Archiver pour novembre 2023
Posté le 21 novembre 2023 - par dbclosc
Frédéric Machado, le jeune premier
Au milieu des années 1990, dans la foulée de « l’arrêt Bosman », la France est exposée à l’exil de ses meilleurs footballeurs. La libéralisation du marché des joueurs autorise aussi des pratiques, encore peu encadrées, qui fragilisent les clubs formateurs. Au LOSC, durant l’été 1997, Frédéric Machado ouvre le bal des jeunes exilés. Enfin, presque.
Lucas Digne, Adama Traoré, Divock Origi, Benjamin Pavard, Carlos Baleba… en attendant Leny Yoro et Lucas Chevalier : depuis quelques années, nombreux sont les jeunes (plus ou moins) formés au LOSC à quitter le club après seulement quelques matches en professionnel. Cette tendance, en partie liée au modèle économique du club, a même été intégrée par les supporters avec la force de l’évidence : nos meilleurs éléments seraient inexorablement destinés à partir, probablement à l’étranger, moyennant une belle contrepartie financière.
Ce schéma, aujourd’hui banalisé, a une histoire récente : en effet, en 1995, « l’arrêt Bosman » lève les restrictions à trois joueurs étrangers ressortissants de l’Union européenne dans un club. Et cela vaut aussi pour les pays hors-UE qui ont signé des accords d’association ou de coopération avec l’UE. Désormais, le marché des footballeurs s’aligne sur celui des autres travailleurs : il est donc devenu illégal d’établir des quotas de sportifs appartenant à l’une ou l’autre catégorie. Concrètement, un club n’a plus d’obligation d’aligner un nombre restreint de nationaux. La jurisprudence Bosman a ainsi entraîné, dès sa première application au début de la saison 1996/1997, une inflation des transferts, tant en nombre qu’aux montants des échanges financiers entre clubs.
Alors que, dans les années 1990, Papin, Ginola ou Cantona faisaient figure d’exceptions en tant que « Français de l’étranger », l’intersaison 1996 marque le premier exode massif des « stars » du championnat de France en 1996 (Blanc, Djorkaeff, Zidane, Thuram, Laigle, Karembeu…). Cette situation, qui apparaissait comme exceptionnelle et presque scandaleuse, avait conduit France Football à pousser un cri du cœur : « Trop, c’est trop !« .
Bien sûr, le LOSC, qui n’a pas de vedettes de ce calibre, n’est pas vraiment concerné par ce premier mouvement. Signalons tout de même qu’Amara « tricycle » Simba a « une touche » avec un club mexicain dès juillet 1996. Mais lors de l’intersaison suivante, en 1997, le club va être touché par l’arrêt Bosman, via une autre de ses conséquences, à un moment où un certain flou entoure ce qui est permis et ce qui ne l’est pas : il s’agit du débauchage de jeunes joueurs à peine intégrés en Première division, et qui ne disposent même pas encore d’un contrat professionnel. L’attaque vient du club portugais du Sporting Lisbonne. La cible ? L’attaquant Frédéric Machado qui, à ce moment, du haut de ses 21 ans, compte 8 matches pour 288 minutes en D1 (une titularisation, 0 but).
Un départ surprenant
Ce départ provoque la surprise au LOSC, ainsi que dans la presse nordiste : comment un tel transfert est-il possible ? On invoque la jeunesse du Lillois et donc le fait qu’il aurait été influencé par son manager ; un choix sportif douteux (il serait en réalité prêté dans la foulée à un club satellite du Sporting, en D2 portugaise) ; et surtout, le fait que Frédéric Machado n’a encore pas prouvé grand-chose au niveau professionnel. Quel a été son parcours jusqu’alors ?
Frédéric Machado est né le 11 novembre 1975 dans les Yvelines. On a trouvé ses traces footballistiques les plus anciennes à La Clarence, du côté de Bruay-la-Buissière, en deuxième division de district, où il joue stoppeur. Sélectionné avec l’équipe d’Artois, il affronte parfois l’équipe de la Côte d’Opale, dont l’avant-centre n’est autre que Djezon Boutoille, né deux jours avant lui ; « assurément de grands moments » commente Fred. On n’en doute pas.
Machado finit par se faire repérer par le LOSC avec ces sélections de Ligues, et en intègre le centre de formation en 1993 (soit un an après Djezon). Celui qu’on surnomme « Néné » se fait logiquement remarquer d’abord au sein de l’équipe des moins de 17 ans, puis en réserve, en Nationale 2 (4e division), où il côtoie à chaque fois Djezon. Il en résultera une belle amitié entre les deux hommes. Les deux joueurs ont d’ailleurs des profils proches : vivacité, vitesse, et quelques déficiences dans le jeu aérien.
Lors de la saison 1994/1995 en N2, Machado marque déjà quelques buts. À l’aube de la saison 1995/1996, il fait sa première apparition en D1 : c’était en août (6e journée), à l’occasion du premier match de Jean-Michel Cavalli sur le banc, après le limogeage de Jean Fernandez. Ce match marque d’ailleurs une inflexion dans la saison du LOSC qui, au vu du recrutement estival, semblait devoir s’appuyer sur quelques joueurs d’expérience (Périlleux, Simba, Rabat, Germain…) dont le rendement s’avérera aléatoire. Cavalli, pour sa première, titularise Boutoille, fait entrer Jérémy Denquin à l’heure de jeu, puis Frédéric Machado, pour une petite minute en fin de match.
La révélation Boutoille, l’arrivée de Becanovic en septembre, et le maintien de Simba dans le 11 titulaire ne permettent pas à Machado de se montrer dans l’immédiat.
Il faut attendre le début de l’année civile suivante (1996) pour voir Néné entrer en jeu, à l’occasion de deux matches de coupe où Cavalli fait tourner : il joue 25 minutes à Metz (Lille est éliminé de la Coupe de la Ligue), puis une minute à Saint-Leu (Lille se qualifie pour les 16e de coupe de France). Et alors qu’il devient le meilleur buteur du LOSC en N2 (14 buts), Machado réapparaît pour un quart de finale de coupe de France à Marseille.
Marseille, la tâche
Dans une saison bien terne, le LOSC vibre un peu en coupe de France (élimination de Monaco en 8e), il se rend à Marseille en quarts (et en avion) où il se retrouve mené après un pénalty dû au fort mistral. Les Dogues poussent, et Machado entre à la 89e pour renforcer l’attaque Sibierski-Simba-Becanovic. Quelques instants après, Cygan envoie un ballon dans le paquet ; Becanovic le dévie et trouve Simba qui tente une reprise de demi-volée qu’il foire complètement, mais le ballon part au second poteau où se trouve Machado qui, pour son premier et dernier ballon, se retrouve seul dans les 6 mètres face au but vide.
« C’est la journée la plus noire de ma carrière » déclare-t-il à l’issue du match. C’est d’autant plus embêtant quand cette carrière a à peine commencé. La Voix des Sports rapporte qu’il se fait « tout petit » dans le vestiaire après le match : « il n’y a pas grand-chose à dire. C’est le football. Quand j’ai vu l’arbitre siffler, je me suis dit : tu as raté la balle de match ». Pour une fois qu’un match du LOSC était retransmis sur TF1…
C’est bien évidemment malheureux, mais cette action, où le ballon tournait quand même fort et n’était pas si simple à redresser – et si Simba n’avait pas laissé son football à Caen, on en parlerait pas -, collera longtemps à la peau de l’attaquant lillois : dans la Voix du Nord, les deux articles qui lui seront par la suite consacrés débutent par une référence à ce loupé . Ainsi, en avril 1997, sa parole ouvre l’article (« N’évoquez pas Marseille. Il ne faut pas rappeler ça aux gens ! »), puis en mai 1997, on lit : « de Frédéric Machado, on gardait en mémoire l’image d’un jeune homme qui, dans un vestiaire du stade Vélodrome, avait un peu l’impression que le ciel lui tombait sur la tête ».
Cela n’empêche pas Machado de participer un peu à l’opération-sauvetage de fin de saison : il joue 24 minutes à Metz (32e journée, 0-2), 36 minutes à Martigues (34e journée, 0-1), puis 26 minutes contre Nice (36e journée, 1-0) où… il manque un but tout fait en fin de match.
À l’été 1996, voilà donc la situation de Fred Machado : un espoir du club, symbole d’un LOSC qui a intérêt à miser sur sa formation, et qui pour l’instant a fait quelques apparitions en professionnel sans avoir de réussite face au but. Ce qui, somme toute, est une trajectoire assez analogue à celle de Djezon Boutoille, qui a attendu près de 30 matches et presque autant d’occasions ratées pour marquer son premier but en D1. D’ailleurs, après ce match à Marseille, Djezon avait dédramatisé en déclarant « j’en ai loupé des pires que ça ».
On imagine donc voir davantage Néné en 1996/1997. Mais, d’une part, le LOSC tourne bien et marque beaucoup jusque novembre ; et, d’autre part, Fred se blesse au cours d’un match amical contre Maubeuge : une triple fracture du cou-de-pied qui l’éloigne des terrains pendant toute la première moitié de saison.
(re) Lancé au printemps 1997, pour l’avenir
C’est seulement en février 1997, alors que la dégringolade du LOSC est déjà bien entamée, que Machado retrouve le terrain : c’est à Valence, en coupe de France, au cours d’une fameuse confrontation contre Marseille. Entré à la 64e, il n’a pas tellement l’occasion de se montrer, tant le LOSC ne fait que défendre pour conserver son avantage. Mais le voilà prêt pour tenter de se faire une place en D1 : « on m’a vite fait confiance. Dès que je suis revenu après ma blessure, Cavalli m’a pris dans le groupe ».
15 jours après, il fait son retour en championnat, contre Strasbourg : il entre à 15 minutes de la fin alors que le score est de 2-2. Score final : 2-4…
Deux mois plus tard, c’est quasi-râpé pour le LOSC, même s’il reste ce match de la dernière chance contre Cannes. Bien sûr, le LOSC perd (1-2), mais Samoy et Gautier, qui ont remplacé Cavalli depuis quelques semaines, ont déjà quasiment pris acte de la descente, et font alors davantage jouer les jeunes qu’ils connaissent bien (Gautier entraînait précédemment la réserve) en vue de préparer la saison suivante à l’échelon inférieur. Ainsi, contre Cannes, David Coulibaly est titularisé, et Frédéric Machado entre en jeu dès la 54e minute. Lille s’enfonce, mais tout espoir n’est pas encore perdu : « je rêve de marquer le but qui sauvera le LOSC » annonce Machado, dont Gautier dit qu’il a le potentiel pour percer au haut niveau. Cette jeunesse dans l’effectif amène un peu de fraîcheur et d’espoir alors que, depuis des mois, d’autres ont l’air de sombrer dans une inarrêtable médiocrité.
Deux semaines après, contre le PSG, Machado remplace Becanovic dès la 31e minute : le Monténégrin, blessé avant le match, ne pouvait tenir que 30 minutes, alors on a tenté le coup… Machado est d’ailleurs proche d’égaliser en deuxième mi-temps mais sa reprise de volée part au-dessus. Lors de la 36e journée, à Lyon, Samoy et Gautier donnent leur première titularisation à Landrin, à Stéphanopoli et à Machado. Avec ses jeunes, Lille s’en tire très bien, avec un nul qui, toutefois, rapproche encore davantage le LOSC de la D2. Et Machado est encore très proche d’inscrire son premier but en pro : cette fois, son tir passe un rien à côté du but de Coupet.
Les deux derniers matches ne changeront rien à la donne : sans Machado, Lille termine par un nul et une défaite. Depuis des années que le LOSC était sur le fil, il descend, à l’issue d’une saison qui avait pourtant fait naître de grands espoirs. Si l’atmosphère n’est pas à la joie, on sent néanmoins que le club a préparé son avenir : d’abord, en présentant rapidement un nouvel entraîneur ; et ensuite en ayant en réserve quelques jeunes joueurs dont on dit le plus grand bien. Finalement, jouer les premiers rôles en D2 avec des Coulibaly, Denquin, Machado, Raguel, Sanz (sans oublier les jeunes plus aguerris du club comme Boutoille, Carrez, Dindeleux ou Leclercq) déjà alignés au haut niveau n’est-il pas plus emballant que de lutter péniblement pour ne pas descendre…?
« Nous les jeunes, nous voulons prouver que nous serons bien là la saison prochaine » avait lancé Machado en avril. Mi-mai 1997, la presse l’annonce : Frédéric Machado va signer son premier contrat professionnel avec le LOSC. La Voix du Nord croit pourtant savoir qu’il a un contact à l’étranger, mais Néné l’assure : « tout quitter et partir pour un pays dont on ne connaît pas la langue » ne le tente pas : « ici, je connais tout le monde. Je suis un peu jeune pour partir à l’étranger ».
Direction le Portugal
Mais, juste avant l’avant-dernier match de la saison, à Lyon, où Machado a connu sa première titularisation, retournement de situation : on apprend qu’il a signé au Sporting Lisbonne. La nouvelle est officialisée durant la semaine suivante. Plus précisément, Machado sera immédiatement prêté à Lourinhanense, club filiale du Sporting, en D2 portugaise.
Après un effet de surprise (« quand la nouvelle est tombée, un vendredi, elle a fait son effet »), la réaction de la Voix du Nord est sévère, et tance tantôt l’arrêt Bosman, considéré comme responsable d’une attaque en règle contre la formation française (« à travers son exemple, car il n’a que 21 ans, on se rend bien compte de la nouvelle donne instituée dans le football continental par l’arrêt Bosman, et des dangers que celui-ci représente pour les clubs formateurs »), tantôt le joueur lui-même qui, certes, se rapproche de sa famille paternelle, qui vit du côté de Guimares, mais il « n’a pas encore prouvé grand-chose » et ferait une erreur en se rendant dans un championnat perçu comme inférieur à la D2 française (« on doute que quitter un LOSC, fût-il sur le point de descendre en D2, pour aller jouer en D2 portugaise soit un bon calcul. Au Portugal aucun joueur français ne s’est imposé depuis plusieurs années. On lui souhaite bonne chance, mais… ».
« Légionnaire » pour ne pas dire « mercenaire », Machado est vu par le quotidien comme le symptôme d’un pas de plus vers un football dans lequel priment les intérêts financiers, tant pour les joueurs que pour leur entourage, au risque du crash sportif : « ainsi va le football européen en cette fin de siècle : pour un joueur français (et pour son manager), quitter l’Hexagone, c’est la perspective d’une opération financièrement juteuse. Le Lillois n’est pas le premier, ni le dernier, à se laisser éblouir par le miroir aux alouettes que constitue un transfert à l’étranger ». Après le cas Anelka, cette opération montrerait donc un danger de relégation pour le football français : « et tant pis pour le club qui l’a formé, le dindon de la farce, comme l’a démontré le transfert à Arsenal du Parisien Anelka (…) Machado, ce n’est pas la même échelle. Mais c’est un exemple supplémentaire des dangers qui guettent le football français. Lequel a de plus en plus de mal à garder ses joueurs et va, à ce rythme, droit dans le mur ».
Retour à Lille
Le LOSC entame donc la saison 1997/1998 avec, pour attaquants, Boutoille (et éventuellement Renou, plus en retrait), restés au club, et deux recrues : Samuel Lobé et Laurent Peyrelade. Et ça ne va pas trop mal puisque, début septembre, au soir de la 9e journée, le LOSC a la quatrième attaque du championnat avec 15 buts marqués (dont 7 inscrits contre Martigues). Samuel Lobé est même le meilleur buteur du championnat avec 8 buts marqués. Le lundi 15 septembre, l’effectif entame une nouvelle semaine de préparation en vue du prochain déplacement, à Amiens. Un entrefilet de la Voix des Sports annonce alors une drôle de nouvelle.
« Vice de procédure » : à ce stade, on n’en sait pas davantage. Mais, dans la semaine, la Voix du Nord apporte quelques précisions, tout en officialisant l’arrivée de Frédéric Machado dans l’effectif de Thierry Froger. Et en plus, c’est une aubaine : considéré comme ayant toujours appartenu au LOSC, il n’a pas le statut de joker. Et voilà Néné de retour à l’entraînement avec les Dogues, où il signe son premier contrat professionnel ! Finalement, l’information de mi-mai était la bonne, mais que s’est-il donc passé entretemps ?
On apprend que, en coulisses, dès le départ de Machado en mai, le président Bernard Lecomte et le directeur sportif Pierre Dréossi ont saisi la Fédération française de football et la FIFA, en contestant le débauchage de Machado, qu’ils ont estimé illégal. Pierre Dréossi raconte : « à la fin de sa période de stagiaire, il devait signer un contrat pro. Nous lui en avions signifié notre désir, par lettre recommandée avant le 30 avril. Mais sous l’influence de son manager, il a signé au Sporting Lisbonne. Nous lui avons alors refusé la lettre de sortie et nous avons alerté la Fédération internationale, ainsi que la FFF. Finalement, après deux à trois mois de procédure, nous avons obtenu gain de cause ». Il semble donc que les brèches que la loi Bosman a ouvertes ne sont pas encore interprétées de la même manière par tous les clubs, qui s’autorisent, avec plus ou moins de bonne foi, à tenter des démarches pas encore clairement encadrées juridiquement. En l’occurrence, on peut concéder au Sporting un manque d’appréciation de la situation : Dréossi dit même avoir reçu un fax d’excuses de la part du club portugais ! Le LOSC a rencontré le même problème que Lyon avec David Hellebuyck : lui aussi, en 1997, à seulement 17 ans, a été un temps « recruté » par l’Atletico Madrid pour être ensuite prêté à sa filiale, l’Atletico Madrelino. Là aussi, l’OL était parvenu à annuler l’opération.
Les sirènes du port de Lisbonne
Et Fred Machado là-dedans ? Revient-il à Lille à contre-cœur ? Apparemment, il est plutôt content de revenir. Même s’il est assez peu disert sur le sujet (« C’est une histoire entre clubs« ), on apprend qu’il n’a pris part qu’à des matches de préparation au niveau amateur (au cours desquels il a tout de même inscrit 4 buts), et qu’il regardait les professionnels depuis la tribune. La Voix du Nord reprend alors les mêmes remarques déjà exprimées : « un miroir aux alouettes de l’arrêt Bosman ».
Frédéric Machado concède avoir sans doute cédé aux sirènes du port de Lisbonne, et avoir probablement eu plus d’appétit qu’un barracuda : « en réfléchissant bien, je me suis précipité, sans doute, mais quand des clubs comme le Sporting, Porto ou Benfica vous appellent, vous vous dîtes qu’à 21 ans, c’est une sacrée chance. Maintenant, je ne pense plus qu’à Lille et à l’objectif fixé, qui est de remonter en première division (…) Dans l’histoire, j’ai apprécié la franchise de M. Dréossi. Il m’a toujours dit au téléphone qu’il irait jusqu’au bout. Il m’a dit la vérité. Dès lors, la solution était de ne plus penser qu’à mon intérêt sportif ». Dans ces circonstances, En attendant de retrouver un logement, Machado vit chez Boutoille. Ce dernier assure que « s’il continue à payer son loyer, il pourra rester encore un peu ».
Selon Froger « il a envie de jouer. Il a été exemplaire à l’entraînement. C’est un bon joueur de contre qui aime les espaces. Et la concurrence, c’est bien pour tout le monde« . Machado est même déjà dans le groupe qui part à Amiens ! Et on y trouve aussi Dindeleux, Carrez, Sanz, Raguel, Boutoille, Landrin. Coulibaly est blessé, et Turpin est en réserve. Pour la Voix du Nord, « le LOSC aime ses jeunes. Si tel n’était pas le cas, Pierre Dréossi ne se serait pas battu, des semaines durant, pour faire valoir son bon droit – celui de la formation – auprès du Sporting de Lisbonne et pour récupérer Frédéric Machado ».
Amiens, 20 septembre 1997 : le LOSC entame la partie avec une attaque Boutoille/Lobé. À la 43e minute, Alain Raguel, blessé, doit sortir. Froger fait alors entrer… Frédéric Machado, qui fait ses premiers pas cette saison, alors qu’il était encore au Portugal 5 jours avant !
La communication photographique du club ayant été lancée en septembre, Fréd est donc inclus sur la photo officielle de l’effectif, et dispose aussi de sa petite photo individuelle, comme en 1995/1996 (pour 10 francs au secrétariat du club, ou le lot entier pour 100 francs, renseignements au 03 20 12 82 92), alors qu’il n’y figurait pas en 1996/1997.
Quatre jours après ses débuts, Fréd est sur le banc pour la réception du leader, Nancy. Malmené, le LOSC perd 0-2 à la mi-temps. Froger lance Machado à la pause, à la place de Landrin. 15 minutes plus tard, le score est de 2-2. L’égalisation lilloise est signée Frédéric Machado, qui marque enfin son premier but en professionnel.
Quelques semaines après, profitant des blessures de Boutoille et de Peyrelade, Machado a déjà marqué 5 buts, se retrouvant deuxième meilleur buteur du club, derrière Lobé et à égalité avec Djez’. Tous ses buts ont été marqués à Grimonprez-Jooris. Il se met alors à rêver, en évoquant son grand pote Boutoille : « qui sait, peut-être formerons-nous tous les deux, un jour, le tandem d’attaquants du grand LOSC que les dirigeants annoncent… »
Lille/Nîmes, décembre 1997. Frédéric Machado inscrit son 5e but de la saison, et le LOSC l’emporte 2-1. Figurent sur la photo deux joueurs qui formeront un sacré tandem au LOSC, mais Fred n’en fait pas partie. Le défenseur nîmois, futur Dogue, est d’ailleurs aussi buteur ce soir-là.
Doublé contre Niort en octobre 1997
Djezon Boutoille et Frédéric Machado à l’entraînement, mars 1998
Mais la suite sera moins rose. Il ne joue plus que des bouts de match, sans parvenir à marquer de nouveau. Et le LOSC finit à la place du con. En 1998/1999, il est prêté à Valence, sous les ordres de Bruno Metsu. Pourtant, on a l’impression qu’il est encore un peu avec nous, puisque la campagne publicitaire du LOSC pour la saison 98/99 représente un joueur qui n’est sans doute personne en particulier, mais il ressemble tout de même beaucoup à Frédéric Machado.
Si la saison de Valence est catastrophique, il ne s’en tire pas trop mal individuellement, en prenant part à 27 matches (15 titularisations), mais en n’inscrivant que deux buts. Plus en retrait dans le jeu, il est auteur de quelques passes décisives (dont deux contre Lille, une à l’aller, une au retour. Mais le LOSC s’impose deux fois).
Le voilà de retour à Lille à l’été 1999, où il découvre Vahid Halilhodzic qui, lors de la première séance d’entraînement, lui envoie un « c’est toi Machado ? ». Direction Beauvais, puis Besançon, où il alternera entre D2 et D3, avant de se poser à Gap, dans des divisions inférieures.
À l’arrivée, même si Frédéric Machado n’a, légalement, jamais quitté le LOSC en 1997, il reste le premier à avoir agité le club quant à l’avenir de ses jeunes issus du centre de formation, et a donc apporté au LOSC ses premiers remous consécutifs à l’arrêt Bosman, qui libéralise (encore plus) le football, comprendre : transformer les footballeurs en « actifs spéculatifs », soumis comme n’importe quel produit aux logiques de marché.
Quelques semaines après le vrai-faux départ de Machado, Mustapha El Idrissi partait à l’étranger sans passer par la case professionnelle : c’est probablement lui qui peut être considéré comme le premier joueur issu de la formation lilloise à partir de la sorte : destination Mouscron, qui jouait alors la coupe d’Europe.
Ce cas est aujourd’hui fréquent, et est même considéré comme souhaitable par certains pour un club comme le LOSC qui, sur le marché des transferts et selon la typologie proposée par Jérôme Latta1, se situe probablement quelque part entre club formateur (« qui repère des joueurs au stade de la préformation pour les intégrer à leur centre de formation et les lancer au niveau professionnel puis les vendre à des clubs plus huppés« ) et club « intermédiaire » (qui a un centre de formation mais peut se permettre de « miser sur des jeunes d’autres académies » en vue de les vendre avec une importante plus-value) – la troisième catégorie étant formée par les « ultra-riches » (p. 68-69). Ce schéma, qui relèverait de l’inévitabilité est, paraît-il, le prix à payer pour maintenir une certaine compétitivité, au regard du modèle économique du club.
Alors, à qui le tour ?
Note :
1 Jérôme Latta, Ce que le football est devenu. Trois décennies de révolution libérale, éd. Divergences, 2023, 200 p. Le site de l’éditeur.
Les citations des protagonistes sont issues de La Voix du Nord et La Voix des Sports.
Posté le 1 novembre 2023 - par dbclosc
Ça aurait été bien de pas le rater
Bien entendu, il n’est jamais bon de manquer un pénalty, quelles que soient les circonstances. Mais, dans certains cas, c’est particulièrement embêtant.
On en conviendra : manquer un pénalty alors que l’on mène largement n’est pas bien grave, si on part du principe que la victoire est acquise. Et à la limite, manquer un pénalty quand on est largement mené peut aussi ne pas être un drame, si on part du principe que la défaite est acquise. Dans d’autres circonstances et en d’autres temps, on sait aussi qu’il était même fair-play de manquer un pénalty.
Mais le plus souvent, ne pas transformer ce tir à 11 mètres du but adverse est considéré comme un gros raté, tant le tireur semble avantagé par rapport au gardien. On peut même dire que, hormis un cas où le but est vide, un pénalty est la meilleure chance de marquer. Alors le louper, c’est triste, et selon l’identité du buteur ou le contexte du match, ça peut être très triste. En voici quelques exemples, par ordre chronologique.
Bernard Lefèvre contre Lens, 9 septembre 1954
Tout comme la perception d’un beau geste ne dépend pas uniquement de la qualité intrinsèque du geste en question, un loupé peut être d’autant plus moche qu’il arrive au mauvais moment : ainsi, rater un pénalty contre Lens est toujours particulièrement malvenu. C’est ce que fait Bernard Lefèvre le 9 septembre 1954. Du coup, 3-3 pour ce derby. Et pourtant : la Voix du Nord souligne qu’à l’entraînement, il est le champion des pénos : la veille du match, il en a tiré 20 face à Ruminski, et les a tous marqués, remportant la limonade mise en jeu par ses équipiers.
Et autre problème : quatre jours avant, contre Monaco, c’est Yvon Douis qui avait raté un pénalty, contre Monaco, avec des conséquences moins fâcheuses puisque le LOSC s’était imposé 3-1.
Mais avec deux coups de pied de réparation manqué en 4 jours, la Voix du Nord se moque gentiment des Dogues en titrant : « Lille cherche tireur de pénalties ». Pas cool.
Il faut dire que Lefèvre a été taclé au moment de tirer son pénalty
Erwin Vandenbergh contre Cannes, 11 avril 1990
La dernière saison de Vandenbergh à Lille est bien moins brillante que ses trois précédentes. Il faut dire que le départ de son compatriote Desmet l’a marqué et que, de surcroît, des négociations avancées avec l’Antwerp durant l’été 1989 n’ont pas abouti. Alors le Belge reste, un peu à contre-coeur. Quelques jours avant ce 8e de finale de coupe de France contre Cannes, il marque son dernier but avec le LOSC. C’est « seulement » son cinquième de la saison. Alors que le LOSC est en pleins remous, pour ce match de coupe, après un pénible 0-0, il faut passer par les tirs aux buts. Le score est de 4-5 est VDB s’apprête à tirer. S’il manque, le LOSC est éliminé. Et bien sûr, le LOSC est éliminé : triste crépuscule lillois pour Vandenbergh, que les supporters du LOSC surnomment ironiquement « ballon de plomb » (il avait été élu « soulier d’or » en 1981, un trophée qui récompense le meilleur joueur évoluant en Belgique). Et fin de saison bien pourrie pour le LOSC.
Jakob Friis-Hansen à Monaco, 7 novembre 1992
Quand on a marqué que 5 buts en 13 journées, il peut être intéressant de profiter d’un pénalty pour rendre ses stats moins ridicules. En se déplaçant et en marquant un but à Monaco, le LOSC peut augmenter sa moyenne de buts par match à près de 0,42 (6 en 14 matches), puisque Jakob Friis-Hansen va tirer un pénalty. Puisque les attaquants ne marquent pas (d’autant qu’on est en plein dans une période 8 mois pendant lesquels aucun attaquant du LOSC ne va marquer), on fait tirer les défensifs. Et c’est quand même raté : encore un match sans but pour le LOSC (0-3).
A défaut des cheveux, on Friis le ridicule
Pascal Nouma contre Nantes, 12 mars 1993
Saison de merde, suite : Pascal Nouma est arrivé en tant que joker à l’automne 1992 pour tenter de remédier aux lacunes offensives du LOSC. Bonne idée : à ce moment, il pèse 0 but en D1. Il ouvre son compteur, lors de son cinquième match avec le LOSC, à Caen, en janvier (défaite 3-4). Il faudra attendre trois mois pour assister à son autre but avec les Dogues. Entre-temps, Pascal Nouma, semble-t-il, s’est un peu perdu : début février, il se retrouve remplaçant, pour la première fois à Metz. Sans surprise, pour la Voix du Nord : « on n’en fut pas vraiment étonné… Lors des derniers matches, Pascal Nouma avait eu, semble-t-il, un peu trop tendance à oublier les vertus du collectif. Bruno Metsu a certainement voulu lui remettre les idées en place ». Dilettante et peu investi, Nouma ne s’attire pas les faveurs du public. Lorsque le nouvel entraîneur, Henryk Kasperczack, succède à Bruno Metsu, il remet Nouma sur le banc pour le derby à Lens. La semaine suivante, Nouma est de nouveau titulaire, contre Nantes : mené, le LOSC égalise par un pénalty de N’Diaye, après une main imaginaire de Pedros. Puis Lille obtient un second pénalty ! Cette fois, c’est Nouma qui s’y colle. Une belle occasion de mettre le public sa poche. Oui, mais il tire à côté. Ça ne l’aidera pas à remonter sa côte. En fin de saison, la Voix du Nord, supputant sur les prochains transferts, note : « on imagine mal le LOSC acheter Nouma au PSG ».
Thierry Bonalair contre Metz, 26 avril 1994
Après 3 victoires consécutives, ce qui n’arrive que très rarement dans les années 1990, le LOSC est pratiquement sauvé. Et voilà qu’on s’emballe vite autour du LOSC et de son avenir, on en a parlé ici. Fort de cet élan, Eric Decroix annonce une belle fête pour le prochain match face à Metz, qui n’est qu’à un point devant : « je pense que les 4 derniers matches seront l’occasion de se faire plaisir et de faire plaisir au public ». Le fête sera surtout pour les Messins : à la mi-temps, c’est 0-2, doublé de Séchet. Mais en début de seconde période, pénalty pour le LOSC. Le match s’apprête à être relancé ! Eh non, car Thierry Bonalair tombe sur Songo’o. En fin de match, Leclercq marque contre son camp. Puis Séchet y va de son triplé : 0-4 dans ces conditions, c’est vraiment être sèchement battu.
Bojan Banjac contre Nice, 3 septembre 1996
Le LOSC tourne bien en ce début de saison. Pour la 5e journée de championnat, le LOSC mène déjà 3-1 quand, à la 80e minute, un pénalty est sifflé pour les Dogues. Becanovic, le tireur attitré, laisse gentiment le ballon au nouveau venu, Bojan Banjac, qui donne l’impression d’être le n°10 que le LOSC cherche depuis des années. On peut imaginer que la générosité de Miladin vise à mettre Banjac en confiance, afin qu’il inscrive son premier but. Hélas, le péno est mollement frappé et Valencony dévie sur sa gauche. Même s’il n’y a rien de dramatique (le LOSC s’imposera 3-2), ça peut au contraire saper la confiance du joueur. Mais lui comme les autres sera flamboyant pendant 3 mois, avant de s’effondrer. Et on aura l’occasion de voir qu’il n’est pas un grand buteur (1 but en 96/97, puis 1 en 97/98, en coupe de la Ligue)
Miladin Becanovic contre Cannes, 17 avril 1997
Alors que le LOSC dégringole au classement depuis 4 mois, il reçoit Cannes, pour ce qui apparaît comme le match de l’espoir : Lille est 17e avec 33 points (4 descentes cette saison-là, donc Lille est premier relégable) et Cannes est 13e, avec 36 points. À l’aller, le LOSC, en pleine bourre, avait gagné 1-0 grâce à un coup-franc tout pourri de Boutoille, à ras de terre. Mais rien ne va plus pour le LOSC : après un but refusé à Boutoille on ne sait pourquoi (37e), Cannes ouvre la marque à la 40e sur une grossière erreur défensive, ce qui est devenu une habitude. Mais, dans la foulée, Becanovic a l’occasion de remettre rapidement les Dogues dans le match : hélas, lui qui en a déjà inscrit quatre pénos cette saison échoue sur Renaud, le gardien cannois. Même si le Monténégrin égalisera en seconde période (67e), Cannes s’imposera en fin de match. « Quelle tristesse, quelle désolation » peut écrire la Voix du Nord. Le LOSC est quasiment en D2.
Samuel Lobé à Wasquehal, 8 octobre 1997
Premier derby de l’histoire en professionnel entre les deux clubs : le favori est bien sûr Lille, même privé de nombreux titulaires, mais ce Lille ronronne, à la 7e place, et les Wasquehaliens ne sont que 3 points derrière ! Les locaux ouvrent le score avant que Cygan n’égalise à la demi-heure. Dans la foulée, le LOSC obtient un pénalty : Samuel Lobé a l’occasion d’inscrire son 9e but de la saison (et son 4e pénalty, qu’il a tous frappé en force). Comme le temps est dégueulasse et la pelouse détrempée, son pied d’appui glisse au moment de la frappe. En tombant, il parvient tout de même à frapper le ballon mais Sibille, parti sur sa droite, parvient à repousser du pied. Et voilà une première non-victoire contre Wasquehal, ce qui fiche tout de même un peu la honte quand on voit la différence de moyens entre les deux clubs.
Edvin Murati contre Metz, août 2000
Promu, le LOSC profite d’un été où il semble surfer sur la vague de sa réussite depuis l’arrivée d’Halilhodzic comme entraîneur : deux victoires, un nul (contre le champion en titre), une défaite : c’est très bien, profitons-en. Metz se présente à Grimonprez-Jooris et, à l’heure de jeu, le score est de 1-1. L’arbitre donne alors un pénalty pour les Dogues et Beck, déjà buteur, et tireur attitré pour les pénos, s’empare du ballon. Mais Murati, qui figure aussi parmi les recrues estivales, chipe le ballon au Danois, qui laisse gentiment faire après une petite brouille. Dans ces cas-là, t’as intérêt à marquer. Murati frappe fort au milieu et le gardien messin, Mondragon, repousse des pieds. Pas vraiment le moyen pour l’Albanais de se faire positivement remarquer. Lille l’emportera en fin de match.
Mikkel Beck contre Nancy, 1er décembre 2001
Si son jeu particulier a été fort utile au LOSC, notamment dans les 6 mois suivant son arrivée, on ne peut pas dire que Mikkel Beck ait été un grand buteur. Il a aussi fait preuve, par moments, d’une certaine maladresse devant le but, ce qui l’a progressivement amené sur le banc. Mais pour cette entrée en lice en coupe de la Ligue, contre Nancy, Halilhodzic fait tourner : il faut dire que c’est déjà le 26e match de la saison pour les Dogues, sans doute fatigués après la phase de poules de Ligue des Champions. Alors Beck est titulaire : contre une équipe de D2, c’est une bonne occasion de montrer qu’on peut compter sur lui. Hélas, le scénario espéré n’a pas lieu : Nancy marque d’abord sur une frappe de 50 mètres (64e), puis inscrit un deuxième but à la 80e. Juste avant le temps additionnel, le LOSC obtient un pénalty pour entretenir l’espoir. Mikkel Beck, qui a marqué les deux qu’il a tirés depuis son arrivée (plus celui dans le match arrêté contre le PSG) s’élance, et frappe sur le gardien. Le Danois était « complètement hors-sujet hier soir » note la Voix du Nord. Et, pour la première fois depuis des années, des sifflets résonnent à Grimonprez-Jooris, ce qui a le don de fâcher Vahid : « si c’est ça qu’ils appellent supporter une équipe, ils peuvent rester chez eux. C’est notre troisième défaite ici en 2001. Siffler comme ça, c’est scandaleux. Ce n’est pas comme ça qu’on supporte le LOSC »
C’est pourtant pas compliqué, surtout quand le gardien plonge de l’autre côté
Hector Tapia contre Troyes, 23 août 2002
Après la période dorée de Vahid, il faut reconstruire. Lors du mercato estival de 2002, le LOSC vend et recrute beaucoup. Parmi les nouveaux venus, Hector Tapia, un Doukisor Chilien qui fait bonne impression lors des matches d’avant-saison (amicaux et Intertoto). Mais en championnat, ce n’est pas trop ça : après 3 journées, le LOSC n’a toujours pas marqué, et ce Tapia n’a finalement pas l’air grandiose. Pour la quatrième journée, Lille reçoit Troyes. Juste avant la pause, Pichot fait sa traditionnelle simulation et obtient un pénalty. El goleador a ainsi l’occasion rêvée d’ouvrir son compteur et de dissiper provisoirement les doutes à son sujet. Ce ne sera pas pour cette fois car le tir, assez mou, est renvoyé par Heurtebis. Un avant-centre qui ne marque pas sur pénalty, c’est mauvais signe… Si Tapia marque enfin à Strasbourg une semaine plus tard, il n’a pas laissé un grand souvenir.
Yohan Cabaye à Lorient, 15 mai 2010
Les Lillois se sont arrachés au cours de la 37e journée pour battre Marseille à la 90e et signer ainsi une cinquième victoire consécutive. Désormais, le LOSC est deuxième. Pour cette dernière journée, une victoire l’enverra à coup sûr en Ligue des champions. En cas de nul, il sera 2e (qualifié) ou 3e (barragiste). Et s’il perd, il faudra compter sur des contre-performances de Lyon et d’Auxerre. Quand Ricardo « carton rouge » Costa ouvre le score, Lille peut rêver. Mais à la mi-temps, c’est 1-1, Lille est alors 3e (Lyon mène). Dès la reprise, Gervinho est fauché dans la surface et obtient son 56e pénalty de la saison. Le spécialiste : Yohan Cabaye, qui en a déjà transformés 8 cette saison. Mais cette fois, le gardien détourne. On connait la suite : malheureusement, Lorient prend l’avantage et, à la dernière minute, Auxerre prend l’avantage. Lille termine 4e, à la place du con. Mais bon, il paraît que cette frustration a permis au groupe de se souder davantage et d’enlever le titre un an après…
Dimitri Payet à Copenhague, 21 août 2012
On est plutôt satisfaits quand le tirage au sort du troisième tour préliminaire de Ligue des Champions place Copenhague sur la route du LOSC, et non Braga, le Spartak Moscou, le Dinamo Kiev ou encore le Panathinaïkos. La presse est unanime : tirage « clément » pour un LOSC « épargné » et désormais fort de son nouveau meneur de jeu, Marvin Martin. Hélas, le match aller ne se passe pas comme prévu : si Lille domine la première période, les occasions sont rares. Mais le LOSC bénéficie d’un pénalty au quart d’heure de jeu : une aubaine dans un match fermé, surtout à l’époque où un but à l’extérieur vaut de l’or. Mais Dimitri Payet frappe sans conviction, et le gardien détourne. Lille encaisse avant la mi-temps, et s’incline (0-1). Et voilà que se dessine un match retour angoissant.
« Coucou tout le monde ! On vient faire un peu de tourisme à Copenhague »
Salomon Kalou contre Evian, 16 mars 2013
Fort de cinq victoires consécutives, le LOSC revient vite vers les places européennes, après une première partie de saison moyenne. Et tout va bien lorsque Kalou ouvre le score pour les Dogues (7e). Mais à la mi-temps, c’est 1-1. La seconde période va alors tourner au cauchemar pour Salomon Kalou : à la 67e minute, il marque contre son camp, en déviant une tête de Koné, ce qui prend Elana à contre-pied. Mais l’Ivoirien compte bien se rattraper et obtient un pénalty (72e). Malheureusement, il envoie le ballon au-dessus. Sale soirée.
Divock Origi contre Wolfsburg, 12 décembre 2014
Alors que le parcours des Lillois en Europa League est assez moyen (4 points en 5 journées), le LOSC peut encore se qualifier pour la suite de la compétition, s’il bat Wolsburg à domicile. Mais tout semble réglé à l’heure de jeu, puisque les Allemands mènent 2-0. Si l’affaire semble entendue, un pénalty sifflé pour le LOSC peut permettre d’atténuer la peine de l’élimination. Mais Origi le manque. Ça ne change pas grand chose à l’affaire dans l’absolu, mais ce loupé vient à peine un mois après un autre loupé du Belge, sur pénalty. C’était face à Saint-Etienne, en championnat. En fait, depuis le match aller en Allemagne, Origi n’a pas marqué et, durant 1278 minutes jusqu’à un triplé contre Rennes, il ne marquera que face à Croix, en coupe. De là à penser qu’Origi, qui est prêté par Liverpool, a déjà la tête ailleurs… Agaçant.
Loïc Remy à Angers, 1er septembre 2018
Première titularisation pour le nouvel attaquant lillois, venu d’Espagne. Lille est mené mais, à l’heure de jeu, une tête de Remy est repoussé sur la ligne par Mangani, de la main : pénalty et carton rouge. Voilà une recrue qui pèse déjà ! Et qui va probablement inscrire son premier but puisqu’elle se charge elle-même de la réparation. Mais l’ancien gardien du LOSC Butelle détourne. Pour se consoler, on a droit à une magnifique frappe de Thiago Maïa qui avait bien suivi. Comme pour Banjac ou Murati plus haut, voilà une belle occasion de ratée pour la confiance des supporters. Surtout quand on apprend après le match par Galtier que Rémy n’aurait pas dû tirer ce pénalty, Pépé et Ikoné étant devant dans la hiérachie des tireurs. Et par la suite, Remy se rattrapera plutôt bien, en marquant pour le LOSC dans quatre compétitions (championnat, coupes de France et de la Ligue, Europe). Le seul avec Victor Osimhen et…Gianni Bruno.
Jonathan David contre Glasgow, 29 octobre 2020
Ce Canadien, recruté pour remplacer Victor Osimhen, a l’air bon, ses déplacements sont intéressants, mais il ne marque pas : embêtant pour un attaquant. Pour ce match d’Europa League, le LOSC est mené 2-0 à la maison. Mais juste avant la pause, le LOSC obtient un pénalty, et ses équipiers lui donnent l’occasion de débloquer son compteur. Mais c’est raté. De quoi faire planer le doute sur cet attaquant pendant encore quelques semaines…