Posté le 12 septembre 2024 - par dbclosc
Penauds face aux pénos stéphanois
Deux en mai + deux en août + deux en décembre : l’année civile 1995 a vu le LOSC concéder six pénalties en trois confrontations face à l’AS Saint-Etienne (ASSE). Tout est bon pour entretenir le complot contre le LOSC !
Loi 14 des lois du jeu : « un penalty (coup de pied de réparation) est accordé si un joueur commet une faute passible d’un coup franc direct dans sa propre surface de réparation ou en dehors du terrain dans le cadre du jeu, comme décrit dans les Lois 12 et 13 ». Pour être tiré, « le ballon doit être immobile et positionné sur le point de penalty ». Précision amusante : « un but peut être marqué directement sur penalty ». Le point de pénalty étant situé à 11 mètres du but et tout autre joueur devant être situé à au moins 9,15 mètres du ballon, on comprend que cette sanction a de fortes probabilités de générer un but. Il n’est donc pas recommandé d’en concéder.
Mais on ne sait que trop bien que le complot contre le LOSC passe souvent par Saint-Etienne : en 1989, l’arbitre De Pandis avait quasiment offert une passe décisive aux Stéphanois.
En 1995, complot oblige, le LOSC concède neuf pénalties1, dont six sont sifflés en faveur de Saint-Etienne. Et comme par hasard, sur la même période, le LOSC n’en bénéficie que d’un (Friis-Hansen contre Lens).
Consolation : en dépit de ces six coups de pied de réparation, Lille n’a pas perdu face aux Verts ! Il faut dire que deux d’entre eux n’ont pas été convertis. Et qu’en plus, le LOSC a marqué, ce qui restait à l’époque un petit événement. Retour sur les trois confrontations de 1995.
Saint-Etienne/Lille, mai 1995 (3-3)
Cela fait partie des matches que le LOSC a (presque) renversés : menés 1-3 à la 89e, les Dogues repartent avec un nul miraculeux. Déjà parce que le scénario du match est étonnant ; et ensuite parce que, avant cette 35e journée, le LOSC n’avait marqué que 21 buts, dont… 5 à l’extérieur.
C’est un match de la peur en cette soirée de printemps à Geoffroy-Guichard : 18es (35 points), les Verts reçoivent Lille, 16e (38 points). Après un début de saison très correct (5e au quart du championnat), Sainté est mal en point, notamment après le départ à l’automne de son buteur allemand, Roland Wolfarth, qui avait inscrit 8 buts en 10 matches de championnat. Mais à domicile c’est à peu près correct : 9 victoires, 4 nuls et 4 défaites.
Et le gros problème, c’est que le LOSC est affreux à l’extérieur : en 17 déplacements, il n’a pas gagné et n’a pris que 5 points (soit autant que son nombre de buts marqués, si vous suivez bien). On ne donne donc pas cher de la peau des lillois.
Dès la 7e minute, une défense lilloise en pleine confiance laisse faire un changement d’aile, se laisse dribbler (belle figure esthétique de Leclercq), et laisse Aulanier seul au point de pénalty : 1-0. Avant la pause, Friis-Hansen se fait avoir par un crochet de Camara : pénalty transformé par Laurent Blanc (2-0).
À la 72e, alors qu’entretemps Sibierski a réduit l’écart, Camara passe encore, Friis-Hensen fait de nouveau faute, et Blanc transforme de la même manière (3-1).
Alors que les Verts sont proches à plusieurs reprises de marquer un nouveau but, le scénario du match est extrêmement favorable aux Lillois, avec deux buts aux 89e (Moreau csc) et 93e (Sibierski) minutes. Ils maintiennent donc l’écart avec leur adversaire du soir, avant de se sauver lors de la journée suivante. Saint-Etienne finira 18e mais sera repêché en raison de l’interdiction faite à l’OM de retrouver la D1.
Saint-Etienne/Lille, août 1995 (1-1)
Troisième journée de championnat : après un mercato désastreux, le LOSC construit le pire départ en championnat de son histoire : il faudra en effet attendre la 10e journée pour gagner.
Mais en attendant, malgré déjà deux défaites, on est encore persuadé que Pingel et Simba vont former un duo de choc devant. Notons que Saint-Etienne n’est guère mieux loti avec sa petite pépite brésilienne Cuca (qui marquera tout de même 3 buts).
À la 23e minute, sous les yeux de Pascal Cygan, qui joue son premier match en D1, Hitoto fait faute sur Séchet ; Moravcik transforme (1-0).
70e minute : perte de balle de Friis-Hansen, Carrez accroche le maillot de Cuca : pénalty, bien évidemment. Heureusement, le Brésilien fait une belle passe qui permet à Jean-Claude Nadon d’effectuer son seul arrêt de la saison.
À 10 minutes de la fin, Sibierski égalise, inscrivant au passage son 3e but de la tête en 4 mois sur ce but. Notons au passage la belle intervention de Coupet. Merci Greg, rendez-vous en mai 2011 !
Lille-Saint-Etienne, décembre 1995 (1-1)
Belle affiche à Grimonprez-Jooris entre le 18e et le 15e : Lille, 18e défense, 19e attaque ; Saint-Etienne, 19e défense, 8e attaque (pas mal !). Quelle nullité prendra le dessus sur l’autre ? Eh bien c’est l’attaque lilloise, dès la 6e minute : débordement et centre de Becanovic, intervention-fantôme de Coupet puis de deux arrières, reprise de Boutoille, 1-0 !
Mais 3 minutes plus tard, Leclercq fait faute dans la surface de réparation : pénalty. Moravcik transforme du gauche, puis du droit, l’arbitre ayant fait retirer (1-1).
À la demi-heure, belle obstruction de Cygan sur Thimothée : Moravcik envoie cette fois sur la barre d’Aubry.
Match nul, sauvetage in extremis pour Lille en fin de saison, tandis que les Verts, récompensés pour leur persévérance, sont cette fois autorisés à descendre en D2. Mais nous les retrouverons bien vite.
En effet, comme les Dogues rejoignent les Verts en D2 pour la saison 97/98, c’est l’occasion de vérifier si le complot perdure. Dès la première journée, les deux clubs s’affrontent.
5e minute : débordement de Collot, passe à Duncker dans la surface, qui est bousculé, pénalty !!! Samuel Lobé le transforme et, sans conteste, l’engrenage maléfique est rompu.
Mais 15 minutes plus tard, l’arbitre, M. Léon, revient aux fondamentaux : centre de Guillou vers Lagrange, et devinez quoi…?
Bob Senoussi a raison : mieux vaut en rire. A ce moment là, à la grosse louche, sur les 250 dernières minutes des confrontations entre le LOSC et l’ASSE, les Verts ont obtenu 7 pénalties, soit un toutes les 35 minutes. A l’échelle d’une saison de 34 matches, à ce rythme, une équipe en obtiendrait alors 87 ce qui, sans être impossible, semble nettement improbable, à moins de jouer avec 5 Gervinho devant.
Démonstration est faite : sombre fin de XXe siècle.
N’oublions pas que le complot stéphanois par les pénalties a eu une suite, puisque Lille est éliminé à Saint-Etienne en demi-finale de coupe de la Ligue, aux tirs aux buts, en 2013.
En championnat, il faudra attendre plus de 20 ans pour retrouver trace d’un pénalty stéphanois contre Lille. Mais très perfidement, en ce mois de novembre 2017, c’est Jonathan Bamba qui le transforme ; puis Remy Cabella la saison suivante, en octobre. Ces mauvais coups contraignent ces deux joueurs à arriver au LOSC avec un solde négatif, ce qui peut générer des tensions avec les supporters.
Fort heureusement, Peyrelade (1999), Cabaye (décembre 2007, décembre 2009) puis Eder (mai 2016) ont permis au LOSC d’également marquer sur pénalty contre l’ASSE. Avant, il fallait remonter à Philippe Périlleux pour trouver la trace d’un tel événement (mai 1990).
Vous constaterez donc qu’en 35 ans, le LOSC est dans l’incapacité ne serait-ce que d’égaler ce que Saint-Etienne a fait en quelques mois.
Alors, en 1995, défense à chier ou complot ? Chacun se fera son opinion.
Note :
1 Outre les Stéphanois, Andersson (Caen), N’Doram (Nantes – raté) et Drobjnak (Bastia) ont tiré un pénalty face à Lille.
Toutes les vidéos ont été mises en ligne sur la chaîne Youtube de ASSE Memories (le compte X est ici)
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