Posté le 11 octobre 2024 - par dbclosc
Surprise sur prise et but de la bite : peut-on rire du LOSC ?
L’histoire de la télévision française est largement ternie par la diffusion de deux émissions : l’une est un piège de l’émission Surprise sur prise en 1992, l’autre est un reportage de Groland en 2009. Le LOSC y sert d’arrière-plan pour faire rire : est-ce moral ?
Peut-on rire de tout ? Voilà une question sur laquelle tous les apprentis-philosophes se sont déjà penchés. À cette question, nous répondons : non. D’une part parce que ça prendrait trop de temps ; et d’autre part car il est évident que l’on ne peut pas rire du LOSC. Le sujet est bien trop sérieux : les grands succès du club l’ont érigé au rang d’institution sacrée.
Pourtant, d’aucuns se n’en privent pas, et ce en utilisant un média qui touche un public très étendu, à travers la télévision. Revenons sur deux émissions.
Surprise sur prise : drôle en apparence
En 1992, Thierry Lhermitte est piégé dans Surprise sur prise. Chez des amis, l’acteur regarde un match de foot quand un autre de ses amis, Richard, l’appelle pour lui indiquer de bien observer son écran durant la mi-temps, au moment d’un spectacle de samba organisé sur la pelouse.
Première surprise, l’une des « danseuses » est Richard. Les rebondissements s’enchaînent et montent en intensité : depuis le Parc, l’ami chevelu annonce par téléphone des événements à venir : le téléspectateur attend donc avec délectation, en compagnie de Lhermitte, les futurs rebondissements. Et on n’est pas déçus : entrée sur le terrain de l’ami, qui parvient même à mettre un but, et envahissement nu en mode « striker ». Lhermitte, entre gêne et hilarité, apprécie le moment.
Mais là n’est pas l’essentiel. En prêtant l’oreille aux commentaires de Thierry Roland et Jean-Michel Larqué, ainsi qu’en regardant les quelques séquences du match qui apparaissent, on comprend que le match que regarde Thierry Lhermitte oppose le PSG au LOSC.
Et plus précisément, il s’agit du PSG/LOSC de la saison 1991/1992 : les noms et les visages qui apparaissent à l’écran ne laissent guère de doute, qu’il s’agisse des statistiques relatives aux joueurs, aux plans sur Nadon, Frandsen, ou à la présence de Jacques Santini sur le banc. Et idem côté PSG, avec Le Guen, Jorge, ou Bats dans les buts. La Voix du Nord indique d’ailleurs qu’une école de samba a fait une démonstration avant ce match : le premier gag destiné à Lhermitte y a été tourné à ce moment.
Ce PSG/LOSC est un match de championnat de la 10e journée, avancé au vendredi 13 septembre 1991, entre les deux meilleurs défenses du championnat jusqu’alors ; Lille n’a encaissé que 5 buts, et Paris 4. Avant ce match, le LOSC est 7e (11 points) et Paris 4e (12 points). À l’arrivée, Paris s’impose 2-0 avec des buts de Daniel Bravo (41e) et de Christian Pérez (89e).
Et un, et deux, et trois blessés
Bien entendu, il n’est pas venu à l’esprit des concepteurs du gag de choisir un match où le LOSC s’impose et dans lequel que le copain enfile une tunique du LOSC pour marquer ! C’est un premier complot.
Mais au-delà du score, le « gag » est décidément mal choisi : en effet, ce complot en cache un autre d’une plus grande ampleur.
Resituons le contexte : la saison précédente, Lille avait terminé 6ème, échouant à deux points de sa première qualification européenne. La saison 1991/1992 repart sur les mêmes bases, c’est à dire sur celles d’une équipe fort solide à défaut d’être géniale. Avant le match de Paris, Lille a les yeux tournés vers le haut du classement : en 9 matches, a gagné 4 fois, fait 3 nuls, et perdu 2 matches. Et encore, précisons-le, ces deux défaites l’ont été, sur la plus petite des marges (1-0) sur les terrains des ogres marseillais et monégasques. Et le LOSC a aussi déjà joué à Nantes, alors 3ème, où il s’était imposé (1-2). C’est donc en toute confiance que la Voix du Nord se demande, le matin du match, si le LOSC va rester la bête noire du PSG.
Mais, dès la 21e minute, Per Frandsen est victime d’un tacle par derrière d’Antoine Kombouaré : il est remplacé par François Brisson. Six minutes plus tard, Hervé Rollain se claque : entrée de Da Silva. Puis, à la 37e minute, après un choc avec Valdo, Claude Fichaux se blesse. Problème : seuls deux remplacements sont autorisés. Le LOSC poursuit donc la rencontre à 10, et Bravo ouvre le score 4 minutes après.
Ignominie : Surprise sur prise propose un gros plan sur le blessé
Saleté de vendredi 13
Le bilan est lourd : grosse entorse avec rupture totale de presque tous les vaisseaux sanguin pour Frandsen ; claquage pour Rollain ; fracture de la malléole externe pour Fichaux. Leurs absences seront respectivement de trois, deux et quatre mois. Et encore, dans le cas de Rollain, il faut aussi remarquer qu’il rechute deux matches après son retour, pour une nouvelle absence de deux mois.
Après le match, les Lillois sont en colère, estimant que l’arbitre, Monsieur Pauchard, est passé à côté de son match. La contestation des Lillois, dont on nous fait comprendre qu’elle vient du « but » de Richard, est en fait un scène de protestation due aux blessures. C’est donc pendant cette scène dramatique que les téléspectateurs rient !
S’il n’y a aucun doute que Rollain s’est blessé seul, les deux autres blessures sont attribuées à la « violence » des Parisiens : « ce n’est pas en se cognant contre des mouches que Fichaux et Frandsen se sont blessés » déclare Bernard Gardon, le directeur sportif du club. C’est notamment le tacle de Kombouaré, qualifié d’« attentat » par Jacques Santini, qui concentre la colère des Dogues. Jean-Luc Buisine s’étonne aussi de la mansuétude de l’arbitre et de l’absence de contrition des Parisiens après-match, tandis que Paul Besson, remonté comme jamais, envisage d’attaquer Kombouaré pour « coups et blessures volontaires ».
Les conséquences sont terribles, car la suite du championnat sera plus médiocre pour les Dogues, qui terminent le championnat à la 13e place. Autrement dit, ce match à Paris est le tournant de la saison. En fin de saison, Santini déclarera : « nous aurions pu nous rapprocher de la 5ème ou 6ème place si nous n’avions pas perdu trois titulaires le même soir, en septembre dernier à Paris : Frandsen, notre homme de bas, Fichaux et Rollain. C’était trop pour nous. »
Pire encore, si tant est que ce soit possible : voici ce qu’on peut lire dans la presse régionale.
En lisant le mot « gag », une question se pose immanquablement : tout ceci était-il prémédité ?
N’oublions que c’était ça aussi, les « années Mitterrand ».
C’est toujours mieux qu’une équipe de bras cassés
La séquence en entier :
Groland à l’amende
Deuxième émission à se servir des images du LOSC pour le montrer en mauvaise posture : Groland, la célèbre émission parodique de Canal +.
Contextualisons : en novembre 2009, la France se qualifie pour la coupe du monde 2010 grâce à un match nul contre l’Irlande (1-1), après avoir gagné 1-0 à l’aller. On s’en souvient tous : le but français est amené grâce à une grossière main de Thierry Henry. Les Irlandais protestent et se dirigent vers l’arbitre en montrant leur main pour signifier qu’Henry a utilisé la sienne. Cette scène de contestation est à l’origine d’un reportage grolandais rappelant que, au Groland aussi, il y a des buts litigieux.
Ainsi, lors de la rencontre entre Groville et Mufflins, un incident survient.
Avez-vous remarqué ? En dehors des scènes spécialement tournées par l’équipe de Groland, on aperçoit des extraits d’un match au Stadium nord. En l’occurrence, il s’agit de Lille/Monaco, saison 2008/2009. Et, comme par hasard, la séquence du but de la bite offre un rapide plan sur un but concédé par le LOSC !
Cerise sur l’Hitoto : c’est un but marqué par Grégory Malicki, contre son camp. Lors de ce match, un monégasque avait frappé un coup-franc et le gardien lillois, malchanceux, avait bien involontairement marqué du dos après que le ballon eut tapé le poteau.
Cela étant, l’équipe grolandaise a cette fois eu la décence de ne pas piocher des images d’une défaite lilloise : en effet, le LOSC s’est imposé 2-1 ce soir-là.
Mais on peut se poser des questions sur ce choix : sur les milliers de buts marqués depuis les débuts du championnat de France, choisir celui-là s’imposait-il ? Nous y voyons là aussi un complot, qu’il est facile d’expliquer : Christophe Salengro, le président du Groland, était natif de Lens, et supportait le Racing. Il a même sa statue à Lens depuis 2021 !
On concédera au Groland une certaine connaissance de l’histoire du LOSC : il est en effet possible que ce gag trouve son origine dans la fameuse interaction entre Pierre Mauroy et la bite de Verel, en 1982.
Alors Premier Ministre, le maire de Lille était allé faire un petit tour dans le vestiaire du LOSC et y avait croisé l’attaquant Turc des Dogues dont on rappelle que le prénom est « Engin », un beau symbole.
On l’aura compris : le LOSC entretient des relations contrariées avec la petite lucarne. Un paradoxe pour une équipe qui marque tant de buts en pleine lucarne.
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