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Drogue, bière & complot contre le LOSC

Drogue, bière & complot contre le LOSC

Le foot est un sport qui se joue à 11, et à la fin il y a un complot qui empêche le LOSC de gagner

Archive pour la catégorie ‘Donne-nous des nouvelles …’


Posté le 21 décembre 2022 - par dbclosc

Lille/Bastia 2000 : contexte chaud, Valois fait le show, Noël au chaud

Le 21 décembre 2000, le LOSC bat Bastia 1-0, grâce à un but d’un revenant : Jean-Louis Valois. Ainsi s’achève une formidable année civile pour le club, qui se place deuxième à la trêve. Pourtant, le match a failli ne pas avoir lieu : peu avant le match, le président du club corse a été pris dans une échauffourée dans les couloirs de Grimonprez-Jooris.

Après trois ans en D2, on ne donnait pas forcément très cher de la peau du LOSC lorsqu’il retrouve l’élite à l’été 2000. Même si le club a survolé le championnat en 1999/2000, les souvenirs des décennies sans saveur persistent, et le recrutement de l’été n’a pas soulevé d’enthousiasme délirant. Les ambitions sont donc modestes, et on se satisfera largement d’un maintien sur le fil, pour reprendre des habitudes bien ancrées. Pourtant, le LOSC se place rapidement dans le haut du classement, surtout après deux matches en septembre, à Saint-Etienne puis contre Lens. Dans un championnat certes serré, les Dogues se placent régulièrement parmi les 6 premiers, et se permettent même d’être deuxièmes au soir de la 13e journée, après une victoire sur Toulouse (1-0).

Début décembre, à cinq jours d’intervalle, Lille bat le leader Sedan (2-0), puis le PSG (2-0), un match qui a été rejoué après avoir été interrompu à 1-1. Suit un nul à Metz (1-1) qui place le LOSC au pied du podium alors que se profile le dernier match de l’année civile, contre Bastia. Surprenant promu, Lille profite et se dit que les points pris ne sont plus à prendre : à coup sûr, des temps plus difficiles arriveront, les « gros » reprendront progressivement les premières places, et le LOSC rentrera dans le rang : pourquoi pas 15e ? C’est sur cette base plus réaliste que Luc Dayan, le président du club depuis mars, a budgetisé l’exercice 2000/2001.

 

Dayan, l’univers parallèle

Les bons résultats de l’équipe permettent de s’enlever un fardeau et de structurer le club, en voyant grand à moyen voire court terme. La privatisation est présentée comme un processus d’autonomisation vis-à-vis de la mairie, marquée par différentes étapes qui symboliseraient la « modernité ». Début décembre, Luc Dayan, annonce ainsi dans la Voix du Nord qu’il espère prochainement « signer l’acte de vente d’un immeuble dans le centre-ville qui aura pour objectif d’être un centre de vie du club avec une partie commerces, une brasserie, une salle de fitness. Si tout va bien, nous ouvrirons en fin de saison ». Il parle de « l’entreprise LOSC », de la cession de 25% du capital du club à des entreprises régionales, et de la possibilité d’attribuer des stock-options aux joueurs, indépendamment d’une éventuelle entrée en bourse : « notre principe serait de fidéliser les joueurs avec des actions donnant droit à une plus-value en fonction des résultats financiers du club, au cas où ils effectueraient l’intégralité de leur contrat. Les 10% d’actions seraient ponctionnées sur les 72% que possédera bientôt notre société, Socle ». Bien parlé président, voilà le football qu’on aime ! Il est aussi question d’un nouveau stade (ou d’un aménagement de Grimonprez-Jooris) « à l’horizon 2003 », une tâche que Dayan cède volontiers aux acteurs publics, probablement parce qu’il n’est pas certain de faire de la thune avec ça. Privatisons les profits, socialisons les pertes, le LOSC est un club moderne !

Dayan AubryLa Voix du Nord, 8 décembre 2000

Le « contexte corse » s’exporte à Lille

En attendant, Luc Dayan va devoir revenir à des réalités bien plus terre-à-terre et montrer autre chose pour rivaliser avec Bernard Lecomte, qui vient d’être désigné « dirigeant de l’année » par France Football  : ce jeudi 21 décembre, Lille/Bastia doit commencer à 20h30. Mais le président lillois arrive un peu plus tôt que prévu, en catastrophe, dès 19h45 : il se retrouve face au président du Sporting Club de Bastia, François Nicolaï, griffé sur une joue, les chaussures et le pantalon couverts de terre. Une demie heure auparavant, il aurait été pris à partie par des stadiers du LOSC, qui l’auraient envoyé par terre, et l’un d’eux lui aurait même asséné un coup de tête, occasionnant un beau roulé-boulé sur la pelouse boueuse. En riposte, quatre dirigeants corses « faisant valoir la loi du Talion » auraient roué de coups un stadier. La Voix du Nord, présente juste après les échauffourées, interroge les deux parties, qui n’ont pas l’air d’accord : selon un agent de sécurité, « ils n’avaient pas les cartes valables pour entrer sur le terrain on a voulu les empêcher ». François Nicolaï, lui, attend Luc Dayan de pied ferme : « si le président Dayan ne m’explique pas pourquoi la sécurité s’est conduite ainsi, on ne jouera pas. Si ces messieurs souhaitent régler le problème corse, ils doivent voir avec Matignon », référence au Premier Ministre, Lionel Jospin qui, depuis quelques mois, a fort à faire avec la Corse, quelques mois après l’assassinat du Préfet Eyrignac suivi de la toute belle aventure des paillotes brûlées, qui a conduit au renvoi du préfet suivant, Bernard Bonnet, dont les fans de foot connaissent davantage la fille, Anne-Laure (authentique)

Nicolai Dayan

Selon la Voix, « le visage marqué du président bastiais met mal à l’aise les dirigeants lillois ». Très énervé, Nicolaï tente de joindre le président de la Ligue, Gérard Bourgoin, et dépose une réclamation auprès de M. Glochon, l’arbitre du match. Enfin, il assure vouloir porter plainte pour « coups et blessures volontaires ».

Arrive alors Luc Dayan qui, après un moment d’échange avec son homologue, se présente devant la presse : « c’est désastreux. Je suis extrêmement triste. Je présente mes excuses au président Nicolaï ».

Apparemment, personne ne comprend réellement ce qu’il s’est passé : « il y a des mécanismes qui m’échappent, je veux savoir » affirme Dayan. Pendant ce temps, les joueurs sortent pour s’échauffer et sont mis au courant. Vahid Halilhodzic, informé de l’incident, prend à part Frédéric Antonetti, l’entraîneur du SCB, puis déclare seulement : « ce qui s’est passé est anormal. Il n’y a aucun problème entre les deux clubs. Là-bas, nous avons été reçus superbement bien ». Apparemment, la diplomatie de Dayan et d’Halilhodzic a permis de faire retomber la tension : le match aura lieu.

Dayan ni

 

Jean-Louis Valois, de Calais à Bastia

Du côté du LOSC, Cygan, blessé à un mollet, est absent depuis quelques semaines. Manquent aussi Laurent Peyrelade, Bruno Cheyrou et Edvin Murati. Devant, la nouvelle vedette, Sterjovski, est titularisée aux côtés de Beck et de Boutoille. Au milieu, Vahid surprend son monde en ne titularisant pas Sylvain N’Diaye : Landrin prend sa place à la récupération avec D’Amico. Sur l’aile gauche, un revenant : Jean-Louis Valois qui, jusqu’alors, n’avait fait que 6 entrées en jeu, pour 74 minutes jouées. Joueur essentiel en 98/99 (29 matches dont 27 titularisations, 5 buts), Jean-Louis Valois reste un élément important de l’année du titre de D2 (25 matches dont 12 titularisations) au cours de laquelle il inscrit deux buts particulièrement marquants : d’abord, contre Guingamp, de la tête, pour une victoire dans un match au sommet (2-0), puis contre Valence, dans le match de l’officialisation de la montée, où il envoie une frappe en lucarne qui provoque un envahissement de terrain et une brève interruption du match.

Si son pied gauche a beaucoup apporté en D2, Jean-Louis Valois semble faire partie ce ces rares joueurs du LOSC qui ne parviennent pas à performer au niveau supérieur. D’ailleurs, lorsqu’il jouait à Auxerre, il n’a fait que 2 petites apparitions en D1, pour seulement 23 minutes jouées (en 96/97). Il faut dire aussi que, cette année, il ne semble pas avoir la confiance d’Halilhodzic qui, à son poste, a recruté durant l’été Murati, qui lui-même sera progressivement barré par l’éclosion de Bruno Cheyrou. Si l’on ajoute à cela la belle surprise Sterjovski, la satisfaction Beck dans son jeu si spécifique, l’explosion de Bakari en 2001, et le fait que le statut de Collot fait de lui le favori pour entrer en fin de match, il reste peu de place devant pour Valois.

Mais alors, pourquoi se retrouve-t-il titulaire ce soir là ? Pour répondre à cette question, il faut remonter à janvier 2000, presque un an auparavant.

valoisButeur contre Guingamp, novembre 1999

Le 22 janvier 2000, sans Vahid Halilhodzic, malade, le LOSC s’incline en 32e de finale de coupe de France, à Calais, pensionnaire de quatrième division (1-1 ; 6-7 aux tirs aux buts). Même si le parcours ultérieurs des Calaisiens peut relativiser la portée de cette défaite, c’est un affront pour Halilhodzic. 11 mois après, il n’a pas oublié ; le 17 décembre 2000, la réserve du LOSC reçoit Calais, qui est alors largement en tête (44 points en 14 journées, 0 défaite1), alors que les Lillois sont 16es, n’ont gagné que deux fois, et auraient bien besoin de points. L’occasion est trop belle : Halilhodzic envoie en réserve tous ses pros qui n’ont pas joué la veille à Metz ! Dès lors, l’équipe d’Eric Guérit est renforcée par 9 professionnels : Allibert, Hammadou, Delpierre, Santini, les frères Cheyrou, Valois, Dernis et Beck. Ils sont tous titulaires pour ce match au Stadium Nord, et seuls Dumont et Michalowski complètent le 11 de départ, sous les yeux d’Halilhodzic, qui n’a manifestement pas digéré l’élimination. Sont également présents en tribunes : Mottet, Lambert, Cygan, Sterjovski, Pichot, N’Diaye et Bakari.

DumontLa Voix des Sports, 18 décembre 2000

Et ce qui devait arriver arrive : même si Calais se montre dangereux en premier avec un sauvetage d’Hammadou sur la ligne devant Lefebvre (2e), Beck ouvre le score (38e), Valois double la mise (59e). Le capitaine calaisien, sans réussite, envoie ensuite un pénalty dans les nuages (75e), avant que Jean-Louis Valois ne marque encore (83e, 92e). 4-0, avec un triplé de Valois : l’affront n’est sans doute pas lavé, mais probablement que « Vahid content ».

Valois CalisLa Voix des Sports, 18 décembre 2000

 

 Valois buteur, le LOSC dauphin

Triplé contre Calais : voilà comment Jean-Louis Valois a gagné sa place pour ce match contre Bastia. Voilà la composition du LOSC : Wimbée ; Pichot, Fahmi, Ecker, Pignol ; D’Amico, Landrin, Valois ; Boutoille, Sterjovski, Beck.

Dans un match sans grand attrait, Lille domine globalement et se crée des occasions par Beck (tête repoussée par Durand) ou Boutoille (frappe au-dessus). En seconde période, l’éclair vient de Djezon Boutoille qui, servi par Pichot, crochète un défenseur et centre au second poteau ; le ballon surmonte le gardien de Bastia et, au second poteau… Jean-Louis Valois reprend du plat du pied gauche et conclut (1-0, 70e). Luc, voilà une action qui amène une belle plus-value !

Le but sur Fréquence Nord :
http://droguebierecomplotlosc.unblog.fr/files/2022/12/losc-2000-et-2001-mp3cut.net_.mp3

 

Valois BAstia

Pour la 10e fois en 22 journées, Lille gagne et compte 37 points à la trêve. Et comme Sedan et Bordeaux ont perdu, le LOSC se place deuxième : les Dogues se muent en dauphins (de Nantes, 2 points devant).

S’il est encore un peu tôt pour s’emballer, les fantômes du passé semblent envolés. L’équipe est sur sa lancée des deux dernières années et paraît solide, au moins pour assurer un maintien tranquille. Elle a déjà marqué 2 points de plus que sur l’entièreté de sa dernière saison en D1, en 96/97 (qui, en outre, comptait 4 journées supplémentaires) ! Le LOSC peut passer Noël au chaud. Et on est loin de s’imaginer que le meilleur reste à venir. En revanche, du côté de Bastia, on s’inquiète pour François Nicolaï qui, le lendemain du match, est hospitalisé après avoir été pris d’un malaise lors d’une réunion pour évoquer les événements de Grimonprez-Jooris.

 

 Épilogue

 Jean-Louis Valois ne sera qu’un acteur très intermittent de la formidable fin de saison du LOSC. Il ne jouera plus qu’en janvier, pour deux entrées en jeu, et 14 minutes jouées. Il part ensuite du côté de l’Angleterre et de l’Ecosse.

Le lendemain de Lille/Bastia, le LOSC porte plainte contre X, ce qui permet l’ouverture d’une enquête judiciaire. Selon Luc Dayan, « nous sommes responsables de ce qui se passe chez nous, et donc de la sécurité des visiteurs. François Nicolaï, que je connais bien, est très affecté, de même que les stadiers. Je souhaite montrer à tous que personne à Lille n’est de mauvaise foi et permettre ainsi que ce genre de problème ne se reproduise plus ». En janvier 2001, le club est sanctionné par la commission de discipline de la LNF à 500.000 francs d’amende et à un match de suspension de terrain avec sursis. Élégamment, le club fait appel. La sanction est confirmée en février. On s’en fout, on est en tête du championnat.

Un résumé du match (France 3 Nord-Pas-de-Calais) :

http://droguebierecomplotlosc.unblog.fr/files/2022/12/vlc-record-2022-12-16-21h14m43s-losc-2000-_avril_-2001-_mai_.vob-.mp4

 

Note :

1 La victoire est à 4 points, le nul à 2, et la défaite (hors forfait) à 1.


Posté le 18 décembre 2022 - par dbclosc

Georges Heylens : « Lille, c’était pas mal, hein ? »

Georges Heylens, ce sont cinq années de la vie du LOSC dans les années 1980. Pas forcément les plus glorieuses, mais de celles qui ont laissé des souvenirs marquants chez les supporters qui les ont vécues. Rencontre avec un morceau d’histoire.

« C’était notre quartier ici, notre rue » : depuis une table de La Tribune, une brasserie populaire du cœur d’Anderlecht, où nous avions rendez-vous, Georges Heylens semble regarder au-dehors avec nostalgie. Juste à côté se trouve la rue de Formanoir, où il avait une boutique d’articles de sports, de 1961 à 2014, qu’a dirigée son fils Stéphane : « on était livreurs de l’équipe d’Anderlecht, et de l’équipe nationale. À l’époque, à Bruxelles, il n’y avait pas de boutique de sports. On a été pionniers là-dessus ».
Les Heylens vivent toujours à Anderlecht, « leur » commune. À quelques dizaines de mètres se trouve le Lotto Park – anciennement stade Constant Van Den Stock – l’antre des « Mauves », où Georges Heylens a réalisé l’entièreté de sa carrière de joueur professionnel, de 1960 à 1973, avec 7 titres de champions de Belgique et trois coupes, glanant au passage 67 sélections avec les Diables Rouges. Les Diables, justement, ont été éliminés la veille de la coupe du monde : « pas de chance » juge-t-il laconiquement. Une élimination au premier tour, comme en 1970 au Mexique, où Georges Heylens était arrière droit de l’équipe 
nationale : « c’était autre chose, ça n’avait rien à voir avec aujourd’hui… ».

Bel70

On sent que les souvenirs s’effacent peu à peu, mais Stéphane, « [son] patron, [son] secrétaire » se charge de stimuler la mémoire de son père, désormais 81 ans : « je crois que j’ai eu une belle carrière ». Une carrière notamment passé par le LOSC, de 1984 à 1989.

L’arrivée à Lille

Après avoir été contraint de stopper prématurément sa carrière de footballeur à l’âge de 31 ans en raison d’une blessure à la jambe, Georges Heylens a entraîné l’Union Saint-Gilloise (73-75), Courtrai (75-77), Alost (78-83), puis le petit club de Seraing, qu’il a mené jusqu’à la 5e place du championnat belge en 1984. A cette occasion, il est élu « entraîneur de l’année » en Belgique.
Pendant ce temps, les dirigeants loscistes cherchent un nouvel entraîneur après le départ d’Arnaud Dos Santos. Jean Parisseaux ne souhaite pas quitter la formation des Dogues et, alors que l’on s’attend à la signature du Hongrois Pazmandy, on apprend le 22 juin que le FC Seraing est placé en liquidation judiciaire, et son entraîneur, licencié. Le LOSC saute sur l’occasion et fait signer un contrat d’un an à celui qui a mené si haut ce petit club de la banlieue liégeoise : « on a eu beaucoup d’ennuis financiers à Seraing. J’avais rencontré les dirigeants du LOSC à plusieurs reprises, et la mise en liquidation a tout changé ».
Direction le Nord de la France pour Heylens, alors qu’on le disait sollicité par Lausanne, Benfica et le PSG. Le précède une réputation qui colle bien à la région : travail et rigueur.

Heylens

 

Le LOSC des années 1980

« Mes trois premières années à Lille ont été super. Par la suite, on s’est essoufflés. Le LOSC était un club familial. Je n’en garde que des bons souvenirs : Dewailly, Samoy, Parisseaux, Amyot, Robert… Des gens très biens. Sur le plan personnel, j’ai habité La Madeleine la première année, puis le quartier Vauban, et Lambersart. Lille, c’était pas mal, hein ? ».

« Avec moi, ça s’est moins bien passé avec Bernard Gardon. Mais c’est du passé ». On se rappelle en effet les circonstances rocambolesques du départ de Georges Heylens en 1989, dont on peut supposer qu’il avait été fortement « encouragé » par le directeur sportif de l’époque, Bernard Gardon, qui tenait à faire signer Gérard Houiller… qui n’était pas libre.

Sur le terrain, les années 1980 ne sont certainement pas les plus glorieuses du club ; elles oscillent entre le moyen et quelques éclaircies, le temps d’un bon parcours en coupe, ou pour admirer la technique de quelques vedettes « on a tout de même eu de très bons joueurs : Périlleux, Angloma, Lama, Mobati, Pelé, les frères Plancque… Avec ces joueurs-là, je pense qu’on aurait dû mieux faire, au moins atteindre une fois une coupe d’Europe ».
Grimonprez-Jooris n’a en effet que trop rarement vibré durant cette période, hormis, par exemple, lors du retournement de situation contre Bordeaux en coupe en 1985 (1-3 ; 5-1) : « oui mais on se fait éliminer derrière. J’ai davantage de regrets sur notre parcours en coupe en 1987 [Lille est éliminé en quarts par Bordeaux 1-3 ; 2-1]. On n’est pas passés loin de la demi, et le tableau me semblait plus abordable » ; ou lors d’une victoire contre le PSG en janvier 1986 : « le match avait été joué une première fois, et interrompu à 5 minutes de la fin à cause d’un problème d’éclairage. Il y avait 1-1, et on était très contents. Il a fallu tout rejouer ! Luis Fernandez était en colère de rejouer… Et on a gagné 2-0 ! »

 

http://droguebierecomplotlosc.unblog.fr/files/2022/12/lillepsg-2-0-22-janvier-1986-deuxieme-but-de-bureau.mp4

« Je me rappelle aussi qu’on avait la possibilité de partir loin, assez longtemps, car il y avait une vraie trêve de quelques semaines en hiver. On est allés au Niger, au Cameroun. On est aussi allés en Guyane, chez Bernard Lama ».

équipe

Heylens

« Il y avait une grande rivalité avec Lens. D’ailleurs, peu après mon arrivée, le quarantième anniversaire du club coïncidait avec la réception des Lensois. On a gagné 2-0 ! Et on a gagné aussi une ou deux fois à Bollaert… Dont une fois 4 à 1. On m’avait dit que Lille n’avait pas gagné là-bas depuis 20 ans »

Houiller Heylens

Les deux entraîneurs nordistes sur RVN, avant le derby de septembre 1984

 « J’ai été le premier à ouvrir la filière scandinave au LOSC, avec la venue de Kim Vilfort. Malheureusement, il n’a pas trop réussi à Lille ».

 

Le duo Desmet/Vandenbergh

 « J’ai eu du plaisir à les avoir ces deux-là ! » S’il est bien un duo qui a marqué les années Heylens, c’est celui formé par ses deux compatriotes. Au cours de l’été 1986, les dirigeants du LOSC sont orientés vers la Belgique par leur entraîneur. Signe, dans un premier temps, Filip Desmet, révélation de la saison à Waregem, qui a joué une demi-finale de C2. Puis Heylens s’envole pour le Mexique, cette fois en tant que consultant pour Sports 80 (devenu Sports Magazine). La Belgique se classe quatrième, avec le même Desmet, et Erwin Vandenbergh, meilleur buteur du championnat belge en 1980, 1981 et 1982, et Soulier d’Or 1981.
Peu après la coupe du monde, Vandenbergh signe au LOSC (et Heylens rempile cette fois pour 3 ans) : « Vandenbergh avait été mis sur la liste des transferts par Anderlecht. Je l’ai su… ». La promesse d’une attaque de feu qui, là aussi, n’a finalement brillé que de façon intermittente, comme on l’a évoqué ici ou ici.

Vandenbergh heylens Desmet

« La venue de Desmet et de Vandenbergh a fait venir pas mal de Belges à Grimonprez-Jooris : beaucoup venaient de Moucron, de Courtrai, de Menin, ou de Waregem. Le LOSC a toujours eu des liens privilégiés avec la Belgique ».

belges Onze mondial nov

Après le LOSC, Georges Heylens a vite rebondi, d’abord au Berschoot puis, entre autres, à Charleroi (où il a retrouvé Desmet, et a participé au Tournoi de Liévin 1992), Malines ou Seraing, avec qui il a participé au fameux « tournoi de Liévin » en 1994. à l’issue de la saison 1993/1994, le petit club liégeois découvre la coupe d’Europe : « on a joué un tour d’UEFA contre le Dynamo Moscou. On a été battus 3-4 à la maison, et on rate un pénalty pour égaliser. Au retour, on gagne 1-0 là-bas. Insuffisant, malheureusement… Roger Lukaku, le père de Romelu, a tiré sur la latte à la dernière minute ! »

Après bien d’autres expériences, en Belgique et ailleurs, Georges Heylens a tiré sa révérence après une dernière pige chez les filles du White Star Fémina (club de Woluwé-Saint-Lambert), en 2015 : « au cours d’une rencontre d’anciens, j’ai rencontré le président du club, qui m’a proposé de m’occuper des féminines deux fois par semaine, de 20h à 22h. Ce sont souvent des étudiantes, donc il faut leur aménager des horaires. J’ai accepté avec plaisir ».

Georges Heylens suit toujours attentivement les performances du LOSC et d’Anderlecht, même s’il se rend de moins en moins au stade « quand les deux clubs se sont affrontés en Ligue des Champions en 2006, on a été invités à Anderlecht par les dirigeants d’Anderlecht, et à Lille par les dirigeants du LOSC. En 2014, Patrick Robert nous a invités pour les 70 ans du LOSC. J’espère qu’on a laissé de bons souvenirs. Saluez bien tout le monde à Lille... »

 

Merci à Stéphane et Georges Heylens pour leur disponibilité

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 Une sélection d’articles sur les années Heylens :

1984-1986 : quand le David lillois tyrannisait le Goliath Lensois

Erwin Vandenbergh, la classe belge

Quand Soler et Bureau semaient la terreur. Retour sur 40 jours de feu (1986)

Je t’aime à la Belge. L’histoire nostalgique d’une déception amoureuse entre nous, Georges (Heylens), Erwin (Vandenbergh) et Filip (Desmet)

Les succulents Lille-Lens de l’été 1986

La coupe de la Ligue 1986 des Loscistes

1986-1987 : quand le LOSC retrouve l’ambifion

Eté 1987, les premiers pas de Christophe Galtier au LOSC

Le tournoi CIFOOT de l’hiver 1987 : l’histoire d’un quadruple complot contre le LOSC

Le quiproquo de Montpellier

Le LOSC 1988/1989 : le Robin des Bois de la D1

Comment Gérard Houllier n’a pas signé au LOSC

A la recherche du coach perdu

Santini ouvre l’ère des vaches maigres

 

 


Posté le 2 décembre 2022 - par dbclosc

Jean Baratte, sportif « touche-à-tout » de l’OICL

Si l’on connaît bien les exploits footballistiques de Jean Baratte, c’est principalement pour les nombreux buts qu’il a marqués dès ses débuts au haut niveau, à l’OICL. Mais Jean Baratte a également gardé les buts de l’OICL lors d’un derby contre Fives en mai 1943. Alors qu’il n’a pas encore 20 ans, ce fils de sportif est également champion de tennis avec l’OICL ! Il a de qui tenir : son père est un personnage reconnu de la vie sportive lambersartoise. 

La première mention de Jean Baratte dans la presse écrite remonte au 19 août 1928. Ce jour-là, on apprend dans Le Grand Echo que les fêtes du 15 août à Lambersart ont rassemblé un grand nombre de familles et d’enfants dans les avenues Soubise et de l’Hippodrome, où étaient organisés des activités telles que des lancers de ballons, un « jeu de ciseaux », un concours de cerceaux et un concours de trottinette, remporté par le petit Jean Baratte, 5 ans.

1

En 1928, le nom de Jean Baratte n’est pourtant pas inconnu pour les sportifs du Nord, et plus particulièrement pour celles et ceux de Lambersart. En effet, le père de l’enfant est une figure locale, non seulement parce qu’il est le propriétaire de la guinguette « La Laiterie de l’Hippodrome », situé au 128 avenue de l’Hippodrome, lieu réputé pour recevoir des événements tantôt mondains, tantôt populaires ; mais aussi parce que dès qu’un événement sportif est organisé à Lambersart, il n’est pas loin : et cet homme s’appelle aussi Jean Baratte. Dans la presse des années 1920 et 1930, on trouve ainsi régulièrement son dans les pages sportives de la presse régionale. Sa passion première est le rugby : il est d’ailleurs un des meilleurs éléments du « quinze » de l’Iris-Club de Lambersart. Cela lui vaut une sympathique réputation, d’autant que son commerce, situé entre l’hippodrome de Lambersart, le terrain de l’avenue de Dunkerque, et le terrain de l’Iris, est au cœur d’un espace sportif d’où démarrent de nombreuses épreuves. Ainsi, en janvier 1927, le Grand Echo indique que le coup d’envoi championnat du Nord de cross cyclo-pédestre est donné le 27 à 9 heures, « avenue de l’hippodrome, à hauteur de « la laiterie », tenue par le sportif si connu M. Jean Baratte » (31 janvier).

Mais on le sait également président actif du Vélo-Club Lillois à partir de l’année 1926 (Le Grand Echo du Nord, 16 décembre 1925). Jean Baratte père est ainsi impliqué dans l’organisation d’épreuves cyclistes, comme en 1927, où il organise la course de vitesse de l’« omnium interclubs », qui consiste en un « match de vitesse » sur l’avenue Pasteur à Lambersart (entre la Laiterie et l’Hippodrome). À cette occasion, on peut encore lire dans le Grand Echo la sympathie que suscite Jean Baratte, qualifié de « sympathique rugbyman de l’Iris Club » (23 juillet). L’année suivante, il profite du passage du tour de France cycliste à Lambersart pour faire partie de l’organisation de la sécurité qui permet de « transformer le carrefour de l’avenue de l’hippodrome en une cité en réduction pimpante et ordonnée » (Le Grand Echo, 14 juillet 1929).

On lui connaît une troisième passion : la moto. Jean Baratte est en effet membre du « Moto Sporting Club ». À ce tire, il est aussi l’organisateur d’événements, comme le cross moto pédestre du 10 mars 1929, pour lequel le Grand Echo souligne que tout renseignement est à prendre auprès de lui (22 févier 1929). En tant que membre de ce club, il fait aussi partie de la délégation qui remet à une association de « gueules cassées » un chèque pris sur les bénéfices d’une compétition sportive qu’il a contribué à mettre en place (12 juillet 1928). Le 2 août 1931, il est président du comité d’organisation de courses motocyclistes sur prairie, sur le terrain de l’Iris Club Lillois, avenue de l’hippodrome.

BarattepèreLe Grand Echo, 30 juillet 1931

En 1933, il est l’« âme et cheville ouvrière » (3 juillet 1933) d’une journée de « dirt track » (course de motos sur piste en terre), sur le terrain du Colysée.

Mais Jean Baratte n’est pas qu’organisateur : en tant que motard, il remporte en avril 1929, le même jour qu’un nouveau titre de champion du Nord pour l’OL, le « rallye-ballon du printemps ».

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Sur sa moto de marque Terrot, il remporte une course entre Lille et le bassin minier lensois dans laquelle concourraient « vingt autos de toutes marques et une demi-douzaine de motos » (22 avril 1929).

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Jean Baratte est donc aussi évoqué comme « champion motocycliste bien connu » (18 juillet 1930), cette fois à l’occasion d’un fait divers : sa tante de 60 ans, qui vit aussi à La Laiterie, est renversée par une voiture, devant la guinguette.

Sur sa moto, Jean Baratte est régulièrement chargé de s’occuper des « pédards1 » qui pourraient gêner les courses cyclistes. Ainsi, dans le Grand Echo du 28 juillet 1929, on peut lire que « notre ami Jean Baratte sera le seul motocycliste officiel du 16e circuit minier. Nous savons comment M. Baratte accomplit la tâche délicate qui consiste à avertir les usagers de la route du passage de la course, et à assurer les dégagements de la route. Quant à convaincre les pédards du dangers qu’il font courir à eux-mêmes et aux coureurs. Jean baratte a le doigté voulu pour parvenir à ses fins en ne recourant aux moyens extrêmes que lorsqu’il y est absolument obligé » : il fait de même lors du 8e Paris/Lille cycliste en mai 1930 avec sa « fidèle Terrot » (12 mai)

Enfin, Jean Baratte est parfois arbitre de football (comme lors de Ronchin-Thumesnil/Ennevelin en mars 1932) et s’implique dans les épreuves d’athlétisme : le 4 mai 1935, le Grand Echo fournit les indications d’itinéraire du « critérium des Italiens » entre Lille et Cassel, sur les conseils de Jean Baratte, parti en repérage sur sa moto. La Croix du Nord signale dès juillet 1934 qu’il est président du jury des annuels championnats d’athlétisme de l’Union de Flandre, qui se déroulent à Lambersart.

Voilà donc pourquoi, avant même les exploits footballistiques du fils, le nom de Jean Baratte est familier aux sportifs nordistes. Les multiples engagements sportifs du père ont même conduit à la création de la « coupe Jean Baratte » à partir de 1931 : à l’occasion de l’annuelle « coupe Bélière », une épreuve d’athlétisme, elle récompense certaines catégories « Junior ». Et à partir de 1934, le « challenge Jean Baratte », en football, met aux prises des équipes de jeunes de la région.

Au niveau de la diversité des activités, Jean Baratte fils a donc de qui tenir ! C’est en 1935 qu’on retrouve sa trace dans la presse : en effet, dans l’édition du 25 juin, le Grand Echo nous informe de l’obtention de son Certificat d’Études Primaires. Qu’en est-il côté sportif ? Dans un portrait que lui consacre la France Socialiste le 3 novembre 1943, on comprend que Jeannot est voué à faire du sport : « le fait de naître aux portes d’un stade ne peut que vous prédisposer à le fréquenter un jour. Et ce fut vers celui de l’Iris Club Lambersart que Jean Baratte, dès qu’il put déjouer la surveillance de sa mère, fit sa première escapade ». « Il ferait un excellent demi de mêlée » disait de lui son père. Et en effet, le journal souligne malicieusement que « le petit Jean passait son temps à se faufiler au travers des palissades mal ajustées du stade, ou au travers des jambes des clients dans la salle bruyante de l’estaminet paternel ». Mais l’enfant, dès qu’il put se servir habilement de ses mains, ne manifeste aucun intérêt pour le ballon ovale : il opte pour le football.

« C’est un manchot ton fils, peuchère ! Ironisa un coéquipier de Baratte père, un méridional qui ne comprenait pas qu’on puisse jouer autrement qu’avec les mains, voire avec les poings », rapporte le journal. Mais l’enfant montre aussi un intérêt pour le tennis et « fait des balles » contre un mur, avec une raquette bien trop lourde pour lui : « et un jour, sur l’unique court de l’ICL, les modestes tennismen du club s’aperçurent avec stupeur que le « manchot » possédait un redoutable coup droit et un honnête revers. Admis sur le cours, Jean Baratte ne tarda pas à y mystifier tout le monde, jeunes et moins jeunes, et s’achemina de victoires en victoires vers le titre de champion du Nord junior ».ggAvec l’équipe des « Jeunes du Nord » (Football) pour un match contre les « Jeunes du Sud » Le Miroir des Sports, 22 février 1942

Parallèlement, Jean signe ses premiers succès footballistiques : avec l’Iris, il enlève le championnat du Nord des Minimes, puis des Juniors. Si bien que lorsque les Dogues de l’OL se rattachent au petit Iris, ils trouvent en ce jeune homme une graine de champion. Dès la saison 1941/1942, il s’impose comme avant-centre de l’OICL, et arrive avec les « dogues irisés » jusqu’en finale de la zone interdite, où les Lillois s’inclinent contre Lens.

5Les Sports du Nord, 21 mars 1942, à la veille de la finale Lille/Lens

Durant l’été 1942, tout en préparant sa saison de footballeur à l’OICL, Jean Baratte devient champion des Flandres de tennis ! Présenté par M. Brun directeur sportif de l’OICL, comme « le plus talentueux [des amateurs de l'OICL] » (La France Socialiste, 15 août 1942), la diversité de ses activités lui vaut le surnom de « touche-à-tout » : « ils se distingue aussi bien sur les terrains de football que sur les courts de tennis souligne M. Brun. Ne vient-il pas d’enlever la finale du championnat des Flandres Juniors, en battant Lecomte par 6-2, 6-4 ? »

sqdqsLa France Socialiste, 15 août 1942

6Baratte
Les Sports du Nord, 15 août 1942

Si bien qu’à l’automne 1942, dans la presse nationale, Jean baratte est plutôt présenté comme un tennisman qui, en plus, joue au football.

19421026 Miroirdes Sports BaratteLe Miroir des Sports, 26 octobre 1942

Au cours de la saison 1942-1943, Jean Baratte fait de nouveau la preuve de sa polyvalence, mais au sein du même sport. En effet, en mai 1943, l’absence du titulaire habituel dans les buts, Julien Da Rui, l’amène à occuper la cage de l’OICL lors du derby OICL/SCF en mai 1943 (on en a parlé ici) ! L’épisode de la coupe de France 1952 est plus connu : en demi-finale, en raison de la blessure de Val, l’habituel titulaire, et du manque de confiance placé en D’Archangelo, le remplaçant, Jean Baratte avait été titularisé dans les buts du LOSC. Cette configuration s’est présentée une dernière fois en mars 1956, alors que Jean Baratte est désormais joueur du CO Roubaix-Tourcoing en D2 : on le retrouve dans le but lors d’un déplacement au Havre.

À l’aube de la saison 1943-1944, celle des équipes fédérales, la France Socialiste nous apprend que l’entraîneur de l’équipe de Lille-Flandres, Demeillez, a placé Baratte sur l’aile : « là aussi, en quelques matches, le jeune prodige de Lambersart s’est hissé sans peine à la hauteur des meilleurs « intérieurs » du moment » (3 novembre 1943). La même édition du journal relate que Jean fréquente toujours le petit stade de ses premiers pas, et qu’il participe régulièrement aux entraînements des hockeyeurs… et des rugbymen de l’OICL ! « Cette préparation physique fait de Baratte un véritable marathonien (…) M. Baratte peut se consoler d’avoir perdu un demi de mêlée en découvrant un grand inter ».

Ses performances lors de la saison 1942/1943 avec l’OICL, confirmées en 1943/1944 avec l’équipe fédérale Lille-Flandres, ancrent Jean Baratte dans une discipline principale : le football. Pour le plus grand bonheur de Lille.

Note :

1 « En 1898, le mot chauffard entrait dans notre langue. Composé à l’aide de chauffeur et du suffixe péjoratif -ard, il est, hélas, toujours en usage, l’espèce des conducteurs imprudents et dangereux ne semblant pas en voie de disparition. Quelques années plus tard, sur ce modèle, on créait à partir de pédaler le nom pédard qui désignait, comme l’indique fort bien le dictionnaire Larousse de 1923, à la page 818, un « cycliste grossier, maladroit, dangereux pour les autres » (https://www.academie-francaise.fr/va-donc-eh-pedard)


Posté le 22 novembre 2022 - par dbclosc

Quand Daniel Leclercq envisageait de rejoindre le LOSC

Peu après son éviction du RCL à l’automne 1999, Daniel Leclercq a fait de l’oeil au LOSC, qui caracolait alors en tête de la D2. Une offre de services restée sans suite, mais qui illustrait le renouveau du club.

30 septembre 1999 : grâce à Nouma et Delporte, Lens bat Tel-Aviv 2-1 au stade Bollaert. Après le nul de l’aller (2-2), le Racing se qualifie pour le prochain tour de la coupe UEFA. Mais ce sera sans son entraîneur qui, à l’issue du match, est évincé, à moins qu’il n’ait donné sa démission – ce point n’ayant jamais été très clair. Quoi qu’il en soit, il est toujours surprenant de partir après une victoire (mais le LOSC n’est pas en reste car c’est également arrivé à Bruno Metsu en 1993) et, surtout, après avoir donné à Lens durant son mandat deux titres – les mauvaises langues aiment rappeler que ce sont les seuls, oubliant que le Racing a remporté trois magnifiques coupes Drago (1959, 1960, 1965), une prestigieuse coupe de l’Amitié (1962), et a vu son piston droit sélectionné en équipe de France (2022).

L’annonce du décès de Daniel Leclercq, en novembre 2019, a légitimement suscité une grande émotion à Lens, mais aussi dans toute la région, car Leclercq est également passé avec réussite par Valenciennes en tant que joueur (1961-1970 ; 1983-1984) et entraîneur (2003-2005). Mais à Lille aussi, les hommages ont été nombreux : le club s’était même fendu d’un tweet, largement relayé et commenté positivement par des supporters du LOSC.

Twitter décès

Capture d’écran Twitter

Cela étant, Leclercq n’a pas attendu de mourir pour susciter une quasi-unanimité autour de lui, à Lille, alors même que son statut de faiseur de titres à Lens pourrait susciter de la défiance : certes, quand Lens a été champion (1998), le LOSC n’évoluait pas en D1, et peut-être peut-on considérer que ce titre a été vécu de loin par les Lillois. Mais plus probablement, sa carrière fait de lui un homme respecté, tant il a marqué le football par ses qualités de joueur, en inventant une sorte de poste mixant libéro et meneur de jeu où sa qualité de passe a fait merveille, et en prônant durant sa vie professionnelle des valeurs telles que le travail et l’humilité, ce qui semble coïncider avec l’individu qu’il était, et qui colle aussi aux fameuses « valeurs de la région » que Lillois et Lensois partagent largement.

http://droguebierecomplotlosc.unblog.fr/files/2022/11/vlc-record-2022-11-01-22h01m17s-198102-j27-lens-lille-0-0.mp4-.mp4
La meilleure patte gauche du Pas-de-Calais. Extrait d’un derby en février 1981

Daniel Leclercq aurait pu marquer davantage les Lillois s’il avait rejoint le LOSC ; précisément, il en a été question au cours de cette saison 1999/2000. Désormais libre, il profite de ce moment de calme, tout en exposant ses projets dans une interview donnée à la Voix du Nord (VDN) en janvier 2000. Il rappelle les principes auxquels il est attaché (« famille », « amis », « professionnalisme », « passion », « maillot », « région », « public »). Et il n’hésite pas à montrer son intérêt pour les Dogues, en particulier pour leur entraîneur, Vahid Halilhodzic.

LeclercqLa Voix du Nord, 14 janvier 2000

Pour le moment, Daniel Leclercq a retrouvé une activité de consultant, pour TPS puis pour Canal +. Et il affirme que si son premier match dans cette nouvelle activité était Lille/Sochaux, ce n’est sûrement pas par hasard : c’est par « fibre régionale » soutient la VDN. Il est vrai que Daniel Leclercq, quel que soit le club dans lequel il était, a toujours manifesté de l’intérêt pour les clubs régionaux. À Lille, on se rappelle qu’il était souvent présent à Grimonprez-Jooris. Et on se rappelle aussi qu’il était présent lors d’un match amical d’avant-saison à Tourcoing entre le LOSC et Anderlecht (2-3), à l’issue duquel il avait affirmé toute sa sympathie pour les Dogues, espérant qu’ils rejoignent la D1 au plus vite. Leclercq affirme qu’après Lille/Sochaux, « tous les joueurs lillois étaient venus me remercier pour le mot d’encouragement que je leur avais envoyé en début de saison ».

PaniniPhoto Old School Panini

« Je ne manque pas de propositions, les plus sérieuses, actuellement, venant de Dubaï, de Fenerbahçe, ou de l’équipe nationale d’Algérie. Cependant, je ne suis pas pressé ». Surtout, Leclercq est plutôt attiré par le LOSC qui, depuis l’arrivée de Vahid Halilhodzic en septembre 1998, a retrouvé beaucoup de crédibilité : sur leur lancée d’une saison 98/99 terminée en trombe où la montée s’est dérobée à la différence de buts, les Dogues cartonnent et devraient cette fois retrouver l’élite. Au moment de l’interview (23 journées jouées en D2), le LOSC a 16 points d’avance sur le 4e. De quoi avoir envie de découvrir un nouveau club du Nord ? « Lille, c’est le seul club nordiste que je n’ai pas encore fait (…) J’ai noué des contacts sérieux avec Vahid, qui est très sensible et attaché à des valeurs. C’est tout simplement un homme du Nord ! Sachant tout ce qui l’attend en D1, je me verrai bien lui donner un petit coup de main ».

75474219_2468484643376444_6848424120539938816_nDocument rarissime : Daniel Leclercq 1) dans les couloirs de Grimonprez-Jooris 2) qui sourit

L’offre de services peut sembler étonnante : d’abord parce qu’elle ne semble manifestement pas motivée par des questions financières, ce qui est original dans le milieu ; ensuite parce que Leclercq reste malgré tout étiqueté « lensois » et, même s’il a la côte, c’est une autre chose de le voir intégrer le LOSC (aussi bien pour les supporters des LOSC que des Sang & Or). Comme on a dû le dire à l’époque au « Druide » : « rejoindre le LOSC, c’est Astérix et périls » ; et enfin parce qu’a priori, le LOSC n’est pas demandeur et a trouvé une formule qui, sportivement, fonctionne enfin. Certes, le processus de privatisation est lancé depuis quelques semaines, et il amènera probablement son lot de changements. Mais quand bien même Daniel Leclercq devrait intégrer le club, son palmarès et son aura peuvent-ils l’amener ailleurs qu’à une place de n°1 ? Peut-il cohabiter avec Halilhodzic ? Halilhodzic peut-il cohabiter avec qui que ce soit ?

Vahid leclercqPhoto Jean Chaumont/Voix du Nord

Daniel Leclercq ne rejoindra jamais le LOSC, et n’y exercera aucune fonction, officielle en tout cas. On peut toutefois penser que l’amitié nouée avec Halilhodzic a pu servir de conseil officieux pour Vahid.

À cette époque, l’important pour le LOSC est bien de constater qu’il est de nouveau attractif, et si des hommes de valeur semblent prêts à lui prêter main-forte, c’est probablement qu’il est sur la bonne voie.


Posté le 16 novembre 2022 - par dbclosc

Mersey beaucoup Divock ! Origi, l’improbable idole d’Anfield Road

Huit ans après sa signature et sept ans après son arrivée de retour de prêt à Liverpool, Divock Origi a quitté les bords de la Mersey pour rejoindre le Milan AC. Bien qu’il n’ait jamais été un titulaire indiscutable chez les Reds, que son temps de jeu était même famélique depuis 2018, il les quitte en laissant aux supporters un souvenir impérissable. En cause, sa capacité, déjà montrée à Lille et en sélection nationale, à réaliser des coups d’éclat au moment où il le fallait.

Le 2 février 2013, Roooonny Roodelin cède sa place à un jeune joueur de 17 ans sobrement intitulé Divock Origi, lequel fait là ses débuts avec l’équipe première du LOSC. A vingt minutes de la fin, les Lillois sont en fâcheuse posture, puisqu’ils sont menés à domicile par 1 à 0 contre Troyes, 18ème avant la rencontre. Cinq minutes plus tard, Origi reprend de la tête un centre de Dimitri Payet et permet aux Lillois d’égaliser. Des débuts en fanfare pour le jeune Belge. Le score ne bougera plus. Il aura en tout cas fallu très peu de temps à Divock pour se faire remarquer.

Le nom d’Origi n’est alors pas tout à fait inconnu du monde du football. Son père Mike (Origi donc) est ainsi un ancien international ayant compilé pas moins de 120 sélections avec l’équipe du Kenya. Il a par ailleurs passé 14 saisons en professionnel en Belgique, y disputant 434 rencontres pour 105 buts marqués. Son prénom, ne nous en cachons pas, nous paraît en revanche alors peu familier. Et pour cause : il a été inventé par ses parents (1). Toujours est-il que le fils de Mike commence à se faire un prénom et qu’il prend une importance croissante dans le 8-1-1 de René Girard, disputant 35 matches toutes compétitions confondues en 2013/2014 (15 comme titulaire) pour 6 buts inscrits, dont 5 après la trêve hivernale.

Ces performances suffisent à faire de lui l’invité surprise de la sélection belge à la Coupe du Monde 2014 au Brésil. A tout juste 19 ans et 7 buts inscrits en pro, Origi bénéficie du forfait de Christian Benteke, le sélectionneur Marc Wilmots considérant que les deux joueurs présentent un profil comparable. Ses performances dépassent les espérances, Divock marquant notamment le but de la victoire contre la Russie qualifiant les Diables rouges pour les huitièmes de finale. Origi apparaît comme une valeur montante du football et Liverpool, qui observait déjà le Lillois depuis quelques mois, le fait signer en juillet contre un montant de 12,6 millions d’euros. Il est immédiatement prêté à Lille.

Après un début de carrière presque idéal, Divock Origi montre les premiers signes de son irrégularité. S’il marque son 4ème but de la saison contre Wolfsbourg le 2 octobre 2014, il reste ensuite muet 23 matches de suite toutes compétitions confondues, et ce jusqu’au 15 mars 2015. Ce jour-là, Divock ne se contente pas de débloquer son compteur mais inscrit carrément un hat-trick (38è, 63è, 72è), doublant son total de buts inscrits en championnat en 34 minutes. Le match est assez symbolique de la carrière de Divock, marquée par des coups d’éclat comme celui-ci et une relative monotonie le plus souvent.

Toujours présents dans les grands rendez-vous des Reds

Origi rejoint alors Liverpool à l’été 2015, découvrant le troisième maillot rouge de sa carrière après ceux du LOSC et des Diables. Il rejoint les Reds en même temps que Christian Benteke qu’il avait suppléé en sélection un an plus tôt et qui est son principal concurrent à la pointe de l’attaque. Il n’y est pas titulaire pour sa première saison et y est même quasiment ignoré par Brendan Rodgers, Origi se contentant d’une seule entrée en jeu en Premier League jusqu’au licenciement du technicien anglais le 4 octobre. Les cartes sont rebattues avec l’arrivée de Jurgen Klopp et Divock brille à l’occasion, claquant un triplé en quart de finale de League Cup sur le terrain de Southampton (1-6) ou sonnant la révolte lors d’un quart de finale d’Europa League contre Dortmund très mal embarqué (0-2 après 10 minutes, 1-1 à l’aller) mais finalement remporté (4-3). Les circonstances du derby remporté (4-0) contre Everton en avril contribuent également à alimenter son aura naissante auprès des supporters : il ouvre d’abord le score peu avant la mi-temps, puis sort blessé en début de seconde période suite à un tacle assassin de Ramiro Funes Mori, ce sacrifice involontaire entraînant l’expulsion de l’Argentin. Origi termine la saison avec 10 buts.

En 2016/2017, Origi débute encore comme remplaçant avant de devenir brièvement titulaire à la faveur de ses belles performances. Entre le 26 novembre et le 28 janvier, Origi marque ainsi 6 fois en 16 rencontres, dont 10 comme titulaire. Il reprendra pourtant bien vite sa place sur le banc des remplaçants mais trouvera toujours le moyen de se rappeler aux bons souvenirs des supporters. Ainsi, alors qu’il reste sur deux mois sans avoir marqué, Divock choisit le match du derby contre Everton pour retrouver le chemin des filets. Le 1er avril, il ne lui faut que 3 minutes après son entrée en jeu pour marquer le but du break en faveur des Reds (3-1). Cette performance lui vaudra de terminer les deux derniers mois de la saison comme titulaire. Ce seront les derniers sous ce statut.

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Depuis cette saison 2016/2017, le temps de jeu de Divock Origi n’a cessé de décroître. Prêté à Wolfsburg la saison suivante, il passe ensuite 4 saisons à jouer les deuxièmes ou troisièmes choix. Origi dispute ainsi 49 % du temps de jeu toutes compétitions confondues de Liverpool en 2016/2017, puis 14 %, 32 %, 11 % et 11 % entre 2018 et 2022. Son temps de jeu en Premier League est particulièrement faible : il n’est ainsi présent que 11 %, 21 %, 5 % et 3 % du temps de jeu de cette compétition sur les quatre dernières saisons, pour une moyenne de 9,9 %.

Origi ratio

Et pourtant, si Origi connaît un temps de jeu particulièrement faible à partir de 2018, c’est sur cette période qu’il acquière définitivement son statut de chouchou d’Anfield Road. En décembre 2018, il confirme d’abord que le derby lui convient particulièrement bien. Avant ce match, l’international belge avait dû se contenter de 11 minutes de jeu contre l’Etoile Rouge de Belgrade en tout et pour tout. un supporter annonce même qu’il se fera tatouer « Divock » si celui-ci marque contre Everton (2). Klopp le fait entrer à la place de Firmino à la 84è (Origi, pas le supporter) contre Everton alors que le score et nul et vierge. Au bout du temps additionnel (90è+6), Divock est à l’affût sur un ballon mal maîtrisé par Pickford, marquant dans le but vide et faisant chavirer de bonheur Anfield. Le supporter respectera son engagement.

 Origi tatouage

- Il est tatoué ce supporter ?
- Bé ouais qu’il est à moué !

De joueur populaire, Origi devient carrément un héros en fin de saison, d’abord lors de la remontada du 7 mai 2019 contre le Barça en demi-finale de Ligue des champions. Battus 3-0 au Camp Nou, les Liverpuldiens se remettent dans le bon sens dès la 7ème minute grâce à l’ouverture du score. Revenant à la hauteur de leur adversaire à la faveur d’un doublé de Wijnaldum, les Reds se qualifient finalement grâce à leur avant-centre du jour qui inscrit également son doublé (79è). Trois semaines plus tard en finale, Origi marque le but du break en fin de match (2-0, 87è) assurant le titre européen aux siens ! Avec 7 buts en 693 minutes, il finit la saison avec un ratio d’un buts toutes les 96 minutes bien meilleur que ceux de Salah (1/161 minutes), Mané (1/165) et Firmino (1/213), et, comme on l’a vu, pas contre des équipes en bois.

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Les supporters de Liverpool après le but d’Origi en finale de LDC

 

Bien qu’il joue très peu, Origi continuera à faire ce qu’il faut pour entretenir son statut d’improbable idole d’Anfield Road. Le 4 décembre 2018, un an et 2 jours après son but décisif contre Everton, Origi récidive, inscrivant même un doublé (5-2). Fin 2021, Origi montre encore qu’il est un vrai supersub : entré à 20 minutes du terme d’un déplacement sur le terrain de Wolverhampton, il donne la victoire aux siens au bout du suspense (0-1, 90è+4). A l’issue du match, Klopp déclare qu’ « Origi, la légende […] est un joueur de football incroyable […]. C’est un but que nous avons souvent vu à l’entraînement. J’espère qu’il trouvera un manager qui le fera plus jouer que moi » (3). Après le derby contre Everton an avril, Klopp est encore dithyrambique avec son avant-centre. «Il a été impliqué sur les deux buts. Tout ce qu’on a fait en deuxième mi-temps n’aurait pas eu lieu sans Divock. Le groupe vit grâce aux garçons qui ne jouent pas toujours, ce sont les joueurs les plus forts. C’est une légende sur et en dehors du terrain. C’est un footballeur fantastique pour moi, c’est un attaquant de classe mondiale, notre meilleur finisseur. Il l’a toujours été et tout le monde vous dira la même chose. » (4) L’hommage de l’entraîneur allemand contraste ainsi avec le peu de temps qu’il lui accorde : pour sa dernière saison à Liverpool joue en effet en tout et pour tout … 126 minutes en Premier League, pour 3 buts inscrits !

 

Origi à Milan, j’aurais dit moins

 

Cet été Divock Origi a enfin quitté Liverpool où il aura marqué 41 buts, soit un total relativement modeste sur 6 saisons. Bien entendu, il ne pouvait que rejoindre un club dont le maillot comporte du rouge. Ce sera finalement le maillot rossonero de l’ambitieux Milan AC, vainqueur du dernier scudetto. Il vient ainsi compléter une attaque composée des « vieux » Olivier Giroud (35 ans) et Zlatan Ibrahimovic (40 ans), de l’ancien dogue Rafael Leao et d’Ante Rebic.

 

C’est d’abord avec Giroud et Ibrahimovic que Divock est en concurrence (5). Sur le papier, deux concurrents de ce calibre pour un seul poste d’avant-centre lui fait risquer de prolonger ses habitudes à tâter du banc. Concrètement, Ibrahimovic est blessé jusqu’au début de l’année prochaine et il n’est de surcroît pas éternel. En outre, le Milan à AC doit disputer pas moins de 21 rencontres en 13 semaines jusqu’au 13 novembre, dernière date du calendrier de Serie A jusqu’à la trêve qui précède la Coupe du Monde. Dans cette configuration, Origi n’est pas de trop et aura vraisemblablement un temps de jeu conséquent.

A 27 ans, l’avant-centre belge a peut-être enfin l’occasion de quitter son statut d’éternel remplaçant et de s’imposer dans une équipe qui a vocation à disputer la Ligue des Champions avec régularité.C’est en parallèle peut-être également une opportunité pour relancer une carrière en sélection qui semble au point mort et qu’on ne pouvait qu’imaginer plus belle au regard de la précocité de ses débuts et de ses performances d’alors : le 12 novembre, cela fera 8 ans qu’il a inscrit son dernier but avec les Diables Rouges. Sauf, bien sûr, s’il faisait partie des sélectionnés surprise du rassemblement de septembre et qu’il lui prenait d’en mettre un aux Gallois ou aux Néerlandais.

FC Notes :

(1) https://www.dhnet.be/sports/football/diablesrouges/2014/06/23/mike-origi-il-a-ete-le-premier-divock-au-monde-NKOCTQ4PEFA35CMHVXXLN62PNM/ Notons que le site namekun.com nous en dit un peu plus sur la personnalité des Divock. On n’a pas tout compris, peut-être que vous pourrez nous éclairer : « Profondément indépendante, vive, rapide et entreprenant la nature. Frank et diriger vous ne voulez pas prendrez des détours et ne supporte pas l’hypocrisie »

(2) https://www.dhnet.be/sports/football/diablesrouges/2018/12/06/un-supporter-de-liverpool-perd-un-enorme-pari-a-cause-dorigi-photo-GFWG6LS4EZECNPTTNSK3BCCWSI/

(3) https://www.eurosport.fr/football/premier-league/2021-2022/jurgen-klopp-liverpool-jespere-que-divock-origi-trouvera-un-manager-qui-le-fera-jouer-plus-que-moi_sto8657892/story.shtml

(4) https://www.lalibre.be/sports/football/2022/04/25/divock-origi-a-tout-change-pour-liverpool-dans-le-derby-une-legende-pour-toujours-ZYTF4KANBBHHFGW3JT3IOTUBLY/

(5) Rebic joue également avant-centre, mais il joue très souvent ailier gauche.


Posté le 30 avril 2022 - par dbclosc

Les Anciens Dogues à Londres

En ce début de semaine, et pour la sixième fois, une délégation des « Anciens Dogues » s’est rendue en Angleterre pour la traditionnelle sortie annuelle de l’association. Au programme : retrouvailles, bonne humeur, visites culturelles, déambulations, et le traditionnel match : cette année, c’était Crystal Palace/Leeds.

En conviant ses « Anciens » à Londres, le LOSC perpétue ce qui s’apparente désormais à une tradition, et donne du relief au projet du club, au-delà de son actualité immédiate et de ses résultats sportifs. C’est ainsi dans une ambiance chaleureuse et non dénuée d’émotion que plusieurs époques du club se sont retrouvées, ce qui vient rappeler à quel point le club a parfois pris des chemins sinueux, combien il est le reflet d’évolutions plus générales du football, et à quel point les carrières des joueurs sont diverses.

Sur une échelle temporelle, étaient de la partie d’anciens joueurs ayant connu la fin des années 1960, au moment où le LOSC avait même rejoint le niveau amateur, en D3 (Luc Bierry, Tony Gianquinto) puis les années 1970, quand le club a conquis deux titres de champions de D2 (Patrick Deschodt, Thierry Denneulin) ; Philippe Piette et Michel Titeca représentaient les années 1980 ; Pascal Cygan symbolisait quand à lui les transformations de la fin des années 1990 jusqu’à la première campagne de Ligue des Champions.

Du point de vue de la diversité des carrières, se retrouvaient des joueurs formés à Lille mais qui ont peu ou pas joué en équipe première (Maxime Agueh, Mehdi Oudina, Robert Dervaux), qui ont connu la D1 et la D2 à Lille puis ont fait une bonne partie de leur carrière ailleurs (David Coulibaly), ou encore qui n’ont joué qu’au niveau amateur avant de prendre un autre chemin (Luc Bierry, devenu médecin).

DeschodtThierry Denneullin, Patrick Deschodt et Tony Gianquinto lors de la saison 1974/1975 (Allez Lille n°13, mai 1975)

Et on peut dire que cette histoire bien vivante incluait même l’Olympique Lillois, à travers Patrick Deschodt dont le père, Roger, fut joueur de l’OL dans les années 1930, bien avant qu’il ne devienne président du LOSC dans les années 1970. La présence de Jean-Charles Cannone, ancien président de l’association LOSC, rappelait notamment les « années Lecomte » ; Marc Van Ceunebroeck, photographe bien connu des habitués des matches de jeunes et des filles, permettait d’élargir encore le cercle ; Arnaud Mahieu, directeur de Movitex, partenaire de la section féminine, a quant à lui trouvé un terrain très riche pour peaufiner l’encyclopédie des joueurs du LOSC qu’il prépare depuis plusieurs années !

RdeschRoger Deschodt avec le maillot de l’Olympique Lillois (Allez Lille n°10, mars 1975)

L’association des Anciens Dogues s’est formellement constituée en 2011 avec, en figures de proue, son président Patrick Robert, son manager Michel Castelain, ainsi que Patrick Deschodt, notamment responsable de la trésorerie. Avant cette date, le LOSC faisait de temps à autre appel à ses « anciens » pour quelques événements ponctuels, notamment autour des anniversaires du club (comme ici en vidéo pour les 50 ans du LOSC en 1994). Pierre Dréossi a par la suite souhaité que se constitue un réseau des anciens : sous la houlette de Michel Castelain, le jubilé des frères Plancque en 1997 ou la « fête de la remontée » en 2000 constituent ainsi les premières manifestations de ce qui est aujourd’hui routinisé quand arrivent les beaux jours, avec l’organisation de quelques matches de gala ou pour le plaisir de retrouver d’anciennes gloires, se greffer à un événement local ou encore promouvoir une cause.

Anciens 50 ansSeptembre 1994 : pour les 50 ans du LOSC, le club invite quelques « anciens », comme ici Jean Vincent, Bernard Lefèvre, Bolek Tempowski… et la coupe de France, ramenée spécialement de Paris par Jacques Verhaeghe (Photo : Luc Moleux/La Voix des Sports)

Mais avant même que n’existe l’association actuelle, une amicale des Anciens Dogues de l’Olympique Lillois (OL) avait vu le jour. Créée après-guerre, cette amicale vit le jour sous l’impulsion d’Henri Jooris (le fils), Albert Flouquet, André Dourdin, Georges Winckelmans, Jean Demessine et Maurice Gravelines, dans le but de célébrer les artisans de la conquête des championnats de France 1914 et 1933 (le premier championnat professionnel). Réunie annuellement au « bar de l’écho », Grand place, l’amicale était présidée par Madame Jooris, veuve d’Henri Jooris. Ci-dessous une photo de 1966, sur les marches de l’opéra.

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Dès les retrouvailles en gare de Lille-Europe avant le départ, les discussions sont animées, entre plaisir de se retrouver, évocation de souvenirs, ou prises de nouvelles de ceux qu’on a perdus de vue. À Londres, quartier libre : d’aucuns se risquent à la culture au British Museum car « certains en ont bien besoin » selon Pascal Cygan. D’autres préfèrent profiter du beau temps pour marcher, bien aidés par Patrick Robert, qui est le seul guide londonien proposant un passage sous les fenêtres des bureaux de Gérard Lopez !

Lundi soir, direction le sud de Londres, où les « Anciens » découvrent une nouvelle enceinte, après avoir visité Manchester, Arsenal, Tottenham, Liverpool, West Ham les années précédentes : cette fois, c’est Selhurst Park, où se déroule Crystal Palace/Leeds. L’antre des Eagles (dont la mascotte ressemble davantage à des Chickens) possède encore une tribune, nommée Main Stand, dôtée de poteaux soutenant un fragile toit en tôle. Cette tribune était originellement la seule lors de l’inauguration du stade en 1924. La capacité du stade est désormais de 26 000 places et devrait prochainement être portée à 43 000.

En arrivant au stade, après avoir aperçu les portraits de joueurs et joueuses du club, on aperçoit quelques vendeurs d’écharpes et les mascottes qui posent avec les supporters. Une rapide fouille permet d’accéder à des préfabriqués où il est possible de se restaurer et de suivre l’avant-match sur des écrans de télévision. Tout semble parfaitement organisé, indiqué, fléché, dans un mélange entre professionnalisme commercial et une ambiance qui rappelle à certains égards un tournoi dominical de jeunes.

Malgré un match (presque) sans enjeu, le stade est plein, et est composé de quelques bruyants supporters de Leeds, dont l’équipe va bien mieux depuis le départ de son ancien entraîneur, que nous n’aurons donc pas le plaisir de retrouver.

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Le match est intense est équilibré jusqu’à l’heure de jeu, moment où l’équipe de Patrick Vieira prend l’ascendant sur son adversaire. En dépit de quelques situations chaudes en fin de match, les locaux ne parviennent pas à prendre l’avantage et concèdent le nul (0-0). Retour à l’hôtel en minibus, et on ne se couche pas avant une dernière bière et, surtout, des anecdotes de Tony Gianquinto ! On apprendra ainsi une bonne dizaine de fois qu’il a marqué 5 buts en jouant attaquant, dont un triplé contre Lens en finale dans une catégorie jeunes.

Mardi, le soleil est toujours de la partie, et la troupe profite pleinement du centre-ville. Le repas du midi est encore l’occasion de faire ressurgir anecdotes de matches, noms oubliés, et comparaisons historiques sur les moyens du club, conditions d’entraînement, préparation de matches… Pas de doute : le football et son environnement ont bien changé. Restent beaucoup de souvenirs et, pour certains, d’indéfectibles amitiés qui rendent pour tous le séjour très chaleureux.

Retour à Lille mardi soir. L’année prochaine, on se retrouve à Chelsea !

Les Anciens Dogues seront à Templeuve le 4 juin pour y affronter une sélection locale.

ddddPhoto Marc Van Ceunebroeck

ddLe photographe photographié


Posté le 30 mars 2022 - par dbclosc

Ajaccio 2004 : Chalmé en roux libre

Le football est un sport d’où surgit de temps à autre une dimension irrationnelle : le 13 mars 2004, Matthieu Chalmé, qui n’avait jamais marqué avec le LOSC – et ne marquera plus -, inscrit un triplé à Ajaccio. En terre corse, le LOSC signe ainsi une belle victoire qui symbolise son renouveau.

L’histoire entre Matthieu (deux « t ») Chalmé et le LOSC commence très mal : en décembre 2001, celui que l’on ne surnomme pas Rouquinho fait partie, au poste d’arrière droit, de l’équipe de Libourne-Saint-Seurin qui élimine le LOSC de la coupe de France (2-0), après une « faillite collective » des Dogues selon la Voix du Nord du 16 décembre. « Une élimination qui casse Libourne », disait-on alors à Lille, puis à Metz et à Châteauroux, également sortis par les Girondins.

C’est donc probablement à cette occasion que se créent les premiers liens entre Matthieu Chalmé et le LOSC. Il est présent à la reprise de l’entraînement du LOSC en juin 2002, sous la direction de Claude Puel. Chalmé est en effet l’un des nouveaux visages d’un LOSC profondément remanié, tant au niveau des joueurs que de l’encadrement. Aligné au milieu de terrain, il participe à la campagne Intertoto qui mène le LOSC jusqu’en finale. En juillet 2002, la Voix des Sports le qualifie d’« homme sûr », au même titre que Fahmi et Pichot : « il n’a pas tardé à confirmer tout le bien que les Libournais pensaient de lui ». L’hebdomadaire va un peu vite en besogne : au cours de sa première saison, Chalmé joue à 20 reprises en championnat (8 titularisations), et ses prestations ne sont pas franchement convaincantes, dans un collectif lui-même assez peu performant.

Chalmé2

Lors de la saison suivante, il joue encore moins : durant la première partie de saison, jusqu’à la trêve hivernale, il ne joue que 5 fois (3 titularisations), avec une expulsion à la clé. Durant cette période, le LOSC connaît un énorme trou d’air, avec 12 matches sans victoire à l’automne 2003. Quand arrive l’année 2004, la situation lilloise ne s’arrange guère : mi-janvier, le LOSC s’incline à domicile face à Toulouse (0-1). Matthieu Chalmé participe au match, et Lille est au plus mal, à seulement deux points de la zone de relégation. Christophe Landrin s’est gravement blessé dès l’entame du match, et Ali Lukunku et Youssef Sofiane, deux des recrues du mercato, ont déjà fait la preuve qu’il ne faudra pas compter sur eux pour remonter dans le classement. Mais tout va s’arranger, et Matthieu Chalmé prend dès lors une part prépondérante dans le 11 lillois.

Outre Lukunku et Sofiane, le LOSC a également recruté les deux joueurs qui lui manquaient : derrière, le Grec Tavlaridis, qui apporte de l’équilibre à la défense ; et devant, le Slovène Acimovic, qui devient le leader technique de l’équipe. Après Toulouse, le LOSC signe 5 victoires en 6 matches, et cette spectaculaire série est d’une part attribuée à l’apport décisif de Tavlaridis et d’Acimovic, et d’autre part à l’émergence de jeunes joueurs qui, après avoir ronronné depuis des mois, sortent enfin les griffes, tout en profitant des nombreuses blessures de leurs coéquipiers : on pense notamment à Makoun, qui devient incontournable au milieu, à Bodmer, à Dernis, à Moussilou, aux premières apparitions de Fauvergue et de Debuchy, et donc à Matthieu Chalmé, quand arrive ce match à Ajaccio le 13 mars 2004.

En cas de victoire, le LOSC aura 40 points, et le maintien sera quasiment assuré. On envisage même l’Intertoto, une ambition difficile à imaginer en janvier. Ajaccio, de son côté, lutte pour sa survie en L1, si bien qu’on voit bien les Lillois enchaîner avec une quatrième victoire consécutive à l’extérieur (après Metz, Monaco et Montpellier). Car le LOSC est « métamorphosé par la touche technique de ses recrues et l’enthousiasme d’un effectif rajeuni par la force des choses » (VDN, 13 mars 2004). Stéphane Pichot résume la situation du LOSC et la bonne passe actuelle : « en début de saison, je crois que nous étions finalement supris par autant de réussite1. Nous avions battu Lyon et Paris à l’issue de matches accrochés que l’on aurait pu perdre. Ces résultats ont peut-être faussé les jugements sur notre réel potentiel (…) Aujourd’hui, on sent davantage de progression dans notre jeu. L’équipe est plus solide (…) Ceux qui avaient peu joué jusque là ont su saisir leur chance au moment où il fallait une rébellion collective. La montée des jeunes a également piqué des joueurs qui se sentaient un peu trop installés ». Matthieu Chalmé appartient aux deux catégories qui ont saisi leur chance : il fait à la fois partie de ceux qui ont peu joué, et des jeunes.

Le matin du match, la Voix du Nord a le nez creux en consacrant à Matthieu Chalmé son habituel « portrait chinois », sorte de rubrique dans laquelle on n’apprend rien de très intéressant, ou rien de ce qu’on aurait aimé savoir.

Chalmé Mars 2004
Le LOSC, privé de Manchev, Lukunku, Debuchy, Cheyrou, Landrin, Plestan, Brunel et Baciu, se présente à Ajaccio avec la composition de départ suivante :

Wimbée ;
Pichot, Tavlaridis, Abidal, Tafforeau ;
Makoun, Bodmer ;
Chalmé, Acimovic, Dernis ;
Moussilou

Devant 3 000 spectateurs (dont 8 lillois, selon la Voix du Nord), le match débute après une minute de silence suite à l’attentat en gare de Madrid l’avant-veille.

La première période est assez insipide, mais les Lillois, « bien aidés par la faiblesse de l’équipe corse », profitant de « l’étonnante apathie » de l’ACA, ont tout de même « plus de cohérence et de consistance » et ouvrent la marque juste après l’annonce du temps additionnel. De la gauche, un centre de Dernis est mal repoussé par Trévisan ; à l’entrée de la surface de réparation, Chalmé cherche d’abord à frapper du droit mais, voyant un défenseur revenir, il réalise finalement un crochet et enroule une frappe du gauche : poteau rentrant et 1-0 pour le LOSC à la pause, qui fait preuve d’un « terrible réalisme ». Les joueurs regagnent les vestiaires sous la bronca du public ajaccien, apparemment très remonté contre l’entraîneur Dominique Bijotat : « il y a autant de spectateurs que de petits noms d’oiseaux qui ont fusé depuis les tribunes. Particularité ajaccienne : les locaux en prennent autant pour leur grade que les visiteurs ».

Chalmé2
En seconde période, face à une « équipe ajaccienne visiblement mortifiée par son opération maintien », Lille gère tranquillement et fait mouche dès qu’il attaque : à la 62e minute, Chalmé obtient un coup-franc à une quarantaine de mètres du but adverse. Acimovic lance alors Moussilou, qui centre en retrait vers Chalmé, qui conclut de nouveau grâce à une frappe légèrement déviée (0-2). Quelques minutes plus tard, Acimovic déborde à gauche ; son centre est renvoyé de la tête par Seck sur… Chalmé, qui reprend de volée et inscrit un nouveau but (0-3, 69e).
Le LOSC s’impose 3-0 en Corse, grâce à un triplé de Matthieu Chalmé en roux libre. Le public ajaccien salue cette victoire nordiste par des « interpellations aussi fleuries qu’un bouquet de printemps ».

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Sacrée performance pour Chalmé, qui « a surpris tout le monde, à commencer par lui-même » : on se croirait un soir de juillet 1998 après un doublé de Lilian Thuram.
Le dernier triplé d’un Lillois en championnat remontait à 1997, avec Samuel Lobé contre Martigues. Mais pour trouver un véritable coup du chapeau (trois buts consécutifs), il faut remonter à 1983, avec Dusan Savic contre Toulon (entretemps, Guy Lacombe avait réalisé un triplé, mais pas un coup du chapeau, contre Sochaux en 1986). Matthieu Chalmé a pourtant été « plutôt discret dans le jeu » selon la Voix des Sports. L’hebdomadaire lui donne certes la meilleure note du soir, mais elle n’est « que » de 7,5/10, et elle est accompagnée de ce commentaire curieux : « s’il n’avait pas inscrit trois buts dans cette rencontre, le milieu de terrain n’aurait assurément pas eu cette note, mais à circonstance exceptionnelle, note qui l’est tout autant ». Bref, à part ce triplé, Chalmé a apparemment été complètement invisible. La Voix des Sports s’attarde davantage sur les performances de Tavlaridis, Abidal, Makoun, Bodmer et Acimovic.

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Chalmé, qui a mimé un ventre rond après chaque but, « dédie [s]es trois buts à [s]a femme qui est enceinte » : pas sûr que Madame Chalmé soit ravie que son mari fasse un nouveau triplé d’un coup dans ce domaine. Mais cela explique probablement que le LOSC soit proche de sortir du ventre mou.

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Taquin, il « dédie aussi ce triplé à Stéphane Pichot, qui n’a jamais marqué un but en première division ». Ce n’est pas tout à fait vrai, car Pichot a déjà marqué à Lyon en novembre 2001, puis à Bordeaux en décembre 2003. Contre son camp, d’accord, mais c’est but quand même. « Peu importe qui marque ce soir. Nous voulions simplement la victoire qui permet de continuer notre série. Mon dernier triplé doit remonter à l’époque où j’évoluais avec les moins de 17 ans. Tous nos efforts commencent à payer. Je ne jouais pas en début de saison mais j’ai su profiter des blessures d’autres joueurs pour saisir ma chance ». Pour Claude Puel, « quel que soit le résultat, nous voulions nous maintenir dans les bonnes dispositions actuelles. L’équipe a montré du sérieux, de l’enthousiasme, mais aussi de l’efficacité et de l’opportunisme. Matthieu Chalmé ne marquera pas trois buts toutes les semaines. Qu’il savoure sa réussite et qu’il prenne un peu la grosse tête pendant deux jours ! Après, il devra se remettre au travail ».

Cependant, on craint que le triplé ne soit officiellement pas validé. Non pas parce que le speaker du stade François-Coty a annoncé par erreur que le premier buteur était Jean II Makoun – en voilà un qui a l’élégance, que n’a pas Christian Palka, de confondre un joueur noir avec un joueur blanc – mais parce qu’à l’issue de la rencontre, la Ligue acorde le deuxième but à Mamadou Seck contre son camp. Xavier Thuilot passe alors un long moment avec le délégué de la Ligue présent au stade, au point de retarder le bus du LOSC, mais rien n’y fait : quand les Dogues quittent la Corse, Matthieu Chalmé n’a plus que deux buts à son compteur.

Mais tout s’arrange le dimanche matin : la Ligue prévient le LOSC que le deuxième but lillois est bel et bien attribué à Matthieu Chalmé, qui peut donc revendiquer un authentique hat-trick.

Tout va mieux pour le LOSC qui « marque désormais les buts qu’il encaissait au cœur de la tempête automnale » et repart sur les (coups du) chapeaux de roux. Lille revient à un point de Lens alors que se profile le dernier derby à Grimonprez-Jooris. Et au-delà, Claude Puel a désormais imprimé sa marque sur l’équipe du LOSC, et pose les bases des aventures européennes à venir, avec un Matthieu Chalmé qui s’installera un cran plus bas que lors de cette drôle de soirée à Ajaccio.

C’est ce qui peut en partie expliquer cette surprenante péripétie dans sa carrière, presque une anomalie : on n’a en effet même pas le souvenir que Matthieu Chalmé se retrouve de temps à autre en position de marquer, tant sa qualité de « petit » défenseur l’amène logiquement à ne pas monter sur les coups de pied arrêtés offensifs. Et, de fait, il n’inscrira plus aucun but pour le LOSC, et n’en marquera qu’un autre au cours de sa carrière professionnelle (avec Bordeaux au Mans en décembre 2008).

Chalmé3

 

Note :

1 Le LOSC a commencé la saison avec 3 victoires, contre Lyon (1-0), Paris SG (1-0) et à Toulouse (3-0).


Posté le 11 mars 2022 - par dbclosc

Grimonprez-Jooris, c’est de la bombe

Le football n’étant pas imperméable au monde qui l’entoure, il lui arrive d’en refléter en partie l’agitation. Ainsi, à deux reprises, le stade Grimonprez-Jooris a connu des alertes à la bombe, entraînant un report du coup d’envoi des matches. En 1985, le stade a été évacué ; en 1995, les organisateurs et les autorités ont adopté une autre stratégie.

_Madame, c’est bien ce soir qu’a lieu le match… ?
_ Lille-Sochaux ? Oui Monsieur !

_Vous feriez bien de la faire annuler. Une bombe va éclater à la fin de la première mi-temps. Oui, une bombe ! Et ce n’est pas de la rigolade !

C’est ainsi que la Voix du Nord reconstitue le dialogue qui a eu lieu entre Madame Clarysse, concierge du stade Grimonprez-Jooris, et son interlocuteur qui l’a jointe aux alentours de 19h15 le vendredi 1er mars 1985, à 1h15 du coup d’envoi (initial) du match LOSC/Sochaux. Manifestement clairvoyante, Madame Clarysse tente de gagner du temps et d’arracher quelques indices auprès de l’homme qui l’appelle, en lui disant : « j’ai pas bien compris ! Vous dîtes… ? », tout en enjoignant son mari à prendre l’écouteur, mais pas le temps de mettre de stratégie en place : on a raccroché.

telPour nos lectrices et lecteurs de moins de 25 ans, voici un téléphone fixe dit « à cadran ». La plupart d’entre eux étaient majoritairement dotés d’un écouteur placé à l’arrière de l’appareil, qui permettait de recevoir le son de la personne « à l’autre bout du fil ». On pouvait ainsi écouter à deux l’échange téléphonique autour du même appareil.
Ces modèles étaient déjà obsolètes la dernière fois que le Racing Club de Lens a joué une coupe d’Europe.

Selon « l’aimable concierge », en poste depuis 4 ans et encore « toute saisie », « c’était une voix d’homme adulte, 45 ans à peu près, mais sans autre signe distinctif », ce que l’on peut traduire par : il n’avait pas d’accent étranger.
Que faire en pareil cas ? Les Clarysse préviennent d’abord la police de faction près des guichets où se déroule la vente des billets ; les policiers en informent leur chef ; et les Clarysse en réfèrent à Charles Samoy, directeur sportif du club. Dans ces cas-là, il revient au club, en tant qu’organisateur de l’événement, de prendre une décision. On comprend les hésitations : faut-il prendre au sérieux ce qui ressemble à une plaisanterie ? Peut-on se permettre de ne rien faire et d’ignorer le risque, même infime ?

Il se passe près d’une heure entre le coup de téléphone et la décision prise : le stade doit être évacué. C’est l’un des rares points positifs des faibles affluences du LOSC : comme on ne se bouscule pas à l’entrée de Grimonprez-Jooris, on ne devrait pas se bousculer à la sortie. Après une annonce du speaker, près de 5 000 personnes sont donc priées de quitter leur place et, selon la Voix du Nord, certaines le font « avec une mauvaise volonté évidente ». Une inspection d’une heure débute alors sous les ordres du commissaire de permanence.

Sochaux Bombe

Eric Dussart, journaliste à la Voix des Sports, en profite alors pour s’entretenir quelques minutes avec Georges Heylens, dans les couloirs du stade. L’entraîneur belge se dit « peu perturbé » par les événements et estime que « les footballeurs sont bien moins fragiles que ce qu’on veut bien dire ». il a seulement demandé à ses joueurs de se regrouper dans le vestiaire et d’attendre calmement le coup de sifflet de M. Wurz.

Il est 21h20, et rien n’a été trouvé, alors que l’heure supposée de l’explosion est désormais passée. Le coup d’envoi du match est donné à 21h30, et l’on ne verra ni bombe, ni missile de Périlleux, au terme d’un match qui s’achève sur le score de 1-1 (Primorac contre Krause).

Sochaux bombe2

Une décennie passe et nous voici le 9 août 1995 : le LOSC reçoit Guingamp. Le stade Grimonprez-Jooris est de nouveau en alerte après un appel anonyme ; non pas pour dénoncer la présence en D1 de ce petit club breton mais, comme en mars 1985, pour indiquer qu’une bombe va sauter dans le stade. Même cause, mais pas mêmes effets que contre Sochaux : cette fois, le stade n’est pas évacué, et les quelques 8 000 spectateurs patientent pendant que la police fouille plus ou moins discrètement le stade.

Est-ce que l’alerte a été prise moins au sérieux, ou s’agit-il d’une évolution globale de la réponse à apporter en cas d’alerte à la bombe, quelle que soit l’estimation de sa crédibilité ? On penche plutôt pour la deuxième hypothèse.

Surtout, le public n’est pas averti de la cause réelle du retardement du coup d’envoi. En effet, pour éviter toute panique, Anne-Sophie Roquette transmet les informations qu’on lui a demandé de transmettre : si le début du match est décalé de quelques minutes, c’est parce que… le diffuseur TV rencontre quelques problèmes techniques ! À une époque où les téléphones portables ne sont pas démocratisés, une simple annonce par micro peut convaincre le public.

Il faut comprendre ce choix par le fait que, depuis 1985, quelques catastrophes dans les stades européens ont redéfini les critères de sécurité, conduisant d’une part à réduire le nombre de places « debout », d’autre part à chercher à multiplier les issues de secours, notamment via des sorties au niveau de la pelouse, en cas de mouvement de foule.

Mais Grimonprez-Jooris, en 1995, ne dispose pas d’issues de secours par la pelouse : c’est ce qui a justifié le passage de sa capacité à 13 500 places après la catastrophe de Furiani en 1992. On en avait parlé dans cet article, concernant un match de décembre 1994, puis dans celui-ci sur un match de novembre 1996 : pour diverses raisons, le LOSC déplorait la faible capacité d’accueil de son stade, pour une seule et même raison : il y a un problème d’évacuation, qui doit être réglé avant le 1er janvier 1998, sous peine de rétrogradation (par chance, on s’est rétrogradés tout seuls). On peut même rappeler que, même avec des évacuations enfin aux normes, l’environnement exigu de Grimonprez-Jooris (avec sur un côté, un mur ; sur un autre, la Deûle, et sur les deux derniers le parc boisé de la Citadelle) a par la suite en partie justifié le refus du projet « Grimonprez-Jooris II » pour manquements aux normes de sécurité.

stade

En résumé, puisque les normes ont changé, les pratiques changent. Il ne faut donc pas voir dans les deux réponses différentes de 1985 et 1995 à une même menace une estimation différente de la dangerosité de la situation, bien que le facteur de l »affluence ait pu aussi jouer dans la volonté de ne pas évacuer en 1995 (+ 3 000 par rapport à 1985).

Mais selon un rapide calcul coûts/avantages entre une évacuation du stade et le maintien du public, la décision penche vers un contrôle discret de l’enceinte car, en 10 ans, le mouvement de foule et le risque de bousculade ont été éprouvés, et dès lors identifiés comme le comportement collectif à bannir, et d’autant plus dans un stade qui n’est pas équipé pour faire face à un mouvement de panique.

Mais cette décision repose tout de même sur deux postulats : le premier, c’est que le risque de panique est grand (ce qui est loin d’être justifié comme en témoigne l’épisode de 1985), et le deuxième, qui est davantage un pari, c’est que la présence d’une bombe n’est qu’une faible hypothèse. En somme, on a presque l’impression que les supporters constituent un danger plus important.

GuingampLille-Guingamp, 23e minute : la bombe a finalement explosé dans le cul de Philippe Lévenard

Ces alertes à la bombes, aussi farfelues soient-elles, ne sortent cependant pas de nulle part, et le contexte national peut aussi expliquer les décisions prises à Grimonprez-Jooris.

En 1985, l’alerte à la bombe survient une semaine après l’explosion d’une bombe au magasin Marks & Spencer de Paris, revendiquée par « l’Organisation Arabe du 15-Mai », qui a fait un mort et 14 blessés. On ne le sait pas encore, mais cet attentat sera suivi de trois autres dans des grands magasins parisiens, en un an.

Sochaux bombe3
En 1995, l’alerte à la bombe survient deux semaines après l’attentat de la station Saint-Michel à Paris, ayant causé la mort de 8 personnes, revendiqué par le Groupe Islamique Armé algérien. On apprendra quelques semaines plus tard qu’un attentat à la voiture piégée sur le marché de Wazemmes a été déjoué.

Par définition, le terrorisme frappe par surprise ; il est dès lors souvent difficile d’établir un lien entre un acte et des auteurs ou une idéologie (sauf signature claire, genre attentat au maroilles des indépendantistes nordistes), mais la question que peuvent se poser les enquêteurs est : y a-t-il une « logique » à trouver entre la cible d’un attentat et un quelconque objectif politique du moment porté par un groupe ? Autrement dit, qui aurait intérêt à faire péter un stade, et en particulier celui de Lille ? Des Lensois, bien sûr.

Bref, dans l’estimation du danger causé par une alerte à la bombe, entre en jeu l’atmosphère politique du moment. Ainsi, en 1985, on peut penser que l’alerte à Grimonprez a pu faire penser à l’attentat parisien une semaine auparavant, ce qui est entré en considération pour évacuer le stade.

En revanche, et bien que l’attentat de 1995 ait fait davantage de victimes, il semble que des indices aient fait penser aux autorités qu’il ne pouvait y avoir de lien entre le RER parisien et Grimonprez (ne serait-ce que parce que le GIA n’a pas pour habitude d’indiquer par téléphone qu’il pose des bombes), d’autant que les stades, alerte à la bombe ou pas, sont a priori inspectés avant chaque événement. Voilà quelques éléments à prendre en compte également.

Mais ici, plus probablement, il semble que cette actualité dramatique ait trouvé quelque écho dans la population, comme le résume la Voix du Nord : « le terrorisme aveugle qui touche en ce moment notre pays a, semble-t-il, frappé l’imagination de quelques esprits débiles » (2 mars 1985) ; qualifié de « désaxé » et de « triste sire », « l’anonyme peut être fier de lui ».

Un résumé de Lille/Guingamp 1995 :

http://droguebierecomplotlosc.unblog.fr/files/2022/03/240083667_257154859399338_4719732109070180995_n.mp4


Posté le 24 février 2022 - par dbclosc

Le retour de Christophe Pignol

Le 24 février 2002, Christophe Pignol donne le coup d’envoi fictif du match Lille/Marseille. Après près de 18 mois de lutte contre une leucémie, c’est un homme visiblement en bonne santé qui est acclamé par le public lillois. Pour un avenir footballistique, il est encore trop tôt pour décider.

L’image avait fait le tour de l’Europe, au même moment où le LOSC s’y faisait une place : le 22 août 2001 après avoir réalisé l’exploit d’éliminer Parme, les joueurs lillois effectuait un tour d’honneur en brandissant un maillot de leur coéquipier Christophe Pignol, gravement malade depuis plusieurs mois. En associant leur coéquipier absent à cette qualification, les Dogues rappelaient une nouvelle fois qu’on ne les soutenait pas que pour leurs qualités footballistiques.

Collectif Pignol

La nouvelle était tombée en avril 2001 : après un stage au Maroc comblant une partie de trois semaines de trêve au début du printemps, Christophe Pignol ressentait une grande fatigue, au point de ne plus pouvoir suivre le rythme de ses équipiers lors des footings à l’entraînement. Le résultat de la prise de sang qu’il avait alors demandée lui révèle bien plus que le petit virus soupçonné : c’est une leucémie. Ce diagnostic était tombé juste avant un match à Auxerre, avant lequel les Lillois, les mines bien tristes, avaient affiché pour la première fois leur soutien sur des t.shirts floqués « Pour Christophe Courage ». Manifestement la tête ailleurs, les Dogues avaient encaissé un but d’entrée suite à de grossières et inhabituelles erreurs défensives, avant de repartir avec le point du nul (1-1).

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Le nom de Christophe Pignol s’était déjà trouvé au centre des conversations à Grimonprez-Jooris un soir d’octobre 1996 : le LOSC recevait Nantes, et Cavalli pestait à la sortie du vestiaire, en dépit du beau match de son équipe (3-3). En effet, le corner qui avait amené l’égalisation en fin de match de Decroix, un ex qui nous en veut, n’aurait pas dû être botté : « c’est Pignol qui la sort » assurait l’entraîneur des Dogues.

De façon moins anecdotique, son nom fut ensuite évoqué au cours du mercato hivernal 1999/2000 : le LOSC, qui caracolait alors en tête de la D2, cherchait un renfort derrière pour pallier les absences récurrentes de Didier Santini. La piste Christophe Pignol, qui cirait le banc à Monaco, où Puel lui préférait Philippe Léonard, avait alors été sérieusement envisagée, avant que le LOSC ne négocie de nouveau un prêt de Mohammed Camara, déjà présent en 98/99. Mais ainsi, le contact était établi, et finalement l’accord survint au cours du printemps 2000, bien en amont de la fin du championnat.

C’est une recrue de choix pour le LOSC : en engageant un joueur expérimenté, champion de France 1995 avec Nantes (et 2000 avec Monaco, même s’il a peu joué), le club voit arriver une valeur sûre avec qui il a pu négocier précocement : un luxe permis par l’exceptionnelle avance des Dogues, quasiment promus dès le mois de mars. On imagine aussi que son recrutement est basé sur la personnalité du joueur, considéré comme humble et travailleur, ce qui, a priori, correspond à ce que cherche Halilhodzic.

Au lendemain de la dernière journée de championnat, Christophe Pignol est présent en tribunes pour la « fête de la remontée », une façon de déjà l’associer à l’aventure lilloise. Il suit les festivités en tribune avec son épouse.

Pignol

Sur le terrain, Christophe Pignol s’impose rapidement. Il manque une dizaine de matches à l’automne pour cause de blessure, et revient pour le match contre Sedan, à l’issue duquel, malgré une victoire contre le leader (oui, Sedan était leader), son discours reste modéré : « nous devons rester lucides, conscients que nous pouvons traverser d’autres passages moins fastes. Qu’il faut rester humbles et surtout ne pas perdre de vue notre unique objectif, le maintien. On verra plus tard s’il est possible de viser plus haut ». Son apport offensif n’est pas négligeable car Pignol est passeur décisif à deux reprises (pour Bakari contre Metz et Sterjovski contre le PSG), et on n’oublie pas qu’il est sur l’action du but de Peyrelade contre Lens, ahah quel souvenir.

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Christophe Pignol est ainsi titulaire indiscutable dans la défense lilloise jusqu’à la terrible nouvelle du printemps 2001. À partir de là, les informations sur son état de santé sont rares – et sans doute est-ce souhaitable – mais on comprend que sa vie est en jeu. On apprendra a posteriori que lorsque les Dogues fêtent la qualification contre Parme avec le maillot n°6, Christophe Pignol est alors dans la période la plus difficile de son traitement.

C’est donc avec un grand soulagement que, fin janvier, Christophe Pignol apparaît en Une de la Voix du Nord avec des nouvelles rassurantes depuis Aubagne. S’il reste affaibli par 7 mois de soins agressifs et que ses bilans sanguins hebdomadaires ne révèlent pas encore des taux de globules rouges normaux qui le rendent vulnérable au moindre virus qui traîne, il en a terminé avec son traitement depuis trois mois : « mes cheveux repoussent, la barbe aussi. Physiquement, je ne ressemble plus à un malade. C’est important pour le moral » (la Voix du Nord, 28 janvier 2002).

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Pour lui, la prochaine étape consiste à reprendre une activité physique. S’il a repris le football avec ses deux enfants, Margaux et Lucas, il n’est pas certain que leur niveau garantisse d’être apte pour la D1. Pour le moment, Christophe Pignol a repris le vélo, uniquement sur du plat, avec difficulté. Son médecin dans le Sud n’est pas capable de se prononcer sur sa capacité à reprendre au plus haut niveau : « je n’ai plus de muscles et il va donc me falloir travailler dur. Mais ce malheur m’a donné beaucoup de force ».

Une rencontre entre Christophe Pignol, à qui il reste un an de contrat, et le LOSC aura lieu au mois de février pour évaluer la situation : « si j’ai une petite chance, je la saisirai. C’est un beau défi. Je ne veux surtout pas avoir de regrets pour plus tard et si ça peut donner de l’espoir à tous ces gens, tous ces enfants malades, montrer qu’on peut passer par des moments pénibles et y arriver… Je vais d’abord taper dans un ballon puis essayer de rejouer à un niveau correct, peut-être pas en D1 ».

Pignol devrait être de passage à Lille dans la semaine du 18 février, c’est-à-dire la semaine où le LOSC recevra successivement Dortmund (8e de finale aller de coupe UEFA) puis Marseille (D1). Si ce retour physique a une dimension symbolique importante, on peut toutefois dire que Christophe Pignol n’a jamais vraiment quitté Lille, où un casier à son nom est toujours dans les vestiaires : « j’ai participé complètement à l’aventure européenne. J’ai vraiment l’impression de faire encore partie de l’effectif, d’exister. Pendant ces 7 mois, il y a eu des moments plus pénibles que d’autres. Dans ces cas là, ils redoublaient d’attention auprès de moi, de ma famille. Il n’y a pas eu que ces gestes symboliques qu’on a vus à la télé, mais aussi des gestes spontanés qui m’ont touché. Leur soutien a été réconfortant. Mais le LOSC est comme ça, exceptionnel. On souligne depuis des années qu’il existe une vraie amitié, une vraie solidarité. C’est dans la continuité. J’ai l’impression de ne les avoir jamais quittés, d’être seulement blessé ou suspendu ».

 Pignol N'Diaye

Arrivé la veille du match contre Dortmund, Christophe Pignol réintègre le groupe : bien entendu, il ne figure pas sur la feuille de match, amis il est dans le vestiaire et assiste à la causerie d’avant-match avant de prendre place en tribune : « j’ai rêvé de ce moment durant tout le temps de mon hospitalisation : revoir le groupe, vivre un match avec lui, retrouver des sensations de vestiaire. Un jour peut-être, je retournerai dans les vestiaires comme si rien ne s’était passé ». Le fameux maillot floqué à son nom est exceptionnellement porté par Salaheddine Bassir… qui égalise à la 73e minute et part célébrer son but devant la tribune où se situe Christophe Pignol.

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Pignol rencontre ensuite les dirigeants du LOSC, qui le laissent libre de choisir ce qu’il souhaite : « pour le moment, j’envisage tout. Je ne veux pas me décider trop vite. Je veux relever le challenge et rejouer au foot. Je me donne 4 mois avant de faire le point ». Le préparateur physique du club, Philippe Lambert, lui a fourni un programme à l’issue duquel il devrait y voir plus clair.

La semaine s’achève avec la réception de l’OM à Grimonprez. Cette fois, Christophe Pignol est sur la pelouse, en civil : « c’est formidable de me retrouver là. J’attendais ce moment avec impatience. Jeudi, je n’ai pas voulu aller sur le terrain car je voulais préserver cet instant » (la Voix des Sports, 25 février 2002). Face à un adversaire contre qui il a débuté en D1 (avec Saint-Etienne), Christophe Pignol, né à Marseille, voit dans ce coup d’envoi fictif un signe de sa « renaissance ».

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Fin juin, Christophe Pignol a décidé : ne s’estimant plus capable, physiquement et mentalement, de reprendre au plus haut niveau, il informe le LOSC qu’il souhaite résilier son contrat à l’amiable et favoriser sa reconversion en s’engageant avec Andrézieux-Bouthéon (CFA2), club dans lequel il compte préparer sa formation d’entraîneur La direction sortante (Dayan/Graille), en accord avec la nouvelle présidence (Seydoux), lui offre les salaires de sa dernière année de contrat.

Pignol2

Durant un temps, il est envisagé que le n°6 ne soit plus attribué par le LOSC : cette idée n’a finalement été mise en application qu’au cours de la saison 2003/2004.

PignolMerci à @Statilosc pour la photo et ses précisions sur les attributions du n°6

 


Posté le 11 février 2022 - par dbclosc

Le quiproquo de Montpellier

Août 1987 : après un pénalty encaissé par le LOSC, un signe de Georges Heylens est mal interprété par ses joueurs, qui croient que leur entraîneur les enjoint à regagner les vestiaires.

Nous sommes fin août 1987 et arrive déjà la 8e journée. Le début de saison 1987/1988 a été porteur de grands espoirs, après une belle victoire face à Nantes en ouverture (3-0), et l’impression a été d’autant meilleure que la saison précédente s’était terminée en eau de boudin, avec des joueurs très peu impliqués, comme on l’a évoqué ici. Mais très vite, le LOSC retombe dans ses mauvaises habitudes, en étant très fébrile à l’extérieur (même si 1 point a été ramené de Lens, 6e journée), et en perdant des points bêtement à la maison (0-0 contre le Havre, 7e journée). Résultat, avant de se rendre à Montpellier, qui a le même nombre de points (7), le LOSC est déjà sur la bonne voie pour se placer dans le ventre mou du championnat.

Equipe 87-88 2Le LOSC au Parc des Princes en septembre 1987

Mais Georges Heylens affiche ses ambitions : « nous allons faire en sorte, ce week-end, que le LOSC fasse partie de ces bonnes surprises qui agrémentent le championnat ». Et il annonce même une équipe offensive : « les Onze alignés devant le HAC seront à Montpellier, mais peut-être dans un schéma tactique différent… Pourquoi pas avec quatre attaquants ». « On croit rêver » s’amuse la Voix du Nord (28 août).
Mais en face, Montpellier a belle allure sur le papier : la Voix du Nord indique que le recrutement estival (Rust, César, Cubaynes, Laurey, Perez, en plus de la prolongation de Blanc) a porté la masse salariale du club à 3,8MF, ce qui est considéré comme élevé et révélateur des ambitions du club.

Les Dogues se présentent avec la composition suivante, sans une de leurs recrues, Zappia, blessé :
Lama ; Galtier, Buisine, Thomas, Pastinelli ; Fiard, Angloma, Périlleux, Daniel ; Desmet, Vandenbergh.

Très vite, Montpellier prend les commandes du match, avec un Milla omniprésent devant : « en moins de 10 minutes, Montpellier avait résolument pris la direction des opérations, et la soirée de Bernard Lama s’annonçait plus que mouvementée » (30-31 août). Milla, seul aux 6 mètres, place à côté, puis Bernardet et Laurey tentent leur chance, sans réussite encore. Seul répit pour les lillois : l’irruption d’un chiot sur le terrain, qui avait peut-être repéré quelques Dogues en difficulté à qui il fallait prêter patte forte. Après une courte interruption du match, le MHSC reprend sa domination, mais « combien de temps Lille allait-il résister à pareil traitement ? ». Eh bien pas longtemps, puisque Perez reprend victorieusement une première tentative de Baills repoussée par Lama (1-0, 25e).

Survient alors l’incident du match. On joue la 32e minute : à environ 25 mètres du but de Lama, Cubaynes charge Buisine et récupère le ballon. Les Lillois s’attendent à ce que l’arbitre, M. Harrel, siffle en leur faveur, mais rien ne se passe et l’attaquant montpelliérain se rapproche du but lillois. À proximité de la surface, Thomas est pris d’une « vengeance réflexe » (la Voix des Sports, 31 août) : grosse faute, cette fois sifflé par l’arbitre qui indique… le point de penalty, à la grande surprise des Dogues, pour qui la faute a été commise en dehors de la surface. Déjà en colère pour ne pas avoir bénéficié d’une faute sur la charge de Cubaynes, les Lillois contestent vivement. Cubaynes, lui, ne se fait pas prier pour inscrire le deuxième but des locaux (2-0, 33e).

C’est alors que, sur le banc lillois, Georges Heylens et Charly Samoy s’agitent, et font des signes à leurs joueurs qu’il est difficile d’interpréter. Charly Samoy s’aventure même sur le terrain, poursuivi par le délégué fédéral, qui ne comprend pas trop ce que veut le directeur sportif du LOSC. Toujours en colère et manifestement invités à réagir, les joueurs lillois filent alors vers le banc et semblent ne pas vouloir reprendre le jeu. Était-ce l’intention de Samoy et d’Heylens ? Sous les huées du public, on discute entre Lillois, et Lama tente de calmer Jean-Luc Buisine, furieux à triple titre : que la charge sur lui n’ait pas été sifflée, que Montpellier ait obtenu un pénalty pour une faute dont l’emplacement n’est pas certain, et que Heylens envisage de le sortir.

Samoy Heylens

Photo Jacques Verhaghe

Selon la Voix des Sports, l’intervention de Georges Heylens, « celle d’un entraîneur appelant son capitaine avant la remise en jeu, fut très mal perçue. La plupart des joueurs lillois se dirigèrent vers la sortie, estimant sans doute que leur entraîneur souhaitait réagir vivement à la suite d’un pénalty pour tous injustifié ». Il semblerait en réalité que l’entraîneur du LOSC ait seulement voulu signifier à son capitaine de se calmer, mais la décision de l’arbitre a paru si injuste aux Lillois, et la colère de Buisine était telle que les Dogues semblaient n’avoir besoin que d’un signe pour rejoindre prématurément la douche.

Georges Heylens se défend en tout cas d’avoir eu l’intention de quitter le terrain « tout en reconnaissant que son appel pouvait être sujet à interprétation (…) On comprit que, si son équipe avait bel et bien perdu les pédales, il restait, lui, en ligne avec l’éthique sportive. Jamais il ne quittera la scène, tant que le rideau ne sera pas tombé dans les délais normaux ».

Après un moment de flottement, le LOSC effectue en fait un remplacement qui ne concerne pas Buisine : Prissette remplace Daniel, autrement dit il s’agit d’un changement visant à renforcer la défense. Heylens s’en explique : « j’ai pris cette décision pour assurer mon arrière-garde. Il convenait de réorganiser notre assise car, à ce moment précis du match, j’avais le sentiment de ne plus avoir d’équipe ! ». Montpellier marque un troisième but par Milla, refusé pour hors jeu (42e), puis Laurey s’effondre dans la surface, mais cette fois, l’arbitre ne siffle pas un pénalty « qui cette fois paraissait parfaitement justifié » selon la Voix des Sports. Cela fait probablement partie des péripéties qui conduisent l’hebdomadaire régional à qualifier l’arbitrage comme « basé sur la compensation ».

« On se demandait à quelle sauce l’équipe héraultaise allait assaisonner sa rivale après l’entracte » (VDS) : mais Lille se montre enfin à la reprise, dès la première minute. Avec une « folle lucidité » (VDN), Desmet se joue de Stojkovic avec une roulette et enchaîne avec un tir sans élan « d’une précision diabolique » (VDS) qui laisse Rust sans réaction (2-1, 46e). On pense alors le LOSC capable de revenir, d’autant que Montpellier, rattrapé par le doute « s’attira les sifflets d’un public versatile, comme toutes les chambrés du Sud où l’on ne conçoit pas la moindre dérobade » (VDS). Lille fait alors jeu égal mais sans se créer d’occasion réelle, en dépit de quelques chevauchées d’Angloma ; mais les frappes de Prissette, Périlleux et Fiard ne sont pas cadrées. En fin de match, Heylens lance Garcia à la place de Galtier, mais Montpellier assure sa victoire par Ferhaoui, lui-même entré en jeu quelques minutes avant (3-1, 84e).

Une nouvelle fois, Lille s’incline à l’extérieur. Samoy, mécontent de cette incapacité à ramener des points des déplacements, se demande : « pourquoi faut-il donc toujours attendre d’accuser un handicap pour extérioriser des qualités totalement absentes jusque là ? ».
« Vous reprendrez bien une petite rengaine » titre la Voix des Sports ; un titre qu’elle aura encore bien des occasions de recycler.


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