligue des Champions avec régularité.C’est en parallèle peut-être également une opportunité pour relancer une carrière en sélection qui semble au point mort et qu’on ne pouvait qu’imaginer plus belle au regard de la précocité de ses débuts et de ses performances d’alors : le 12 novembre, cela fera 8 ans qu’il a inscrit son dernier but avec les Diables Rouges. Sauf, bien sûr, s’il faisait partie des sélectionnés surprise du rassemblement de septembre et qu’il lui prenait d’en mettre un aux Gallois ou aux Néerlandais.
FC Notes :
(1) https://www.dhnet.be/sports/football/diablesrouges/2014/06/23/mike-origi-il-a-ete-le-premier-divock-au-monde-NKOCTQ4PEFA35CMHVXXLN62PNM/ Notons que le site namekun.com nous en dit un peu plus sur la personnalité des Divock. On n’a pas tout compris, peut-être que vous pourrez nous éclairer : « Profondément indépendante, vive, rapide et entreprenant la nature. Frank et diriger vous ne voulez pas prendrez des détours et ne supporte pas l’hypocrisie »
(5) Rebic joue également avant-centre, mais il joue très souvent ailier gauche.