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Posté le 1 mars 2025 - par dbclosc
29 février 1920 : les Lillois sont des « Dogues »
Le 29 février 1920, l’Olympique Lillois, l’ancêtre du LOSC, officialise la nouvelle : ses joueurs sont des « Dogues ». Si l’origine exacte de ce surnom est encore un mystère, il existe aussi quelques certitudes quant aux raisons qui l’ont amené.
On a délocalisé notre plume et c’est à lire sur le site du LOSC.
Posté le 3 février 2025 - par dbclosc
Une association à but non lucratif trompée par un faux Gérard Lopez
On ne l’apprend qu’aujourd’hui : une association d’accompagnants de patients en fin de vie a été bernée par un homme se faisant passer pour l’homme d’affaires Gérard Lopez. C’était en réalité un généreux donateur. L’association, désormais lucrative, est en péril.
Vous n’avez certainement pas manqué l’information : une Française de 53 ans, Anne, a récemment révélé avoir été escroquée par un faux Brad Pitt. Elle pensait en effet entretenir une relation avec lui alors qu’elle correspondait en réalité avec des brouteurs qui, pour la convaincre, lui envoyaient des photos truquées d’un Brad Pitt gravement malade.
Aujourd’hui, c’est une affaire d’une autre envergure que révèlent nos confrères de la presse internationale : un homme a contacté une association d’accompagnants de patients en fin de vie, en se faisant passer pour Gérard Lopez, l’ancien patron du LOSC.
Grâce à l’intelligence artificielle, le brouteur a pu, lors d’appels vidéos, prendre les traits d’un Lopez fatigué et vieilli. Il a alors prétendu avoir beaucoup souffert du mal qu’il a fait aux employés des entreprises qu’il a coulées, ou presque (Lotus, Excelsior Mouscron, LOSC, Girondins de Bordeaux, la carrière de Fehrat Cogalan). Cette souffrance morale se serait vite accompagnée d’une déchéance physique, conduisant le médecin personnel de M. Lopez à estimer le décès de son patient dans le mois à venir.
Ému par ce récit, le personnel de l’association « Ce n’est qu’un au revoir » a accepté d’accompagner le faux Gérard Lopez, sans imaginer qu’une entourloupe se tramait. Or, le brouteur a profité d’un échange de données pour s’introduire dans le système informatique de l’association. Constatant les faibles moyens dont elle dispose pour mener à bien ses missions, l’imposteur procède alors à un virement de 5 millions d’euros.
Inquiète, comme souvent, de l’état des finances de l’association, c’est Maud, la comptable, qui découvre le pot-aux-roses après un rapide coup d’oeil à la trésorerie. Interrogée par nos soins, Mme Zarella nous indique : « quelle ne fût pas ma surprise en découvrant que nous n’étions pas à découvert, mais qu’en plus une telle somme figurait sur le compte. La communication du virement portait l’indication « je vous ai bien eus ». Assurément, nous avons été trompés ». Aucun doute : les comptes ont été certifiés par la Direction Nationale de la Coordination Gériatrique (DNCG), bousculant l’ensemble des procédures habituelles.
L’association a alors tenté de contacter le faux Gérard Lopez, mais les données ont disparu ! Cette technique bien rodée place les enquêteurs dans l’embarras : ils ne disposent d’aucun moyen pour retrouver le mystificateur. Selon la police, il ne fait aucun doute que le faux Gérard Lopez était en réalité un généreux mécène, sensible à la question de la fin de vie. Souhaitant garder l’anonymat, il a préféré prendre les traits d’une célébrité dont les déboires sont connus de tous.
Les enquêteurs sont à pied d’oeuvre
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’association est en sursis. Ne vivant jusqu’alors que de faibles subventions publiques et des dons de ses adhérents, elle est désormais à la tête d’un trésor de guerre auquel le personnel dévoué, attaché à des valeurs de solidarité, a toujours été étranger. Or, la répartition de ce capital parmi l’équipe a semé la zizanie, tant il s’agit d’une rupture dans le fonctionnement historique de l’association.
Selon nos informations, découvrant la richesse et le luxe, la directrice, Nicole Niscotch, a déjà donné sa démission et est allée s’installer au Luxembourg afin de bénéficier d’un taux d’imposition favorable, tandis que le secrétaire général compte bien profiter de cette manne financière pour se lancer dans le trading.
NB : Les images ont été générées par Grok, l’intelligence artificielle de X
Nos autres articles sur Gérard Lopez :
Les aventures de Gérard Le Pèze (2024)
A qui profite le trading ? L’illusion Gérard Lopez (2021)
D’un envahissement à l’autre… (2018)
Et si la politique de Gérard Lopez c’était vingt ans de LOSC (1997-2017) qu’on assassine ? (2017)
Posté le 27 janvier 2025 - par dbclosc
1930, 1931 : Lille/Feyenoord Rotterdam, premières
En 1930 puis en 1931, l’Olympique Lillois affronte à deux reprises l’équipe néerlandaise du Feyenoord Rotterdam. À cette période, le Nord, et le club de Jooris en particulier, retrouve progressivement son lustre d’antan et se place comme l’un des fers de lance des transformations à venir dans le football français.
Il aura bien fallu une dizaine d’années : le Nord est de retour sur la carte du football français. Alors qu’il en était le chef de file avant la guerre, notamment grâce au triomphe lillois de 1914, le conflit mondial stoppe cette émulation et l’heure est à la reconstruction.
La relégation sportive du Nord est objectivable à travers les piètres performances de l’équipe de la Ligue du Nord, mais surtout à travers la seule compétition nationale de l’époque : la coupe de France, créée en 1917. Si le RC Calais et l’US Tourcoing parviennent à en atteindre les huitièmes de finale en 1921, il faut attendre la fin des années 1920 pour retrouver deux performances remarquables : en 1928, l’Olympique Lillois atteint les quarts de finale (et ne s’incline que lors d’un match rejoué contre le CA Paris), de même qu’Amiens, qui a sorti l’Olympique de Marseille, double tenant du titre (4-4 puis 3-2). En 1929, cinq club nordistes se hissent jusqu’en huitièmes ; en 1929, un quart de finale oppose Dunkerque-Malo à Boulogne-sur-mer puis, en 1930, au même stade, on assiste à un Dunkerque/Amiens ! Entretemps, l’US Tourcoing, championne du Nord 1928, se qualifie pour un vague ersatz de championnat de France à l’issue duquel il ne s’incline qu’en finale, contre le Stade Français.
Décembre 1928 : l’équipe du Nord bat les professionnels du Rapid de Vienne
Le Grand Echo du Nord, 31 décembre 1928
Le football nordiste semble donc avoir mangé son pain noir durant ces années 1920, qui n’ont été éclaircies que via quelques confrontations amicales prestigieuses, comme celle de l’Olympique Lillois contre le Real Madrid en 1925, au moment précis où l’OL connaît un sacré creux dans le championnat du Nord (dernier titre en 1922, 4e en 1925, 7e en 1926)
L’Olympique Lillois renoue avec le titre régional en 1929. S’il le cède de nouveau en 1930 (au profit de l’Excelsior Roubaix), son comité directeur directeur est confiant et est toujours aussi actif : à l’aube de la nouvelle saison 1930/1931, il annonce ainsi « la collaboration d’un certain nombre de grands entraîneurs qui viendront, à tour de rôle, donner des conseils précieux aux joueurs des différentes équipes de l’OL » (Le Grand Echo, 12 septembre). C’est une innovation considérable, à une époque où le rôle d’entraîneur est peu clair (dans les faits, le capitaine de l’équipe était considéré comme tel, comme l’ont été Jean Ducret avant-guerre ou Maurice Douchet après-guerre) voire inexistant.
Il présente aussi un alléchant programme d’avant-saison, preuve de la capacité intacte de Jooris à attirer les meilleures équipes à Lille : le Club Athlétique de Paris, champion de Paris (24 août), le FC Mulhouse, champion d’Alsace, et qui a battu le CA Paris en amical, 4-1 (27 août), puis Sète, vainqueur de la coupe de France (4 septembre). Par ailleurs, le 31 août, l’équipe 1 de Vitry viendra affronter une équipe mixte de l’OL, notamment composée de juniors, qui ont brillamment remporté la coupe du Nord au printemps. Parmi eux, deux piliers de l’équipe championne de France en 1933 : Pierre Beaucourt et Jacques Delannoy.
1930 : championnat de France universitaire, équipe de Lille scolaire.
On reconnaît Pierre Beaucourt, troisième joueur debout en partant de la gauche
Agence Rol. Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, EI-13 (1696)
Les Dogues recevront ces équipes non pas au stade de l’avenue de Dunkerque, mais au stade Victor-Boucquey. La décision a été prise mi-août suite au décès, le 3 juin, de Victor Boucquey, 65 ans, vice-président d’honneur de l’OL, dans un accident de voiture du côté de Reims.
Mais, en dernière minute, l’OL avance sa reprise : il annonce en effet avoir été invité au tournoi d’Ostende, qui met aux prises l’US Tourquennoise, le Feyenoord Rotterdam, le FC Bruges et, donc, les Dogues. On aura Feyenoord/OL et UST/FC Bruges.
Le Grand Echo l’annonce d’emblée : « l’Olympique Lillois aura la tâche très dure, car il est opposé au vainqueur probable du tournoi. Ce grand club hollandais est titulaire de la coupe de Hollande 1930 ; il a été 6 fois champion de Hollande ». Il faudra batailler dur : « l’enjeu est une coupe de grande valeur offerte par le président d’honneur de l’Association Sportive Ostendaise, M. De Clerck ».
La fameuse coupe de Hollande
© AFP 2016 KENZO TRIBOUILLARD
Le match OL/Feyenoord se tient le 15 août. 5 jours avant, l’UST est venu se prendre 5 buts par Bruges, qui file en finale. Tot ziens l’UST !
3 000 personnes garnissent les tribunes du stade ostendais. Les principaux dirigeants de l’OL (Jooris, Caullet, Decraene, Vérone, Hochaert) sont présents, ainsi que des supporters qui ont « fait le déplacement en nombre ». Leur président est un certain M. Froehly.
Les compositions :
Feyenoord Rotterdam :
Van Kale ;
Dyk, Bul ;
Oyen, B-J. Pauwwe, J. Pauwwe ;
Burg, Van Heel, Groenendyck, Barendright, De Greef.
Olympique Lillois :
Vandeputte ;
Duponchel, Théry ;
Meurisse, Barett, Berry ;
Duval, Locoche, Varga, Winckelmans, Vandevelde.
L’OL est privé de Cheuva, qui s’est blessé à l’entraînement.
L’OL gagne le toss : c’est déjà ça de pris, surtout que le vent souffle dans le sens de la longueur et que le soleil gênera l’un des gardiens. Coup d’envoi donné à 17h32.
D’entrée, le quotidien régional remarque que l’équipe est « lourde » et que certains joueurs ont « quelques livres à perdre » d’ici la reprise du championnat. Les Néerlandais font preuve d’une meilleure technique et d’une plus grande vitesse que les Olympiens. Avec grande indulgence, le Grand Echo note que « le début de saison invite aux loupés et, de part et d’autre, on en commet ». Le jeu est fermé et on s’approche peu des buts, sauf Théry qui envoie maladroitement vers son gardien qui s’en sort chanceusement. Première tuile au quart d’heure : Winckelmans est blessé. Et sort du terrain. Peu après, l’avant-centre néerlandais envoie un tir de 20 mètres qui trompe Vandeputte (1-0, 17e).
Revoilà Winckelmans, mais « il souffre et il ne sera plus guère utile » ; un « figurant » selon la revue Football. Après un bel arrêt du « petit Louis » (Vandeputte), c’est au tour de Meurisse d’être touché. Mais cette fois, rien de grave et on reprend. Les Dogues se montrent plus séduisant mais, sur un contre, « la défense lilloise est débordée », et l’avant-centre et l’intérieur droit se retrouvent seuls face au gardien lillois (2-0, 31e). la dernière occasion lilloise de la première période est pour… Winckelmans qui, seul, réussit une figure lamentable et place à côté. Pauvre de lui !
Feyenoord/Go Ahead dans les années 1930. Illustration sur paquet de cigarettes N.V. The Vittoria Egypt Cigarette Company, Auteur inconnu
Le coup d’envoi de la seconde période est sifflé à 18h28. On s’est un peu réorganisé côté lillois avec Duponchelle désormais demi-gauche et Berry arrière droit. Mais, cette fois, les Néerlandais ont le vent dans le dos et vont en profiter « de traîtresse façon » car « les Hollandais shootent sous tous les angles ». Traîtres ! Finalement, une série de passe entre avant arrive à l’intérieur gauche qui marque (3-0, minute non précisée).
Trois minutes plus tard, le score est de 4-1 : Lille a d’abord réduit l’écart par Duval (3-1), avant que l’intérieur gauche ne marque le même but qu’il avait marqué 3 minutes avant (4-1, minute non précisée). Lille marque encore par Vandevelde, bien servi par Varga (4-2, minute non précisée. Chiant hein ?).
Feyenoord est alors très dominateur, « grandement aidé par le vent. Les essais au but pleuvent, fort imprécis ». Vandeputte sauve quelques ballons puis, sur une contre-attaque, Varga lance Duval sur l’aile droite ; son centre est mal renvoyé par Van Kale et Vandevelde suit (4-3, 73e). La fin de match est ouverte, et Duval (ou Vandevelde selon Football) est proche d’égaliser en tout fin de match.
Feyenoord Rotterdam s’impose 4-3.
Le Grand Echo du Nord, 17 août 1930
Selon le Grand Echo, les Lillois ont mis du temps à démarrer mais on eu le mérite de réagir au moment où on imaginait plutôt qu’ils allaient s’effondrer : « la tenue fut tout simplement remarquable en seconde mi-temps ». Selon André Messelin – le journaliste – Vandeputte a été le meilleur lillois : il a d’ailleurs été applaudi par l’ensemble du public. Berry, qui joué a plusieurs postes, s’est également distingué, et Théry a bien rattrapé en seconde période ses erreurs de la première. Quant à Barett, nouveau venu, il a été très discret, mais « on sent que le gaillard a de la classe » (Football). À 10, Lille ne perd que d’un but face à une belle équipe : « être battu dans de telles conditions est un résultat plus qu’honorable » (Football). Ainsi, « l‘exhibition des olympiens est satisfaisante et surtout pleine de promesses ».
Bruges gagne ensuite le tournoi.
L’Olympique Lillois poursuit alors brillamment sa préparation : en effet, il écarte le champion de Paris (2-0), Sète, le vainqueur de la coupe (11-3 !) et, entretemps, Mulhouse (2-1) dans un match requalifié sur le tard comme faisant partie de la « Coupe Sochaux » ou « Coupe Peugeot ». Celle-ci, lancée à l’initiative de Jean-Pierre Peugeot, fondateur du FC Sochaux, vise à réunir les meilleures équipes du pays afin de constituer un championnat national, et de mettre la pression sur la fédération pour que le football français devienne enfin professionnel.
Il faut dire que « l’amateurisme marron » – c’est-à-dire le fait que des joueurs officiellement amateurs soit dans les faits rémunérés pour leur activité de footballeur – pollue le football français depuis des années. Le FC Sochaux ne se cache d’ailleurs plus de rémunérer ses joueurs, dont beaucoup d’étrangers. À Lille, on sait que dès avant-guerre, des joueurs étaient rémunérés, et Jooris a même été condamné pour faits d’amateurisme marron en 1924. Pour cette première édition, Sochaux bat l’OL en finale (6-1), mais les Lillois se consolent largement avec le gain d’un nouveau championnat du Nord au printemps 1931.
L’Olympique Lillois contre Mulhouse, fin août 1930 (Le Grand Echo, 1er septembre 1930)
Au cours de la saison, en janvier 1931, le principe de la mise en place d’un championnat professionnel est adopté, et est également créé un statut du « club autorisé à utiliser des joueurs professionnels ». Sur cet aspect, Jooris est très ambigu : en tant que président de l’OL, il est certainement un partisan du professionnalisme ; mais en tant que président de la Ligue du Nord, il voit le professionnalisme comme un manque à gagner pour la région, dans laquelle les matches mettant aux prises Lille, Roubaix, Tourcoing et, dans une moindre mesure, Dunkerque-Malo et Amiens, attirent facilement 10 000 personnes (avec de bonnes recettes à la clé).
On sait ce qui décidera finalement l’OL a adhérer au championnat professionnel à l’été 1932, mais Jooris est en tout cas toujours aux premières loges des débats qui agitent le football national, et l’Olympique Lillois est toujours considéré comme l’une des pointures en France. En témoigne son nouvel engagement pour la deuxième et dernière édition de la coupe Sochaux en 1931/1932.
Finale de coupe Sochaux 1931, Sochaux-Lille (6-1)
Le Miroir des Sports, 19 mai 1931
En prélude à cette dernière saison non-professionnelle, l’OL reçoit d’abord l’Union Saint-Gilloise le 24 août et s’incline (1-4).
Puis, le 30 août, au stade Victor-Boucquey, un an après leur précédente confrontation, le Feyenoord Rotterdam et les Dogues se retrouvent.
Rapidement mené 0-2, l’OL revient par Cheuva (25e), égalise par Varga (52e) puis prend l’avantage grâce, encore, à Cheuva (61e). Les Néerlandais égalisent à la 65e (3-3), mais Lille repasse devant par Varga (4-3, 71e). Les Néerlandais égalisent à la 80e. Score final : 4-4.
La Croix du Nord, 31 août 1931
44 ans plus tard, le Feyenoord Rotterdam sera de retour à Lille, pour un match historique. Comme en 1930, les Néerlandais pointent leur nez au moment où le LOSC connaît quelques changements au niveau de son enceinte – cela étant, c’est arrivé pas mal de fois : en ce 28 octobre 1975, le successeur de l’Olympique Lillois inaugure son nouveau stade, baptisé Grimonprez-Jooris. Les deux équipes se séparent sur un nul (1-1).
La Voix du Nord, 28 octobre 1975
Dusé face à Vreijsen
La Voix du Nord, 29 octobre 1975
Et 50 ans après cette inauguration (94 ans après sa première venue dans le Nord), le Feyenoord Rotterdam retrouve Lille, cette fois à la Décathlon Arena Stade Pierre-Mauroy-15M-par-an, pour un match de Ligue des Champions.
D’autres « premières » (OL, équipe du Nord, ou LOSC)
Milan AC (1919)
Celtic Glasgow (1921, 1934)
Real Madrid (1925)
Sparta Prague (1932)
Diables Rouges (1934)
Clyde of Glasgow (1935)
Chelsea (1950)
Posté le 24 janvier 2025 - par dbclosc
1961, première nocturne : Henri-Jooris sous le feu des projecteurs
Après des décennies où la question de la lumière du jour est une contrainte pour organiser un match, le LOSC entrevoit la lumière en juin 1961, à l’occasion d’un match amical contre les Brésiliens de Porto Alegre : le stade Henri-Jooris inaugure son éclairage électrique. Mais, dans ces années de marasme, le LOSC ne voit pas encore très clair.
Remontons le temps :
_En janvier 1913, le match Olympique Lillois/Boulogne-sur-mer se termine à la 81e minute. En accord avec les deux équipes, le score de 9-3 pour les Lillois est officiellement entériné.
_En novembre 1913, en coupe du Nord, l’Amical Club Lillois et Fives en sont à 2-2. Une première prolongation est jouée, mais le score n’évolue pas. Le règlement prévoit alors qu’il faut jouer une deuxième prolongation. Mais l’arbitre et les équipes s’entendent pour la jouer un autre jour.
_En avril 1914, un « tournoi de Pâques » met aux prises sur deux jours l’Olympique Lillois, le Sporting Club de Courtrai (Belgique), Het Zesde Breda (Pays-Bas) et Croydon (Angleterre). En finale, Néerlandais et Anglais ne parviennent pas à se départager. Alors, prolongation, comme le prévoit le règlement ? Non, on s’arrête là. Et comme les équipes étrangères doivent rentrer chez elles, les organisateurs décident de ne pas attribuer la coupe : « force fut de remplacer la coupe par 22 breloques offertes aux finalistes » (La Vie Sportive du Nord et du Pas-de-Calais, 18 avril).
On pourrait ainsi multiplier les exemples issus de la presse, jusqu’à la fin des années 1920, qui racontent la fin prématurée d’un match, ou le report à une date ultérieure d’une prolongation.
Le point commun de ces événements ? La tombée de la nuit.
Dans le premier cas, malgré un coup d’envoi à 15h qui aurait dû garantir 90 minutes de jeu, le stade de l’avenue de Dunkerque est balayé par une tempête. Couplée au coucher précoce du soleil en plein hiver, elle provoque l’interruption du match. Etant donné le score, « à la demande des visiteurs, qui veulent regagner Boulogne le plus tôt possible, la seconde mi-temps est écourtée de 9 minutes » (Le Grand Hebdomadaire Illustré).
Dans le deuxième cas, également à une période où les journées sont courtes, la première prolongation s’achève à la tombée de la nuit, et il n’est pas possible de poursuivre.
Dans le troisième cas, nous sommes au printemps. En raison d’une course à l’hippodrome situé à côté du stade de l’avenue de Dunkerque, les organisateurs du tournoi ont retardé le coup d’envoi de la finale, afin que les amateurs de chevaux puissent également assister au match Breda/Croydon. Dès lors, même avec un coucher de soleil aux alentours de 21h en cette saison, le décalage de l’horaire de la finale n’a pas permis de jouer la prolongation : il faisait déjà nuit.
Plus récemment, on se rappelle qu’en décembre 1985, le match Lille/PSG fut interrompu (puis rejoué) à cause d’une panne de courant en ville ; en janvier 1997, le coup d’envoi de Lille/Bordeaux a été décalé en raison de la panne de deux projecteurs ; puis en novembre 1997, Lille/Caen, en prolongation (coupe de la Ligue), a été interrompu en prolongation pour la même raison.
On le comprend aisément : comme pour la grande majorité des activités humaines, le football a besoin de clarté pour être pratiqué, sans quoi on ne voit rien. Dans une telle situation, joueurs, arbitres, spectateurs et journalistes sont bien en peine de s’adonner ou d’observer leur loisir favori. C’est ce que regrette un journaliste de l’Auto le 29 novembre 1920 : la veille, un match entre le Stade Roubaisien et l’Olympique Lillois a été interrompu en seconde période durant de longues minutes en raison de bagarres entre joueurs, puis d’un envahissement de terrain. Le temps que tout revienne à peu près dans l’ordre, le soleil avait quasiment disparu. Mais, cette fois, le match a repris et est allé à son terme, malgré la disparition de la lumière du jour. Seulement, « malgré toute la bonne volonté qu’on puisse y mettre, il n’[était] plus possible de distinguer la balle ».
Le football s’est longtemps pratiqué le jour, en l’occurrence l’après-midi. Sa banalisation en soirée est relativement récente – avant qu’un mouvement inverse ne se produise dans les années 2000 avec le saucissonnage des journées de championnat pour maximiser le temps de retransmission télévisée – et correspond à la généralisation de la lumière artificielle dans les stades, qui elle-même conduit à un nouveau rapport au football, et par extension à l’organisation du week-end des amateurs de football.
Au niveau lillois, la première rencontre jouée en nocturne par un club de la ville remonte probablement à 1934, quand les Dogues de l’Olympique Lillois se sont rendus à Bruxelles pour y affronter l’équipe de Belgique. C’est un peu moins de 30 ans plus tard que le terrain de l’OL, devenu celui du LOSC, va pouvoir lui aussi accueillir des adversaires de nuit. Nous sommes à la fin de la saison 1960/1961, et le vieux stade lillois se dote de projecteurs.
Pour la Voix du Nord, l’installation électrique dont va bénéficier le stade Henri-Jooris est le « dernier cri de la technique française » (3 juin). Grâce un un « gros effort de la municipalité », deux poteaux de 41 mètres vont être érigés côté sud-est, avec 12 lampes de 3 000 watts sur chaque pylône. Cette installation est considérée comme « la plus moderne de France » et « la plus haute ». Sur ce dernier point, c’est sans doute oublier un peu vite la Tour Eiffel. En attendant l’inauguration, prévue le 7 juin, « les techniciens de Mazda règlent les projecteurs ». Mais pourquoi donc installer des projecteurs, alors qu’il ne fait pas davantage nuit qu’à d’autres époques ?
Une vue du stade Henri-Jooris, avant 1961, si vous suivez bien
Si l’on en croit quelques papiers dans la Voix du Nord, les goûts et les pratiques du public évoluent, notamment en raison de deux facteurs : « automobile » et « télévision ». Appliqués au football, ces deux facteurs dessinent deux tendances contradictoires pour les spectateurs : d’un côté, ils peuvent davantage se déplacer au stade (automobile) ; de l’autre, ils ont aussi la possibilité de glandouiller chez eux (télévision). Mais les retransmissions télévisées de football à cette époque sont très rares et, sur ce point, le football subit plutôt la concurrence d’autres sports, comme le vélo. Par exemple, lors du Paris-Roubaix 1961 (télévisé) devait se jouer au même moment le match LOSC/CORT (D2). Les dirigeants nordistes se sont alors entendus pour avancer le match au samedi. Bien leur a pris, selon eux, puisque 7 000 personnes ont assisté au match ; ils estiment que ce chiffre aurait été moindre si le match avait été maintenu le dimanche. Et pendant la course cycliste, le match Valenciennes/Lens (D1) a quant à lui été maintenu : là aussi, 7 000 personnes ont assisté au match, mais ce chiffre a déçu les dirigeants de VA qui ont estimé que la télévision leur avait « coûté » 3 000 spectateurs.
Ignacio Prieto choisit un Telefunken et assiste au coup d’Etat au Chili le 11 septembre 1973, décalé en semaine
Bref, les pratiques de consommation, les pratiques culturelles, et sans doute d’autres facteurs liés aux évolutions du monde du travail, changent, et le football doit s’y adapter s’il veut maintenir son public. Puisque le créneau du dimanche après-midi risque d’être encombré, on envisage désormais de jouer le samedi, et pourquoi pas le soir. D’ailleurs, mi-mai, les dirigeants du LOSC ont fait un autre test, en avançant Lille-Marseille au samedi 13 mai, car ils craignaient d’être concurrencés par les communions solennelles d’un week-end prolongé. 4 500 spectateurs étaient alors venus à Henri-Jooris et le tandem présidentiel Pierre Klès et Roger Deschodt disait : « nous n’aurions sans doute pas atteint un tel chiffre le dimanche ». Le LOSC remet ça le samedi 20, contre Strasbourg.
Sondant ses lecteurs, la Voix du Nord rapporte que le samedi après-midi convient aux amateurs de sport, qui peuvent dès lors pratiquer le dimanche ; en revanche, les commerçants, qui sont rarement contents de quoi que ce soit, sont plus rétifs. Le samedi soir fait quasiment l’unanimité, hormis du côté de Lens, où ce moment ôte à deux postes de mineur la possibilité d’assister aux rencontres. Spécificités locales mises à part, on se dirige vers une pratique du football le samedi, ceci entérinant les évolutions évoquées plus haut.
Le fait que le LOSC se montre à la pointe technologique ne masque pas les difficultés du club. Le club vient de terminer la saison à la 9e place de la deuxième division. Dès le mois de mai, Pierre Klès annonce qu’il n’y aura pas de recrue. Et que si Vandooren, l’entraîneur, veut rester, ce sera pour s’occuper des jeunes. Autrement dit, il est invité à trouver un nouveau travail. Le comité directeur officialise le départ de l’ex-taulier de l’OL fin mai, résumé dans ce communiqué : « à la suite d’un entretien avec le président du LOSC, nous vous informons que Jules Vandooren n’entraînera plus le LOSC à dater du 1er juillet 1961 ». L’éclairage nocturne est donc loin d’être une cerise sur un gâteau, mais résulte d’« une volonté de refaire du LOSC un club correct » : cela permettrait de « faire venir des Allemands, des Yougoslaves, des Espagnols », « même si ce n’est pas la fine fleur nationale » qui elle est bien trop chère pour les Dogues (15 millions pour faire venir le Real Madrid).
Le LOSC a trouvé un adversaire intéressant, malgré la difficulté à libérer des clubs aux calendriers bien fournis : il a longtemps été question de Fluminense ou de Saragosse, mais ce sera Porto Alegre, également en tournée en Europe. Ce club brésilien est champion de sa province ce qui, vu d’ici, ne nous renseigne pas beaucoup. On comprend davantage le niveau de l’équipe en considérant qu’elle comporte 8 internationaux (A et B), dont le champion du monde Orlando, a battu à Hambourg l’équipe nationale de Bulgarie 5-1, et n’a été battu à Strasbourg par le Real Madrid « que » 4 à 1. Pour la Voix du Nord, les Brésiliens sont d’« incomparables techniciens » ; « ils ont du football une conception différente de la nôtre. Tout, chez eux, est sacrifié au spectacle, à la beauté du geste, et à l’élégance de l’action ».
Allègre Porto
Pour mettre toutes les chances de leur côté, les Lillois effectuent quelques entraînements en nocturne à partir de la fin mai. En effet, existe une croyance selon laquelle jouer de nuit demanderait d’autres qualités que jouer de jour, ou demanderait a minima un temps d’adaptation. C’est déjà ce qu’on retrouvait dans la presse des années 1930 : quand, en 1932, le Sparta Prague est venu jouer à Lille, le Grand Echo indiquait que, quelques jours avant, en jouant à Bruxelles, les Tchèques s’étaient plaints des lumières toutes neuves du Stade du Heysel. De la même manière, le déplacement des Dogues dans la capitale belge en 1934 avait conduit le quotidien à attribuer le début de match laborieux de l’OL à un problème d’accoutumance à l’éclairage artificiel. Dans quelle mesure étayer ou non la véracité de cette croyance ? Impossible de le savoir.
En ce 8 juin 1961, le lumineux événement est doublé d’un autre : juste avant le match, à 18h30, le nom du nouvel entraîneur du LOSC sera dévoilé. Sans surprise, Jean Baratte, 38 ans, fait son retour. Depuis les tribunes, il pourra voir évoluer le lensois et international Français Maryan Wisniewski, qui vient renforcer le LOSC (juste pour ce match). En revanche, Yvon Douis, en partance pour Le Havre, n’est pas là.
Pierre Klès et Jean Baratte
La Voix du Nord, 9 juin 1961
Après un nul en lever de rideau entre les juniors de Lille et de Lens (6-6), c’est la « foule des très grands jours » à Henri-Jooris (9 800 spectateurs) pour une « inauguration majestueuse ». Le match commence à 21h. Si la lumière naturelle est d’abord suffisante, le public lillois, impatient de voir son stade éclairé, crie « lumière, lumière ! »
Baratto a dû déclarer forfait et est remplacé par Montagne
Sur le terrain, l’« équipe lilloise est dépassée par le rythme de la rencontre » : après 23 minutes, le score est déjà de 0-3. À la pause, c’est 0-4 : « la grande force de cette équipe, comme d’ailleurs de toutes les équipes brésiliennes, est de trouver à tout moment et en attaque comme en défense, trois joueurs autour du ballon, à tel point que Porto Alegre a toujours 6 joueurs qui se trouvent à la fois en défense et en attaque. Evidemment, cela suppose chez tous les joueurs de l’équipe des courses incessantes et un dévouement absolument magnifique ».
Photo Jacques Verhaeghe
Pour la deuxième période, Walczak et Thétard entrent aux places de Fatoux et Montagne. Résultat immédiat : 0-6 après 51 minutes.
Alors que l’éclairage démontre désormais toute son utilité, une éclaircie se produit aussi sur le terrain : Chiarelli frappe sur le poteau (54e) ! Puis « Milton envoie dans des conditions inattendues un bolide sensationnel de puissance qui tape la barre et qui rentre (0-7, 67e). En fin de match, Walzack profite d’une mésentente (à moins qu’il ne s’agisse d’une généreuse entente) entre Elon et le gardien pour piquer le ballon et marquer pour les Dogues (1-7, 82e).
La saison se termine par 3 matches amicaux : 6-1 à Bailleul, 2-2 contre Rot Weiss, et surprenante victoire 3-0 à Lens.
Personne ne reproche aux Lillois d’avoir lourdement perdu face aux Brésiliens mais, au-delà de ce match, le chantier est immense pour Jean Baratte. Un an plus tard, après une nouvelle saison sportivement moyenne, les difficultés financières sont telles qu’une fusion avec Sedan est sérieusement envisagée. Il faudra bien du temps au LOSC pour revêtir ses habits de lumière.
Posté le 17 janvier 2025 - par dbclosc
Lille-Nice 1996 : le sauvetage se dessine
Au printemps 1996, le LOSC signe à Grimonprez-Jooris une victoire capitale en vue de son maintien. Mais aussi pour sa propre survie.
« Quand on n’a pas les moyens de battre une équipe comme celle de Martigues ce soir, il faut regarder la réalité en face.
C’est-à-dire ?
C’est-à-dire que ce sera très difficile pour nous… »
Ce samedi soir 9 avril 1996, la 34e journée de D1 vient de s’achever et l’entraîneur du LOSC, Jean-Michel Cavalli, a de quoi être abattu : son équipe s’est encore inclinée, cette fois à Martigues, dernier, qui n’avait pas gagné depuis début décembre. Et pourtant, avant le match, le LOSC avait décrété une « opération-commando », dans le sillage de son capitaine, Thierry Rabat : « mon rôle en tant qu’ancien, c’est de rassurer tout le monde. Les gars se posent tellement de questions ! Sur le terrain, on devra être forts, très forts, et tout faire pour ne pas avoir de regrets. En étant sérieux, bien organisés, on peut ramener quelque chose. L’idéal serait de leur planter un but très vite. Cela nous permettrait de jouer tranquillement, sans pression excessive ».
Un but arrivera en effet assez vite (17e), mais il sera l’oeuvre d’un Martégal, dont la frappe de 30 mètres surprend Aubry. Incapable de réagir ni même de se créer une occasion sérieuse, le LOSC offre encore un piteux visage, alors même que les Sudistes ne sont guère plus brillants. Ce bel extrait du match situe le niveau :
Pour couronner le tout, les Dogues perdent les pédales : Rabat, capitaine exemplaire, est expulsé (72e), de même qu’Arnaud Duncker (79e). Point positif : Lille n’a pas encaissé à 9 contre 11, et seules 3 000 personnes ont assisté au triste spectacle.
Cette 16e défaite de la saison place le LOSC dans une bien mauvaise posture : avec seulement 30 points, il est 19e. Le 17e et premier non-relégable, Saint-Etienne, n’est qu’à 2 points, mais la dynamique lilloise est très inquiétante. En effet, les Dogues n’ont pris que 2 points sur les 7 derniers matches, n’ont marqué que 2 fois, et n’ont pas marqué depuis 517 minutes…
Les Lillois ont pourtant été capables de quelques coups d’éclat au cours de la saison, avec des victoires à Auxerre, à Nantes, et une certaine solidité à domicile à partir de l’automne. Seulement, le LOSC traîne comme un boulet le départ catastrophique de sa saison (2 points en 9 matches).
Il reste 4 matches : le LOSC a un avantage tout relatif : il recevra trois fois à Grimonprez-Jooris (où il n’a gagné que 3 fois en 16 matches…). Et c’est bien là qu’il faudra prendre les points car il n’y a évidemment rien à espérer du déplacement à Paris, qui joue encore le titre avec Auxerre, et qui s’est hissé en finale de C2.
Tout se jouera donc contre Nice, 36 points, pas encore sauvé ; Lyon, en milieu de tableau, qui n’a plus rien à craindre ni à espérer ; et Bordeaux, décevant en championnat, mais finaliste de C3, qui a dans son effectif quelques joueurs intéressants comme Dugarry, Lizarazu, ou Zidane (et Friis-Hansen).
Le scénario le plus optimiste pour se maintenir avec un minimum de points serait de gagner 2 matches à la maison, et d’espérer que les autres laissent (beaucoup) de plumes.
Pour la 35e journée, c’est donc Nice qui se présente. A l’aller, le LOSC a réussi l’exploit de s’incliner après avoir ouvert le score à la 86e minute. Battre les Aiglons est une condition nécessaire et pas suffisante pour se maintenir. Et autant dire qu’en cas de défaite, la saison sera probablement terminée.
Le LOSC se présente ainsi :
Aubry ;
Leclercq, Carrez, Lévenard, Cygan ;
Hitoto ;
Collot, Sibierski, Abed ;
Boutoille, Simba.
Ça ne fait pas rêver, mais on peut sans doute compter sur Sibierski, valeur sûre, déjà auteur de 8 buts ; depuis son arrivée, Denis Abed, bien qu’un peu lent, apporte une indéniable touche technique et frappe remarquablement les coups de pied arrêtés ; Boutoille a le mérite de se bouger, même s’il marque peu ; Collot est capable de déborder et de frapper de loin ; Hitoto ratisse bien au milieu. Pour le reste, c’est un peu au petit bonheur la chance.
Mais qui sait ? Notre avant-centre, Simba, marquera peut-être son 3e but de la saison.
3 points ne donneraient pas qu’une bouffée d’air sportive au LOSC. Les déclarations de Bernard Lecomte, président du club, sont en effet sans équivoque. Le plan qu’il a mis en place, qui consiste à rembourser les dettes et à retrouver des fonds propres pour juin 1998 tient toujours, mais à une condition : il faut rester en D1. Une descente en D2 ferait s’effondrer l’objectif économique, et probablement que le LOSC ne saurait y survivre.Misant sur sa formation depuis quelques années, le club est contraint de progressivement laisser partir ses cadres et joueurs expérimentés (Fichaux, Buisine, Assadourian, Bonalair… puis Friis-Hansen en cours de saison), ou ses quelques rares vedettes (Andersson). C’est le prix à payer… sans garantie que cela fonctionne. Mais il n’y a pas le choix : les garder garantirait pour le coup une masse salariale incompatible avec les objectifs économiques.
Entre encouragement envers ses joueurs, demande de soutien du public, mais inquiétude quant à l’avenir du club, Lecomte se démène et en appelle au sursaut : « sur le plan financier, l’objectif est atteint : nos engagements vis-à-vis de la DNCG, de la ville, du tribunal de commerce, sont respectés. Nous remboursons nos emprunts au rythme convenu ; nous allons reconstituer nos capitaux propres. Si nous continuons ainsi jusque 1998, le club sera complètement assaini. J’ai fait le maximum, et je veux que cette métropole lilloise se dote du club qu’elle mérite. Mais ce n’est plus entre mes mains. Ce n’est plus entre mes pieds surtout ! C’est entre les pieds des joueurs, alors qu’il y aillent, nom d’une pipe ! ».
Dans une ambiance crispée, devant 7 316 spectateurs, le LOSC est plutôt conquérant. Sur un coup-franc d’Abed, une tête de Simba au point de pénalty est repoussé par Létizi du bout des doigts (7e). Sait-on jamais, Cédric Carrez lève la main vers le juge de touche afin qu’il indique un but, mais ça ne marche pas. Seul un lointain coup-franc de Martin permet à Aubry de se réchauffer.
Bonne nouvelle au quart d’heure : blessé, Lévenard sort. Mauvaise nouvelle au quart d’heure : Meszöly entre.
La délivrance arrive à la 33e minute : un long ballon de Leclercq, depuis son camp, arrive dans l’arc de cercle de la surface niçoise, et est mal renvoyé de la tête. Simba récupère aux 20 mètres, tente le une-deux avec Abed qui lui remet dans l’axe, et miracle : contrôle de la cuisse d’Amara, missile du gauche, et le ballon file en lucarne ! Quel joli but ! Y a des soirs comme ça. Simba a toutefois tenu, comme d’habitude, à se casser la figure après avoir touché le ballon.
Juste avant la pause, un coup-franc d’Abed tape l’extérieur du poteau niçois.
En seconde période, Létizi brille à deux reprises sur des frappes de Collot, puis d’Abed. La fin de match est dramatique et décousue : les Niçois poussent pour égaliser, et les Lillois placent quelques contres. Une tête de Mangione aux six mètres est renvoyée par le poteau : sur le contre, Machado et Boutoille se retrouvent seuls face à Létizi, mais « Néné » panique et envoie un vieux tir largement à côté.
À la dernière minute, les Niçois balancent un long ballon vers l’avant : Aubry sort de façon imprudente hors de sa surface mais parvient à toucher le ballon de la tête ; cependant, la balle poursuit sa course vers le but, Mangione prolonge de la tête et Meszöly sauve en catastrophe.
Ce fut encore laborieux, mais Lille a gagné ! De plus, Gueugnon et Saint-Etienne n’ont pris qu’un point, chez eux. Le LOSC gagne alors une place, et est à égalité de points avec le 17e.
« Le fil n’est pas rompu » titre la Voix des Sports. Le constat n’était pas évident après la défaite à Martigues. Joueurs et entraîneur soulignent comme la semaine a été positive : ils estiment en effet avoir ressenti une mobilisation pour sauver le club : « je voudrais remercier tous les gens qui, dans la semaine, nous ont apporté des témoignages de sympathie » souligne Cavalli ; de son côté, Aubry note que « cette victoire, c’est celle de tout le club. Elle n’est pas à mettre au seul crédit des joueurs. Pendant toute la semaine, le président et les dirigeants ont été très proches de nous. Ils ont réussi à faire passer un message très positif et le résultat est là ». Au fond du vestiaire, la Voix des Sports note que Simba « n’en finissait pas de raconter son but, rare et cher ». Tu m’étonnes, ça arrive si peu souvent ! Il se projette déjà vers le match à Paris et indique que ce serait « formidable » de marquer à Paris « sur une bicyclette ». Oui, oui… On a entendu cette promesse toute la saison.
Le lendemain, Bernard Lecomte s’invite dans le JT régional et, profitant de l’espoir suscité par cette victoire, en remet une couche sur la nécessaire mobilisation autour du club :
« Nous avons fait un travail considérable depuis deux ans. Nous avons le satisfecit de la DNCG et du Tribunal de commerce. Nous reconstitutions la santé financière de ce club et nous devrions être assainis en 1998. Alors nous sommes en colère lorsque, sur le plan sportif, ça met l’édifice en péril. Le LOSC reste un club subventionné, par la communauté urbaine, par la région. Si nous devions descendre en D2, il y a aurait indéniablement un gros problème financier. Je le signale ici après mon cri d’alarme dans la presse : l’équation financière serait tout autre. Je ne dis pas qu’elle sera insoluble, mais elle sera très difficile à résoudre. Et là, on verra si le mouvement de sympathie et d’engouement que je sens autour du LOSC se concrétisera sur le plan financier.
Ça voudrait dire qu’il peut y avoir un dépôt de bilan ?
Les risques ne sont pas exclus. Je m’acharnerai à ce que ça n’arrive pas. Mais on a besoin de l’aide de beaucoup de monde. En attendant, la solution, c’est de marquer des buts. C’est en jouant en D1 que nous pourrons continuer à retrouver une santé financière ».
On connaît la suite : victoire invraisemblable à Paris, puis nouvelle victoire contre Lyon lors de la 37e journée, et voilà le LOSC maintenu avant même la dernière journée ! Le LOSC signe ainsi en 3 semaine un tiers de ses victoires de la saison, et marque un quart de ses points. Des 35e, 36e et 37e journées inespérées qui trouveront un lointain écho lors de la saison 2017/2018, où le LOSC se maintient là aussi de justesse grâce à 3 victoires consécutives sorties d’on ne sait où, et qui auraient sans doute condamné le club, encore merci Gégé.
En attendant, le LOSC est sauvé et, avec une saison supplémentaire en D1 (et la vente de Sibierski pour 8MF – une fortune à l’époque pour un club comme le LOSC), pourra désormais supporter économiquement une relégation. Ce dont il ne va pas se priver, dès 1997 !
Les extraits d’interview et images sont issus de médias régionaux (La Voix du Nord, La Voix des Sports, France 3)
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Protégé : 1944/45 : aux origines du complot
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Protégé : Et une (1911), et deux (1913), et trois (1914) tentatives : l’OL écarte enfin Rouen
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Les aventures de Gérard Le Pèze
En cette semaine anniversaire du départ du regretté Gérard Lopez (c’est précisément le 18 décembre), rendons-lui hommage avec un chant à sa non-gloire : on lance le son dans une nouvelle fenêtre, on revisite le fameux Gérard Lambert de Renaud, et on donne de la voix !
26 janvier 2017,
Dans le grand stade où qu’y fait nuit,
La présidence du LOSC est déserte,
Gérard Le Pèze rentre chez lui.
Dans le lointain Edwy Plenel
Pousse des cris
Ça y est, j’ai planté le décor,
Créé l’climat de ma chanson,
Ca sent la peur, ça pue la mort,
J’aime bien c’t'ambiance pas vous ? Ah bon !
Voici l’histoire proprement dite
Voici l’intrigue de ce pognon :
Gérard Le Pèze transfère très vite,
L’argent s’engouffre dans son blouson
Dans le lointain les comptables dorment
Jusqu’à Mouscron
Lorsque soudain survient le drame,
Juste à la sortie d’un chiffrage
Y’a plus d’argent c’est un pillage
Gérard Le Pèze est un mirage
T’aurais d’jà dû, Gérard Le Pèze,
Aller ce soir-là en justice
Une bonne procédure judiciaire
Pour ton passif
C’est de la daube et ça s’empile
Personne n’adhère, c’est du gâchis
Dans ce pays après Lille
Y’a pas un club que je séduis
Les Girondins ont la migraine
« ça ch’est pour mi »
Qu’est-c’que j’vais faire, bordel de Dieu ?
Je voudrais encore escroquer
Plus y a d’rapaces plus ça va mieux,
Quand soudain lui vient une idée :
J’vais siphonner un million ou deux
Dans l’réservoir de ces guignols
Et pis après j’file en D2
Comme ça, gratuit’ment par plaisir,
Faut bien qu’j'les dépouille un p’tit peu, je suis ruiné
Une fois son forfait accompli,
Gérard Le Pèze va repartir,
mais Rodez veut rien savoir,
C’est l’Bon Dieu qui l’a puni !
T’aurais d’jà dû, Gérard Le Pèze,
Aller ce soir là en justice
Une bonne procédure judiciaire
Pour ton passif
Alors, pendant que Bordeaux pleure
L’investisseur s’en bat les couilles
Il va s’gaver, un doigt d’honneur
C’est du glaoui cette fripouille
Dans le lointain Lotus est dans l’incertitude
A c’moment là des mecs arrivent
Ceux d’Mediapart, France 3 Région
Et ils lui disent « tu vas poursuivre ?
S’te plaît rends-nous donc le pognon !
On t’fout à poil avec ton chibre
Refais l’budget, efface les dettes,
Tout c’que tu veux mon pote, ton fric
Mais explique nous donc tes recettes »
Dans le lointain DNCG enfin y m’semble
Alors, depuis Esch-sur-Alzette
En compagnie deux mafieux
Gérard Lopez éclate l’enquête
de ces petits journaleux
Faut pas gonfler Gérard Lopez
quand il magouille avec ses dettes
C’est la morale de ma chanson,
Moi j’la trouve chouette,
Pas vous ? Ah bon…
A (re) lire, nos précédents hommages à Gégé : :
Et si la politique de Gérard Lopez c’était 20 ans de LOSC (1997-2017) qu’on assassine ? (février 2017)
« La relégation sportive est une menace réelle » (janvier 2018)
D’un envahissement à l’autre… (mars 2018)
Lettre ouverte à Olivier Létang (juillet 2021)
Nos autres productions artistiques :
Posté le 3 décembre 2024 - par dbclosc
Passe aveugle : Rémy Cabella condamné à payer une amende de 10 000€
Trop, c’est trop. En raison d’un usage excessif de la passe aveugle, la direction du LOSC a souhaité frapper fort : Rémy Cabella devra payer 10 000€.
Dans l’euphorie des festivités liées au 80 ans, l’information est passée inaperçue : en coulisses, à l’issue du match contre Rennes, Olivier Létang a convoqué le meneur de jeu lillois, encore auteur d’une passe aveugle. Ce geste, bien connu des puristes, consiste à transmettre le ballon à un coéquipier en regardant dans une autre direction, dans l’espoir de tromper la vigilance de l’adversaire. Si cette méthode peut s’avérer spectaculaire, il est reproché au joueur de 34 ans un usage tout à fait inutile du geste.
On savait que le LOSC ne lésinait pas avec la discipline : après la sanction infligée à Momo Bayo en août 2022 ou les décisions, plus récentes, à l’encontre de Jonathan David et Thomas Meunier en août 2024 – les deux joueurs avaient séché un dîner collectif à la veille du match contre le PSG -, la présidence, en concertation le coach Bruno Genesio, a désormais décidé de s’immiscer sur le terrain sportif.
À l’appui de leur jugement, les deux hommes forts du LOSC mettent notamment en avant deux arguments : d’une part, la passe ne mettrait pas spécialement les coéquipiers de Cabella dans une position favorable, alors qu’elle est censée déstabiliser l’adversaire et aboutir à une situation dangereuse. Et comme ce geste est souvent réalisé en fin de match, à un moment où l’enjeu est plus faible ; dès lors, le joueur ne prendrait en réalité aucun risque et se contenterait d’amuser la galerie, parfois avec arrogance.
D’autre part, plus grave, Rémy Cabella ne tromperait personne avec ses passes aveugles. En effet, au lieu de tourner la tête puis d’effectuer une passe, il fait d’abord une passe avant de tourner la tête, ce qui rend le geste ridicule. Bruno Genesio, particulièrement remonté, a signalé que ce geste faisait rire dans le vestiaire, et qu’ « à la limite, s’il déstabilise quelqu’un, ce sont ses coéquipiers ».
Mais qu’est-ce qui, cette fois, a poussé la direction du club à sanctionner Cabella, coutumier du fait ? La raison est toute simple : contre Rennes, non seulement il a de nouveau fait sa passe avant de tourner la tête et, de surcroît, il a tourné la tête vers le public. Dès lors, Olivier Létang a souligné que même si la combinaison des deux gestes avait été faite dans le bon sens, elle n’aurait jamais trompé un défenseur sensé, qui se doute bien qu’un adversaire ne va pas faire une passe au public, fût-il le sien.
Pour sa défense, le meneur lillois a avancé qu’il aimait les passes, et que l’amour rendait aveugle. Ce bon mot n’a pas ému Olivier « Lopez je t’emmerde » Létang. Intransigeant, le club a indiqué dans un communiqué que « cette décision a été prise de manière concertée et partagée entre le président et l’entraîneur (…) Elle fait suite au non-respect du règlement intérieur et des règles collectives en vigueur au sein de l’effectif et du vestiaire lillois dans le cadre d’un match ».
En outre, la direction losciste a rappelé que quiconque s’essaierait prochainement à une passe aveugle sera encore plus sévèrement sanctionné : « l’égalité de traitement entre les joueurs doit être absolue, aucun joueur n’étant au-dessus du club et du cadre collectif ». On peut dès lors considérer que la sanction n’a rien à voir avec le fait que le joueur a systématiquement manqué ses entrées en jeu en 23/24, ou que son attitude d’adolescent attardé contraste avec l’idée qu’on se fait traditionnellement d’un « joueur d’expérience ».
Farouche opposant à la passe aveugle, Renato Sanches et pour le port des lunettes pour tous. Ce qui n’est pas sans poser d’autres types de problèmes.
Le n°10 lillois a accepté la sanction, indiquant qu’il souhaitait que la somme soit versée à une association de promotion du Cécifoot.
Après cette nouvelle provocation, la direction du LOSC envisage désormais d’écarter le joueur du groupe professionnel.
Passeur aveugle, il arrive à Rémy Cabella d’être buteur muet alors qu’il frappe comme un sourd
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